« Stop, » grogne-t-il d’une voix pâteuse. Mais Sil continue de piailler et de lui picorer le front comme un demeuré, alors il tente de lever un bras pour le chasser de là, sans succès. « Stop, » répète-t-il avec un peu plus de conviction. Cette fois, la bestiole manque de lui crever un œil et un grondement rauque lui échappe, tandis qu’il arrive à se retourner avec une grâce hors du commun pour enfoncer son visage dans son oreiller. C’est là que cet oiseau de malheur décide de sauter sur son dos et d’enfoncer ses serres dans sa chair. « Oh come oooooooooooooonnnnnnnnn, » gronde Marcus. Il ouvre les yeux, définitivement réveillé cette fois, et passe un bras dans son dos pour attraper Silver dans sa paume et l’approcher de son visage. « What d’you want you piece of shit ? » lui aboie-t-il en pleine face. Le hibou gonfle ses plumes et prend un air outré, pas démonté pour une noise de se retrouver pris au piège dans la main de Marcus qui hésite très franchement à serrer très fort pour lui régler son compte. Alors Sil hulule avec un air plein de reproches et lui picore la main, le forçant à lâcher. « Die, just—die, » soupire le jeune homme avant de se redresser.

Trop vite.
Ça tourne.
Et ça fait mal.

Il se rattrape à sa table de chevet et se frotte les yeux avec un gémissement de douleur. Il a clairement trop picolé la veille. Merde, quelle heure il est. 15h. Super. Heureusement, il bosse pas aujourd’hui. Il bosse pas aujourd’hui, hein ? Samedi, okay, bien.

Il se traîne jusqu’à la salle de bain, en constatant vaguement au passage qu’il a pris le temps d’enlever tous ses vêtements la veille, à l’exception de son caleçon et de ses chaussettes. Il s’améliore, la dernière fois il s’était endormi tout habillé. La lunette des chiottes est déjà levée, merveilleux, et il arrive même à pas trop mal viser alors que ça danse une samba endiablée dans sa tête. Non vraiment, il commence à devenir bon à tout ça. Merci Greg pour l’entraînement. Tirer la chasse, c’est plus chiant, faut tendre le bras, se pencher un peu, voilà. Ugh, ça fait trop de bruit. Il a besoin de boire un truc. Du café ? Mauvaise idée, il va le gerber. Une autre bière, peut-être, Greg dit que c’est le meilleur remède. Alors il se traîne jusqu’à la cuisine, bâille à s’en décrocher la mâchoire et c’est là qu’on sonne à la porte.
Il se fige, cligne des yeux plusieurs fois. Son père lui fout la paix depuis qu’il a enfin accepté la Marque, donc ça ne risque pas d’être lui. Sa mère ne viendrait jamais sans prévenir et de toute manière, elle passerait par la cheminée. Greg sonne pas, il toque comme un gros bourrin à la porte. Et Bacchus serait déjà entré.

Qui c’est qui vient le faire chier dès le matin ? Déjà, Silver est devant la porte et piaille comme un taré, ce piaf se prend pour un clébard, y a vraiment rien qui va chez lui. Marcus soupire et se dirige vers la porte, pas tellement gêné par le peu de vêtements qu’il porte, après tout, il est chez lui et on vient l’emmerder un jour de repos. Il ouvre brusquement la porte quand ça recommence à sonner, prêt à beugler un WHAT bien agressif, mais c’est Astoria de l’autre côté.
Astoria, toute jolie et toute bien mise dans la tenue qu’elle a soigneusement choisie d’enfiler aujourd’hui, Astoria avec sa bouche en cœur et ses grands yeux qui s’écarquillent beaucoup quand elle prend conscience de l’état dans lequel se trouve Marcus. Quant à lui, ben il se trouve bien con tout d’un coup, parce qu’elle est impeccable – elle est toujours impeccable – et lui… il a les cheveux en bataille, une barbe de plusieurs jours qui lui bouffe la mâchoire, il est en calbar et chaussettes et probablement l’haleine d’un chacal à cette heure-ci.

« The fuck, Greengrass ? » qu’il grogne et c’est à ce moment-là que Silver se met à voleter entre eux, une jolie lettre qui sent le parfum dans le bec.

Et merde. 

« The fuck, Greengrass ? »
Astoria n'arrive pas à aligner deux pensées cohérentes et ça n'a rien à voir avec le fait qu'elle est sortie la soirée précédente et ressent encore les effets de l'Excess et de l'alcool sur tout son organisme. Elle a l'impression que le moindre mouvement qu'elle esquisse va l'envoyer au tapis, qu'un hérisson a trouvé logement dans son crâne et que, surtout, elle va rendre tout ses repas des cinq précédentes semaines là, sur le paillasson de Marcus Flint.
Mais ce n'est pas pour ça qu'elle reste muette pendant quelques instants. Il s'avère juste que Marcus Flint, joueur de Quidditch extraordinaire (à ce qu'on lui en avait dit), désormais Mangemort et Rafleur, héritier de sa famille, blablabla, est bel et bien torse nu en sous-vêtements sous ses yeux alcoolisés et qu'elle n'a pas le réflexe de détourner le regard. Alors bon, autant en profiter parce qu'il n'a pas l'air plus frais qu'elle — même si elle a caché sa misère sous une bonne couche de maquillage magique, bouclé ses cheveux courts, déposé sur ses lèvres le plus discret des rouges —, et donc elle se permet de le reluquer alors qu'un léger sourire s'élève sur ses lèvres, puis un sourcil sur son front quand ses prunelles descendent jusqu'à son entrejambe. “ Good morning to you too, Marcus, ” dit-elle d'un ton guilleret, croisant enfin son regard. Elle observe le hibou qui s'égosille devant son maître (a un mouvement de recul quand le piaf fait mine de s'approcher d'elle, Merlin, elle déteste vraiment ces boules de plumes), et comprend la situation... il n'a pas reçu sa lettre. “ And I thought you were just giving me a warm welcome, ” commente-t-elle avec un soupir à moitié apparemment déçu. Elle lève les yeux au ciel. “ May I? ” Et sans attendre sa réponse, de se glisser sous son bras — il sent mauvais, il devrait profiter du parfum qu'elle a déposé sur son enveloppe bleu pâle, peut-être qu'en la frottant très fort sur sa peau il pourra se débarrasser de l'odeur d'alcool et de sueur —, la boîte de viennoiseries au bout des mains.

Elle la dépose sur la table basse, après avoir observé l'endroit d'un oeil critique. Il y a un tas de lettres dans un coin, la porte ouverte sur une chambre au sol recouvert de vêtements et une odeur étrange de... fientes d'hibou qui règne dans l'air. Tout ce qu'Astoria adore. Mais ça la fait rire, surtout quand elle se retourne pour observer de plus près un Marcus en perte de mots à l'air tant agacé que complètement à côté de la plaque. Quand il fait un mouvement pour attraper un t-shirt qui traîne sur le dossier du canapé, Astoria est plus prompte et pose sa main sur son bras. “ Oh please. Don't spoil the view, ” mais Flint grogne et enfile quand-même son t-shirt, alors elle rigole légèrement (pas trop fort parce que sinon ça va faire mal à la tête).
“ I take it you don't open much of your mail. That's bad, Marcus, you could get some good news. Like me bringing you breakfast. Or just visiting what you call a... Elle balaie de nouveau les yeux du regard. ...a home. Ugh. Men. ” Et de s'asseoir, toute proprette, sur le canapé après s'être assurée qu'il n'était pas sale et n'allait pas tâcher sa jolie jupe rose pâle. Elle se penche pour ouvrir la boîte, un assortiment de viennoiseries française, et pousse un soupir de plaisir en attrapant un croissant. “ Please don't put pants on. Let me have this, ” dit-elle avec le plus grand naturel du monde, parce qu'elle serait folle de dire que le corps de Flint n'est pas... décent, si ce n'est agréable à regarder. Même si bon, difficile d'oublier à quoi il ressemblait dans le passé... repenser à l'adolescent boutonneux au physique ingrat la fait glousser pensivement, alors qu'elle croque le bout de son petit-déjeuner, son estomac vide criant famine. “ We're going for lunch afterwards, though. Think about something decent to wear. ”

Spoiler:

Depuis que Daphne passe pas mal de temps chez lui – encore que dernièrement, ce n’est plus trop le cas, puisqu’il n’a pas tellement envie de voir qui que ce soit – Astoria est aussi apparue dans sa vie. Mais pas au point de se ramener chez lui un samedi matin toute pomponnée pour… une visite de courtoisie ? A travers sa question pas très élaborée, ce que Marcus veut surtout savoir, c’est pourquoi elle est là, puisque son idiot de piaf n’a visiblement pas été fichu de lui faire parvenir sa note. Ou alors il a essayé et c’est pour ça qu’il l’a fait chier un peu plus tôt ? Il n’en sait rien et il s’en fiche un peu, à vrai dire. Peut-être qu’elle cherche Daphne ? Malgré l’alcool qui embrume toujours un peu son cerveau, la question a le mérite de l’inquiéter un peu. Alors il ouvre la bouche pour lui dire que sa sœur n’est pas là, mais il est interrompu quand il suit le regard d’Astoria et comprend qu’elle le reluque sans aucune gêne. « Good morning to you too, Marcus, » fait-elle avec beaucoup trop d’entrain, alors il grogne et lui répond par un regard sombre, c’est la seule réaction – autre que de s’empourprer un peu bêtement, comme il pouvait le faire au début – qu’il est capable d’avoir, à cette heure-ci. « And I thought you were just giving me a warm welcome, » Elle est hilarante. Avec un soupir, Marcus tend la main et attrape Sil dans son poing, qui pousse un petit cri outré qu’il ignore superbement. « May I ? » demande-t-elle, mais elle n’attend même pas sa réponse pour entrer, alors il se fait une raison et détache la lettre que Sil tient dans son bec, avant de le relâcher.
Il referme la porte d’un coup de talon – et le regrette immédiatement quand elle claque un peu trop fort – puis se frotte une tempe avant de se diriger vers son salon. Marcus jette la lettre sur la table basse, à côté de la boîte de viennoiseries qu’elle a apportées, puis attrape  un t-shirt qui traîne sur le dossier de son canapé. Il porte le vêtement à son nez et renifle un coup. C’est pas celui qu’il a porté la veille, puisqu’il ne sent pas l’alcool et pas trop la sueur, ça fera l’affaire. Il s’apprête à l’enfiler, quand Astoria pose une main sur son bras, pour l’en empêcher. « Oh please. Don't spoil the view. » Nouveau grognement et il l’enfile quand même, parce que même si ça le dérange pas tant que ça qu’elle se rince l’œil – quoi ? Il a parfaitement conscience que quelques années plus tôt, elle ne lui aurait même pas accordé le moindre regard alors ouais, il profite un peu – ça reste assez bizarre que la petite sœur de Daphne le mate sans gêne.

«  I take it you don't open much of your mail. That's bad, Marcus, you could get some good news. Like me bringing you breakfast. Or just visiting what you call a...  ...a home. Ugh. Men. » Il regarde autour de lui et elle marque peut-être un point. C’est vrai que son appart est dans un sale état. « I… think I sent my house-elf back to the Manor, » qu’il marmonne d’un air un peu confus. Il n’en est pas certain parce qu’il ne s’en rappelle pas. Enfin, il se souvient s’être énervé après Ding, alors soit il l’a renvoyé au Manoir, soit il l’a tué. Il espère que ce n’est pas la deuxième solution, sinon sa mère va l’étriper. « Please don't put pants on. Let me have this, » fait alors Astoria et quand il relève la tête, c’est pour la trouver assise sur son canapé, un croissant dans la main. Marcus arque un sourcil et reste planté devant elle. « Want a bite ? Or watching’s satisfying enough ? » demande-t-il avant de lâcher un ricanement moqueur. Il commence un peu à se réveiller, c’est une bonne chose.
Il attrape un croissant – il a grave la dalle, finalement – et s’assoit en face d’Astoria. Ou plutôt, il se laisse tomber sur son fauteuil sans la moindre grâce. Flint mord dans son croissant et lâche un mi-soupir mi-gémissement de satisfaction. « We're going for lunch afterwards, though. Think about something decent to wear. » Il s’étouffe un peu, puis lève un regard confus vers Astoria, les sourcils froncés.

« Wait, don’t get me wrong, this is nice, » fait-il en montrant la boîte de viennoiserie et Tori assise sur son canapé. « But since when do we do breakfeasts and lunches ? Did I miss something ? » Il abandonne son croissant et observe la jeune femme attentivement. « Something’s wrong ? » demande-t-il finalement, un peu inquiet.

« Want a bite ? Or watching’s satisfying enough ? » Elle arque un sourcil, un peu surprise mais satisfaite aussi. Elle a toujours vu Marcus Flint comme... eh bien, Marcus Flint, avec ses dents de travers et sa face de troll. Évidemment elle a été surprise de sa soudaine puberté tardive (similaire à celle de Pansy Parkinson) (comme si tout le monde n'ignorait pas que puberté tardive était synonyme de bistouri et patience), mais pas de la mauvaise manière, oh non. Autant dire que les mages qui se sont occupés du faciès de Marcus Flint méritent les félicitations du Tout-Londres: oui, effectivement, Astoria ne serait pas contre en prendre une petite bouchée. “ Maybe later, but thanks for the offer, ” dit-elle avec décontraction et ce petit sourire sur les lèvres, parce qu'elle se doute franchement que Flint dit plus ça pour jouer qu'en étant sincère (elle ne sait pas trop si elle préférerait qu'il soit sincère). Au moins, il ne lui fait pas l'insulte d'enfiler un pantalon: Astoria le suit des yeux (plus particulièrement la partie la plus intéressante de son anatomie, ce qui, elle l'espère, va le gêner un peu un peu) jusqu'à ce qu'il s'asseye en face d'elle avant de reprendre la parole.
Mais il ne semble pas très réceptif à la perspective d'un déjeuner. Bon. Astoria n'est pas trop habituée à ça. Il devrait vraiment songer à engager une assistante pour lire son courrier pour lui, ça épargnerait beaucoup de moments gênants à tout le monde. « Wait, don’t get me wrong, this is nice. — I've been told I was nice, dit-elle avec un sourire en coin, croisant les jambes machinalement et arquant un sourcil. — But since when do we do breakfeasts and lunches ? Did I miss something ? » Il abandonne son croissant. Disgrâce, la boîte de viennoiseries lui a coûté un sacré paquet de Gallions pour de... de la pâte et du sucre. Ou whatever. « Something’s wrong ? — I appreciate your concern, Marcus. ” Elle est même sincèrement surprise, quand bien même elle ne le montre pas. Elle sait bien que Marcus et Daphne étaient proches, il était une fois. Mais Astoria... autant dire qu'elle n'a jamais regardé Marcus avant que ses dents arrêtent de partir dans tous les sens et qu'elle lui a toujours offert une sorte de mépris lointain.

Alors le voir véritablement inquiet à cause d'elle est autant flatteur que surprenant. “ You're so sweet, ” rajoute-t-elle, toujours avec un sourire, ramenant le croissant à ses lèvres en prenant tout son temps, languide, pour en croquer un autre morceau délicatement. “ Maybe I just want to catch up, Marcus. And be nice for all the time I was not, ” lui dit-elle avec la voix la plus sincère de son répertoire, et ses grands yeux de biche innocente. Marcus semble douter, pas particulièrement convaincu, et Astoria se met alors à sourire en coin en reposant à son tour son croissant. “ Well, actually, dit-elle, laissant traîner le mot sur ses lèvres, let's say I need your help with something. With this, ” fait-elle, en désignant du menton les abdos de Marcus. Devant son regard interrogateur, elle rajoute: “ no, not this. Sorry, my eyes just drifted. I meant this. ” Et cette fois de tendre un doigt inquisiteur en direction de l'intérieur du bras de Marcus où s'enlacent un crâne et un serpent. La Marque des Ténèbres, son dernier accessoire de mode, sa dernière lubie. “ I finished my internship at the Ministry two months ago and now I want to take it to the next step. And I need you for that. ” À n'importe quel prix. “ I heard you made a pretty good Death Eater by the way. Despite everything, ” rajoute-t-elle, lâchant le compliment puis la pique avec un sourire angélique alors que le doigt retombe pour revenir attraper le croissant qu'elle s'empresse de commencer à éplucher, couper en petits morceaux égaux, comme à chaque fois qu'elle est nerveuse. “ I've been told I was nice, répète-t-elle, and also quite generous when I'm thankful. ” Et de décroiser les jambes, sans cesser de sourire ni de manger son croissant de l'air le plus innocent du monde.

« I appreciate your concern, Marcus, » qu’elle minaude et lui se renfrogne. C’est pas tellement pour elle qu’il s’inquiète, plutôt pour Daphne, en fait. Finalement, c’est la seule chose qui les relie, non ? Il ne voit pas tellement ce qu’elle fiche ici, si ce n’est pas pour parler de sa sœur. C’est la seule chose dont ils parlent, tous les deux. « You're so sweet. » Il a une grimace et lève les yeux au ciel. C’est pour ça qu’entre les deux frangines Greengrass, c’est Daphne qui passait le plus de temps ici, si l’attitude d’Astoria le fait ricaner la plupart du temps, elle finit toujours par l’agacer et avec l’alcool qu’il a encore dans le sang, ça arrive encore plus vite que d’habitude. « Maybe I just want to catch up, Marcus. And be nice for all the time I was not. » Marcus lui lance un regard guère impressionné. Oh vraiment ? Elle le prend pour plus stupide qu’il ne l’est. Alors il se contente de la fixer d’un air morne, jusqu’à ce que le sourire en coin de la petite garce ne lui confirme qu’elle se fout bien un peu de sa gueule. « Well, actually, let’s say I need your help with something. With this. » Il suit son regard et fronce les sourcils, parce qu’il ne comprend pas vraiment où elle veut en venir, là. « No, not this. Sorry, my eyes just drifted-- » Les siens effleurent encore le plafond, elle tourne autour du pot et c’est chiant. « I meant this. » Et cette fois, Marc comprend très bien où elle veut en venir. Il refuse de baisser les yeux sur le tatouage qui marque à présent son avant-bras. S’il ne le voit pas, il a presque l’impression qu’il n’existe pas.
« I finished my internship at the Ministry two months ago and now I want to take it to the next step. And I need you for that. I heard you made a pretty good Death Eater by the way. Despite everything. » Ses doigts tressaillent, alors qu’il se retient de fermer le poing et probablement de l’écraser sur le joli visage d’Astoria. Lui, un bon Mangemort ? Il pourrait presque rire sincèrement, si ce qu’elle est en train de lui demander ne lui retournait pas l’estomac. « I've been told I was nice, and also quite generous when I'm thankful. » Il… doit avoir mal entendu. Il a passé des mois à empêcher ces deux idiots de Greg et de Daphne d’aller vendre leur âme au Magister et maintenant, il se coltine la petite Tori ? Ils se sont tous passé le mot pour venir leur faire chier ? Le pire ? C’est qu’il sait qu’Astoria pense vraiment qu’avoir la Marque est formidable, que personne n’est allé lui planter cette obsession dans le crâne.

Et c’est lui qu’on traite de débile ? « Quite generous, eh ? » commence-t-il avec un sourire en coin. « Now tell me, doll, what would you give me to get this ? » demande-t-il en avançant son avant-bras, en la narguant avec la marque qu’il expose sous son nez. Il se lève, s’avance et s’assoit à côté d’elle, sur le canapé. « Money ? » Il ricane. « Please, I don’t need it. » Il est nettement moins cupide que son père, probablement parce que ses années de gloire ont généreusement rempli son coffre à Gringotts. Il approche une main du visage de la jeune femme et du bout des doigts, glisse une mèche de cheveux bruns derrière son oreille. « Or perhaps-- » Sa voix se fait plus rauque. « You’d let me fuck you for it ? » La perspective n’est pas déplaisante, bien au contraire. Il laisse son regard parcourir les formes d’Astoria, comme elle l’a fait pour lui sans gêne, un peu plus tôt.
Ça lui permettrait peut-être de faire disparaître sa gueule de bois un peu plus rapidement et il n’irait pas s’en vanter – il connaît le père, il n’est pas inconscient -, mais sauter une des frangines Greengrass, c’est définitivement pas la pire chose qui puisse lui arriver. « Other than that, » reprend-il en arquant un sourcil, comme pour la mettre au défi. « I really don’t know what you could give me to convince me. » S’il sous-entend qu’elle n’est bonne qu’à ça ? Totalement.  

« Quite generous, eh ? » Et il sourit légèrement, et elle sourit en retour. Elle a juste besoin de savoir ce dont il a besoin, non, ce dont il a envie et après, elle pourra appuyer sur les boutons, tirer sur les fils pour le faire marcher, comme un automate. C'est pareil avec tout le monde. Les gens veulent des choses, les gens sont prêts à faire des choses pour ces choses. Il faut juste trouver la bonne chose, un petit trésor particulier, et l'avidité fera le reste. « Now tell me, doll, what would you give me to get this ? — You tell me, pal, ” répond-t-elle, le sourire devenant presque ironique sur ses lèvres en utilisant un surnom vieillot contre le sien (qui a tout de même envoyé un frisson de malaise le long de son échine: les autres ont le droit d'être des poupées manipulables, et elle n'est pas une poupée gonflable). Il s'approche — les yeux d'Astoria s'accrochent désespérément à la Marque, puis à son entrejambe avec toujours ce satané air moqueur sur son visage — et s'assied à côté d'elle, et elle tourne lentement le visage vers lui. « Money ? » Elle arque un sourcil. Vraiment? Boring. « Please, I don’t need it. » Oh. Just stupid, then. On n'a jamais assez d'argent, surtout en ces périodes où celui-ci s'échappent plus volontiers dans les caisses du gouvernement que dans les comptes privés de ses fidèles citoyens; mais soit. Elle note juste, quelque part dans sa tête, que les Flint ne sont clairement pas dans le souci contrairement à certaines familles qu'elle connait...

Il tend la main et Astoria baisse un tout petit peu la tête, machinalement, reportant toute son attention sur lui. Il effleure sa joue, remet une mèche de cheveux derrière son oreille. Ah. Voilà, donc. « Or perhaps- You’d let me fuck you for it ? » Ses sourcils se froncent, son visage entier se fronce, même si elle sourit légèrement, genre well, if you put it that way... mais elle a l'air plus amusée qu'autre chose. Elle ne s'attendait pas à de la poésie ou à quoique ce soit de subtil de la part de Marcus Flint. “ Would you like that? ” murmure-t-elle en retour, petite actrice ingénue et timide, battant de ses longs cils pour le plaisir de ses beaux yeux. « Other than that, I really don’t know what you could give me to convince me. » Elle sourit toujours. My name has been through a lot, I can take it, se persuade-t-elle, parce qu'elle a été nommée pute bien plus de fois que l'esprit étriqué de Flint peut bien l'imaginer. Elle sait grâce à Tracey que quand la parenté de Scorpius a été révélée, alors qu'elle était encore captive des Insurgés, elle était devenue pour l'Élite l'horrible petite salope qui avait séduit Draco Malfoy et l'avait forcé à s'occuper du bébé...
Mais se faire insulter par Marcus Flint? C'est un tout nouveau niveau d'injures. Elle peut pardonner aux journalistes avides leur stupidité, mais à celui qui se prétendait l'ami de sa soeur... “ Oh I'm sure you don't know what else to ask for, Marcus. You're a simple man of simple pleasures after all. ” Elle se laisse aller contre sa paume. Si il ne veut qu'un good old fuck, ça lui va parfaitement: elle espère juste qu'il sait utiliser tout ce qu'il a à cacher dans son caleçon. Ses yeux glissent jusqu'à ses lèvres, remontent à ses yeux. “ But right now... well. I have to say you're a really- Elle baisse à nouveau les yeux, plus bas encore cette fois -good-looking specimen, but you do reek of sweat and alcohol and this place is a disgrace. I'm a delicate girl, as you know. ” Elle se détourne de sa main. “ I'm sure I can teach you how to take a shower, though, dit-elle, généreuse, grand seigneur même, avec toute l'ironie d'une fillette apprenant à un homme des cavernes  comme prendre soin de lui. Sometimes you have to wash the ugly, you know? Scrap it until it's gone, just so you can make it right again. ”  Elle tourne de nouveau la tête pour lui sourire. Si tendrement, si gentiment, si joliment que c'en serait presque un cauchemar. Elle a beaucoup d'entraînement des zygomatiques, entre autres muscles. “ Now, if all you need is a good shag because otherwise you can't get laid and because you can't think of something else... I'd be more than happy to oblige, pal. ”

Marcus n’est clairement pas un bon comédien, contrairement à Astoria. Et pourtant, il fait de son mieux pour ne pas laisser paraître la hargne qui l’habite, en cet instant. C’est l’horreur qu’il imagine lire dans les yeux de Daphne si sa petite sœur venait à rejoindre les Mangemorts, qui le motive sûrement à ce point. Il sait qu’elle – la vraie, pas celle qui l’a remplacée comme ils ont remplacé Greg – détesterait qu’Astoria obtienne cette Marque. « Oh I'm sure you don't know what else to ask for, Marcus. You're a simple man of simple pleasures after all. » Souvent, les gens s’imaginent que Flint ne comprend pas ces subtilités. Après tout, il est stupide, pas vrai ? Mais quand on a grandi dans un manoir hanté par le fantôme d’Ignatus Flint, on apprend vite à saisir tout ça. Marcus sait quand on se fout de sa gueule. Parfois, il souhaiterait être plus con encore, peut-être que ce serait plus simple. « But right now... well. I have to say you're a really-- good-looking specimen, but you do reek of sweat and alcohol and this place is a disgrace. I'm a delicate girl, as you know. » Un rire nasal disgracieux lui échappe. Oui, le genre de fille délicate qui est prête à coucher pour avoir une chance de rejoindre une bande d’assassins psychopathes.
« I'm sure I can teach you how to take a shower, though, » continue-t-elle et un sourire en coin ourle les lèvres de Marcus. Ça, il n’en doute pas. Elle doit être une experte dans ce domaine. Il n’a aucun mal à imaginer Astoria chaque jour, sous son jet d’eau brulante, à frotter, frotter, frotter, toute sa misère et ses mensonges et la saleté qui la recouvre. « Sometimes you have to wash the ugly, you know? Scrap it until it's gone, just so you can make it right again. » Qu’est-ce qu’il disait ? Une experte. « Now, if all you need is a good shag because otherwise you can't get laid and because you can't think of something else... I'd be more than happy to oblige, pal. » Alors elle serait vraiment capable d’aller jusque là ? Marcus s’écarte et son sourire se transforme en rictus de dégoût.

« You’d really do it, » lâche-t-il, l’air de ne pas vraiment y croire. « You’d let me shag you to—what ? Get a tattoo ? » Marcus laisse échapper un rire rauque. « I know a few addresses where you could go to get a way nicer one for a good price. » Il se relève, parce qu’il n’arrive pas à rester assis à côté d’elle sans avoir envie de la secouer brutalement, ou même de la gifler. « ‘Cause if it’s not for the looks, I really don’t know why you’d want to be part of this, » poursuit-il en lui lançant un regard sombre. « You want to kill, Tori ? » demande-t-il brusquement, d’un ton faussement détaché. Il se rapproche d’elle, se penche, appuie ses deux mains de chaque côté de son visage, sur le dossier du canapé. « You want to hurt people ? » Il l’attrape par les poignets et la soulève sans trop de difficulté, elle n’est vraiment pas épaisse. Là, il ne la lâche pas et approche son visage du sien. « You want to make people you went school with, kids younger than you are, scream till their voice break for the Lord ? » Il sourit à nouveau, mais c’est mauvais, cruel.
« Or maybe-- » Il approche de son oreille et sa voix n’est plus qu’un murmure. « Or maybe you want to find Draco ? And why not, torture him in front of your son, to please the Lord ? You know, to teach him a lesson, He’d like that I think, He’d find that hilarious. » Elle paraît si frêle, si minuscule, et ça lui rappelle qu’au fond, c’est qu’une gosse et qu’il va peut-être trop loin, mais tant pis. Tant pis, il ne va pas s’arrêter maintenant. « Because that’s what being a Death Eater means, Tori. Killing is easy, you know ? It’s just a few words, a simple spell and that’s it. But He won’t only want that from you, oh no, » susurre-t-il à son oreille. « You’re smart, you know a Crucio won’t work unless you mean it. Would you mean it, Tori ? Would you want anyone to hurt enough to make them scream ? » Il lâche un de ses poignets, pour cueillir son visage dans le creux de sa paume.

« You don’t want to get your hands dirty, princess, trust me. » Surtout qu’il n’y a pas que ses jolies mains blanches et manucurées qu’elle salirait en prenant cette Marque.  

Elle voit l'expression de son visage changer — oh, il ne sera pas stupide au point de lui faire la leçon, si? « You’d really do it. » Et les traits d'Astoria s'effondrent, alors que déjà elle se sent lasse de tomber dans une discussion qu'elle ne désire pas avoir. « You’d let me shag you to—what ? Get a tattoo ? I know a few addresses where you could go to get a way nicer one for a good price. — Oh for the love of God, I'm not offering you my virginity, Marcus. And I reckon you'd be done in three minutes anyway, ” marmonne-t-elle, agacée, alors que lui-même semble déjà s'énerver tout seul et sortir hors de lui, sautant sur ses pieds et commençant à arpenter la pièce comme un lion en cage. « ‘Cause if it’s not for the looks, I really don’t know why you’d want to be part of this. » Mais c'est pour l'allure, c'est pour le pouvoir, c'est pour montrer, tatouer, brûler à même sa peau qu'elle en est capable, qu'elle le fait, qu'elle le peut, c'est pour leur prouver à tous qu'elle le peut. « You want to kill, Tori ? » Elle soupire. Ah, ça fait partie du job? Merci de m'informer, Marcus.
Elle a pourtant le réflexe de s'enfoncer dans le canapé quand il se rapproche, trop, se sentant soudainement menacée là où elle était toute en confiance quelques instants plus tôt. Faut dire qu'il pue encore plus de près, et surtout qu'il lui rappelle combien il est plus grand, plus fort, et plus stupide et donc plus dangereux qu'elle. « You want to hurt people ? » Il la soulève — “ Flint, get off me, ” — sans aucune difficulté, lui rappelant sa cruelle faiblesse, et ne la lâche pas même sous son regard le plus furibond qui soit. Et le pire, c'est qu'elle sent son pouvoir de soigneuse s'activer et commencer à lentement soulager Marcus de sa gueule de bois, alors même qu'il ne fait que la toucher; impatiente de faire plaisir, c'est bien Astoria ça. « You want to make people you went school with, kids younger than you are, scream till their voice break for the Lord ? — And here I thought you were just making bake sales to fill the Government funds, ” marmonne-t-elle en essayant de s'échapper à ses mains, en vain.

Ça la fait rire, parce que Marcus est tombé dans le panneau aussi. Il croit qu'elle ignore tout de la guerre? Qu'elle n'a pas entendu des gamins plus jeunes qu'elle hurler à la mort, à cause du Seigneur? Elle les a vus, elle les a soignés. Elle a été entraînée par Bellatrix pendant des mois, oui, certes; mais elle a aussi passé des mois, des années de l'autre côté de la barrière. Et si la sensation de camaraderie, à l'époque, était réelle, aujourd'hui ce n'est qu'un vague souvenir, une horrible nostalgie amère. C'est clair depuis l'attentat de Saint-Mangouste. Les Insurgés ont changé — et elle aussi.
Alors à qui pense-t-il faire peur? « Or maybe-- » Il s'approche, elle rue en arrière pour se détacher, mais il la tient toujours aussi fermement; elle sent son haleine pleine d'alcool, elle a envie de le tuer, parce qu'elle le voit venir à mille kilomètres et non il osera pas-- « Or maybe you want to find Draco ? » Et aussitôt elle se ferme, son pouvoir lui revient comme un coup de fouet, et elle s'immobilise, sans doute parce qu'il a dit le mot magique. « And why not, torture him in front of your son, to please the Lord ? You know, to teach him a lesson, He’d like that I think, He’d find that hilarious. » Oh, et Scorpius. Il va loin, et fort.

« Tu aurais eu Scorpius, alors, et le beau rôle : celui de répondre à ses questions par des mensonges, de le regarder dans les yeux en lui cachant que je ne suis pas mort d'une quelconque maladie, mais supplicié par son grand-père — le même qui a tenté de le tuer à la naissance — puis achevé par ton Maître. C'est la version qui t'aurait convenu ? »

Non, elle doit repousser ces pensées, sa voix horrible, son visage défiguré et ce souvenir, il est dangereux et elle n'aurait jamais dû l'avoir. Elle repense à l'AK qu'elle avait lancé sur Draco, et au vert pâle du sortilège, et à sa conséquence ridicule. Elle repense à ça et se demande: en serait-elle capable? « Tu tiens tant que ça à faire la guerre ? A le rendre orphelin de mère pour te prouver que tu es la digne fille de Wyatt : une meurtrière ? — Peut-être que je le ferai orphelin de père. » Non, arrête d'y penser; mais cette conversation la tient éveillée la nuit, et le visage de Draco, et la dure détermination qu'elle avait eu à le tuer, et elle l'aurait fait, l'aurait fait si elle avait eu un peu plus de pouvoir, la Marque sur le bras.
Retour à l'instant présent, Marcus Flint qui se pense intelligent. « Because that’s what being a Death Eater means, Tori. Killing is easy, you know ? It’s just a few words, a simple spell and that’s it. But He won’t only want that from you, oh no. You’re smart, you know a Crucio won’t work unless you mean it. Would you mean it, Tori ? Would you want anyone to hurt enough to make them scream ? » Il la touche et elle a un frisson quand sa main se pose sur sa joue. Elle le regarde avec haine, et dégoût, parce qu'elle déteste penser à Draco, et qu'elle pense à Draco, et qu'il la traite comme la petite fille qu'elle n'est plus depuis longtemps.
Elle lui foutrait un Crucio dans le cul si elle avait accès à sa baguette, en cet instant précis. N'a-t-il pas fait son stage d'Adhérent? Ne sait-il pas ce que ça signifie? Ne connait-il pas Bellatrix Lestrange? Elle l'a torturée jusqu'à ce qu'Astoria sache torturer; mais elle reste pourtant silencieuse, alors que tout ce qu'il lui dit lui hurle de le détruire.

« You don’t want to get your hands dirty, princess, trust me. » Elle sourit. “ Oh, Marcus. ” Ça la heurte et ça l'attaque, qu'il lui dise ça. Il était si bon ami avec Daphne, sont-ils encore en contact? Lui a-t-elle dit combien sa soeur a souffert, a passé quatre avec des Insurgés, à survivre, à soigner, à souffrir, les mains rouge du sang que lui-même avait fait couler? Et les mois d'Adhérence, avec Lestrange comme mentor, à traquer le né-moldu et le hors-la-loi en même temps que la Brigade Magique lui apprenait à remplir dossiers et paperasse inutiles? À regarder Lestrange peindre un tableau sanglant de chaque personne capturée, à l'écouter rire des hurlements étouffés des victimes coincées dans une maison en flammes? Ou même les nuits où Mangemorts se retrouvaient à Greengrass Manor et parlaient de plans sordides, horribles, en pensant qu'on ne les écoutait pas. Ou même les regards sombres de Wyatt. Ou même— tout. Qui n'a pas les mains sales, rouges de sang, de ce côté de la barrière? “ Get off me, you stinky, pathetic, ignorant bastard. You think you know anything? Elle se débat, essaie de se défaire; mais il a lâché sa joue, a repris son poignet, et la maintient là. You think you know what you're talking about? Elle rue, encore, lui écrase le pied, se tord les poignets pour enfoncer un bout d'ongle dans sa paume. You think I don't know what pain is? What blood is? What a Crucio is? You fucking-- ” Elle lève le coude et son genou vient se ficher, à pleine vitesse, dans son entrejambe; la même technique qu'avec Draco, et toujours aussi fonctionnelle contre les Mangemorts.

Il a réussi à parer un peu en serrant les genoux, mais pas assez pour qu'elle ne voit pas la vive douleur s'inscrire sur son visage; alors déjà elle s'éloigne d'un pas sur le côte, contourne le canapé pour l'avoir entre eux, en dégainant sa baguette et la pointant sur Flint comme elle l'a pointée sur Draco. “ I'd kill the whole world for my son, ” dit-elle simplement, une vérité qui n'existait pas avant qu'elle ne la prononce. “ You disgust me. You're nothing more than a coward. What did you think it was, when you took the Mark? That it would be just a nice addition to your resume? A great way to land on your feet after your dumb as fuck accident? I know what being a Death Eater means. Always knew. I'd kill Draco over and over in front of Scorpius if it meant saving him. ” Et quelque chose s'assombrit dans son regard, un rugissement l'étreint, dans son coeur, et elle a l'impression qu'elle est au coeur d'une tempête, non. C'est moi, la tempête. “ You ready, Flint? ” demande-t-elle, sa main sûre et ferme autour de sa baguette. “ Maybe I could teach you a thing or two. ”
Elle foutrait le monde à feu et à sang pour leur prouver sa valeur à tous. “ Crucio. ” Et cette fois le sortilège réussit.

Spoiler:

Elle ne peut pas être aussi stupide, Marcus refuse de croire ça. Elle ne peut pas avoir pleinement conscience de ce qu’être un Mangemort implique et vouloir le devenir. Il comprend pourquoi leurs parents ont été séduits. Le Lord est arrivé avec ses grandes idées et ses pouvoirs incroyables, les a séduits avec ses belles paroles en leur promettant des choses fantastiques. Mais entre temps, il a essuyé un échec cuisant en essayant de tuer un enfant d’un an, le rejeton d’une Sang de Bourbe, ces êtres qu’il méprise tant. Il a été réduit à l’état de rien pendant des années avant de faire ce grand retour et ils ont tous rappliqué comme des chiens pour accueillir leur maître. Ce type a été mis en déroute par un bambin et ils continuent à le suivre ? Marcus ne comprend pas ça. Mais ceux qu’il comprend encore moins, c’est tous ces jeunes de sa génération, qui répètent exactement les mêmes erreurs. Marcus a vu son père sombrer et sa famille manquer de peu d’être réduite à néant à cause du Magister. Il n’était qu’un môme à l’époque, mais ça ne l’empêche pas de s’en rappeler, d’avoir été marqué par tout ça. Et il ne peut pas être le seul dans cette situation, tous n’avaient pas le compte en banque et l’influence de Malfoy pour s’en tirer aussi facilement qu’il l’a fait après la défaite du Lord par le bambin Potter. Combien ont vu un parent, des branches de famille entières, finir à Azkaban pour— pour quoi, au juste ? Quelques instants de prétendue gloire ?
Marcus a conscience de ce qu’est son père et il ne sait pas s’il a toujours été ainsi, ou si ce sont toutes ces années à servir un fou qui l’ont rendu comme ça, il n’en a aucune fichue idée. Mais il sait qu’il ne veut pas finir comme lui. Qu’il refuse d’être ce type qui n’accorde plus que du dédain à son épouse et son propre fils, qui ignore comment faire preuve d’autorité autrement qu’en étant terrifiant et rabaissant et horrible.
Alors recevoir cette Marque, c’était ce qu’il voulait à tout prix éviter, parce que d’une manière ou d’une autre, ça fait partie de ce que son père est et qu’il déteste. Bien sûr il a été stupide et aveugle, lui aussi. Quand il n’était qu’un gamin et qu’il pensait encore qu’avoir servi Voldemort avait quelque chose de prestigieux. Mais depuis, Marcus a vu, il a compris, il a grandi. Astoria n’est plus une enfant. Astoria a, à la maison, le parfait exemple de ce qu’est un être gangréné par l’influence du Lord. Et surtout, Astoria a une sœur qui a compris, qui a voulu se battre du bon côté et à qui on a retourné le cerveau pour ça.

Elle ne peut pas ne pas avoir vu tout ça. Elle ne peut pas ne pas avoir compris, que tous ceux qui servaient le Magister finissaient par devenir des monstres capables du pire, même envers leur propre famille. Alors qu’est-ce qui la pousse à vouloir porter cette Marque ? Par Salazar, qu’est-ce qui peut bien lui faire penser une seule seconde qu’elle en sortira grandie, meilleure ? Elle ne peut pas être aussi stupide, bon sang elle ne peut pas être plus stupide qu’il ne l’est. « Oh, Marcus. » Ce qu’il peut avoir envie de lui arracher ce sourire de son visage. Ce sourire qu’elle affiche en pensant qu’il est stupide et qu’elle est la plus maligne des deux alors qu’elle n’est rien sinon pathétique. « Get off me, you stinky, pathetic, ignorant bastard. You think you know anything? » fait-elle en se débattant et c’est facile d’ignorer les insultes et le ton mordant, quand il a l’impression pour la première fois, d’être face à quelqu’un de moins intelligent que lui, quelqu’un qui n’a pas compris là où lui a tout saisi. « You think you know what you're talking about? » Il pense en savoir un peu plus qu’elle, oui. Il ignore ses tentatives pour se dégager de sa poigne, ça la gêne qu’il la touche ? Tant mieux. « You think I don't know what pain is? What blood is? What a Crucio is? You fucking— » Elle jure et il ne pense pas avoir déjà entendu la délicate Tori jurer ainsi auparavant, c’est probablement ce qui lui met la puce à l’oreille.
Il avait d’excellents réflexes Marcus, avant Ste Mangouste. Il aurait sûrement réussi à l’esquiver alors mais il est plus lent à présent et sa gueule de bois est toujours présente, alors il ne parvient qu’à resserrer les genoux pour tenter d’amortir le choc mais ce n’est pas suffisant. Un grondement sourd lui remonte le long du fond de la gorge, c’est tout ce qu’il se permet de laisser échapper mais il s’écarte et la lâche, respirant profondément pour ne pas hurler ou pire, l’attraper par les cheveux pour lui écraser la tête contre le mur. Elle en profite pour s’éloigner et tire sa baguette pour la pointer sur lui, alors Marcus se fige.

Parce que sa baguette à lui, elle est restée dans sa chambre, sur la table de chevet. « I'd kill the whole world for my son, » fait-elle alors et une part de Marcus est… soulagée. Parce qu’il n’a jamais compris comment Astoria avait pu renoncer à ses droits sur son propre gamin. Il se doute que c’est compliqué, plus qu’il ne l’imagine probablement, il se doute aussi que Wyatt Greengrass a sa part de responsabilité dans tout ça. Et Flint est terrifié par son propre père, d’accord ? Alors il comprend, il sait ce que c’est. Mais s’il avait un gosse, s’il devait choisir entre laisser ce gosse ou défier son monstre de père, il n’hésiterait pas. Roy dirait probablement que c’est encore sa mère, qui l’a rendu trop doux, trop faible. Marcus est un lâche, Marcus ne se met en danger pour personne, mais s’il avait un môme ? Il le ferait, parce que c’est ce que sa mère a toujours fait, ce qu’elle lui a appris. « You disgust me. You're nothing more than a coward. » Oh elle pense peut-être le vexer ? Il sait ce qu’il est, il a toujours su, n’a jamais complexé de penser à lui avant de penser aux autres. « What did you think it was, when you took the Mark? That it would be just a nice addition to your resume? » Et il a un rire rauque Marcus, parce que c’est elle qui ne sait rien. C’est elle qui ignore à quel point il méprise cette marque sur son bras, à quel point il souhaite chaque jour qu’elle disparaisse, à quel point il a envie de gerber à chaque fois qu’il la voit sur son avant-bras. « A great way to land on your feet after your dumb as fuck accident? » Oh non, elle n’a pas le droit. Elle n’a pas le droit d’appeler ça un accident. Ça n’avait rien d’un accident. On l’a mutilé, on lui a arraché les ailes de la pire des manières on purpose et elle n’a pas le droit de réduire ça à un accident. « I know what being a Death Eater means. Always knew. I'd kill Draco over and over in front of Scorpius if it meant saving him. » S’il avait des larmes à verser pour elle, il pourrait probablement en chialer. Elle pense protéger son gamin, en faisant ça ? Elle pense peut-être que c’est la bonne solution ?

« You ready, Flint? Maybe I could teach you a thing or two. » Elle pointe sa baguette sur un homme désarmé et c’est lui le lâche ? Il se trompait, elle a bien sa place parmi les Mangemorts, si c’est le genre de choses qu’elle fait. « Asto— » commence-t-il en espérant pouvoir la raisonner, la rappeler à l’ordre. Mais elle l’interrompt et il pâlit rien qu’en entendant la formule.

Crucio.

Et la douleur est là, elle est réelle. C’est dire à quel point elle doit le haïr la petite Astoria, à quel point elle veut qu’il souffre. Mais il est entraîné, Marcus. Oh s’il y a un champion de la douleur, c’est probablement lui. Ce sortilège, ce n’est pas la première fois qu’il le subit et il a appris à serrer les dents et à encaisser, pour que sa mère n’entende jamais, pour qu’elle ne sache pas que Roy s’abaissait à ça. Parce que si elle avait su, oh Merlin si elle avait su, Viviane Flint serait devenue folle, Viviane Flint serait partie en guerre pour faire payer à son mari d’avoir osé toucher à son fils. Mais sa mère n’est pas faite pour la guerre, pas qu’elle soit faible oh ça non, elle est redoutable, mais la guerre cause des dégâts irréparables et sa mère est la seule personne au monde pour laquelle Marcus est prêt à se sacrifier. Alors il a appris à subir, take it like a man, se répétait-il toujours. Il a appris à ne rien laisser échapper, à ne pas lui donner la satisfaction de l’entendre crier.
Et puis, les Crucio de son père n’étaient rien, RIEN, face à la douleur qu’il a éprouvée sous ces décombres, durant le mois d’agonie qui a suivi, chaque jour depuis les attentats, quand il ne s’assomme pas les nerfs à coups de Navitas. Astoria espère lui apprendre quelque chose ? Quoi, sinon qu’elle n’est pas différente d’un homme qu’il méprise ? Quoi, sinon qu’elle est faible et misérable ?

Ses genoux faiblissent et il tente de se rattraper, finit par s’écrouler. Mais il continue de serrer les dents, si fort que sa mâchoire se crispe et se crampe, si fort qu’il a l’impression qu’elles vont se briser sous la pression. Il retient son souffle, parce que s’il expire, il va crier. Il ne sait pas combien de temps elle sera capable de maintenir le sort, mais il compte bien encaisser, il compte bien tout faire pour lui montrer qu’elle ne lui apprend rien. Alors il garde son regard sombre, voilé de douleur braqué sur elle, il refuse de ciller, il refuse d’être celui qui laissera tomber le premier.

C’est là qu’un hululement aigu retentit et que du coin de l’œil, il voit Silver, minuscule et stupide Silver, qui file à toute allure en direction d’Astoria, plonge ses serres dans sa coiffure compliquée et les referme avant de tirer, en battant furieusement des ailes. Ça déstabilise suffisamment la jeune femme pour que le sort s’interrompe et cette fois, Marcus expire dans un hoquet désespéré, la vue brouillée. Mais il la voit clairement se retourner, pour envoyer l’oiseau valser d’un revers de main violent. C’est quand il entend Silver s’écraser contre un mur dans un petit cri de douleur que Marcus trouve l’énergie de se mettre debout et de fondre sur Astoria avec un grondement de rage.

Sa main vient trouver sa gorge blanche et délicate, se referme autour et serre tout en la poussant contre le mur le plus proche pour la plaquer là. L’autre profite de sa surprise pour attraper sa baguette et l’en défaire, la tenir hors de sa portée. Il halète, le corps en miettes et le cœur cognant douloureusement contre sa cage thoracique. « You are disgusting, » crache-t-il avec un rictus méprisant. « You call me a coward but you dare come into my home and ask me to help you become a fucking monster before attacking me when I’m unarmed. Don’t worry Greengrass, you’re enough of a monster already, you won’t have any problem getting that Mark you wish to bear so much. » Il la hait, Merlin ce qu’il peut la haïr et il a envie de ne plus jamais détacher ses doigts de son joli petit cou, il a envie de le briser. « You know what ? It’s a good thing Malfoy took that kid away from you, otherwise he’d end up as rotten as you are. » Il la relâche et s’écarte avant d’utiliser la baguette d’Astoria pour faire venir la sienne qu’il empoigne et braque sur elle. « The only reason I’m not killing you right now is Daphne. You still have a chance to be free of all this shit but you want to be part of the reason you’re so miserable well go for it, Greengrass, be the Girl Who Were More Stupid Than Marcus Flint, maybe you’ll find it more enjoyable than being The Whore Malfoy Got Pregnant. Now get out of here and I swear to Merlin, don’t talk to me ever again, don’t look at me ever again, or I’ll destroy you. » Qu’elle disparaisse de sa vue, avant qu’il ne change d’avis, avant qu’il ne décide que même Daphne ne vaut pas la peine qu’il épargne cette garce.

Elle sent la magie s'agiter dans ses veines, alimentée par la peur et la rage et la colère et la fureur blessée qu'elle a dans les tripes, alimentée par tout ce qu'il y a de Wyatt chez Astoria, par son désir de prouver sa valeur, par son ambition et par le fait qu'on l'ait rabaissée, reléguée, mise sur le côté, tant de fois. Elle leur montrera à tous, ils verront sa puissance, qu'elle n'est pas la pute que Malfoy a mis enceinte, qu'elle n'est pas la jeune fille qu'elle était il était une fois, qu'elle est tellement... plus, la digne fille de ses parents, qu'elle peut elle aussi être ruthless, cruelle, honorable. ELLE LEUR MONTRERA À TOUS, que ne pas être né garçon ne l'empêchera pas d'être la digne fils de son père, une digne Greengrass, ILS VERRONT ET ILS COMPRENDRONT, et elle pourra enfin sourire, vraiment sourire, et leur dire qu'elle les attendait au tournant depuis le début.

Marcus n'arrête pas de la regarder. Il a des yeux très bleus, remarque-t-elle bizarrement en cet instant précis, au milieu d'une face blême, et ses yeux ne la quittent pas un seul instant, l'accrochent, et cette insubordination ÉNERVE Astoria, et la magie réagit, le sort n'en est que plus puissant, elle le sent, elle veut qu'il- là, parfait, il tombe, à genoux devant elle. Elle veut qu'il sente la puissance de la gamine qu'il a tant méprisé, insulté, détesté. Elle veut qu'il se rende compte de qui elle est, et de qui elle compte devenir, et elle veut qu'il sache, qu'il se souvienne pour toujours, que c'est Astoria Greengrass qui-
pOURQUOI NE BAISSE-T-IL PAS LES YEUX?

Elle va le tuer, le torturer jusqu'à la mort, jusqu'à ce que la douleur l'achève, lui fasse baisser les yeux, elle va lui faire regretter, tout regretter, même ce qu'il ne lui a pas fait personnellement, et ILS VERRONT, c'est tout ce qu'elle a toujours voulu, qu'on la VOIT et qu'on reconnaisse sa VALEUR.
Elle va lui montrer et Marcus sera le premier à ployer, il-

La douleur soudaine sur son crâne lui arrache un petit cri de surprise et le sortilège faiblit, disparait d'un coup alors que quelque chose, qu'elle ne tarde pas à reconnaître comme étant l'immonde hibou de Flint s'empêtre dans ses cheveux, ses griffes se refermant sur son crâne et s'enfonçant sous sa peau, et elle se détourne pour s'en débarrasser, difficilement, les plumes de l'animal commençant déjà à voler et ses ailes l'aveuglant, jusqu'à ce qu'elle parvienne à lourdement envoyer son poignet sur le hibou, l'envoyant valser et s'écraser contre un mur. La saleté l'a griffée en travers du visage et elle grogne, en sentant déjà son don de soigneuse s'activer, faisant volte-face pour faire face à Flint- mais déjà il est sur elle, sa main autour de sa gorge, et elle est projetée à toute vitesse contre le mur derrière elle, son crâne faisant douloureusement connaissance avec le papier peint.

Marcus est trop proche. Les mains d'Astoria volent, ses ongles essaient de s'agripper à sa peau, à trouver sa propre gorge, à l'étrangler, le frapper, tout en vain; il est un monstre de muscles, elle est une petite chose de nerfs. Et il est si proche; son parfum l'enveloppe toute entière, lui fait froncer le nez, alors que la douleur la brûle sur son visage où elle a été griffée et son crâne et puis et puis le manque d'oxygène, elle se sent mal, mal à l'aise, elle va perdre connaissance et-
Et pourtant, tous les mots de Flint lui rentrent dans la tête avec clarté. Et ne la quitteront pas.

Et elle le déteste, elle le hait avec une force et une flamme qui font s'agiter ses cheveux, palpiter ses mains, se refermer la plaie de son visage plus rapidement encore, son sang bout dans ses veins et sa magie encore plus, elle veut lui faire payer, lui montrer; mais quand il la relâche, et qu'elle sent déjà les hématomes se répandre à la surface de sa peau pâle, elle défaille presque, se rattrape de justesse au mur derrière elle. Le regard de Flint l'immobilise, la baguette qu'il braque sur elle aussi.
Elle a les yeux baissés.

Elle a du mal à respirer, encore plus à parler. Et pourtant, elle inspire profondément et d'une voix rauque, la seule chose qu'elle laisse tomber est un pathétique, “ fuck you, ” avant de lâchement se carapater vers la porte, le plus rapidement possible, avec la maladresse d'une biche apeurée sur un sol glissant, se rattrapant aux meubles et récupérant sa baguette seulement quand Flint l'envoie sur le mur à côté d'elle et qu'elle tombe parterre.

Elle jette un regard derrière son épaule quand elle sort de l'appartement mais déjà Flint claque la porte.
Elle n'arrive pas à respirer, encore plus à parler; elle sanglote pour libérer sa gorge, et elle rentre chez elle. Tant pis pour le déjeuner.