Il s'est endormi trop vite, sans s'en rendre compte; un moment il était en train de discuter, un peu tout seul, en jetant des regards en coin avides à Mafie et l'instant suivant il était plongé dans ses songes, impossibles à rattraper et à se remémorer mais plaisants. Il s'est éveillé, rendormi, éveillé, rendormi, sans vraiment avoir conscience du temps passant sauf pour la lumière se levant et devenant presque éblouissante malgré les stores baissés de la pièce. Et Mafie qui changeait de position à côté de lui toutes les cinq secondes, ce qui le réveillait par intermittence, mais ne lui donnait jamais envie de reprendre complètement conscience; si il avait pu, Alec aurait gravé toutes ces images volées au sommeil sur sa rétine, pour ne jamais les oublier: les poussières flottant paisiblement dans l'air, les cheveux blonds de Mafalda comme une auréole autour de son crâne sur l'oreiller et leurs corps qui ont fini par dépasser la barrière imposée par l'oreiller qu'elle a mis entre eux deux, leurs mains si proches l'une de l'autre. Il a toujours su qu'elle était jolie, Mafie, avec des traits fins et des yeux clairs et un sourire craquant et des expressions adorables. Il s'était jamais rendu compte avant qu'elle était belle, vraiment belle, surtout dans son sommeil.
Quand elle s'agite un peu dans son sommeil, il ne peut pas s'empêcher de se sentir mal à l'aise, self-conscious plutôt parce que ça fait quelques minutes qu'il l'observe alors il ferme les yeux, espérant retrouver les bras gourds du sommeil. Il doit rester très immobile et très neutre quand elle lui dit de se rapprocher, et son corps lui obéit comme il le ferait si il était véritablement endormi (il remercie mille dieux, et le reste des divinités, de l'oreiller qui a le mérite de séparer un tant soit peu leur deux corps) en grognant légèrement, marmonnant quelque chose d'intelligible mais s'approchant tout de même, raffermissant à peine leurs doigts entremêlés sur l'oreiller. Il a l'impression que chaque iota qui compose son corps et attiré par elle. Une merveille de synapses et de nerfs.

Il garde une expression neutre et détendue, et reste immobile, laissant seulement sa respiration profonde bouger son torse, toute sa concentration focalisée sur Mafie, dont le souffle change, la position sur le lit aussi; à plusieurs reprises il frissonne, manque de rouvrir les yeux, pour l'observer encore une fois, boire la vision magnifique qu'elle est endormie dans les draps de la petite lumière de sa chambre mais à chaque fois il se retient, tout comme il refoule la sensation presqu'agréable de sentir son regard à elle posé sur lui. Et puis soudainement elle se détache, et il rebondit mollement sur le matelas. “ Fuck me. ” Cette fois, il ne peut pas retenir un grand sourire d'envahir son visage, alors qu'il ouvre les paupières pour regarder Mafie à travers ses cils, ne bougeant pas la tête mais braquant tout de même le regard vers le profil de Mafie. “ Are you sure you don't want me to take you out first? ” qu'il redemande, dans un murmure cette fois, pour ne pas briser l'atmosphère calme et sereine de la pièce, se tournant lentement sur le ventre et se hissant sur ses coudes pour l'observer.
Le sourire n'est pas moqueur sur ses lèvres cette fois, ou provocateur; juste tendre, la question oubliée aussi vite qu'il l'a prononcée, quand les yeux de Mafie se déposent sur lui. Il sent un long frisson lui courir le long de la colonne vertébrale, et toujours cette impression qu'on lui tord les tripes, ou qu'une volée de papillons vient de prendre son envol, et c'est stupide, mais agréable en même temps. Elle le fait se sentir à l'aise, warm inside, et en sécurité surtout.

Il explore son visage comme si il ne l'avait jamais vu avant. Il n'a jamais vu toutes ces qualités et ces détails et ces reliefs et ces petites choses dans ses yeux, sur sa peau, sur ses lèvres, sur lesquelles les yeux d'Alec s'attardent une seconde avant de remonter à son regard. Lentement, il déplie l'un de ses bras et tend la main vers le visage de Mafie, le bout de son index venant toucher son menton, son nez, l'espace entre ses deux yeux puis entre ses deux sourcils puis le milieu de son front, avant de retomber sur le matelas. Il ne sait pas trop pourquoi il fait ça, il sait juste qu'il en avait envie, et il ne sait pas trop ce qu'il pense du regard que Mafie pose sur lui, il sait juste que ça le rend tout bizarre à l'intérieur. “ Best sleep I've had in weeks, ” qu'il commente tout bas, non sans sincérité bizarrement. Il a faim, se rend-t-il compte, et encore besoin de dormir, il a les paupières lourdes ; pourtant, il n'a pas envie de bouger, et encore moins de dormir, de manquer un seul instant de ce moment calme et soft et silencieux qu'ils partagent, pour une fois où ils ne sont pas en train de se tanner ou de se déchirer. “ I'm sure your wonderful remedy was useful but I reckon the company is what cut the deal for me. ” Il sourit en coin, avant de se laisser retomber sur le dos, la faisant rebondir sur le matelas et se permettant de regarder le plafond en arrachant enfin son regard de son visage.
Il aimerait bien passer un bras autour de sa taille et enfouir son nez dans ses cheveux et se rendormir, but it's not like that. “ Are you feeling better? ”

“ Are you sure you don't want me to take you out first? ” Elle s’arrête presque de respirer quand elle entend son murmure, se rendant compte qu’il est réveillé, qu’il a tout senti, tout entendu. Elle ne rougit même pas, elle est au delà de ça Mafalda, atteignant de tels niveaux d’embarras que son corps ne sait même plus comment réagir. Lentement, très lentement, pourtant elle tourne de nouveau la tête vers lui pour rencontrer son sourire qu’elle attend moqueur, mais qui ne l’est étonnement pas. Elle jurerait qu’il est presque attendri, même si elle se dit que c’est la lumière et la fatigue qui lui jouent des tours, voilà tout. Ça ne peut être que ça. Parce qu’il devrait se moquer d’elle, parce qu’elle se souvient qu’il lui a dit l'a même chose quelques heures (devine-t-elle) plus tôt quand elle la traîné dans la chambre avec elle. Mais il ne rit décidément pas cette fois. “I…uh- didn’t know you were awake, I was—” Elle ne finit pas sa phrase, un peu parce qu’elle ne sait pas quoi dire, elle se parlait à elle-même, se faisant violence pour arrêter de swoon devant son visage faussement endormi et ça elle ne peut pas l’avouer, mais si elle ne finit pas, c’est surtout qu’elle est déstabilisée par son regard qui semble perdu quelque part, partout sur son visage. L’intensité de ce regard lui fait peur en ce que ça réveille bien trop de choses enfouies en elle, des choses qu'elle aurait voulu pouvoir oublier après ce mois passé sans lui et des choses nouvelles aussi, qu'elle ne se savait pas capable de ressentir. Et puis elle voit le bras d’Alec se déplier, une main se tendre vers elle et son index venir caresser, doucement, erratiquement, quelques points clés de son visage et là encore elle retient un peu sa respiration en le laissant faire, la peau secrètement électrifiée par ce contact pourtant innocent. Elle ne comprend pas le sens du geste et pourtant elle crève d’envie de faire la même chose, d’explorer ses traits du bout de ses doigts, tels qu’ils sont éclairés par la lumière du soleil qui passe finement sous les stores baissés de sa fenêtre. Elle est terriblement déçue quand sa main retombe sur le matelas, parce qu’elle aurait voulu conserver ses doigts sur sa peau un peu plus longtemps, ou plutôt elle aurait voulu que jamais ils ne la quittent. “Best sleep I've had in weeks ” un sourire sincère, étire ses lèvres un peu trop vite, un peu trop grand, elle a envie de répondre qu’elle aussi elle a très, trop, bien dormi et qu’elle a l’impression que leurs doigts entremêlés n’y sont pas pour rien.

“ I'm sure your wonderful remedy was useful but I reckon the company is what cut the deal for me. ” Elle le déteste de dire des choses comme ça, pour rire, alors que ça fait battre son cœur un peu plus vite et qu’elle se trouve l’audace d’être flattée. Elle le déteste encore plus quand il retombe sur son dos, la faisant un peu rebondir au passage, parce qu’elle a une trop bonne vue de son profil et de son sourire en coin et de la fossette creusée sur sa joue. Et elle ne sait pas trop pourquoi, ni comment, mais son index vient se loger dans ce creux qu’elle aime tant et quand elle le touche elle fronce un peu le nez de plaisir et sourit plus grand encore. “ Are you feeling better? ” Il lui ôte les mots de la bouche, parce que c’est lui qui avait le plus besoin de dormir, c’est lui qui était hyperactif, et n’avait pas dormi depuis vingt-quatre heures et avait écrit des centaines de pages manuscrites et continuait d’engloutir du café à neuf heures du matin. Elle, elle n’avait qu’une petite gueule de bois. Elle hoche la tête, même s’il ne peut pas la voir et détache son doigt de sa joue pour venir poser sa main sur celle de ses épaules qui est la plus proche d’elle, s’en servant pour se rapprocher un peu, passant par dessus l’oreiller placé entre eux, sa tête venant finalement doucement remplacer sa main contre l’épaule d’Alec, précautionneusement, comme si elle craignait qu’il se dégage à tout moment. Elle a tout de même pris le soin de laisser une distance artificielle entre leurs corps, histoire de ne pas abuser non plus, leur seul point de contact étant donc sa joue contre la manque de son t-shirt et le rideau de ses cheveux blonds qui s'étalent un peu partout. “ I could use some more sleep, but I’m okay…I mean…it was a great nap.” Et elle pourrait la poursuivre un peu, surtout dans cette position. S’il la repousse tant pis songe-t-elle, de toute façon friends can do that too, ça ne veut pas dire grand chose et puis, elle en particulier n’est plus à ça près. Et surtout, elle ne croit pas avoir beaucoup de chance de le ravoir dans son lit avant longtemps, alors, sans honte aucune, elle en profite. “ How about you though? Feeling better now that you’ve had some sleep? ” Elle se détache déjà de lui se redressant sur son coude pour scruter son visage - désormais un peu trop près du sien, mais elle n’arrive pas à trouver la force de se reculer - quand il lui répond, guettant le moindre mensonge, la moindre hésitation. Elle se concentre sur son regard d'un brun, si profond qu'elle pourrait s'y perdre, dangereux finalement, mais auquel elle doit se raccrocher pour ne pas être tentée de regarder ailleurs. “ I’m impressed ” fait-elle quand même sans lui laisser le temps d’ouvrir la bouche, “ thought you’d be a snorer, which I gotta say is a total deal breaker for me. ” Elle plaisante bien sûr et un petit rire, presque enfantin, passe ses lèvres pour bien le montrer ; la vérité c’est que même les pires ronflements du monde ne sauraient atteindre de quelque façon que ce soit son attachement pour Alec.

Le doigt qu'elle pose sur sa joue lui donne envie de tourner la tête, mais il la tient aussi sèchement en place alors Alec ne bouge pas, jetant simplement un coup d'oeil de traviole pour observer Mafie, en vain; à la place, il garde la tête bien droite, ne lui offrant que son profil et la laissant enfoncer l'index dans sa fossette avec un léger plaisir presqu'évident, parce qu'il ignorait qu'elle était particulièrement tactile, ne l'a jamais vue agir ainsi, et se plait à rêver et à espérer que c'est qu'avec lui, en cet instant précis, qu'elle est comme ça. Il sait que c'est le cas pour lui: il déteste quand on le touche, encore moins quand il s'y attend pas. Mais il a l'impression qu'après avoir dormir près d'elle, après tous ces mois passés dans son entourage et tous ces mois passés loin d'elle, il la connait mieux que personne, ou en tout cas la connait mieux qu'il lui fait quiconque. Il lui fait confiance mais son corps aussi lui fait confiance, ce qui n'est pas habituel pour lui qui évite les contacts comme la peste depuis Apple-
Le doigt quitte sa joue et la main se pose sur son épaule et il tourne le visage pour l'observer, enfin, la détaillant et fouillant toujours avidement son visage comme si elle allait disparaître d'un instant à un autre, l'étudiant alors qu'elle s'approche jusqu'à troquer sa paume contre sa joue à elle sur son épaule. Alec devient très immobile et très raide, pendant un instant, pétrifié à l'idée qu'elle se repose ainsi sur lui... avant de brutalement se détendre, bougeant légèrement le bras pour qu'elle soit, il l'espère, plus à l'aise, le dos de sa main effleurant presque la hanche de Mafie sans réellement la toucher. Tous ces endroits où ils ne se touchent pas mais presque le rendent complètement dingue. Il a toujours envie de la prendre dans ses bras, repense encore à sa demande endormie de s'approcher...

“ I could use some more sleep, but I’m okay…I mean…it was a great nap. ” Il sourit en coin, tournant de nouveau la tête pour être à l'aise, maintenant qu'il n'a plus que le haut de son crâne et ses cheveux blonds à observer. “ You're welcome, ” qu'il répond lentement, aware de chaque respiration qui traverse ses poumons, aware aussi de chaque mouvement qui agite, posément ou non, le corps de Mafalda qui est à la fois trop proche du sien, et trop loin en même temps. “ How about you though? Feeling better now that you’ve had some sleep? ” Il se tait quand elle bouge de nouveau, se redresse avec l'air d'avoir de quoi continuer sa phrase sur le visage; il l'observe, déplore le fait qu'ils ne se touchent plus vraiment mais conscient qu'ils sont plus proches encore qu'avant, si c'est possible, surtout qu'elle le regarde dans les yeux avec une intensité qu'il ne peut que lui rendre. “ I’m impressed, ” Alec arque les sourcils sans comprendre, “ thought you’d be a snorer, which I gotta say is a total deal breaker for me. ” Il sourit en coin, comme il en a l'habitude quand ils interagissent. “ Glad you're not throwing me out, ” qu'il exagère en levant les yeux au ciel, comme si il n'achetait pas la moindre de ses paroles. “ I slept just fine. But did you know you were a snorer? Albeit a light one, ” qu'il lance ensuite, le sourire revenant sur ses lèvres rapidement, comme si il ne les avait jamais réellement quittées.
Puis il devient sérieux, un moment, bougeant légèrement et lentement (pour ne pas qu'elle se retire et s'écarte) pour se redresser légèrement sur l'oreiller, sans pour autant qu'elle ne s'éloigne, il ne le supporterait pas. “ I'm claiming my small favour now. Right now, ” dit-il simplement, l'air sérieux mais avec une étincelle d'amusement dans les yeux (et une certaine appréhension, dans ses lèvres pincées et ses sourcils curieusement froncés). “ Close your eyes. ”

Quand elle ferme les yeux, elle n'a plus l'expression paisible et ouverte qu'elle avait en dormant, au contraire, il se demande à quoi elle pense et à quoi elle s'attend et lui-même ne sait pas trop ce qu'il va faire ou à quoi il s'attend. Il lève sa main une nouvelle fois, la même qui a touché son visage, et apporte une nouvelle fois son index au bout de son nez, puis à ses lèvres, avant que son visage prenne lentement sa joue en coupe, sa mâchoire, le pouce retraçant la ligne inférieure de sa bouche, légèrement, leurs peaux s'effleurant à peine, le doigt d'Alec tirant à peine sur sa peau. Il reste pensif un moment, sa main tenant toujours le visage de Mafie. Il sait qu'il est manique et qu'il dit des choses qu'il ne pense pas en ces moments-là, tout comme il sait qu'il dit surtout des choses qu'il regrettera plus tard, non pas qu'elles ne soient pas vraies, mais juste que ce sont des choses qui font peur, que la plupart des gens mordent sur leurs langues pour les empêcher de sortir. Mais des fois Alec aime bien laisser son côté manique parler pour lui; il a l'impression que souvent, il n'y a pas assez de franchise, nue et vulnérable, dans le monde. “ You know Mafie, ” qu'il murmure, en laissant retomber sa main. “ If you weren't a light snorer, I could fall madly in love with you. ”

Et elle rouvre les yeux, le charme brisé.

Et Alec sourit, légèrement, d'un air presque absent, comme si les mots qui venaient de sortir d'entre ses lèvres n'étaient pas les siens. Il ferme les yeux, vu qu'elle a ouvert les siens, et relâche son cou, son crâne repartant en arrière dans l'oreiller, incapable de soutenir le regard de Mafie. “ Just a thought. ”

Il ne l'a pas repoussée, même pas un peu, même pas subtilement en toussotant ou en se décalant un peu pour lui faire comprendre qu'elle n'est pas la bienvenue. Non il lui a presque fait un peu plus de place et elle est si naïvement heureuse, si contentée par cette victoire pourtant si simple. “  You're welcome, ” elle ne pense même pas à rouler des yeux ou à rétorquer un truc débile, à lui dire de ne pas prendre trop la confiance, que c'est pas vraiment grâce à lui, elle pense à rien, juste au fait qu'elle est bien là, juste au fait que même si son geste est spontané et qu'il fait du sens et qu'elle a besoin de voir son visage, elle n'a pas vraiment envie de se détacher de lui. Son sourire en coin la fait fondre, surtout quand observé d'aussi près, surtout quand elle fait tout ce qu'elle peut justement pour ne pas avoir à abaisser son regard vers ses lèvres.  “ Glad you're not throwing me out, ” il roule des yeux et elle ne peut s'empêcher de rigoler doucement, loin de l'agacement qu'elle est censée lui montrer à toute heure de la journée. “ I slept just fine. But did you know you were a snorer? Albeit a light one ” elle se renfrogne un peu, parce que non elle ne savait pas et qu'en plus elle a un peu honte ; personne n'a envie de se voir dire ça par la personne qu'ils a- aimeraient conquérir. Il le dit pas méchamment pourtant, mais avec un petit sourire, qui disparaît aussi vite qu'il apparaît sur ces lèvres sur lesquelles elle n'a pas le droit de s'attarder. Il se redresse un peu, un instant elle croit même qu'il va se lever, maintenant que la sieste est finie, maintenant qu'ils se sont dit ce qu'ils avaient à se dire. Sauf que non, il reste toujours aussi proche.  “ I'm claiming my small favour now. Right now. ” Entrouvertes, les lèvres de Mafalda forment un petit 'o' surpris. Elle l'avait presque oubliée cette faveur, grâce à laquelle elle a réussi à le faire venir entre ses draps. Elle ne pensait pas qu'elle serait réclamée si vite. Et elle ne sait pas si elle est rendue curieuse ou inquiète par l'étincelle d'amusement qui brille dans les yeux d'Alec. “ Close your eyes. ” Inquiète donc, définitivement inquiète. Elle hésite un instant, mais elle n'a pas envie d'argumenter, elle n'a pas envie de briser le moment, elle n'a pas envie de risquer de balbutier les raisons (qu'elle n'a pas) de son refus. Alors elle s'exécute, la boule au ventre, un peu craintive, un peu haineuse contre elle-même et sa traitresse d'imagination qui se fait déjà des idées pourtant impossibles. Elle a peur de ce qu'il va faire, mais elle a surtout peur de ce qu'il ne fera pas, elle a peur de l'espoir qui grandit en elle et qui risque très fortement de se voir réduit en miette. Elle sent de nouveau le bout de son doigt sur sa peau, elle sent sa propre respiration entrecoupée, elle sent sa chair de poule, elle sent le battement accéléré de son cœur quand il frôle ses lèvres et l'air qui lui manque carrément quand sa paume cueille sa joue. Elle n'ose pas bouger et pourtant, il y a ses mains qui tremblent presque tant elles aimeraient se saisir de son visage à lui, tant elle aimerait que le pouce qui caresse doucement, si doucement, sa peau soit remplacé par ses lèvres, ne serait-ce qu'un instant.

“ You know Mafie, ” elle ne respire plus du tout, mais trouve moyen de souffler de façon audible quand ses doigts disparaissent de son visage en feu. “ If you weren't a light snorer, I could fall madly in love with you. ” Elle est obligée de rouvrir les yeux, indifférente à l'idée que, peut-être, la faveur n'est pas terminée. Elle est obligée de chercher son regard, de creuser pour trouver la moquerie qui y est nécessairement, elle est obligée de laisser le choc transparaître de ses traits de menteuse aguerrie et ce d'autant plus qu'elle ne trouve rien de rieur chez Alec. Rien qu'un sourire un peu absent quand son regard céruléen s'attarde une seconde de trop sur ses lèvres, pour remonter vers ses paupières désormais closes. “ Just a thought. ” Elle l'observe quelques instants, incapable de savoir s'il lui faut rire ou pleurer, incapable de comprendre les mots pourtant simples qu'il a utilisé, incapable de savoir s'il ne s'agit que d'une boutade, ou si… si… Elle s'approche un peu plus ses doigts s'enroulant timidement autour de son biceps, leurs corps entier se frôlant désormais. Elle voudrait qu'il rouvre les yeux, qu'il lui fasse un signe quelconque, qu'il l'aide à comprendre si son cœur a raison de marteler si fort dans sa poitrine. Elle dépose son menton sur ses doigts, tirant sur son cou pour pouvoir continuer à l'étudier du regard. “How…how about just a little then?” Murmure-t-elle d'une voix qui se veut innocente, mais qui est remplie d'attentes et d'espoir. Elle ne lui demande pas d'être madly in love, hell, elle n'aurait jamais osé prétendre être aimée par lui. Juste un petit crush aurait suffit à la faire se sentir moins minable. Juste un crush aurait suffit à la rendre heureuse, même si le sien de crush est déjà si fort, mijote depuis si longtemps, qu'elle se dit qu'elle ne doit plus être très loin du madly in love. Mais elle saurait se contenter de moins, elle saurait se contenter d'un peu d'amour, juste un peu. “How about a bit of love for the light snorer? ” Elle déglutit difficilement, parce qu'elle sait qu'elle est en train de passer le point de non retour, elle sait qu'elle va déjà trop loin. Elle n'ose même pas le regarder, elle n'ose même pas voir si ses yeux se sont ré-ouverts, voir si ses prunelles débordent de choc et de dégoût. “Would that be possible?” finit-elle en fermant les yeux, le cœur au bord des lèvres, avec l'impression d'avoir, en ne faisant que soulever cette hypothèse, détruit l'amitié déjà si délicate qui existait entre eux.

Elle est toute immobile et Alec sait qu'elle est en train de process ce qu'il vient de lui dire... tout comme il est en train de le faire, se maudissant et réjouissant en même temps parce qu'au moins, it's out there, même si ça veut dire tirer un trait clair et net sur la seule relation qui compte véritablement à ses yeux, la seule personne qu'il supporterait à n'importe quelle heure de la journée. Il peut pas vraiment imaginer sa vie sans Mafie, Alec, et c'est nul, parce qu'on devrait pas ressentir des choses comme ça pour des gens qui se tiennent immobiles pendant si longtemps après qu'on leur ait dit une vérité vraiment trop lourde pour être portée plus longtemps. Mais il comprend, ceci dit. Il est paradoxal et énergique et dépressif et brisé et nerveux et parfois un peu paranoïaque et des fois il dit des choses juste pour faire mal aux gens, sans vraiment les penser; il comprend pourquoi Mafie est immobile comme ça, il doit s'accrocher à ses pensées la dernière fois qu'ils se sont vus; il est toxique et malsain et il ne sait pas aimer correctement et elle mérite mieux, il n'est qu'un poids, il n'est pas normal, il ne sert à rien-
Tous ces doutes s'effacent quand elle bouge, mais pas pour s'enfuir; pour se rapprocher, même, et Alec sent que leurs corps se pressent, très légèrement, ils sont plus proches qu'ils ne l'ont jamais été. “ How…how about just a little then? ” Il peut pas réprimer un sourire, Alec, adressé au vide, gardant les yeux fermés mais tournant légèrement la tête, baissant légèrement le menton comme pour l'observer même s'il reste aveugle, de peur de voir une moquerie terrible s'agiter dans ses yeux. Elle est si proche: il sent les mots soufflés sur la peau sensible de son cou, est conscient de son visage si proche du sien, il lui suffirait juste de se redresser un peu et de baisser un peu plus le visage et-

Il réfléchit trop. “ How about a bit of love for the light snorer? ” Il redevient sérieux, Alec, malgré lui. C'est un peu un moment sérieux, et il n'a vraiment pas envie qu'elle prenne son sourire stupide sur ses lèvres pour un sourire moqueur, il a pas envie qu'elle se vexe et s'en aille et s'écarte, il a envie qu'elle se rapproche, il a envie de l'embrasser, il a envie qu'elle l'embrasse en retour — et ce qu'elle dit lui donne bon espoir, mais ça fait longtemps qu'il a cessé de trop espérer pour que les choses se déroulent comme il le désire. “ Would that be possible? ” Il se redresse un peu sur le coudes, pour que leurs têtes soient level. Elle a baissé les yeux et il a ouvert les siens, ils sont toujours sur la même longueur d'ondes d'habitude mais apparemment c'est pas le cas quand ils sont à moitié en train de dormir. “ Would that be enough? ” qu'il demande en retour, dans un souffle. Il sait pas faire little, Alec ou en tout cas, ça fait longtemps qu'il a dépassé ce stade en parlant de Mafie, ça fait longtemps que c'est plus little, un petit crush en passant qui voulait rien dire, né avec le saint besoin de la faire chier à tout moment, pour avoir son attention et ses sourires et ses regards excédés. Ça fait longtemps que leur relation n'est plus un little bit of something, que c'est assourdissant et aveuglant et un peu trop intense et la dernière fois qu'ils se sont vus, ils se sont disputés comme si c'était la fin de leur vie alors que Alec était un peu jaloux de celui qu'elle a appelé Theodore, mais juste un peu.

Donc ça fait longtemps que c'est plus comme ça, et peut-être qu'il est temps que ça change, justement; c'est à ça qu'il pense quand il se penche en avant pour l'embrasser, vraiment l'embrasser, go go go Alec avant qu'elle change d'avis et réalise que t'es un gros loser... seulement son cerveau tournant à toute vitesse capte quelque chose qui bouge du coin du regard, et il tourne la tête alors que leurs nez s'effleurent et leurs souffles se mélangent. “ Mafie... ” Il faut qu'il arrête de l'appeler Mafie, ça fait déjà deux fois et c'est deux fois de trop; ceci dit, c'est un moment qui appartient à Mafie et à Alec, pas à MILF et Scarface. Le ton quasi-hilare de sa voix a le mérite de lui faire ouvrir les yeux, et elle peut voir comme lui... “ Is he whooping for you or for me? ” demande-t-l d'une voix qui a du mal à rester sérieuse, en observant Leo des WD qui les regard avec émerveillement, s'égosillant silencieusement de leurs émois (tandis qu'Haroon sur le poster d'à côté leur jette un regard blasé genre dark and broody). Il regarde Leo un instant de plus, un instant de trop, avant de reporter ses yeux sur Mafie, qui est toujours aussi proche mais qui ne lui a jamais paru aussi loin. Il devrait peut-être s'excuser d'avoir brisé leur moment mais peut-être qu'il était trop sérieux et intense, pas assez eux finalement; à la place de s'excuser, ceci dit, sa main droite retrouve la mâchoire de Mafie, et il l'attire à elle pour l'embrasser, comme il avait envie de le faire depuis une éternité semble-t-il.

Elle s’attend à tout Mafalda. Elle peut l’imaginer grimacer de dégoût, elle peut l’imaginer horrifié, elle peut l’imaginer moqueur, elle peut l’imaginer désolé pour elle, empli de pitié, même pour la gamine qu’elle est, elle peut l’imaginer la repousser plus ou moins gentiment, ou partir, claquer la porte derrière lui et ne plus jamais revenir. Elle s’attend à tout, elle ne s’attend à rien. Elle a tellement peur dans les quelques secondes qu’il lui faut pour réagir qu’elle a l’impression que ça lui prend une éternité de se redresser, les yeux baissés de Mafie pouvant à travers ses cils voir le menton d’Alec, au même niveau que le sien. “ Would that be enough? ” son souffle lui ôte le sien. Elle n’est même pas certaine de comprendre la question. Est-ce que ça veut dire que oui ? Qu’il peut lui montrer un tout petit peu d’amour ? Parce que si oui, la question ne se pose même pas. Elle prendrait tout, n’importe quoi, Mafalda, elle se contenterait du strict minimum venant de lui, elle prend ce qu’il a à lui offrir, peu importe qu’elle donne beaucoup plus en retour. Peu importe si elle doit finir blessée. Mais elle ne peut pas dire ça sans avoir l'air désespérée. Ce qu'elle est. Elle ferme les yeux alors que le visage d’Alec se rapproche du sien, si près qu’elle peut sentir son souffle sur ses lèvres entrouvertes, elle n’arrive pas à croire qu’il va l’embrasser et c’est sûrement une bonne chose qu’elle n’y croie pas, parce qu’il tourne la tête au moment même où son cœur est prêt à exploser. Au moins, les paupières closes, son regard déçu ne la trahit pas. “ Mafie... ” commence-t-il un rire dans la voix. Elle pourrait le tuer, de jouer avec elle comme ça. Peut-être qu’il se rend pas compte d’à quel point ça compte pour elle. Elle rouvre les yeux, essayant de rester neutre essayant de ne pas montrer qu’elle le hait, de ne pas montrer qu’elle l’aime, de ne pas montrer que pour elle le temps s’est arrêté et qu’il n’existe plus rien que son visage près du sien et qu’il est en train de tout gâcher. “ Is he whooping for you or for me? ” hésitant entre le uh? et un on s'en fout non ? elle suit son regard vers un poster des Wand Direction accroché au dessus de son lit, sur lequel Leo a l’air très heureux de leur rapprochement. Elle a jamais vu les choses comme ça mais en réalité c’est assez bizarre d’avoir des posters magiques dans sa chambre qui réagissent à ce qu’il se passe dans son lit. Elle les détachera du mur dès que…dès que toute cette histoire sera terminée. Elle ne sait pas trop comment finalement maintenant que le moment est brisé, elle ne sait pas si le happy ending qu’elle a entraperçu n’était que le fruit d’une impulsion désormais perdue ou si cette interruption ne représente rien d’autre qu’un petit retard de ce qui demeure inévitable. Mais alors que ses yeux un peu rageurs scrutent encore le visage ravi de Leo, la main d’Alec retrouve sa joue et aussi simplement que ça l’attire à lui.

Cette fois-ci, malgré la surprise, malgré les doutes qui peuplent encore son esprit - elle croit encore à une blague, à un quiproquo quelconque - elle ne laisse pas le moment filer et se penche elle aussi en avant. Il n’y en a pas un qui saisisse les lèvres de l’autre en premier, c’est de concert qu’ils agissent. Et peut-être que c’est l’anticipation, peut-être que c’est le fait de sortir du sommeil, ou le goût de sa tisane encore sur ses lèvres, mais si innocent que ce baiser puisse être comparé à ceux qu’elle a pu échanger avec Neville, pour ne citer que lui, il lui fait ressentir un tas de choses qu'elle n'a jamais ressenti avant, d'un feu d'artifice dans sa poitrine, à une brûlure intense, mais agréable tout le long de ses veines, au frisson qui parcoure sa colonne vertébrale et elle ne peut pas s'empêcher de sourire contre les lippes d'Alec. Ou peut-être qu'elle ne doit l'ampleur de l'effet qu'au fait que ce soit lui, après tant de temps passé à lui courir après sans vouloir l'avouer. Et elle pourrait presque rire tant la chose lui aurait parue absolument improbable pas plus tard que la veille et lui semble pourtant toute naturelle et parfaite maintenant qu'elle se réalise. Mais tout ce qu'elle fait c'est prolonger le baiser en glissant une main dans la nuque d'Alec, comme pour l'inciter à se rapprocher, pour lui faire comprendre qu'elle n'a pas fini, qu'elle a besoin de plus pour combler sa famine qui s'est étalée sur des années, mais surtout parce qu'elle a besoin de le toucher maintenant qu'il l'a laisse. Pourtant c'est elle qui s'écarte la première, pour jeter un regard amusé à Leo. “ 'Knew he was a good guy this one, look at him cheering us along.” Hwan est réapparu dans le poster (il était allé faire un tour dans celui d’à côté, visiblement pour discuter avec Kit) et s’est joint aux applaudissements et sifflements silencieux de Leo. Le visage rose de plaisir, elle plonge enfin son regard dans celui d'Alec, un sourire débile fendant librement ses lèvres. Elle s'en fiche qu'il se moque de sa joie apparente, il l'a embrassée c'est tout ce qui compte (il l'a emBRASSÉE et elle n'arrive pas à y croire). Et il y a véritablement de quoi se féliciter d'avoir enfin réussi, pour sa part en tous cas. Il était temps. Elle ne comprend pas d'où ça sort pour Alec, et elle n'a même pas envie de savoir, elle n'a pas envie de risquer de réaliser que c'est juste un de ces trucs que font parfois les amis, un simple hook up et puis tout redevient comme avant. C'est peu probable, mais rien de ce qui lui arrive n'était exactement prévisible (MILF et Scarface, seriously?) De toute façon elle s'en fiche, elle ne veut pas savoir, elle ne veut pas secouer le nuage sur lequel elle flotte actuellement et risquer de tomber. HE LIKES HER BACK!! et ça lui est jamais arrivé avant et c'est nouveau et c'est magique et si elle rêve, elle préfère étouffer dedans que de revenir à la réalité. C'est pour ça que, laissant son dos retomber sur le matelas, elle joint sa main droite à sa main gauche qui appuie déjà sur la nuque d'Alec, pour le faire venir à elle, pour capter de nouveau ses lèvres avec avidité, jusqu'à être à bout de souffle, mais radieuse, ne se détachant de lui que juste assez pour parler, le bout de son nez frôlant le sien. “ I'm hungry. Breakfast? ”

Quand elle avait encore les cheveux roux, Mafie faisait à Alec l'effet d'être un feu de forêt, quelque chose de dangereux mais de beau, de magnétique, une catastrophe de laquelle on peut pas tout à fait détacher son regard. Quelque chose à admirer de loin, jamais de trop près, au risque de se faire brûler. Mais bien entendu, Alec était un curieux de nature — un trait de caractère qu'ils partageaient — qui avait eu la mauvaise idée de se rapprocher, et de continuer d'avancer même en sentant la chaleur augmenter, même en ayant l'impression de se consumer à chaque nouveau pas fait en avant.
Maintenant il était au coeur du feu et il brûlait et elle l'embrassait en retour et il n'aurait repris ses distances pour rien au monde. Il avait l'impression que ce baiser avait eu beaucoup de temps pour se créer et se former, même si clairement Alec n'aurait jamais pensé que ça se déroulerait... comme ça. À vrai dire, il n'aurait jamais pensé que ça se déroulerait tout court, certes... mais encore moins comme ça, ce qui ne voulait rien dire parce que comme ça, c'était d'une manière si naturelle qu'elle semblait familière. Pourquoi avait-il eu si peur de jamais laisser ses sentiments pour elle se faire voir? Pourquoi avait-il risqué de la perdre pour de bon? Pourquoi n'était-il pas plus tôt revenu vers elle? Pourquoi?
Et puis il s'en foutait, au fond, parce que ne comptaient que les lèvres de Mafie sur les siennes et le sourire qu'il ne pouvait pas s'empêcher de laisser étirer sa bouche, alors qu'ils s'embrassaient, s'embrassaient vraiment, pour la première fois.

Il se faisait vraiment l'effet d'être un adolescent soumis aux émois de son premier crush. Mais Mafie n'était pas qu'un crush, ce qui était la norme pour Alec. Elle était... autre chose. Un feu logé dans sa poitrine qui ne voulait plus s'éteindre maintenant qu'elle venait d'attiser les flammes. “ 'Knew he was a good guy this one, look at him cheering us along. ” Alec jette un regard ennuyé en direction des posters où effectivement, la quasi-totalité des WD les observe, avec des expressions allant de l'admiration à l'ennui en passant par de sincères encouragements et des thumbs up excités. Weird. Quand il repose les yeux sur elle, il ne peut pas réprimer l'immense sourire qui s'érige sur ses lèvres en voyant celui de Mafie. Ouf. Il ne sait pas exactement pourquoi il est soulagé, mais il l'est. “ We can't let him down, can we ” dit-il pourtant d'un air plutôt sérieux, et puis elle l'attire à lui et il sourit en l'embrassant de nouveau, un bras s'enroulant autour de sa taille sans plus trop connaître la timidité self-conscious qu'il avait pu connaître en s'endormant près d'elle plus tôt.

Il est incapable de former une pensée cohérente, et il accueille à bras ouverts le feu brûlant que diffuse les lèvres de Mafie sur les siennes, remplaçant le triste océan qu'Appleton a versé dans ses pensées, la peur phobique de l'eau s'inclinant face à le désir all-encompassing de la chaleur que le corps de Mafie contre le sien lui apporte. “ I'm hungry. Breakfast? ” À peine un murmure contre ses lèvres et pourtant, Alec sent un frisson descendre le long de sa nuque et de son dos alors qu'une moue s'installe sur ses lèvres, qu'il appuie une dernière fois sur celles de Mafie avant de se détacher lentement, à regret. “ You're... hungry? ” demande-t-il doucement, avec un air presque moqueur sur le visage, un regard provocateur aussi. Il est affamé, à vrai dire... mais tout de même. “ You still need to go through my essays, ” prévient-il, en se redressant... avant de vite se pencher de nouveau pour l'embrasser légèrement (quelque chose qui s'avère rapidement addictif, mais il a juste peur que ça n'arrive plus, au cas où ce soit un one time fling sans conséquence, ce qu'il n'a pas envie que ça soit, whatever that is), se redressant presque aussi vite et sortant du lit et de la chambre du même mouvement, de peur que jeter un regard en arrière détruise sa maigre résolution.

Dude s'est endormi après avoir gratté la porte et se redresse immédiatement quand son maître retourne dans le salon, lui sautant dessus avec un air de reproche. “ Come on man, ” marmonne Alec en se penchant pour le caresser, sans cesser sa progression vers la cuisine (ce qui lui donne une démarche étrange, entre l'accroupissement et la marche normale). “ Thanks for being quiet. Good boy. You thirsty? ” Il parle à son chien pour pas trop s'attarder sur la sensation des lèvres de Mafie et de son corps et ses bras autour de sa nuque et-

Il a le coeur qui bat vraiment vite, il a peur que ce soit grave mais c'est pas grave, hein? Il est en train de chercher dans les placards de Mafie et dans son frigo pour quelque chose d'edible, mais il n'y a pas grand-chose à part du lait qui va tourner aujourd'hui, et du chocolat en poudre, une bouteille et une boîte qu'il tient dans ses mains et lui montre avec deux sourcils arqués quand elle le rejoint dans la cuisine (elle a les lèvres un peu roses, une vision qui lui fait un peu plaisir). “ Great diet, ” commente-t-il simplement, le MILF au bord des lèvres lui échappant de très peu. Il a sorti une casserole et deux tasses, et verse le lait dans la première en la mettant au feu, regardant la boîte de chocolat en poudre d'un air très sérieux pour pas se tromper sur les doses (son père a toujours fait les chocolats chauds avec la rigueur d'un scientifique, une habitude qu'Alec a gardé même si il a toujours haï les chocolats pas assez sucrés de son père), sentant Mafie dans la périphérie de sa vision se hisser sur un plan de travail, les essays dans une main. Elle a produit un paquet de gâteaux d'un lieu mystérieux et il s'empare d'un deux quand elle lui tend le paquet. Il a envie de l'embrasser de nouveau. Dude essaie de lui prendre le paquet de chocolat en poudre des mains, il a la même couleur que la balle qu'Alec utilise quand ils vont au parc. Il a envie de l'embrasser de nouveau. Il se demande ce qu'elle pense du baiser- des baisers, des minutes enfiévrées de baiser même. Il a envie de l'embrasser de nouveau. À la place, il lui montre la boîte (alors que Dude fait un bond plutôt impressionnant en l'air, qu'Alec évite avec la rapidité que confère l'expérience, sans un regard pour le chien) avec les sourcils légèrement froncés. “ Do you like it really sweet? ” qu'il demande, et puis malgré lui un petit sourire amusé, quasi-graveleux, étire ses lèvres.

Mafalda se dit qu’elle comprend maintenant, elle comprend comment les gens (Wand Direction) peuvent écrire des chansons d’amour heureuses, elle comprend les métaphores débiles et elle comprend les romans à l’eau de rose qui se sont empilés sur sa table de chevet ces dernières semaines quand elle pensait naïvement que ça la ferait se sentir mieux (un peu comme quand elle s'est fait une playlist de chansons tristes de Céline Dion qu'elle a écouté dans son lit pendant une soirée entière et que ça a juste servi à la faire pleurer à chaudes larmes). Mafalda se dit qu'elle comprend aussi les autres, ceux sur qui elle a voulu copier en allant traîner en boîte, à la recherche de quelqu'un à ramener chez elle, à la recherche de quelqu'un pour la ravir et faire d'elle une vraie grande. Parce que quand Alec a passé un bras autour de sa taille et que son corps était tout contre le sien, elle a compris que l'appréhension et l'anxiété et le stress (et un peu de dégoût) c'est pas tout ce qu'on peut ressentir. Et peut-être que finalement c'est pas aussi overrated que ce qu'elle a pu dire à Theodore. Peut-être que c'est juste que c'est mieux quand c'est pas par défaut (et parce que tout le monde dit qu'il faut), peut-être que ça sera mieux avec Alec. Et c'est sûrement parce qu'inconsciemment elle arrive déjà à songer au futur, qu'elle arrive à se détacher et à proposer de sortir du lit. Parce qu'elle se dit qu'ils ont le temps, pas besoin de se dépêcher pas besoin de se rassasier sur le champ, même si c'est très tentant, même si quand il repose ses lèvres sur les siennes avant de s'écarter lentement elle a déjà envie de se rétracter. “ You're…hungy? ” Et pleins d'autres choses, y a tellement d'émotions en elle, ça va dans tous les sens dans ses synapses, elle a du mal à réfléchir correctement, mais elle arrive à hocher la tête en guise de réponse.

“ You still need to go through my essays ” elle les a oublié ceux-là. Comme elle a oublié le monde, mais de nouveau elle hoche la tête. De toute façon elle allait les lire ses essais. Qu'il soit reparti tout de suite après les avoir délivrés, qu'elle lui ait pardonné ou non, elle les aurait lu parce qu'elle n'aurait pas su s'en empêcher, parce que tout ce qui peut l'aider à comprendre Alec est toujours bon à prendre. Il se redresse, mais semble changer un peu d'avis en revenant l'embrasser (ce qui a le don de faire rire Mafie) comme s'il craignait que ce soit la dernière occasion de le faire, avant de se lever pour de bon et de quitter la pièce d'un seul et même mouvement. Elle met un peu plus de temps à s'extirper du lit (c'est surtout le besoin d'être près de lui qui l'y pousse) et arrive dans la salon juste alors que lui-même se dirige vers la cuisine à moitié plié en deux pour câliner Dude sur le chemin. Il a l'air un peu silly comme ça Alec, mais ça lui arrache un sourire plus attendri que moqueur. Quand elle arrive dans la cuisine un peu après lui - pas parce qu'elle a traîné des pieds, mais bien parce qu'elle n'a pu retenir quelques pas de danses ravis pendant qu'il avait le dos tourné - il a déjà une bouteille de lait à la main ainsi qu'une boite de chocolat en poudre. “ Great diet” Elle a oublié que ses placards étaient vides. D’habitude ils sont pleins à craquer, elle n’est pas une très bonne cuisinière, mais elle a appris à se débrouiller auprès des insurgés et au pire c’est une adepte des plats préparés. Mais ils sont vides, déjà parce que le jour de courses c’est le lendemain, également parce que ça fait des semaines qu’elle ne les remplit plus trop (sauf pour des trucs très peu nourrissants). Ça fait des jours qu’elle n’a pas mangé chez elle, préférant manger dehors, avec des amis, être dehors tout le temps, avec des gens tout le temps, s’occuper, tout le temps. Sauf que ça c’était avant, avant qu’il revienne dans sa vie avec sa collection d’essais et son chien et son sourire et ses lèvres contre les siennes et son bras autour de sa taille (elle en frisonne encore et elle n’arrive toujours pas à y croire). Elle peut rester chez elle toute la journée, s’il est là. Et elle va mieux remplir son frigo si ça peut le faire venir plus souvent. C’est sa mère (ses mères) qui sera contente de savoir qu’elle ne fait pas que de se gaver de burgers.

Elle se hisse sur le plan de travail en récupérant sur ses genoux la pile impressionnante d'essais qu'elle y a déposé quelques heures plus tôt. Elle a quand même des gâteaux qu’elle range dans les boîtes à épices qu’on - Ines - lui a offert quand elle a emménagé et qu’elle n’utilisera jamais à bon escient parce que son palais supporte mal tout ce qui est pimenté et que sa cuisine n'est de toute façon pas assez fine pour qu'elle pense à aromatiser. Elle a des gâteaux, parce qu’on est jamais à l’abri d’une petite faim dans la nuit et que les restaurants du coin ne sont pas ouverts toute la nuit, elle sort un petit paquet de la boîte qui devrait abriter le curry et le tend d'abord à Alec avant d'en fourrer un dans sa bouche. Elle aime bien le domestic Alec qu’elle découvre, celui qui a fait la chasse dans ses placards et fait chauffer du lait sur ses fourneaux. L’image lui plaît beaucoup, même si elle baisse tout de suite le regard quand il tourne la tête vers elle, pour pas qu’il la surprenne en train de le dévorer des yeux. Faudrait pas qu'il sache d'entrée de jeu qu'elle est raide dingue de lui non plus. “ Do you like it really sweet? ” Elle fait mine de lever les yeux des essais, qu’elle n’est pas en train de lire, et jette un vague regard à ce que lui montre Alec, il (et en particulier le sourire qui s’étale sur ses lèvres) l’intéresse plus que le chocolat en poudre. “ The sweeter the better.” qu’elle répond avec un petit sourire, ses jambes battant l’air, ses pieds ne touchant pas le sol. En réalité, elle veut pas de chocolat, elle veut juste qu’il revienne vers elle et la prenne dans ses bras et que leurs lèvres dansent encore un peu. Et puis elle voudrait poser les siennes ailleurs, à commencer par sa paire de fossettes, à laquelle elle pourrait écrire un poème en alexandrins depuis le temps qu’elle pine dessus. En même temps, elle veut pas qu'il s'arrête, elle voudrait presque le prendre en photo en train de leur préparer un chocolat chaud et elle peut déjà se voir en train de la poster sur MSN avec une légende débile, pour afficher son bonheur à tous ses stalkeurs. “ You know we can always order food.” propose-t-elle quand même quand il a fini son dosage minutieux - et ça la surprend un peu ce soin venant de lui pour un truc aussi bête qu'un chocolat chaud. Elle désigne des orteils la mosaïque de brochures de restaurants qui livrent à domicile qui orne son frigo. Les gâteaux c'est bien gentil, mais elle doute que ça leur suffise et elle n'a aucunement envie de quitter cet appartement et la petite bulle dans laquelle ils se trouvent. “ I'm sure we can find a nice way to keep busy while waiting for it to come.” fait-elle avec un sourire lascif appuyé (on ne se refait pas) par le rose de ses pommettes.

“ The sweeter the better. ” Alec est bien d'accord avec ça; il serait même capable, là tout de suite, d'écrire des vers et des poèmes sur comment il aime les choses sucrées, mais surtout les lèvres de Mafie qui, coupables, sont toujours roses, un peu roses, parce qu'ils s'embrassaient encore y'a une poignée de minutes et Alec peut pas s'empêcher de regarder sa bouche et stop stop stop he's getting bad again, il faut qu'il se calme, son coeur bat trop vite, pourquoi il n'arrive pas à se calmer ou à se concentrer? Il se force à compter les cuillerées de chocolat en poudre, très précisément, en les versant dans le lait toujours dans la casserole; il a l'air particulièrement intelligent et concentré en cet instant précis, chaque grain compte et surtout, il doit calmer son coeur qui bat trop fort et ses pensées qui vont trop vite si il ne veut pas lui faire peur et vraiment, il ne veut pas lui faire peur donc il doit se calmer, il doit se calmer, IL DOIT SE CALM- “ You know we can always order food. ” Il a un petit sourire distrait sur les lèvres. Il vit avec de la nourriture à emporter depuis quasiment des semaines maintenant, c'est généralement ce qui lui arrive quand il rentre dans une période dépressive, il sort quasiment pas de sa chambre, talks back à Kala, est agacé d'un rien et quand il décide de manger — ce qui est rare —, c'est rarement fait par ses soins. Il n'a aucune envie de take-out, mais si Mafie veut du take-out, ils vont prendre du take-out. Il n'y a pas grand chose d'autre à manger de toutes façons, et ses mains tremblent un peu, alors qu'il les garde occupées en changeant la température du feu sous la casserole, en tournant les tasses pour que les anses pointent dans d'autres directions, en faisant même mine de finir la vaisselle au fond de l'évier, ses doigts s'accrochant à l'éponge avant de la relâcher sous le regard de Mafie.

“ I'm sure we can find a nice way to keep busy while waiting for it to come. ” Elle a le don de le rassurer, Mafie. Elle le calme quand il va trop vite, elle lui donne envie de se bouger quand il est trop lent. Il lui fait confiance; plus exactement, il compte sur elle, il sait que c'est fondamentalement quelqu'un de bien, quelqu'un qui vous sortira de prison avec plein de grandes idées dans la tête, quelqu'un qui vous soignera parce que vous êtes sur le point de mourir même si tous les indices laissent à penser que vous êtes un traître. C'est quelqu'un de bien et elle porte ce regard sur lui comme si il méritait ça, comme si il avait droit à ça. Alec se sent sourire malgré lui, alors qu'il devrait courir dans l'autre sens, quitte à la blesser. Elle mérite un freaking Longbottom, un héros de guerre avec pedigree, good looks and good humour, elle mérite quelqu'un de normal, pas quelqu'un qui est soit brûlant, soit en train de se noyer. Elle mérite mieux mais pourtant il s'approche, attiré par les flammes, incapable de détourner le regard. “ Like... by drinking hot chocolate? ” demande-t-il avec un sourire en coin, écartant sciemment Dude de la jambe qui semble comprendre le message, laissant son Maître avancer jusqu'à ce qu'il fasse face à Mafie, les sourcils froncés dans un air de réflexion intense. Il se penche en avant et pose les mains sur le comptoir de part et d'autre des jambes de Mafie, le bout des doigts de sa main droite effleurant ses cuisses nues un peu par maladresse.

“ Or maybe... I could read them to you? ” qu'il propose en désignant la pile d'essays d'un coup de menton, baissant seulement son regard vers eux avant de vite le braquer sur elle de nouveau. “ Or... well. ” Il sourit en coin. Ils sont si proches. Leurs nez se touchent presque. Elle a les yeux ouverts, et lui aussi, et c'est comme si ils étaient de retour sur la même page, même si l'esprit d'Alec — qui était agréablement vide quelques minutes plus tôt dans le lit — est en train de tourner à mille à l'heure, en cet instant précis, plus malade que jamais.
Ils s'embrassent, encore. Il sait pas trop si c'est elle qui l'attire à elle ou lui qui se penche en avant ou qui écrase ses lèvres sur celles de l'autre en premier mais ils s'embrassent, encore, et c'est la meilleure chose du monde, le fait qu'elle veuille ça aussi, peut-être qu'elle y a pensé aussi, certainement pas autant que lui mais un peu quand même, et ça a l'air impossible, dit comme ça, parce qu'après tout Alec sait bien, par expérience, que les crush sont toujours unrequited, que y'a que dans les livres et les films et les histoires de ces gens qui se marient trop tôt que ça arrive, il sait bien que c'est pas possible donc ça le prend complètement de court quand elle répond à son baiser avec le même petit sourire sur ses lèvres, quand il sent son manque de souffle et un début de frisson qui l'agite quand les mains d'Alec se rapprochent de ses cuisses, les poignets appuyant contre la peau mais la paume restant contre le froid du comptoir, et aussi comment elle rattrape sa respiration difficilement quand il appuie ses lèvres contre son cou, à la lisière de sa mâchoire, et il aime découvrir ça à propos d'elle, les points faibles sous la carapace, les faiblesses dans les flam-

Il se détache machinalement quand le lait commence à vouloir se barrer de la casserole, une fois qu'il est suffisamment chaud; mais son cerveau écarte presqu'aussitôt la possibilité de risque, et il se repenche presqu'aussitôt pour embrasser Mafie, “ it's okay, it's aaaaaaall under my control, ” marmonne-t-il contre ses lèvres, toujours avec ce stupide sourire sur la bouche, ses mains se posant sur ses jambes pour la distraire, sauf que l'ébullition n'en a pas fini et c'est seulement quand le gaz commence ses chuintements mécontents et que la cuillère en plastique qu'il a laissé près des petites flammes prend feu qu'il se rend compte que, peut-être, c'est un peu moins sous contrôle que prévu.
Alec agit vite, les mains tremblantes et l'air un peu hagard, mettant la cuillère en plastique sous l'eau et coupant le feu et s'emparant d'une tasse pour la remplir sauf qu'il tremble trop et la tasse lui échappe et elle tombe sur le sol et il se brûle un peu le pied avec le lait brûlant et le chocolat colle au fond de la casserole parce qu'il n'a pas remué en laissant le lait chauffer et il entend son père qui s'agace de ça et lui grogne de ne plus rentrer dans la cuisine et y'a le regard de Mafie et c'est une catastrophe et il ne sait pas quoi faire de son corps, de ses mains, de ses pensées qui vont trop loin, trop vite, trop fort, et ses paumes le brûlent là où il l'a touchée et il se déteste quand il est dans cet état-là, l'Alec qui n'est pas véritablement Alec, l'Alec qui n'a aucun filtre et qui ne sait pas garder ses mains pour lui-même et qui réfléchit trop et pas assez à la fois et l'Alec qui-

“ I think I might... ” go, sauf qu'il n'en a aucune envie, mais il n'a pas non plus envie qu'elle le voit dans cet état-là, où il n'est pas vraiment lui mais où il est pourtant tout ce qu'il a à offrir, un mec en deux teintes, en deux dimensions, qui sait pas être autre chose que destructeur ou inutile. “ I... need to walk Dude and I... ” Il a les sourcils froncés, sauf que cette fois c'est pas exagéré mais genuine, alors qu'il repose la casserole, se baisse pour récupérer les éclats de tasse, les reposant sur le plan de travail et enfonçant ensuite ses mains dans ses poches pour cacher les légers tremblements qui les agite. “ It's not you. Merlin, Mafie, no, it's not you, it's... me, which sounds ridiculous, except it's not, I'm feeling very weird and pumped up right now, I... ” Il est déjà en train de perdre le fil, se force à se concentrer. “ I might I might go. I need to walk Dude, you need to eat and I need to sleep and I can't sleep now, now that we've... ” Il recule un peu, malgré lui, en direction de la porte; Dude revient du salon en trottinant, jappant doucement en réponse aux émotions un peu trop violentes de son maître, auxquelles il est particulièrement réceptif. “ ...kissed...... ” Way to sound like a twelve year old boy with hormonal problems.
Il pince des lèvres. “ I'm sorry? I'm really sorry. I'll send you more apology letters. Hell, I'll send you apology quickies and apology private owls on MSN if you unblock me. I'm really sorry but this is not... a good time... for me to hang out, I'm feeling crazy, I haven't slept, haven't eaten in so long and I feel weird and I'm sorry but I need to go except that I really want to do... that again. Not that- ” il pointe du doigt la catastrophe qu'il a fait dans sa cuisine, les restes de la tasse le regardant d'un air accusateur, “ -but... you know... the kis- do I need to say it again? Yeah, okay. Please don't be mad at me? Please give me another chance? Please- ” il grimace, s'attendant  à un rejet pur et simple now that he's acting weird, “ -please come with me to this place I know in wizard London next... tuesday......? ”

“ Like... by drinking hot chocolate? ” elle aime le rire dans sa voix et le sourire en coin et la façon qu’il a de s’approcher écartant son chien du passage sans même le regarder. C’est fou et elle s'imagine sûrement des choses, mais elle a l’impression d’être, peut-être, en cet instant-là au moins tout ce qui compte dans le monde d’Alec et ça la remplit plus que de joie, d’une certaine fierté, ça lui fait chaud partout, ça fait trembler un peu sa respiration, mais surtout ça la fait sourire et ça gâche le roulement de yeux qu’elle aurait voulu lui adresser en réponse à ses sourcils faussement froncés. Ils sont sur la même longueur d’onde malgré sa fausse innocence, elle le sait, elle le sent, quand il se penche en avant et que sa main effleure sa cuisse nue et qu’elle réprime un frisson. Il lui fait tellement d’effet, ça lui fait presque peur. “ Or maybe... I could read them to you? ” Elle adore sa voix. Comme elle adore à peu près tout chez lui. Mais sa voix tout particulièrement ; elle s’imagine ce que ça peut être, de s’endormir avec ce son dans le creux de son oreille et de se réveiller le matin avec cette voix qui lui fait l’effet de chocolat liquide. Elle aimerait bien le découvrir et elle est rendue intenable à l’idée, que, probablement, elle pourra le découvrir. Mais si elle adore sa voix, y a autre chose qu’elle veut découvrir, y a autre chose qu’ils n'ont pas fini, y a autre chose qu’elle préfère faire pour s’occuper, assise sur le plan de travail. “ Or... well. ” Y a tous ses muscles qui palpitent quand leurs visages sont si proches, mais qu’ils se tiennent du regard cette fois (et personne l'a jamais regardée comme ça avant), et que y’a aucune peur, aucun rejet envisageable. C’est dingue et c’est merveilleux, que leur nez s'effleurent et que leurs lèvres s’écrasent l’une contre l’autre, le mouvement parfaitement réciproque. Et elle ressent tout si fort, comme si tous ses sens avaient été exacerbés depuis ce premier baiser dans son lit, son corps répond au moindre de ses mouvements, frissonnant quand les poignets d’Alec se rapprochent de ses cuisses à la lisière de sa chemise de nuit. Ses propres doigts s’agrippent de leur propre volonté, il lui semble presque, à son t-shirt, tentant toujours de le ramener, plus près, encore plus près, et elle siffle presque en tentant de retrouver son souffle quand les lèvres d’Alec trouvent son cou. Ses sens deviennent fous, mais ils ne répondent qu’à Alec, elle n’entend même pas l’ébullition du lait trop chauffé, se demande presque pourquoi Alec s’écarte quand il le fait la laissant haletante et aussi transie qu’au réveil. Seulement il revient très vite trouver ses lèvres, à croire qu’il les trouve tout aussi addictives qu’elle. “ it's okay, it's aaaaaaall under my control ” et ça suffit, vraiment, ça suffit à ce qu’elle ne pense plus à rien qu’à son sourire contre le sien et surtout à ses mains qui sont venues trouver ses jambes et au feu dans son ventre.

Et puis, il disparaît, elle a tout juste le temps de voir la cuillère en feu avant qu’il la mette sous l’eau de l’évier, coupant presque simultanément le feu. Elle a sauté à ses pieds Mafie, spontanément, manquant de faire tomber tous les essais, mais les sauvant de justesse en les reposant sur le plan de travail, dès qu’il a lâché la tasse qu’il cherchait à remplir avec le lait trop chaud. Elle est debout pour l’aider à ramasser les éclats de porcelaine et pour nettoyer le lait qui est tombé par terre et s’assurer surtout qu’il ne se soit pas fait mal au passage. Ce n’est pas très grave, elle trouve ça presque drôle finalement, ils étaient tellement perdus dans leur monde qu’ils ont oublié le lait et y a pas mort d’homme, c’est pas grave, c’est presque mignon, c’est pas grave, mais elle voit les mains d’Alec qui tremblent et c’est là qu’elle s’inquiète vraiment, c’est là qu’elle fronce les sourcils. “ I think I might... ” elle déglutit, parce qu’elle a l’impression de deviner ce qu’il veut dire et y a un poids soudain dans son estomac comme une massue et elle ne sait même plus se baisser pour ramasser les éclats de tasse tant elle a l'impression que son cœur risque de les rejoindre par terre, en mille morceaux. “ I... need to walk Dude and I... ” Non. Elle fronce les sourcils, comme lui, sauf que c’est pas comme lui, parce qu’elle fronce les sourcils d’incompréhension et de peur et de doutes et de tristesse. Elle fronce les sourcils parce que Dude peut attendre, mais elle elle ne veut pas attendre, elle elle veut qu’il reste et on s’en fiche de la tasse Alec, reviens m’embrasser. “ It's not you. Merlin, Mafie, no, it's not you, it's... me, ” C’est là qu’elle prend vraiment peur parce que c’est toujours comme ça dans les histoires et dans les films et dans les séries et même dans les sitcom qu’ils ont commencé à diffuser sur la MirrorTV et qu’elle regarde parfois quand elle n'arrive pas à dormir la nuit. It’s not you it’s me. La phrase classique pour une rupture, sauf qu’eux ils ne sont même pas ensemble. Ils ont même pas eu le temps. Don't do this Alec. “which sounds ridiculous, except it's not, I'm feeling very weird and pumped up right now, I... ” Et ses sourcils se froncent encore plus si c'est possible, et c'est l'inquiétude qui reprend le dessus, ça et la colère contre elle-même. Elle est tellement égocentrique, tellement stupide de penser qu'à elle quand elle voit bien qu'il n'est pas dans son état normal, même si, avec Alec, elle ne sait jamais trop quel est son état normal, puisqu'il semble toujours osciller entre deux états tout à fait opposés. Mais c'est rarement cet état-là, quand il est énergique et à peu près heureux qui l'inquiète le plus. Peut-être qu'elle a tord, sûrement qu'elle ne comprend rien, sûrement qu'il serait temps qu'elle fasse ses recherches. “ I might I might go. I need to walk Dude, you need to eat and I need to sleep and I can't sleep now, now that we've... ” Elle secoue la tête, en se demandant même s'il s'en rend compte de ses mains un peu tendues en avant comme pour essayer de l'attraper, alors qu'il se recule vers la porte. “ ...kissed...... ” Elle non plus elle peut pas, elle non plus elle veut pas, et elle veut pas manger non plus, elle veut juste qu'il reste. Please. “ I'm sorry? I'm really sorry. I'll send you more apology letters. Hell, I'll send you apology quickies and apology private owls on MSN if you unblock me. I'm really sorry but this is not... a good time... for me to hang out, I'm feeling crazy, I haven't slept, haven't eaten in so long and I feel weird and I'm sorry but I need to go except that I really want to do... that again. Not that- ” Elle secoue la tête, alors qu'il pointe les restes du mini-accident du doigt, mais elle s'en fiche complètement, elle secoue la tête parce que ça va trop vite et qu'il y a tellement d'informations importantes dans ce qu'il lui dit. Et pourquoi il a pas dormi depuis si longtemps ? Et pourquoi il a pas mangé ? “ -but... you know... the kis- do I need to say it again? Yeah, okay. Please don't be mad at me? Please give me another chance? Please- -please come with me to this place I know in wizard London next... tuesday......? ” Et encore une fois elle trouve rien d'autre à faire que secouer la tête en fronçant les sourcils l'inquiétude primant sur le reste.

Pourtant elle a remarqué qu'il lui a dit qu'il veut encore l'embrasser. Et elle a remarqué qu'il veut une autre chance. Et elle a remarqué qu'il lui propose un rendez-vous et elle se demande si c'est un date, cette fois. Et y a une partie de son cerveau qui pense déjà à ce qu'elle va porter. Mais elle est inquiète parce qu'elle ne comprend pas pourquoi il aurait besoin d'une autre chance, pourquoi elle devrait être énervée contre lui. “ I don't want you to go. ” Elle déteste le tremblement dans sa voix, et le trop plein d'émotions qui se dégage d'elle, et le côté presque larmoyant de son ton. Malgré tout, elle s'approche un peu de lui, doucement, comme si elle avait peur qu'il s'écarte alors qu'il n'y a pas deux minutes ils étaient encore collés l'un à l'autre. “ But I understand if you have to go. Let's be clear, I don't give a shit about the mug and the milk though, I just want you to be ok.” Il faut qu'il aille manger et dormir. Et elle s'approche encore un peu, jusqu'à pouvoir poser une main sur son épaule, puis une autre, jusqu'à l'enlacer et le serrer contre elle, sa tête arrivant tout juste au niveau de son cœur. “ No apology needed.” C'est tellement absurde. Elle veut juste qu'il aille bien, elle veut juste qu'il se soigne, mais elle ne veut pas qu'il l'ignore non plus. “ I will unblock you and expect a message though.” Sourit-elle contre son torse avant de s'écarter, pour se mettre sur la pointe des pieds et poser ses lèvres là où apparaît normalement l'un de ces creux adorés sur sa joue. “ I'd very much like to do that again too.” Et puis ses doigts viennent attraper les siens, sans qu'elle ne sache trop pourquoi, elle en a juste envie, elle a juste besoin de le toucher, de lui montrer qu'elle est là et qu'elle lui en veut pas. “ So tuesday sounds good. But…” elle lève les yeux pour essayer de capter son regard. “ Is that……a date?” Elle n'arrive pas à contenir la nervosité dans sa voix. Elle n'arrive pas à poser la question tout naturellement comme si ce n'était que de la curiosité, comme si elle n'avait pas l'impression que son bonheur dépende absolument de la réponse.