17 AVRIL 2004 - “ Alec, what the fuck is going on? ” Alors oui en fait cette meuf m'a sauvé la vie, right? et m'a proposé un boulot dans la même respiration et j'ai dit oui même après avoir compris que c'était un peu beaucoup illégal parce qu'en fait le boulot dont je te refuse de te parler, c'est du traffic d'animaux illégaux mais aussi un peu de drogue et du biz pas très clair avec des gangs et bref anyway cette meuf je l'ai un peu abandonnée our aller à Poudlard mais je suis revenu et je suis un peu sur la sellette et disons qu'elle a mal pris le fait que je ne répond pas hier au pocketowl mais j'avais plus de plus de batterie c'est pas ma faute et en gros thedragonbitch bah c'est le MSN de mon boss et elle a un côté psychopathe quand elle veut, elle s'appelle pas thedragonbitch pour rien tu vois et elle pourrait te faire très mal et clairement c'est une menace pour moi et cette fois je dois partir et je suis désolé et-
Non, il ne peut pas lui dire tout ça comme ça, il ne peut pas... il ne peut pas décemment lui dire quoique ce soit. Il sent toutes ces émotions et ces pensées se faire la guerre dans sa tête et dans son coeur et ça le rend malade et he's getting bad again et c'est mauvais, tout ça et très mauvais et il ne sait pas quoi dire, quoi faire, que lui révéler, que lui cacher. Il ne veut pas lui mentir mais a-t-il le choix? “ Where even are you going? ” Il se passe la langue sur les lèvres. Il a un peu trop bu hier, il ne boit pas souvent et il a toujours le goût de la bière dans le fond de la gorge. Il faut qu'il mange quelque chose. Il y a les frites dans le four. Il va attraper un café en allant à Camden. Il en prendra un pour Kala. Peace offering? “ Not too far from here, ” dit-il simplement, évasif, se mettant lentement en mouvement pour revenir vers la chambre récupérer ses affaires.

“ What’s wrong? — I'm fine, Mafie, everything's alright, I just need to-- ” Il ne finit pas sa phrase. Elle l'a appelé Alec. Il n'a pas le droit de lui mentir. Mais il ne peut pas non plus lui dire la vérité, n'est-ce pas? “ I won’t block her if you don’t tell me why I should. — Mafie... ” stop acting like a spoiled child, a-t-il envie de lui dire, mais il se mord la langue pour s'en empêcher. “ Is that your ex or something? Is she like a stalker? — What? ” No! Mais le mot ne franchit pas la frontière de ses lèvres. Son ex... bon, déjà, il n'a pas vraiment d'ex notable, il n'a jamais été en couple pendant plus que quelques semaines avec quiconque, et certainement pas de matière assez signifiante pour mériter un contempt follow sur les réseaux sociaux.
Mais il ne peut pas lui dire la vérité. Alec se force à se contrôler, grimaçant légèrement. Ils n'ont pas encore abordé le sujet des ex. Il peut très bien inventer. Mentir. Par omission. Kinda. Bon, en fait, c'est un mensonge pur et simple mais... pas le choix. Pas le choix. “ Kinda... I mean, she's not my ex-ex, y'know? ” Il espère qu'elle ne sait pas. “ But like... things were kind of happening when we, dit-il en les pointant tous les deux du doigt, got together? And she didn't really... like it... I guess. ” Il est hésitant et timide, espère que c'est crédible. “ Sorry I freaked out, she's kind of a creep and she's... extra. Very extra. Please block her, I don't want her seeing your posts. ” Il sait déjà que Mafie va scruter tout le MSN de Kala et il espère sincèrement qu'elle ne postera jamais de photos d'elle (ou pire, de lui, même si il en doute sincèrement: ils se sont mutuellement bloqués), il s'imagine à peine se dépatouiller de la jalousie de Mafie... “ I need to go to work, my boss texted me last night and she needs me today. ” Il va tellement se faire engueuler. Ou pire. “ I'll call you? ” Il l'attire à elle pour déposer un baiser joueur sur son menton, sa joue, ses lèvres, rapidement; il est nerveux, fébrile et anxieux. “ Please don't be mad at me. ” Il lui embrasse le nez. “ Please don't be mad at me? ” retente-t-il avec son petit sourire signature, qu'il force sur son visage. “ I swear I'll make it up to you. ” On dirait qu'il court toujours après les absolutions et les pardons, qu'il court toujours dans le sens inverse alors que vraiment, tout ce qu'il veut, c'est être avec elle. Juste elle. Pourquoi est-ce que tout devient toujours si compliqué avec lui?

25 AVRIL 2004 - Quand elle ouvre la porte de son appartement, Alec se laisse aller contre l'encadrement de la porte du mouvement le plus smooth qu'il ait en stock. Ils n'ont pas eu beaucoup l'occasion de se voir ces derniers jours, entre ses cours et son boulot à lui (il a sincèrement cru que Kala allait le tuer, ils se sont juste engueulés et il lui a promis d'être disponible 24/7 — elle a conduit quelques tests en le faisant venir au local au milieu de la nuit pour voir mais Alec sait qu'il est toujours en période d'essai) mais ils ont échangé quelques textos... surtout aujourd'hui, en fait. Ils ne sont pas quittés sur les plus mauvais termes, la semaine dernière, mais pas les meilleurs non plus, surtout qu'ils n'ont pas eu l'occasion d'en parler.

Et puis elle lui a dit I love- “ Please compliment my outfit, ” dit-il d'un ton particulièrement pompeux, avant de dodeliner de la tête comme une révérence flegmatique. Il porte le costume de Dublin, avec le noeud papillon céruléen et la petite tâche de sang sur le col. “ I didn't lie about the tickets, ” dit-il en les lui tendant dans une enveloppe. Il a dépensé une fortune pour les avoir (son compte en banque est vide, dans le négatif même, mais peu importe — quand il est comme ça, Alec ne se rend pas trop compte des conséquences immédiates des choses qu'il fait) mais ça vaut le coup, juste pour son visage sur le snapky qu'elle lui a envoyé, juste pour sa réponse, son I love- “ And I wanted to take you out for dinner but nothing fancy enough for me was open so I took the liberty to bring some fried diricawl, ” dit-il en montrant le bucket de poulet frit qu'il tient d'une main comme un pro (il est pro dès que ça parle de nourriture à emporter ou par commande) (autre creux dans sa situation financière) “ so please let me in? I... think we have a lot to talk about? And yes, ” rajoute-t-il en reprenant un peu de son sérieux, malgré son attirail un peu ridicule et la volaille frite trop grass dans ses mains, “ this is me trying to be an adult so please don't ridicule me. ”

17 AVRIL 2004“ Not too far from here” ce n’est pas ce qu’elle entendait en lui demandant où il allait, le lieu lui importe peu, c’est qui il va voir qui l’intéresse, et incidemment, pour quoi. Sa réponse à sa question suivante est encore pire, il ne se contente pas d’être évasif, mais ose carrément lui mentir en lui disant que tout que va bien. Elle insiste malgré tout, mais y a déjà un poids qui se forme dans le fond de son estomac, il ne lui fait pas confiance c’est tout ce qu’elle voit dans son mensonge. Et c’est inadmissible ce silence, quand il prétend en plus lui dire quoi faire. “ Kinda... I mean, she's not my ex-ex, y'know? ” Elle grimace, ça lui rappelle sa conversation avec Theodore, ça lui rappelle que c’est comme ça qu’elle qualifiait Alec avant et c’est presque pire que ce ne soit pas une vraie ex justement. Unresolved feelings and all that. “ But like... things were kind of happening when we got together?” Elle se renfrogne encore plus. Etrangement c’est quelque chose qu’elle aurait voulu savoir ça, quand ils se sont mis ensemble, que y avait une autre quelque part avec qui Alec était otherwise involved. “And she didn't really... like it... I guess. ” Elle hausse les sourcils. Elle ne se doute pas une seconde qu’il s’agit d’un mensonge, parce que la jalousie la bouffe et qu’elle ne voit plus que ça, elle n’a plus qu’une idée en tête, stalker la dragong bitch. “Sorry I freaked out, she's kind of a creep and she's... extra. Very extra. Please block her, I don't want her seeing your posts. ” Elle ne le fera pas. Déjà, il a oublié de lui dire ’s’il-te-plaît’, et puis, surtout, elle est trop curieuse pour ça. Trop possessive aussi. Elle préfère montrer à la bitch les photos d’Alec sur son MSN. Elle préfère bien appuyer le fait qu’ils sont ensemble, même si ça ne veut pas dire qu’elle est très confiante, même si ça ne veut pas dire qu’elle se demande ce que son existence veut dire pour eux, même si ça ne veut pas dire qu’elle veut pas savoir exactement ce qu’il s’est passé entre lui et l’inconnue. Not an ex-ex, what does that even mean? “ I need to go to work, my boss texted me last night and she needs me today. ” Sa boss, une autre source de jalousie pour Mafalda, mais cette fois elle ne l’empêche pas d’être lucide. “She seemed pissed?” Ou plutôt il avait l’air d’être énervé contre sa patronne, très énervé, suffisamment pour vouloir jeter son POW contre le mur. “ I'll call you? ” Il l’attire à elle pour déposer quelques baisers sur son visage et Mafalda se laisse faire, mais ne décroise pas les bras et ne se déride pas vraiment. “ Please don't be mad at me. ” Ses lèvres viennent se poser sur le bout de son nez, et elle le fronce et sourit un tout petit peu malgré elle. “ Please don't be mad at me? ” une fossette apparaît dans le coin de ses lèvres et elle se force à détourner le regard pour ne pas se laisser amadouer. “ I swear I'll make it up to you. ” Il lui a dit ça l’autre fois déjà. Et c’est vrai qu’il s’est rattrapé finalement, mais ça n’excuse rien et ça ne change pas le fait qu’il est constamment en train de fuir à croire qu’il n’a pas envie d’être avec elle finalement. Pas autant qu’elle en tous cas.  “I’m not mad.” elle ne fait même pas l’effort d’essayer de mentir passablement. “I mean I’m not mad at you I’m just annoyed you’re always leaving” Quand les choses vont si bien a-t-elle envie d’ajouter. “And you can talk to me you know? Your boss is pissed or she’s annoying the fuck out of you, you can say it, that’s fine, I want to know that kind of stuff.” Elle est toujours en train de raconter sa vie et lui il ne peut même pas lui dire ce qu’il le rend furieux ? Il ne peut même pas avouer qu’il l’est ? Everything’s fine. My ass.

24 AVRIL 2004 Mafalda a fait l’erreur de sa vie. Ou du moins c’est l’impression qu’elle a quand elle regard le quicky envoyé trop vite depuis sous sa table dans la salle de classe du CEPAS. Et y a tout le peu de couleur qui irrigue son visage qui semble avoir soudain disparu et juste le quicky gravé derrière ses paupières, si bien que même quand elle jette le POW dans son sac et essaye de se concentrer sur le cours elle n’y arrive pas, sent ces trois mots qui la narguent et récupère son POW précipitamment, attendant désespérément une réponse qui ne vient pas. Elle décide de demander conseil à Ines, mais celle-ci doit être occupée car elle ne répond pas. Alors elle lève la main et demande à aller aux toilettes, s’enfermant dans une cabine pour mieux appeler Alec et lui dire de ne pas freak out comme elle-même est en train de le faire à cause de trois petits mots jetés un peu trop vite. Sauf qu’Alec ne répond pas et elle fait l’erreur d’insister parce que son cœur bat trop vite; elle lui a fait peur c’est sûr, il va la larguer. Elle envoie un autre message à Ines qui ne répond pas plus. Elle a envie de pleurer, mais son cours l’attend et elle y a laissé son sac, elle est obligée d’y retourner. Elle éteint son POW pour s’éviter la tentation d’insister plus auprès de son petit-ami et retourne dans la salle de classe, incapable de prêter attention à ce qui est raconté. Après le cours de métamorphose elle se fait porter pâle et sèche les deux dernières heures de l’après-midi, incapable de prêter attention à ce qui est dit, elle préfère juste rentrée chez elle, se mettre au lit. Il faut plus de deux heures à Alec après son dernier appel pour lui répondre. ok maybe i freaked out but im good now, elle a failli jeter son POW par la fenêtre, s’affaissant encore plus dans ses oreillers, avec l’envie de se foutre des claques pour son excès de franchise. Elle pourrait lui dire qu’elle ne pensait pas ce qu’elle a dit; il lui arrive de dire ce genre de choses un peu vite quand on lui a rendu un service ou qu’elle est heureuse ce qui était le cas. Mais à l’écrit, c’est plus qu’un tic de langage, elle l’a pensé, elle le pense et ce n’est même pas nouveau. Elle ne pensait juste pas être la première à le dire (en ce qui la concernait elle aurait pu emmener ce secret dans sa tombe à moins qu’il n’initie le sujet) et encore moins que, si ce jour devait venir, elle aurait droit à une réaction pareille. Il a paniqué, mais maintenant c’est bon. Good for you. C’est pas comme si elle avait passé l’après-midi à se poser des questions. C’est pas comme si il n’avait même pas répondu à son aveu maladroit finalement. Les larmes roulent toutes seules sur ses joues quand elle finit d’expliquer la situation à Ines qui ENFIN se décide à lui répondre. Et comme si ce n’était pas suffisant, elle a la bonne idée, pour déprimer un peu plus de retourner sur le profil de la fameuse dragong bitch pour découvrir que celle-ci a enfin posté ce qui s’apparente à peu près à un selfie d’elle et qu’elle est…canon. Mille fois plus belle qu’elle le sera jamais. Même ses cheveux la mettent d’office dans une ligue à part, soyeux et bruns et brillants. Et elle, elle a de la paille dont tout le monde se moque. Évidemment qu’il ne lui a pas répondu. Il se tapait ça avant de se mettre avec elle et ça n’a absolument aucun sens qu’il ait accepté ne serait-ce que de la toucher après une bombe pareille. Elle ne répond pas à Alec qui n’a, malgré tout, pas l’air de vouloir se débarrasser d’elle le moins du monde et s’enfonce dans ses couvertures et finit par s’endormir les joues humides.

Au réveil elle ignore toujours son POW et attrape le livre qu’elle lisait encore la veille, à la recherche de toujours plus d’informations sur les troubles psychologiques affectant les sorciers. Elle a commencé dès le lendemain du jour où ils se sont mis ensemble, passant à la bibliothèque du SAWL center emprunter quelques livres sur le sujet. Ce n’est pas facile de mettre un doigt sur une maladie quand on en connaît que quelques symptômes et qu’on n’est même pas sûr au final que ça corresponde véritablement à quelque chose. Ça lui a pris plusieurs jours entre les cours et le reste pour faire la liste de tout ce qu’elle a remarqué et feuilleter chacun des livres, mais elle a fini par conclure que ça devait être le trouble bipolaire. Elle en a parlé à Ines et le regrette un peu quand celle-ci lui en parle comme si ça voulait dire qu’Alec était fou alors que pas du tout. Il est juste un peu malade. Mais ça la rassure presque de lire ce qu’elle lit sur ce qu’il a, sur les traitements. Elle se dit que peut-être elle va pouvoir l’aider. Même s’il ne l’aime pas, elle veut l’aider parce qu’elle elle l’aime et elle n'avait pas besoin des tickets pour l’EuroWiz’Sing pour le savoir. Elle lit pour se dire qu’il a plus de problèmes que de répondre dans les temps à ses messages. Elle lit pour se dire que c’est peut-être pour ça qu’il choisit mal ses mots. Elle lit pour essayer de savoir si elle, si eux, ne sont que le fruit d’une lubie de sa période manique ou si…bipolar disorder can intensify one’s passions but it does not change what one is passionate about.

Elle est dans un de ses rares pyjamas, assise devant la MirrorTV en train de chercher un truc potable à regarder quand on toque à sa porte. Elle se doute déjà de qui ça peut être; après tout, elle l’a invité, même si ensuite les trois points de suspension qu’elle a envoyé tous seuls laissaient à penser qu’elle ne voulait plus de lui chez elle. Sans compter qu’elle ne lui a pas envoyé la fichu photo de ses devoirs complétés, pour la simple et bonne raison qu’elle ne les a pas fait. De toute façon elle est toujours en avance, elle a le droit de ne pas les faire un soir. Elle a une bonne raison. Elle traîne un peu des pieds, hésite presque à véritablement aller ouvrir, parce qu’elle ne se sent pas tout à fait prête à avoir cette discussion gênante et avoir à s’expliquer et parce qu’elle est toujours énervée en plus d’être blessée et anxieuse et— La première chose qu’elle remarque c’est son nœud papillon céruléen, le même que Dublin, tout le costume d’ailleurs est celui qu’il a porté à Dublin, il y a même une petite tâche de sang sur le col, la même que cette journée-là au marché de Noël. “ Please compliment my outfit ” pour une fois elle ne sait véritablement pas quoi dire, elle se contente de le regarder coite ; qu’est-ce que ça veut-dire ce choix de tenue ? Ça doit être le seul costume qu'il possède, qu'elle songe, même si ça n'explique pas vraiment pourquoi il s'est senti obligé de le porter pour venir la voir. “ I didn't lie about the tickets” Elle s’en fout des tickets. Vraiment elle s’en fout. Elle a un bon feeling sur le jeu concours et bien sûr elle ne s’en fout pas vraiment dans la mesure où elle a très très envie d’aller soutenir les WD et de les rencontrer backstage, mais c’est pas pour ça qu’elle lui a dit qu’elle l’aimait et elle ne veut pas qu’il croit que c’est ça et en même temps elle préfèrerait qu’il oublie tout court et… Elle se contente de nouveau de regarder l’enveloppe. “ And I wanted to take you out for dinner but nothing fancy enough for me was open so I took the liberty to bring some fried diricawl ” cette autre chose qu’elle a remarqué dès qu’elle a ouvert la porte; ce pot de poulet frit qui fait tâche avec le côté classe de son costume. “What’s the occasion?” demande-t-elle platement. Elle n’a pas besoin d’aller dans un restaurant chic pour qu’il lui dise gentiment qu’il apprécie ses sentiments, merci quand même, et qu’il l’apprécie elle aussi en lui tapotant le dos de la main. Il peut le faire à distance, c’est mieux, comme ça elle peut pleurer sans être vue. “ so please let me in? I... think we have a lot to talk about? And yes,  this is me trying to be an adult so please don't ridicule me. ” Elle essaye de sourire comme elle le ferait d’ordinaire, mais n’y parvient pas. Normalement elle se moquerait de lui pour cet étrange mélange des genres. Elle trouverait une remarque drôle à faire et elle le laisserait entrer en secouant la tête. Mais elle n’y arrive pas. “Oh then you’re done freaking out about three little words aye?” Sauf qu’ils ne sont pas petits ces mots et qu’elle les pensait et les pense et qu’elle a bien vu les trois cœurs qu’il lui a envoyé, mais il a aussi freak out et pas répondu pendant presque trois heures et maintenant il débarque avec son poulet frit et elle ne peut pas s’empêcher de penser que c’est de la comfort food ça. “ Well I’ll let you know when I’m ready to talk okay? What’s there to talk about anyways? I think it’s all pretty clear…”  Il l’aime bien, mais pas assez et elle lui a fait peur et il est gentil, il va la let down doucement, sauf que, doucement ou pas, ça ne change rien pour elle. Just do it already.

“ And you can talk to me you know? ” Les mots sont restés avec lui pendant toute cette petite semaine. Elle est passée tant lentement que douloureusement, cette semaine: chaque jour il voulait venir la voir, chaque jour il voulait lui parler, vraiment lui parler. Combien de fois s'est-il emparé de son POW pour l'appeler et pour tout lui dire? Combien de fois a-t-il voulu frapper à cette porte pour qu'elle l'ouvre et qu'il puisse tout lui dire, les yeux dans les yeux? Peut-être que y'a un peu de ça, dans son attitude nonchalante, alors qu'il conserve un sourire distrait et éteint tandis que Mafie parvient à peine à le regarder sans broncher; mais aussi vite que sa détermination à tout lui raconter, Kala, Poudlard, Agim, les drogues, les animaux illégaux, les gangs, Mylan, les Shadow Moses et le reste, sa résolution s'effrite, s'écroule et disparaît. Il ne peut pas mettre ce poids-là sur ses épaules. Il sait déjà... il est persuadé qu'elle sait. Pour les chimies compliquées de son cerveau, pour son problème, sa maladie — il l'a vu sur MSN, son post... et il n'a pas pu s'empêcher de se dire qu'elle avait fait ses recherches. C'est de Mafie que l'on parle après tout, elle est trois fois plus intelligente qu'Alec ne le comprendra jamais. Il ne veut pas en parler avec elle. Jamais. (Une partie de lui sait qu'il le devra bien un jour. Mais... mais il est trop tôt. Lui-même ne sait pas trop ce que ça veut dire. Son premier rendez-vous chez le psychomage pas trop cher qu'il est parvenu à trouver est quelque part début mai... autant commencer par là déjà). Toujours est-il qu'il peut pas être un poids pour elle. Il en est déjà un suffisamment (“ (...) I’m just annoyed you’re always leaving. ”), le mauvais boyfriend, toujours absent, toujours occupé, toujours maladroit, toujours nul et-
Et il faut qu'il arrête de réfléchir.

Alors il sourit. On lui a toujours dit qu'il avait un joli sourire, Alec, avec ses fossettes et tout son visage qui se froisse en même temps que sa joue. “ What’s the occasion? — Do we need an occasion? ” demande-t-il en retour, avec toujours ce satané sourire et ses sourcils qui dansent sur son front d'un air provocateur. Mais Mafie reste impénétrable, plus qu'il ne l'a jamais vue, complètement imperméable à ses tentatives de la détendre, la faire sourire... l'esquisse de risette qu'elle tente de faire grimper sur ses lèvres ne prend pas. “ Oh then you’re done freaking out about three little words aye? ”
Il était pas préparé, Alec. Ça veut pas dire non plus que la façade s'écroule. Sa mère lui a suffisamment lancé de bombes à la figure pour qu'il se soit, lentement mais sûrement, construit une carapace solide et résistante. Jamais assez bon, jamais assez déterminé, jamais à sa place, jamais assez pour la grande et formidable Jemma Howard, même en le comparant à sa cracmole de soeur aînée.
C'est la seule raison pour laquelle il n'explose pas en trois mille morceaux en cet instant précis, sous les yeux de Mafie. À la place, il se force à réfléchir, lentement et méthodiquement. Oui il a freak out. Personne lui a jamais dit ça. Sa mère, peut-être...? Pas qu'il s'en souvienne mais peut-être. Sans doute. Appleton, possiblement, dans ses grands délires... à moins que ce soit des hallucinations, tout ça. À moins qu'il ait tout imaginé. Des fois, Alec a du mal à déterminer vrai du faux. Mais c'est différent. Il est pas dans cet état en cet instant précis. Il est toujours manique — hypermanique en fait —, il est efficace et optimiste et énergique et déterminé. Il dépense des sommes impossibles pour tout ce qu'il a envie de posséder, il traverse sans regarder les voitures, il dort à peine, il carbure à l'énergie et aux trop nombreux sodas qu'il consomme. C'est pas des hallucinations. C'est des souvenirs. D'accord.

Oui il a freak out. Tout va si vite, avec Mafie. Ça lui fait un peu peur parce que... parce qu'il pense sincèrement qu'il ne la mérite pas; ou, plus simplement, qu'elle mérite mieux. Tout le monde mérite mieux que lui: il n'est pas assez. Il est dingue. Il a même pas de diplôme, même pas de travail légal et notable. Il a... rien, c'est le roi du néant et du vide, il a peur tout le temps et il peut pas aller sous la douche sans avoir l'impression de se noyer, il sait pas prendre de décision et si autour d'elle il peut prétendre trente secondes qu'il est la moitié de l'homme qu'il essaie de paraître, quand il est seul... Alec a l'impression d'être l'ombre du mec qu'il a un jour été. Il est ruiné et tordu et mauvais pour elle et de toutes façons...
De toutes façons elle ne le pensait pas, hein? C'était juste le heat of the moment. Three little words. Three little words. “ Seems like I am, yes, ” dit-il, sans se défaire de son sourire, le gardant plaqué sur son visage comme une seconde peau. “ Well I’ll let you know when I’m ready to talk okay? What’s there to talk about anyways? I think it’s all pretty clear… ” Il pourrait lui dire que lui l'aime. Il a pas parlé de falling in love sans le penser, bien au contraire. C'est étrange, de penser à ça en des termes si précis. Falling in love. Mafie... c'est MILF, c'est Mafie, c'est la petite meuf insupportable et bavarde et qui chante mal, c'est Mafie, celle à qui il souriait et surtout celle qui le faisait, et le fait, sourire, même les jours où le soleil ne brille pas sur lui. Mafie c'est Mafie et Mafie ça a jamais été un petit crush en passant, il a essayé de s'en convaincre férocement mas la première fois qu'ils se sont embrassés...

“ Yeah, I guess it's all pretty clear indeed. ” She didn't mean it. Bien entendu. Elle voulait juste... des tickets pour EWS et les WD, elle les adore, lui c'est juste le boyfriend chelou et impulsif et dangereux et auto-destructeur. Il s'est trop investi dans cette relation, il doit se calmer, lui laisser du temps, en espérant que ce sera suffisant pour qu'un jour, peut-être, elle dise ces mots en les pensant.
Ah! Qui pense-t-il tromper? C'est stupide. Qui pourrait aimer quelqu'un comme lui? Il n'est pas unique, il est une multitude. Une multitude d'humeurs et de pensées et d'émotions qui n'ont aucun sens, qui s'entremêlent et qui s'entassent pêle-mêle sous son crâne qui lui semble parfois enfermé dans un étau en fer chauffé à blanc.

Pourquoi n'arrête-t-il pas de sourire?

“ Message received, ” dit-il avec un certain calme, même si une sueur froide lui dévale le long de la colonne vertébrale. “ I understand, don't worry. You can keep this and text me when you want to talk? I'm sorry I'm imposing. ” Il est désolé, désolé, désolé, but it's not enough.
It never is.
Il sourit toujours, doucement, naturellement. Le masque est profondément enfoui sous les traits de son visage. Et lui qui pensait ne jamais avoir à se cacher auprès de Mafie. Sauf qu'il ne peut pas la perdre. Fake it 'til you make it Alec. “ I... know I'm not always easy, Mafie. And I'm sorry about that. I'm... working really hard on that, okay? One day I'll- ” deserve those three little words, “ -be better. ” (“ I swear, Mum, I'll be good! I'll be better! I'll be the best! ”) Aveu du bout des lèvres que, définitivement, il y a quelque chose qui ne tourne pas loin chez lui, d'une certaine manière; il n'offrira rien de plus, ceci dit, sauf peut-être le bucket de dirico frit.

Malgré l’acidité dans la voix de Mafalda, Alec semble imperméable à son accusation, il arrive à garder son sourire il arrive à répondre calmement “ Seems like I am yes ”, avec une simplicité qui ferait presque penser à Mafie qu’il n’a pas compris ses mots; qu’il n’a pas compris sa rancœur; ou alors c’est qu’il s’en fout. Ce qui est possible, très probable même. Au fond, il a le droit de freak out autant qu'il le souhaite, elle le sait et elle ne peut pas le forcer à ressentir la même chose qu’elle et elle n'a pas le droit de lui en vouloir si ce n’est pas le cas. Ce n’est pas sa faute, ce sont des choses qui ne s’expliquent et ne se décident pas. Elle le sait, mais elle n'arrive pas à l’appliquer, elle n’arrive pas à ravaler son amertume et celle-ci est même décuplée à la vue de cette fossette qui refuse de disparaître, de ce sourire adoré qui semble la narguer. Elle n’a pas le droit de lui en vouloir, mais c’est le cas. Parce qu’il pourrait avoir la décence d’être clair avec elle, de lui dire de but-en-blanc que ce n’est pas réciproque, de lui dire s’il en a fini avec elle, de lui dire s’il veut bien continuer, il pourrait avoir la décence de ne pas la faire attendre des heures, paniquée. “ Yeah, I guess it's all pretty clear indeed ” Et c’est complètement débile parce qu’il ne fait que répéter ce qu’elle a dit, parce qu’il est d’accord avec elle, mais elle est encore plus énervée et triste et blessée tout à la fois, parce qu’elle aurait tant voulu qu’il la contredise. Elle aurait tant voulu qu’il lui dise qu’elle n’a rien compris, qu’il lui explique, qu’il lui dise qu’il est venu avec son costume et son grand sourire pour lui rendre sa déclaration, mais elle sait que ce n’est pas vrai, que ce n’est pas possible, que ça fait trop peu de temps qu'ils sont ensemble et il ne lui a pas couru après comme elle-même l'a fait en secret. Elle sait aussi qu’elle ne vaut rien comparée à son ex et qu'il en a même sûrement eu d’autres des comme ça dans sa vie et elle à côté c’est qu’une gamine un peu distrayante et il ne l’aime pas, évidemment qu’il ne l’aime pas. Les romans et les séries et films à l’eau de rose lui ont menti, ce n'est jamais aussi facile, ce n'est pas parce que c'est vrai et fort de son côté que c'est forcément réciproque. C’est pas une nouvelle en soi, c'est un concept dont elle se moque depuis longtemps, mais brusquement appliqué à elle après qu'elle ait laissé une once d'espoir s'infiltrer, ça fait plus mal qu’elle ne l’aurait cru. Et le pire c’est qu’il sourit encore, le pire c’est qu’il s’en fout. Totalement. Il n'y a que ça pour expliquer son sourire, il n'y a que ça qui peut faire sens à ses yeux.

“ Message received” S'il n'y avait pas encore ces creux aux coins de ses lèvres et ces plis sous ses yeux elle se dirait que c’est lui qui est vexé cette fois, elle se dirait que c’est lui qui l’a mal pris. Mais là, il sourit toujours et elle sait pas comment interpréter ces mots. Qu’est-ce qui est pretty clear, finalement ? Est-ce qu’elle vient de les faire rompre sans savoir ? La panique de l’après-midi s’empare de nouveau d’elle, rendant un peu fous les battements dans sa poitrine, alors qu’une voix traitresse lui souffle déjà que ce n’est peut-être pas plus mal vu le déséquilibre évident de leur investissement dans…ça, eux. “ I understand, don't worry. You can keep this and text me when you want to talk? I'm sorry I'm imposing. ” C’est stupide, elle ne veut pas de ça — peu importe qu’il parle du poulet ou de l’enveloppe qu’elle n’a toujours pas acceptée. Elle le veut lui. Elle voudrait être capable de lui dire que ce n’est pas grave s’il ne ressent pas (encore ?) la même chose, que ça ne la dérange pas, qu'ils peuvent continuer, mais à voir sa nonchalance, elle sait d’office que c’est faux, qu’elle ne pourra pas tenir comme ça. Que ça finira par lui faire trop mal. Son cœur lui paraît déjà tordu à l'excès dans sa poitrine. “ I... know I'm not always easy, Mafie. And I'm sorry about that. I'm... working really hard on that, okay? One day I'll-  -be better. ” Les coins de ses lèvres sont tirés vers le bas à tel point qu'elle sens sa mâchoire qui s'affaisse avec et sa lippe inférieur qui tombe un peu sur son menton. Elle est si…triste. Mais ça s'active un peu sur son visage quand elle entend ces derniers mots, parce que, quoiqu'elle ressente, elle n'a pas le droit de le laisser penser ça. “Don't say that.” s'insurge-t-elle les sourcils froncés, sa moue se détendant sur ses lèvres pour la laisser parler, même si elle a toujours la même tristesse dans le fond des yeux, qui fixe tout sauf ceux d'Alec.

“You're not…you're great…” Certes il n'est pas objectivement le copain idéal, pas très présent, pas constant, pas très fiable non plus. Il n'est pas parfait, même à ses yeux à elle. Mais il n'en reste pas moins qu'il est celui qu'elle veut. Il n'en reste pas moins que, pour elle, il est génial, le plus génial, à tel point qu'elle l'aime. À tel point qu'elle en est amoureuse, à tel point qu'elle est capable d'outrepasser son amertume juste pour l'empêcher de se rabaisser injustement. “It's not your fault if you don't feel that way about me.” fait-elle d'une toute petite voix. Il est trop tard pour s'échapper et dire qu'elle ne pensait pas ces mots, alors foutue pour foutue… “It's not your fault but it's making me sad and I don't want to…I can't talk right now.” Elle a honte parce que même si c'est effectivement ce qu'elle ressent elle sait que c'est injuste de le punir pour ce dont il n'est pas responsable — quoique s'il ne l'aime pas, la punition ne doit pas être si grande que ça. Elle a honte et elle n'ose plus regarder que le sol parce qu'elle a peur de voir la pitié dans ces yeux et toujours ce sourire calme sur son visage, ce sourire qu'il lui prend presque l'envie de détester elle qui l'a toujours vénéré. “Sorry.” Non qu’il doive ressentir un quart de la peine qui l’habite.

“ Don't say that. ” Il détourne les yeux, malgré lui, pour ne pas avoir à affronter la déception du regard de Mafie. Il aimerait bien ne pas avoir à dire ça sauf que... sauf que c'est vrai, il n'est pas assez. On a essayé de le convaincre du contraire mais il a toujours déçu les autres. Il manque de trempe, de courage, de détermination, de tout ce qui compose Mafie. Ils sont véritablement mal assortis, pense-t-il avec mauvaise foi, alors qu'il pensait tout le contraire quelques jours auparavant. Étrange comment trois petits mots peuvent tout changer. “ You're not…you're great… ” Alexander the Great. Il aimerait bien. Le sourire calme et indolent sur ses lèvres s'approfondit, amer malgré lui. Il aimerait être great. Il aimerait ne plus avoir ce job de merde et s'en trouver un normal avec des horaires normales et un boss normal. Il aimerait passer du temps avec elle, venir la voir et l'aider à finir ses devoirs et la distraire de ses devoirs en lui embrassant l'épaule. Il aimerait ne pas être si évasif et étrange et impulsif. Il aimerait savoir quoi faire, il aimerait être doué, à moitié aussi expérimenté qu'il tâche de sembler auprès d'elle.
Mais.
Mais. Il ne peut pas. Il n'est pas normal et encore moins great. Il est juste lui et c'est pas assez, c'est jamais assez. Mais il veut l'être. L'obstination de sa mère n'a fait que le dégoûter d'essayer mais Mafie... pour ne pas succomber à son crush, il essayait vainement de se convaincre qu'elle méritait mieux que lui. Maintenant, il peut se surprendre à penser qu'il peut le devenir. Sauf qu'il sait que cette motivation ne durera qu'un temps — elles ne durent jamais longtemps, ses résolutions. Mais pour Mafie...

“ It's not your fault if you don't feel that way about me. ”

Les yeux d'Alec reviennent vers elle, alors qu'ils s'étaient égarés sur un détail pour ne pas souffrir en les laissant sur elle. Wait. What. “ It's not your fault but it's making me sad and I don't want to…I can't talk right now. ” Elle a l'air si triste. Il fait une énième résolution: qu'elle ne soit plus jamais triste autour de lui, ou à cause de lui. Il sait très bien qu'il ne pourra pas tenir cette résolution ou cette promesse.
Mais fuck it. Il se battra pour le faire. Il doit se mettre à se battre, à se défendre contre tout ce qui s'acharne sur lui. Il s'est tant lamenté, il a tant souffert, il s'est tant laissé malmener par la vie et par ses émotions et par le reste que ça semble bizarre, cette soudaine force qui l'habite brutalement, qui lui fait mentalement promettre des choses qui semblent concrètement irréalisables.
Sauf que.
Elle... pensait ce qu'elle a dit? Même à l'écrit? Elle pensait ces trois petits mots? Pourquoi est-elle triste alors? Pourquoi-
Elle pense que lui, non. Qu'il a freak out parce qu'il ne ressentait pas la même chose. Elle pense sincèrement qu'il lui a dit qu'il pourrait fall madly in love with her sans le penser?
Elle pense sincèrement que-
Il l'observe avec toute l'avidité du monde. Il a freak out parce que c'est... nouveau et étrange et terrifiant et ça va vite mais pour être honnête, it's a long time coming, this thing. Them. Pourquoi se leurrer?
Il aimerait qu'elle le regarde mais elle observe le sol. “ Sorry. — Don't be sorry. ” Le sourire s'est envolé, le ton badin aussi: il est sincère, honnête, les nerfs à vif, écorché et retourné dans tous les sens. C'est... impossible. Tout simplement impossible.

Mais pourtant c'est la vérité. Ils vivent dans un monde de magie et de dragons, ils viennent de sortir d'une Guerre qui a férocement essayé de tout leur arracher. Mafie l'aime. Bizarrement, ça lui semble être la chose la plus impossible qui lui soit jamais arrivée. “ I feel the same way about you, ” qu'il lâche brusquement. Il se sent rougir, machinalement, et détourne les yeux avant de les tourner de nouveau sur elle, les braquer sur son visage, pour soutenir son regard si elle ose lever les siens aussi. “ I thought... I don't know. I freaked out because it just seems... I'm truly not great. But you are, Mafie. And I just-- ” Comment lui expliquer tout ce qu'il ressent? Le calme et l'excitation et la sérénité et le désir de changer mais aussi le côté survolté qu'elle réveille en lui, l'Alec qui a envie de faire bouger les choses, d'avancer, de faire quelque chose, qui a pris un rendez-vous chez le psychomage et qui n'arrête pas de regarder la brochure du SAWL Center entre deux bananes dans le panier de fruits. Comment lui expliquer qu'il a un problème et qu'il a des problèmes et que des fois il sait pas où il est, ce qu'il fait, ce qu'il se passe mais qu'elle? elle c'est le vrai nord vers laquelle son compas intérieur est toujours pointé. Elle c'est la seule chose véritable dans ce monde, tangible.
Comment lui dire ça? “ I love you so much I feel like I might burst from the intensity of it. I mean it. But it's just... it all gets tangled in my head sometimes. What I feel and what I'm supposed to feel and sometimes it's too much and sometimes it's not enough but I don't- I can't put you through this. I'm sick in the head, Mafie. I'm not easy and I'm not great and I'm not normal and I just- I just wish there was a way for me to show you everything that I feel about you. I freaked out because you're scaring me. You're amazing and talented and granted, you're a terrible singer and I'm just — me. But there's no one I would rather argue about the basicness of pumpkin spice lattes with. ” Comme ça.

“ Don't be sorry. ” Elle l’est pourtant, pour lui de le mettre dans cette situation inconfortable, pour elle aussi, beaucoup, désolée d’être si naïve, désolée de s’attacher si vite, même si elle est à peu près sûre d’avoir été amoureuse avant même qu’il ne l’ait embrassée ce matin-là dans son lit. Il n’y a que ça pour expliquer l’acharnement qu’elle a mis à essayer de passer à autre chose après qu’elle ait cru leur amitié brisée. Il n’y a que ça pour expliquer, Ibiza et MSN et Neville et Greg. Il n’y a que ça pour expliquer les pots de glaces et l’alcool. Il n’y a que ça pour expliquer ses larmes quand il l’a mise hors de son appartement. Mais il serait faux de dire que ses sentiments n’ont pas changé depuis, qu’ils n’ont pas grandi, explosé dans sa poitrine, comme si, dans son déni, elle avait réussi à véritablement en enfouir une partie très au fond derrière son myocarde et qu’une fois les lèvres d’Alec posées sur les siennes, ces sentiments prisonniers avaient été lâchés dans la jungle de sa poitrine, renforcés ensuite un peu plus chaque jour, à chaque message, à chaque sourire, à chaque caresse. Elle a plus pleuré cet après-midi que sur les deux derniers mois, mais elle a déjà envie de s’y remettre. L’effort pour ne pas laisser échapper de larmes devant lui est considérable. “ I feel the same way about you” Elle relève aussitôt le regard vers lui, pas parce qu’elle est soudainement libérée de tout ce qui pèse si fort dans sa poitrine, mais parce qu’elle est surprise, parce qu’elle ne comprend pas, parce qu’elle n’arrive pas à croire qu’elle a bien entendu. Il ressent la même chose. Il ressent la même chose. Il ressent la même chose. De sa bouche entrouverte rien ne peut sortir qu’un peu d’air étranglé alors qu’elle le regarde les yeux un peu écarquillés. Il ressent la même chose. Mais il a freak out ? “ I thought... I don't know. I freaked out because it just seems... I'm truly not great. But you are, Mafie. And I just-- ” Elle secoue la tête, même si elle n’arrive pas à formuler de pensée cohérente, et n’a de toute façon pas le temps d’essayer; “ I love you so much I feel like I might burst from the intensity of it. I mean it. But it's just... it all gets tangled in my head sometimes. What I feel and what I'm supposed to feel and sometimes it's too much and sometimes it's not enough but I don't- I can't put you through this. I'm sick in the head, Mafie. I'm not easy and I'm not great and I'm not normal and I just- I just wish there was a way for me to show you everything that I feel about you. I freaked out because you're scaring me. You're amazing and talented and granted, you're a terrible singer and I'm just — me. But there's no one I would rather argue about the basicness of pumpkin spice lattes with. ”

C’est tellement d’un coup, ça la retourne complètement. Elle voudrait savoir quoi dire, elle voudrait être à la hauteur de sa déclaration au lieu de quoi, elle s’avance pour — essayer, mais elle n'est pas milf pour rien — d’enfouir son nez dans sa nuque, entourer ses bras autour de lui et se créer un coin dans les siens à côté du pot de poulet frit. Et au lieu de parler elle serre juste fort, très fort, aussi fort qu’elle peut le faire, elle serre aussi fort qu’elle l’aime, aussi fort qu’elle refuse de le laisser s’éloigner sous prétexte qu’il n’est pas normal comme il dit, sous prétexte qu’il n’est pas assez bien ou whatever, parce que c’est la plus belle connerie qu’elle a entendu depuis bien longtemps ça. Elle pourrait lui dire qu’elle sait. Elle pourrait lui dire qu’elle a fait ses recherches et qu’elle sait, sans se douter qu’elle sait même peut-être plus que lui, même si ça ne veut pas dire qu’elle comprend, ni sait vraiment ce que c’est dans sa tête, mais elle sait et elle n’a pas peur et elle s’en fout. “ Fuck normal! ” Elle sait et elle veut l’aider, pas parce qu’il n’est pas assez bien comme ça pour elle, mais parce qu’il a besoin d’aide et c’est pas une honte et même si elle ne peut pas la prodiguer elle-même, elle sera là pour lui tenir la main, s’il le veut. Et puis qu'est-ce que ça veut dire "être normal" de toute façon ce n'est pas parce que son psyché est pas fait tout à fait comme le sien, qu'il vaut moins. Et peut-être qu’il est malade, mais et après ? On abandonne pas les gens parce qu’ils sont malade; on les aide. “ I want you.” L’odeur de l’huile qui semble suinter du carton même que tient Alec dans les bras, lui fait froncer le nez, mais elle ne se détacherait pour rien au monde.

“I love you.”  Et ça change rien qu’il soit peut-être bipolaire. Elle ne vient pas de le rencontrer, elle le connaît depuis longtemps, elle essaye de le comprendre depuis longtemps, elle voit à travers les blagues depuis longtemps, elle sait les hauts et les bas, même s’il n’y a que maintenant qu’elle commence à saisir ce à quoi ça correspond — périodes maniques et dépressives — elle sait et elle est tombée amoureuse d’Alec comme ça, qu’il soit high ou low et même si elle n’est pas très patiente comme fille, elle peut faire un effort pour lui, elle fait un effort pour lui depuis le début (pour pas tout gâcher, puis pour le comprendre, puis pour pas lui en vouloir, puis pour pas tout gâcher encore et encore). “ You’re so brave Alec, honestly you’re so brave and it’s like you don’t even know it.”  Elle se souvient de la force avec laquelle il a serré ses doigts pendant le procès d'Appleton. Peut-être qu'il avait eu besoin de soutien, toujours était-il qu'il avait eu le courage et la force d'y aller alors qu'elle, elle ne peut pas imaginer bien sûr, c'est difficile, mais à sa place elle n'est pas certaine qu'accompagnée ou pas elle ait pu trouver en elle de quoi tenir dans la salle d'audience. “ I don’t care about easy I care about you and I want you to feel better…more in control?” Elle a peur de dire des bêtises, elle n’est pas professionnelle et, si elle se souvient exactement des mots qu’elle a lu, ça ne veut pas dire qu’elle peut se mettre à sa place un seul instant. “Not for me, but for yourself… I want you to use that beautiful brain of yours to full capacity and I just want you to be ok.” C’est ça qui lui fait peur, si quelque chose doit l’effrayer chez lui, elle a peur quand il ne mange pas et ne dort pas, elle a peur quand il répond pas à ses messages ou quand il disparaît à Poudlard. Elle a peur quand il n’arrive pas à sourire derrière son pumpkin spice latte. Et elle déteste quand il se dénigre. Elle s’écarte pour porter un doigt à sa tempe comme si ça pouvait aider à apaiser et défaire ces nœuds dont il parle. Elle sait qu’il peut être brillant s’il veut Alec. Il n’y a qu’à lire les essais qu’il lui a écrit quand il essayait de se faire pardonner, bourrés de références et de réflexion; la manie l'a fait écrire, mais elle ne lui a pas inventé une intelligence.

“I’m scared too you know.” C’est la première fois qu’elle ressent ça pour quelqu’un. Elle a connu une obsession pour Nott et des crush à foison par-ci par-là. Mais ce qu’elle ressent pour Alec c’est mille fois plus fort que ces dernier et totalement différent de Theodore et ça lui fait peur mais ça lui fait aussi tout chaud à l’intérieur et elle adore l’avoir près d’elle et savoir qu’il l’aime c’est la plus belle chose qu’elle ait jamais entendu et elle voudrait l’entendre tous les jours, certaine qu’elle ne s’en lassera jamais. “But in a good way.” Kinda. Elle a peur mais c’est merveilleux alors c’est a good scare, tant qu’il lui brise pas le cœur. “Now get in.” Parce que cette conversation a eu lieu la porte ouverte depuis le début, avec Alec dans le couloir, bien en vue du judas de sa voisine et, well, elle n’a plus de raison de lui refuser l’entrée et toutes les raisons du monde de vouloir un peu d’intimité. Elle tire sur la veste de son costume ridicule pour l’attirer à l’intérieur alors qu’elle même recule et claque la porte derrière lui. “Have we done all the talking you wanted? ” Fait-elle en lui ôtant le poulet des mains pour le poser sur le comptoir de la cuisine avant de se retourner vers lui les sourcils tressautant dans une danse ridicule et taquine, un sourire radieux étalé sur ses lèvres ; he loves her. Et s'il veut encore parler, elle veut bien, mais elle peut penser à une dizaine de choses qu'elle voudrait faire pour fêter ça, à commencer par se moquer comme il se doit de son costume (et de son choix de nourriture) et peut-être, pourquoi pas, s'en débarrasser sur le sol de sa chambre aussi.

Il a l'impression qu'il est écorché à vif, qu'il n'existe plus, qu'il n'est qu'attente et impatiente et peur, terreur à l'idée que ce soit... too much too soon, comme elle-même semblait le craindre. Sauf que là, c'est pas trois petits mots qu'Alec a dit à Mafie, c'est une putain de déclaration avec des mots qui se sont imposés à lui, qu'il ne réfléchit même pas, qui s'additionnent sans qu'il ne puisse les arrêter. Il sait qu'ils sont vrais. Au moment où les phrases se tissent et les mots se succèdent, il sait que ce qu'il dit est vrai et il a l'impression qu'un énorme poids fait s'affaisser sa poitrine parce que c'est beaucoup, c'est même trop et c'est angoissant tout ça, il ne sait pas exactement comment on fait quand on ressent tant de choses. Il aimerait tellement montrer à Mafie ce que c'est, d'être dans ses pompes, dans sa tête. Combien c'est douloureux, déroutant, terriblement effrayant. Surtout quand elle est dans les parages et que brique par brique, il essaie de construire un homme qu'il n'est pas, tout ça pour elle.
Il a l'impression qu'il est vide, bizarrement, qu'il a un énorme poids sur la poitrine mais qu'il est vide à l'intérieur, qu'il va se dégonfler comme un ballon de baudruche jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien, jusqu'au néant. Mais non. Non, parce que soudainement, Mafie s'approche et Alec, qui se tient toujours très rigide et immobile, appuyé contre l'encadrement de la porte, ne bouge pas jusqu'à ce qu'elle passe les bras autour de lui et que lui passe celui qui tient l'enveloppe dans son dos, fermant les yeux pour profiter de l'étreinte.
Peut-être... peut-être que ce n'est pas trop. Peut-être que c'est juste... eux. Extra et dramatiques et excités et incapables de rester trop longtemps loin de l'autre. “ Fuck normal! ” Ouais. Fuck normal. Alec se sent sourire, un sourire moins triste qu'avant, son bras passant autour de ses épaules pour la serrer un peu plus contre lui. Il aimerait disparaître dans ses bras.

“ I want you. ” Il sait pas pourquoi ça sonne si faux à ses oreilles. C'est étrange. Il sait, pourtant, quelque part, que c'est une mauvaise partie de son cerveau qui parle, et non celle qui sait que même si elle est un peu menteuse, Mafie, mais pas comme ça, pas avec lui en tout cas... Et il entend la sincérité dans sa voix, la détermination féroce dans les bras qu'elle a noué autour de lui.
Elle le pense. Elle le veut lui, pour lui. Elle- “ I love you. ” -elle l'aime. Elle l'aime? Elle l'aime. Un long frisson l'agite, des pieds à la tête, elle doit le sentir dans leur étreinte. C'est... absurde. Elle est sûre d'elle. Comment peut-on être sûr de soi dans ces moments comme ça? Comment peut-on simplement dire ça, et le penser, et être convaincu que tout va bien aller? Alec a peur. Parce qu'il lui a menti pour Kala, parce qu'il va lui mentir encore pour Kala. Il a peur parce qu'un jour il va pas répondre à ses messages et elle va se vexer, il a peur parce qu'un jour il va être infect avec elle et lui servir des couleuvres sans pouvoir s'en empêcher pour l'éloigner de lui. Il a peur.
Et elle elle est toute calme, contre lui, sûre d'elle, soutien indéfectible. Il se souvient du procès d'Appleton, il se souvient de ses mains à lui serrant et tremblants et incapables de s'arrêter ou de la lâcher; mais il se souvient aussi de ses mains à elles, qui n'ont pas bougé, n'ont pas faibli.

“ You’re so brave Alec, honestly you’re so brave and it’s like you don’t even know it. — I'm n-- ” Il fait taire la protestation dans un grognement, sachant pertinemment que ça ne mènerait à rien, qu'elle restera sur ses positions et lui sur les siennes. Il aimerait, il aimerait tellement-
Peut-être qu'elle a raison. Pendant un instant, Alec se projette dans cette idée, ce désir, ce rêve. Il aimerait tant se voir dans les yeux de Mafie. Il aimerait bien savoir ce qu'elle peut lui trouver, à part le fait qu'il est littéralement une machine à amour pour elle et euh, l'expérience? les filles aiment les mecs plus âgés non? “ I don’t care about easy I care about you and I want you to feel better…more in control? ” Il ne peut s'empêcher de renifler. Il n'y a pas de contrôle pour les gens comme ça. “ Not for me, but for yourself… I want you to use that beautiful brain of yours to full capacity and I just want you to be ok. ” Il ne dit rien. Il a pressé son nez et sa bouche et son menton contre son crâne, dans ses cheveux, machinalement, les yeux toujours fermés, et dépose un baiser dans ses cheveux blonds. “ I'm ok when you're around, ” dit-il à mi-voix. “ Not in control but... ok. ” Il a l'impression d'en dire trop. Il se doute qu'elle... sait. Qu'au moins, elle se doute. Mais ça reste difficile d'en parler. Il n'y a jamais eu Kat qui a su.
Kat...

“ I’m scared too you know. ” Il est pétrifié et terrifié et oui lui aussi a peur. Il aimerait qu'elle n'ait pas peur mais il ne sait même plus comment ne plus avoir peur. Animal de proie. “ But in a good way. ” Il sourit en coin, se détache légèrement en même temps qu'elle, lui adresse un petit sourire. Existe-t-il réellement une bonne peur?
Non. Mais il existe des peurs qui ne sont pas fatales, et celle-ci en fait partie.
(Même si il se refuse à penser à l'idée qu'un jour, toutes ses peurs se réaliseront. Elle se rendra compte qu'he ain't shit, elle l'abandonnera, lui rira au nez. Et alors là, qu'est-ce qui ne sera pas fatal?) “ Now get in. ” Il regrette presque de porter ce costume stupide; pas d'avoir amené de la nourriture à emporter ceci dit, il se voit mal sortir en cet instant précis. Il veut juste passer du temps avec elle. Se faire pardonner d'être nul. Encore. Jusqu'à être de nouveau en paix avec ses pensées. “ Have we done all the talking you wanted? — I think, ” dit-il en posant ses deux mains sur sa taille pour l'attirer jusqu'à lui, après avoir été débarrasser du pot de dirico frit, un sourire en coin hésitant mais satisfait trônant toujours sur sa bouche, qu'il approche de celle de Mafie, “ fantastic foreplay, ” rit-il légèrement avant de l'embrasser doucement.

Il se rendait pas compte, jusqu'à maintenant, qu'il y avait encore ce poids sur ce coeur, depuis sa déclaration grandiloquente et stupide. Quand elle répond à son baiser en passant ses bras autour de son cou, il se sent plus léger, moins... moins lourd, moins nul, moins pataud et inutile. Il aimerait qu'elle le tienne toujours comme ça, qu'elle le regarde toujours comme ça, qu'elle l'embrasse toujours comme ça. Il aimerait ne plus jamais avoir à sortir d'ici, ne plus jamais avoir peur de la décevoir, il aimerait-
Il aimerait tellement de choses, mais Alec sait qu'il doit déjà être reconnaissant d'avoir ce qu'il a. Ça semble beaucoup trop pour lui. Il n'a pas l'impression de le mériter. Mais il l'a quand même, alors il est heureux.

“ I meant it, ” murmure-t-il contre ses lèvres, avant de reculer un peu son visage pour la regarder et se répéter: “ I meant it. Every word. ” Sa main se lève d'elle même pour aller effleurer sa joue, très légèrement, alors qu'il se détache un peu plus parce que déjà: “ wait, did you do your homework? ” mais ensuite: “ also I need me some fried diricawl, did you have dinner already? ” mais surtout: “ can we patch homework and make out on your couch? ”

“ I think ” Good, ils sont enfin sur la même longueur d’onde il faut croire, puisque ses mains attrapent sa taille “ fantastic foreplay ” qu’il rit avant de l’embrasser; well, au moins ils ont réussi à se dire ce qu’ils ressentent et elle n’arrive pas à s’arrêter de sourire contre ses lèvres, sourire du naturel avec lequel elle passe ses bras autour de son cou. L’embrasser c’est incroyable et normal à la fois et après les mots qu’ils ont échangé ses lèvres semblent avoir un goût meilleur encore qu’à leur habitude. Il l’aime. Il l’aime ! Elle voudrait le dire au monde entier. Elle a une petite moue quand il se détache, mais celle-ci disparaît quand il souffle contre ses lèvres “ I meant it ” Et elle sourit de plus belle, même s’il s’écarte un peu plus. “ I meant it. Every word. ” Ça lui fait vraiment bizarre à Mafalda, aussi bien la main qui effleure sa joue, que sa déclaration que son assurance maintenant, ça lui fait bizarre d’être aimée par quelqu’un d’autre que sa famille déjà et puis par lui surtout, aimée vraiment, ça lui fait bizarre, comme si elle pourrait jamais vraiment s’y habituer, mais un bon genre de bizarre, un qui crée des plis aux coins de ses yeux parce qu’elle sourit trop grand. Il lui a dit beaucoup, il lui a dit surtout I'm ok when you're around, Not in control but... ok. Et ça lui semble être une responsabilité non négligeable, mais une qu'elle accepte sans hésiter, parce qu'elle veut qu'il aille bien, qu'il soit ok au moins et si sa présence peut aider, même un peu, c'est… C'est plus que ce qu'elle aurait jamais pu espérer. “So did- — wait, did you do your homework? ” Un quart au moins de son sourire s’évapore au mot devoir, pas qu’elle ne soit pas une élève studieuse qui adore faire ses devoirs en pensant au prochain O qu’elle va avoir pour montrer qu’elle n’a pas perdu son temps on the run mais elle estime avoir mieux à faire là tout de suite. “ also I need me some fried diricawl, did you have dinner already? ” Elle secoue la tête, mais n’a pas le temps de répondre qu’il enchaîne déjà. “ can we patch homework and make out on your couch? ” Les bouts de sourire disparus réapparaissent soudain. Truer words were never spoken, qu’il lui semble. Elle rit un peu de son manque de résolve, mais elle l’aime bien comme ça, surtout si c’est pour ditch les devoirs et make out. “ Who cares about homework Alec seriously?” Mais elle sait que lui il y tient, ou semble y tenir, avec ses règles stupides — il ne vient pas chez elle si elle n’a pas terminé…ce qu’il ne faut pas entendre. À croire qu’il a peur qu’elle abandonne ses études pour lui, comme si c’était son genre.

“ Chill yeah? I’m like so in advance I’ve already started next week’s assignements.” Reprendre la septième année quand on a quitté l’école au milieu de la cinquième n’est pas une mince affaire, but then elle n’est pas une étudiante tout à fait ordinaire, elle en a d’ailleurs parfaitement conscience ; il le faut pour oser se lancer dans les BUSES et les ASPICs tout à la fois. Le “léger” complexe d’infériorité qu’elle a gagné pendant la guerre prend toute son importance dans le domaine scolaire aujourd’hui, elle a besoin de prouver qu’elle peut le faire, qu’elle peut réussir, qu’elle peut rattraper le temps perdu. “I haven’t had dinner yet no.” Et elle n’en avait pas vraiment l’intention, ayant eu la flemme même de commander à manger, mais maintenant qu’il a ramené du poulet, elle ne dit pas non. “So dinner and make out session, in which order?” Elle n’attend toutefois pas la réponse pour reprendre le bucket de diricawl et d’aller vers le salon où elle se jette sur le canapé pose le pot sur la table basse et fait signe à Alec de s’asseoir à côté d’elle. La MirrorTV est toujours en marche, elle est restée sur la dernière chaîne qu’elle zappait, bloquée sur une rediffusion de Sipping Tea with Imane. Mafalda est une grande fan de la Mama Zabini et ne s’ennuie jamais pendant ses émissions, malgré tout elle attrape déjà sa baguette pour changer de chaîne et essayer de trouver un film quelconque, il y a de la pub sur Netwitch, elle laisse ça en attendant de voir ce qui est diffusé. Quand Alec s’assoit elle s’approche jusqu’à poser la tête sur son épaule et ses jambes sur ses genoux, à moitié installée sur lui, mais lui permettant quand même de regarder l’écran et d’attraper les wings. Distraitement elle porte ses lèvres à son cou, qu’elle peut au moins atteindre dans cette position et y dépose un baiser, puis un autre, juste parce qu’elle a envie, jusqu’à parce qu’elle a le droit, si étrange que ça puisse encore lui paraître et d’une main pioche dans le bucket pour attraper un bout de poulet. “Good choice of food by the way.” Elle ne s’en nourrirait pas quotidiennement non plus, mais elle aime son Diricawl hebdomadaire. “Great choice of outfit too.” Rit-elle un peu en tirant doucement sur son nœud papillon de sa main libre. “ I liked it the first time I saw you in it” À Dublin, quand elle était si contente de le revoir malgré son abandon inexpliqué à Poudlard. À Dublin quand ils se sont pris la main et quand il l’a enlacée pour lui dire au revoir. C’était pas grand chose, mais à l’époque ça lui paraissait être beaucoup. Peut-être que c’est un lucky suit…pour elle en tous cas. “but you still can’t seem to be able to find the proper occasion to wear it.” Il est à peu près sûr et certain que d’ici la fin de la soirée, des tâches de graisses viendront tenir compagnie à la petit tache de sang sur le col. Elle fait attention quand même en croquant dans son morceau de poulet, elle ne voudrait pas être responsable de la première tache.

“ Who cares about homework Alec seriously? ” Alec prend un air très offensé, levant les yeux au ciel légèrement avant de sourire en coin. “ I do and you should do too, young lady, ” dit-il du ton le plus condescendant et stupide de son répertoire, ceci dit, il ne peut pas s'empêcher de sourire, montrant bien que c'est bel et bien de la mock-offense et rien d'autre. “ Chill yeah? I’m like so in advance I’ve already started next week’s assignements. ” Il lève le yeux au ciel, en se rappelant que c'est vrai que Mafie est (d'après elle) une tête. Il n'a jamais eu l'occasion de la voir en action, ils étaient en même temps à Poudlard mais ne sont jamais adressés la parole à cette époque (normalement, ils ont cinq ans de différence) (holy shit, cinq ans de différence) (il préfère ne même pas y penser parce que ça lui fait tout bizarre quand même), mais apparemment, en plus d'être une nerd avec un nerd brain, elle adore les études. Elle est en train de prendre les BUSE et ses ASPIC en même temps et même si il la charrie tout le temps sur le fait qu'elle bosse trop (ou justement pas assez), il est très impressionné et fier d'elle, au fond. Il n'a pas connu la résilience qu'elle a chez beaucoup de gens.
“ I haven’t had dinner yet no. So dinner and make out session, in which order? ” Ça lui rappelle Dublin et il sourit un peu plus. Elle le fait tellement sourire, et c'est un sentiment étrange parce que quand elle est aux alentours, vraiment, Alec se demande comment il fait pour être triste parfois. Parce qu'elle gonfle son coeur et le fait se sentir bien, vraiment bien, comme si il y avait une place pour lui dans le monde et qu'il s'y trouvait: à ses côtés.

Ça lui rappelle Dublin. Il a l'impression que c'était il y a une éternité, Dublin. Il portait la même tenue mais la situation était différente. “ Hmm... ” fait-il mine de réfléchir, en arquant un sourcil et posant deux doigts sur son menton. “ I think I know... ” il fait mine de se pencher en avant pour l'embrasser mais elle se dérobe et avec un sourire en coin, il la suite jusqu'au canapé. Il prend place à côté d'elle, après avoir enlevé sa veste. Il a toujours l'air un peu trop formel dans sa chemise blanche bien repassée et surtout, avec le noeud papillon céruléen qui lui ceint le cou mais il trouve ça drôle, et ça semble approprié de porter ça en cet instant précis, il trouve en tout cas. Non? Elle lance ses jambes sur ses genoux et machinalement, Alec pose une main sur sa cuisse, proche de son genou, sans réfléchir, pressant sa joue contre son crâne. Elle le rend tellement calme. Avec elle, il est survolté et calme à la fois. Il est véritablement la meilleure personne qu'il ne sera jamais quand il est avec elle.
“ Good choice of food by the way. ” Il a frissonné avec les baisers qu'elle a déposé dans son cou, son pouce se déplaçant de quelques millimètres sur sa cuisse. Il est hyperconscient du chacun de ses mouvements. “ Great choice of outfit too. — I sense... mockery in your tone, ” fait-il pour se concentrer sur autre chose. “ I liked it the first time I saw you in it but you still can’t seem to be able to find the proper occasion to wear it. ” Who wears formal suits anyway? Il hausse les épaules. Il n'a jamais porté que des robes de sorcier, ou presque, jusqu'à la fin de ses études à Poudlard.

Alec n'a plus vraiment faim, se rend-t-il compte. Il se penche en avant pour attirer son attention. “ But you like it, ” il murmure au visage de Mafie, avec un petit sourire insupportable. “ You like me, ” rajoute-t-il même avant de l'embrasser et ses lèvres ont le goût un peu épicé du dirico frit mais il trouve ça amusant, jusqu'à ce qu'il se détache brutalement pour la regarder dans les yeux, comme si un courant électrique l'avait traversé tout d'un coup. Il a glissé mindlessly les ticket spour l'EWS dans la poche de sa veste et il se penche pour la récupérer sur le bras du canapé, donnant l'enveloppe à Mafie. “ Here. ” Ça lui a coûté une fortune. Mais il sait que ça va la rendre heureuse, malgré tout. “ I know it's a bit, uh, excessive but, errr... ” Il ne sait pas trop comment dire. Il hausse une épaule. “ I mean, I'm 200% certain you participated to that StF prize competition so maybe you'll win two more tickets but I just... yeah, one of my pals was selling them and I just figured... ” Il se perd dans son explication, grimace légèrement. Il se rend bien compte maintenant que payer l'équivalent de son loyer prochain pour deux tickets afin d'aller à un concert auquel elle n'a même pas dit explicitement qu'elle voulait aller est en fait plus qu'excessif. “ Whatever, ” marmonne-t-il, se penchant pour lui embrasser la joue, la mâchoire, pour détourner la conversation et la faire se focaliser sur autre chose.

Il y a quelque chose de naturel dans la position de Mafalda tout contre Alec, même si c’est nouveau et qu’elle n’a jamais eu de boyfriend — ni girlfriend d’ailleurs — avant lui, même s’ils ne sont pas ensemble depuis longtemps et qu’elle découvre encore plein de choses, il y a quelque chose de normal, quelque chose de juste right, qui fait qu’elle est parfaitement à l’aise et juste bien, même si sa main sur sa jambe lui donne la chair de poule et qu’elle est consciente de la moindre avancée de son pouce sur sa cuisse et qu’elle essaye tant bien que mal de se concentrer sur la wings qu’elle est en train d’achever pour ne pas être tentée de brûler l’étape dîner. “ But you like it ” bien sûr, parce que ça lui rappelle Dublin, la première fois qu’ils se sont revus après la guerre, la première fois qu’elle a pris sa paume dans la sienne, la première fois qu’ils ont bu un verre ensemble, la première fois aussi qu’ils ont parlé sans se charrier, parce qu’il s’est excusé d’être parti sans dire au revoir, et puis qu’il a eu peur d’une voiture et qu’elle a essayé de lui remonter le moral. Le croiser au marché de Noël de Dublin ce jour-là, ça avait été une des meilleures surprises que la vie lui avait offerte et cette journée était gravée dans son cœur. “ You like me” elle secoue vaguement la tête, understament of the year, pourrait-elle lui dire, mais elle n’en a pas le temps, parce que ses lèvres sont trop vite occupées par celles d’Alec, elle passe une main sur sa nuque dans l’espoir d’intensifier le baiser, mais il s’écarte brusquement, la laissant un peu haletante et surtout confuse. Il cherche un truc dans sa veste et lui tend finalement l’enveloppe qui, elle le sait, contient les billets qui ont provoqué son aveu un peu plus tôt dans l’après-midi, lui faisant passer une journée totalement nulle, mais la rendant si heureusement maintenant qu’elle est dans ses bras. Elle les a presque oublié pourtant: ils ont été totalement éclipsés par la déclaration d’Alec.

“ Here. ”  Elle lève deux doigts comme pour attraper l’enveloppe, presque timidement, mais elle ne le fait pas, elle se rappelle de sa surprise et de sa joie quand il lui a envoyé le snapky. Elle aurait pu hurler dans les couloirs du CEPAS. “ I know it's a bit, uh, excessive but, errr... ” Elle hoche la tête, c’est carrément excessif, c’est carrément trop, elle ne connait pas les prix des billets mais se doute que ça doit être une fortune, c’est même pour ça qu’elle n’a pas osé regarder et s’est concentrée sur le jeu organisé par Shape the Fun, alors même qu’elle n’a généralement pas de chance avec ces choses-là. C’est carrément trop et elle s’en veut de sourire si grand et s’en veut pour l’éclat qu’elle peut presque sentir dans ses yeux, parce qu’elle ne devrait pas montrer sa joie, ni accepter. il ne devrait pas dépenser autant pour elle. “ I mean, I'm 200% certain you participated to that StF prize competition so maybe you'll win two more tickets but I just... yeah, one of my pals was selling them and I just figured... Whatever ” Il a l’air un peu…elle ne sait pas trop, embarrassé ? Elle ne sait pas trop, mais c’est mignon et ça la fait sourire un peu plus alors que de l’enveloppe ses yeux volent vers le regard d’Alec mais déjà il se penche en avant pour embrasser sa joue et descendre vers sa mâchoire et ses doigts s’agrippent spontanément au col de sa chemise, mais elle le repousse légèrement en riant. “This, Alec this is amazing…I did participate, I really want to go… I can’t believe you did this for me it’s…” Elle va à l’EuroWiz’sing. ELLE VA À L’EWS voir les WAND DIRECTION en LIVE en FRANCE avec ALEC. Est-ce qu’on peut un jour lui faire un meilleur cadeau que ça ? C’est presque trop d’un coup alors qu’il lui a annoncé ça il y a plusieurs heures déjà. Mais tout l’après-midi, elle les croyait presque rompus alors c’est vrai qu’elle a oublié les billets ou en tous cas ne s’imaginait plus qu’elle y aurait droit — et c’était franchement ce qui la rendait le moins triste de tout. “ It’s waaaaaay too much! I mean it must have been hella expensive, I don’t…” Elle fronce les sourcils. Elle les veut vraiment les billets, sans mentir, parce que déjà faire le voyage avec lui et aller à Paris… elle ne peut s’imaginer une meilleure façon de passer son weekend. Mais si en plus on ajoute à ça voir les Wand Direction et assister à l’EuroWizsing…et…est-ce que y a un pass backstage avec ses tickets comme dans le cadre du concours ? Et est-ce qu’elle peut retirer sa participation alors ? Ou non, songe-t-elle, il vaudrait mieux qu’elle gagne et qu’ils revendent les places et y aillent gratuitement. Ouais. “Are you sure about this?”  Du col de sa chemise ses doigts grimpent sur son cou jusqu’à atteindre le coin de ses lèvres qu’elle caresse doucement, tirant légèrement sur la peau de sa joue. “ I meant it though, you’re the best boyfriend for having even thought of it, and I love you.” Elle avance un peu son visage vers le sien, leurs nez se touchent presque. “ Tickets or no tickets.” C’est quasiment impossible, mais elle ne voudrait pas qu’il croit qu’elle n’est avec lui que parce qu’il lui a dit qu’il connaissait Hazza, ça serait complètement débile et faux, mais elle se demande si elle ne les a pas un peu trop complimenté devant lui et c’est vrai qu’elle ne sait pas comment elle réagira si elle doit rencontrer le groupe en entier (rien que d’y penser elle panique) mais elle sait qu’elle sera bien contente d’avoir Alec à côté d’elle, et ses doigts mêlés aux siens quand elle…tombera dans les pommes très probablement. Et puis, elle pose ses lèvres contre les siennes, très légèrement, comme une caresse d’abord avant de passer les bras dans son cou et d’approfondir le baiser, le dirico complètement oublié pour sa part.