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sujet; You still make me smile, even if you're the main reason why I'm sad. (Maksim & Magda)

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E
lle souffle. Souffre. Magdalena se balance sur sa chaise, lentement, serrant son corps mince dans ses bras trop fins : son visage est figé dans un rictus affligé, alors qu'elle imagine ce que serait sa vie avec un bambin.
A côté, sur une table basse très élégante, se trouve la gazette du sorcier. Et avec elle, la Russe a eu des envies de meurtres, envie de l'assassiner. Maksim, son aimé. Elle ne se souvient même plus du nom des coqueluches avec lesquelles l'on raconte qu'il aurait passé la nuitée. Tout ce qui compte, c'est la jalousie qui lui vrille les entrailles, qui la bouffe, la tenaille. Pourquoi aujourd'hui est-il différent des autres jours ? Pourquoi ne peut-être pas faire fi de cette découverte, qui n'est pourtant pas si nouvelle ? Sans doute la belle n'aime-t-elle pas que les aventures de son époux soient affichées au grand jour.
Sans doute en a-t-elle assez d'être sans cesse délaissée au profit des autres, des plus intéressées. Le regard dans le vague, l'ersatz berce l'enfant qu'elle n'aura jamais, sans oublier de le blâmer : leur vie de couple, peut-être, serait demeurée entière si jamais Maksim avait pu avoir une héritière. Un enfant, quel qu'il soit...
Elle se souvient avec nostalgie, avec envie, du moment où son désiré lui avait murmuré ô combien il l'aimait. Qu'il lui avait demandé, plein d'espoir et d'attente, sa main si demandée. Elle se souvient avec un sourire tordu des efforts que lui avait demandé Maksim, lorsqu'il lui avait promit qu'il ferait d'elle sa femme si seulement elle arrivait à maîtriser sa flamme, son ardeur pour les drogues, l'Orvétian, quelque chose qui ne sied pas aux dames. Cela avait été une tâche ardue.
Et lui. Lui. Tout ce qu'il parvient à faire pour la récompenser, c'est l'abandonner. La laisser seule dans la maisonnée trop grande, en seule compagnie de Nhÿx qui ne lui procure que de l'inimitié. Tout ce qu'il fait, lui, c'est la tromper.
Et elle le sait.
Mais de plus en plus, c'est un fait qu'elle ne parvient plus à supporter. Son corps diaphane maigri de plus en plus, souffrant d'amour et d'envie. Elle s'humecte les lèvres alors que les sanglots montent dans son œsophage : un enfant aurait tout changé. Il aurait été sage, aurait rapproché les deux amants, comme des aimants.

Elle se lève, bien décidée à le lui faire regretter.
Si elle n'apprécie pas les liaisons que les journalistes se plaisent à lui prêter - et qui sont, bien trop souvent, vérifiées - ce qu'elle ne peut accepter, c'est que Maksim les affiche : il ne cherche pas à les cacher. Et les bruits courent déjà assez sur le mariage Dolohov pour qu'il ne soit utile d'en rajouter. Elle inspire lentement, faisant appel à tout le sang-froid qu'elle puisse contenir dans l'ensemble de son corps dément. Mais même en prenant le temps de calmer ses nerfs à vifs, elle ne ressent qu'un désir irascible de cesser d'amputer son élan agressif.
La poupée tourbillonne alors dans le grand manoir, se plaisant à mettre sur le sol et à briser tout ce qui passe par ses mains abîmées : les toiles qu'elle a pu confectionner, les objets décoratifs qui traînent ça et là et viennent maintenant joncher le sol de leurs bris, et autres horloges et lampes ; tout y passe. Tout trépasse.
Et enfin, enfin. Elle l'entend rentrer à la maison, sans doute las et en proie à la faim. D'un coup d'un seul, elle regrette ses gestes, regrette la pagaille qu'elle a causé. Et d'une certaine façon, elle ne peut que s'en targuer : elle est maintenant la seule de son sang.
Son nom, sa famille, tout va finir avec elle. Il n'y aura plus personne de son rang. Il est donc légitime qu'elle exprime son désarroi et sa déception en les méfaits de son époux, combien même il est fatigué. Elle n'est pas une gazelle dont l'on peut profiter.

- Oh, tu rentres maintenant ? Tu te souviens encore de l'endroit où tu vis... ?

L'agresse-t-elle, à peine passe-t-il l'embrasure de la porte. Elle arrive, le journal à la main, le teint cireux et rougeâtre d'avoir trop ravalé sa jalousie trop forte. Elle lui plaque dans les mains, n'attend pas qu'il l'ait attrapé pour tourner les talons : elle aimerait l'étriper.

- Qui c'est, encore, celle-là ? Demande-t-elle, acerbe, oubliant sa qualité de dévouée. Il semblerait qu'il te plaise que l'on jase à notre sujet, Maksim ! Tout le monde sait déjà que nous n'aurons pas d'enfant, et toi, toi ! Tu te plais à aller dans les bras de ces... ces... traînées !

Elle lui fait face, rouge de rage. Elle l'aime, dieu qu'elle l'aime, et ça la tue d'être ainsi traité comme le dindon de la farce.

- J'espère que tu as passé une bonne soirée, au moins !

Qu'elle hurle, avant de héler Emma, la rebut de son mari afin qu'elle vienne nettoyer les désastres de la furie, de la femme bafouée qu'elle est.
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E
lle se mordille la lèvre, pleine de la culpabilité de lui faire subir ses élans de jalousie alors que son homme semble n'être qu'entre la mort et la vie. Mais, après tout, est-ce tant demander que d'espérer qu'il n'aille plus voir ailleurs, se contente d'elle et qu'elle ne soit plus attristée par ses nombreuses virées ?
Non.
Certainement pas.
Et elle ne compte pas laisser tomber sa quête d'obtenir, un jour, autant d'amour que ce qu'il lui accordait par le passé. Ces éclats de rire partagés. Ces caresses, ces regards enfiévrés. Dieu, que ça lui manque, cette proximité. Sans doute ne se serait-elle pas mariée si elle avait su, avant, ce que l'avenir lui réservait.
Le dédain. La hargne. Tout cela vaut mieux que l'indifférence que lui témoigne Maksim : tout est mieux pourtant que son absence.
Il n'y a rien qui la blesse davantage que de découvrir, au petit matin, que son époux n'est pas même venu dormir. Qu'encore une fois, il a découché.
Au début, elle l'avait cru. Il lui disait, l'encourageait à se laisser duper par les sorties dans le but de son travail et afin de leur assurer, toujours plus, un avenir décent, rêvé. Mais dès lors qu'elle s'intéressait au contenu de ses soirées, il n'était pas vrai.
Bien qu'il ait un talent certain et propice au mensonge, Magda le connaît. Elle sait déceler le faux du vrai. Et Maksim, s'il est vrai qu'il passait quelques soirées à s'occuper de ses affaires - qui, si elles passionnent Magda, ne sont pas réellement un sujet de conversation envisageable - était loin de ne faire que ça.
Oh, la douce Russe sait pertinemment qu'il ne touche pas Emma, malgré toutes les tentatives de celle-ci. Malheureusement, si ses mimines ne pouvaient se cantonner qu'à la Rebut immonde qui est sienne, elle saurait s'en satisfaire ; or, ce n'est pas le cas. Et nombreux sont les numéros de la Gazette qui parlent des aventures superficielles mais réelles de l'homme d'affaire, du dealer à la fortune fournie.
Toujours est-il qu'il paraît épuisé, et que l'âme meurtrie de l'intéressée se fend sous le regard et les paroles fatiguées et usées de son épousé. Elle aimerait lui chuchoter qu'il peut se reposer, qu'elle lui apporterait ce qu'il voudrait s'il le lui demandait. Tout ce qu'elle souhaite, c'est qu'enfin il pose le même regard sur elle que sur les amas de chair dont il partage la couche ; elle aimerait sentir sa bouche.

- Commence pas ? Commence pas ?! Ai-je réellement besoin de te rappeler ce que confiait la Gazette que je t'ai, soit dit-en-passant, gentiment donné ?! Tu as commencé ! Toi, avec toutes ces filles de... de...! De petite vertu !

Elle inspire lentement, ferme les yeux un moment. Il lui faut reprendre son calme, ne pas céder aux mots si révoltants que lui crache son mari. Elle vaut mieux que ça... mais lui aussi. Elle plisse les lèvres, résiste une fois encore à l'envie débordante de se glisser entre ses bras.
Tout oublier.
Juste savourer.
Son étreinte, sa chaleur. Comme ils en avaient l'habitude, à toute heure.
Elle cède cependant à tout calme placide qui aurait pourtant pu être salvateur, qui était son guide ; son reproche quant à l'infertilité de la belle la blesse au plus haut point, quand bien même elle a elle-même mis le sujet sur le tapis.
La gifle part avant même qu'elle ne puisse l'en empêcher. Par contre, elle a tout le loisir de la regretter.
Elle espérait naïvement pouvoir lui faire une scène et qu'il s'excuse, qu'ils passent ensuite la soirée ensemble, elle lui pansant ses plaies. Mais après son geste déplacé... Ca ne restera qu'un rêve, une mélopée sourde dans son esprit tourmenté.

- Je... Maksim... Dé...

Elle s'arrête avant d'avoir déplacé la limite. Oui, elle est désolée, aimerait être pardonnée ; mais elle n'est cependant pas prête à s'humilier pour l'obtenir. Le monde se change peu à peu en anthracite tandis qu'elle ignore quelle position adopter, ou si elle aurait seulement la volonté de continuer à se chamailler alors qu'elle n'a qu'un désir : le retrouver.
Lui, l'amour qu'ils ont auparavant partagé et qu'elle continue d'éprouver.

- D'ailleurs, puisque tu en parles... J'apprécie moyennement que ta soeur continue de vivre chez nous.

Elle a baissé d'un ton, se veut plus douce et soumise ; elle ne l'est pas, mais n'aspire qu'à un peu de paix, quand bien même elle le déteste présentement de rentrer dans un si piteux état et d'avoir affiché aux yeux de tous les sorciers que leur mariage n'était plus si passionné.

- Surtout qu'elle n'a pas l'air de beaucoup bouger de la cave... Elle ne se droguerait pas, par hasard ? L'Orviétan... C'est...

Elle s'humecte les lèvres, évite de penser au bien-être qu'elle ressentait sous l'emprise de la drogue magique. A quoi cela sert-il, finalement, qu'elle ait fait ces efforts si Maksim ne change pas d'attitude envers elle ? S'il n'est plus présent qu'en soirée, pour qu'ils s'éventrent, s'assassinent grâce à des mots acerbes et empoisonnés...
Tout ce qu'elle veut, c'est se sentir exister. Dans ses yeux, et ailleurs aussi ; elle est morte à l'intérieur depuis qu'elle sait qu'elle ne pourra jamais enfanter.

- Et puis... Notre vie de couple en pâtit de sa présence.

Tente-t-elle de se persuader, ne souhaitant que se cacher la vérité d'une union bafouée et aujourd'hui morte et enterrée.
Elle se reprend, chasse ses pensées et s'assoit dans le canapé. Elle dépose un baiser sur la joue de son époux, en faisant attention de ne pas lui faire de mal. Et elle fait comme si il n'avait rien dit ; comme s'il ne passait pas son temps - bien que de manière justifiée - à l'engueuler.

- Laisses-moi t'aider avec ça. Tu te débrouilles comme un manche.

Ronchonne-t-elle en passant ses doigts sur la peau de son amant. Ce contact, bien trop rare, l'électrise et la rend toute chose. Elle se lève, avec un peu d'hébètement. Plutôt que d'appeler Emma, dont elle ne souhaite pas la présence, elle va chercher elle-même une bassine d'eau et du désinfectant ainsi que des bandages qui prendront bientôt une teinte rose. La poupée revient à côté de son bourreau tant aimé et entreprend de nettoyer la blessure, pour ne pas qu'elle suppure.

- Comment tu t'es fait ça... ?

Demande-t-elle, un peu sur la défensive. Ce serait étonnant que Maksim accepte de la pardonner si aisément, mais Magda est combative.
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