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J’avais l’impression que ma vie allait trop vite. Que tout arrivait au même moment alors que pendant plus d’un an, ma vie n’avait été qu’un étendu sans tourmente, une descente, lentement mais surement vers l’enfer. Depuis que je n’arrivais plus à peindre, ma vie s’était effondrée. Ne trouvant ma libération qu’en consommant, en me coupant les ails que j’avais tant chérie. Cette liberté auquel j’avais tout sacrifié s’était retourné contre moi et m’obligeait maintenant à rentrer dans cette cage dorée que j’avais tout faite pour fuir. En cette soirée du début du mois de novembre, je n’avais pu rester plus longtemps à errer dans cet appartement que depuis peu je m’étais mis à détester. Hôte de deux séances de séquestration en 24 heures avait eu raison de mon amour que j’éprouvais pour cet endroit et j’y restais loin le plus longtemps possible. Après une journée à flâner au restaurant de mes parents, me shootant au café et aux caviars que je consommais sans même débourser le poindre galions, j’avais besoin de faire quelque chose n’importe d’autre pour ne plus penser à la proposition que Marcus m’avait fait quelques jours plutôt. Une proposition qui chamboulait tout, que ma situation actuelle m’avait empêché de refuser. Baudelaire se fera remplacer par Flint. Improbable, mais vrai. Marcus me prendrait sous son aile, m’épaulant, me protégeant de tout. J’avais besoin de lui, j’avais besoin de quelqu’un pour m’épauler, pour m’aider à m’en sortir, mais rien n’était encore fait et malgré tout proposition, je restais la Aliss que j’étais. Sans remercier la serveuse qui m’avait servie toute la journée sans poser le moindre commentaire, sans laisser le moindre galion, je sortie en tombe du restaurant pour m’engouffrer dans la nuit venteuse de Londres. J’avais besoin de quelque chose. Parce que pendant trop longtemps je n’avais pas touché à rien. Pendant trop longtemps j’étais clean. Et j’avais besoin de me défoncé, oh comme j’en avais besoin. Je sentie alors l’élancement dans mes poignets, là où les insurgés et Maksim m’avaient séquestrée, me faisant rappeler que je n’avais plus rien. Plus de came, plus d’avenir, plus rien du tout. On me l’avait volé sans se soucier de mon sort, ne voulant que faire passer un message et j’avais dû payer pour eux. Pour tous ces connards d’insurgés qui se prenaient pour Dieu, pour les révolutionnaires de ce siècle. Pour des messies près à tout pour nous délivrer du mal. Pour résultat, nous, simple habitant, victime entre deux camps absorbions leur coups. Nous faisant du mal, tout en nous promettant liberté et futur. Je crachais pour tous ses insurgés, les haïssant pour ce qu’ils m’avaient fait endurer. Je m’étais fait presque martyriser pour eux. Pour leur vole, me faisant porter le chapeau. Victime de deux forces qui s’opposaient. Je n’avais plus rien, plus d’orviétan, ni pour vendre ni pour consommer. Mais surtout, je savais que personne ne voudrait m’en vendre. Sachant probablement que j’étais la cause de la perte considérable dans le marché de l’orviétan. Maksim avait dû faire passer le mot de me garder loin du marché pendant un moment. Supposition hypothétique, mais je ne supporterais pas un non. Je me tenais donc loin des revendeurs. Précaution que je savais vaine. Puis même en désespoir de cause, je me refusais de ramper au pied de Maksim pour en avoir. Je n’étais pas si misérable. Je déambulais dans les rue de Londres, ne sachant réellement où aller. Je ne voulais voir aucun Dolohov, aucun Flint, aucun insurgé, personne qui me ferait me souvenir des nuits douloureuses où j’avais vu ma vie s’effriter en quelques heures à peine. Je passais alors devant le Cabaret. Endroit rêvé pour me changer les idées. Endroit parfait pour me bourrer ou mieux encore, trouver peut-être une dose. Je me trouvais si lamentable, esclave de ce poison que me pourrissait la vie. Je voulais ne plus avoir à faire avec l’orviétan mais on ne peut arrêter du jour au lendemain lorsque ça faisait des mois qu’on consommait, une année même. Peut-être deux. Je ne m’en souvenais plus. Mais peut-importe. J’étais maintenant rendu à ça. Lamentable pour la sang-pur irréprochable que les gens croyait que j’étais. Ô douce ironie. Mensonge après mensonge à tous ceux que je croisais la route. Moi, Aliss Anjou, ainée de cette famille respecté, peintre renommée, artiste accomplie, richissime à souhait. Alors que je n’étais qu’Aliss Baudelaire, peintre qui ne peignait plus, qui consommait comme qu’il vendait, se retrouvant là pour payer les factures. Freinant la richesse aux yeux de tous alors que j’étais presqu’à la rue maintenant. Sans le moindre doute, je passais les portes du bar, rentrant dans cet endroit où tout semblait permis. En ce vendredi soir, la place était bondée et les gens se marchaient les uns sur les autres. L’odeur empestaient la sueur mélanger avec du parfum de mauvaise qualité, sous des relents d’alcool. Sans perdre une minute, je gravis les marches afin de rejoindre le Seventh Heaven, l’endroit réservé à l’Élite sorcière. La place était beaucoup plus calme, peut-être moins enclin à faire la fête, mais au moins, c’était vivable. Je me dirigeais vers le bar sachant pertinemment que ce soir, je ne pouvais rester sobre. . « Je vais prendre un Old Firewhisky, sans glace. Merci » dis-je rapidement en m’accoudant sur le comptoir du bar. Le barman me servit mon verre, un liquide ambré à l’effleure enivrante qu’il posa devant moi. Voyant qu’il attendait quelque chose de ma part, je réalisais alors qu’il patientait pour que je le paie. J’avais bien quelques galions avec moi, mais je les réservais à d’autres services. Sans scrupule, je lui jetai d’un ton sévère . « Mettez cela sur la note des Anjou. » Le barman plissa les yeux en me fixant du regard puis hocha la tête par l’affirmatif. « C’est parfait mademoiselle Anjou. » Comme j’allais quitter le bar, je me retournais vers lui et agressivement je rétorquais. . « Appelez-moi Baudelaire. Mes parents paieront la note ce mois-ci, comme ils le font à chaque moi pour Mademoiselle Anjou qui semble avoir élue quartier général ici. » dis-je violement en parlant de ma jeune sœur. C’était elle, Mademoiselle Anjou. Cela faisait un moment qu’on ne m’avait appelé ainsi. . « Donnez-moi un autre pour la peine. »

Avec mon verre bien remplis, je quittais le comptoir du bar lorsque j’aperçus un visage familier au loin. Sa crinière brune et cet air mystérieux qui ne le quittais jamais, je reconnu les trais de Loki. Lui qui jadis faisait battre mon cœur. Celui, le seul que j’avais pu réellement aimer, mais de par ma faute, je l’avais laissé partir. Ma peinture qui m’avait occupé plus que tout humain. Oui, j’avais fait des sacrifices pour ma peinture et Loki en faisait partie. Rien ne nous disait que cette relation aurait pu fonctionner. Rien ne le laisser présagé, mais pendant quelques semaines, j’avais réellement espérer pouvoir enfin trouver quelqu’un. Pourquoi fallait-il que je le retrouve spécialement ce soir ? Pourquoi fallait-il remuer le couteau dans la plaie après plus d’une année sans le croiser. Me disant que depuis qu’on s’était vu, j’avais bien changé. J’aperçus son visage se tourner vers moi et cette lumière dans ces yeux, signifiant qu’il m’avait bien reconnu. . « Oh Loki. Ça faisait un moment. » dis-je en tentant de dissiper le malaise qui grandissait en moi. Je trempais mes lèvres dans mon verre en ne le quittant pas des yeux. Lui, il n’avait pas changé physiquement, toujours le même. Grand, fort, bestiale. Sombre. Toujours avec cette aura qui ne le quittait pas. Peut-être étais-je la seule à m’imaginer cela, mais Loki dégageait un quelque chose qui le différentiait des autres. Il aurait été un parfait model. Si seulement…. « Comment vas-tu ? Tu as participé au labyrinthe on m’a dit… » Ce maudit labyrinthe que je n’avais même pas assisté. Cette mauvaise blague qui, miraculeusement m’avait fait oublier mon anniversaire. Je ne savais plus quoi lui dire, mais je voulais continuer d’être près de lui. Après tout ce temps, j’avais besoin de prendre de ses nouvelles. Pour ce soir, il était mien. Non je ne le laisserais pas partir. Pas cette fois. Pour quelques heures seulement.


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Le badaud grogne de mécontentement. Babines retroussées, regard perclus qui se meurt contre la façade de meulière, il sent sa gorge s'encrasser d'une ire mal mesurée. Mais qu'importe, ses collègues le poussent et s'esclaffent, prennent ses marmonnements bougons pour une bagatelle, puis dans un élan général le convient à entrer. Loki, alors réfractaire et maussade, siffle son déplaisir en quelques mots : « Je fous pas les pieds là-dedans. », qu'il dégoise sans grande détermination. Ses pupilles se heurtent au balcon du Seventh Heart et battent le fer de l'aigreur : cette conception de l'élite sorcière l'horripile et le tanne. Insupportable perception. Et que ça te met les gens dans les cases, profusion de préjugés battis sur la frustration ambiante, ton de connivence entre les plus nantis. Ca remplit ses poches de gallions et son crâne de conneries sectaires, puis ça se bâtit des murailles suintant le sexe et l'alcool de qualité. Tout transpire le faste, là-dedans. Du verre de cristal à la vodka Grey Goose, en passant par les danseuses et les chiottes de luxe. Comme un traitement en intraveineuse contre la misère puis cristallisé entre ces quatre murs et ce balcon. Greyback humecte sa lippe pour mieux y vomir son aversion, mais ses comparses mangemorts alors avinés par leurs précédents verres l'enjoignent à y entrer : « Allez ! Y en a pas pour longtemps. » Il sait pertinemment que la connerie leur colle au palais au point d'engluer sur leurs langues. Qu'ils y passeront la soirée pour se détendre, que ses grands discours fielleux ne seront que fumée une fois l'esprit grisé au whisky. Alors Loki passe le seuil, soupire pour la forme. Se dit que de toutes façons, il s'est embourbé dans une flemme gargantuesque et ne souhaite pas rebrousser chemin dès à présent.

Les quatre mangemorts s'engouffrent au sein du mirifique club, posent leurs regards ici et là, s'avancent d'un pas leste appelant à la Marche Funèbre. L'un d'entre eux colle une cigarette à sa lippe et s'en congratule lorsque, accrochant la prunelle d'une demoiselle aux hanches pulpeuses, il se gargarise de se savoir si dandy. Loki quant à lui demeure mutique, l'aura ténébreuse, la démarche altière, le regard fauve. Un peu de bestialité sur le pourtour de son âme, et ce sont les prétendantes les plus masochistes qui se suspendent à ses lèvres. Comme une envie de se faire dilacérer, sentir les canines pénétrer la peau et en quémander encore. Emousser la douceur et aiguiser la véhémence ; plus l'amant se montre féroce et vorace, plus elles exultent. Mais qu'importe. Car ce n'est pas elles que Loki choisira ce soir. Ses yeux se sont dores et déjà posés sur une figure familière, alors même qu'il s'approchait du bar comme il se porta volontaire pour quémander les boissons au bar.  « Oh Loki. Ça faisait un moment. » C'est elle, bien sûr. Aliss. Poupée de chair aux longs cheveux couvrant ses épaules d'un manteau chrysocale. Elle a les lèvres qui chantent et le regard qui trépasse ; son cœur s'est pendu et l'âme ne s'est pas rendue. Il la connaissait artiste, il la découvre blessée. L'un ne va pas sans l'autre, sans quoi le monde ne tourne plus rond. « Près d'un an. » Le loup s'approche puis se fige, la toise d'une oeillade à peine discrète afin de s'enquérir de la débâcle du temps sur son doux visage, mais ce dernier n'a pas changé. Elle est toujours belle, voire d'avantage. C'est qu'il aime les demoiselles torturées, Loki. Ca l'attire et ça le charme, le remue de l'intérieur.  « Comment vas-tu ? Tu as participé au labyrinthe on m’a dit… » Ah et que cette remarque l'incommode, au point de déloger son regard de braise de cette moue féminine. La langue du mangemort glisse sous sa canine puis dans un bruit de succion témoigne de son pragmatisme à la limite de la méfiance. « Faut bien manger. » rétorque-t-il d'une voix moins taquine que lasse, un peu d'amertume en commissure des lèvres. La volonté de jouer sur la nuance d'un sale boulot rémunéré tout en croquant métaphoriquement – ou non –  des innocents.  Puis, lorsque son regard se pose à nouveau sur l'ancienne amante, voilà qu'il s'explique afin de s'extirper de ces griefs sous-entendus. « J'suis pas fier de ce que je fais, mais ma liberté a un prix. Je peux à présent être moi-même et c'est tout ce qui compte. » Mensonges éhontés, mensonges infâmes, mensonges qu'il ne sut  juguler, lui qui se battait contre cette bête ronronnant contre son flanc. Loki ne se sentait plus lui-même depuis que son humanité s'était émoussée et fut rendue esclave de sa bestialité grandissante. Qu'importe, car il ne veut pas perdre la face. « Et toi. » Il pointe du chef le verre qu'elle tient en mains, suppute qu'elle se livre à la fête et s'en retourne trinquer avec quelques amis mais ne semble convaincu de rien. « Quelque chose à fêter ou à noyer ? » souffle-t-il de sa sincérité désarmante.
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