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Ces plaisirs violents ont des fins violentes.
Dans leurs excès ils meurent,
tels la poudre et le feu que leurs baisers consument.

Bien peu de temps s’était écoulé depuis l’exil vers le Royaume dit Uni. Assez pourtant pour comprendre les rudiments de la culture de ce nouveau foyer, de saisir le sens de la vie s’y déroulant et s’y adapter en laissant croire le peuple que la créature arrivée depuis trois ans pouvait être l’une des leurs. C’était un choix que de venir se perdre sous cette pluie exaspérante, celui d’échapper à la monotonie des températures inégalables, à une vie sans aucun sens, à l’indifférence qui ne souhaitait plus l’être désormais. Le calme, la paix, le silence et l’absence de vie, peut-être était-ce à cela que la prêtresse slave aspirait jour après jour, s’enfermant des heures durant dans cette chambre qui était désormais sienne, livre en main et silhouette assise près de la fenêtre sur laquelle les gouttes se laissaient vivement glisser, mourant dans une petite flaque inutile. Et pourtant ! C’était encore demander bien trop, tandis que jour après jour, les mondanités se poursuivaient, sous l’apparence de soupers organisés au sein du manoir familial, sous le service du thé et les conversations futiles d’une société exaspérée et irritante. Les débats étaient toujours les mêmes, de rebuts à ascension de pouvoirs, d’insurgés à trahisons. Triste pays que celui-ci, ère bien peu agréable. Et sous le silence de la cadette, l’observation de ces mortels aux plaintes si peu justifiées. Elle n’en avait cure après tout, se contentant d’épauler l’aîné, maitre des lieux et chef de famille, apportant l’assurance d’une famille aussi puissante qu’intrigante. Ici bas, chacun savait qui était Maksim Dolohov, et avant lui, l’aîné : Antonin. Mais elle, cette jeune poupée au visage neutre et au regard perçant ? Elle était ce mystère bien difficile à percer, le mythe qui ne dévoile ses origines. La sœur, la cadette, la protégée. Rien de moins, mais pas assez de plus. Sans doute était-ce pour cette raison que l’ainé avait décrété ceci : puisqu’elle avait fait le choix de s’exiler sur les côtes anglaises, alors son peuple apprendrait qui elle était. Une introduction au beau monde, à la pureté restante. C’était presque avec un regard sceptique que la jeune femme ; répondant au doux nom d’une déesse nocturne ; avait observé son aîné, craignant certainement une ruse pour la marier au parti le plus offrant. Ce ne serait pas mentir que d’affirmer que la cadette craignait la foule autant que sa belle-sœur d’être infertile. À la différence seulement que ce n’était nullement une peur, une phobie, mais bel et bien une habitude prise au cours des années. La vie… ne présentait plus aucun mystère suffisamment attractif pour la nécromancienne dont l’intérêt ne portait plus que sur la mort et ses arcanes indécelables. Là où certaines passaient leur temps à faire de nouvelles connaissances, à babiller sans nul intérêt autre que le commérage sur autrui… la cadette Dolohov s’enfermait dans ce qui était son laboratoire, tirant les ficelles invisibles de ses pantins, étudiant sans relâche dans les livres dont les titres ne laissaient rien entrevoir d’innocent, s’éloignant de la lumière pour faire son lit dans les ténèbres.

Était-ce donc pour cette raison que le nouveau maitre de famille s’était mit en tête de l’emmener à un bal sans intérêt ? Une mascarade si elle devait en juger le loup vénitien posé sur ses draps. Rien de plus attrayant que de cacher sa véritable identité et en apprendre d’avantage sur l’inconnu qui ne le reste que peu de temps. Pourtant, ce fut à contrecœur qu’elle se prépara, sa silhouette s’immergeant dans une robe aussi ténébreuse que la nuit la plus sombre, sa chevelure prenant des airs coiffés quand le visage se pare de cet unique accessoire. Pour sûr, c’est la sensualité qui se dégage de cet accoutrement, et la fragrance qu’elle dégage n’est que mystère et danger. Un poison qui l’embaume tel le plus exquis des parfums. Il faudrait être insensible pour ne pas être conquis par cette fleur mortelle, et bien imprudent de l’être. Une fleur du mal peut-être, selon Baudelaire.

Et comme elle s’ennuyait alors ! Laissant son regard s’apitoyer sur les divers danseurs, sur les buveurs de champagne et les sympathisants de la conversation. Elle-même pas en reste, une coupe en main, noyant son ennui dans les bulles, se laissant parfois entrainer par quelques cavaliers sans intérêts. Comme elle pouvait maudire son frère, l’injuriant sous pensées, se disputant seule contre une image ne parlant nullement, insistant sur l’intérêt de son propre travail, de ses recherches qui se faisaient mille fois plus intéressantes qu’une soirée mondaine de la sorte ! Comment aurait-il put rétorquer, lui qui semblait en pleine conversation avec l’un de ses pairs, sa « délicieuse » épouse se faisant silencieuse à ses côtés. Soirée frustrante, sans qu’elle n’offre au monde l’insatisfaction de sa condition, se contentant d’esquisser quelques sourires polis à qui osait lui adresser un regard ou un mot. Que Baba Yaga lui vienne en aide et achève tout ce beau monde par un massacre sanglant… Là au moins, elle aurait l’immense plaisir de compter les cadavres destinés à sa grande cause. « Par pitié, sortez-moi de là… » glisse t’elle sous un murmure.


Dernière édition par Nhÿx Dolohov le Dim 23 Nov 2014 - 11:43, édité 1 fois
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Si j'ai profané avec mon indigne main cette châsse sacrée,
je suis prêt à une douce pénitence :
permettez à mes lèvres, comme à deux pèlerins rougissants,
d'effacer ce grossier attouchement par un tendre baiser.

« Même pas en rêve. » Il éructa à peine. Grogna son mécontentement à la lippe comme il ignora le regard retors de son comparse ; un garou de belle envergure, épaules massives à l'instar de sa mâchoire puissante. Rien qui ne puisse néanmoins inquiéter Greyback, car sculpté dans le plus rétif des marbres, le jeune homme s'érigeait en un charme viril statufié. Loki corrobora son insatisfaction par un sifflement sourd, ses yeux d'acier dardant le loup vénitien ainsi tendu par son ami. Masque de belle manufacture, des teintes de métal et de rouille suintant la masculinité à outrance. Froid, ferreux. Martial. « Allez, c'est pour la bonne cause. » « Vas-y toi, à ce bal. Si ça t'excite autant. » « On en a déjà parlé. Il nous faut des oreilles partout, tu comprends. » Et le quidam de lever un peu plus le masque à sa hauteur d'yeux ; assez pour que Greyback le darde avec mépris, pas suffisamment pour l'en rendre bilieux ou agressif. Les deux pauvres hères restèrent mutiques un instant, soumis au jugement du silence d'opprobre lorsque Loki céda enfin. « Ok. » maronna-t-il d'un timbre rauque, sa main empoignant fermement le loup ainsi tendu. « Tu t'habilles classe. » « T'inquiète, c'est prévu. » Foutaises. « J'déconne pas Loki. Et tu traînes tes oreilles partout où tu peux... » Son ami lupin marqua une pause, cloua Greyback au pilori de son jugement, et d'un rictus complice ourlé à sa lippe s'empressa d'arguer à nouveau : « Puis tu touches à rien. » Sourire de connivence. Foison de petits conseils qui ne put être respectés ni par l'un ni par l'autre : et comment bien se coiffer pour se rendre à ce genre de festivité insipide, comment s'exprimer d'une langue policée, acquiescer avec morgue puis transpirer de cautèle. Se foutre de la gueule des gens en silence ou en filigrane, se satisfaire du buffet puis partir. Avec ou sans oie blanche au bras, qu'importe. Quoique Loki préféra demeurer seul que mal accompagné.

~*~

L'arrivée sur les lieux ne fut que propice à faire luire dans l'âtre de ses pupilles fauves un mépris acéré. Les murs dégueulaient leur opulence ostentatoire, éclaboussaient leur vomissure fastueuse sur les convives alentours, semblaient se targuer des pauvresses en habit sobre ; ces pauvres serveuses tirées à quatre épingles, tailleur de rigueur et croupe rompue par un balai imaginaire, se faufilaient dans la masse informe et proposaient de leurs voix fluettes des coupes de... « Champagne ? » La jeune femme battait des cils, avançant son plateau d'argent sous son nez et le toisant avec une déférence inusitée. Du moins n'aurait-elle pas ressenti autant de respect si elle eut pu avoir vent de sa véritable identité ; rustre plutôt que bourgeois, adepte des coutumes les plus primaires plutôt que des bonnes mœurs. « Dégage, tu m'emmerdes. » Il cracha son fiel comme elle hoqueta en silence, tournant les talons non sans prendre une teinte cramoisie. Et Loki ainsi affublé de son loup vénitien, engoncé dans son plus beau costume sombre, de toiser les alentours d'un air las. Ici et là, partout en vérité, les quidams piaillaient leur amour de l'argent, leurs fausses préoccupations politiques et leur culte pour la pureté du sang. Rien qui ne put prétendre à des informations primordiales, rien qu'il ne put connaître déjà. Alors et sentant sa patience s'émousser, Greyback alla pour s'extirper de ce monde qui n'était guère le sien lorsque sa pupille accrocha un dos opalin. Et ce furent là les courbes les plus engageantes, gracieuses et nobles qu'il n'eut jamais idolâtrées ; la féminité personnifiée, brodée sur cette robe obscure d'un tissu si fin, que les étoiles affamées semblaient la poursuivre délirantes jusque dans sa traîne.

Et le bougre s'avança, capturé par l'éthérée beauté d'un dos – ah mais quel dos ! Auriez-vous vu ces courbes, à damner un saint ou un démon qu'importe. Car la cruelle joliesse de cette femme les prosternait tous à terre – d'un pas prompt car hâtif, lorsque se calant derrière elle il ne s'embarrassa guère et huma son parfum. « Belladone. » Il souffle comme il murmure. Piqué par un désir non feint, consumant ses sens et sa lucidité. « Te retourne pas. » Ah et quel langage peu châtié que voilà, lorsque les lèvres du rustre mais charmant inconnu traînent languissantes sur le cou d'une beauté sans visage. « Je suis tombé amoureux de ton dos. » Le loup taquina sa belle quoique souffla sa demi-vérité ; oh certes aucun sentiment ne se mêlaient à son cœur mais ce désir, vivace et vivant, le piquait de part en part.
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Ces plaisirs violents ont des fins violentes.
Dans leurs excès ils meurent,
tels la poudre et le feu que leurs baisers consument.

Nul chevalier pour répondre à sa requête, pas une âme indulgente pour achever le désintérêt dont elle faisait preuve, l’inciter à se sauver, à franchir la porte et quitter ces lieux dénués de tout intérêt, tout du moins du sien. De part et d’autres, l’hypocrisie de la société, jouant de discours maints et maintes fois entendues, glanant l’opinion d’autrui, cherchant à débattre pour faire valoir son point de vue puis esquisser un sourire poli marquant explicitement la désapprobation. Pas un qui ne soit sincère, réel, brillant d’une singularité bienvenue. Maudites soient les mondanités, ne put elle que jurer au fin fond de son esprit, une fois encore, s’arrangeant de même pour laisser ces mêmes pensées dériver vers une intellectualité plus intéressante. Hélas, si elle se concentrait maintenant sur son art et ses récents échecs, il pouvait y avoir de grandes possibilités pour qu’elle ne veuille plus revenir au pays des vivants. Pourquoi pas l’architecture en ce cas ? Les lieux semblaient regorger de secrets d’artistes que l’on ne trouvait nul part ailleurs, et qui finalement, eurent l’audace d’intéresser la jeune femme, s’aventurant déjà ici et là, laissant son regard céruléen s’attarder sur quelques détails. Hélas, cela ne l’occupa qu’un temps jugé insuffisant, alors que le cristal du verre se portait déjà à ses lèvres, le liquide doré pétillant contre son palais. On pouvait au moins reconnaître une chose de cette soirée ennuyeuse : le champagne y était exquis. Pour autant, la princesse russe devait se faire à l’idée que finir ivre et embarrasser son aîné s’avérait une bien piètre idée, quand bien même elle lui assurerait la fin de la soirée et le retour au manoir familial. Soupir, en long, en large, en travers, l’ennui se gausse de son désarroi et la piège un peu plus dans l’embarras. Et pourtant, le voilà ! Le preux chevalier qui vient la sauver de cet ennemi mortel, s’attire son regard perçant, et lui vole sa main pour y déposer un baiser malvenu. Si la belle ne grimace, ce n’est que par un sourire poli ; de ceux dont elle possède le secret ; qu’elle répond. « M’accorderez-vous cette danse délicieuse inconnue ? » Un simple signe de tête dès lors, et ce n’est certainement pas parce qu’elle est intéressée par l’homme en question, mais bel et bien parce qu’une danse suffira à gâcher son spleen le temps d’un jeu d’orchestre.

Hélas ! Le cavalier se révèle tout aussi pesant, et la conversation engagée… déplorable. L’inconnu ne l’est plus, et bientôt, elle en sait déjà trop sur lui, tandis qu’elle se refuse à lui révéler sa propre identité. N’est-ce pas toute l’intrigue d’une mascarade ? Conserver le mystère, et profiter des ces quelques instants de secrets ? Dériver jusqu’à l’irréparable tout en conservant cette aura obscure, jouer dans l’ombre et s’éloigner de la lumière ? Celui-là n’a rien saisit, et la fin de cette danse met trop longtemps à arriver, à jeter les espoirs de ce dernier dans les braises rougeoyantes. Et quand la dernière note sonne enfin, c’est sans plus de cérémonies que la russe esquive, se laisse porter par une petite foule, dérive dans un autre coin de la salle, bien plus calme. Si elle reprend son souffle, c’est pour mieux se le voir coupé, insouciante, ingénue, inconsciente d’avoir été suivie par une ombre qu’elle n’a pas captée. La ténébreuse ne laisse échapper qu’un frémissement alors qu’elle peut sentir une aura l’envelopper, tel un manteau chargé de la réchauffer. Elle n’ose bouger, battre des cils ou même expier de son propre souffle, alors qu’enfin, l’inconnu, se décide enfin à délivrer ses pensées. « Belladone. », une étincelle au fond de son propre regard, l’intérêt éveillé par celui qui a su reconnaître la fragrance dont elle est rehaussée, ce délicieux poison distillé de manière à n’être dangereux que par son envoûtement, cet épicurisme fatal. « Connaisseur… » glisse t’elle sous un souffle, esquissant un geste pour se retourner, admirer le vis-à-vis qui vient de soulever son intérêt. « Te retourne pas. » Surprise, elle interrompt son comportement, renforce son regard sur ce qui se trouve en face d’elle, demeure droite et royale sous les lèvres qui se glissent le long de son épiderme, lui arrache frissons languissants, curiosité piquée à vif, se laisse volontiers porter par ce mystère dont elle-même est fardée. « Je suis tombé amoureux de ton dos. » Un cillement, et des lèvres qui s’étirent pour mieux laisser échapper un léger rire sitôt entrouvertes. Ce n’est pas tant de la moquerie que la surprise d’une telle audace. « Dois-je craindre de briser l’enchantement si je me retourne ? » laisse-t’elle échapper, après de longues secondes silencieuses, ses doigts glissant finalement à la recherche d’une paume qui ne serait pas égarée bien loin, l’inconnu bien trop proche, invité dans une sphère intime. Pourtant, il ne lui tarde pas de connaitre l'identité de son adversaire, admirative de ce nouveau mystère, de cette attraction qui repousse l'infâme au loin.
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Si j'ai profané avec mon indigne main cette châsse sacrée,
je suis prêt à une douce pénitence :
permettez à mes lèvres, comme à deux pèlerins rougissants,
d'effacer ce grossier attouchement par un tendre baiser.

La belle ingénue – encore fut-il qu'elle le soit. Mais si joli dos ne pouvait dissimuler de créature vulgaire – ne s'éclipsa pas malgré l'idiome familier du pseudo goujat. Au contraire elle tendit son cou de cygne, à son insu peut-être, déclamant ses envies libertines par quelques frissons quand sa langue demeura muette en l'instant. Le prétendant discourtois en profita pour humer d'avantage son essence, son souffle chaud caressant les courbes laiteuses de l'inconnue quand son regard d'acier toisait les alentours d'une prunelle discrète, s'assurant ainsi qu'aucun quidam ne viendrait déranger leur badinage. Et les indications de son comparse loup cognant tout contre son crâne en un glas ironique – Ne touche à rien, avait-il clamé de son ton débonnaire... ah, quel sarcasme – se distillaient dans un coin de son cerveau à mesure que Loki approchait la main de son élue. Posant ses doigts envieux sur les hanches féminines, il se sentit profanateur et impie, vint se satisfaire de l'interdit lui enserrant les entrailles, finit par conclure que cette chaleur engluant tout son être n'était finalement que la manifestation d'un désir puissant qu'il ne sut juguler. Cette femme mystérieuse attisait puissamment son envie sans qu'il n'en saisisse l'essence ; oh bien sûr la demoiselle ne manquait pas de charme, quand bien même le loup n'eut pas détaillé son visage (peut-être était-elle après tout une de ces beautés fades, au corps parfait mais au faciès hideux), mais plus encore Loki se sentait happé par son aura qu'il eut voulu entremêler à la sienne. Et lorsqu'elle parla, caressa son ouïe de sa voix mutine : « Dois-je craindre de briser l’enchantement si je me retourne ? »Le jeune homme étouffa un rire discret glissé sous un rictus taquin, humecta ses lèvres comme il toisa les alentours, sa main dores et déjà posée sur le ventre de la brunette tel un prédateur se saisissant de sa proie frémissante. « Je crois, oui. » Il la sentit se figer, possiblement glacée par les rustres propos de l'inconnu, lequel pourtant s'assura de la maintenir contre lui. « Je sais pas faire de grands discours. J'ai pas de grands mots en bouche et de belles manières au bout des doigts. Je sais pas danser la valse. Les snobs m'emmerdent. Ces coupes de champagne aussi. » Il parlait sur un ton de fausse connivence, la sérénité en bord de lippe malgré le caractère inéluctable de ses propos. Curieux, par ailleurs, que la donzelle a priori de bonne famille n'eut guère encore l'idée de prendre la fuite. Se dégager de ces bras volontaires et s'enquérir d'un cavalier aux mœurs plus policées ; bien coiffé, le costume impeccable, la langue rêche mais cultivée. Greyback ne se dévalorisait pas au contraire, il érigeait ses valeurs sous couvert d'une simplicité naturelle. Clamait se différencier de ces dandys nourris au sein des gouvernantes et repus du pognon paternel. Lui, n'avait rien à foutre là. Il la voulait elle, et ce fut là tout ce qui put le retenir en ces lieux dégueulasses. « Ici, c'est la petite mort. Il faut se presser d'aimer avant de crever, sinon t'as rien vécu. » Un baiser déposé au creux du cou de l'ingénue corrobore sa thèse. Ah comme le désir le tourmente et la raison le talonne. Mais ce parfum, si doux et serein, taquinait son nez et ses sens, sans que son envie ne s'émousse. « Alors ouais. Si tu te retournes malgré ça, et que j'te plais pas... J'vais en crever. » Un baiser trépasse à la nuque, en précède un autre libidineux, puis un troisième bien plus vorace. Les corps se pressent et s'envient. L'instinct du loup ne s'en émeut pas au contraire ; Loki la veut, sans qu'il ne puisse s'en expliquer. Lui habituellement si hostile aux relations éphémères.

Puis enfin voilà qu'il la délogea de ses bras, amorça un pas en arrière quand toujours aux aguets Loki dardait les lieux de son regard pénétrant. S'arrêtant sur cette porte leur semblant être la seule issue, celle qui se déployait dans un dédale de couloirs et de chambres potentiellement complices de leur élan adultère. « Vous m'accordez tout de même une danse ? » qu'il dégoisa d'un ton faussement insolent, un charme brut vrillant son timbre. Un sous-entendu volontaire voilant ses propos qui furent tout sauf candides.
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Ces plaisirs violents ont des fins violentes.
Dans leurs excès ils meurent,
tels la poudre et le feu que leurs baisers consument.

Intriguée, la belle ténébreuse n’osait esquisser un geste, un pas, pour fuir la présence de cet étranger dont le comportement se faisait plus éloquent encore que les paroles qu’il osait proférer, brisant l’attitude de glace dont elle était sans nul doute parée. Là où le mordant austère se dressait fièrement, il n’y avait plus qu’une étrange chaleur, une brise printanière colorant les joues de la jeune demoiselle. Troublée certainement, sans vouloir laisser paraître telle infamie, trop avide de contrôle, laissant ses lèvres s’étirer et son regard se fixer au devant, puisque le sauveur ne souhaitait être vu, pas encore, peut-être jamais… Devant se contenter seulement de ses doigts frôlant les siens, ajoutant plus encore à cet étrange tableau, cette scène se déroulant sous le regard des désintéressés. Cet étrange contact lui semblait de plus en plus indispensable, avidité dont elle ne parvenait à comprendre le sens, pas assez habile avec la vie. Bien pis encore, le désir, toujours repoussé, jamais convié, venait tout juste de s’inviter, guidant la douce et prude créature à se laisser faire, à accueillir l’étranger, ses doigts jouant plus encore avec cette paume libre. Et quels frissons glisser le long de son échine, différents de tous ceux qu’elle avait put ressentir jusqu’alors ! Nulle peur, mais l’excitation de l’étrange situation, insolite, hors du temps. D’autres auraient péri sous la peur de ses propres ténèbres, certains ne se seraient sans doute jamais aventurés à conquérir l’infernale… Mais là, sous ce masque, elle n’était rien de moins qu’une femme cachée, autorisée sous le couvert de l’anonymat à entreprendre l’impossible. Et cette scène semblait être de celles inabordables, inespérées, tout bonnement inconcevable. Elle était en train de se laisser charmer, envoûter par le rauque d’un murmure, par l’hardiesse de quelques gestes, l’audace d’un homme. Troublée par des caresses, allant jusqu’à se figer sitôt que la prise vint se raffermir, l’inaugurant prisonnière quand ses lèvres, bien qu’entrouvertes, furent incapables de laisser échapper le moindre son, ne serait-ce qu’une protestation… Quant à son regard, il s’était clos, le temps d’un instant, d’une réponse qui aurait sut vexer n’importe quelle donzelle persuadée de mettre le monde à ses pieds. Elle aurait put avoir le temps de rétorquer, coupée dans son élan par un aveu. Il n’était pas de ce monde de fioritures, de faux-semblants et d’hypocrisie. Différent, l’opposé parfait de ce qu’elle pouvait représenter sous ce masque et cette robe exquise. À s’interroger sur la véritable présence de l’homme en ces lieux, au sein de cette festivité sans intérêts. « Votre franchise est toute à votre honneur… Et pourtant, je ne peux que m’interroger. Pourquoi demeurer ici, quand vous pourriez être libre ailleurs, loin de cette hypocrisie courante, de ces faux-semblants et de ces personnalités ennuyeuses ? » La curiosité intense, l’exhortait à se retourner, à observer par le biais de ces propres prunelles l’individu dont le franc-parler ne pouvait que l’interpeler. Qu’importe sa nature, son identité, en quelques mots, il venait de la captiver, bien plus rapidement que les dandys qui n’avaient pour eux que leur argent et leur réputation. Elle jouait mentalement contre son esprit pourtant, s’interdisant formellement de gâcher le désir de son vis-à-vis, ne lui offrant que l’objet de son inclinaison, cette unique vue dorsale. Puis une nouvelle tirade, intense, appuyée par un baiser suffisant à lui arracher un soupir alangui, lui interdisant formellement de répondre par les mots, son estomac se contractant sous un désir plus vif, mortellement dangereux pour celle dont la mémoire n’avait jugé utile de retenir les souvenirs de plaisirs plus anciens. « Alors ouais. Si tu te retournes malgré ça, et que j'te plais pas... J'vais en crever. » Un arrêt de pensées, alors que sa nuque se laisse dévorer, que ses doigts se crispent sur ces mains masculines qu’elle a capturé. Son corps se presse contre le sien, et le reste du monde n’a plus aucune importance. Lèvres sèches, souffle court, la raison hurle à la trahison et sa contenance s’évapore. Son corps désire, son cœur bat plus rapidement, la chaleur enflamme ses joues. Elle déglutit finalement, et ses lèvres se déplient. « Comment pourrais-je laisser cela arriver ? N’est-ce pas le rôle du masque que d’accentuer l’inconnu et embellir l’anonymat ? Si vous deviez mourir de mon désintérêt, devrais-je aussi laisser la faucheuse me prendre si le reste de ma personne n’était pas satisfaisante à votre regard ? » Une crainte ? Pour sûr. Elle ne pourrait concevoir l’idée que son chevalier, son sauveur ne soit rien d’autre qu’un menteur.

Et c’est à contrecœur qu’elle le laisse se détacher d’elle, veillant à ne pas se retourner pour faire face à cet étrange coup de cœur, ce petit tour du destin, elle en était certaine. Fut-ce pour cette raison qu’elle arbora son sourire le plus sincère lorsque de nouveaux mots tintèrent à ses oreilles ? Ne tournant qu’à moitié le visage, ne laissant que son profil d’observable. « Je pourrai vous en accorder bien plus d’une pour m’avoir arraché à l’ennui. » Laissa t’elle en retour, réponse adéquate à des propos sous-jacents, car abandonnée de ses mains, elle ne ressentait plus que ce vide, ce trou béant qu’elle ne voulait plus que combler. « Enlevez-moi loin de cette comédie. » Loin de cette futilité. Qu’il la capture, la garde en otage et lui arrache mille et un frissons en guise de rançon, elle était prête à tomber dans la gueule du loup pour un instant hors du temps.
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Si j'ai profané avec mon indigne main cette châsse sacrée,
je suis prêt à une douce pénitence :
permettez à mes lèvres, comme à deux pèlerins rougissants,
d'effacer ce grossier attouchement par un tendre baiser.

Il s'enquerra de son émoi. Se délecta d'un frisson sur sa peau d'opaline, instant de flottement et d'une douceur partagée. Elle taillait sur le galbe de ses courbes un éros maladif, désir qu'elle ne put taire mais seulement concéder à son prétendant. Car ce dernier dores et déjà se sentait fiévreux, un baiser en coin de bouche déposé sur la nuque, quelques palabres perlant à sa langue, sans grande prétention. Une éloquence rustre, derniers sursauts de sa fronde lupine ; lui qui n'aimait point les grands discours alambiqués ni les conversation policées, préférant leur pendant naturel et inéduqué. Loki s'exprimait de telle façon qu'il ne put se soucier des pensées de la belle inconnue : qu'elle le considère ignare en la matière de la belle loquacité ou qu'elle le croit primitif, qu'importe. Elle demeura là, ses courbes désirables contre les siennes, matées par l'audace de son geôlier amoureux. Car dès lors qu'elle parla, usant de son raffinement pour mieux le désarmer, le potentiel amant souffla sur sa peau de satin la chaleur d'un soupir conquis. « Comment pourrais-je laisser cela arriver ? N’est-ce pas le rôle du masque que d’accentuer l’inconnu et embellir l’anonymat ? Si vous deviez mourir de mon désintérêt, devrais-je aussi laisser la faucheuse me prendre si le reste de ma personne n’était pas satisfaisante à votre regard ? » Et les mains du loup déjà, de s'épancher un peu plus sur les bras de son élue ; l'appel au toucher, caresses suspendues. Que le temps se fige mais que la passion ne s'éternise. Lorsque d'un marmonnement étouffé contre le cou de la demoiselle, Loki ne daigna y desceller ses lèvres : « Tu es déjà satisfaisante. J'aime ton dos. » susurra-t-il taquin comme il coupa aussitôt court à la boutade. « Et ton parfum. Et ta peau. Ta voix. Ce que tu me dis, ce que j'entends. » D'autres baisers se languissant sur l'épiderme de l'inconnue, et cette dernière déjà lui suggéra de l'enlever. Requête à laquelle l'amant accéda volontiers, puisqu'en ses entrailles se jouaient les tourments de l'envie, battant chaudement ses flammes contre ses parois stomacales. D'un geste qui se voulait galant – puisque le loup ne sut jamais vraiment se plier au protocole de la préciosité – il tendit alors son bras à l'énigmatique étrangère sans jamais la toiser dans les yeux. Le secret de l'instant jamais révélé, tant qu'ils ne demeuraient pas en tête à tête.

Alors d'un pas qui se voulait discret, battant pourtant un talon prompt sur le parquet, les deux jeunes gens s'engouffrèrent dans les couloirs désertés des lieux. Puis passèrent la première pièce leur semblant la plus propice : un grand salon de couleur clair, sofa ivoirin, commodes en bois de sycomore et lustres de cristal. Dès lors que l'entreprenant amant eut pétri de ses mains volontaires les hanches de la belle qu'il toisait enfin de visu, alors il la pressa contre le piano à queue* sommeillant au centre de la pièce. Un silence suspendu à la lippe, comme un souffle retenu tant il put appréhender la suite ; et d'ôter délicatement son propre masque, déliant de ses doigts oblongs le ruban de satin noué derrière son crâne. La perspective de lire la déception au fond des yeux de l'éthérée ingénue lui prit subitement aux tripes, lui qui pourtant ne fut pas de ceux qui purent douter de leurs charmes. Sans pour autant se montrer narcissique, une beauté atypique en étendard et un charisme brut, il douta un instant de ne pas la satisfaire. Ainsi lorsque le faux faciès fut enlevé et révéla à la jolie brune son visage aux traits durs et massifs, Loki accrocha son regard pénétrant au sien ; sondant son âme à la recherche de réponses. Mais puisqu'il n'y trouva ni la contrariété ni le désabusement, porta à son tour ses mains au masque de l'amante afin de la défaire de son loup. Ah  que ce visage ainsi découvert était plein de promesses : une beauté fraîche découpée à la faux, un peu de malemort au détour de ce teint pâle, presque translucide, quand ses grands yeux bleus se fermaient sous de lourdes paupières en guise de tombeau. L'amant s'épancha à ses lèvres, voila sa commissure d'un sourire et, comme il but à la coupe de sa lippe vint murmurer quelques mots malicieux : « Tu es bien plus que satisfaisante. » Puis ce baiser enfin, vint sceller la passion des deux insolents. D'une ferveur  qui ne sut être convertie en ataraxie des sens mais bien leur échauffement, brûlant leurs bouches et leurs langues de mille désirs flamboyant dès lors au bout de leurs doigts volontaires, ils purent s'adonner pleinement à leur languissant trépas. Car il eut bien fallu assassiner la raison pour mieux aiguiser leur audace, notamment lorsque Loki la hissa sur le piano, avide de modeler la chair blanche de ses cuisses. Le loup insatiable enroulait déjà les jambes de la désirable brunette, s'abreuvant à ses lèvres tel un assoiffé jamais repu. Le baiser mordant mais le geste tendre, quoique trop audacieux parfois, glissant sous les jupons pour mieux goûter à une nudité fantasmée.

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* tu me dois un macaron et un irlandais (a)
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Ces plaisirs violents ont des fins violentes.
Dans leurs excès ils meurent,
tels la poudre et le feu que leurs baisers consument.

Pas un instant depuis qu’il avait susurré à son oreille sans que son épiderme ne se farde d’un frisson, à chaque instant, chaque nouvelle caresse que sa paume prodiguait, que ses lèvres dévoraient. Une perte de contrôle à laquelle elle n’était pas habituée, mais délicieusement tentante, sensuellement divine. Sa propre bouche ne retenait pas les quelques soupirs alanguis, quand ses doigts se tordaient d’une impatience inconnue. Se pouvait-il qu’une coupe de champagne ait été empoisonnée par un philtre conduisant au désir et cette étrange passion ? Impossible. Elle était en possession de toutes ses pensées, et sa raison lui indiquait clairement qu’elle pouvait fuir ces bras tentateurs à chaque instant. Ce qu’elle ne désirait nullement pourtant, totalement conquise, à la merci du loup sous toutes ses formes. Et pourtant, là, ses courbes répondant à l’appel des paumes de son amant, une crainte était en train de naître, glissée sous l’idée qu’elle put ne pas plaire à l’étranger qui clamait un amour ardent au creux de son oreille. Et s’il se moquait d’elle ? Le déshonneur serait certainement à son comble… Hélas, cette idée ne put aller plus loin tandis que de nouveaux mots destinés à la rassurer faisaient écho à ses battements de cœur. Lui avait-on jamais glissé telles douceurs ? Pas une fois au cours de ses années de vie, pas un qui n’ait su toucher l’âme de la créature, suffisamment au moins pour éteindre cette conscience sérieuse. Elle pouvait sentir cette exquise chaleur se diffuser au travers de sa peau, ses organes… réchauffer quelque chose qu’elle pensait glacé. Et ces mots, elle ne rêvait plus que de les entendre encore et encore, naïve créature qu’elle n’était pourtant pas. Qu’il l’enlève et ne la rende pas, qu’il la descende de son piédestal par ses mots, ses caresses, ses baisers et bien plus encore… Qu’il traine sa pudeur dans la boue et la rende dépendante de tout son être, elle était prête à céder, à offrir le meilleur d’elle-même pour une passion dévorante. Et tandis que ses propres mots le suppliaient de l’emmener loin, elle pouvait sentir l’angoisse grimper et le désir l’envelopper entièrement. À chaque pas assorti au sien, la raison s’éteindre, l’impatience la gagner, le désir la consumer… Sans que jamais son regard ne croise le sien, sans qu’elle ne trahisse cet échange tacite, cette promesse à l’égard de l’anonymat. Pas tant qu’ils seraient entourés, à la merci du regard de chacun.

Et lorsqu’enfin ils furent seuls, leurs pas, leur impatience les menèrent dans cet endroit isolé, fermé, et ne laissant filtrer qu’un écho lointain des festivités alentours. Le cœur au bord des lèvres, elle se laissa guider, son regard glissant enfin dans l’ambre de son étrange chevalier, ses doigts glissant le long de ces mains s’accaparant ses hanches. Il ne lui semblait pas avoir besoin d’observer le reste alors que ce regard fauve lui suffisait, l’entrainant dans les méandres d’un désir plus douloureux encore. Brillant par la vie qu’il déclamait quand elle ne représentait que le froid mortel. La belle acheva sa course contre une surface dure, et, observatrice, elle put aisément deviner qu’il s’agissait du piano aperçu quelques secondes, minutes plus tôt. Ses mains en accrochèrent la surface, s’y ancrant pour vaincre cette incertitude, ce moment de vérité. Les masques allaient tomber, et si elle était déjà entichée de ce regard, de cette voix et de cette âme… elle demeurait pourtant persuadée que son propre visage ne serait jamais à la hauteur des attentes de son vis-à-vis. Si l’on demeure fasciné par les monstres, on ne les approche jamais, et la belle demeurait intimement convaincue que ses pratiques et son mystère avaient créé ensembles une laideur fardant son faciès. Pourtant, ce n’était pas à elle de faire glisser le masque en premier, laissant l’amant se défaire du sien, s’appropriant chacun de ses gestes du regard, détaillant peu à peu chaque trait se dévoilant. Fut-ce un battement de cœur un peu trop soudain qui ébranla son organisme ? Il ne ressemblait en rien à la gente masculine qu’elle avait l’habitude de côtoyer, et pourtant, il lui plaisait bien plus. Sa main gauche finit par se détacher du piano, ses doigts glissant sur la joue du vivant, dérivant finalement jusqu’à ses lèvres. Attirée, aimantée, elle ne rêvait plus que d’apprendre ce visage par cœur, d’être capable d’en dessiner chaque contour, l’éphémère de la situation la rendant consciente qu’elle était en train de tomber amoureuse pour une nuit seulement. Hélas, la crainte d’être insatisfaisante aux yeux de l’autre revint à la charge, alors qu’elle percevait ses mains glisser jusqu’à son masque. Si elle s’était sentie capable de bouger, sans doute aurait-elle arrêté cette audace, l’aurait empêché d’aller plus loin… Mais déjà elle pouvait sentir les liens se défaire et le bijou s’évader. Elle ne voulait pas voir l’horreur dans le visage de son amant. Qu’il parte silencieusement, tandis qu’elle fermait déjà ses paupières pour ne pas voir le dégoût inspiré. Sa main audacieuse retrouvant déjà le noir tissu de sa robe, s’y agrippant pour y trouver un réconfort, un semblant de protection. Et pourtant, quelle ne fut pas sa surprise, alors qu’un étourdissement l’ébranla, des lèvres venant s’accrocher aux siennes, pas encore un baiser, mais une caresse l’obligeant à laisser ses iris s’ouvrir de nouveau. Des paroles rassurantes, auxquelles elle ne sut trouver de réponse, de toute manière, n’en ayant pas même le temps alors qu’un baiser trouva son chemin. Il suffit à redonner courage et confiance, alors que ses mains trouvaient le visage de son amant, s’y accrochant quand elle se laissait totalement guider par la passion embaumant l’air. Son corps se pressant contre celui de son amant, sa retenue s’évaporant sous chaque échange, sous ces baisers libérés de toute raison. Pis encore, lorsqu’elle fut hissée sur l’instrument musical,  ses jambes emprisonnant l’audacieux quand ses mains s’évertuaient déjà à déloger les boutons de sa chemise de leur emplacement, débarrassant son être de cette veste trop habillée, indigne d’une telle scène. Elle laissa un frisson parcourir son échine dès lors que les gestes furent plus audacieux, tandis qu’elle même s’aventurait plus bas, avide de se laisser dévorer toute entière, de dépendre de tout son être. Ses lèvres brûlaient de supplier, de la délivrer de toute retenue, hélas, elle était encore novice dans ces affaires de chair, son unique expérience se résumant à ce triste nom : expérience. Pas idiote, mais pas totalement certaine de ses gestes, laissant finalement ses doigts s’aventurer sous tissu, à la découverte de ce que sa mémoire se remémorait vaguement.
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