――――――-―• Sucess is going failure to failure with no loss of enthuasiam. •――――-――― Ma chemise de nuit s'enroulait autour de mes jambes, et j'avais chaud. Mon lit était trop grand pour moi et je me sentais seule. Trop seule. Dans cette immense chambre au tableaux effrayants. Ils chuchotent en m'observant et je sens que je ne vais pas réussir à dormir … Maman ? … je voulais ma maman … Mon souffle s'accéléra et je me relevais sur le matelas bien trop dur pour mon dos … La peau luisante de sueur et les yeux écarquillés, je regardais autour de moi, je tremblais ; j'étais seule … Affreusement seule et je savais que personne ne viendrait me réconforter … Personne.1986, Manoir des D'Aubéry, elle a 6 ans -Tiens-toi bien Sansa, me dit mon père de ce ton qui me faisait frémir de peur.
On m'avait coiffé à l'aide de deux rubans verts et noués mes cheveux en deux couettes. Ma robe, de la même teinte que mes rubans, me grattait et je ne cessais de me tortiller pour que la démangeaison passe. Le repas se passait dans la salle à manger, mon demi-frère à côté de moi, ma belle-mère et mon père aux deux bouts opposés de la table. Il y régnait un calme glacial et seuls les bruits de nos couverts se faisaient entendre. Papa ne me jetait aucun regard … je me sentais encore plus petite que je ne l'étais … La table était trop haute pour moi et j'avais du mal à atteindre mon assiette. Déglutissant difficilement de peur que papa se fâche, je mangeais en silence, la gorge serrée. Je savais que je vomirais plus tard, dans la journée, comme tous les jours. Je n'arrivais pas à manger normalement. Je voulais que papa me remarque … Qu'il arrête de me gronder. Qu'il me trouve digne de lui. Mais j'avais beau tenter d'attirer son attention … Il ne changeait pas et préférait me gifler et me gronder. Je me sentais seulement heureuse qu'il n'utilise pas le Doloris sur moi … J'avais entendu que ce sort faisait mal et faisait même devenir fou. Je fis tomber quelques petits pois à côté de mon assiette et me figeais. Les bruits de couverts s’arrêtèrent et je levais les yeux vers papa qui me lança un regard froid. Tremblante, j'attendais la sentence.
-Je te prie de quitter la table, Sansa. Le souffle court, les yeux remplis de larmes, je descendais difficilement de la chaise et voulus m'excuser. Les pieds de la chaise raclèrent le sol et mon père se leva, me toisant de toute sa hauteur alors que je sentais mes jambes secouaient de tremblements incontrôlables :
-Dois-je me répéter, Sansa ? Une D'Aubéry sait se tenir à table, une D'Aubéry ne proteste pas. Deux choses que tu n'as visiblement pas l'air de comprendre. Je savais qu'il était fâché, que je ne devais en aucun cas en dire plus. Il me chassa d'un geste vif de la main et je trottinais jusqu'à ma chambre, retenant mes larmes encore et encore jusqu'à ce que j'atteigne mon lit …
1992, Chambre de Sansa, elle a 12 ans Ma plume glissait tranquillement sur le parchemin. Je n'en avais que pour quelques lignes encore et mon devoir serait bouclé. J'étais fière de moi. Père le serait aussi. Je le savais. Je le sentais. Il n'était pas là aujourd'hui et il n'y avait que Marcus avec moi. Je ne l'entendais pas de là où j'étais … Mes murs étaient épais et nos chambres un peu éloignées. Tant mieux d’ailleurs … Marcus me regardait toujours comme si je n'étais qu'un tas de bouses d'Hyppogriffe et il me faisait peur … Pas plus que Père mais … je n'avais aucune envie d'être dans la même pièce que lui. Il était méchant.
J'entendis la porte de ma chambre s'ouvrir et ma plume s'arrêta. Raide je me tournais et vit Marcus entrait, une étrange lueur dans le regard. Mal à l'aise, je ne laissais pas afficher une expression qui trahirait mes émotions, comme me l'avait appris Père, et demandait simplement :
-Je peux t'ai--Tais toi, m’interrompit-il d'un ton acerbe.
Ma bouche se referma d'un coup et je serrais le poing qui tenait encore ma plume, l'encre s’égouttant sans que je m'en rende compte sur ma robe. Il s'approcha de moi et sourit d'un air narquois … Je le vais les yeux, me demandant ce qu'il me voulait …
-Tu n'as pas ta place ici, bâtarde. Tu te crois peut-être tout permis mais sache que nous ne t'aimons pas … Nous ne t 'aimerons jamais. Ses mots me firent l'effet d'une gifle et je sentis mes yeux, ces traîtres, se remplirent de larmes. Je n'étais pas une pleurnicharde. Père allait être furieux … Je ne devais pas pleurer … Marcus se pencha vers moi, toujours cette lueur malsaine dans le regard :
-Ouais … Pleure … Tu sais faire que ça … Pleurer et te plaindre.Il me saisit vivement le bras et ma plume tombe sur le sol. Je criais en me débattant mais je n'étais pas assez forte face à lui.
Méchant, il était méchant ! … Il me jeta sur le sol et finit par me tirer les cheveux, je ne cessais de lui crier d'arrêter alors qu'il me hurlait des choses que je ne comprenais pas … Mais qui était méchante …
Il était méchant et personne n'allait m’aider … Il n'y avait personne … Il finit par lâcher mes cheveux et je crus que c'était fini. Qu'il allait enfin se détourner. Mais il me cracha dessus. Littéralement.
-Tu n'es qu'une erreur. Souviens-t'en, bâtarde.Sur ces mots, il se détourna et ferma la porte. Je tremblais et mes yeux restaient écarquillés sur le sol, les cheveux emmêlés et une folle envie de pleurer … Encore, pour ne plus m'arrêter. J'aurais voulu mourir. A seulement 12 ans … Je n'avais plus envie de subir ça, de vivre ça … Je n'avais plus le droit de ressentir, d'avoir mal … Je pris une grande inspiration, coiffer mes cheveux, ignorant le crachat qui s'y trouvait encore et me relevais. Je ramassais ma plume, m'asseyais à nouveau sur ma chaise … et mettait un point final à mon devoir.
1997, Beauxbatons, dortoir des filles, elle a 17 ansJe ressers le nœud de ma cravate, attache le bouton de ma jupe et roule mes chaussettes sur mes fines jambes pour qu'elles arrivent à mi-cuisse. Je le sais que je suis prête. Que je peux affronter cette journée. Cette énième journée où je vais devoir faire face aux regards méprisants des élèves.
Ils savent. Tous. Et je souris. Leur mépris nourrit ma rage, mon ambition et mes projets. Je sais ce que j'ai à faire, ce que je dois penser et comment je dois me comporter.
Tout est à sa place. Mon reflet me renvoie l'image d'une jeune fille modèle, sans artifices sur le visage et coiffée comme il se doit. Voilà que ma septième année ici débutait. Les précédentes avaient été … pour le moins … compliquées. J'avais fait face à diverses insultes aussi fleuries qu'intelligentes, aux demandes douteuses de certains garçons dont les hormones devaient s'exciter rien qu'au fait de prononcer mon nom et à la jalousie des filles qui me considéraient comme une sorte d'entité divine sortit de l'on ne savait où. J'avais laissé faire. Ce n'était pas comme si j'en avais quelque chose à faire de ce que l'on pouvait penser de moi, à ce stade-là de ma vie. J'avais eu le temps de tous les observer, de tous les décortiquer, leurs comportements, leurs manies, leurs obsessions … Leurs plus grands fantasmes. J'en savais des choses mais je ne disais rien. L'observation était un pouvoir qui n'était pas donné à tout le monde et dont on ne se servait pas toujours à bon escient.
J'avais assez de cartes en mains pour ruiner la réputation de la fille la plus populaire de l'école, de revaloriser celle de la plus détestée et d'écraser la carrière du plus ambitieux des joueurs de Quidditch. Mais je ne m'en servais pas. Pourquoi ? Car mon but, l'objectif qui régissait ma vie, n'était pas de détruire les gens, de les faire me haïr ou m'apprécier. Seulement de passer inaperçue. J'étais une ombre, un spectre, quelqu'un de là mais qui ne l'était plus vraiment l'instant d'après.
-Sansa ! Tu viens ou pas ? La charmante voix suraiguë qui m'interpella n'appartenait qu'à ma voisine de dortoir. Me détournant de mon reflet, j'haussais un sourcil en la regardant :
-Je suis attendue, peut-être ? Elle rougit. Je me retins de lever les yeux au ciel.
-Non mais … Tu … Tu pourrais être là pour venir écouter le discours de la Directrice… Non ? Elle me regardait comme tout le monde, avec crainte mais un mélange d'admiration que je trouvais ridicule. Qu'est ce qu'il y avait à admirer chez moi ? Ma beauté ? Tss. Ce n'était que le fruit d'une coucherie entre mon père et ma mère … Ma chère mère.
Où est-elle ? -J'arrive. Descends sans moi, fut ma seule réponse alors que je faisais mine d'attraper mon sac. Elle hocha la tête et referma la porte sans plus de mots. Je soupirais. J'avais hâte que cette année se termine. Je savais que repartir d'ici voulait dire que je devrais retourner chez les D'Aubéry et cela ne m'inspirait en aucun cas de la joie ou de l'excitation. J'avais hâte de me délester de leur emprise sur ma vie. Ils me haïssaient et je ne les aimais pas plus que cela non plus. J'avais tout fait pour être la meilleure, avoir les meilleures notes, me lier d'amitié avec les gens qui pourraient me mener vers le haut … Mais je n'avais rien eu en retour de la part de mon père. Rien. Si ce n'étaient des lettres froides, écrites sûrement par son secrétaire et qui n'étaient envoyés que pour sauver les apparences sur mes relations avec ma famille. Comment réagiraient les gens si le vrai visage de ma belle-mère et de mon père se révélait au grand jour ? Mal. Ce serait un tel coup dur pour eux … Seulement, il réussirait à me le faire payer. Car ils le faisaient toujours, même quand ça n'était pas ma faute … Et au vu de mon jeune âge, je n'avais pas encore tous les pouvoirs qui me permettraient de les détruire, à mon tour. Car ça oui, je les détruirais. Un par un. En commençant par mon père …
...
1997, un soir … une fête … un moment.L'alcool m'embrouille la tête, le son de la musique me semble lointain. Une odeur de cigarette flotte dans la pièce et moi, je le sens. Qui picore le creux de mon cou, qui me susurre des mots qui sont censés m'exciter, me donner envie de plus … Je n'y arrive pas. Je réponds à son baiser passionné, je sens un arrière-goût de whisky pur-feu, le parfum de son eau de Cologne me donne la nausée mais je continue.
Je me les inflige. Je plante mes ongles dans son avant-bras, lui incitant à aller plus loin, toujours plus loin.
Il me relève, me lance un regard enfiévré et me fait monter à l'étage … Les couloirs sont déserts … Quelques couples se bécotent déjà dans des coins sombres et moi j'avance, le laissant me guider vers une des chambres.
Nous y arrivons. Il me couche sur le dessus de lit et reprend mes lèvres. Je sens ses mains rugueuses qui parcourent mon corps. Il me dit que cela fait tellement longtemps qu'il attend ne serait-ce que d'effleurer mes cheveux et je le trouve ridicule. Je le sonde froidement du regard alors qu'il s’attelle à déboutonner mon chemisier. Je l'arrête et il me jette un regard surpris. Je souris et me relève pour que nos visages soient assez proches :
-Il n'y a rien qui puisse te rendre fière de coucher avec moi. Je ne suis pas une divinité, je ne suis pas une sorcière dont on parle dans les journaux, je ne suis pas quelqu'un que l'on peut admirer … Je ne suis rien.Je le pousse pour me lever, recoiffe mes cheveux sur le côté et le jauge, le voyant ébahit, allongé sur le lit.
-Souviens-t-en pour la prochaine fois que tu voudras poser tes mains sur moi. Sur ces mots, je sortis de la pièce avec le goût amer de la frustration et de mon mépris pour ce que j'étais à ce moment-là. Une fille qui n'osait même pas se regarder dans un miroir. Mon plus grand secret, ma plus grande faiblesse. Le fait est que l'on a beau être une jeune femme ambitieuse, belle, riche … La confiance en soi ne s'achète pas et ne s'acquit pas naturellement.
...
2001, Enterrement de Marcus, elle a 21 ansLe grand « dong » de la cloche résonnait comme un coup de canon dans ma tête. Mon chignon me tirait bien trop les cheveux et mes escarpins me faisaient un mal de chien. J'étais debout depuis sept heures du matin et je n'en finissais pas de voir du noir, du noir et encore du noir défilait devant mes yeux. L'enterrement de mon demi-frère s'apparentait à celui d'un ministre. Des milliers de personnes se bousculaient pour sortir de l'église, pleurant pour je ne savais quelles raisons … Le connaissait-il ? Savait-il à quel point cet homme que l'on enterrait aujourd'hui était un imbécile ? Une pâle copie de mon père ? Mon cher père qui se tenait à ma droite, affichant une expression aussi peinée que possible.
Quelle comédie … Quelle belle comédie. La seule qui devait réellement souffrir était ma belle-mère, qui laissait silencieusement couler ses larmes, à ma gauche, un mouchoir serré contre ses lèvres gercées. J'aurais pu ressentir de la peine, seulement … Voilà longtemps que j'étais dans l'incapacité de ressentir ce genre de choses. Elle méritait de pleurer, et Merlin seul savait que j'attendais avec impatience le jour où la Faucheuse viendrait chercher son âme, à elle. Je me sentais de trop. Je ne connaissais pas cet homme qui était enfermé dans ce cercueil. Je ne le connaissais pas et me fichait bien qu'il se fasse finalement bouffer par les vers et d'autres insectes avides de chairs humaines en décomposition. Il méritait. Les D'Aubéry n'était qu'un nom que je portais, elle n'était pas ma famille. Un fin tissu de gaz noir recouvrait le haut de mon visage, comme le voulait ma belle-mère. Elle m'avait bien clairement spécifié que personne ne devrait voir mes yeux. Pourquoi ? Sûrement que la froideur de mes iris ne serait pas passez inaperçu. Outre le fait que j'avais la tête baissée, je n'affichais pas une expression peinée. Qu'ils crèvent, tous
Un dîner devait débuter dans une heure mais je savais que je n'arriverais pas à en supporter d'avantage. Tant d'hypocrisie et de faux pleurs me donnait la nausée.
Mon père échangea une énième poignet de main avec quelqu'un et je relâchais mon souffle quand enfin je ne vis plus personne. Un silence de mort s'était installé, entrecoupés par les sanglots mal contenus de ma belle-mère. Mon père se tourna vers moi, je le sentis plus que je ne le vis.
-Tu n'as en aucun cas intérêt à te faire remarquer aujourd'hui. C'est l'enterrement de mon fils. Je te prie donc de rester à ta place … Il se baissa de façon à ce que je puisse voir son visage. Mes yeux ne lancèrent rien que de l'indifférence.
-Tu m'as compris, Sansa ? Je le fixais pendant un long moment. Je ne le lâchais pas du regard et je finis par esquisser un sourire :
-Bien sûr, père. Tout ce que vous voudrez. Il hocha la tête et releva le buste. Connard. Enfoiré. Je ne laissais rien transparaître de la colère qui m'habitait. Il en serait bien trop heureux … Et trouverait une bonne raison de me gifler en rentrant. J'avais vint et un an et j'avais encore cette pauvre appréhension de la gifle.
-Viens Rosaline. Nos invités nous attendent, poursuivit mon père en offrant son bras à ma belle-mère qui me lança un regard haineux du dessous de son chapeau. Je la fixais et finit par les suivre. Froide. Impassible. Et dire que je devais me la jouer jeune sœur éplorée par la mort de son frère partit trop tôt … Une vraie comédie. Serrant les dents, je me préparais à passer l'une des plus ennuyantes soirées de ma vie.
...
2001, le même jour, le soir.Assis face au bureau de mon père, je l'observais écrire, sa plume jouant sur le papier comme si il écrivait une symphonie que lui seul entendait … Je le fixais, espérant, naïvement, le déstabiliser. Que diable ! Pouvait-il seulement lever les yeux vers moi ? Pourquoi me faire venir ici à une heure si tardive et ne rien avoir à me dire ? Je savais que ce n'était pas pour rien. Mon père ne faisait jamais rien sans avoir bien réfléchi au préalable. Calculateur, manipulateur, il m'avait bien façonné à son image … Seulement je n'utilisais pas tout ça pour faire seulement le mal. Après de longues minutes qui me parurent une éternité, il posa sa plume et leva ses yeux de la même teinte grise que les miens sur moi :
-J'ai une mission … pour toi. Je lâchais un rire, froid, sec et haussait un sourcil :
-Ah oui ? Magnifique. Que dois-je faire cette fois-ci ? … Qu'aurais-je en échange ? Les multiples missions que m'avait déjà donné mon père étaient toutes dans le seul but de me faire chanter. Comme un sadique, il m'avait souvent ordonné d'espionner telle ou telle personne ayant pour seul but de le faire monter en grade hiérarchiquement parlant. J'avais hâte de savoir ce que me réservait mon géniteur cette fois-ci …
-Tu n'es pas sans savoir que ton frère était marié. A Ada Travers. Charmante jeune femme, tu as dû la croiser à l'enterrement … Charmante, oui, seulement … Elle a sûrement un lien avec la mort de Marcus. Quoi ?Je me levais et m'approcher du bureau en plaquant mes mains sur sa surface, me penchant vers mon père :
-Qu'est ce que vous voulez ? Abrégez. Il sourit, froidement.
-Surveille donc ton langage Sansa. Tu n'as aucun pouvoir ici. Assieds toi. Je reposais mes fesses sur le fauteuil et attendait. Je sentais que ça n'allait pas être une mission comme les autres, que je n'allais sûrement pas ressortir indemne de tout ça et que ce ne serait pas moi la gagnante … Mais je ferais changer la donne. Peu m’importait le prix.
-Je veux que tu ailles à Londres, que tu te débrouilles pour que l'on te pense folle de chagrin à cause de la mort de ton frère et que tu récoltes assez de preuves pour prouver que les Travers sont derrière la mort de Marcus. Je me fiche de savoir comment tu te débrouilleras … Mais tu le feras, acheva-t-il avec cette expression qui me donnait des envies de meurtre.
-Pourquoi est-ce que je ferais ça ? Je me fiche totalement qu'il soit mort. Il le méritait, répliquai-je en me penchant plus vers mon père.
Celui-ci réagit comme je l'avais espéré, il se leva et me gifla, mon visage se détourant violemment sur le côté et faisant chauffer la peau de ma joue. Je ne lui ferais pas le plaisir de m'énerver ou de pleurer … Il en jouerait par la suite. Je lui lançais un regard glacial à travers les mèches de mes cheveux éparpillés et le vit toujours, là, fière et souriant.
-Ne me fais pas m'énerver, Sansa. Je n'aime pas devenir violent, surtout avec toi … Tu lui ressembles beaucoup tu sais …Je me figeais. Son sourire s'agrandit.
-Oui … Tu vois bien de qui je parle … Ta mère, ta très chère mère … Magnifique beauté. Il s'accroupit près de moi alors que je ne lâchais pas du regard, mon cœur battant à cent à l'heure.
-Je sais que tu veux la retrouver … Et je suis en mesure de t'aider, ma chérie. Ce surnom affectueux me donna envie de l'étrangler. Il n'avait pas le droit de jouer à ça …
-J'ai des informations fortement importantes sur ta mère … Et j'ai de quoi faire pour que tu puisses la retrouver … Cillant, je plissais les yeux et murmurait :
-Pourquoi est-ce que vous me dites ça ? C'est ça que j'aurais en échange ? Des infos sur ma mère ? Comment est-ce que je peux être sûre que vous ne mentez pas ?
-Rien. Je suis juste la source la plus sûre qui pourrait te permettre de la retrouver. Du moment que tu ne la ramènes pas ici … Tout va bien. J'avais une envie folle de l'étrangler ou de lui lancer un sort de magie noire qui le ferait hurler à la mort … Je n'avais néanmoins pas le temps de sortir ma baguette, ni la force de prendre des risques inutiles. Il se releva, retourna s'asseoir à son bureau et reprit sa plume :
-Ta mission est de prouver que les Travers sont des meurtriers. En échange, tu auras droit à une coquette somme d'argent et … à des informations sur ta mère. Point final. Si cela ne te plaît pas … Je trouverais un autre moyen de te forcer à partir. Sur ces mots froids et menaçants, il me congédia d'un geste de la main et je me levais. Je l'observais une dernière fois puis murmurai :
-Je vous tuerais un jour. J'en aurais la force. Il ne fit que reprendre la rédaction de sa lettre en esquissant un sourire et je me détournais pour sortir en vitesse de cette pièce qui semblait se refermait sur moi e plus en plus. J'étais piégée. Et j'étais bien obligée d'écouter ce qu'il me disait … Il était ma seule chance de pouvoir enfin savoir, après presque vingt deux ans, si ma mère était encore en vie.
2001, de nos jours, Ministère de la Magie. -Dehors, dis-je froidement à la personne qui entra qui n'était autre que ma secrétaire.
Elle se stoppa net, menaçant de déraper sur ses hauts talons et fila aussi vite que si elle avait Voldemort au cul. Je levais les yeux au ciel et reposait les yeux sur le dossier que j'étudiais. Encore quelque chose concernant une vente de Rebuts. Ce trafic n'en finissait pas de s'enrichir et je ne pouvais que remercier les sorciers d'alimenter tout cela … J'aurais alors, sûrement, beaucoup moins de travail et donc j'aurais été moins compétente. Je finis par lancer un sort qui rangea le dossier à sa place et me levais. Je savais très bien où j'allais aller pour ensoleiller ma pause.
Ne prenant que ma baguette, je partis vers le département des mystères. Endroit beaucoup plus sombre que le département dans lequel je travaillais mais je savais parfaitement où me dirigeait. Quelques Mangemorts croisèrent ma route mais je les ignorais. Voir ces masques à tête de morts était chose courante ici … Et je m'y étais habitué.
J’atteins finalement le bureau de celui que je cherchais. Le bruit de mes pas n'avaient pas dû l'avertir de mon arrivée car ses yeux n'avaient pas quittés la feuille qu'il étudiait.
Lysander Selwyn. Un homme charmant, mystérieux, arrogant parfaitement désirable et que j'avais totalement à mes pieds depuis quelques temps … Je savais qu'il ne s'était pas rapproché de moi par hasard … Qu'on avait sûrement dû le mettre sur mon chemin pour me mettre des bâtons dans les roues mais j'avais su me jouer de lui avec brio et m'en féliciter un peu plus chaque jour … Du moins … j'espérais que ce sentiment de triomphe resterait car il commençait par être doucement remplacé par l'amertume d'un trop peu.
J'entrais dans son bureau, une immense pièce sombre, à l'image du Ministère et sourit quand il finit par lever ses yeux gris vers moi.
-Sansa ? Il y a un problème ? demanda-t-il en fronçant légèrement les sourcils. Je secouais la tête et me penchai vers lui avec un sourire charmeur :
-Non … J'avais simplement envie de te rendre une petite visite … Ça te dérange ? demandais-je en reculant légèrement la tête. Un malaise s’insinua doucement en moi à l'idée d'être repoussé alors que je n'étais pas censé douter de ça …
-Bien sûr que non … Il se releva, contourna son bureau et fit ce que j'attendais depuis plus d'une heure. Prenant mon visage entre ses mains il m'embrassa, fiévreusement, et passionnément et je ne pus que me raccrocher à son costume en lui rendant son baiser. Je ne pensais pas que le désir pouvait m'envahir en si peu de temps. Je n'avais jamais ressentit cela pour qui que ce soit, j'avais une envie de me donner à lui chaque fois que je le voyais et cela m'effrayait légèrement. J'avais l'impression de perdre le contrôle. Il effleura ma mâchoire de ses lèvres et je lâchais un soupir tremblant … je le sentis sourire contre ma peau … Puis il s'écarta :
-Ca ne me dérange pas, seulement … J'ai du travail, dit-il en s’excusant du regard. Je cillais, sonnée.
Quoi ? -Sansa ? Il m'effleura la joue avec sa main et je me ressaisissais :
-Ce n'est pas grave. Je repasserais … Ou … On se verra plus tard, achevais-je en tournant le sens de ma phrase comme une question.
Il sourit, ce sourire qui me griller chaque fois un neurone et hocha la tête avant de m’effleurer le front de ses lèvres :
-Ce soir. J'esquissais un sourire forcé puis sortit. Je ne contrôlais plus rien ni les battements effrénés de mon cœur, ni mon excitation, ni cette extrême lassitude qui me comprimait le cœur … C'était comme cela à chaque fois que je le quittais. Comme une drogue qui me laissait au bord du paradis et me faisait brusquement retomber sur Terre. Serrant les dents, je repris une marche normale et me précipitai pour retourner à mon propre bureau et me bourrer la tête de travail, histoire de ne plus penser à cet homme qui semblait avoir plus de contrôle sur moi que je n'en avais …