Morte. Hannah est morte. Ils ont tué Julian et bientôt ce sera son tour. Elle ne se fait pas d'illusion. Elle finira par y passer. Lysander Selwyn finira par la tuer. Elle se replie sur elle-même, dans le noir, des cauchemars du monde la pourchassant. Elle déteste ce monde, elle déteste ce qu'ils ont en fait. Elle se sent tellement en colère et triste à la fois. Qu'est-elle devenu? Qu'ont-ils fait de la douce Hannah Abbot? Peut-être qu'on finira par la sortir de là. Elle pense à Harry Potter, souvent, trop souvent. Elle l’imagine vaincre le seigneur des ténèbres. Il l'imagine qu'il la sauve, qu'il les sauve tous. Ce n'est sans doute rien de plus qu'un rêve utopique auquel elle se raccroche vainement. Elle se souvient de cette retenue où elle avait manifesté tout son soutien à Harry.

« Potter, Abbot ! Une retenue. Ce soir, avant le dîner. » Hannah n'est pas une fille insolente, elle a plutôt été épargnée par la crise d'adolescence. Pourtant, si elle avait plus de courage, elle s'insurgerait contre cette punition mais elle décide de se taire. Hannah la sage reste à sa place, sans lever les yeux au ciel, sans souffler, sans le moindre geste d'insolence. Elle accepte. Elle sait que ses parents ne lui feront pas trop de reproches ils ne la blâmeront pas. Evidemment, ils lui reprocheront sa maladresse et ses talents inexistants pour les potions mais Hannah Abbot est devenue plus ou moins habituée aux punitions aux raisons douteuses du Professeur Snape, notamment pour la raison qu'il arrive à ses potions d'avoir des effets explosifs ou, du moins, de ne pas avoir l'effet désiré, comme celles de Neville. Cette fois-ci, c'est pour avoir été aidé. A croire qu'il n'est pas permis d'être une attardée - en potions - sans compter l’animosité qui semble lier le maître des potions et l'élève qui a offert son aide à l'attardée en potion, l'élu, depuis la jour où Harry Potter a fait son entrée dans la salle de classe. Hannah et Harry ne se sont peut-être pas d'une amitié si forte mais il a sa confiance. Pourtant, auprès des autres, de son meilleur ami même, elle l'a toujours fortement défendu. Il n'est pas l'héritier de Serpentard a -t-telle affirmé trois ans plus tôt. Il ne ment pas, il est le seul qui peut de nouveau terrasser celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom qui est bel et bien de retour, ne nous voilons pas la face. La soir venu, Hannah rejoint un peu avant l'heure - histoire de ne pas s'attirer plus de foudre pour retard - dans la salle que le professeur Snape avait indiqué pour la retenue qu'Hannah partagerait avec Harry. Quand elle arrive, le concierge est déjà là. Comme il ne dit rien, elle lâche un « Bonsoir. » Pas de réaction. Si ce n'est un grognement qui doit manifester le plaisir du concierge à se retrouver en la présence d'Hannah et, ensuite, inévitablement de celle d'Harry. Elle lance un regard à Harry à son entrée et un sourire élargie ses lèvres quand il s'excuse pour leur professeur. Elle ne doute pas de l'injustice de la punition qui lui est donnée, qui leur est donné mais elle doute aussi que le directeur des Serpentard connaisse le sens du mot Justice ou ait été mis au courant de son existence. « Aucune idée. Je préfèrerais faire des lignes, quitte à choisir. Ce n'est pas que j'aime ça mais au moins je n'y éprouve aucune difficulté.  » Elle n'a jamais été intelligente. Dans le cas contraire, elle n'aurait pas de professeur particulier et aurait été dirigé vers les aigles érudits. Elle lance un regard discret vers le concierge puis se penche vers Harry et fait doucement: « Tu crois que c'est pour bientôt, je veux dire, hum, la guerre? » La guerre aura lieu. Dans des mois, des années. Le quand est la question qui peut perturber le someil d'Hannah. Elle n'a aucune idée de quand une guerre se produira contre les forces du mal. Selon ses parents qui travaillent au Ministère de la magie, il n'y a aucun soucis à se faire. Elle leur fait confiance mais ils ne comprennent pas que quelque chose arrive. Les ténèbres arrivent.