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sujet; (frogana #3) lament of a rusty heart

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Morgana & Vincianne
When he spoke, the roughness was gone from his voice. "I could tell you I did it. That's what you wanna hear. I could tell you she did it to herself, but both ways I'd be lying. It was you who did it, Lily. You didn't mean it, but it was you."


(lament of a rusty heart) ●●● Dans le silence qui tapissait la maison moldue, la serrure laissa échapper un clic métallique avant que la porte ne s'ouvre, brutalement, et rebondisse contre le mur. Elles y étaient enfin, et la pensée la fit soupirer de soulagement alors qu'elle aidait Morgana à entrer. Le dernier transplanage, dans un petit parc du quartier avait été rude, approximatif même, et n'eut été le banc contre lequel elle avait cogné, Vincianne aurait probablement fini sur les genoux à ce moment. C'était déjà un miracle qu'elle n'ait pas simplement fini désartibulée aux quatre coins de l'Angleterre après la série de transplanages d'escorte qu'elle avait fait pour brouiller les pistes. La Française avait laissé le corps de Loup dans une de ses autres planques, après le regard horrifié que Morgana avait eu en remarquant ce qu'elle transportait avec elle. Elle n'avait pas eu le coeur de lui expliquer que son tortionnaire était son cousin. Et qu'elle-même en était la meurtrière. Mais il n'était pas question d'abandonner Loup. Alors elle l'avait juste déposé sur le canapé défoncé d'une maison abandonnée, elle avait jeté un sort de conservation et sans un mot, elle avait transplané de nouveau avec Morgana tout contre elle.

Vincianne n'alluma la lumière qu'une fois à l'étage, sans se soucier une seconde de la traînée de boue et de neige fondue qu'elles laissaient dans leur sillage. Plus que la fatigue, elle n'avait pas vraiment envie de voir le visage de Morgana et son regard hanté. Les stigmates du traitement subi et cette absence. Cette absence de cheveux noir corbeau. Elle n'aurait pas su dire pourquoi, pas vraiment, pas avec une raison intelligente et mature, mais plus que les blessures ou les yeux cernés, c'était ça qui la dérangeait. Elle adorait les cheveux de Morgana. Elle adorait voir Morgana les dompter, et d'un coup de baguette aussi puérile que précis, les libérer. « Juste un effort. A la douche. Ca va te réchauffer. » Sa voix était rauque, sa gorge serrée par une émotion qu'elle ne comprenait pas bien alors elle se força à la ravaler tout en menant Morgana jusqu'à la petite salle de bain carrelée de blanc. ... Et de sang séché. Deux jours plus tôt, elle avait dû revenir ici pour soigner une blessure au bras après un interrogatoire qui n'avait pas bien tourné, elle ne se souvenait plus comment. Elle avait laissé derrière elle un cimetière de vêtements sales et plein de sang qui, depuis, avait coagulé en une croûte marron. Ils étaient bons à jeter, songea-t-elle en les repoussant du pied pour ouvrir la cabine de douche et ouvrir le robinet. Le jet d'eau qui en sortit était tiède, pas encore tout à fait chaud, mais ce serait mieux que rien alors elle se tourna vers Morgana, apathique et glacés, et ses doigts plein de sang cherchèrent à déboutonner la cape dans laquelle elle l'avait enroulée tantôt. « Morgana. MORGANA. » Appela-elle quand l'insurgée chercha à se débattre. Et, malgré sa fatigue et la lassitude, sa voix n'avait pas perdu de sa fermeté - peut-être même était-ce pire qu'avant, il lui semblait que ses mots résonnaient maintenant avec la musicalité faussée d'un instrument synthétique, mais elle préféra ne pas s'y attarder. « C'est Vincianne. Calme-toi, tu es en sécurité. C'est juste pour te réchauffer. » C'était bien la première fois que ses mots ne charriaient aucun sous-entendu entre les syllables.


Dernière édition par Vincianne de Lancastre le Jeu 2 Avr 2015 - 9:35, édité 2 fois
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Wounds & Scars

   
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Vincianne & Morgana

   
S.T.A.Y Eau. Composé chimique ubiquitaire sur Terre, essentiel à tous les organismes vivants connus. Mais l’es-tu encore ? Vivante ? Il te faut  calquer  ta respiration sur le débit de la  douche  pour  forcer l’air dans tes poumons. Tes mains aux ongles cassés tremblent lorsque les premières gouttes tombent sur tes bras. Ton cœur frappe et cogne rompant la ligne de tes côtes, sourd aux appels de ta raison. Vincianne. Tu es venue. Mais ton corps, lui, ne comprends pas ce qu’est la sécurité et ta bouche se remplit de cendres et de rouille. Le goût de la peur. C’est l’histoire de ta vie. Chaque fois que tu arrives à la croisée des chemins, ton corps s’effondre, car il a toujours su ce que ton esprit se refuse à voir et quelque soit le moyen qu’il emploie pour craquer, qu’il s’agisse d’une grippe, d’une fracture ou d’une crise d’angoisse, c’est toujours ton corps qui a repris à son compte le fardeau de tes batailles internes. Alors, lorsque Vincianne tente de te défaire de ton dernier vêtement, en somme de ton humanité, c’est toute ta peau qui hurle ces trois jours de contacts non désirés. Le bourdonnement de la tondeuse. Les boucles d’ébènes qui tombent sur tes épaules. Les mains qui te manipulent. Objet. Il existe un mur infranchissable entre les fantômes de sensations  qui te hantent et ta raison qui se noie. Tu rues. Tu te débats avec l’énergie du désespoir. Tu es de nouveau dans la cave. Dans la lumière froide des néons. Devant lui. Tu es de nouveau faible. A sa merci. « Morgana, MORGANA ». Les sons te parviennent distordus et étrangement assourdis. Tu ne comprends pas.  Tu panique.  Tente de mordre. De griffer. Dans leurs orbites, tes yeux affolés cherchent une issue. Il y en a toujours une. Toujours une. Pour échapper au sang, à la crasse et à l’épouvante qui rampe dans tes os, dans tes veines, sous l’épiderme. Ca grouille comme des vers, dévore ce que tu étais pour ne recracher que du néant. BAM. Ta mâchoire est douloureuse mais l’éclairage n’a pas la crudité de l’Atelier des horreurs de Loup de Lancastre. Quelqu’un gémit dans la salle et tu prends quelques secondes pour comprendre que c’est toi. Une plainte animale. Désespérée. Lutter contre les vagues noires de terreur en te concentrant sur la toute petite flamme qui est restée allumée au sein des ténèbres.

« Vincianne. » Tu n’aimes pas le son balbutiant qui sort de ta bouche, ni tes doigts qui agrippent, jusqu'à en devenir blancs, ses épaules quand elle tente de te faire entrer sous la douche. « Vincianne, reste avec moi. » Tes lèvres tremblent lorsque tu lâches comme une supplique. « Ne m’abandonne pas. S’il te plait. Ne me laisse plus jamais partir. »  L’eau peut détruire. Tu l’as oublié pendant quelques années. Pourtant, un rien peut reconvoquer dans tes poumons la sensation du liquide acide. Sanglots qui secouent ta poitrine. Tu aurais préféré mourir plutôt que de le contempler à nouveau. A chaque seconde tu l'as appelé à toi. Supplié. Et pour toute réponse un silence assourdissant et cette singulière similitude.

L’eau peut purifier. Comme le feu qui roule sur tes plaies lorsque le jet les frappe. Tu serres les dents mais la douleur te rappelle que tu n’as pas sombré. Que tu es forte. L’eau peut soigner. Ton nez s’enfouit dans son cou alors que le sang, la crasse et le désespoir se retire de vos corps. L’empreinte reste. C’est la somme de tes cicatrices et des siennes. Et ce soir, tu lui offre ton entière confiance, laissant à sa vue les failles que tu as toujours réussi à dérober à son regard. L’inventaire des plaies et des bleus. Tu as toujours été réticente à les exposer, même pendant vos étreintes brûlantes, tu profitais de l’obscurité pour les dissimuler. Tu as compris, il y a longtemps, que cet assortiment de lignes brisées gravées dans ta chair sont les lettres d’un alphabet qui racontent l’histoire de la personne que tu es car chaque cicatrice est la trace d’une blessure guérie, la preuve que tu as survécu aux milliers de collisions que l’existence a placé sur ta route. Elles ne peuvent mentir ou falsifier la vérité.  Alors tu presses davantage ton visage contre Vincianne quand tu sens ses doigts retracer les scarifications qui marquent à la perfection l’emblème de sa  famille. Juste au-dessus de ton coeur. « Je suis désolée. » Tu murmures en un souffle inaudible. «  Je n’ai pas pu le tuer, Frog. Il te ressemblait tellement. »

   
   
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Morgana & Vincianne
When he spoke, the roughness was gone from his voice. "I could tell you I did it. That's what you wanna hear. I could tell you she did it to herself, but both ways I'd be lying. It was you who did it, Lily. You didn't mean it, but it was you."


(lament of a rusty heart) ●●● Ce n'étaient pas les ongles de Morgana qui s'enfonçaient dans sa chair. Ce n'étaient pas les crocs qui tentaient d'arracher qu'ils pouvaient atteindre. Ce n'étaient pas ses muscles tordus de fatigue ou ses plaies à fleur de peau. C'était la terreur. C'était ça. La terreur de Morgana, c'était ce qui la blessait le plus. Ses yeux apeurés étaient ce qui lui brûlait l'épiderme, mieux que l'incendio qu'elle avait pris à l'épaule. Son gémissement était ce qui lui faisait saigner les tympans. Et Vincianne, égoïstement, ne voulait pas de cette Morgana, prostrée au sol après un simple coup de poing. Elle voulait la Morgana qui se relevait, celle qui ne tombait que pour mieux vous faucher. Celle qui refusait de lui céder l'ascendant quand il était évident que la Française était le chasseur et rien d'autre.

Elle voulait sa Morgana.

« Vincianne. » La sorcière grimaça quand les doigts se resserrèrent contre la chair et le tissu brûlés. Elle avait l'impression qu'ils auraient pu fusionner à jamais si elle appuyait plus fort contre la plaie suintante. « Vincianne, reste avec moi. » La surprise flasha dans les iris clairs et les sourcils se tordirent avec mécontentement devant la demande inattendue. C'était comme de se prendre un coup de poing en-dessous de la ceinture et ne pas savoir quoi faire. Ne pas savoir s'il valait mieux reprendre son souffle ou simplement charger. Recoller les morceaux épars de cette Morgana brisée en espérant qu'il ne manquerait pas trop de morceaux. Ou juste partir, partir et oublier. Parce que peut-être que Morgana était simplement morte là-bas. Elle avait demandé à Loup si elle respirait encore. Son cousin avait acquiescé et il n'avait pas menti. Il n'avait jamais dit si elle était encore en vie ou pas. « Ne m’abandonne pas. S’il te plait. Ne me laisse plus jamais partir. » Et contre elle, cette femme qui portait le visage de Morgana réagissait de façon si étrange, si décalée qu'elle ne savait plus quoi faire. Comment se comporter. Qui était cette Morgana ? Et qui appelait-elle ? Vincianne était bien son nom. La Française le reconnaissait, il résonnait encore de l'écho familier d'un petit garçon qui appelait sa cousine dans les ténèbres de Brocéliande. Mais Vincianne ne restait jamais. Ses mains n'avaient pas le moelleux d'une main de mère. Elles étaient rêches et pleines de sang croûté. Ses bras ne se resserraient pas en l'étreinte douce de l'amante. Ils écrasaient possessivement les gens qui y étaient emprisonnés. Ses proies. Ses proches. Vincianne ne restait jamais parce que son amour n'était pas un feu de cheminée, accueillant et réconfortant. Il était brûlant comme les braises. Il s'imprimait tout contre vous, à fleur de peau, dans la douleur. Etait-ce vraiment cette Vincianne que cette Morgana appelait ? Elle n'en était pas certaine, et au fond, loin sous les masques et les costumes, sous les identités et les façades de théâtre, loin dans les fondements de la forteresse qu'était la cadette des Lancastre, la question ne venait pas sans une once de terreur. « Je suis là, je suis là. » Rien qu'une demie-promesse. Rien qu'une moitié creuse d'un pas grand chose. Mais ses mensonges habituels n'arrivaient pas jusqu'à sa langue fourbe, ce soir, et  sans un mot de plus, elle ravala ses propres doutes, ses propres interrogations. Elle n'avait jamais été vraiment bonne pour ça, l'introspection. Il aurait fallu définir qui était Vincianne de Lancastre exactement, parce que c'était comme ça qu'on trouvait une solution : en définissant le problème. Mais le problème s'était perdu avec le temps, il s'était noyé dans d'autres problèmes, avait été écrasé sous d'autres noms. Un empilement de noms. C'était comme un bordel qui s'était accumulé, une tâche qui, à force de report, était devenue monstrueuse. C'était comme un bordel qui s'était accumulé, et dont on ne savait plus exactement ce qui se cachait en dessous. Même Vincianne n'avait pas vraiment envie de foutre le nez dedans.

Machinalement, la pulpe de ses doigts retraçait les cicatrices, vieilles ou récentes, tout en débarrassant l'épiderme de la saleté qui s'accrochait encore malgré l'eau désormais brûlante. La sorcière aurait voulu lui donner de sa métamorphomagie. Juste un fragment, un peu d'elle pour soigner ces plaies. Un peu d'elle pour noyer les souvenirs dans une peau plus lisse, moins entaillée. Comme si ça soignait le passé. Parce que c'était comme ça que Vincianne de Lancastre se soignait de son passé. C'était la seule façon qu'elle connaissait pour soigner du passé. Tout cacher comme elle cacha la crispation de ses muscles, le souffle qui se bloqua dans sa gorge et refusa de s'échapper. Comme elle cacha le flux et reflux aussi soudains que violents de sa magie. Au-dessus du lavabo, le miroir se fendit dans un craquement clair et son verre plut dans la blanche céramique en mille éclats. Là, sous ses yeux, s'étalait l'emblème de sa famille, et l'usage pervers d'un symbole de grandeur fit monter la bile et l'acide dans sa gorge. Elle avait vu des cadavres aux tripes explosées, des inferis à la peau décomposée. Des moitiés de corps éclatés, des enfants aux membres arrachés par les bombes. Elle avait vu des horreurs qui auraient hanté les cauchemars d'autres qu'elle. Elle avait encore dans les narines l'odeur ferreuse du sang humain, elle avait encore contre la langue la sensation poisseuse de la graisse qui brûlait. Mais ça, ça lui retournait les tripes, ça lui donnait la gerbe. Un vertige l'aurait probablement fauchée si la main n'avait quitté la hanche de Morgana pour s'abattre en poing contre le carrelage blanc de la douche. De l'autre main, ses doigts étaient agités de tremblements incontrôlables alors qu'elle osait à peine toucher la chair scarifiée. Merlin, qu'est-ce que j'ai fait ? Elle osait à peine la toucher, comme si ses propres mains avaient tenu la lame qui avait violé la chair. « Je suis désolée. Je n’ai pas pu le tuer, Frog. Il te ressemblait tellement. » Vincianne secoua la tête, refusant les mots et les excuses de Morgana. « Tu n'aurais pas dû. » La colère faisait vibrer ses mots en intonations crépitantes et Vince ne savait pas, ne savait plus si elle était en colère contre Morgana ou furieuse comme elle-même. Loup était son devoir et, bien sûr, il y avait cette culpabilité qui la pointait du doigt, l'accusait d'avoir mal fait son travail. Si Vincianne l'avait fait sérieusement, comme toutes les autres missions, ce gâchis n'aurait pas eu lieu. Tout était de sa faute. Mais plus encore, c'était la réalisation de ce que Morgana avait fait, de pourquoi elle l'avait fait qui agitait des tempêtes furieuses en elle. « Tu n'aurais pas dû. C'était ma mission, tu entends. » Ses mains s'aggripèrent aux épaules de la brune pour l'éloigner d'elle et sous le jet d'eau brûlante, Vincianne l'obligea à la fixer dans les yeux. Dans le regard clair de la Française, s'agitaient des ombres folles, tourbillons sombres comme des puits sans fond. « Je n'ai pas besoin de quelqu'un prêt à mourir pour moi. » Vincianne imprima une secousse dans le corps frêle, un corps qu'elle aurait pu briser entre ses mains. Mais elle sembla l'oublier, elle ne sembla plus le voir. Elle ne voyait qu'une chose, une seule. Morgana avait été prête à mourir pour elle. L'idée la terrifiait, la terrorisait même. Elle n'était pas prête à assumer une responsabilité pareille. « Plus jamais, ne le fais plus jamais. Jure-le. » Exigea-t-elle avec une urgence impérieuse, la voix rauque et basse des prédateurs qui se sentent piégés. « Jure-le sur la Magie. »


Dernière édition par Vincianne de Lancastre le Jeu 2 Avr 2015 - 9:36, édité 1 fois
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Wounds & Scars

   
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Vincianne & Morgana

   
S.T.A.Y Grésillement des néons. Chuintements liquides du jet d’eau. Brûlure. Et sa voix, dont les aigus peinent à masquer leur agressivité. La salle de bain disparaît. Pas encore. Pas déjà. Panique. Ca va recommencer. Tes paupières se corrodent comme un négatif lugubre et surexposé. Les fermer pour effacer le monde. Le Nier. Ton ventre se tord. Tu refuses d’ouvrir les yeux. D’affronter les siens. Ceux de Vincianne. De Loup. Effrayant de gémellité. La lumière crue se fraie un chemin à travers la chair rougeâtre et pulsante. Trop forte. Début de la bande. Tu crois. Fin de l’histoire. Tu ne sais plus. Chair de poule, sur ta peau des épaules aux chevilles. Tarie. Vidée. Et distante, une voix résonne non loin de toi, au-dessus, derrière. Des reproches sordides. Elle veut te faire promettre. Tu ne réponds rien. Tu ne sais que dire. L’odeur acide de ta propre terreur te frappe. Parce que tu es à nouveau sanglée sur cette table, la fine blouse de papier collée de sueur. « Arrêtez ! Je vous en prie. Arrêtez tout… » Parler te fais mal aux mâchoires. Pas de pitié. Ta langue est sèche, épaisse des drogues injectées. Tu sanglotes. L’ombre soupire. Ce matin, il t’a branchée aux machines qui t’auscultent. Murs blancs. Portes closes. Il te relâchera lorsqu’il aura fait de toi sa chose, sa marionnette, l’objet de sa vengeance ridicule. Mais cela ne marche pas. Il tempête et maudit. Recommence ses calculs. Il n’a pas assez de temps. Et cela ne marche pas. Sous cette peau meurtrie et violée, tu es humaine. Bien enfouie, au plus profond, dans ces quelques misérables centimètres cubes qui constituent le volume de ta boîte crânienne, tu es humaine et en dépit des apparences, tu resteras humaine. Je vais mourir ici et ce n’est pas grave. Et chaque seconde que tu passes sous le flot des paroles amères te ramènent à ton cauchemar. Quelque chose d’affreux t’es arrivé, il y a de cela quelques années. Et cela n’a jamais pris fin. Poisson aveugle, condamné à remonter le courant. Rejouer la scène de chacun de tes traumatismes jusqu’à l’écoeurement. Revivre en boucle la honte sédimentée jusqu’à la lie puis rembobiner. Le carrelage blanc. L’odeur âcre de ta sueur et de l’urine. Le rire gras qui résonne dans le couloir. Tu es seule, seule, dans les grumeaux d’ombre d’une cellule désaffectée. Ca a beau gémir, bruire, tambouriner de tout côté, ça a beau posséder les apparences de la vie, il ne demeure que le bruit blanc de la solitude. Brûlure des larmes de rasoir qui lacèrent l’épiderme. Sang qui souille. « Tu n’aurais pas dû. » Infection. Replonger dans ce cauchemar familier. Le girofle. Ton corps nu et endolori. Le spasme convulsif qui vrille les nefs de tes membres inférieurs. Et la discipline qui te force à l’immobilisme. Regagner le sommeil par la force. Parfois, il ne s’écoule que quelque seconde pour retrouver ta zone de sûreté. Parfois, il te faut des heures. Inversant toute réalité. Faussant tes repaires. Caduques. Recommencer autant que nécessaire. Méthode souveraine. Remède appliqué et éculé.

« Je n’ai pas besoin de quelqu’un prêt à mourir pour moi. » Ca boucle. Encore et encore. Es-tu prête à lâcher prise ? L’animal gronde en ton sein. Crocs qui claquent. Dents qui mordent. Il n’a jamais été question de sacrifice. Ce n’est pas au gamin qu’on aurait dû donner le titre de Survivant. D’aussi loin que remonte tes souvenirs d’enfance, tu t’en es toujours sortie. De manière inespérée. Et à chaque fois, il t’a fallu oublier pour avancer. Le mur de ta cellule dit : « Je vais mourir ici. » Tout autour, des mains ont grattée : « Moi aussi. »  Alors quelqu’un d’autre a gratté : « Je suis encore en vie. » Et ce quelqu’un, c’était toi.

« Je ne compte pas mourir » sont tes premiers mots. Et pour te dégager, tu uses de la seule chose que tu es appris entre les quatre murs de ta prison : la violence. Phalange pour enfermer la douleur. Sang pour effacer la pureté immonde de la pièce. « Et s’il faut recommencer, je le ferai. Je tuerai mille fois. Je vaincrai encore. Parce que j’aurai oublié que je l’ai déjà fait. Et comme je découvrirai à chaque fois que j’ai la force de dépasser l’horreur,  je survivrai. » Ta voix est claire. La terreur est partie momentanément, chassée bien loin au-delà de ta conscience, veillant dans les ténèbres de ses prunelles luisantes. Ta lèvre inférieure suinte d’écarlate. Tes doigts pressent ceux de Vincianne contre le lion de sa famille. En faire quelque chose de significatif. « Je te laisse le choix des armes. Efface-le. Fais-le tien. Cette peau t’appartient. Je t’en fais don car tu m’as sauvée. »

   
   
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Morgana & Vincianne
When he spoke, the roughness was gone from his voice. "I could tell you I did it. That's what you wanna hear. I could tell you she did it to herself, but both ways I'd be lying. It was you who did it, Lily. You didn't mean it, but it was you."


(lament of a rusty heart) ●●● « Je ne compte pas mourir. » Contre sa mâchoire, la Française sentit le baiser brutal des phalanges de Morgana. Contre ses oreilles, les mots de l'Ecossaisse grinçaient d'assurance. Et l'espace d'un instant, un éclat de soulagement se ficha dans son coeur alors que, sous ses yeux, s'esquissaient de nouveau les contours d'une Morgana plus familière, plus sienne que ne l'était celle sanglotante et effrayée qu'elle secouait quelques instants plus tôt. Tu es là, Merlin merci, tu es encore là. « Et s’il faut recommencer, je le ferai. Je tuerai mille fois. Je vaincrai encore. Parce que j’aurai oublié que je l’ai déjà fait. Et comme je découvrirai à chaque fois que j’ai la force de dépasser l’horreur, je survivrai. » Mais le soulagement ne dura que le temps d'un souffle. Ce même souffle qui portait les certitudes de Morgana. Celui qui attisa les insécurités de Vincianne, cette terreur de porter sur ses épaules plus que sa vie et son devoir. Cette angoisse poisseuse d'être responsable de quelqu'un d'autre. « Conneries ! » Ses mots étaient englués dans son accent français autant que dans sa révolte glacée et son refus. « Pourquoi est-ce que tu es partie, seule, pour chasser ma putain de proie ? » Ses poings se serrèrent, les phalanges blanchirent. Ses nerfs brûlaient de répliquer, de lui arracher la promesse demandée. De lui prendre de force les mots de réconfort qu'elle lui réclamait. Je te le promets, bordel ! Ce n'était si difficile à dire, n'est-ce pas ? « C'est quoi ta putain d'excuse ? Un problème de confiance en moi ? Tu penses que je n'en étais pas capable, c'est ça ?, et l'idée l'offensait tellement qu'elle dut déglutir pour continuer : Tu crois que je ne connais pas mon devoir, Ives ? » La douche était soudain trop petite, trop exiguë pour sa colère. Elle sentait sa violence gronder en elle, et avait l'impression d'être un animal en cage. Elle ressentait le besoin de morder, de frapper. Et elle ne pouvait pas, elle ne devait pas parce que la supplique de Morgana résonnait encore contre ses tympans et qu'elle ne voulait plus jamais l'entendre. Plus jamais elle ne voulait entendre tant de vulnérabilité, tant de peur dans la voix de la Belliqueuse. Alors le battant de la cabine claqua quand il rencontra la mur et Vincianne en sortit, tremblante des pieds à la tête dans ses vêtements trempés d'eau et de sang. Les dents serrées à s'en éclater l'émail, elle ne lâcha pas un cri, mais son pied frappa la corbeille de linge vide parce qu'elle ne trouvait rien d'autre à frapper. Ses poings s'abattirent le bord de l'évier, ses doigts s'y accrochèrent un instant alors qu'elle peinait à reprendre le contrôle.

« Qu'est-ce que tu aurais fait si je n'étais pas arrivée à temps ? Qu'est-ce que tu aurais fait ? Il t'aurait détruite. Il t'aurait brisée en tellement de morceaux et- » Et même moi, je ne sais pas si j'aurais su te soigner. La Bouche-Cousue s'arrêta un moment, pour s'obliger à se tourner vers Morgana et s'approcher de nouveau, sans la rejoindre sous le jet d'eau chaude. Sous sa peau, Vincianne sentait la crispation douloureuse de ses muscles contraints à des gestes mesurés. Contre sa langue, les mots domptés gardaient une note amère de français. « Et Morgana serait morte. » Ca aurait été de sa faute, merde. Ce serait de sa faute. Elle ne pouvait pas accepter ça, elle refusait un sacrifice pareil. C'était trop. C'était juste trop. Morgana devait comprendre, elle devait lui faire comprendre. « Alors meurs pour tes putains d'idéaux si tu veux. Meurs pour ton putain de pays. Meurs pour ton putain de devoir envers cette ruine que tu appelles chez toi. Meurs parce que le temps t'aura usée et froissée. » Sa voix était impérieuse et exigente, comme l'étreinte dans laquelle elle enferma Morgana, son front posé sur l'épaule blanche alors que tous les muscles de son dos tremblaient, de colère, de rage. De peur. « Mais ne meurs pas pour moi. » L'ordre se perdit dans un souffle. Je ne peux pas mourir, pas pour toi. Ma mort ne m'appartient pas plus que ma vie. Et si c'est moi la responsable, comment je fais pour me venger, dis-moi ? Mais Morgana ne répondait rien. Elle ne disait ni oui, ni non. A la place, elle s'empara de sa main pour la presser contre la cicatrice qui horrifiait la Française. « Je te laisse le choix des armes. Efface-le. Fais-le tien. Cette peau t’appartient. Je t’en fais don car tu m’as sauvée. » Ses doigts tremblaient encore et Vincianne se força à les garder immobiles sur le lion sanglant. « Promets-le moi avant. Promets-moi que je ne causerai pas ta mort. » Exigea-t-elle, obstinée. Et comme une offrande, un geste de bonne volonté, elle offrit ce qu'elle n'avait jamais montré à personne. En ignorant la douleur du tissu arraché à son épaule à vif, elle retira son pull et montra les cicatrices de brûlure de son avant-bras. Elle montra les vieilles entailles au ventre, celles dans le dos à travers le miroir explosé. Elle se défit de son pantalon et montra la cicatrice de la fracture ouverte de son tibia explosé par un sort. Elle montra la blessure fraîche qui lui barrait le mollet. Elle montra la fine ligne blanche dans sa nuque qui lui venait d'un accident stupide, la chair abimée dont la subtile variation de rose dévoilait des doigts coupés et repoussés à répétition. Elle montra tout. Vincianne se dénuda, entièrement, plus complètement que jamais. Se défaisant de sa métamorphomagie, elle dévoila toutes les blessures, toute son histoire à fleur de peau. Cette peau imparfaite, cette toile malmenée et vaguement recousue. Au delà des mensonges qu'elle servait à tout le monde et du secret qui l'entourait, toute la vérité était écrite là, de la plus petite blessure de l'enfance jusqu'aux tortures que lui avaient gagné ses erreurs. « Epargne-moi cette cicatrice, Morgana. »
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Wounds & Scars

   
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Vincianne & Morgana

   
S.T.A.Y Gris. Tu perçois désormais les nuances dans la clarté agressive de la pièce. L’angle acéré de la douche. Les joints oxydés. Le panier renversé. Et les lignes noires de crasse et de détresse qui s’écoulaient de vos corps. Il ne reste plus que le tien. Comment lui dire ? Le monde n’est plus qu’une nasse de rouille et de poussière, inextricable. Incompréhensible. Barbare. Et tu t’es perdue, n’est-ce pas ? Juste l’espace d’un instant mais suffisamment pour qu’elle te croit ravie à jamais. Et devant ce déchaînement de rage, tu crains que ce ne soit aussi son cas. Tu voudrais pouvoir la rattraper. La ramener sous l’eau. Sous la surface. Et ne plus jamais remonter. Jamais.

Rouge. Cours, petite Vincianne, cours. Quand le chevreuil traîne, le chasseur l’attrape et tu as toujours été pour dire que c’était la faute du chevreuil, n’est-ce pas ? Repars. Ne te préoccupe pas d’un pays qui n’est pas le tien. Retourne auprès de ton Roi. Il n’y a rien de bon pour toi, ici. Une barre amère te brise les côtes. C’est sa voix qui s’infiltre dans tes os, qui s’immisce sur ta langue. Cruelle profanation.  Tu ne comprends pas ? Combien de temps aurais-je pu retenir ses mains sur toi ? Combien de temps encore ? Un rictus sauvage anime  fugacement tes traits. Evanescence du tueur qui sommeille en creux, comme embusqué dans ta poitrine. Une maladie qui ronge. Une infection fongique de rage et de cris. La réprimer avec hargne, le faisant rentrer dans sa cage à coup de pieds et de poings, de griffes et de crocs. Tes pensées sont des blessures béantes. Ton cerveau est une cicatrice. Tu voudrais être une machine. Bras pour saisir. Jambes pour marcher. Aucune douleur. Aucune Pensée.

Gris. ● Et Morgana serait morte. ● Troisième personne. La mise à distance est un choc auquel tu ne t’attendais pas. Qui est cette entité que la française nomme Morgana ?  Est-ce toi ? Trempée, terrifiée, recroquevillée sous une eau qui tiédit à mesure que les minutes passent ? Qui reste là, les mains tremblantes sous les nuées de vapeur d’eau ? Quasi vaporisée mais qui se retient aux dernières branches de ses forces enfuies. Est-ce elle ? Ophélie. Que la rivière n'a pas gardée. La femme à la corde, la femme aux veines ouvertes, la femme à l'overdose sur les lèvres de la neige, la femme à la tête dans la cuisinière à gaz. Ou est-ce la bête qui rôde, les babines sanglantes sous la fixité d’un sourire de poupée ?  La louve à la peau de femme ? Une bouche rongeant sa longe, sciant sa propre planche. La réaction à l’action. Le monstre en réponse au monstrueux.

Rouge. ● Alors meurs pour tes putains d'idéaux si tu veux. Meurs pour ton putain de pays. Meurs pour ton putain de devoir envers cette ruine que tu appelles chez toi. Meurs parce que le temps t'aura usée et froissée mais ne meurs pas pour moi. ● Tes bras répondent à l’étreinte alors que tes doigts suivent avec une inquiétude avide les mouvements nerveux de ses muscles jusqu’à remonter sur sa nuque pour s’emmêler dans les lourdes boucles collées par l’eau.  Tes prunelles cartographient les aspérités, les canyons et les anfractuosités. Sa peau est un vélum. Son Livre de Toutes les Heures. Et tu sais que tu aimes la femme que tu découvres sous l’illusion de la perfection.  Du bout des doigts, tu parcours l’espace et le temps, échappe à un mausolée maya sur la hanche, et à une dispute avec son frère du côté de la nuque. En remontant le long de sa colonne vertébrale, tu redécouvres la chaleur de vos étreintes dans les cinq griffures qui barrent son dos. Brûlées. Soudées au carbone d’une passion destructrice.

Vert. Tu lui feras entendre ce qu’elle souhaite. Tu as dit des choses que tu ne pensais pas. En as tue d’autres qui ne franchiront jamais la sauvage frontière.  Tu t’es parjurée sans vergogne. Vomis le cœur de tous les corps que tu as consommé. Ta mémoire est trouble. Vous avez vu la rive et les larmes, l’enfer et ses sources.  Aujourd’hui, tu cesseras de te tuer. Tu ouvres grand les portes et les fenêtres pour y laisser pénétrer le monde.  Alors tu promets. Filet de voix. Lèvres tremblantes. « Je ne veux pas mourir. » et cela résonne comme « je ne veux pas te perdre. »  Tu n’attendras pas qu’elle ouvre votre tombe pour y planter des pensées d’autres blondes. Tu as combattu sur le front de la guerre civile. L’ennemi ne t’a trouvé aucune faiblesse. Tu as tué. A présent que tu es toi-même une faiblesse, tes compagnons d’armes ne manqueront pas de le savoir. Ils te tueront. « Je cicatriserai. » Plus fort. Appuyer ses doigts tremblants et moites contre la marque. Pas pour la faire disparaître. Pour la faire sienne. Pour faire sens. Avec les dents de tes chiens tu veux arracher de ta chair souillée la trace de tes larmes, ta sueur, tes cris de plaisir. Avec les lames de leurs griffes tailler dans la peau du loup ta robe de mariée. Son haleine, qui a le goût des cadavres des rois, la traduire dans la langue du tourment qui est l'apanage des esclaves « Maintenant que j’ai promis, tiens ta paroles. Marque-moi. Efface ses traces. Je ne lui appartiens pas. ». Tu la fixes, les mâchoires serrées, prête à essuyer un refus.


   
   
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Morgana & Vincianne
When he spoke, the roughness was gone from his voice. "I could tell you I did it. That's what you wanna hear. I could tell you she did it to herself, but both ways I'd be lying. It was you who did it, Lily. You didn't mean it, but it was you."


(lament of a rusty heart) ●●● La première fois qu'elle avait rencontré Morgana, Vince s'en souvenait encore. L'Ecossaise portait tout ce tissu, du noir des corbeaux qu'on voit dans les cimetières américains. Tout ce noir drapé autour d'elle avec autant de soin que sa dignité. Tout ce noir qui tranchait avec la pâle carnation - comme cette sévérité glacée qui faisait tache sur les traits fins de la femme. Vince s'en souvenait encore. Elle s'était demandé ce qu'il se passerait si elle déparait l'Ecossaise de tout ça. Les vêtements, la dignité, la sévérité. Le noir. Si elle parvenait à la défaire totalement, la dénuder complètement. La ravager, la saccager. C'était une envie aussi puérile que malsaine, une pulsion toute Pandorienne d'ouvrir la Boîte Défendue et de la vider de son contenu pour l'éparpiller aux quatre coins du monde.

Est-ce que Morgana frissonnerait sous la caresse légère de ses doigts ?
Est-ce que Morgana gémirait sous la pression insistante de ses lèvres ?
Est-ce que Morgana retiendrait sa respiration sous ses attentions ?
Est-ce que Morgana ploierait sous elle ? Sous son autorité ?


Elle n'avait jamais eu sa réponse, et ses questions s'étaient perdues dans le labyrinthe où Vincianne de Lancastre avait trahi Morgana Ives, la livrant à l'étreinte possessive d'un Filet du Diable. Et Morgana Ives n'avait jamais vraiment pardonné le geste.

Ce n'était pas faute d'avoir essayé. Insisté. Harcelé. Exigé. Ordonné.
Mais même pendant les baisers qu'elles avaient échangés, Morgana ne s'était plus laissée endormir par les mots de la Française. Déstabiliser, peut-être. Envoûter, non. L'ancienne Langue-de-Plomb n'avait plus jamais voulu céder le contrôle, pas même une seule seconde, comme si la moindre inattention pouvait menacer à la trahison. Et Vincianne ne savait pas ce qu'elle aimerait le plus recevoir de Morgana. La lutte acharnée ou la reddition sans condition ?

Mais maintenant, elle était là. Offerte. Presque suppliante. Rien que pour elle.
Alors qu'elle rejoignait Morgana sur le lit, Vincianne constata le mouvement des épaules qui se soulevaient et s'affaissaient au rythme d'une respiration saccadée. Difficile. « Tu es certaine ? » Sa propre voix était rauque et râclait sur ses tympans, trahissant une appréhension incongrue. Mais le regard que lui décocha Morgana n'en portait aucune, lui.

Alors Vincianne inspira.

Est-ce que Morgana frissonnerait sous la caresse légère de ses doigts ?
Est-ce que Morgana gémirait sous la pression insistante de ses lèvres ?
Est-ce que Morgana retiendrait sa respiration sous ses attentions ?
Est-ce que Morgana ploierait sous elle ? Sous son autorité ?


Vincianne dut utiliser toute sa volonté pour ne pas craquer, tout son contrôle pour empêcher ses nerfs de se défaire comme une pelote de laine retrouvant sa liberté. Ce n'était pas le moment. L'émail de ses dents vinrent mordre la pulpe sèche des lèvres abîmées de Morgana avec une douceur inhabituelle. Sa main frôla la peau fine du cou du cygne avant de retracer l'épaule, et ... de se poser sur cet endroit. A ses côtés, le corps de Morgana s'arqua brusquement, ses protestations soudaines s'échouant sur la langue de la Française.

Sa respiration se bloqua et ouvrant les yeux, Vincianne chercha les doigts de Morgana pour les serrer dans sa main libre. Puis ses lèvres s'égarèrent sur les paupières closes de Morgana, sur ses pommettes encore humides de l'eau de la douche, sur l'épaule, le bras, le coude. Le poignet. Jusqu'aux doigts qu'elle refusait de lâcher.

Pardon.

Et même si elle se pensait indifférente à l'odeur des corps calcinés, la chair brûlée de Morgana avait un parfum qu'elle était certaine de ne jamais parvenir à oublier.


Dernière édition par Vincianne de Lancastre le Lun 8 Juin 2015 - 1:13, édité 1 fois
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Wounds & Scars

   
Children show scars like medals. Lovers use them as secrets to reveal. A scar is what happens when the word is made flesh.
Vincianne & Morgana

   
S.T.A.Y Le drap est sec et rêche. De la pulpe de tes doigts, tu traques les faux-plis et la poussière pour conjurer l’angoisse qui rampe. Une dépression se forme près de ton épaule à l’endroit où elle s’est assise. Fermer les yeux un instant pour effacer la sourde appréhension qui te mord la poitrine. Les entre deux t’ont toujours effrayée, tout comme les espaces intermédiaires qui se peuplent de vide et de lumière. « Tu en es certaine ? ». Un sourire pâle aurait pu affleurer devant l’incongruité de la demande. Un instant, se convoque entre les sombres tentures sinoples et argents de tes années de jeunesse, les boucles incendies de Jules. « Tu en es certaine ? » Les mêmes mots, la même tension, cette même sensation crispante qui te retourne l’estomac, entre extase et nausée. Et ton cœur qui bat si fort que tu pouvais le sentir dans ta gorge. Tout était si calme pourtant. Ses doigts s’étaient posés sur tes lèvres ; tu les avais sentis trembler. Désorientée. Ivre de bonheur. Puis maladroitement, tu l’avais embrassée. Miel et cannelle. Tu ne pourras jamais l’oublier.

Une fois donné, on ne peut reprendre son premier baiser, il faut bien choisir Morgana.

Dans ta première existence, tu as été un instrument, un enjeu, une fonction. On a usé de toi. Abusé de toi. Tu as pris ta liberté dans la négation puis le sang. La peur te reste, toutefois, figée dans tes os, d’être à nouveau l’outil des plans d’un autre. Mais tu sais, au bout de ton chemin d’errance, de refus et de terreur que cette trahison-là ne viendra jamais de la femme couchée à tes côtés.

Un regard. Sinople sur champ d’azur.

Je te fais confiance.

Ton premier cri lui appartient.

Inconsciemment, tu as toujours su qu’elle serait celle qui briserait tes chaînes, ton carcan, toute cette rigide dignité qui s’est érigée en citadelle imprenable au fil du temps. Rancœur sur couche glacée de raison. Lorsque vous vous êtes rencontrées pour la première fois, tu as décrété qu’elle était un danger pour tout ce que tu avais méticuleusement construit. Une tentation qui provoquerait ta chute. Puis, elle t’avait trahie et tu t’étais farouchement promis de ne jamais lui permettre de laver l’affront. De ne jamais lui pardonner même après qu’elle s’est lancée à la conquête désespérée de ce qui n’aurait jamais dû lui appartenir.

Pourtant, le destin est une tempête de sable qui se déplace sans cesse. Tu modifies ton allure pour lui échapper mais la tempête modifie aussi la sienne. Tu changes à nouveau le rythme de ta marche, et la tempête change son rythme elle aussi. C'est sans fin, cela se répète un nombre incalculable de fois, comme une danse macabre avec le dieu de la Mort, juste avant l'aube. Pourquoi ? Parce que la tempête n'est pas un phénomène venu d'ailleurs sans aucun lien avec toi. Elle est toi même et rien d'autre. Elle vient de l'intérieur de toi. Alors la seule chose que tu puisses faire, c'est pénétrer délibérément dedans, fermer les yeux et te boucher les oreilles afin d'empêcher le sable d'y entrer, et la traverser pas à pas. Au coeur de cette tempête, il n'y a pas de soleil, il n'y a pas de lune, pas de repère dans l'espace ; par moments, même, le temps n'existe plus. Il n'y a que du sable blanc et fin comme des os broyés qui tourbillonne haut dans le ciel.  Et, il y a elle.

Aujourd’hui, tu romps avec les codes et les règles, tout ce savoir que tu pensais avoir accumulé. Elle ne te touche pas, elle te donne naissance. Elle ne te brûle pas, elle te purifie.

Tu serres sa main comme une promesse de rédemption. Puis, tes doigts retracent fébrilement les angles de son visage, écho d’un geste depuis longtemps évanoui, avant de  l’obliger doucement à lever ses prunelles vers toi. Les mots n’hésitent pas ni ne trébuchent lorsqu’ils passent les herses de tes lèvres desséchées.*

« Je t’aime. Tout ira bien désormais. »


   
   
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