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sujet; I need you like a heart needs a beat [Gimily]

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«I'm there for you, be there for me»
feat. Emily Callaghan


Une lionne en cage ne tournerait pas avec davantage d'agitation et de frustration que Ginny en cet instant. Ne pas pouvoir agir, être soit disant protégée, contre sa volonté, ce n'est au fond qu'une nouvelle forme de captivité. Les silences ont raison de sa santé mentale, et sa conscience se morcelle davantage à chaque nouvelle seconde passée dans le repère des Silencieux. Il est temps pour Ginny de passer outre la prudence et la patience. Puisque personne ne lui confie de mission, elle prendra elle même les choses en main. L'attente a assez duré.

A la nuit tombée, Ginny traverse le repère des Silencieux où dorment paisiblement les siens. Le silence qui règne en ces lieux est devenu quasiment insupportable pour l'ancienne rebut, alors même qu'il était une garantie salutaire au début de sa convalescence. Et le respecter, tandis qu'elle avance à pas de loup afin de ne pas attirer l'attention, semble finalement être un ultime et périlleux effort. Quelques insurgés montent la garde. Avec les années, ils ont appris à se tenir prêt à tout chamboulement. D'ailleurs, même ceux qui ne sont pas affectés à la surveillance nocturne du camps ne dorment jamais vraiment sur leurs deux oreilles. Ginny se sent parfois honteuse, elle qui profite enfin d'un sommeil digne de ce nom. Elle émerge de ses draps au petit matin après s'être davantage reposé que quiconque au sein du camp. Sans doute est-ce l'indice de trop, qui lui fait dire qu'ils ne la comprendront jamais. Tous ici sont des fugitifs. Pour certains, il sont en cavale depuis des années, depuis l’ascension de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom au pouvoir. Ils ne savent plus ce qu'un repos réparateur signifie, sans cesse aux aguets, prêt à devoir lever le camp dans la seconde si des mangemorts découvraient leur cachette. Ginny n'est pas comme eux. Est-ce à dire qu'elle n'est pas l'une d'entre eux ? La jeune femme n'est pas encore parvenue à répondre à cette question, qui la harcèle à chaque minute passée éveillée. Car Ginny, elle, parvient à trouver le sommeil la nuit. Elle ne craint pas d'être réveillée par un assaut des mangemorts, elle ne se tient pas prêt au pire car, contrairement à eux, elle a déjà vécu le pire. Enfermée chez les Parkinson puis dans l'appartement personnel qu'avait acquit Pansy au sein de la Bran Tower, Ginny ne savait jamais quand les lubies de l'ancienne serpentard viendraient l'extirper violemment de ses songes. Elle ne dormait jamais que d'un œil, et pas uniquement dans la perspective de sévices ou parce que ses cicatrices lui faisaient un mal de chien. Elle devait se tenir prête, ne jamais s'endormir trop profondément, au risque de manquer une tentative de sauvetage. Car, même après Poudlard et Azkaban, Ginny espérait toujours, innocemment et viscéralement, que les siens viendraient l'arracher à son quotidien de misère. Elle avait foi en eux, foi en leur amour et sentait, savait, qu'ils pouvaient venir frapper à sa porte à chaque instant. Et cet espoir hypothétique, au delà de tous les tourments qu'elle pouvait subir, valait de rester à demi éveillée chaque nuit, en dépit de toute raison, rejetant le sommeil comme un ennemi farouche.

Glissant dans la pénombre comme l'ombre qu'elle est devenue, Ginny rejoint avec une aisance naturelle la sortie du repère que se partagent Silencieux et Audacieux. Emportée par un vent frais, Ginny débouche dans les ruelles sombres du chemin de Traverse, ses pieds nus battant les pavés. Elle fait un arrêt un peu brusque et ferme les yeux. La liberté, enfin. Le vent qui caresse ses joues est nouveau, elle imprime son embrun dans sa mémoire, afin de l'associer à jamais à l'idée de libération.  Doucement, elle porte une main à ses lèvres, et rouvre les yeux, surprise. Un sourire s'est immiscé sur ses lèvres, malgré elle. Elle fait glisser son index sur ses lèvres, tâchant de retenir cette forme que sa mémoire a chassé depuis si longtemps. Ginny lève alors les yeux vers le ciel étoilé de cette nuit de fin d'été. Gravant également en elle cette sensation, elle se fait la promesse de ne plus jamais être la victime de barreaux ou de chaînes. Plus jamais elle ne laissera quiconque la priver de sa liberté. Ce faisant cette réflexion, elle ne réalise même pas que le fait de s'échapper ainsi du repère des insurgés auxquels elle appartient représente un risque immense pour sa liberté. N'étant pas mise dans les confidences, jugée trop fragile, elle ignore tout du polynectar que les siens utilisent afin de pouvoir se mêler au commun des sorciers sans risquer d'être envoyés directement vers la case prison.

Plongée dans ses rêveries désinvoltes, Ginny fait un pas en avant, puis deux, presque machinalement. Les pavés sont froids, mais elle se contrefiche de cette considération triviale. Obnubilée par les émotions qui soulèvent son cœur, Ginny entame sa route vers une destination qu'elle n'a pas pris la peine de déterminer. Mais même perdue dans ses délires d'évasion, la rouquine reste capable de percevoir le danger. Des bruits de pas, plus loin, la font soudainement sursauter. Elle comprend alors que sa sortie la met en danger. Mais elle ne craint pas ce danger, elle sait qu'elle est capable de le gérer. Elle a su gérer bien pire, et fait sans doute preuve d'arrogance en se persuadant qu'elle pourra se sortir de n'importe quelle situation périlleuse. N'est-ce pas l'occasion rêvée de prouver qu'elle n'est pas faible et inutile ? Dans un mouvement qu'elle veut rapide mais quelque peu désordonné, Ginny se réfugie derrière l'angle d'une bâtisse. Elle s'accroupit, tapie dans l'ombre, à l’affût des pas qui se rapprochent. Un silhouette passe à proximité de sa cachette, et Ginny plisse les yeux pour la détailler. Le profil du passant déverrouille un cadenas dans sa mémoire. Emily. Ginny se laisse alors submerger par les émotions, et se précipite hors de sa cachette, faisant fi de toute prudence. Elle se retrouve alors derrière son amie d'enfance et fait un pas en avant. « Emily... » Ne connaissant pas la liste des membres des Silencieux et des Audacieux, Ginny prend un risque qu'elle ne perçoit pas encore en interpellant ainsi son ancienne camarade de classe. Un souvenir ressurgit alors et elle se souvient l'avoir distinguée dans sa cage, ce jour funeste de juillet, où l'ensemble des rebuts ont été décrétés bons pour la peine capitale par le Ministère de la Magie. La joie irradie des traits de Ginny autant qu'il lui est possible de le faire. Ces lèvres se soulèvent légèrement et un éclat moins sombre qu'à l'ordinaire pénètre son regard brun. « Emily, c'est bien toi ? » Elle penche doucement la tête sur le côté afin de l'observer davantage, la dévisageant sans retenue. Les traits de son amie se sont émaciés depuis la dernière fois qu'elles se sont vues. L’exécution des rebuts n'a été une partie de plaisir pour aucun d'entre eux. « Où étais-tu allée ? » Les sourcils de Ginny se froncent légèrement. « Tu devrais faire attention, les rues ne sont pas sûres pour … les gens comme nous. » Elle n'ose pas dire « les anciens rebuts ». Leur mort ayant été exigée par le Ministère, leur survie est un affront fait à la suprématie du régime en place. Chaque souffle supplémentaire qu'ils expirent est la preuve que celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom a failli. Ginny en a conscience même si, en ce qui la concerne, son patronyme et ses antécédents en font naturellement une cible à abattre, indépendamment de sa condition de rebut affranchie.

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HERO • we saved the world
Emily Callaghan
Emily Callaghan
‹ inscription : 10/08/2015
‹ messages : 907
‹ crédits : mathy, et tumblr pour les gifs
‹ dialogues : #ff9966.
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‹ âge : vingt-trois ans
‹ occupation : perdue sans but dans la vie.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : septembre 1992 et mai 1998.
‹ baguette : est celle de ma mère. Elle est en bois de bouleau, contient un crin de licorne et mesure 26,5 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 4346
‹ réputation : je suis une petite poupée abîmée, malmenée et détruite.
‹ faits : je suis d'origine irlandaise et de sang-mêlé. J'ai un tempérament de feu, suis énergique, loyale et parfois possessive.
J'ai fait partie de l'AD, ai combattu pendant la bataille de Poudlard, ai été rebut, ai participé à la reprise de Poudlard et à la bataille finale et suis maintenant un héros de guerre.
Je manie également parfaitement une dizaine d'armes blanches et maîtrise le combat rapproché.
‹ résidence : dans ma maison d'enfance mais y passe très peu de temps. Le plus souvent vous me trouverez dans des bars ou des boîtes de nuit à tenter d'oublier ce qu'est ma vie.
‹ patronus : un panda mais il m'est encore très difficile d'en produire un
‹ épouvantard : l'oubli. Visuellement cela se traduit par un voile noir qui l'enveloppe.
‹ risèd : ma famille réunie autour de moi pour fêter mon diplôme d'auror.
http://www.smoking-ruins.com/t2937-emily-chaos-and-the-calm
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Ginny & Emily
There is a magnet in your heart
that will attract true friends.
That magnet is unselfishness, thinking of others first;
when you learn to live for others, they will live for you.



Assise au milieu de sa tente – elle avait enfin décidé de s’installer seule dans une tente dans un coin du campement –, la plume coincée derrière l’oreille, elle traçait du bout des doigts les contours de sa carte. A son arrivée au camp, elle se rappelait s’être dit qu’elle n’arriverait jamais à y trouver sa place, qu’on n’arriverait jamais à la rendre utile ; pas après ce qu’elle avait vécu chez les Carrow, pas après les tâches ingrates qu’on lui avait imposées à l’époque où elle était rebut. Trop de traumatismes, trop de tabous, trop d’actes qu’elle aimerait ne plus jamais avoir à effectuer contre son gré. Et pourtant, Harry était passé par là, son ami, son double masculin, il l’avait comprise, avait réussi à cerner le problème, s’était rappelé des talents de la jeune brunette et lui avait offert ce poste d’architecte dessinatrice. Il avait su trouver en elle la capacité qui lui permettrait de se rendre utile, tout en se divertissant et en oubliant les chiffons, les tâches et les tortures. Jusqu’alors, elle n’avait pas encore eu l’occasion de mettre elle-même en magie ces cartes qui se voulaient, à l’avenir, miroirs à la Carte du Maraudeur mais ses talents de dessinatrice étaient enfin jugés à leurs justes valeurs, et elle se donnait corps et âme à la mission qu’on lui avait confiée … Lèvres pincés, elle tapotait le bout de ses doigts sur sa feuille de parchemin au rythme de l’air musical qui comblait le silence ambiant. Depuis quelques temps, elle avait pris l’habitude d’écouter de la musique pour dissiper les pensées malsaines ou désagréables qui lui torturaient l’esprit. Cela constituait pour elle un moyen de l’apaiser et de calmer ses pulsions violentes. Il était même possible, de l’entendre chantonner en passant devant sa tente au bon moment, mais il ne fallait pas s’attendre à ce qu’elle le fasse en public … Elle se rendait bien compte que depuis son arrivée au camp, elle avait montré deux versions d’elle-même à ses compatriotes. Certains se rappelaient de l’ancienne Emily et comprenaient que son histoire l’avait changée ; ils la voyaient comme une jeune fille assez réservée – contrairement à son passé de bavarde – obstinée et dévouée, attentionnée, calme et concentrée. D’autres avaient eu droit à “ la rebut d’Alecto ”, blessée, meurtrie, solitaire, pitoyable, colérique, associable et sans volonté. Les deux parcelles d’elle-même se confrontaient constamment, mais elle avait enfin l’impression qu’Emily reprenait peu à peu sa place, tout du moins pour l’instant. Voilà plus d’un mois qu’elle était de retour dans la vie réelle, qu’elle avait rejoint les insurgés, ceux avec qui elle avait toujours eu une certaine affinité. A présent, elle avait une place, des tâches à accomplir, des anciens amis avec qui elle se sentait protégée et en sécurité … Cependant, dans un coin de son esprit, elle savait qu’elle restait dépendante à Alecto, dépendante à la potion de force que son ex-geôlière lui fournissait contre des informations. Elle avait beau se débattre pour ne pas retourner vers les Carrow, elle savait que dans ses moments de faiblesse, elle ne se contrôlerait pas et elle se jetterait à nouveau dans la gueule du loup. Elle ne voulait pas vendre ses amis, elle savait qu’elle les trahissait en faisant ça, mais elle résistait, elle faisait de son mieux pour en dire le minimum. Ses années de torture l’avaient renforcée et elle avait même trouvé quelques astuces pour tenir sa langue lorsqu’il le fallait ; heureusement pour elle, sinon le campement des Audacieux aurait déjà été démantelé. Cela dit, elle continuait à représenter un risque, et elle en avait conscience, voilà pourquoi la jeune fille froide et impulsive subsistait …

Elle redressa subitement la tête et fixa l’entrée de sa tente. Au départ, elle s’était arrêtée de dessiner pour réfléchir aux proportions de ses plans, mais elle s’était perdue dans une réflexion abrupte sur sa place au camp. Cette analyse revenait sans cesse en ce moment, et c’était pour se sortir tout ça de la tête qu’elle écoutait de la musique normalement, mais ce soir, elle avait beaucoup de mal à se concentrer sur sa tâche, elle était restée enfermée trop longtemps et avait besoin d’air frais. Rangeant ses esquisses de plan dans un tiroir de sa table de chevet, elle se convainc qu’elle réussirait à rendre sa petite promenade rentable en produisant un plan du Chemin de Traverse qui pourrait être utile pour vérifier les allées et venues des gens autour du camp. Elle avait envie de prendre des initiatives, alors pourquoi pas celle-ci ? Tant qu’elle ne se promenait pas avec le plan du campement ou qu’elle ne trimballait pas derrière elle des indices qui pourraient vendre la cachette des Insurgés aux plus curieux, elle pouvait faire ce qu’elle voulait. Elle attrapa sa cape et remonta sa capuche sur sa tête pour protéger son identité et ne pas être repérée. Elle fourra une feuille de parchemin dans une de ses poches et quitta sa tente en prenant bien soin de la refermer. Elle ne craignait pas vraiment que des personnes malavisées ne viennent fouiller ses affaires, mais elle aimait quand les choses restaient à leur place, traumatisme lié à son année à parfaire les affaires d’Alecto … Il faisait nuit noire, le ciel était clair et le campement était plutôt silencieux. Il n’était pas vraiment tard, mais aucune personne qu’elle ne croisa ne lui posa de questions. Elle savait se la jouer invisible. Quittant les protections du campement, elle commença à prévoir un itinéraire dans sa tête et se promit de s’y tenir. Elle pourrait, par la même occasion voir si des Rafleurs avaient des habitudes dans les alentours et ainsi mieux prévenir les possibles attaques. Marchant d’une allure parfois lente, parfois rapide, elle restait aux aguets, restait le plus souvent dans l’ombre, griffonnait quelques informations sur son parchemin et poursuivait sa route. Elle passa une bonne partie de la nuit à faire cela, sans jamais sentir la fatigue s’effondrer sur ses épaules. Elle était devenue insensible au sommeil. Elle n’avait absolument aucun problème à s’endormir, mais le plus souvent, sa nuit se ponctuait par un cauchemar et elle se réveillait au bout de 4 à 6 heures, sans demander son reste, prête à vaquer à ses occupations au campement.

Alors qu’elle s’apprêtait à rentrer au repère des insurgés, elle remarqua la présence d’un groupe suspect. Il était assez loin du refuge des insurgés, mais elle, ne se trouvait qu’à quelques mètres d’eux. Elle ne put s’empêcher de sentir des frissons parcourir son corps et le sang battre au niveau de ses tempes. Elle longea les murs des immeubles en accélérant sa cadence et se surprit même à courir sur quelques mètres pour arriver plus rapidement au campement. Mais même ainsi, elle restait à l’affût du moindre risque, du moindre bruit suspect … Elle perçut un petit froissement dans les alentours, et se décida donc à ralentir. Elle avança lentement, regardant droit devant elle pour ne pas montrer ses suspicions, se préparant néanmoins à attaquer à mains nues si jamais quelqu’un se jetait sur elle. C’est à ce moment qu’elle entendit ce prénom, cette voix … Ses membres se détendirent, ses poings se desserrèrent et un ensemble d’émotions l’envahirent. Elle se retourna et fit la silhouette frêle de Ginny. Elle est là ! pensa-t-elle. Elle fut submergée par un mélange de joie et de mélancolie. Depuis leur libération, elle savait que sa meilleure amie avait été libérée par les Weasley et qu’elle avait été emmenée directement en sécurité. La rousse était restée à l’abri quelques temps, loin du camp, et puis elle était revenue, mais Emily s’était interdit de l’embêter, pas tout de suite, trop tôt … Elle savait très bien ce qu’avait vécu son amie, parce qu’elle aussi l’avait vécue, et plus que tout au monde, elle voulait la paix, la liberté et l’indépendance, donc elle s’imaginait que son amie voudrait la même chose. Mais là, enfin, elles étaient l’une en face de l’autre … Que faire ? Que dire ? Elle avait envie de rire, de pleurer, de se jeter dans ses bras, mais rien, elle restait là, immobile, ne sachant pas vraiment quelle réaction était la bonne. Elles se ressemblaient pourtant tellement, elle ne devait pas avoir de mal à se mettre à la place de son amie et décider de la meilleure réaction à avoir. « Ginny … » Elle avait prononcé ce prénom dans un murmure, du bout des lèvres, comme un soupir de soulagement … Elle la voyait, en chair et en os, son amie semblait se porter bien ; tout du moins physiquement, mais était-ce la même chose mentalement ? Elle s’approcha, baissant ses gardes, avançant lentement … Elle s’arrêta à moins d’un mètre de son amie et la dévisagea les yeux brillant de larmes. Elle n’osait pas la toucher, elle avait peur de la brusquer. Elle l’écoutait mais ne répondait pas immédiatement, elle était trop captivée par ce visage, cette présence. « C’est bien toi … » Une affirmation pour se convaincre elle-même, pour éclaircir ses idées … Elle leva les bras, prête à prendre son amie dans ses bras, mais elle n’y arrivait pas, elle avait peur de ne pas contrôler sa force, de ne pas réussir à l’enlacer sans lui faire mal. « Je … me promenais. J’avais besoin de m’éclaircir les idées et de me rendre utile. » Elle détourna le regard, jetant un œil à droite et à gauche pour vérifier que personne n’était là. Après ce qu’elle avait vu cette nuit, elle avait trop peur que le groupe qu’elle avait vu soit composé de Rafleurs et qu’ils les attrapent toutes les deux. Elles, les ex-rebuts, qui venaient tout juste de recouvrer la liberté. « Tu as raison, on ne devrait pas vraiment rester là, je n’ai pas de baguette, pas de moyen de créer une bulle protectrice autour de nous. On devrait peut-être rentrer au camp … Ou trouver un endroit plus sûr ! » Elle savait pertinemment que l’une comme l’autre, elles étaient capables de se défendre sans baguette, mais contre un groupe de Rafleurs, ce n’était pas la même affaire, il y avait trop de risques, ils étaient trop nombreux. Elle était loin de prétendre vouloir protéger Ginny, parce que l’une comme l’autre, elles étaient pareil, elles préféraient se mettre en danger plutôt qu’être surprotégée par d’autres personnes … Mais voilà, ça avait toujours été ainsi, elles avaient toujours été là l’une pour l’autre, à se protéger l’une l’autre. C’était un de leur pacte silencieux, un accord tacite qu’elles n’avaient jamais eu à définir oralement. Ginny et Emily, c’était le duo parfait … Mais l’étaient-elles encore, parfaites ?
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«I'm there for you, be there for me»
feat. Emily Callaghan


Ginny souffre. L'air frais lui fait du bien et, l'espace d'un instant, elle s'est prise à rêver à une véritable liberté. Mais ce qu'elle vit actuellement n'a pas les caractéristiques de cette liberté parfaite, flamboyante et illusoire. La Guerre qui déchire le monde des sorciers ne permet aucun espoir, et pourtant, Ginny ne peut se résigner complètement. Et Emily n'aurait sans doute pas pu mieux tomber. Elle ramène l'ancienne gryffondor à la réalité avec une judicieuse et subtile douceur. Dans un murmure, Emily prononce son nom, et Ginny ne peut empêcher son cœur de se soulever. Elle sent les larmes poindre au bord de ses yeux, mais elle les repousse furieusement. Il n'est pas question de se laisser aller. Si elle veut obtenir ce à quoi elle aspire, la jeune femme ne doit laisser personne soupçonner la moindre faiblesse. Les fissures de son âme doivent être colmatées, superficiellement au moins, afin que tous se laissent tromper par son apparent rétablissement. Il faudrait être fou, ou bien ignorant, pour imaginer que quiconque puisse se relever si aisément des épreuves par lesquelles Ginny est passée. Et Emily n'est ni folle ni ignorante. S'étant laissée bercer un instant par l'idée volage de retrouver son amie comme si elles n'avaient jamais été séparées et que la vie ne les avaient pas fortement diminuées, Ginny réalise soudain à quel point cette pensée est stupide et irréaliste. Parce que Emily peut imaginer assez fidèlement ce qu'elle a traversé, il lui faut être encore plus prudente en sa présence. Elle le sait, le sent, son amie ne se laissera pas berner par des sourires exagérés et saura surprendre les instants subreptices où Ginny se laisse submerger par les souvenirs, les tortures, les vestiges d'une vie impossible à mettre entre parenthèse, malgré la violence avec laquelle elle s'acharne à le faire.

Reprenant appui dans la réalité, Ginny s’aperçoit qu'Emily s'est approchée, mais pas assez encore pour violer son espace vital. La volonté avec laquelle les Carrow d'abord, puis ses geôliers à Azkaban et enfin Parkinson se sont évertués à la briser a laissé des traces. Ginny se retrouve donc subitement sur ses gardes, chacun de ses muscles en tension, alors qu'Emily s'est pourtant stoppée à une distance raisonnable. Mais le simple fait qu'elle puisse tenter de l'approcher un peu plus l'effraie, la rend nerveuse. Emily lève les bras et Ginny sert les dents. Elle sait que cette réaction n'a rien de rationnel ; quel mal pourrait lui vouloir son amie d'enfance ? Et pourtant, elle ne peut empêcher les battements de son cœur d'accélérer. Ses sourcils se froncent, à l’affût du moindre geste. A tel point qu'elle ne prend pas garde aux paroles de son interlocutrice. Elle la surprend en déclarant qu'elle a besoin de se dégourdir les jambes, de se rendre utile. Comme elle. Mais aussi fort qu'elle puisse le penser, Ginny n'en fait pas état. Elle demeure silencieuse, et comprend qu'il lui faut autant se méfier des gestes que des paroles. Les oreilles alertes, Ginny laisse un silence s'installer tandis qu'Emily surveille brièvement les environs. Puis Emily acquiesce à son avertissement, les englobant toutes deux dans un tout unique. Elles ne devraient pas rester là. Elles devraient rentrer au camp ou trouver un endroit sûr. Ginny laisse un frisson lui remonter l'échine. Depuis combien de temps n'a t'elle pas été incorporée ainsi dans un tout qui ne concerne pas qu'elle ou les rebuts de son espèce ? Emily n'est plus une rebut, et elle non plus. Aujourd'hui, Ginny ne se résume plus seulement à son existence de captive, à ces actes de jeunesse que l'on s'est échiné à lui faire regretter. Et Emily semble l'avoir compris avant elle.

« Je ne veux pas rentrer au camp. » Elle n'y va pas par quatre chemins. Même si elle continue à se méfier, de tout et de tout le monde, Ginny ne voit pas d'intérêt à cacher ce fait établi à l'ancienne rebut qui lui fait face. « Son atmosphère ... » Elle baisse la tête, cherchant ses mots, puis relève un regard déterminé vers son amie. « Je ne me sens pas libre, là bas. » Il n'y a pas de manière subtile de le dire, et Ginny tire trop d'énergie à tenter de maquiller son apparence pour avoir l'air apaisé, elle n'a donc plus assez de force pour trouver des façons détournées de parler. Une forme de mimétisme s'est-elle installée dans son esprit à mesure que les années ont défilées ? Ses tortionnaires n'ont jamais fait dans la dentelle, vifs, âpres, ils n'ont pas cherché à offrir à Ginny des ronds de jambes délicats ou des paroles astucieuses. Des années durant, Ginny n'a connu aucun soupçon de diplomatie à son égard. Elle a parfois pu, lors des réceptions des Parkinson, être le témoin de scènes d'un raffinement extrême, mais elle a trop largement baigné dans l'envers du décor pour encore voir un quelconque intérêt à ces propos éthérés. Plus que les mots, elle considère l'apparence comme le seul rempart efficace. Jouer avec les mots ne change rien. C'est un acte creux, digne d'une élite oisive qui possède un temps et une énergie précieux à affecter à ces simagrées.

Tentant de rassembler son énergie et sa volonté, Ginny redresse le menton et rive un regard qui se veut combattant dans les prunelles claires d'Emily. « Trouvons un endroit sûr. » Sans attendre de réaction de la part de son ancienne camarade gryffondor, Ginny avance et la pousse légèrement d'un coup d'épaule pour la dégager de son chemin. Il n'y a pas de violence dans le geste de Ginny, simplement une extrême précipitation. A peine dépasse t'elle Emily, qu'elle attrape sa main dans la sienne et l'attire à sa suite dans les ruelles du chemin de Traverse. Ce geste, anodin, ne l'est pas lorsqu'il concerne la rouquine. Elle renie les contacts physiques. Tactile dans sa jeunesse, elle renâcle désormais à ne serait-ce que prendre une main. Mais elle se fait violence, parce qu'il s'agit d'Emily et qu'il n'y a pas un instant à perdre.

Autrefois animées et bien garnies, même à cette heure tardive, les ruelles ne sont plus qu'un dédale froid et austère. A chaque croisement, les deux anciennes rebuts risquent de tomber nez à nez avec un groupe de rafleurs. Bien que rouillée dans l'art d'échapper à l'ennemi, Ginny a gagné en discrétion au fil des années passées à se faire la plus petite possible. Parfois, si elle rasait suffisamment les murs, Pansy oubliait sa présence un jour ou deux, et elle pouvait profiter d'un répit providentiel, préservée provisoirement de jeux mesquins destinés à la fragiliser, à s'immiscer dans les recoins les plus intimes de sa conscience afin de détruire son être dans son essence même.

Dans la cavalcade, Ginny réalise que ses pieds nus ne produisent aucun son sur les pavés, ce qui n'est pas le cas d'Emily. Elle les fait donc obliquer brusquement vers une boutique désaffectée. Elle pousse la porte dont une partie des gonds a sauté, tentant de faire le moins de bruit possible. Elle attire Emily à sa suite à l'intérieur. L'air est lourd, et poussiéreux. Elle y fait deux pas, puis s'arrête, relâche alors la main de son amie et se tourne dans sa direction. « Les fenêtres sont cassées, et je doute que fermer les volets nous protège longtemps. » Elle reprend son souffle tout en parlant, cherchant néanmoins à ne pas perdre trop de temps. « Il ne faut pas rester ici trop longtemps mais ... » Elle jette un bref coup d’œil aux chaussures de son homologue, puis relève un regard peiné vers elle. « tes chaussures font du bruit, il faut les enlever. » Péremptoire, Ginny n'a pourtant aucune intention de s'imposer en cheftaine ou d'obliger Emily à faire quoique ce soit. Elle a seulement appris à aller à l'essentiel lorsqu'il s'agit de transmettre des informations dans un moment particulièrement critique. Elle ne fait que reproduire, maladroitement, ce que son sort de sous-humaine lui a inculqué.

Les lèvres légèrement crispées, Ginny prend quelques secondes pour observer Emily. Involontairement, un sourire se trace sur ses lèvres fines et abîmées. Et comme si elle ne se soucie pas de ce rictus dont elle a oublié la signification, elle ajoute à voix basse : « Comment pouvons-nous nous rendre utiles ce soir ? » Tomber nez à nez avec son amie était presque inespéré. La savoir bel et bien en vie l'a  fortement rassurée et apprendre que, contrairement à elle, elle a trouvé comment se rendre utile, ne fait que piquer davantage la curiosité de la cadette Weasley. Ginny doit savoir, comprendre, afin de pouvoir se rendre utile à son tour.

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‹ faits : je suis d'origine irlandaise et de sang-mêlé. J'ai un tempérament de feu, suis énergique, loyale et parfois possessive.
J'ai fait partie de l'AD, ai combattu pendant la bataille de Poudlard, ai été rebut, ai participé à la reprise de Poudlard et à la bataille finale et suis maintenant un héros de guerre.
Je manie également parfaitement une dizaine d'armes blanches et maîtrise le combat rapproché.
‹ résidence : dans ma maison d'enfance mais y passe très peu de temps. Le plus souvent vous me trouverez dans des bars ou des boîtes de nuit à tenter d'oublier ce qu'est ma vie.
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Prendre des risques insensés … S’exposer au danger … Flirter avec la mort … Ces actes constituaient son moteur, son essence, son courant d’air. Elle avançait, se renforçait, se laissait pousser par des motivations malsaines, des pulsions suicidaires … Elle n’avait plus les mêmes aspirations qu’avant. Par le passé, elle prenait des risques pour protéger, elle se mettait en danger pour aider et se rendre utile, elle avait peur de la mort. A présent, tout avait changé … Plus rien n’était aussi clair et certain que son besoin de mettre son corps dans des situations inconfortables, de se violenter, de se torturer … Pourquoi ? Elle ne le savait pas vraiment. Elle était peut-être dopée à l’adrénaline, cela lui permettait de se sentir vivante, de se sentir utile. Après son enfermement, ce besoin s’était accru ; Azkaban l’avait réduite à un tas de chair, sans vie, sans énergie, sans émotion, les détraqueurs avaient été sans pitié, ils l’avaient asséchée. Ce vide, elle avait dû le combler, elle avait dû trouver un moyen de retrouver goût à la vie, de profiter de sa liberté. D’abord, elle s’était accrochée à l’entraînement de rebut, et puis à son arrivée chez Alecto, cette dernière lui avait offert le plus beau des cadeaux – ironique interprétation de ce qu’elle lui avait fait vivre - : la chance de se défouler, de donner une part d’elle pour une cause qui, même si elle ne la défendait pas du plus profond de ses tripes, était défendable. Elle n’avait pas complètement oublié ses idéaux, elle continuait à croire en la possibilité de vivre à nouveau dans un monde sorcier dépourvu de mage noire, de tyrannie et la douleur, mais elle était aussi nettement plus réaliste et elle ne se morfondait plus dans une utopie chimérique. Elle savait qu’elle vivait dans un monde rempli de danger, qu’elle s’exposait à des risques à chacun des pas qu’elle faisait, à chacun des obstacles qu’elle franchissait et que la mort en faisait partie. Elle s’était faite à cette idée … Voilà pourquoi elle s’offrait à la mort, voilà pourquoi sa vie était une constante valse avec la mort.

Cette situation était l’une de celle où elle se sentait le mieux, où elle se sentait à sa place ; et Ginny était de son avis. Au camp, elle suffoquait, il y avait trop de monde, trop de regards tournés vers elle, trop de questionnement et de rumeur. Elle n’aimait pas ça, ce n’était pas elle, ce n’était pas l’image qu’elle voulait donner. Elle n’était plus aussi expansive qu’avant et ce n’était pas sans raison. Elle avait besoin d’espace, elle avait besoin de liberté et le refuge des insurgés était bien loin d’offrir cet environnement si plaisant. Ici, à l’extérieur, dans ces rues quasi désertes, elle se sentait puissante, unique, comme le centre du monde. Elle avait le sentiment d’être importante et forte. On ne la regardait pas, on ne la voyait pas, on ne pouvait rien dire d’elle. Elle était l’ombre dans l’obscurité, la goutte dans l’océan, le grain de sable dans le désert. Elle rôdait. Elle pouvait être l’agresseur et le danger, plus qu’elle n’était la proie. Même si à ce moment, elle ressemblait plus à la biche qu’au loup, la seule présence de Ginny à ses côtés la rassurait et lui permettait d’envisager le danger comme un avantage. Elle n’était plus assez sensible émotionnellement pour dire à quel point elle était heureuse de revoir son amie, de pouvoir lui parler, de la savoir en vie et en forme, mais elle savait que Ginny comprendrait. Déjà avant, elles n’avaient pas toujours besoin de se dire les choses pour se comprendre. Une relation vivante et puissante. Magique …

La main de Ginny dans la sienne lui fit l’effet d’un électrochoc. Elle n’était plus habituée aux contacts, elle y était même réticente. La dernière fois qu’on avait essayé de la toucher sans la prévenir, elle avait repoussé la personne avec une violence incontrôlée et elle avait manqué de la blesser gravement. Sa plus grosse peur était là. Lorsqu’on la frôlait ou qu’on la surprenait, elle avait l’impression qu’Alecto était de retour et qu’elle venait la réveiller pour mieux la torturer. C’était un mouvement de défense, c’était son instinct de survie. Pourtant, la surprise laissa rapidement place au réconfort lorsque ce fût la main de Ginny. De cette main, émanait une énergie mystique qui ne lui faisait pas peur. On pouvait apparenter cela à une attirance entre une particule et son antiparticule qui s’attiraient pour ne former plus qu’un, avant de s’annihiler pour créer de l’énergie. A deux, elles étaient plus fortes. A deux, leur passé séparé et pourtant si proche et si commun n’était plus que souvenir. A deux, elles pouvaient soulever des montagnes et redonner un sens à leur vie. En tout cas, c’est ce que ressentait Emily, et elle avait le sentiment que Ginny n’était pas loin de penser la même chose – peut-être simplement au plus profond de son inconscient pour l’instant. En tout cas, elle se sentait sereine avec cette main dans la sienne, et elle se laissa guider sans rechigner.

Emily avait appris à se déplacer avec légèreté, avec discrétion et sans jamais se faire repérer. Mais ses retrouvailles avec Ginny lui avaient fait négliger certains points qu’elle n’aurait jamais omis si elle n’avait pas été chamboulée. Lowell avait été un bon professeur, il lui avait enseigné l’art du contrôle et de la filature. Toutefois, ce soir, tout ça n’avait pas d’importance et ses semelles abîmées claquèrent donc sur le pavé alors que Ginny la tirait derrière elle. Lorsqu’elle s’en rendit compte, Ginny obliquait vers un bâtiment et le mal était déjà fait. Elles pénétrèrent dans une boutique abandonnée et la rousse lâcha la main d’Emily. Cette dernière sentit comme une faiblesse la frapper de plein fouet. Le contact rompu, une part de leur force commune s’était évanouie. Elle ne se laissa cependant pas abattre et se reprit très vite. Elle écouta Ginny avec attention et acquiesça. « Oui, je sais, désolée, habituellement je n’ai pas ce problème mais … » Comment dire à son amie que la revoir lui faisait perdre ses moyens ? « … j’ai l’esprit ailleurs … Donc tu dois avoir raison, je ferais mieux de les enlever … » Aussitôt dit, aussitôt fait, elle se baissa et enleva les ballerines abîmées qu’on lui avait données à son arrivée au repère. Elle les rangea soigneusement sous des amas de bois et bougea les orteils sur le sol recouvert de crasse. « C’est froid … Tu n’as pas froid ? » Elle la regardait, la dévisageant dans son ensemble. Ginny n’était pas vraiment apprêtée pour une escapade nocturne. Lorsque ses yeux se posèrent à nouveau sur le doux visage – bien que tendu et abîmé – de Ginny, elle vit un sourire grimacé apparaître sous ses yeux. Elle ne savait plus vraiment ce que signifiait sourire, c’était une chose qu’elle ne faisait plus naturellement. Sourire faussement était devenu un exercice dans lequel elle excellait, il dissimulait ainsi toutes ses mauvaises pensées et ses intentions. « Honnêtement, j’étais en train de rentrer quand je t’ai croisé … » Elle s’attendait déjà à voir l’expression déçu de Ginny, mais elle poursuivit. « … mais si tu veux, on peut poursuivre. Il n’y a pas grand-chose à faire ici en fait. On pourrait fouiller des poubelles pour tenter de trouver de la nourriture, ou chercher parmi les débris des choses qui pourraient servir, mais tout ça, ça a déjà été fait … » Elle pinça les lèvres et se demandait si elle avait la possibilité de lui parler de ce qu’elle faisait, elle, pour aider les insurgés. En y réfléchissant un peu, elle arriva à la conclusion qu’il y avait trop de risques, quelqu’un pouvait les écouter, elle ne devait surtout pas révéler les plans des insurgés ici, en public. « Mais je t’avoue que Harry – en prononçant ce prénom, elle ne savait pas trop comment réagirait Ginny – m’a donné une mission. Seulement, on n’est pas vraiment en sécurité ici, et du coup, je ne peux pas t’en parler. Mais si tu me fais confiance, tu peux me suivre … » Elle glissait déjà la main dans sa cape pour en sortir ses croquis du Chemin de Traverse. « Tes yeux pourraient m’être utile ! » Elle traçait de son index un itinéraire sur le papier. Plus tôt dans la soirée, elle avait repéré une cave désaffectée dans un bâtiment quasiment effondré. L’accès y était très restreint, mais des jeunes filles frêles comme Ginny et Emily pourraient sans nul doute s’y réfugier et s’y cacher le temps de discuter … Mais pour y retourner, elles devraient contourner des bâtiments, et quoi de mieux que cette excursion pour continuer à parfaire ses plans ? Levant les yeux vers Ginny, elle pencha la tête de côté et arqua un sourcil pour lui demander si elle acceptait. « Je ne sais pas si tu as le compas dans l’œil, mais on aura besoin de ta mémoire et de ton sens des proportions. Ce n’est peut-être pas le genre de mission qu’on ferait ensemble habituellement. Mais je prends ce qu’on me donne, et je suis plus ou moins dans mon élément. » Elle agita le bout de parchemin et tapota le crayon qui se trouvait derrière son oreille, en espérant que Ginny comprenne qu’Emily parlait de ses talents de dessinatrice. Elle aurait pu dire à Ginny que cette mission consistait à dessiner une carte, mais au fond, elle savait que son amie était perspicace et qu’en jetant un coup d’œil aux croquis, elle avait dû comprendre une partie du plan. Allait-elle pour autant la suivre ?
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«I'm there for you, be there for me»
feat. Emily Callaghan


Le danger est partout désormais. Les rues du Chemin de Traverse ne sont plus ce qu'elles étaient pas le passé. Foulant à nouveau leurs pavés, Ginny réalise à quel point le monde à changer. S'étant réfugiée avec Emily dans une boutique abandonnée, elle laisse un instant ses poumons se comprimer. Ce local désaffecté pourrait tout aussi bien être celui où les jumeaux avaient établis leur boutique de farces et attrapes. Cette pensée lui tord les entrailles. Ginny a du mal à avancer, à vivre dans ce monde devenu froid et austère. La captivité lui permettait de croire que dehors, la vie serait plus douce, elle avait foi en la liberté autrefois. Mais maintenant qu'elle est libre, elle constate le gâchis effroyable qu'a connu le monde des sorciers en quelques années. Ses espoirs se bloquent dans sa poitrine et son souffle se fait plus pénible. Retrouvera t'elle un jour goût à cette vie brisée qui est la sienne ?

Les paroles d'Emily la rappelle à l'instant présent. Elle lui avoue avoir l'esprit ailleurs. Ginny ne peut empêcher ses lèvres de s'affaisser subtilement en écho à cette remarque. L'esprit de la rousse ne cesse jamais d'être ailleurs. Tantôt dans le passé glorieux, tantôt enchaîné à la douleur et à la peine. Il ne se passe pas un instant sans que Ginny ne souffre de ce qu'elle est devenue. Distraitement, elle glisse les doigts dans ses cheveux allongés par un sortilège éphémère.  Ils sont libres ce soir, pas d'élastique ni de coiffure sommaire pour les relever, rien que l'air dans ses mèches rousses et artificielles. Emily retire rapidement ses chaussures, et le regard de Ginny se porte subitement ailleurs, pudique. Elle connaît les tourments que sont capables d'infliger les mangemorts. Elle même ne supporte pas les regards indiscrets sur les parcelles de sa peau où le vice s'est gravé. Lorsque son ami d'enfance fait un constat sur la fraîcheur du sol, Ginny reporte son regard sur elle, le plantant dans ses prunelles grises plutôt que sur ses pieds, qui sont pourtant l'objet de sa remarque et du contact avec le sol froid. La rouquine se contente de hocher machinalement la tête. Une certaine indolence la caractérise désormais, malgré la force avec laquelle elle tente de briser l'étau de glace qui l’enserre. Elle n'échappe aucun mot supplémentaire, et écoute tranquillement Emily. Entendre sa voix la réconforte, sans qu'elle ne cherche à expliquer ce phénomène. Après l'avoir cru morte, comme beaucoup de ses amis à Poudlard, Ginny est tout simplement ravie de la savoir en vie. Et pouvoir partager avec elle un instant volé à leur quotidien de parias fait naître dans son cœur un doux picotement. Elle constate que son amie a changé, comment pourrait-il en être autrement, mais elle semble également plus vigoureuse, et un éclat acharné demeure au fond de ses yeux. Quelque part, elle l'envie, car elle même a perdu beaucoup du feu qui l'irradiait jadis. La jalousie n'est néanmoins pas à l'ordre du jour. Ginny n'est pas de ces geignardes stupides et bornées qui préfèrent étudier ce que les autres ont plutôt que ce dont elle même sont détentrices. Il ne reste plus grand chose à la rouquine pourtant, elle serait tout indiquée à jalouser Emily. Mais comment pourrait-elle penser de cette façon, quand la présence d'Emily est justement un cadeau à ses yeux ?

Avoir Emily à ses côtés, c'est une chance que Ginny n'aurait pas idée de rejeter. La brune a la gentillesse de ne pas terminer sa phrase, de ne pas dire tout haut ce qu'elle pense tout bas. Évidemment, si elle n'a pas ôté ses chaussures, c'est parce qu'elle s'apprêtait à rentrer au camp, mais Ginny en a alors décidé autrement. Si elle a manqué de discrétion durant leur course folle, ce n'est la faute de personne d'autre que Ginny. Mais Emily n'en fait pas état, et lui propose plutôt des idées pour se rendre utile. Ce n'est sans doute pas grand chose, mais ces promesses d'actions, si ténues soient-elles, répandent un baume apaisant sur le cœur de la cadette Weasley. Un instant, son amie semble hésiter à lui en révéler plus. Ginny cesse alors de la regarder pour épier les environs. Aucun son ne permet de soupçonner une présence ennemie. Mais la rouquine est bien placée pour savoir que les plus grands dangers sont silencieux, insidieux, et terribles.

Lorsque l'ancienne gryffondor reprend la parole, le regard de Ginny est perdu par delà la fenêtre brisée et condamnée par des planches de bois vétustes. Elle frissonne légèrement lorsque le nom de Harry est prononcé, mais elle ne laisse rien paraître à sa gêne. Ce n'est pas uniquement ce que le nom représente qui la touche, mais l'aveu d'Emily, qui reconnaît que l'Elu lui a confié une mission. Ginny se sent encore plus négligée, et ridicule de se sentir à ce point fébrile parce que Harry juge d'autres anciens rebut dignes de se rendre utiles en lui refusant encore et toujours cet égard. D'un mouvement revêche de la tête, Ginny tente de chasser ces mauvaises pensées pour se focaliser sur les paroles d'Emily. Elle la regarde extirper des croquis de son sac et y jette un coup d’œil intéressé tandis que le doigt de sa congénère trace un sentier sur le papier. Les gestes de la jeune fille, couplés à ses paroles à demi sibyllines ne laissent aucun doute persister dans l'esprit de l'ancienne lionne. La mission d'Emily est vraisemblablement de repérer les ruelles du Chemin de Traverse afin d'en réaliser des cartes suffisamment précises pour permettre aux insurgés de connaître les rues de sorte qu'ils ne s'y laissent pas piéger.

Emily agite toujours joyeusement son bout de parchemin lorsque Ginny s'en saisit d'un geste bref. Un sourire espiègle s'est tracé sur ses lèvres, réminiscence de leurs jeux d'enfants. Mais les gamines agitées et facétieuses ont grandi dans l'adversité et sont devenues des femmes astucieuses et prudentes. Ginny étudie les croquis d'Emily, discernant quelques coupures ça et là, comprenant que l'insurgée s'est attaquée à un travail de longue haleine. Elle retrouve l'itinéraire que son amie a tracé de l'index, l'analyse afin de repérer les points qui l'aideront à progresser dans les ruelles. Puis elle hoche la tête et rend son parchemin à Emily. « Allons-y. » Ginny ne pose pas davantage de questions, elle sait que les réponses doivent attendre qu'elles aient trouvé un abris qui respectera la confidentialité de leur échange.

Cette fois ci, elle ne prend pas la main d'Emily mais sort seule de la bâtisse où elle les a emmené afin que son amie abandonne ses chaussures. Une fois dehors, elle regarde derrière afin de s'assurer qu'elle l'a suivie. Leurs regards se croisent et Ginny tente de faire passer sa détermination à son ancienne camarade. La rouquine ne craint pas les rafleurs, même si elle sait qu'elle le devrait. Elle ouvre la voie, retrouvant sur sa route les repères qu'elle a enregistré sur les croquis d'Emily. Elle tourne plusieurs fois, contourne un bâtiment et s'écarte légèrement du tracé d'Emily après avoir perçu des bruits suspects un peu plus loin. Les deux jeunes filles arrivent néanmoins sans encombre à proximité du bâtiment quasiment effondré. Ginny l'observe un instant, puis regarde Emily. Leurs prunelles se trouvent et les mots ne sont pas nécessaires. La rouquine renoue, dans l'urgence et la tension, avec leurs vieilles habitudes. A Poudlard, les deux rouges et or n'avaient pas besoin de parler, certains gestes, des regards échangés, un haussement de sourcils ou une inflexion des lèvres suffisaient pour qu'elles se comprennent. Elles avaient développé leur propre forme de langage, en marge des mots à travers lesquels les autres communiquaient.

Ginny devance son amie d'enfance et progresse en direction de l'ouverture étroite mentionnée sur les croquis. La mémoire de la rouquine ne lui a jamais fait défaut, et elle lui a servi durant ses années de captivité, lui permettant de tout enregistrer mais également de se plonger dans des souvenirs chaleureux et heureux, alors que tout volait en éclats autour d'elle. Elle se baisse légèrement et analyse l'entrée de la cave quelques instants. De nouveaux bruits suspects la poussent en avant. Elle se ramasse sur elle même, et avance en rampant à demi, s'aidant de ses avants bras et de ses genoux pour progresser à travers l'accès insignifiant et pentu. Elle doit avancer tout en se retenant afin de ne pas chuter la tête la première à la sortie de ce goulot d'étranglement qui n'a pas été pensé pour le passage d'un corps humain. Elle parvient finalement à s'en extirper et, toujours à quatre pattes, elle tâtonne dans le noir pour avancer, examine au touché son environnement pour se redresser. Tandis qu'Emily arrive derrière elle, le regard de Ginny commence à s'habituer à l'obscurité ambiante. L'unique source de lumière vient de la bouche d’aération empruntée par les insurgées. Lorsque Emily en débouche, davantage de lumière en émane, permettant à Ginny de distinguer suffisamment la pièce. Elle n'a pas pris sa baguette sur elle, et le regrette soudain. Un simple sortilège de Lumos ne lui aurait pas coûté beaucoup d'énergie, et leur aurait permit d'y voir plus clair. Se retournant vers son amie, Ginny l'interroge dans un murmure : « Tu as ta baguette sur toi ? » Détournant le regard, elle observe à nouveau la cave dans laquelle elles ont débouchées. « Mes yeux peuvent s'habituer à l'obscurité, mais on sera sans doute mieux à la lumière d'une baguette si tu veux m'expliquer plus en détail ce que tu fais pour les insurgés. » La cadette Weasley fait quelques pas en avant, mais ses possibilités de mouvements sont réduites, à l'image de la pièce qui les isole du danger.

D'un geste soudain, elle se retourne à nouveau vers Emily, et la sonde en silence. Puis les mots viennent d'eux même, comme si la simple présence de ce visage familier, dans la pénombre, suffisait à déclencher un phénomène inexplicable en elle. « Cet endroit … j'ai l'impression d'être rebut à nouveau. On est libres, mais se cacher revient à être réduit à la même obscurité, la même misère et se faire prendre … c'est recevoir les mêmes traitements macabres. » Est-ce que la faible lueur qui provient de la nuit extérieure et les plonge dans l'anonymat promet à Ginny une intimité qui se prête aux confessions ? Dans l'ombre, cachées dans la cave d'un bâtiment désaffecté et à demi effondré, Ginny et Emily peuvent reconquérir le secret qui fonde toute relation d'amitié durable et inaltérable. Les lèvres tremblantes et les prunelles brillantes, la rouquine ne cesse de fixer l'ancienne gryffondor. « Je veux que ça s'arrête Emily. Je veux que cette guerre prenne fin et que l'on puisse à nouveau marcher en plein jour. Je ne peux pas rester à tourner en rond, me reposer, reprendre des forces, alors que tout ce que j'ai connu s'est effondré. Comme ce bâtiment. » Il n'y a plus trace de joie sur son visage, et l'entrain qui la caractérisait jadis a laissé la place à une forme de désillusion funèbre. La guerre lui a tout arraché ou presque. Et Ginny s'accroche avec la férocité du désespoir à ce qui lui reste, telle que son affection pour Emily. « Harry ne veut pas qu'on me confie de mission. Il dit que je ne suis pas prête, que je suis trop faible. » Elle baisse les yeux, et un sentiment d'abattement caractérise le timbre de sa voix lorsqu'elle ajoute : « Je ne serais plus jamais digne de me battre à ses yeux. » Sa gorge se serre et elle avale péniblement sa salive, ravalant le peu de fierté qui lui reste. Et elle relève un regard où brille une lumière vacillante vers la seule personne sur laquelle elle puisse encore compter. « Tu dois m'aider Emily. Je veux être digne à nouveau. J'en ai besoin. »

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Emily Callaghan
Emily Callaghan
‹ inscription : 10/08/2015
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‹ âge : vingt-trois ans
‹ occupation : perdue sans but dans la vie.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : septembre 1992 et mai 1998.
‹ baguette : est celle de ma mère. Elle est en bois de bouleau, contient un crin de licorne et mesure 26,5 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 4346
‹ réputation : je suis une petite poupée abîmée, malmenée et détruite.
‹ faits : je suis d'origine irlandaise et de sang-mêlé. J'ai un tempérament de feu, suis énergique, loyale et parfois possessive.
J'ai fait partie de l'AD, ai combattu pendant la bataille de Poudlard, ai été rebut, ai participé à la reprise de Poudlard et à la bataille finale et suis maintenant un héros de guerre.
Je manie également parfaitement une dizaine d'armes blanches et maîtrise le combat rapproché.
‹ résidence : dans ma maison d'enfance mais y passe très peu de temps. Le plus souvent vous me trouverez dans des bars ou des boîtes de nuit à tenter d'oublier ce qu'est ma vie.
‹ patronus : un panda mais il m'est encore très difficile d'en produire un
‹ épouvantard : l'oubli. Visuellement cela se traduit par un voile noir qui l'enveloppe.
‹ risèd : ma famille réunie autour de moi pour fêter mon diplôme d'auror.
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Depuis sa captivité, Emily n’avait plus la même notion du risque. Par le passé, à l’époque de Poudlard, elle était déjà aventureuse, casse-cou et obstinément têtue. Campée sur ses positions, elle ne laissait jamais personne la contredire, convaincue de toujours prêcher la bonne parole. Elle était responsable de ses actes et jamais une seule seconde elle n’avait reproché ses erreurs à une autre personne. Mais c’était différent, elle connaissait les conséquences, elle pesait toujours le pour et le contre afin d’évaluer ses capacités, afin de prendre la bonne décision. Savoir, comprendre, décider, elle ne se jetait pas à corps perdu dans une tâche vouée à l’échec. Elle avait un esprit analytique, elle avait un libre-arbitre, elle avait confiance en ce qu’elle était et ce dont elle était capable. Pourtant, les choses avaient changé, certains de ses choix, bien qu’elle les assume totalement, l’avaient amenée à devenir une autre personne et à renier tout ce qui faisait d’elle une jeune fille assumée et vivante. Elle avait décidé, elle s’était elle-même mise dans cette galère, elle avait voulu combattre à côté de son frère lors de la bataille de Poudlard, et voilà où cela l’avait menée. Emprisonnée pendant presque trois ans à Azkaban, cette expérience n’avait fait que renforcer sa vulnérabilité psychologique et caractérielle. Démunie de tout sentiment durant toute cette période, les Détraqueurs avaient su puiser au bon endroit, à la source, aspirant toutes émotions, toutes envies, tous désirs … Sans ça, l’envie même de mourir n’avait pu traverser son esprit ; cela aurait pourtant pu la sauver de toute la souffrance qui avait suivi … L’expérience chez les Carrow était la pire. Lorsqu’ils l’avaient recueillie, plus aucune lumière ne brillait en elle, énergie, joie, euphorie, excitation … Rien. Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même, plus qu’une coquille vide, manipulable, modelable. Dans une union sadique, Alecto et Lowell l’avaient alors faite à leur image, ils l’avaient rendue plus insensible que jamais, elle devait être le soldat, le robot … Tel un objet, elle était le bouclier, l’armure, vide, irréfléchie, intrépide. Elle continuait à ressentir la peur, mais elle ne la laissait plus contrôler son corps. On lui avait appris à construire une carapace d’acier autour d’elle, pour repousser le danger, pour ne pas perdre ses moyens. Elle pouvait gambader dans des lieux douteux sans craindre pour sa vie, elle n’avait pas peur de mourir, elle avait été programmée pour ça, et rien ne pourrait plus jamais la changer …

Rien sauf les souvenirs … Lorsque Ginny attrapa la carte des mains d’Emily, elle sursauta mais se laissa faire. En vérité, cela lui faisait du bien de retrouver sa meilleure amie, de retrouver leurs vieilles habitudes, leur complicité … C’en avait toujours été ainsi entre elles, une proximité sans égale … Elles se chamaillaient, s’embêtaient, riaient et pleuraient ensemble, elles étaient comme des sœurs, partageaient beaucoup et pouvaient toujours compter l’une sur l’autre. La séparation avait été compliquée ; le manque, l’absence, elle pensait ne jamais la revoir, ne plus jamais entendre sa voix, ne plus jamais la prendre dans ses bras … Et puis, elles avaient été achetées par des membres de l’Elite. Elles pensaient qu’être rebut au quotidien était dur, mais il y avait pire, pire qu’être un esclave, pire que répondre aux moindres désirs de leurs maîtres … Pire que tout ça, elles avaient dû se retrouver l’une contre l’autre, l’une face à l’autre, à se donner des coups, à combattre, à se blesser … Jamais une seule fois dans sa vie, elle n’aurait imaginé devoir faire ça à sa meilleure amie ; elle en gardait encore des séquelles psychologiques … C’est notamment pour cette raison qu’elle avait de grandes difficultés à être tactile avec ceux à qui elle tenait. Ce lavage de cerveau l’avait obligée à faire des choses dont elle n’était pas fière. Maintenant qu’elle n’était plus sous le flou des tortures, elle commençait réellement à en avoir conscience, et cela la rendait malade. Comment avait-elle pu ? Sa meilleure amie. Son regard s’était éteint. Tout juste quelques minutes qu’elles s’étaient retrouvées, et Emily redoutait déjà l’instant où elles auraient à évoquer cet instant de leur vie … Peut-être leur complicité et leur compréhension réciproque suffiraient à éviter le sujet et à tourner la page sans qu’elles n’aient à en discuter de vive voix … Ceci étant, elle avait la sensation que taire les sévices qu’elles avaient subis et surtout ceux qu’elles avaient dû s’infliger l’une à l’autre n’était pas quelque chose de sain à faire. Elle lui en parlerait lorsqu’elle en aurait l’occasion … Il le fallait. Pour que leur relation à venir ne se base pas sur les mensonges et l’hypocrisie. Elle tenait trop à Ginny pour laisser leur relation s’effriter à cause d’actes dont elles n’étaient pas directement responsables …

« Allons-y. » Elle regarda d’un air béat Ginny en train de redéposer la carte dans ses mains encore tendues. Elle avait laissé le flot de pensée s’emmêler dans sa boîte crânienne et se reconcentrer sur l’instant présent fut assez compliqué. Elle dut agiter la tête à plusieurs reprises pour retrouver foi et confiance en elle, ce qui donna à Ginny le temps de la distancer. Quittant à son tour la petite boutique, elle pressa le pas pour se remettre au niveau de son amie, et fixant son dos, elle resta aux aguets, avançant et respirant silencieusement. Elle était un parfait caméléon lorsqu’il était question de s’infiltrer, de se cacher ou de rester discret. Un des rares avantages de sa formation de rebut … Ginny avait toujours eu une excellente mémoire et Emily l’avait toujours enviée pour ça, il lui suffisait d’examiner la carte durant quelques secondes pour pouvoir se guider aisément dans les ruelles du Chemin de Traverse. Pour avoir traversé ces rues quelques heures plus tôt, elle savait que son amie ne se trompait pas …

Elles arrivèrent finalement face à l’étroite entrée de la cave. Parmi les débris, l’ouverture d’une bouche d’aération était tout juste assez large pour accueillir les silhouettes frêles des deux jeunes filles. Emily avait eu beaucoup de mal à traverser le conduit la dernière fois, elle s’était quasiment laissée glisser à l’intérieur et avait atterri comme un gros sac dans la poussière de la pièce exiguë. Cette fois, cependant, elle ne pouvait pas, Ginny était devant elle, et elle ne voulait surtout pas entraîner son amie dans sa chute. Forçant donc sur ses abdominaux, elle se retenait aux parois et descendait lentement. Elle arriva dans la cave sans encombre et se releva en tâtonnant déjà dans un coin de la pièce où elle avait laissé deux de ces bougies magiques qui s’allumaient lorsqu’on frottait leur mèche du bout des doigts. « Tu as ta baguette sur toi ? » L’interpellée agita la tête vigoureusement avant de se rendre compte que Ginny ne pouvait pas la voir. Alors, elle murmura d’un ton attristé. « Non … Je n’ai pas pu la récupérer. » Elle fit la moue et se mit en tête de demander une baguette provisoire à son retour, même si elle était incapable de l’utiliser. En réponse à la remarque de son amie sur la faible luminosité de la pièce, elle frotta l’extrémité de la bougie entre son index et son pouce et retira ses doigts lorsqu’elle sentit la chaleur s’y insinuer. Quelques secondes s’écoulèrent et la cave se remplit d’une douce lumière tamisée qui illuminait juste assez la salle pour qu’elles voient où elles se trouvaient. Elle attrapa un pot par terre et posa la bougie dedans avant de reposer son regard sur son amie, la dévisageant avec douceur. Sa voix, ses mots … Elle baissa les yeux lorsque Ginny évoqua leur période en tant que rebut. Elle n’avait pas tort ; obligées de se retrouver dans une cave, vouées à se cacher, c’était comme retrouver sa cage d’infortune à la demeure des Carrow. Cependant, après avoir vécu ça, elle pourrait survivre à tout, n’est-ce pas ?

Quoi que … Les confidences de Ginny eurent le don de les ramener sur la terre ferme. Elle comprenait la frustration de son amie, elle la petite dernière des Weasley, elle la fille elle qu’on voulait surprotéger, elle qui avait subi une manipulation de Tom Jedusor même ; ils craignaient qu’elle ne s’effondre à nouveau, ils voulaient la garder dans un cocon. Elle enviait Ginny d’avoir encore une famille, d’avoir encore quelqu’un pour penser à sa sécurité … Et même si elle concevait parfaitement l’envie qu’avait sa meilleure amie de retourner sur le terrain et de servir à quelque chose, elle faisait aussi partie de ceux qui voudraient la garder au camp pour qu’il ne lui arrive plus rien, pour qu’elle reste en sécurité. Emily avait trop perdu, elle ne pouvait pas perdre Ginny, sa Ginny, la seule, l’unique, sa sœur de cœur … Ses yeux papillonnèrent devant le regard pitoyable de son amie. La rousse enviait, jalousait, désirait, désespérait … Ces émotions, Emily les connaissait aussi, elle savait que garder quelqu’un dans une bulle sécurisée ne faisait qu’accroître le besoin et la motivation à braver les règles. Elle ne serait pas de ceux qui empêcheraient Ginny de faire ce qu’elle aimait, de servir à quelque chose … L’enchaîner, ce n’était pas la protéger, c’était lui rappeler son passé. Elle savait parfaitement ce qu’avait vécu sa meilleure amie, et bien qu’elle veuille égoïstement la protéger pour qu’elle survive, elle voulait aussi qu’elle vive … Et si cela impliquait qu’elle aide Ginny à participer aux missions des insurgés, elle le ferait … Je serai là pour la protéger si jamais, pensa-t-elle. Et elle sera là aussi, n’est-ce pas ? Elle s’approche de son amie, et avec hésitation, elle tendit la main dans sa direction. « Cette guerre ne prendra fin que si tout le monde y participe. » Elle voulait la rassurer, lui montrer qu’elle ne la laisserait pas au placard. Ginny avait trop à donner pour qu’on laisse ses capacités inutilisées. « Si Harry ne veut pas, moi je t’emmènerai … Je sais de quoi tu es capable. Je sais aussi de quoi nous sommes capables toutes les deux ensemble. Ça n’a pas changé, pas vrai ? » Regard interrogateur, sourcil arqué, leurs affronts involontaires avaient-ils changé ça ? « Je pense que la première chose à faire, c’est récupérer nos baguettes ou nous en procurer d’autres, et nous entraîner. On peut faire ça ensemble … Comme on l’a toujours fait ! » Elle pinça les lèvres et fixait le visage triste de Ginny. Elle voulait tant la prendre dans ses bras, mais elle craignait d’être repoussée, elle craignait de lui faire du mal à nouveau. « En attendant, vu que la mission qu’Harry m’a confié consiste à dessiner ces cartes – elle les désigna dans la poche intérieure de sa cape – et que je trouve cette tâche assez fastidieuse et ennuyante à réaliser seule, si tu veux bien, on pourrait se retrouver tous les jours pour travailler ensemble dessus. » Elle lui offrait une liberté, la première depuis bien longtemps. Elle voulait tout lui donner, tout lui offrir pour qu’elle retrouve enfin ses marques, sa place et sa joie de vivre. Si Emily ne pouvait plus être ce qu’elle était, Ginny y arriverait peut-être ? Elle l’espérait du plus profond de son cœur.
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«I'm there for you, be there for me»
feat. Emily Callaghan


L'obscurité se dissipe, chassée par la lueur de la bougie allumée par Emily. Posée par terre, dans un écrin de fortune, elle éloigne le mal, fait danser les ombres des deux jeunes femmes. Son amie a toujours été astucieuse, trouver un moyen, contourner les problèmes, cela fait partie des habitudes d'Emily. Vivre sans baguette n'est pas un problème pour elle. Ginny soupire, bien malgré elle. Ça a été leur lot, durant des années, enfermées, réduites en esclavage, soumises à la volonté d'un maître cruel et égoïste. Trouver de quoi s'éclairer, se réchauffer, est devenu une nécessité, pour ne pas se laisser avaler par les ténèbres. Mais Emily a toujours su davantage contourner les règles que Ginny. Survivre selon ces termes n'est un jeu d'enfant pour personne. C'est une épreuve amère et perpétuelle. Pourtant, dans un coin de son crâne, Ginny se dit que le quotidien aurait été moins difficile si seulement Emily avait partagé sa prison.

Son amie s'approche, détournant la rouquine de ses songes inutiles. Lorsqu'elle lui tend la main, son regard l'accompagne. « Cette guerre ne prendra fin que si tout le monde y participe. » Les prunelles de Ginny glissent jusqu'à celles d'Emily et les scrute longuement. Elle cherche l'espoir, et espère l'avoir trouvé. « Si Harry ne veut pas, moi je t’emmènerai … Je sais de quoi tu es capable. Je sais aussi de quoi nous sommes capables toutes les deux ensemble. Ça n’a pas changé, pas vrai ? » Le visage de Ginny se crispe, et elle hésite. Elle est partagée entre l'envie de serrer son amie contre son cœur, et la crainte de lui faire défaut. Emily semble croire davantage en elle qu'elle n'en est elle même capable. Et cela l'effraie. Car celle qui lui fait face est la dernière personne qu'elle souhaite décevoir. « Je pense que la première chose à faire, c’est récupérer nos baguettes ou nous en procurer d’autres, et nous entraîner. On peut faire ça ensemble … Comme on l’a toujours fait ! » Les prunelles de la rouquine scrutent les traits d'Emily. Si elle le pouvait encore, ses lèvres s'étireraient en un sourire épanoui. Mais cette notion lui a échappé, quelque part entre les barreaux d'une cage et l'obscurité d'une geôle. Ginny a le sentiment qu'elle ne sera plus jamais capable de se réjouir de ces petites joies qui faisaient jadis son quotidien. Elle sait que son amie souhaite la voir sourire et rire à nouveau, mais elle craint de la décevoir également sur ce point. Elle se fait néanmoins violence, avale péniblement sa salive, et tente de faire apparaître dans ses yeux la pointe de gratitude qui lui soulève le cœur.

« En attendant, vu que la mission qu’Harry m’a confié consiste à dessiner ces cartes et que je trouve cette tâche assez fastidieuse et ennuyante à réaliser seule, si tu veux bien, on pourrait se retrouver tous les jours pour travailler ensemble dessus. » Ginny suit docilement la main d'Emily lorsqu'elle désigne les cartes dissimulées à la vue, dans la poche intérieure de sa veste. Elle met un moment à réagir, ayant oublié certains codes sociaux durant sa captivité. Puis un éclat d'intérêt se dévoile soudain au creux de ses prunelles, toujours figées sur son ancienne camarade. Elle lève la main, lentement, dans un geste prudent, presque éthéré. Un mouvement brusque de la part d'Emily pourrait suffire à faire disparaître cet indice subtil qui trahit le sentiment de Ginny. Elle serre les doigts, et porte son poing à son cœur, interdite. « Merci, 'mily. » Elle n'a pas besoin d'en dire plus. Les mots paraissent superflus. Elles n'en ont jamais eu besoin et, elle doit l'admettre, Ginny éprouve du soulagement à l'idée que cet aspect de leur relation n'ait pas changée. Malgré les épreuves qu'elles ont vécues, seules ou à deux, leur amitié est inaltérable.

Il y a tant à dire, tant à confier. Ginny aimerait pouvoir se livrer entièrement à Emily, les mots doivent sortir. Elle a sans doute besoin de les prononcer à voix haute, afin de faire son deuil. Elle inspire, et au prochain souffle, elle se convainc de parler, de se livrer. Une expiration, puis une nouvelle inspiration, mais les mots restent coincés dans sa trachée. Ginny renonce. Elle renonce toujours, comme autrefois. Emily la connaît bien, elle n'a pas besoin de lui expliquer. S'ils s'échappaient, les mots ne pourraient jamais être récupérés. Et Ginny est trop effrayée pour les assumer. Les prononcer rendrait la détresse, la douleur et la peine trop réelles. Et la rouquine n'aspire qu'à une chose : trouver un échappatoire, s'enfuir, lorsque le passé ressurgit et que la douleur se fait trop intense.

« Explique moi ce qu'il faut faire. » L'esprit ailleurs, Ginny tente de se recentrer sur le présent. Ses prunelles absentes retrouvent un soupçon de coloration, et se posent à nouveau stoïquement sur Emily. « Tu es une dessinatrice hors pair, et j'ai une bonne mémoire. On se partage les tâches ? » Elle hésite, se demandant si c'est à elle de prendre cette décision. Après tout, il s'agit de la mission d'Emily, elle seule doit en demeurer maîtresse. Mais Ginny ne peut s'empêcher de murmurer, incertaine, de proposer à son amie une autre alternative qui l'inspire davantage. « En même temps, être à deux pour explorer les rues est plus sûr. » Elle penche la tête sur le côté, et son visage se détend légèrement, désinvolte, lorsqu'elle ajoute : « Je préfère qu'on le fasse ensemble, comme avant ... » Elle laisse les souvenirs de Poudlard submerger ses sens. Ils semblent lointains, vaporeux. Un murmure pourrait les détruire. C'est d'une voix à peine audible qu'elle reprend, chuchotement précieux : « Quand on quittait le dortoir en pleine nuit, qu'on partait à l'aventure dans les couloirs, sous le nez des préfets et des professeurs qui faisaient leurs rondes... » Sa voix s'est réduite et disparaît dans un souffle ténu. Ce passé est inestimable. A l'époque, l'aventure était un idéal, un frisson d'adrénaline leur suffisait pour se sentir vivantes. Échapper à la surveillance de l'autorité était une folle odyssée. L'autorité à laquelle il faut échapper est nettement plus séditieuse aujourd'hui. Les dangers sont légions, et bien plus terribles.

Ginny a baissé les yeux sans le réaliser, son regard flottant avec la bougie que son amie a allumé, accompagnant sa flamme dans la danse précaire qu'elle a entrepris, détaillant les ombres qu'elle projette contre le sol et les murs de la cave exiguë où les insurgées se sont tapies. « J'aimerais ... » Sa demande s'évapore. Ginny redouble d'efforts, puis cesse de se perdre dans la flamme vacillante pour retrouver le regard de son amie, piller sur lequel elle peut laisser reposer sa fragilité. « Je sais que c'est fou. Inconscient même. » Dans ses lubies aliénées, la rouquine a pleine conscience de l'instabilité de ses doléances. « Et si nous étions encore à Poudlard. Si les rafleurs dehors n'étaient que des Préfets à la solde de Dumbledore. » Elle essaye de deviner dans les yeux d'Emily une once de soutien. « Et si l'on imaginait, pour quelques heures par jour, que le danger qui nous guette est moins grand qu'il ne l'est en réalité. » Elle se rapproche de la brune et, délicate, lui prend la main. « Faisons comme si la mort ne nous attendait pas au coin de la rue. » Elle presse davantage la main d'Emily dans la sienne. « Sautons dans le passé, à l'époque où tout était plus simple. » Le regard fixé à celui de son amie, elle déroule son idée insensée, tâche de lui faire comprendre à quel point son vœu, si grotesque qu'il puisse paraître, lui est vital.

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