Ron contemplait son chaudron devant lui. Il n’avait jamais aimé les potions, il avait ça même en horreur. Le professeur Rogue ne l’encadrait pas, Slughorn le trouvait inintéressant et de toute façon attendre que la préparation se mette à bouillir l’emmerdait carrément. Il n’avait pris l’option ‘potions’ que pour suivre Harry et parce que c’était nécessaire pour devenir Auror. Sauf que voilà les potions étaient impressionnantes et surtout nécessaires. On pouvait retourner la peau de quelqu’un avec une goutte de potion, on pouvait prendre l’apparence, tuer, rendre amoureux, faire pousser des bras sur les têtes et autant de choses terrifiantes. Ron avait besoin de polynectar et Hermione n’était nulle part. Autre fait intéressant, Hermione rangeait les fioles de polynectar dans un endroit particulier qui s’était avéré totalement vide quand Ron avait cru bon pouvoir aller s’en servir.
Ok.
Pas de panique.
Ce qui l’amenait à l’instant présent, Ron Weasley, 23 ans, féru de quidditch, benjamin d’une large famille, devant son chaudron vide et un tas d’ingrédients sur le côté.
Pfff. Harry était en mission, Hermione… ça faisait longtemps qu’il ne posait plus de question sur Hermione en fait… il y avait Marie mais il n’était pas certain qu’elle soit vraiment douée aux potions bien qu’elle ait l’air extrêmement futée… ses frères étaient tous en mission aussi, Bill était même au dehors du pays…
Ron fronça le nez. Il avait bien pensé à quelqu’un. Ce n’était pas si terrible non ? Et puis, un renvoi d’aviateur comme disait les moldus (d’ascenseur Ron, merci) ?
Non. Il avait horreur de jouer sur ce genre de tableau. Fallait arrêter de se voiler la face comme il le faisait. La vérité c’était qu’elle lui manquait, qu’il y avait pensé plusieurs fois depuis le baiser et qu’il était un gros niais qui de toute évidence était en train de plus rien comprendre à une certaine partie de la population serpentarde !
Voilà on se sentait mieux après s’être sortit les doigts du cul un peu. Ron fronça le nez et alla farfouiller la carte du réseau de cheminées. L’un des leurs travaillait pour la compagnie et parvenait à les mettre au courant de la surveillance accru que le gouvernement effectuait. L’arroseur arrosé en quelque sorte malgré le fait qu’ils avaient juste connaissance de qui avait ouvert un réseau cheminée et où.
Susanna Carrow.
Ron s’installa sur le matelas miteux d’Harry qui n’était pas très loin du sien et tapota sa baguette, incertain. Elle avait ouvert une ligne cheminée mais absolument pas dans le quartier d’Herpo Creek. Il eut une moue. Elle avait surement cherché à s’isoler tel qu’il la connaissait. Il referma la liste et décida de sortir. Faire d’autres choses. Penser à autres choses. S’occuper l’esprit, le corps et tout un tas d’autres composants.
Il y avait toujours à faire, de la recherche des horcruxes à la maintenance du camp, Ron ne chôma pas mais la nuit tombant, l’idée de reprendre contact lui tirailla l’estomac.
Non.
Puis de toute façon il n’avait pas de cheminées, c’était trop dangereux et il n’était même pas certain que ce soit elle.
Il prétexta une promenade du soir pour aller trainer ses panards du côté de l’ancien village moldu désaffecté dorénavant par la guerre. Celui-là même où il y avait une cheminée de fortune, totalement pirate.
« T’es con Ron » murmura t’il en passant une main dans ses cheveux et en s’accroupillant déjà. « Et merde. Quitte à foirer autant le faire en grand. »
Rechercher une cheminée quand la sienne était pirate était l’équivalent de chercher une aiguille dans une botte de foin. Ron du se montrer patient, ne pas aller trop vite. Il avait la localisation numérique et magique de Sue c’était déjà ça. Quel ne fut pas sa surprise quand l’étincelle prit et qu’il put enfin se pencher par-dessus l’âtre magique.
The story starts lying in the dark broken and bruised. I count the scars left in my heart but I know I’m strong from all the trouble I’ve been through.
Oh, the queen of peace Always does her best to please Is it any use Somebody's gotta lose
"
Le souci de la communication par cheminée c’est que l’on ne voyait jamais très bien. Encore moins durant l’été où le feu était artificiellement magique et non pas réel mais la voix déjà lui remua la poitrine et Ron arbora un sourire ravi sous la cendre, la poussière et les crépitements. Ce n’était pas bien prudent d’établir une communication mais il avait déjà fait pire en tentant une fois d’appeler chez les Parkinson pour voir si Ginny y était. Dieu merci il était tombé sur un elfe de maison cette fois-là et n’avait plus retenté la chose.
« Oui c’est moi ! » Ron se mit à rire, plus heureux qu’il ne l’aurait admis si on lui avait posé la question.
Elle avait l’air en bonne santé, joues pâles et un peu maigre mais de l’énergie dans sa gestuelle et le profil délicat. Selon Ron, être avec sa famille cela guérissait à peu près tous les maux.
« Figure-toi que j’étais persuadé que tu serais chez toi, à Herpo Creek là ? Dans ta bâtisse de princesse. Mais Loutry Ste Chaspoule ? Tu sais que c’est méga champêtre. Luna et moi on y vivait avant. » Avant. Avant la guerre et le sang. Une vie entière en arrière aurait dit Ron si on le lui avait demandé. « Les Diggory aussi mais ils sont partis... tu sais... après Cédric. Y’a un lac pas très loin. Les moldus y vont parfois pour jeter du pain aux canards, c’est assez drôle. C’est une résidence secondaire ? Je n’en avais jamais entendu parler ! Tu parles, des Carrow dans le secteur, le père de Luna et le mien ils auraient ri. » Ron secoua son visage, faisant voltiger des mèches rousses sur son front. « Je vais bien. Je suis chez...hum… »
Ron s’arrêta. Réflexe de parler librement alors qu’il ne pouvait pas. Il haussa les épaule presque imperceptiblement et lui fit un sourire désolé avant de laisser trainer son regard sur l’épaule découverte puis de revenir sur son visage. « C’est pour ça que tu dis que je peux parler ? Parce que c’est une maison secondaire ? Personne n’est avec toi ? Tu devrais pas rester toute seule Sue. Y’a des rafleurs, y’a des gens et… T’es la fille d’un type qui n’a pas dû se faire beaucoup de copains à travers le pays. Et même de notre côté… Tout le monde n’est pas si gentil. »
Un pincement de lèvres. C’était admettre beaucoup mais Ron avait fini par donner raison à Hermione en ce qui concernait les belliqueux. Il avait fallu Hécate et sa petite sœur Léda pour ça aussi. D'autres victimes d'autres rangs.
Trop tard maintenant et il avait perdu Hécate de manière superbe et irrémédiable aux dernières nouvelles.
« T’as bonne mine. » Continua-t-il dans un sourire solaire avant de dodeliner la tête. « J’aime à croire que c’est notre excursion dans la forêt. Bon cela dit je t’avouerais je trouve que ta soupe aux champignons est la meilleure. Ton cousin est avec toi, tiens ? Il avait l’air tellement flippé à l’idée de te retrouver… Il devrait rester avec toi. T’as hum … T’as dit que t’avais une sœur aussi une fois non? Enfin peu importe mais la famille c'est toujours sympa. »
Ron mentait mal. Il ne mentait pas sur le fait que la famille était un sanctuaire selon lui. Une protection. Mais à force de côtoyer les gens... peut-être qu'il sur-estimait ce que cela pouvait être. Il avait juste de la chance... Elle n’avait jamais mentionné sa famille à vrai dire. Comme si elle était morte et née dans cette forêt. Il n’avait rien demandé non plus, ne voulant pas connaitre un passé qui risquait de lui déplaire au possible. Le souci c'est que Ron avait longuement réfléchi: si la semi-vélane (si elle avait été totalement vélane, il n'aurait eu aucune chance, Fleur le lui avait confirmé) était bien sa soeur... Sue n'était-elle pas vélane aussi? Où est-ce qu'il y avait une astuce génétique dans le tas?
Il la croirait sans problème si elle lui disait que oui. L'attirance physique était là, en filigrane, élégante dans sa fraicheur. Il avait toujours cette agréable torsion du bas-ventre quand il la regardait. Un peu comme une perspective différente de la jeune femme qu'il avait recueilli inerte sur le sol de la forêt. Celle-ci il l'avait regardé comme une enfant, comme un moineau qu'on prenait délicatement pour remettre au nid. Sue évidemment, en tant que tel, avait une autre image. Il ne s'en était aperçu que quand il l'avait vu nue. Rien que l'idée le faisait rire. Voilà quelque chose qui n'était pas commun. "La première fois que tu m'as plu, c'est quand t'étais nue."
Un truc à se prendre une gifle direct.
Un silence s'étira et inconsciemment, Ron s'émerveilla de ce qu'il n'avait rien d'embarrassé. C'était facile et naturel et suivant un raisonnement interne, il fit courir ses doigts le long du tracé de sa mâchoire lisse. « J'ai fait ça hier. C'est moins dangereux qu'avec toi. »
The story starts lying in the dark broken and bruised. I count the scars left in my heart but I know I’m strong from all the trouble I’ve been through.
“Kiss a lover, Dance a measure, Find your name And buried treasure. Face your life, It's pain,It's pleasure, Leave no path untaken.” Gaiman
"
« Lazarus, avoir une résidence secondaire dans un endroit comme celui-ci ? Aucun risque ! Il est bien trop princier, trop important ! »
Ron arqua un sourcil, incapable de savoir si c’était de l’ironie ou pas. Le souci quand l’image était flou et qu’on ne pouvait contempler les battements de cils si évocateur ou les froncements de nez qui faisaient toute la différence.
Il était heureux cela dit de lui parler à nouveau. Il avait été stupide –une fois de plus-, on effaçait pas des semaines de proximité et de cohabitation intime d’un revers de cape. Elle restait une Carrow évidemment et, contrairement à ses frères, Ron restait dans le sillon de son désamour complet pour tout ce qui était serpentard.
Mais il avait appris à mettre de l’eau dans sa biéraubeurre ces derniers temps. La conversation avec Hécate, celle avec Lucrezia , la découverte de ce qu’avait fait Zabini pour Ginny… Ron était borné certes mais même lui n’avait pas eu le choix que de reconnaître que tout n’était pas totalement pourri au royaume vert et argent de Salazar Serpentard.
« (…) si tu peux parler, c’est surtout parce que ma chambre est bourrée de sort qui m’offre toute l’intimité nécessaire.(…) »
Elle avait dit des choses avant hein… et même après mais il n’avait strictement rien écouté. Il avait surtout failli s’étouffer en avalant sa salive ce qui aurait été sacrément comique au passage. Voldemort aux fesses et ce seraitune fille poids plume avec un sourire taquin qui terrasserait. Ron suivit du regard le mouvement de la main sur la gorge délicate et le sourire brillant qu’elle lui fit.
Y’a pas un décret en cours contre ce genre de choses ? Franchement ?
Il n’entendait plus le brouhaha. Ni le crépitement des flammes magiques dans l’âtre, ni celui du vent dehors qui s’engouffrait dans la vieille bâtisse en gémissements effrayants. C’était comme si quelqu’un avait baissé le volume du reste du monde et que Ron était là, à rêvasser sur le contraste entre ses lèvres cerise, ses dents blanches, les ongles rose pâle et sa nuisette…
Elle avait définitivement bonne mine.
« Demi-sœur ? Oh je vois… » Ron acquiesça distraitement. Ça expliquait que la sœur nympho soit vélane et pas Sue. Non pas qu’il ait quelque chose contre les nymphos –les gens étaient bien ce qu’ils voulaient être- mais il avait horreur d’être utilisé comme un pion pour parvenir à la Reine.
Il était au moins Cavalier (voir Roi, il y avait des chansons jadis sur tout ceci).
Ron arqua un sourcil nerveux. Elle avait dormi avec son cousin ? Un renfrognement glissa sur son visage. Oui oui il savait… c’était peut-être pas non plus la peine que son cousin sache aussi quoi. « Nan mais dors avec… une peluche je sais pas moi. Un truc quoi. Un strutoscope. C’est carrément efficace. »
Et laisse ton cousin dans son lit, loin de toi. Ok, merci.
Le mouvement bougon fondit comme neige au soleil lorsqu’elle se pencha et Ron prit une légère inspiration avant d’écouter ce qu’elle disait. D’un coup, la chose lui apparut limpidement : il lui plaisait. La réalisation le prit au dépourvu pendant quelques secondes avant de lui faire pencher son visage. Impossible de savoir si ce n’était pas de la gratitude qu’elle avait envers lui et qui se matérialisait de cette manière. Une façon de lui dire ‘merci’ en ayant envie de lui.
Est-ce que c’était réellement important quand on se mordillait les lèvres de cette manière ?
La question s’envola tandis qu’elle lui racontait plus en détails ce qu’il se passait chez elle et le visage du garçon prit une teinte pâle. « Ton… ton frère a fait ça ? » Des envies de meurtres plein la caboche et le bout des doigts. Il le tuerait lui-même si jamais il en croisait le chemin. Ou il la laisserait faire en tenant la tête du type. Ron était pour une certaine égalité des sexes en ce domaine. « Ta mère a le droit de savoir. » Il n’alla plus loin. C’était pas son problème techniquement parlant. Les affaires des Carrow le dépassait de toute évidence et à vue de nez, il pouvait déjà dire qu’il n’aimait aucun d’entre eux. Le père était un connard, la sœur n’avait aucun sens de la mesure, le frère était à enterrer le plus vite possible et la mère devait être une autruche complète qui se fichait la tête dans le sable.
Super.
Princesse des Marasmes et des Arcs-en-ciels. Peut être aussi des Pluies d'été . Probablement des Coccinelles et des Physalis. Des Filets-du-Diable, sans aucun doute. Sue était à part.
L’idée c’est qu’elle était –et c’était cruel à dire- un joli nid à emmerdes. Il le voyait clairement d’ici. Elle était d’un naturel calme, bon et complaisant. Trop peut-être. On ne pouvait pas être aussi bonne avec tout le monde et surtout pas en temps de guerre. Cela avait nécessairement ses conséquences. La loyauté –et Ron était bien placé pour le savoir- avait un prix.
Loyalty is paid in trust.
Elle ne l’avait pas vendu malgré ce que cela aurait pu lui rapporté, ne serait-ce qu’en prestige. Elle n’avait pas fait un seul faux-pas. Elle aurait pu trouver refuge dans l’élite dorée à son retour un peu comme l’avait fait Astoria d’ailleurs. Ron aurait tout simplement décidé de s’évaporer alors et n’en aurait même pas conçu de sentiments particuliers.
Elle avait préféré s’isoler dans une maison simple, à l’odeur de violette et de cannelle, en l’invitant à s’y réfugier quand bien même sa tête était à peu prêt sur tout les quais de gare du monde sorcier.
« alors si jamais tu avais besoin… d’une cachette… je ne sais pas, l’espace de quelques jours… je… n’hésite pas d’accord ? »
Ron réprima un sourire qui souleva seulement le coin des lèvres en une moue amusée. De quoi tomber sous le charme en la regardant s’embrouiller d’un rire embarrassé, timide, mutin et craquant. Elle avait une fragilité qui aspirait le regard et le regard pétillant de celle qui espère un ‘oui’.
Elle ne devait pas être vierge elle. C’était stupide de se demander ça surtout quand ça n’avait aucune importance. Lui-même avait si peu d’expérience qu’il froussa la bouche en y repensant. La faute à une guerre qui perdurait et au respect de chevalier preux qu’il avait eu envers Hermione.
Il n’avait pas envie de recommencer. De jouer les blasés en se diffusant dans une solution infantile.Il avait gardé le titre de soupirant éploré avec Hermione pendant des mois et des années et c’était la pire situation. Il y avait d’autres catégories exploitables qu'il laissait aux autres: le casanova méchant, le frimeur invétéré, le passif-agressif qui injurie pour mieux avoir, le pervers narcissique qui pour une raison qu’on ignorait complétement était tellement populaire auprès des filles paumées.
Il préférait sa catégorie à lui. Aventurier sympa. Un peu chieur. Beaucoup –très- con. Ou un truc dans ce genre. (Et il ne savait pas jouer les autres rôles bien plus populaires surtout)
Il se releva et leva sa main pour qu’elle ne parle plus. Les sons s’étaient espacés et il ferma les yeux. La sensation de vertige et de pulsion recommença et il regarda un peu titubant la chambre autour de lui et la silhouette cristalline de Sue penché au-dessus de la cheminée.
Un rire incrédule palpita dans sa gorge.
Il avait transplané comme ça, sur un véritable coup de tête, en visualisant son ancien village puis cette chambre. Une putain d’impulsion qui n’avait rien de contrôlable. Mais c’était pas ça le désir ? l’absence de rationalité ?
« Je pourrais pas rester longtemps. » Fit-il en s’approchant. « Juste le temps de te rendre ce que tu m’as donné. »
Il l’enlaça, décidé à l’embrasser parce que ce serait sans conséquence. Après tout, ce n’était pas comme si. Il se pencha vers elle en la soulevant légèrement vers lui au sens propre comme au figuré. Un gout particulier. Parfois quand deux langues se touchent il ne se passait pas grand chose mais parfois… on avait envie de fondre, de se désagréger. Le vertige fût imprévu et Ron mordilla les lèvres qu’il avait regardé des dizaines de fois avec envie avant de venir s’y coller pour en aspirer le souffle.
C’était comme entrer dans l’autre les yeux fermés et venir tout y déranger de l’intérieur. Un magnifique bordel en apnée. Un truc à donner l’impression de s’envoler ou de tomber par terre.
Et au vu de qui elle était la fille, c’était une chute dans un ravin d’environ trouze mille mètres.
I will keep you from the world outside, I will never let you go. I will be the thing you dream about. Tell me I belong to you, Take my heart for it is yours to keep. Shackle my spirit to you.
Calling out father oh Hold fast and we will Watch the flames burn auburn on The mountain side Desolation comes upon the sky
"
Ah ah ! Il l’avait bien eu!
Ron ne réprima même pas le sourire qu’il eut contre les lèvres avant de l’embrasser de plus belle. En vérité, il n’était pas vraiment capable de formuler un jugement sur sa propre conduite. Il avait enregistré l’évènement puis sa conscience s’était figée. L’ascendance de Sue n’existait plus trop une fois qu’elle était dans ses bras à lui. Une rêverie tout au plus. Bien sûr qu’il y mettait des sentiments mais ils n’étaient par essence qu’en surface. Une attraction réelle qu’il ne cherchait pas à brider en cet instant particulier et qu’il avait perçu en filigrane chez elle. Elle était si plaisante. C’était simple avec elle et Ron avait soif de simplicité. Les gens se croyaient toujours obligé de faire des trucs de folies et il n’en pouvait plus… certes, lui-même se mettait dans des situations impossibles les trois quarts du temps et la guerre n’arrangeait pas franchement les choses et peut-être que ce n’était pas intelligent d’échanger son Adn avec la fille de Belzébuth mais une seule question primait dans sa caboche masculine. Depuis combien de temps avait-elle envie de lui ? Il aurait presque pu lui poser la question en soupirs brûlants à l’oreille, accompagné d’autres mots peut-être moins honorables mais Sue s’accrochait à lui en le mettant en garde.
Dangereux ? Pfff mais il se rit du danger !
Sauf quand ça avait huit pattes. Ou alors que ça n’avait pas de bras. Ou que ça mettait en danger la finalité de leur lutte.
Un faible soupir et un frémissement au bout des paupières. Le visage suspendu au-dessus du sien, les mains venu se nicher aux hanches, Ron se contenta d’acquiescer faiblement. Franchement, là ? Maintenant? de suite? Il n’en avait strictement rien à faire du danger. Pas quand elle était alanguie contre lui et que le tissu de la nuisette s’était légèrement relevé sur ses cuisses. L’abandon dont elle faisait preuve était nettement plus dangereux pour Ron que la situation globale en elle-même et l’urgence avec laquelle il appuya son corps contre le sien était en passe d’être bien plus problématique. Sa main droite rampait sur le tissu tandis que l’autre explorait très lentement jusqu’où il pouvait remonter le pan du vêtement.
Sauf qu’évidemment, Sue crut bon de prononcer le nom fatidique :
Hermione.
Avec un peu de bol, il pourrait l’embrasser et effacer le nom de ses lèvres… sauf que non. Ça ne se passait pas aussi facilement.
« Pourquoi… pourquoi tout le monde me demande ça à chaque fois ? »
Tous les jours. Il y avait toujours un insurgé, un ami, quelqu’un qui lui demandait pourquoi il n’était pas avec Hermione, et comment allait Hermione et est-ce qu’Hermione avait bouffé son putain de pancake ou que savait-il encore.... AUCUNE IDÉE.
Réprimant un tremblement nerveux d’agacement palpable, Ron se détacha puis passa une main dans ses cheveux. Pour un peu, il pouvait croire qu’il ne s’appelait pas Ron Weasley dans la tête des gens mais Ronald Granger.
« Je ne veux pas tout gâcher. »
Évidemment que non. Ce n’était pas le propos. Pour être honnête, Ron pouvait comprendre la question. Hermione et Ron… les gens l’avaient souvent compris avant qu’eux-mêmes ne s’en rendent compte. Certains avaient devinés durant le bal des champions, d’autres quand il était sorti avec Lavande, certains quand ils étaient partis et la plupart quand ils s’étaient embrassés en pleine bataille à Poudlard. Mais la récurrence de l’interrogation commençait à le rendre dingue. Il éllipsait en général maintenant. Ne répondait même plus et partait sur une autre vague de conversation. Harry était au campement, Hermione aussi et lui venait juste d’y revenir à son tour. La vérité c’est qu’il les croisait à peine. L’autre vérité c’est que c’était tout aussi bien ainsi. Ils étaient plus efficace séparés lui semblait-il (il avait tort). C’était étrange parce que Ron avait presque parfois l’impression d’être en charge –avec ses frères- de tous les Insurgés. C’était simple de déléguer cela dit. Ils avaient de bonnes recrues qui leur permettaient de s’adonner à la recherche des horcruxes.
« mais… tu m’as manqué Ron… »
Il eut un sourire tendre qui n’atteint pas ses yeux. Il avait agi par impulsion mais elle avait raison. Et Hermione ? Il n’était plus avec depuis des mois. Elle ne lui manquait tout du moins pas à ce niveau vu que cela faisait bien des semaines que tout ceci n’avait plus la même résonance entre eux deux… non. Mais ils s’étaient séparés pour une bonne raison.
Pour une seule raison : Harry.
Et voilà qu’il embrassait une fille sans aucune... logique?
(Il y en avait bien une mais enfin...)
« Hum… ce que je vais dire…. Ça va te paraitre très… disons…. Plutôt dramatique. Mais je sais vraiment pas le dire autrement. » Ron se frotta le nez puis regarda enfin Sue avec sérieux, l’azur picotant en prenant mesure des traces des passages de son baiser sur la jeune femme. C’était partout sur elle : dans le chiffonnement de la nuisette jusqu’aux petits renflements grenadine sur la bouche là où il avait mordillé ou aspiré plus fort, il ne savait plus trop. L’image brula la rétine et il cilla dans un mélange de torpeur délicieuse et de nervosité ambiante. « Je sais que ça peut paraitre bénin cette histoire d’Indésirable n°3 mais c’est concret. Dans la forêt j’étais assez libre finalement. Chez Bill aussi. Mais là c’est différent. Un seul faux pas et ça peut entrainer beaucoup plus que ce que je ne vaux. Hermione et moi… ça fait des lustres qu’on est plus ensemble. Bon d’accord… officiellement ça doit faire … depuis novembre. Officieusement crois-moi, ça fait des lustres. » Plus d’un an au moins. Il se rendait compte maintenant combien il avait été lent à bouger de cette relation. Il supposait qu’on ne se remettait pas d’une fille comme Hermione en un claquement de doigts. « On l’a fait parce que tu peux pas… chercher… se battre plutôt, tu peux pas te battre et avoir une relation. On était trois dans cette relation. Et là ce sera pas pareil évidemment mais... faut qu’on se mette d’accord de suite. C’est plus honnête. » Ron hésita, cherchant visiblement la meilleur façon de dire les choses. C’était une promesse qu’il s’était faite à lui-même de ne plus se mentir et de ne plus mentir non plus. C’était vraiment plus simple en théorie parce que dans la pratique les petites omissions vous facilitaient horriblement la vie. « Tu me plais… un peu… beaucoup. Et je sais que je te plais aussi. Un peu. » Il eut un sourire boyish en coin. « Mais… » Ça faisait tellement prétentieux de le dire comme ça… tellement. Il inspira. « Tu ne dois pas tomber amoureuse de moi. Et euh… pareil pour moi… pas de moi-même, ce serait stupide. Je veux dire, de toi. »
Ouf il l’avait fait.
On ne tombait pas amoureux des filles de mangemorts et on ne glissait pas sous le charme de type qui risquait de ne pas revenir de mission. Et il fallait être pragmatique. Il l'avait sauvé, sans nul doute qu'une part d'elle lui était plus que reconnaissante. Quand à lui, il sortait de quelque chose de particulier avec une fille qui l'avait ignoré et l'avait traité comme s'il était stupide pendant des années alors évidemment quand on le regardait réellement...
Il fallait garder la tête froide. Le coeur tiède. Et les mains chaudes.
Dans cet ordre là.
Il n’était pas entièrement certains de son discours mais ça lui semblait juste sur le moment. Il n’était pas amoureux d’elle. Pas encore. Il avait ce béguin vibrant fait de désir et d’admiration. Il n’avait jamais ressenti le besoin de mettre des noms sur quoi que ce soit. Hermione et lui avaient été bien avant qu’il ne l’embrasse et Sue et lui seraient bien au-delà de mots qui avaient une symbolique trop forte ou désuète selon le rempart où l’on se plaçait.
Il se rapprocha à nouveau, glissant ses mains autour du visage, caressant des pouces l’ovale soyeux. Ce n’était pas évident d’apporter un semblant de gravité quand on cédait irrémédiablement à ses envies. Être soumis à ses désirs en les assumant mais pas au point d’y céder sans vergogne. Il ferma les yeux laissant ses lèvres prendre le relais des doigts, glissant sur la peau fraiche et venant déposer un long baiser sur ses lèvres.
Are we just gonna stay like this forever, floating. I'm serious, my heart is furious cause I'm so confused when we're together. Feels like I'm choking, these emotions. I wish I could say what I'm feeling, I'm scared to let these words out. Can you stomach the doubt?
For the sword and the stone Bad to the bone Battle is not over Even when it's won
"
Il avait compté sept battements de cœur. Sept secondes. Des coups sourds qui avaient le son des gourdins annonçant Ragnarok.
Elle avait égrené les mots comme le sable sur la plage quand le vent soufflait fort. Avec douceur, certes, mais avec la force de l’océan aussi, qui sait que, même si elle vient flirter de ses vagues la plage découverte, ils ne pourront jamais réellement se mélanger.
Sept poings réguliers sur le torse et trois petits mots.
« Je suis désolée »
Ron se renferma. Il n’avait pas le choix. Pour toute la légèreté dont il pouvait faire preuve, pour toutes les conneries qu’il pouvait balancer à la minute, il savait ce qu’il fallait faire. N’en avait jamais douté. Le baiser ne le consola pas et il resta de marbre devant la jeune femme qui déjà reculait. C’était sans doute au mieux. Il ne cilla pas, juste un tremblement nerveux des doigts et les cheveux qui retombèrent sur le front tandis qu’il abaissa son regard quelques secondes.
Le temps de se souvenir pourquoi.
Le temps de se convaincre lui-même.
Il n’avait rien à offrir. De l’amusement, il était prêt à la donner sans compter avec sa générosité innée. Il pouvait se montrer drôle et inconséquent mais elle ne voyait pas au-delà n’est-ce pas. Être avec lui ? Vraiment ? Il avait beau savoir que s’était peut-être aussi se fourvoyer, il préparait ses coups à l’avance comme le joueur d’échecs émérite qu’il était parfois.
Il fallait savoir quels sacrifices on était prêt à faire.
S’ils étaient, cela reviendrait à lui imposer un silence absolu, une série d’étreintes volées, seulement quand lui pourrait. Cela reviendrait parfois à devoir lui mentir ou omettre pour qu’elle en sache le moins sur ses activités. C’était vivre une clandestinité forcée qui ne résulterait surement que dans le chaos. Si elle parlait –même joyeusement- et si elle laissait filtrer son inquiétude à son égard (et elle le ferait, il commençait à la connaitre) ; si un membre de sa famille ou autre finissait par le savoir… Par Merlin, son frère l’avait donné en pâture à des connards! Elle était accoutumée aux gens de l’élite… elle croyait quoi ? Ron avait confiance en elle mais pas dans l’univers où elle baignait, ni en ses ami-e-s et encore moins dans les gens avec qui elle travaillait. Elle pensait qu’il ne prévoirait aucune des conséquences si qui que ce soit venait à savoir que l’ainée des Carrow tenait l’indésirable n°3 par les sentiments ? On l’arrêterait. On la torturerait. On s’en servirait comme monnaie d’échange. Et il viendrait. Évidemment qu’il viendrait avec son cœur en berne dans une écharpe rouge et or même. Mais les conséquences sur Bill, sur Fred, Harry, Hermione, sur la cause…
Sur elle.
On ne revenait jamais complétement des endoloris ni des sous-sols du département des miliciens de Voldemort. Elle le haïrait peut-être. Ou pire. Elle lui pardonnerait.
Et même si tout se passait bien. S’ils parvenaient à garder leur bulle, elle voudra plus (avec raison). Il voudra plus. Et tant que la guerre n’était pas terminé, tant que ce gouvernement n’avait pas été renversé et Voldemort totalement détruit, on pouvait en rêver de l’avenir... Juste ça. Aujourd’hui elle était encore la fille d’un mangemort. Trop dangereux pour lui. Pour elle aussi.
Il déglutit imperceptiblement et releva un regard douloureux sur Sue, acquiesçant simplement.
« Oh… bien sur… » Ron commença en glissant sa main dans celle de la jeune femme. Autant qu’elle croit que c’était juste ça. Qu’il avait juste eu envie de tirer son coup, que ça lui laisse le droit à d’autre chose qu’elle méritait amplement après les souffrances traversées. Une vie faite de velours, de plantes et de sorties dans l’élite. Les prétendants ne manqueraient pas.
Il serra la main un peu trop fort avant de s'en rendre compte et relâcha immédiatement.
« Amis. »
C’était déjà bien considérant leurs noms de familles respectifs, leurs maisons rivales et leurs positions en société. C’était déjà bien oui, mais Ron n’eut pas un sourire. Tout juste un hochement de tête tandis que les doigts caressèrent ceux de Sue, vestige d’un regret palpable. L’élite pouvait crever. Après il viendrait la chercher.
Une douleur aiguë dans le ventre.
Ah oui. De la colère.
C’était comme les grondements d’un volcan qui s’apprêtait à exploser. L’injustice de la chose venait de le prendre aux tripes. Il était un garçon simple. Son ambition avait été d’être auror avec Harry, d’épouser une fille chouette, de vivre heureux, qu’elle qu’en soit l’ordre. Et cette fichu guerre lui prenait tout. Des amis, de la famille, le droit de flâner dans les rues, celui de poursuivre ses études et même celui d’aimer qui bon lui semblait.
Il passa une main sur son t-shirt et esquissa un sourire à Sue. Elle n’y était pour rien. Il ne fallait pas recommencer les erreurs d’avant. Il avait été si en colère avant. Tellement qu’il aurait pu en briser le monde. Il lui murmura qu’il était tard, que cela allait éveiller les soupçons s’il ne rentrait pas et qu’elle était restée enfermée dans sa chambre depuis trop longtemps aussi. Un battement de cœur fébrile plus tard et il transplana en retour dans la maison désaffectée froide. La nuit était en train de tomber donnant une teinte rouge au ciel.
Ron resta immobile à contempler le vide devant lui.
Il ferma les yeux. Pour d’autre c’était pire. Il acquiesçait toujours en bougonnant quand on le lui disait. Hermione était sang-mêlé, Harry était l’élu. Ils payaient bien plus cher que lui. Lui, ça allait quand même, il avait sa famille dans les rangs. Hécate Shackelbolt le lui avait lancé à la figure il y a peu qu’il avait de « la chance » au final -si peu à perdre- minimisant une fois de plus ses sacrifices. Il n’avait pas le droit de se plaindre.
Un cri de rage se réverbéra entre les murs dans un écho lointain et il lança un sortilège incandescent sur la cheminée qui s’illumina avant de shooter dans les cendres trépignantes. Son poing chargea contre le mur et la douleur quasi électrique sur les os lui vrilla les nerfs. C’était presque apaisant et il se laissa glisser au sol dos contre le mur.
Quand la guerre serait terminée il s’autoriserait enfin à vivre.
I'd like to blame it all on life, maybe we just weren't right, but that's a lie. If I could change the world overnight, there'd be no such thing as goodbye. You'd be standing right where you were and we'd get the chance we deserve. We wouldn't be two worlds apart but right here in each other's arms.
#EVENTS & #MISSIONS. NE MANQUEZ PAS LA WIZPRIDE (rp et hrp) !#SCRYNEWS. refonte du ministère (plus d'infos) & nouveaux procès de guerre (plus d'infos)#FORUMATHON.