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sujet; (Hécate Shacklebolt / Ron Weasley) "Erreur de destinataire" (début Juin 2002)

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Hécate serra son sac contre elle et accéléra le pas alors qu'un vent froid et tranchant sifflait dans l'Allée des Embrumes. Elle ne comprenait pas qu'un mois de juin puisse-t-être aussi maussade et en venait même parfois à se demander quel maniaque neurasthénique avait bien pu avoir l'idée de créer un pays pareil.

Pluie en novembre.
Pluie en décembre.
Neige en Janvier.
Grippe en février.
N'y avait-il donc aucune saison qui échappe aux caprices de Mère Nature sur cette île de malheur?

Affichant un air renfrogné, elle s'empressa de pénétrer dans son immeuble et monta directement au quatrième étage avant de déverrouiller la porte de son appartement d'un coup de baguette nerveux. Avec un soupir, elle jeta sac, manteau et chaussures aux quatre coins de la pièce avant de s'affaler sur le canapé.

La journée avait été proprement épouvantable: Thelonius Blackwood, mangemort dont la Sainte croisade consistait visiblement à gâcher ses mâtinées, avait hurlé à s'en casser les cordes vocales pendant près d'une demi-heure en maudissant l'administration et tous les "bouffe-papier" qui la constituaient, la dernière descente de la brigade sorcière s'était soldée par un cuisant échec, mettant tout le monde d'une humeur plus que médiocre et l'enquête des chefs du département sur le trafic de miroirs à double sens demeurait dans l'impasse.

Le département de la justice magique avait peut être pour particularité principale d'être composé de tempérament divers et colorés, si tant est que ce mot eut été approprié. Il y avait les agents mutiques à l'esprit rempli de secrets, les mangemorts dopés à l'adrénaline et littéralement prêt à en découdre du soir au matin, les juges las et cyniques, les secrétaires terrorisées, les espions furtifs, les indicateurs et ainsi de suite.
Cet assemblage complexe formait un microcosme étrange au sein du ministère, une société miniature régie par ses propres règles et sa propre pyramide hiérarchique au bas de laquelle stagnaient les secrétaires et que dominaient fièrement les mangemorts de la brigade policière, ainsi que du renseignement.

Hécate n'était au milieu de cette jungle, ni une proie, ni un prédateur. Son travail impeccablement effectué, les rapports triés de manière systématique et  sa manière de condenser les éléments d'une enquête pour en tirer des synthèses la rendaient presque intouchable. Elle ne pouvait cependant s'empêcher d'aspirer à plus que cela. Il ne se passait pas un jour sans qu'elle furète dans les archives, sans qu'elle mette le nez dans un des dossiers qui passaient sur son bureau. Elle voyait les indices, comprenait les pistes, établissait entre des lieux, des noms et des visages des liens que ses supérieurs hiérarchiques semblaient totalement ignorer.

Elle avait bien tenté, un jour de grande folie, de suggérer à Blackwood de revoir une de ses analyses, mais l'ouragan verbal qui en avait découlé et le visage de son supérieur à un centimètre du sien l'avaient découragée de retenter l'expérience.

Hécate stagnait comme l'eau des marais sur laquelle elle naviguait enfant. Elle moisissait dans un bureau trop étriqué, dans un moule trop étroit et malgré ses sentiments mitigés envers le gouvernement, elle voulait se libérer de ce carcan.

A la nouvelle Orléans, elle avait connu la pauvreté mais aussi le pouvoir, l'autorité grisante que seuls connaissent ceux qui règnent dans l'ombre. Elle avait assisté sa grand mère et sa tante lors de prestigieux conciles, avait elle même mené des vendettas contre des clans ennemis. Ici elle croulait sous l'or et l'ennui.

Comme pour répondre à ses pensées, son chat, jusque là perché sur le rebord de la fenêtre, vint s'allonger sur ses genoux avant de miauler d'un air las.

-Plains toi, bon à rien, marmonna Hécate en le grattant derrière les oreilles, tu auras le droit aux miaulements shakesperiens quand tu géreras Blackwood à ma place. Je me demande si cet homme n'a pas, au fond, de sérieux problèmes relationnels. peut-être essaie-t-il de me montrer sa profonde appréciation de mon travail et de ma personne en hurlant, comme ces mioches qui tirent les cheveux de leur voisine de classe.

Nouveau miaulement.

-Ou peut-être est il tout simplement un horrible personnage dénué de la moindre inhibition et à la merci de ses pulsions destructrices, très belle formulation Legba.

La jeune femme sourit et sortit sa baguette afin d'allumer un petit feu -ce qui en Juin n'aurait même pas du être une une option- lorsqu'un raffut épouvantable sur la droite, attira son attention.

-Oh Merlin, pas encore.

Hécate se leva et se campa devant le tableau qui trônait sur le mur principal du salon, juste au dessus de la commode. Le cadre surchargé en dorures et le style appliqué du trait prouvait qu'il avait été payé cher et que l'artiste n'avait ménagé ni son temps ni ses moyens. Il aurait en effet eu tort de faire preuve du moindre relâchement: ce portrait -puisque s'en était un- était sensé représenter Sémélé Aleda Shacklebolt, arrière grand-mère d'Hécate et aïeule commune de son père ainsi que du fameux "cousin Kingsley".

Femme de caractère et de goût, elle avait sa vie durant combattu pour les droits des sorcières, l'accès des enfants de moldus à une éducation de qualité, voire même pour un assouplissement des règles concernant les elfes de maison. Une femme remarquable, disait-on, qui avait le père d'Hécate en horreur et Kingsley en adoration. C'était à ce dernier que le tableau avait appartenu autrefois, avant que le père d'Hécate ne le lui emprunte sur le long terme, sans espoir de retour. Peut être avait il pensé que cette mesquinerie égaliserait les scores entre eux, et ferait descendre son cousin du piédestal sur lequel tous l'avaient placé depuis qu'il avait eu l'honneur de devenir auror.

Mais non. Eric Shacklebolt s'était juste retrouvé en possession d'un tableau dont l'occupante le méprisait souverainement, l'arrosait allègrement de surnoms désagréables à la moindre occasion, et qu'il ne pouvait décemment pas rendre sans subir une humiliation cuisante. Il avait donc offert la peinture à Hécate, qui s'entendait bien mieux que lui avec la défunte Sémélé.

Laquelle était à ce moment absente du tableau. Hécate n'entendait que sa voix puissante et rauque, qui semblait brailler quelque part hors du champ.

-Sémélé? vous êtes là? demanda-t-elle en roulant des yeux, que se passe-t-il? est ce que c'est encore la pimbêche du troisième qui vient vous narguer?

Il y eut un capharnaum lointain.

"Ecoutez moi bien petit malandrin, je vous conseille de changer de ton et de manières avant que je n'ailles chercher quelqu'un qui vous remettra les idées en place!...ah c'est comme ça?! vous allez voir de quel bois je me chauffe espèce de voyou mal dégrossi!

Et sur ces mots peu amènes, Sémélé apparut sur la toile, parée de ses lourds bijoux et de sa robe bleu nuit.

"Ah! Hécate, mon petit! Il y a de l'autre côté du tableau un...Donald, Bonald, Gerald, qui ne cesse de me tourmenter depuis maintenant près d'une heure! il réclame Kingsley! j'ai bien tenté de faire déguerpir cette petite tête, j'ai vu bien pire que lui dans le temps, mais je n'ai plus les mêmes moyens que jadis et il commence à éprouver ma patience! Il refuse de cesser son tintamarre et je ne peux légitimement pas me concentrer dans de pareilles conditions, j'exige que tu aies une conversation avec cet impudent! Kingsley n'est pas ici! dis le lui en Mandarin s'il le faut, mais qu'il cesse de me hurler dans les feuilles!

Hécate demeura perplexe.

-Vous avez dit...Donald? Donald comment?

"Qu'est ce que tu veux que j'en saches! il refuse de se présenter dans les formes! Mais il a une tête de Weasley!"

-Passez le moi.

"Excellente initiative! Je m'en vais voir Dorius au deuxième étage, j'ai besoin de vacances! soyez brefs, soyez concis, le temps c'est de l'argent et...."

-Je vais m'en occuper.

Sémélé afficha un air satisfait et se tourna vers le côté du tableau.

"Vous là! l'asperge au poil de carotte! avancez un petit peu! je vous ai trouvé une interlocutrice! peut être la croirez vous puisque ma parole ne vous suffit pas! vous devriez avoir honte!"

Et se drappant dans sa dignité -ainsi que dans son étole -Sémélé quitta le tableau.

Hécate attendit, les bras croisés, tendue comme la corde d'un violon. Et sa crispation ne fit que se renforcer quand elle vit la personne qui pénétra dans le tableau.

Une personne qu'elle ne connaissait pas et dont elle avait pourtant vu le visage des centaines de fois.

Ronald Weasley.

The Red King.


Dernière édition par Hecate Shacklebolt le Mer 10 Juin 2015 - 0:55, édité 3 fois
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 And we'll never be royals, royals. It don't run in our blood. That kind of luxe just ain't for us.
"



Ron n’en avait jamais eu conscience mais dans les aléas de ce conflit entre sorciers, il avait eu de la chance. Les prix à payer étaient élever, certes, mais ils étaient évidents. Il n’avait pas eu à choisir, pas eu réellement à subir des moments de doute, à regarder deux voix devant lui en ne sachant laquelle prendre, à hésiter finalement.
Il n’y avait pas de choix parce qu’il n’en avait jamais été question.
La fidélité était le maitre mot chez les Weasley et l’avait toujours été. Envers Dumbledore, Harry, une cause, un Idéal. L’idée que chacun méritait un avenir meilleur et que ce qui pouvait arriver à l’un, pouvait t’arriver à toi pour peu que la roue tourne.
Pour les autres c’était moins évident que pour le trio. Hermione avait choisi mais Hermione était par essence merveilleuse. Ron ne voyait pas les choses autrement malgré les disputes et l’éloignement de ces dernières années. Elle avait choisi de s’effacer de sa propre famille pour se battre. A chaque fois qu’il y pensait Ron avait le désir foudroyant de la prendre dans ses bras et de lui dire que tout irait bien, qu’ils l’emporteraient. Obligé. Ils étaient de plus en plus nombreux, les sorciers se révolteraient, ils comprendraient. Les membres du Magenmagot étaient pour la plupart juste et malgré les horreurs comme ce qui était arrivé aux Bones, certains étaient avec eux au Ministère.

Comme les Shackelbots.

La question ne se posait pas pour Ron. Il avait toujours eu du mal à dissocier les membres d’une même famille. Le nom brillait en néon au-dessus des visages que ce soit en bien ou en mal et le nom de Shackelbot était irrémédiablement lié à la massive silhouette protectrice, sobre et prévenante de Kingsley. Un ami précieux, l’un des premiers qui était venu voir les Weasley quand on avait appris la mort d’Arthur. Un de ceux qui avaient occupé l’un des postes les plus dangereux qui soit en tant qu’agent. Travailler au Ministère, collecter des informations et les transmettre à l’Ordre.

L’Ordre n’était plus mais Ron commençait à former l’espoir dingue de le recréer.

Ils devaient éclater le ministère de l’intérieur et personne n’en connaissait mieux les rouages que Kingsley. Il devait lui en parler, voir avec cet homme à l’expérience des plus grandes ce qu’il en pensait, ce qu’ils pouvaient faire et ensuite montrer à Harry, Hermione et ses frères que c’était là une piste tout aussi fructueuse.
C’était comme un jeu d’échec vraiment. Le coup du roque, le seul cas où, on pouvait déplacer plusieurs pièces à la fois et ce avec un mode de déplacement inhabituel. Ils devaient chercher les horcruxes, ils étaient tous d’accord sur ce point précis et les recherches à Poudlard semblaient s’avérer fructueuse mais ils leurs faillaient autre chose.

Un espoir.

Il avait pris du temps à retrouver le tableau ancien qui servait parfois de communicateur entre Arthur et le garde du corps du premier ministre moldu. Une fois dépoussiéré un tonnerre de réprimandes vrilla à ses oreilles. L’accent de la vieille femme le fit arquer les sourcils avant qu’il ne soit à se renfrogner en tachant d’expliquer qu’il voulait parler à Shackelbot.  Non ça ne pouvait pas attendre ! Oui c’était une question de vie ou de mort et son nom? Oh par Merlin! C’était presque rassurant de voir que Sémélé ne le connaissait pas et le traitait comme un jeune blanc bec qui l’embetait pendant sa sieste. Il fronça le nez cela dit et rétorqua qu’il y avait le feu là et que ce serait bien aimable de faire ce qu’on lui demandait. Son prénom c'était Ronald et c'était mieux sans nom de famille. De toute façon ils se connaissaient et quoi? un chat? Mais! @#hgjdhfudkj!  Bonald?

Ron tendit l’oreille et ouvrit la bouche, offusqué.

« RO-nald !  Et le nom je l'ai déjà dit madame, ce n’est pas important. »

Kingsley saurait. Ce n’était pas comme si le prénom Ronald était hyper fréquent non plus dans ses connaissances. Une voix calme au son clair mais à l'accent un peu étrange se faisait entendre en fond. Une voix un peu trop aigu pour celle ample et profonde de Kingsley. Ron tendit son oreille plus prés de la peinture avant de sursauter lorsque Sémélé l'interpella avec ces airs de reine de Saba.

"Vous là! l'asperge au poil de carotte! avancez un petit peu! je vous ai trouvé une interlocutrice! peut être la croirez vous puisque ma parole ne vous suffit pas! vous devriez avoir honte!"

Interlocutrice?

Ron s'approcha bien trop curieux. Sans doute... peut-être...  Son visage prit une coloration de surprise en voyant le reflet de la jeune femme devant lui qui se déclinait comme si elle avait été peinte par un pinceau fin.

« Vous.. vous n'êtes pas Kingsley...»

Sherlock: 1; Ron: 0.

Il s'avança encore de quelques pas, les sourcils toujours légèrement froncés et la mine semi-méfiante. Les rouages de son esprit était quasi perceptible à cet instant dans la pâleur de ses yeux. Le tableau ne pouvait appartenir qu'à des Shackelbot. Qui que ce soit, elle était nécessairement un membre de la famille.

« Pouvez-vous.. heu... je comprends la surprise... mais il faut que je parle à Kingsley Shackelbot. C'est important. »

Ron cilla en regardant la jeune femme aux allures guindées de petite reine. Belle assurément, mais il y avait autre chose... ah... le port de tête. Kingsley avait cette même présence. Le charisme coulait dans la famille comme le chromosome roux chez les Weasley. «  Je suis Ronald. Ron. Le nom est inutile. Ne... ne faites rien de trop con. Je connais votre.. euh... Kingsley. »

Inutile parce qu'il était simple de voir qu'elle l'avait reconnu. Hors tableau, Ron serrait sa baguette mais ne tremblait curieusement pas. Qu'est-ce qu'il avait merdé... Pas de panique. Ça irait.
Une Shackelbolt... ils étaient de leurs côtés. Ils travaillaient au Ministère tous, et ils étaient nécessairement de leurs côtés.

N'est-ce pas?

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Hécate regarda Ronald Weasley de la tête au pieds sans rien dire, avant de faire un pas vers le tableau. Il était plus musculeux que ne le laissaient penser les avis de recherche mais également moins menaçant. Sa façon de bafouiller était celle d'un adolescent prépubère, il se dandinait et montrait tellement de signes de nervosité qu'elle avait l'impression de regarder un lutin de cornouaille en pleine séance de gigue.

Elle prit une mince seconde pour étudier son apparence.

Barbe de trois jours, traits tirés, vêtements chauds, sac à dos et cheveux humides, une feuille accrochée dans la bandoulière de son sac.

Forêt. Le tableau se trouvait dans une demeure de campagne. Il y en avait bien une dans laquelle la réplique du tableau de Kingsley aurait pu se trouver...la maison familiale de son oncle, à la frontière écossaise. Si quelqu'un avait reçu le précieux tableau en héritage c'était lui, et personne d'autre. Il avait toujours été le fils prodige de la branche, Kingsley constituant l'autre partenaire du célèbre duo d'aurores Shacklebolt.

Elle ne laissa rien transparaître de ses réflexions et déclara:

-Kingsley n'est pas ici, Monsieur Weasley. Je suis Hécate, une de ses...proches.

Elle aurait pu crier. Alerter la brigade policière et faire intercepter le portrait. Ronald Weasley, ami et bras droit d'Harry Potter était dans son salon et ce simple fait constituait un élément assez grave pour faire s'écrouler l'édifice que son père avait mis des années à construire, à faire renvoyer Leda et Virgile de l'Ecole et à l'envoyer elle directement vers les geôles d'Azkaban.

Heureusement pour le jeune homme, Hécate aimait garder ses options ouvertes. Elle croisa les bras.

-Kingsley ne possède plus ce tableau depuis déjà des années! Vous êtes bien mal renseigné pour quelqu'un qui prétend pouvoir orchestrer un coup d'état! Vous avez trois secondes pour me dire ce que vous fichez dans la toile de mon aïeule ou je peux vous assurer que vous allez y rester un bon moment.

Sur ces mots, et avec une rapidité qui n'avait rien à envier à celle d'un fer-de-lance, elle pointa sa baguette sombre sur la toile.

-Ne pensez même pas à sortir de mon champ de vue ou je vous épingle dans ce portrait comme un papillon à un mur. Vous aurez l'éternité pour discuter politique avec ma charmante aïeule. Que voulez vous à Kingsley? Et épargnez moi vos bafouillements, je ne suis pas précisément d'humeur à entendre des babillages d'adolescent en rébellion!




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 And we'll never be royals, royals. It don't run in our blood. That kind of luxe just ain't for us.
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Elle le passait en revue et il eut la vague impression de passer sous un détecteur. La jeune femme restait impressionnante même à travers l’écran nuageux du tableau. Le bout des oreilles rougit mais il n’abaissa pas le regard.  C’était étrange de pouvoir se voir en miroir quelque part. Les miroirs pour Ron reflétaient d’abord les autres agents qu’il connaissait tous. Il y eu une forme de curiosité dans son attention. Elle avait osé dire son nom et ça avec un calme olympien. Ron était brouillon, c’était son plus grand défaut et il savait rapidement reconnaitre ceux qui ne l’étaient pas.

Il retint son souffle, l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête.

Elle était une Shackelbolt.  Qu’est-ce qu’elle foutait bon sang ?  Ron ravala son souffle, se redressa, la mine sombre, les bras le long du corps, le halo palpitant. Quelque chose lui échappait là… Pour un peu il croirait presque qu’elle lui était hostile.

« Kingsley n'est pas ici, Monsieur Weasley. Je suis Hécate, une de ses...proches. »

Par les chaussettes de Dumbledore… Ron émit un semi-sourire à la réponse concise et nette de la jeune femme.

« Je me doute. Ou alors…ou alors il a bien changé. »

Le sourire disparut les minutes suivantes. Un instant, Ron fut plongé dans l’état de sidération d’un enfant frôlé par un train de marchandises. Il fit de son mieux pour ne pas montrer ses émotions mais sentit qu’Hécate les lirait sur sa figure avec facilité. « Wowwow calmons-nous là. » Ron leva les mains, sa baguette à la verticale dans la droite. « Il y a d’autres moyens de m’avoir en tableau chez vous. »

Non Ron. Non. Ce n’est pas le moment de faire des blagues. On était passé à deux doigts de la catastrophe sans jamais en mesurer le danger réel. Dieu merci il s’était enfermé dans la pièce avant de faire son essai.

Elle était hostile.

La rassurer. Se rassurer aussi pour le coup.

« J’explique beaucoup mieux quand on ne pointe pas sa baguette sur moi. » Il passa outre cela dit conscient que la chose glisserait sur la jeune femme comme patacitrouille durant Halloween. Il n’y avait ni effroi, ni mépris dans les yeux de Ron lorsqu’il croisa son regard. Un peu vexé cela dit, il eut une moue qu’il effaça aussitôt. « Je vois bien que vous n’êtes pas votre oncle Kingsley maintenant. » Sous-entendu qu’elle ne semblait pas être une des leurs. « Kingsley est un ami. Ou vous ne connaissez pas l’histoire de votre oncle peut-être ? »

L’accent. Elle avait un accent. Kingsley avait l’intonation britannique mais pas elle. Tant de questions qu’il ne pouvait assouvir. Où ? Pourquoi ? Quand ? Elle ne connaissait peut-être pas son oncle? Kingsley n'avait peut-être jamais mis au courant sa famille? Foutaises. Il était un homme à famille.

Ron cilla.

Malheureusement c’était elle qui avait sa baguette pointée sur lui et non pas l’inverse. « Je cherche à le joindre pour avoir des conseils d’ami. » Les lèvres de Ron se pincèrent en une ligne étroite avant qu’il ne plisse légèrement les yeux. Il avait horreur d’en arriver là mais les coups de bluff faisaient partit du job. « Miss Shackelbolt, si je dois vous parler ce sera sans baguette dirigée vers ma personne.  Ou peut-être que ce sera intéressant, si vous pensiez appeler les brigades mangemorts ou m’épingler dans ce tableau, d’expliquer à vos employeurs ce que vous faisiez à discuter avec l’Indésirable n°3. Parce que je peux vous garantir qu'on viendra me chercher dans tout les cas de figure.»

Ron rabaissa ses mains lentement comme pour lui intimer en miroir le même mouvement.

« Je voulais parler à Kingsley de l'Ordre du Phénix. Il n'existe plus. Vous savez ça? Vous ... vous travaillez au ministère? non?»

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Hécate plissa les yeux et l'espace d'un instant, sa prise se resséra autour de sa baguette.

-Il y a une chose que tous les Shackelbolt ont en commun, Monsieur Weasley, ils supportent mal la menace. Cette baguette va rester pointée sur le bout de votre nez tout le long de notre entretien. Je suis celle qui a le plus gros à perdre dans cette discussion, vous excuserez cette manoeuvre d'auto-préservation.

Elle plongea ses yeux dans les siens et vit qu'il tentait d'afficher une attitude pacifique. Trois ans plus tôt, Hécate aurait accepté une trève et posé sa baguette avant de consentir à ce que son clan nommait en français des "pourparlers". Ils étaient après tout une dynastie régie par des codes d'honneur stricts. Brutaux. Mais stricts.

Seulement, ils n'étaient pas en Louisiane et elle n'avait pas affaire à un quelconque nécromancien à la langue bien pendue. Ce petit imbécile la mettait en danger par sa simple présence, et s'il était à la recherche de Kingsley, si le nom de ce dernier refaisait surface, elle se trouverait dans une position plus que délicate au ministère. Elle avait déjà un mal fou à faire oublier son patronyme au quotidien, la dernière chose dont elle avait besoin était d'un autre coup d'éclat de la part de ce grand-cousin qu'elle ne connaissait pas mais qui avait tout de même miraculeusement trouvé le moyen de lui rendre la vie impossible.

-Si je voulais appeler la brigade sorcière croyez bien que je l'aurais déjà fait, je travailles bien au ministère, ils me connaissent comme ils vous connaissent et contrairement à vous j'ai la réputation de ne jamais manquer d'éloquence quand je m'explique. Ce serait donc ma parole contre la votre, et nous savons tous les deux laquelle pèse le moins lourd.

Elle était tendue. Derrière elle, Legba crachait et feulait en direction du tableau.

-Ecoutez moi bien: Kingsley n'est pas ici. personne ne sait où il se trouve. Mais je sais une chose: Si vous réutilisez cette peinture, si vous impliquez le nom de Shacklebolt dans le moindre plan, je vous traquerai, je vous trouverai, je vous livrerai à un de mes collègues et faîtes moi confiance quand je vous dis qu'il vous passera l'envie des communications clandestines! Gambadez dans les bois autant qu'il vous plaira, faîtes exploser des pétards mais restez loin de ma famille! Kingsley a déjà jeté sur nous tous une ombre que je peine à disperser! vous n'avez sans doute rien à perdre, mais moi si! Vous allez donc quitter ce tableau et brûler l'exemplaire que vous utilisez ou des mangemorts viendront frapper à la porte de votre tanière avant même que vous ayez les temps de dire "quidditch"!!

Elle avait crié mais ses yeux restaient fixes. Elle ne pouvait l'empêcher d'être un insurgé. Elle ne pouvait l'appréhender seule. Mais elle pouvait l'empêcher de lui nuire. Tout autour d'elle, de son poste à la situation de ses cadets et de son père était inextricablement lié à l'image de la famille, et au prestige de son blason. Elle s'employait à le redorer depuis maintenant 3 ans. Au moins de juillet, sa période d'essai serait terminée et elle deviendrait un membre à part du ministère de la magie, une membre du département de la justice. Leda et Virgile seraient alors assurés de finir leur scolarité sans encombre et il n'y aurait plus qu'à attendre la majorité de ces derniers pour rentrer au pays.
En attendant, il lui fallait sécuriser les positions de son clan et cet petit attardé les menaçait directement. 

-Ne me regardez pas avec ces yeux de chien battu Weasley! Vous avez choisi votre situation et peut être vous convient-elle mais tout le monde n'est pas prêt à sacrifier un frère ou un père pour la défense de je-ne-sais-quel-messie balafré! rentrez bien cela dans votre tête de gerbille et réfléchissez y à l'occasion!

Elle avait craché son venin sans le moindre remord. La peur était chez elle mêlée à la colère. Elle enrageait de le voir si sûr de lui, si...désinvolte face à ce qui pour elle représentait une situation de la plus grande gravité. "Bonjour, ici Ronald Weasley, indésirable numéro 3, je voudrais parler à Kingsley Shacklebolt, un autre indésirable, vous le connaissez il est de votre famille et faîtes moi du thé si ça ne vous dérange pas".

Dans quel monde vivait-il?! Dans quelle vision manichéenne de la guerre marinait-il?!
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" - I think the whole world's gone mad.
- Uh-Uh. It's always been like this. You probably just don't get out enough."
N.Gaiman

"



Kingsley n’était peut-être pas en odeur de sainteté partout.

Ron était consterné. Il lui avait semblé évident que tous les Shackelbolt était de la même opinion, du même bord. Kingsley n’avait jamais rien eu d’un exalté. Il ne croyait pas en la mère patrie, la défense du sol, les hymnes, les poursuites de sorciers… il avait d’autres idéaux. Plus humains. De ceux que l'on transmettait de génération en génération.
Plus juste au sens large du terme.

Pendant un court instant, Hécate rappela à Ron la façon dont MacGonnagal pouvait remballer un élève en un clignement d’œil. Il ne broncha pas. A vrai dire, si jamais elle le livrait, il serait le cadet des soucis des mangemorts de poser des questions sur comment elle avait fait. Il finirait dans les sous-sols du ministère à passer probablement les pires heures de sa maigre existence.
Un frisson lui courut le long de l’échine la nervosité tendant ses muscles et retenant sa respiration comme s’il traversait un terrain de lave.  Lui-même vit rouge aux remontrances. Il supportait de moins en moins l’inaction des sorciers. On le lui avait expliqué calmement mais c’était abstrait pour lui. Il était certes simpliste (et ne s’en cachait pas) mais à tort ou à raison, il exigeait d’autrui un choix, une direction en un sens.

Quelle qu'il soit.

« Je ne savais pas que parmi les Shackelbolt on était des champions de l’impuissance et de la résignation. A un moment il faut définir ce qui est la cause et la conséquence. Je n’ai pas besoin de réfléchir, je l’ai déjà fait. Il y a longtemps. » Ron secoua son visage sans la quitter du regard. Bien sûr qu’ils avaient sacrifiés. Et qu’ils le feraient encore. Tous ses frères étaient engagés, Ginny aussi sauf qu’elle avait été capturé et avait probablement été interrogés à la nouvelle sauce gouvernementale avant d’atterrir chez Parkinson. « Parmi tous ceux qui se battent, il y en a qui se sont approprié la puissance pour écraser les autres. Ce n’est pas Ha… ce n’est pas lui qui a créer le système de rebuts. Jusqu’à quand votre statut de sang-pur vous protégera vous et les vôtres. Jusqu’à quand vous pourrez faire l’hippogriffe en regardant passez les dossiers et les noms dans votre bureau comme des formules de politesse ? »

A la lumière blafarde d’un printemps morne, le visage de Ron était dépouillé de dureté. Ses traits étaient peints d’une palette d’ombre. Seule sa bouche était clairement dessinée, les mots glissant comme un souffle. Il avait fallu la peur, la fatigue, l’horreur pour que Ron grandisse. Un peu. Éternellement juvénile de caractère, il en fallait beaucoup moins pour que ne jaillisse en source brûlante des convictions qui avaient toujours été là.

Il avait fallu Harry tout simplement.

« Vous savez pourquoi Kingsley s’est rangé avec l’Ordre ? Pas parce qu’il ne supportait pas la dureté de la guerre. Mais parce qu’il ne supportait pas d’assister à ça sans rien faire. Hécate...» Il laissa une halte de quelques secondes comme pour que le prénom s'imprègne.« Je sais ce que c’est que de vouloir protéger sa famille… Je ne ferais pas de discours sur la transformation d'un ministère adoré, sur comment vous venger de ce qu'ils feraient à votre oncle s'il le trouvait, à vous si vous ne faisiez que parler ouvertement et librement de quelque chose qui ne vous plait pas. Je ferais pas ça. Je m'en fous en fait. L'important c’est de savoir ce que l'on veut faire pas de savoir ce que les autres voudraient qu'on fasse. Pas cacher. Pas terrer au fond de soi par peur. »

La question demeurait en suspens. Et si elle pouvait faire, elle ferait quoi?

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Il avait à peine finit sa phrase qu'Hécate agita sa baguette, envoyant voler un vase à l'autre bout de la pièce sous le coup de la rage.

-SILENCE!

Elle le regarda droit dans les yeux.

-Que savez vous de nos choix?! nos choix à nous, les simples "mortels"?! Vous avez rejoint un camp accompagné des vôtres, vous vous battez aux côtés de vos frères, de vos parents, de vos amis, unis dans la bataille! vous mourrez les uns dans les bras des autres! Aucun sorcier de cette ville n'a le privilège de pouvoir se montrer aussi "héroique", Monsieur Weasley!!

Son visage fut soudain marqué par la peine.

-Si nous nous battons, si nous rejoignons votre bande d'enfants perdus...ce n'est pas sur des "mangemorts" que nous lanceront nos sorts...mais sur nos pères, nos mères, nos frères et soeurs, nos amants! aucun clan n'est plus uni! les familles de sorciers se déchirent jusque dans les hautes sphères de ce pays et vous constituez peut être le seul à pouvoir tuer et combattre sans risquer de retrouver un visage aimé dans les décombres de la bataille! Mais cela vous échappe n'est ce pas?! les idéaux sont plus importants que la perte, pourvu que la perte serve les idéaux!

Elle s'approcha de Ron et sortit de la poche de sa veste une photographie.

-Regardez les bien, Monsieur Weasley. Regardez les. Léda. Elle a 13 ans. Virgile en a 15. Et voilà mon père. Si ce gouvernement chute, qui paiera la sinistre addition du remaniement politique?! pas vous! les hommes comme mon père paieront, mon frère et ma soeur paieront! ils connaîtront de nouveau la misère, le mépris et je mourrai avant de voir une chose pareille arriver! Ils sont ma responsabilité! Il vous est facile de nous donner des leçons de morale, Vous êtes un WEASLEY! Mais nous... sans ce système...sans tout ceci...nous serons moins que nous ne l'avons jamais été. Et il fut un temps où nous n'étions même pas des hommes.

Son regard avait une lueur douloureuse.

-Regardez moi dans les yeux, et dîtes moi que si je vous suivais, mon frère et ma petite soeur seraient mis à l'abris. Qu'il ne leur arriverait rien et que ce combat ne serait que le mien. Vous ne pouvez pas faire cette promesse.

Son ton était dur, amer. Ils étaient tous les deux jeunes mais là où l'un était mené par ses idéaux, l'autre était enchainée par un pragmatisme confinant au cynisme et par une angoisse permanente.

"protèges les petits, tu m'entends Hécate. Ton père va les emmener loin de moi. Je t'en supplies, accompagne le, veilles sur eux et ramène les vers nous. Délivres les. Regardes moi, mon amour, jures de les garder en sûreté!"

"Je te le jure Maman."

"C'est bien...c'est bien...c'est bien ma toute belle. C'est très bien...va maintenant! va! N'oublies jamais que je t'aime et que mon cœur t'accompagne. Reviens moi ma fille, revenez nous tous les trois, quel qu'en soit le prix. Je t'aime. Je t'aime tellement

Il ne comprenait pas. Elle le voyait dans ses yeux. Et cette lueur de stupeur lui donnait envie de fracasser jusqu'au dernier meuble de l'appartement.
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(Hécate Shacklebolt / Ron Weasley) "Erreur de destinataire" (début Juin 2002) Empty






« Si, un jour, vous avez à choisir entre le bien et la facilité, souvenez-vous de ce qui est arrivé à un garçon qui était bon, fraternel et courageux, simplement parce qu'il a croisé le chemin de Lord Voldemort. Souvenez-vous … » Dumbledore
"

Ron ouvrit la bouche, la colère à peine en surface, tangible sous le frémissement des cils et le tremblement nerveux du corps. Elle lui reprochait quelque chose qui lui paraissait évident. Pour tout le monde. Un savant « Et Kingsley ? il bat le beurre ou bien ? » avait mourut sur ses lèvres tellement il était offusqué par la colère qui émanait de la jeune femme.

Dumbledore l’avait dit. Il fallait choisir sa route. On attendait pas que la caravane passe. Il comprenait la peur… il en était perclus lui-même. Il n’était que ça. Peur pour sa famille, pour ses meilleures amis, peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir…

Elle débloquait. Des visages aimés dans les décombres il en avait déjà vu. Et rapidement.

Il refusait de s’engager dans cette pente de conversation. Les Weasley n’étaient pas des martyrs ou autres conneries de ce genre. On croyait à quelque chose, on le faisait c’est tout. Il n’y avait rien de compliqué, rien de torturé, rien de mirobolant dans ces faits. Ce n’était pas la voix de la facilité certes, mais ils avaient été élevés par un père qui leur avait assené très tôt et à chacun qu’il fallait suivre ses instincts et réfléchir de par soi-même.

Les visages poupins aux joues rondes et à la peau sombre de deux enfants fut violemment mis sous son regard et Ron s’en imprégna jusqu’à ce que la photographie lui brule la rétine. Ils riaient, sourires éclatant d’adolescents choyés.

Il regarda Hécate à nouveau, la respiration creuse. A 15 ans Jedusor avait déjà tué une élève. A 15 ans il y avait déjà un horcruxe sous la forme peu banale d’un journal relié en cuir noir.
A 15 ans, Harry avait du ramener le corps de Cédric.

On le lui avait expliqué. Pourquoi la plupart des sorciers ne se révoltaient pas. On leur avait promis de l’ordre. On leur avait promis la paix et Voldemort avec toute l’astuce retorse dont il était capable le leur fournissait sous l’égide d’un état fort, de règles rigides et de lois martiales. En échange, il exigeait ce qu’il exigeait toujours : silence, absence de critiques et soumission totale. Et eux… eux tous… ils se livraient limite avec des petits nœuds dans les cheveux.

Pieds et poings liés.

C’était plus simple de se laisser porter. « Ce n’est pas moi, c’est eux. ». De ne pas prendre de responsabilités tout court. De se laisser guider par la vague. « Ce n’est toujours pas moi, c’est eux.» Hécate n’était pas pour les rebuts si on le lui avait demandé, bien sur… certainement pas.

En attendant elle travaillait pour un gouvernement qui en faisait le trafic.

Il lui assena la chose avant de pâlir sous le regard.

« Regardez moi dans les yeux, et dîtes moi que si je vous suivais, mon frère et ma petite sœur seraient mis à l’abri. Qu'il ne leur arriverait rien et que ce combat ne serait que le mien. Vous ne pouvez pas faire cette promesse. »


Ron déglutit douloureusement. Elle savait bien ce qu'il répondrait. Elle devait le savoir. On était en guerre. On risquait tout à tout moment et aucun tatouage ou signe de ralliement ne pourrait jamais assurer à quiconque une sureté complète. C'était pour ça que l'on se battait, non?

« Je ne peux pas. »

Les  tâches disparaissaient sous l’intensité de l’échange. Ron prit conscience de la futilité de ses arguments. Il était bien placé pour savoir que les Idéaux c’était bien joli mais inutile quand on avait faim, froid, quand on tremblait de peur à voir des gens de sa famille capturé, quand on se faisait torturer ou pire, que l’on voyait des gens qu’on aime se faire torturer.
Les Insurgés n’avaient rien à offrir. Aucun confort. Aucune reconnaissance. Des planques miteuses. Des missions risqués. Des ruptures avec les familles quand elles ne suivaient pas entière la lutte.

Rien.

Et en contrepartie on demandait tout. Du sang, des larmes, des vêtements noirs pour les deuils à venir (même si, des deuils il y en avait des deux côtés).

« Je peux promettre une vie où il est possible de rêver sans qu’on leur impose ce à quoi ils doivent rêver. Je peux promettre une vie sans courber l’échine devant des foutaises. Ça sert à quoi de vivre si on est un fantôme ? Vous leur direz quoi à Leda et Vincent quand ils vous demanderont s’ils peuvent avoir un rebut, pour faire comme tout ces gens à la mode ? Vous leur direz quoi quand ils trouveront normal de considérer quelqu’un d’abord parce qu’il a un sang pur ? »

Un silence lourd s’installa où Ron percevait en bribe la colère de la jeune femme, où lui-même serrait à s’en blanchir les jointures les mains le long de son corps noueux. La tension s’effilocha pourtant de la manière la plus improbable possible, lorsque la vieille dame du tableau réapparu dans un vent de châle et d’imprécations.

Un regard vers la peinture puis un autre vers Hécate. Il fallait en rester là pour l'instant.

Elle était une Shackelbolt et avec tout l’entêtement propre à sa personne, Ron n'abandonnait pas l'idée de a voir se ranger à ses côtés.

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