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sujet; Le temps des secrets (feat Herpo Coffin)

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 «Non, mon nom ne vous dira rien... Mais chez vous on m'appelle la réponse.»
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Il avait grave la dalle.

C’était le souci quand on était en fuite, qu’on se cachait, qu’on était recherché quoi: on avait toujours faim parce qu’exit d’aller se prendre un pain rond chez Burger Wizard ou de faire le marché le dimanche matin parme les moldus à Notting Hill.

"Weasley est notre roi, Weasley est notre roi…"

Ben son royaume pour un repas consistant alors! Parfois il rêvassait au poulet rôti de sa mère, à la purée faite maison, aux petits pois qu’il fallait aller cueillir dans les jardins en distribuant des taloches aux gnomes qui s’incrustaient partout. La bonne époque.

Erf, ne pas penser à tout ça.

Ron réprima un frisson et glissa ses mains dans les poches de son blouson, le sac à dos fermement mis et la baguette magique à portée de pognes. Cela faisait un peu moins d’une heure qu’il avançait dans les taillis, la rosée du matin en guise de réveil crépusculaire.

Un gargouillis.

« Ah mais ça va! On va manger! » se renfrogna Ron dans un grognement en frottant son ventre.

Il hésita et regarda un peu partout autour de lui.

La route était déserte et après tout c’était bien normal. Plus personne n’utilisait ce chemin poussiéreux, pas même les non-sorciers et il était encore tôt, la brume recouvrait la visibilité du chemin. Ce n’était pas si grave s’il s’écartait des branchages et troncs protecteurs de la forêt pour venir un peu sur la sentier. Ses pieds l’en remercieraient et surtout, surtout, sa faim.
Car il y avait des baies en bordure, violettes, pleines, gorgées de sucre. Parfaite pour un bon petit déjeuner champêtre.

La réponse se fit limpide et Ron ne tarda pas à en avoir plein la bouche, une lueur gourmand et rassasiée illuminant son regard clair.

Un bruit.

Ou plutôt une présence.

Ron se retourna rapidement, baguette en main, l’œil aux aguets et le cœur accélérant d’un coup prêt à faire des bons dans sa poitrine. Il avait encore un peu de pourpre aux coins des lèvres, du jus des mûres délicieuses, qui donnait l’impression que du sang avait séché là.

Chut.

Pas un mot.

 Le grand jeune homme dégingandé fronça les sourcils et s'essuya les lèvres d'un revers de la main. Il aurait pourtant juré que... Certes, ce n'était pas la première fois que la sensation, non pas d'être suivi mais d'être épié, lui étreignait le cœur mais ici le no man's land était complet.         

Bah... il n'était pas loin de la vallée des rêves après tout... on disait des choses bizarres de cet endroit. Et il était seul depuis plusieurs jours maintenant, à tourner et tourner dans cette satanée forêt, et ce sans âme qui vive. C'était bien normal aussi.

« Tu vas finir complétement dingo si tu continues. Un aller direct pour Sainte Mangouste... hey avec un peu de bol j'serais avec m'ssieur Lockhart. »

Se parler à haute voix c’est le premier signe Ronald. Fais gaffe.



Dernière édition par Ronald Weasley le Lun 18 Mai 2015 - 17:14, édité 2 fois
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-J'espère pour vous qu'il s'agissait bien de mûres, et non de baies de corroyère. Sinon vous allez passer un sale quart d'heure.

La remarque fut suivie d'un rire, grasseyant à souhait. Le mien. J'avançais vite, à grandes enjambées silencieuses ; pas de samares écrasées sous mes pas, pas de branches grossièrement rompues, juste le doux murmure du tapis de feuilles. J'avançais à la manière d'un homme qui pratiquait l'art de la fuite depuis un peu plus longtemps que ce jeune sorcier. Il y avait juste ce petit rire, moqueur, pour annoncer la venue d'un homme et non celle d'un animal.

Je me suis approché de lui en souriant sous la capuche noire. Ma figure laissait  entrevoir une camaraderie peut-être légèrement déplacée pour un inconnu. Mais il aurait fallut me comprendre. Il aurait fallut me suivre, emprunter les sentiers que j'avais arpenté, trier les rumeurs et composer avec les raffleurs. Subtile alchimie que celle de cette époque. Époque folle d'un monde fou.

Je me suis arrêté à l'orée du taillis, laissant quelques pas entre moi et le sentier sur lequel se tenait le jeune homme. Je ne cessais de le dévisager ; le capuchon devait certainement me donner l'air d'une vieille corneille hochant de la tête.


-Mais non ! Dis-je d'une voix que je voulais rassurante. Je suis sûr que maintenant vous faites attention à ce que vous avalez. Au début j'étais comme vous moi aussi, et puis j'ai appris à me débrouiller.

Faisant fi de la baguette qu'il tenait dans sa main je me suis laissé tomber sur le talus surplombant l'ornière qui bordait le chemin. J'ai glissé ma main sous ma cape, la plongeant dans une poche de mon manteau pour en retirer une demi-baguette enfermée dans un sachet plastifié. Vraisemblablement un sandwich poulet-mayonnaise comme on pouvait en acheter -ou en voler- dans n'importe quelle boulangerie moldue.

Surprenant le regard du mangeur de fruits rouges, j'ai réitéré le mouvement, tirant un second sandwich de mon manteau -jambon emmental celui-là. On aurait été en droit de s’interroger sur la contenance de mes poches, si on avait ignoré les prouesses que permettaient de réaliser un sortilège d'extension. Je l'ai posé à côté de moi.


-Je voudrais pas vous arracher à la dégustation de mûres sur lesquelles ont dû pisser tous les renards du coin pendant la nuit, mais si ça vous dit... Personnellement, vous courir après m'a donné faim.

J'ai mordu dans mon sandwich à belles dents. La mayonnaise était peut-être un peu passée, mais c'était toujours mieux que de gober tout ce qui poussait dans les bois. Je ne mentais pas : la traque -très relative- du jeune homme avait drastiquement entamé mes réserves. D'autant que le périple fut effectué en grande partie à travers les limbes ; le coût en énergie s'avéra donc élevé. Un moyen fort pratique pour suivre sans être suivi. Sans ça, je n'aurais certainement pas pu remonter si loin.

C'est d'ailleurs grâce aux limbes que j'avais pu m'aiguiller. Je ne m'attarderais pas sur la qualité très sommaire des informations dispensées par des esprits tournant en rond depuis plusieurs siècles, chez eux le concept de points cardinaux apparaissait très surfait. En revanche, celui des métaphores et des paraboles oiseuses avait le vent en poupe.

"Corromps le cœur et tu corrompras l'âme."

Je ne faisais pas ça pour mon propre divertissement ou par orgueil. Je le faisais parce qu'il fallait le faire. Chacun sur cette terre était amené à suivre un destin, quel qu’en soit la grandeur qui en résultait. Or, manger des mûres sauvages n'était pas le destin de ceux qui devaient vaincre l'Usurpateur. La tache était considérable. Les conséquences qui en découleraient iraient au delà de la simple chute d'un régime politique.

Voilà pourquoi ils devaient réussir.

Voilà pourquoi j'allais les aider.
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 «Non, mon nom ne vous dira rien... Mais chez vous on m'appelle la réponse.»
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Une voie serpenta jusqu’aux oreilles et Ronald se retourna, les sens aguerris et le regard alerte. Il ne l’avait pas entendu approcher. Pas un son, pas un souffle.

Total flippant.

Le protocole voulait qu’on soit sur le qui-vive mais tant qu’il n’y avait pas de signes d’attaques ou de magie, on ne montrait pas baguette à autrui. Le protocole il s’était barré en sucette sévère avec cette fichu guerre et le benjamin des Weasley pinça ses lèvres sous le manquement au code.  L’autre aussi débarquait comme une épluchure de banane sur ta route et Ron abaissa légèrement sa baguette, celle-ci lui chatouillant le creux du poignet.

L’autre.

Un sorcier.

Il y avait bien des moldus qui portaient ce genre de capes mais en général ils se déplaçaient en groupe et portaient des maquillages plus sombres. Seamus lui en avait parlé une fois et une des filles de 4ème année était un peu comme ça aussi, une poufsouffle. Oh c’était vague. Loin.

Poudlard était des années de lumière de sa vie dorénavant.

Il arqua un sourcil roux dubitatif aux paroles du mage sombre et, comme une provocation, prit une nouvelle mûre et la porta à ses lèvres. Peur de rien. Sauf des araignées. Et d’un tas d’autres trucs mais flûte ! Par la barbe de Merlin, il avait assez vécu de choses maintenant pour ne pas autoriser un gugusse à venir lui donner des ordres!!

N’empêche… Ron espérait fort qu’il ne s’agisse pas des baies de Tartamfière…ou peu importe ce que le bougre avait dit.

« ‘sont bonnes. D’vriez en manger aussi. »

Le fruit éclata sur sa langue mais Ron ne mâcha pas. Le regard s’était fixé sur le sandwich puis sur l’étranger. La nourriture quand on était en fuite était un réel problème. Hermione l’avait dit : on ne pouvait pas faire ou créer par magie la nourriture.  Et Ron ne pouvait décemment pas aller à l’épicerie du coin. Lorsque les insurgés étaient ensemble, ça allait. Les vivres étaient bonnes, le ravitaillement serré mais établi. Tout seul, il en allait autrement.

« Je voudrais pas vous arracher à la dégustation de mûres sur lesquelles ont dû pisser tous les renards du coin pendant la nuit, mais si ça vous dit... Personnellement, vous courir après m'a donné faim. »

La salive afflua dans la bouche. Faim. Le regard se fit plus sombre et Ron arracha d’autres mures avant de tendre la main vers le sorcier. Il avait toujours eu du mal à réfléchir le ventre vide. Si l’homme avait voulu le tuer, il aurait déjà pu le faire techniquement parlant mais Ron était devenu méfiant –pas assez cela dit selon Harry ou ses frères, quand bien même-.

« On peut partager notre repas. Les mûres sont bonnes. Le pain a l’air bon. C’est… convivial. »
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-La convivialité est une qualité qui se fait de plus en plus rare.

J'ai arrêté de mâcher. J'ai rangé le sandwich dans l'une de mes poches. Ma main se referma sur l'autre, toujours intact sous la cellophane. Je me suis laissé glisser du haut du talus, atterrissant sur mes deux pieds avec souplesse. Oui, vagabonder ça conserve.

Je me suis lentement approché du jeune homme, souriant sous ma capuche ; laissant même échapper un petit ricanement rauque. Même si la situation ne s'y prêtait guerre, elle me paraissait amusante. Quand on pensait à la machine de guerre mise en place par l'Usurpateur, tous ces petits mangemorts, tous ces petits rafleurs... Comment faire de votre pire ennemi un martyr et le chef de file d'une rébellion, écrit et commenté par Voldy. La raison de leur échec à tous : ils avaient renié les ténèbres, les véritables ténèbres. Celles qui demandaient abnégation, renoncement et pauvreté. Elles nous appelaient, nous choisissaient. Mais personne ne pouvaient les invoquer. Personne ne pouvait réellement choisir de devenir un "mage noir" du jour au lendemain. Ignominie et sacrilège.

Les arts sombres, à l'instar de toutes les autres formes de magie, avaient leurs propres émissaires. Les êtres pathétiques qui se proclamaient maîtres de ces terribles arcanes n'étaient en réalité que leurs jouets ; de vulgaires pantins déglingués qu'elles s'amusaient à faire rebondir contre les murs de leurs vies insipides. Tôt ou tard elles les abandonneraient au dessus de noirs abîmes.

Certains auraient pu tabler sur le hasard, la faute à pas de chance. L'indésirable numéro 3 marchaient dans les taillis, à ce moment précis, pour une raison X ou Y. Les probabilités pour que je fasse sa rencontre étaient faibles, mais pas nulles. Je ne souscrivais pas à cette thèse. Un solide travail de recherche. Le chuchotement des morts. Le sang versé. Mon abnégation s'était mue en un sacrifice, qui prenait aujourd'hui la forme incongrue d'un sandwich.

Mon pouce, mon index et mon majeur formèrent une petite pince de chair et d'os qui se referma rapidement sur les mûres. Le geste d'un animal habitué aux sous-bois et aux bâtons des hommes. J'ai immédiatement déposé le sandwich, remplaçant ainsi les fruits que je portais désormais à ma bouche. Je me baffrais goulûment.


-À l'image du pays : délicieuses, mais un peu acides. Déclarais-je en riant.

J'ai finalement retiré le capuchon, dévoilant mon visage au rouquin. Il était temps, il était grand temps. Finis les blagues et les détours. Il me fallait désormais manœuvrer habilement ma barque. Tant d'années passées à errer. Tant de sang versé. Des sacrifices et des souvenirs. Le mal, le vrai, l'insidieux et putride, se réveillait aujourd'hui à l'orée de la Forêt Noire.


-Je réponds au nom de Gwydion. Je suis ici pour vous guider en ces temps troublés.

J'avais prononcé ces mots avec sérieux. Mais sans faire preuve d'une autorité malvenue. C'était la vérité. Herpo Coffin était mort depuis bien longtemps, avec le reste de sa lignée. Quant à mes intentions elles n'avaient pas leurs places ici. En ce monde, il existait une quantité incalculable de manières de guider son prochain ; il en existait autant que de chemins à emprunter.

J'anticipais évidemment la suspicion et la défiance que pouvait susciter une telle déclaration. Les questions allaient déferler, peut-être même l'hostilité. "Est-ce un fou ? Ou pire, un des vermisseaux du Lord ?" Cependant, je misais également sur autre chose : une figure paternelle à écouter qui faisait cruellement défaut à cette multitude de jeunes révoltés. Évidemment, ils n'étaient pas dépourvus de sorciers d'expérience autour d'eux. Mais rares étaient ceux à les rassurer comme aurait pu le faire feu Albus Dumbledore de son temps. Quant à la redoutable McGonagall... La pauvre n'était plus d'une grande utilité. Juste la cicatrice cuisante d'une amère défaite.

Loin de moi l'idée de me comparer à Dumbledore, j'étais à des années lumières du sorcier qu'il avait été et je ne le serais jamais. Je ne l'égalait ni dans sa maîtrise des arts magiques, ni dans sa sagesse.

J'étais simplement ce dont les insurgés avaient besoin : une porte ouverte sur la puissance de leur redoutable adversaire.
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«Non, mon nom ne vous dira rien... Mais chez vous on m'appelle la réponse.»
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Ron se garda bien d’ajouter que la convivialité était un trait propre aux Weasleys mais qu’en temps de guerre c’était tout de même assez compliqué pour les gens de l’étaler.

Il n’avait jamais vu sa mère refuser un bon repas à qui que ce soit. Même avec peu, on pouvait toujours tout partager. Ron, à sa grande honte, était plus possessif. Il n’aimait pas vraiment partager tout ce qu’il avait. Il aimait avoir à lui, pour lui…

Un froncement de sourcils.

L’homme avait un sourire qui mettait mal à l’aise. Non pas que le sourire ne soit pas franc mais il avait des plis obscurs, quelque chose de diffus et d’inquiétant. Pendant l’échange, Ron ne quitta pas du regard le visage narquois de l’homme à la capuche.

« Aye… j’vous avais dit qu’elles étaient bonnes… » répondit Ron, les doigts se resserant sur le pain. Son ventre se rappela à lui et il se mit à croquer dans le sandwich. La sauce en était un peu aigre, le pain un peu mou mais en cet instant c’était un délice. Sa mère lui en préparait des bien mieux, Poudlard et leurs elfes avait un autre standing culinaire, mais c’était loin. Le temps du faste.

Fumées et miroirs oubliés.

-Je réponds au nom de Gwydion. Je suis ici pour vous guider en ces temps troublés.

Ron continua son repas, la priorité à son estomac et ensuite à son esprit. Bill lui avait dit de toujours garder sa baguette avec lui et il la sentait au creux de son poignet. L’indésirable frotta d’un revers de sa main ses lèvres avant de regarder le dénommé Gwydion une foule de questions se bataillant dans son esprit. De quoi ? un quoi ?

« Huh. Chez les moldus, je crois qu’on apelle ça un GPS…»

Le rouquin se gratta la tignasse legerement. L’autre lui avait dit son nom. C’était cool. Mais lui ne pouvait se permettre d’en faire autant. C’était toujours compliqué car il n’y avait pas que lui en jeu, mais tout un groupe de gens, Harry surtout. Son meilleur ami se trouverait en direct ligne de mire si Ron Weasley se faisait tuer ou capturer.

Plutôt crever de soi-même tiens.

Ou pas.

Curieusement, Ron aimait assez la vie. Passionnement même.

« C’est cool Gwydion mais je crois pas être perdu… dans cette forêt… oui… mais pas dans la vie. Enfin…pas pour tout…»

Le doute. Petit, fin, quasi inexistant. Son esprit s’égara vers Hermione. L’autre pendant du Trio. Il était perdu avec elle. Avec ses sentiments mais avant tout avec le fait qu’il ne sache pas s’il pouvait lui faire confiance. C’était terrible de ne plus savoir. Terrible.

Ron entreprit d’avoir un mouvement nonchalant des épaules, mélange de bravade et d’inquiétude.

« Le sandwich était bon. Merci.» Ron était partagé. Par raison de sécurité primaire, il aurait du s’éloigner. Faire bye-bye et hop. Sauf que voilà, il n’avait eu aucune compagnie depuis des heures et des heures et c’était stupide mais parfois parler, même un peu, faisait du bien. « On peut toujours faire un bout de chemin ensemble m’ssieur GPS. Par là.» Ron fit sauter son sac sur son épaule et entreprit de marcher. « Et donc c’est genre une bonne situation ça ? Guide en temps troubles ? .»

Une pointe d’ironie mais rien de méchant.

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-De l'humour... C'est bon signe.

Un signe de bonne santé mentale. Malgré le chaos, malgré le mal, les nuages sombres qui couvraient le ciel de l'Angleterre ne semblaient pas s'être immiscés dans l'esprit du sorcier. Une remarque anodine qui me permettait de savoir sur quelle planche de bois j'allais devoir frapper pour enfoncer cette porte. J'imaginais bon nombre de choses pour le rouquin, des choses stupéfiantes, des choses terribles, un portrait que lui-même n'aurait pas su dépeindre même dans ses rêves les plus fous. Fous, oui, c'était le mot.

Là où d'autres auraient bredouillé un nom quelconque, lui ne fit que trahir une légère anxiété en se grattant la tête. Et ces yeux ! Oh ! Ces yeux ! Je connaissais ce regard, typique de l'homme pas tout à fait rassuré mais également pas tout à fait apeuré non plus. Magnifique ouvrage que cette passerelle entre la peur et l'étonnement. Je n'agissais pas comme un rafleur, mais je ne me comportait pas pour autant comme un insurgé. De toute manière, il était encore trop tôt pour qu'il sache autre chose que mon pseudonyme ; si au premier abord, le jeune homme me plaisait il restait encore toute une série d'examens à faire. Et après les examens, les épreuves. Et après les épreuves, le désespoir.

Comme s'il s'agissait d'un mystérieux signal, le croassement d'une corneille s'éleva loin au dessus de nos tête. Le cri lourd se répercuta en échos entre les branches, puis le vent dans les rameau balaya définitivement ce funeste présage. Parfait.


-Je ne crois pas qu'il y ait de bonnes ou de mauvaises situations. Il y a surtout des rencontres. Vous n'imaginez pas le nombre de personnes qui sont amenées à emprunter des sentiers fort dangereux.
J'ai pivoté rapidement sur mes pieds, puis j'ai enjambé l'ornière avant de m'élancer dans le taillis dont nous avions tous les deux quitté quelques instants auparavant.
-Allons ! Lançais-je au rouquin. Suivez ! La destination vous plaira, n'en doutez-pas.

Un ricanement suivi du murmure du tapis de feuilles et du craquement des branches mortes. Je faisais du bruit, pour qu'il puisse me suivre. J'allais vite, de grandes enjambées décidées au dessus des souches pourries, recouvertes de mousse. Ce n'était pas un chemin habituel, en fait ce n'en était même pas un. Seuls les bêtes de la forêt passaient par ici, suffisamment basses pour éviter les branches traîtres. Il en fallait de l'expérience pour se baisser au bon moment, éviter de se tordre la cheville ou de s'étaler de tout son long dans un buisson d'orties. Une expérience de bête sauvage. Peut-être le jeune sorcier maugréait-il de se voir ainsi contraint de se frotter à cette nature. Mais je guidais, je surveillais, je ne le perdais jamais vraiment de vue, m'assurant qu'il passe sans encombre du taillis au bosquet et du bosquet à la forêt.

Moins de branches basses, certes, mais moins de lumière. Nous venions de déboucher dans un coin de la Terre où le pied d'un homme s'était rarement posé. L'air y était lourd et moite, un brouillard dense flottait à nos pieds, la rosée révélait ça et là des toiles d'araignée aux proportions épiques. Même le chant des oiseaux semblait étouffé par quelque chose qui nous coupait du reste du monde.

Le rouquin aurait pu me sauter à la gorge, arguer qu'il ne reconnaissait pas les lieux, qu'il ne m'avait même pas donné d'itinéraire. Il aurait pu exiger de moi que je lui dise où nous étions et où je l'emmenais... Si je lui en avais laissé le temps.


-Votre baguette, murmurais-je. Nous ne sommes pas seuls.

C'était à peine perceptible, des claquements, des détonations fouettant l'air : des sorts. N'importe quel sorcier en aurait reconnu les chants. Je me suis avancé prudemment, j'ai enjambé un rocher empêtré dans le lierre, puis j'ai bifurqué sur le mur de branchages qui nous encerclait. Mes mains écartèrent prudemment les feuillages, invitant mon ami à regarder.

De l'autre côté se trouvaient une clairière, dans cette clairière se tenaient quatre hommes, ils formaient un cercle autour de deux jeunes sorciers d'à peine vingt ans. L'un deux, un garçon au teint cireux, plaquait une main contre son bras gauche, lançant un regard de défiance aux autres. La jeune femme qui l'accompagnait l'enserrait d'un de ses bras, son autre main -tremblante- tenait une baguette qui ne savait quel adversaire viser.


-Salope...
Cette voix venait de l'un des quatre. Un quinquagénaire maigre au nez aquilin et aux yeux torves. Il ne cessait de se lécher la lèvre supérieure.
-Tu vas payer pour ce que t'as fait à Jim, dit-il en balançant sa tête sur la droite. Il ne la lâchait pas des yeux.
Le dénommé Jim se releva des herbes hautes en se tenant le visage. Petit et rond, ça ne m'étonnait qu'à moitié de ne pas l'avoir remarqué avant.

-Ça va Gros Jimmy ?
-Cette dingue m'a ruiné la poche à morve ! Beugla le Gros Jimmy, sans parvenir à arrêter le sang qui s'échappait de ses doigts boudinés.
-Ouh ! Susurra le premier, en sortant sa langue dans un bruit de succion abominable. Ce n'est pas gentil du tout, ça. Pas du tout, même.
Une lueur pointa au bout de la baguette de la jeune femme, le chef rafleur fut plus rapide et la désarma.
-Chopez-les !

Ils leur tombèrent dessus à coup de pieds et de poings. La fille hurla quand ils commencèrent à sérieusement abîmer son compagnon. Le chef rafleur appuya sa baguette sur sa joue, elle lui cracha sur la bouche. Le sorcier s'essuya d'un revers de la manche en riant.

-Baissez son futal et tenez-lui les jambes. Ma jolie, je vais te faire un truc qui te plaira pas à l'endroit où ça te plaira le moins. Ensuite ce sera au tour du Gros Jimmy, parce que t'as pas été sympa avec lui. Amenez son copain, vous autres : je veux qu'il regarde.

Tandis qu'ils la plaquaient au sol, le chef rangea sa baguette et commença à dégrafer sa ceinture. Mes yeux se posèrent alors sur le rouquin. Le regard qui accompagna ma question était loin d'être interrogatif, je scrutais son visage non pas pour savoir comment agir, mais pour savoir quel effet cette scène avait sur lui ; et ce avec la gourmande curiosité du voyeur.

-Que voulez-vous faire ?
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Time and I have quarrelled. All hours are midnight now. I had a clock and a watch, but I destroyed them both. I could not bear the way they mocked me.” S.Clarcke
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Ron releva son visage vers le croassement fendant le ciel avant de revenir rapidement sur l’étrange bonhomme. Des rencontres dans les forêts –notamment celle magique de Daeva- il savait qu’il en ferait. C’était inévitable. Ce dont le rouquin ne pouvait pas prévoir c’était la portée de chacune d’entre elles dans un avenir nébuleux et de toute, celle avec Gwydion, s’avérait à ce jour encore la plus terrifiante.

" Daeva est censée être dangereuse… C’est pas bon signe quand t’as beaucoup de gugusses qui s’y promènent. " Marmonna le garçon avant de marcher d’un pas nerveux près du sorcier.
Il y avait le pont du viaduc et l’allée des rêves en plus que Ron avait soigneusement évité. Heureusement, la foret était une des plus grande, large et touffu du pays.

Ron eut un hoquet, prenant mesure de la rapidité avec laquelle son guide sombre marchait. Il semblait étrangement savoir où il allait et Ron eut pendant quelques secondes l’idée que c’était un piège mais la question ne se posait pas. Il était curieux. Comme les huitres l’avaient été avec le charpentier et le morse. Bien mal leurs en avait pris. Pauvres, pauvre petites huitres…

Le chemin –si tenté que cela en soit un- arrachait des gémissements de la part de Ron. Il s’était pris plusieurs fois les pieds dans des taillis et n’avait du son absence de chute qu’au fait que les troncs des arbres étaient si resserrés autour de lui qu’il pouvait toujours s’accrocher.

"Vous êtes sur? Parce que là j'ai quand même l'impression d'emprunter un des chemins à la Fred et George."


Les jumeaux auraient adoré. Peur de rien, prêt à tout et haut les cœurs. Évidemment, de cœurs il n'y en avait plus qu'un et Ron se demanda si Fred avait lui aussi arpenté la forêt. Pas en compagnie d'un type comme Gwydion en tout cas! Il lui raconterait plus tard.
Ou pas.
Une curieuse sensation lui étreignit la poitrine et Ron s'aperçut enfin que la lumière filtrait moins depuis quelques instants. Ils avaient marché à vive allure et Ron ne s'était pas rendu compte que la forêt s'était faite plus dense, plus sombre, moins bénévolante.

" Votre baguette. Nous ne sommes pas seuls."

Par automatisme, Ron prit à peine une demi-seconde pour la sortir. Le sol humide ne craquait pas sous les pas et Ron tourna des yeux pétillants tout autour.

" Salope."

Ron déglutit et s'avança. L'instinct. Pas celui de survie. L'autre. Il embrassa la scène du regard, horrifié. Les rafleurs étaient des sorciers de la pire espèce. Des suceurs de sang sans foi ni loi. Et on ne s'attaquait pas aux gens... pas comme ça... pas pour...

Ron serra les dents.

4.

Ils étaient 4. Les deux victimes plus eux Gwydion et lui, ça faisait 4 aussi. Ron n'était pas nécessairement bon en calcul mais il savait quand il y avait de quoi retrouver l'avantage. Malgré la confusion de la jeune femme, malgré l'ami effondré au sol.

Il entendit à peine Gwydion et avança d'un pas rapide vers le groupe.
Certes, si les rafleurs le capturaient il était bon pour terminer dans le manoir de la famille pure la plus proche et de là... disons qu'il avait échappé une fois chez Draco mais cela ne risquait pas vraiment de se reproduire n'est-ce pas?

D'un mouvement souple, Ron lança un maléfice de glu perpétuelle sur le chef qui avait ses attributs pendouillant et son fute aux chevilles vers le dit Jimmy. Magnifique! Le sortilège fonctionna et les deux se retrouvèrent imbriquer joyeusement l'un dans l'autre comme s'ils n'étaient qu'un les empêchant de bouger dû à leur position étonnante.
Il s'entendit lancer un Pétrificus totalus mais une simple gerbe jaillit de sa baguette sous l’absence du geste. Un des deux rafleurs restant lui avait lancé semble t-il un sortilège au poignet. Une chaleur poisseuse -du sang- lui glissa sur les doigts et la baguette avant qu'il ne change sa baguette de main. Malheureusement peu habitué à utiliser sa main gauche , son Diffindo s'égara dans le vide et il eut un cri de rage avant de foncer droit sur l'un des zigotos pour l’assommer d'un coup de poing.

" GWYDION TU VEUX UNE INVITATION OU BIEN?"

Ou bien Ron...

Ou bien.

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Fais attention à ce que tu souhaites, car cela risque de t'arriver.

Un nécromancien -un véritable nécromancien- ça prend son temps. D'abord parce que son art est l'un des plus délicats et longs à appréhender. Garnir une caverne avec une centaine d'inferi c'est joli sur le papier, ça impressionne, ça fait claquer des dents. Mais si le commun des mortels savait sur combien de calculs compliqués il fallait se pencher pour y parvenir, le vénérable savoir de Dame la Mort paraîtrait aussi assommant qu'une dissertation en trois parties sur les applications thérapeutiques du pus de Bubobulb.

Ensuite, comme n'importe quel autre mage, le nécromancien a un style bien particulier. Du moins, c'est toujours ainsi que je me le suis représenté. Il y a une certaine réflexion dans la tactique, non pas que les autres sorciers en soient dépourvus, mais celle du nécromancien se caractérise par ce que d'aucun appellerait de la lenteur.

C'est pour cela que j'ai pris mon temps pour sortir du bois. Tranquillement. C'était un peu comme aller aux champignons. Et le rouquin s'agitait. Et le rouquin beuglait. Et le rouquin ne voyait le danger venir...

Leçon numéro une : mettre les choses au clair.


-Avada kedavra.

L'éclair vert jailli de ma baguette et fila droit vers le rouquin. Il passa à cinq centimètres au dessus de son épaule gauche et se ficha entre les deux yeux du rafleur qu'il avait cogné quelques secondes plus tôt. Ce dernier laissa échapper le couteau qu'il s'apprêtait à planter dans le dos du jeune sorcier et s'affala dans l'herbe de tout son long, le regard vide.

Avada kedavra. Ces deux mots tétanisaient les gens ; au sens propre comme au sens figuré. Tout le monde les connaissaient, beaucoup les employaient sans les respecter, avec une quantité folle de dédain. Pas la peine de crier. Avec une volonté ferme un murmure suffisait. J'osais croire que l'effet produit était garanti sur une bande de rafleurs à la manque persuadés de tomber sur des proies faciles. Un moment de latence c'est tout ce qu'il me fallait.

Leçon numéro deux : souligner ses arguments.

Quand on y pense, c'est incroyable la quantité de vie qui fourmille dans les forêts occidentales. Quelques reptiles, un bon paquet de mammifères et une myriade d'oiseaux de toute sorte. Évidemment, comme dans n'importe quel système, la logique veut que le voisin du dessus tue le voisin du dessous...

Quand on y pense, c'est incroyable la quantité de cadavres qui pourrissent dans les forêts occidentales. Rien que sur cinquante mètres autour de ma petite personne j'avais pu relever des martres, des renards, des sangliers ainsi qu'un couple de blaireaux, il y avait même une poignée d'orvets ; aussi défraichis qu'inutiles. Et c'étaient sans compter les pics verts, les pies et les hulottes nécrosées juchées sur les branches surplombant la clairière. Tout ce petit monde s'avança docilement hors du bois sur une même ligne, à la vitesse permise par leurs pattes endolories, posant sur les belligérant deux yeux -pour les plus chanceux- désormais aussi vides que ceux du rafleur au couteau. Étrange spectacle que celui de la chair putréfiée mangée par l'humus.

Ça jeta un froid. Je ne parle pas de l'ambiance générale qui était déjà bien tendue au départ, je veux dire que le temps se rafraîchit considérablement. Pas autant que si une flopée de détracteurs s'étaient attroupés pour un buffet garni, mais l'effet du sort dépendant de la quantité de corps relevés, ont pouvait s'attendre à une semaine plutôt fraîche dans ce coin d'Angleterre.


-Qu'est ce que c'est que ces conneries ?

Ma baguette toujours levée, j'ai rejoint le rouquin. Le reste des rafleurs commençaient à se demander qui -ou plutôt quoi- viser. Beaucoup trop de tensions, un peu d'ironie pour détendre l'atmosphère peut-être ?

-Raflez-les.

Au moment où j'ai finalement abaissé mon bras les créatures arrachées au trépas s’élancèrent sur leur repas. Fidèles à ma volonté elles dépassèrent mon compagnon, ainsi que les deux victimes, pour fondre sur leurs bourreaux. J'imagine que les moins ramollis du bulbe auraient pu avoir la présence d'esprit de transplaner. Mais vous avez déjà essayé de le faire pendant qu'un épervier mort-vivant vous picore le visage ? Ça n'avait pas l'air d'être évident...

Faisant fi des hurlements qui remplissaient maintenant la paisible clairière (les deux tubes de colle devenus casse-croute pour sangliers nécrosés n'aidant pas) je me suis tourné vers le rouquin, souriant de toutes mes dents.


-Vous m'avez appelé ?

Leçon numéro trois : admirer le spectacle.
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There will be no sun tomorrow morning.
There will be no moon to bless the night.
The stars will perish without warning.
These lines proclaims the death of light.

"


C’était du feu sur la peau, c’était des centaines de lames rivées sur les muscles, c’était de la lave dans les os et les tendons, les ligaments et la mort coulait, on pouvait presque la gouter, elle coulait et on pouvait presque la sentir…

Ron sentit son cœur cesser de battre sous le faisceau vert. Cesser puis reprendre. Un coup sourd puis un autre plus agressif. Encore un.

On ne se sentait jamais plus vivant que lorsqu’on voyait des gens mourir.

Le corps d’un des rafleurs tomba à terre derrière lui et Ron se tourna vers les deux victimes puis vers les corps inertes à ses pieds. La magie frétillait encore sur les chairs devenus inertes et le rouquin recula de quelques pas. Il avait vu ce sort plusieurs fois (plus rarement cela dit qu’on ne l’aurait cru étant donné sa position) et il l’avait lui-même déjà accompli. Mais cela avait toujours été sous des colères monstrueuses, des abîmes de désespoir ou la volonté farouche de protéger.

Gwydion l’avait dit tranquillement, avec la même nonchalance avec laquelle il lui avait passé son sandwich légèrement gâté et il doutait que l’homme ce soit entiché de lui avec autant de passion en quelques heures seulement.

Si le partenaire de la jeune femme violentée courut la rejoindre, Ron lut sur leurs visages une réelle terrer et il ne pouvait les en blâmer. Sur les quatre râfleurs qui parlaient, deux étaient morts et les deux autres étaient soudés l’un à l’autre de manière horrifiante, les peaux tirant l’une sur l’autre et des gémissements de douleur dans les bouches déformés et putrides. Le rafleur restant était au sol et regardait, les doigts crispés sur sa baguette mais bien trop étonné pour réagir.

Mais le pire restait à venir.

Ron en perçut avant tout le son. Des fourmillements, bruissements, chuchotis et murmure ; quelque chose qui enflait lentement et qui venait des quatre coins de la forêt. Il tendit l’oreille, faisant un tour sur lui-même, ne sachant guère d’où la menace venait réellement. Si Gwydion arborait dorénavant cet air placide impossible à déchiffrer et qui frisait soit le présage funeste soit comme l’amusement surfait(les deux), Ron préféra ne pas y prêter attention, levant sa baguette, prêt à accueillir ce qui grondait.

La clairière sembla plus sombre tout à coup et les cheveux sur l’arrière de la nuque de l’insurgé le picotèrent. La surprise puis la terreur déforma son visage tandis que les deux victimes se mirent à hurler en se recroquevillant. Tremblants, l’un et l’autre prirent leurs jambes à leurs cous et après avoir glissé une puis deux fois avant de s’enfuir au cœur de la foret dans un état de panique que le rouquin pouvait comprendre.

Devant lui, des corps d’animaux avançaient, mornes et purulents. Un des écureuils n’avait que la moitié de sa cage thoracique, un des oiseaux avançait tel un albatros et ce quand bien même son cou s’était visiblement brisé. Un frisson de cauchemar balaya la clairière et Ron recula, prit d’épouvante. Il connaissait les fantômes, Harry lui avait parlé des inferi…

Mais de la nécromancie?

C’était tabou chez les sorciers au même titre que les horcruxes au même titre que tout ce qui touchait à la résurrection ou au prolongement de vie inhabituel.

« Raflez-les. »

La voix du mage résonna avec une magie si intense que Ron la perçut en vrombissement sur sa peau, quelque chose de très vieux et très sec, comme le raclement d’une branche morte sur une vitre mal nettoyé. Les sangliers aux membres déchirés, au sang poisseux où des mouches s’agglutinaient, filèrent droit sur les rafleurs qui se mirent à hurler. Pas seulement. Des insectes grouillaient et s’infiltraient dans les yeux du plus proche des hommes et Ron retint un haut le cœur, qui finit par l’emporter quand deux oiseaux aux ailes pourries se mit à écraser du bec le crâne de celui qui avait manqué de le tuer.

« Vous m'avez appelé ? »

Ron déglutit, le gout de la bile sur la langue et regarda l’homme.

« Qui êtes-vous réellement ? »

Ce n’était pas la bonne question, Ron s’en rendit compte. Qui n’avait que peu d’importance, les noms étaient ce qu’on voulait bien en faire. Les insurgés avaient des noms de codes, Voldemort était un titre que Tom Jedusor s’était inventé.

Le nom n’était rien.

Ron se redressa, méfiant. « Qu’êtes-vous réellement ? »

Le jeune rouquin détourna son regard malgré lui pour regarder les animaux morts se repaîtrent. Horrifié. Fasciné.

C’était du feu sur la peau, c’était des centaines de lames rivées sur les muscles, c’était de la lave dans les os et les tendons, les ligaments et la mort coulait, eux la goutait, elle coulait et on pouvait dorénavant la sentir…

« Qu’avez-vous fait ? »

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-Je me suis réveillé d'un long sommeil, rétorquais-je d'une voix qui aurait suffit à recouvrir un cimetière de givre.

C'était vrai. Je ressentais d'ailleurs les mêmes effets qu'après une bonne sieste au soleil. Je me sentais fort, vivant, complétement maître de moi-même. Le nécromancien, le véritable nécromancien, passe des années à vouloir vivre pour cette poignée de secondes ; mais quelles secondes. Cependant, il restait un détail à régler, un détail qui répondrait à quelques unes des interrogations que se posait le jeune sorcier à la culotte moite.

Les yeux mi-clos, j'ai levé ma baguette. Un vent léger, très moite, se mit à souffler sur la clairière. Les hautes herbes bougèrent à peine tant le souffle était doux. Alors, les uns après les autres, ceux qui auraient dû rester morts le redevinrent. Chacun d'eux s'effondra comme un château de cartes -ou un jeu d'osselets. Pas de mugissements douloureux, pas de cris stridents, juste l’inexistence silencieuse de cadavres retournant à leur tranquille putréfaction.

Une obligation. À moins de réussir à convenablement canaliser la puissance de son sortilège dans ses créations, ce qui était techniquement impossible lors d'un duel, le nécromancien devait veiller à mettre fin à ses sortilèges. En particulier lorsque ceux-ci influaient directement sur la non-vie. Le risque de ne pas le faire ? Que ça passe de la clairière au bosquet, du bosquet à la forêt et de la forêt à... Plus loin. Plus le sort était puissant, moins il était aisé à contrôler. Le nécromancien n'agissait ni en dilettante, ni en fainéant.

La brise étrange balaya la clairière, nous laissant moi et mon jeune ami au milieu d'herbes sèches et de fleurs fanées. Plus rien. Plus un piaillement d'oiseau, aucun bruissement dans les fourrés. La vie avait quitté ce lieu pour un bon moment. Il ne restait plus que ce silence écrasant d'autorité, à peine troublé par d'étranges sanglots. J'ai balancé mon bras devant moi, un fouet sortit du bout de ma baguette et happa quelque chose. Il y eut un cri. J'ai tiré. Le rafleur au visage ravagé par l'épervier fut arraché des hautes herbe et trainé jusqu'à mes pieds.


-Pas possible... Pas possible... Pas possible...

Son oreille gauche pendait à un dernier bout de lobe, plusieurs balafres lui zébraient le visage et son bras gauche semblait tordu dans une position étrange. Pourtant, il se contentait de rester en position fœtale, à répéter les mêmes mots. Au bout du douzième "pas possible" je lui mis une gifle. Il me remarqua alors et ses yeux s’écarquillèrent.

-Écoute-moi, pourriture. Dis à ton maître, de dire au sien, de répéter au Magister la chose suivante...
Je me suis penché sur lui, fronçant le nez à cause de l'odeur d'urine. Mes mains agrippèrent le col de sa chemise et le forcèrent à se redresser.
--Au crépuscule de Beltane, commençais-je à psalmodier. Si mes mots avaient eu du poids, chacun d'eux aurait suffit à ancrer un navire.
L'Usurpateur, rejeton du Serpent
Viole une ultime fois la magie ancienne
Le phénix mort, cendres froides
Esclavage, suprême infamie
Les Dévoreurs d’Âmes sur les innocents
Panique, chaos, terreur
Déchirant le Voile, vomi par les abysses
Arrive, l’héritier des manzazuu
Des Arts sombres à l'insulte la Réponse.


Il était terrifié au dernier degré, son cerveau fonctionnait sur pilotage automatique. Mais je savais que jamais il n'oublierait. Je l'ai forcé à se retourner, à voir, à constater l'étendue du désastre. La plaine désertique, les corps des animaux, ceux de ses compagnons... Il passerait certainement pour un fou lorsqu'il raconterait son aventure. Personne ne lui prêterait attention. On penserait à un sortilège d'amnésie ayant mal tourné ou à un légilimens un peu trop brusque. D'autant que lorsqu'ils enverraient finalement une équipe enquêter sur cet endroit, le contre-coût du sort se serait dissipé depuis longtemps. Il ne resterait que quelques corps en décomposition suffisamment abîmés pour suspecter une attaque de loups-garous.

-Tu as encore deux jambes qui fonctionnent, murmurais-je à son oreille. Je te suggère de les utiliser.

Je l'ai pousser en avant. Il s'étala de tout son long dans des os de rongeurs. Ça lui fit l'effet d'un électrochoc. Il se mit à hurler et s'élança loin devant lui. Il se releva et courut jusqu'à l'orée du bois en gesticulant dans tous les sens. Il se prit le pied dans une souche, puis se releva à nouveau en criant. Enfin, il disparut complétement sous la ramure des arbres.

-Gwydion n'est pas mon vrai nom, déclarais-je en continuant à fixer l'endroit où avait fuit le rafleur. Mais cela, vous le saviez déjà, Monsieur Weasley. Je suis le Nécromancien.

J'avais dit ça très simplement. Je reprenais doucement le même ton badin que tout à l'heure. J'ai même rangé ma baguette dans les replis de ma cape. Comme si la perspective de voir l'Indésirable numéro trois me stupefixer était inenvisageable. Avisant un rocher couvert de mousse à deux mètres de là, je m'y juchais à califourchon.

Plongeant une nouvelle fois la main dans mes poches, j'en sortis plusieurs barres chocolatés et des fruits secs. Des confiseries volées dans des distributeurs moldus. J'ai lancé un des sachets au jeune sorcier avant d'ouvrir le miens avec la frénésie qu'un diabétique en pleine crise d’hypoglycémie. C'était presque ça. Quand on fait de la magie, rien n'est gratuit...


-Vous croyez que tous les mages noirs marchent dans le sillage de ce Magister à la tête de lotte ? J'avais parlé de lui comme on crache un morceau de viande avarié coincé entre ses dents. Je parle évidemment des vrais mages noirs, pas de ces pétochards avec un tatouage de collégien sur l'avant bras. Et bien sachez que je ne suis pas de ceux là.
J'ai coincé la barre au chocolat entre mes dents, puis j'ai défait ma manche droite, dévoilant une peau diaphane dépourvue de la moindre trace d'encre.
-Je suis un vrai de vrai, repris-je en grignotant. Le dernier des miens. Croyez bien que j'aspire à sa chute au moins autant que vous. Au moins autant que l’Élu.
J'ai chiffonné l'emballage, puis je me suis emparé d'une seconde friandise.
-Je veux pas juger, ni rien. Mais j'ai l'impression que depuis que Dumbledore n'est plus là ça pédale un peu dans la colle cette histoire. Je veux dire... Je comprends, hein. En face ils ont une moyenne d'age de trente cinq ans, ils sont pétés de thune et plutôt rodés question duel de sorciers. Et vous... Ben, vous êtes... Vous.
Je me suis laissé glisser du rocher, tombant souplement sur mes pieds.
-On va arranger tout ça.
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