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sujet; Le temps des secrets (feat Herpo Coffin)

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There will be no sun tomorrow morning.
There will be no moon to bless the night.
The stars will perish without warning.
These lines proclaims the death of light.

"


« Je me suis réveillé d'un long sommeil. »

Les mots sonnaient comme le glas. L’air devint électrique et Ron inspira sèchement, pétrifié devant la magie en cours. Ça avait de quoi refroidir n’importe quel calbut cette démonstration. La belle au bois dormant encapuchonnée leva les bras et le jeune insurgé sentit un vrombissement résonner jusqu’au fin fond de ses os. Le visage tourné vers le ciel, il vit les volatiles se figer dans l’air et retomber comme s’ils n’avaient fait que ça: tomber.

L’un des râfleurs eut un dernier gémissement qui se tue en même temps que les sangliers se laissèrent glisser silencieusement sur le côté. On lui avait éclaté les yeux et on lui avait fourré si profondément dans la bouche qu’elle lui gonflait le cou. Des entailles quadrillaient son torse, d’autres déformaient le visage d’un autre collègue et partout, ils étaient recouverts d’animaux morts.

La clairière, calme, baignant dans un souffle léger que plus rien ne semblait déranger, puait la décomposition.

De maigres sanglots gorgés de sang et Ron regarda le dernier rafleur –le seul vivant- glisser vers Gwydion. Ou le nécromancien. Ou celui qui s’était réveillé d’un long sommeil. Cela n’avait aucune importance.

Écoute-moi, pourriture. Dis à ton maître, de dire au sien, de répéter au Magister la chose suivante...
Au crépuscule de Beltane,
L'Usurpateur, rejeton du Serpent
Viole une ultime fois la magie ancienne
Le phénix mort, cendres froides
Esclavage, suprême infamie
Les Dévoreurs d’Âmes sur les innocents
Panique, chaos, terreur
Déchirant le Voile, vomi par les abysses
Arrive, l’héritier des manzazuu
Des Arts sombres à l'insulte la Réponse.


De quoi? Y’avait une clé qu’on devait chercher? On imaginait le Père Fourras avec une barbe nettement plus longue et blanche et Ron  -évidemment- cligna des yeux, ne comprenant pas un traitre mot de ce que l’homme à la capuche noire racontait. Niveau paroles ça en jetait plus que le dernier tube des Weird Sisters en tout cas.

Il avait cela dit compris une chose. Une chose essentielle, primordiale, complète: Gwydion en avait contre le Magister et contre Voldemort.

Pour le coup c’était carrément une bonne nouvelle, parce qu’il était hors de question d’avoir quelqu’un comme Gwydion en ennemi…

Le rafleur prit une teinte translucide, une bile noire au coin des lèvres tandis qu’il jappait de terre. D’une lividité cadavérique, il trépigna paniqué en quittant la clairière, les yeux quasi révulsés sous la peur. Les sbires du Magister allaient devoir fouiller la tête de ce type quand il arriverait à bon port parce que Ron était quasi certain que la terreur qu’avait engendré Gwydion chez cet homme l’empêcherait de parler pour le restant de ces jours autrement qu'en râle plaintif.

Lui-même ressentait un malaise peu commun qu’aucune blagues, boutades ou répliques spirituellement grasses dont il était si friand ne parvenaient à chasser.

« Vous croyez que tous les mages noirs marchent dans le sillage de ce Magister à la tête de lotte ? »


L’esprit de Ron bougea fantomatiquement sur Vincianne de Lancastre. Adepte de magie noire, dangereuse. L’avoir au sein des Insurgés c’était comme s’amuser à gratter des allumettes autour d'un baril de napalm. On lançait une pièce en l’air –et c’était bien beau- mais on ne savait jamais réellement sur quoi ça allait retomber.
Ça se trouve, ils se connaissaient… aucune idée. Pendant un quart de seconde, Ron fut tenté d’en parler à l’homme mais divulguer des informations sur de tierces insurgés était hors de question.

« Vous n’aimez pas le Magister ?»

«  Je parle évidemment des vrais mages noirs, pas de ces pétochards avec un tatouage de collégien sur l'avant bras. Et bien sachez que je ne suis pas de ceux là. »

Ron se permit un froncement de nez. Lui aussi trouvait les tatouages de franchement mauvais gouts. Le genre de tatouages magiques que Fred et Georges fournissaient gaiement avec les nougats néansang ou les pastilles à gerbes. De la rigolade quoi. Sauf que là évidemment, avec Lord Voldemort, on était loin de Malabar.
Le rouquin glissa un regard rassuré vers le Nécromancien lorsque ce dernier lui montra son bras et se rapprocha.
« Je suis un vrai de vrai. Le dernier des miens. Croyez bien que j'aspire à sa chute au moins autant que vous. Au moins autant que l’Élu. »

Ah. Harry. Ron se remit sur ses gardes instinctivement. On ne touchait pas Harry ou alors fallait lui passer dessus d’abord. Certes au vu de ce que venait de faire le sorcier, il paraissait évident que Ron –tout bon duelliste qu’il était- ne faisait absolument pas le poids, mais même.

« Je veux pas juger, ni rien. Mais j'ai l'impression que depuis que Dumbledore n'est plus là ça pédale un peu dans la colle cette histoire. Je veux dire... Je comprends, hein. En face ils ont une moyenne d'age de trente cinq ans, ils sont pétés de thune et plutôt rodés question duel de sorciers. Et vous... Ben, vous êtes... Vous. »

Ron eut une moue.

Indubitablement. Ceux d’en face était pour la plupart expérimentés. Dans leur rang, il y en avait également… mais la plupart était mort. Son père, Lupin, Tonks, Kignsley était introuvable, les parents de Neville, sa propre mère avait sombré dans une discrète folie…

« On va arranger tout ça. »

« Je ne comprends pas. Vous voulez faire quoi? On peut pas… on peut pas apprendre ce genre de trucs. On peut pas jouer avec la mort. J’ai vu ce que ça donnait avec Voldemort. Il a… » Les horcruxes. Les horcruxes étaient une plaie. Un long regard envers le Nécromancien et Ron se décida. « Certains sorciers… on dit qu’ils peuvent utiliser leurs crimes pour rallonger leurs vies. »

Ron –dans son innocence imparfaite- comprenait la recherche de puissance. Si Harry s’était vu attiré par la pierre de résurrection et ses vertus, si Hermione avait la sagesse de comprendre que la cape d’invisibilité était la clé entre les reliques de la mort, Ron aurait pris la baguette de sureau.

De quoi protéger tout les siens et ceux qu’il aimait.

De quoi être enfin à la hauteur.

Ron la rangea d’ailleurs -sa baguette- simple, bois de saule et cœur de licorne. Il estimait visiblement qu’il fallait être fair play (ahahah) et puisque le sorcier le considérait de manière neutre à défaut d’être réellement bienveillant, Ron ne voyait aucune raison de se tenir sur ses gardes. « Le… enfin ce que vous avez dit au type ?… ça ressemblait à un présage. J’aime autant dire qu’il lui faut une bonne mémoire au gars, or ça lui a un peu freezé le bulbe le spectacle de marionnettes… » Ron aurait été totalement honnête, il aurait rajouté que ça avait freezé le sien en tout cas. « J’ai bien retenu le concept de panique, chaos et terreur. Tout un programme… » Lui trouvait déjà que le bordel était monstrueux...
Le Nécromancien avait dit un autre nom mais le rouquin n’était pas certain de sa prononciation. Manzuzu ?

« Et le prenez pas mal… mais pendant vous piquiez un roupillon, on a fait ce qu’on a pu… C'est pas comme si on s'était tourné les pouces hein.» Oui, Ron était un peu susceptible même s’il était assez intelligent pour reconnaître certaines choses. On murissait parfois plus vite au contact d’une guerre qui perdurait…

Mais parfois on manquait alors de recul.

Le type devant lui, du recul, il en avait vraisemblablement plein sa besace.

« Moi c’est Ron. Weasley… on est plusieurs. C’est plus simple Ron. »

Il avait décidé de se présenter correct. On était pas des sauvages bordel.
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-Personne ne joue avec la mort. Déclarais-je d'une voix sentencieuse. Elle, autant que la magie, réclame un dû dès notre naissance. Tous doivent le payer d'une manière ou d'une autre, qu'ils soient de simples cracmols ou les héritiers de Serpentard en personne. Quant aux horcruxes... Ils ne rallongent en rien la vie. Ils empêchent la mort de ravir votre âme. Cette différence a son importance.

Oh ! Oui. Elle en avait. J'étais impressionné de constater que "le trio" connaissait déjà cette forme avancée des Arts sombres ; ils avaient donc sans doute fait le rapprochement avec Voldemort. Mais Ronald Weasley, à l'instar des quelques sorciers initiés à ce secret, se cantonnait à la valeur alchimique de l'horcruxe : un meurtre prolongeant la vie. Je doute que même Herpo l'Infâme en engendrant cette création, ait pu jamais se préparer à l'intense douleur qui l'attendait. Tuer déchire l'âme. Ce n'était pas qu'une figure de style : c'était vrai. Car après le meurtre venait l'instant où le mage devait plonger dans les ténèbres et se séparer d'un morceau de son âme. Et il ne s'agissait pas de simplement remplir une pensine, loin de là. Certains échouaient, et en ressortaient miraculeusement vivants. D'autres avaient moins de chances, condamnés à baver pour le restant des siècles, le regard aussi vide qu'après avoir reçu le baiser du détraqueur. D'autres sombraient, consumés définitivement et esclaves de la noirceur, moins que des hommes, moins que des bêtes sauvages.

Les rares élus qui réussissaient ressentaient ce que je ressentais depuis le 18 mars 1988. Une nourriture sans goût. Une soif qui ne s’étanchait jamais. La douceur de la neige ou la caresse de la douce brise de l'été appartenaient au passé. L'insomnie constante. Il s'agissait là d'un autre genre de prix, celui de la souffrance. Non, un horcruxe n'accordaient pas l'immortalité, ni même un sursis. Que ce soit par les armes ou par l'age, mon enveloppe corporelle était destinée à se dégrader, à flétrir puis à pourrir. Mais mon âme, fermement ancrée ici bas, ne se dissiperait pas. Je savais ce qui m'attendait. Je savais qu'il me faudrait errer longtemps, sous la forme la plus abjecte qui soit, avant de pouvoir me redresser à nouveau sur mes deux jambes.

Le brouillard sombre qui habitait mon regard se leva, mes yeux se posèrent sur Ron avec bienveillance.


-Mais vous avez raison. Les Arts sombres sont des outils éminemment dangereux. J'estime qu'un sorcier doit être suffisamment mature et solide avant de vouloir les étudier. C'est encore plus vrai pour la nécromancie. Comme toutes les autres disciplines magiques, cette voie est vénérable et mérite le respect.
J'avais dit ça comme on parlait d'une femme ou de son propre enfant. Je vénérais mon savoir et lui rendait grâce chaque jour.
-Regardez tout cela ! M'exclamais-je soudain en écartant les bras. Regardez le monde d'en haut, prenez du recul et dites-moi, Ronald, comment en sommes-nous arrivé là ? Cet enfant émotionnellement instable, ce serpent dans le nid que fut Poudlard s'appelait Tom Jedusor. C'est tombé sur lui, ça aurait pu tomber sur quelqu'un d'autre. Avant lui il y eut Grindelwald, après lui un autre s'élèvera. Il y en aura toujours un si les combattants d'aujourd'hui ne pense pas à préparer demain.
Je me suis rapproché de Ronald. Il était grand, plus grand qu'on ne le disait.
-Durant la première guerre le Ministère a été à deux doigts de sombrer. Murmurais-je sur le ton de la confidence. Faible, vérolé jusqu'à la moelle. J'étais de ceux qui espéraient voir Voldemort gagner, car après sa chute les gens auraient compris que ce régime ne profitaient qu'à une gérontocratie rongée par la corruption, permettant à des êtres méprisables tel que Lucius Malfoy de bâtir leur fortune sur la peur des citoyens. Mais les événements que nous connaissons ont permis au mal de perdurer. Désormais, il n'est plus. Désormais c'est sur vous que tout reposera, Ronald Weasley.
Mon index s'appuya sur son sternum avec fermeté. Je sentais de la fougue, je sentais de la colère et une grande force d'âme. Une volonté fondue dans l'acier.
-Pensez à après. Pensez aux cendres dont il faudra s'extraire pour tout rebâtir. Pensez aux sycophantes qui ramperont comme des vers pour réintégrer une société qu'ils ont juré de détruire. Pensez aux meurtriers de votre père et de votre frère qui oseront dire qu'ils ont commis ces actes inqualifiable sous le joug de l'imperium. Qui sera là pour dire le bien et le mal ? Qui sera là pour juger ? Les rescapés du Magenmagot ? Ah !
J'ai craché par terre. Mes yeux étaient injectés de sang.
-De vieilles barbes grises impotentes, plus soucieuses de leur mandat que de l’État. J'emmerde ces vieux bâtards. J'emmerde aussi les Cornelius Fudge et les Dolores Ombrage. Une caste d'êtres répugnants soit trop couards pour assumer leurs responsabilités, soit trop avides de pouvoir, capables de brader leur honneur pour un poste. Vous souhaitez réellement, après quatre années de sang et de larmes, les voir eux et leurs émules regagner leurs fonctions et recommencer les mêmes erreurs ?
Ma main se posa sur son épaule, un geste étonnant doux compte tenu de la rage qui animait mes mots. Ma cape se souleva. On aurait dit l'aile d'une corneille entourant son petit.
-Pensez à demain, Ronald Weasley. J'avais insisté sur son nom complet en hachant chaque syllabe. Vous trouverez alors en vous un autre genre de motivation que la vengeance. La volonté de changer le monde pour que plus jamais une pareille époque ne voit le jour. Car un grand pouvoir sommeil en vous, une force qui consumera votre maladresse et votre timidité maladive. Vous ne direz plus "on a fait ce qu’on a pu" mais "j'ai gagné".

Je me suis placé à sa droite, ma main recouvrant toujours son épaule. Je voulais qu'il voit les choses non pas à ma manière, mais comme s'il en était l'auteur. Un égo est une créature vorace, il suffit de le nourrir un peu pour qu'il ne tarde pas à crier famine.

Ma baguette pointa le rocher devant nous. Il s'arracha à la terre dans un craquement brutal, faisant pleuvoir des mottes de terres fraiches et des lambeaux de mousse sur l'herbe sèche. Alors, comme guidé par un fil invisible, il s'envola, décrivant une courbe élégante vers l'orée du bois. Un autre sort fusa du bout de ma baguette, vif, rouge, flamboyant. Il frappa la roche qui explosa en plusieurs gros morceaux qui s'écrasèrent sur les arbres. Un chêne résista à l'avalanche mortelle, même si son écorce éclata comme un fruit trop mûr. Ce ne fut pas le cas pour trois frênes dont les projectiles massacrèrent leurs troncs. Ils se couchèrent alors successivement sur le côté, lentement et dans un gémissement propre aux arbres qui meurent.

Là où aurait pu se trouver une escouade de mangemorts tout de noir vêtus, ne régnait que la destruction.

Je n'avais pas prononcé un seul mot.


-Ce que j'ai dit au rafleur tout à l'heure, repris-je d'une voix éteinte en regardant au loin poussière et copeaux retomber. Il s'agit d'une prophétie. Une très vieille prophétie. Peu se souviennent encore de l'Ordre des manzazuu, je doute même que Miss Granger aussi cultivée soit-elle, pourrait vous en parler. Pourtant, l'Ordre existe encore à travers moi, et avec lui son savoir, son passé, son avenir. Je vais vous en faire don.
Je me suis écarté, m'autorisant quelques pas avant de m'arrêter. Les mains désormais croisées derrière moi, j'offrais mon dos au rouquin.
-Ils ont une officine appelée les mangemorts ? Alors fédérez les Insurgés et faites renaître le Phénix. Ils ont des géants et des détraqueurs à leurs services ? Alors j'irais voir les centaures et les gobelins et ils se battront pour vous. Ils ont à leur tête un chef supposé être immortel et le plus puissant mage noir ayant jamais foulé cette terre ?
Je me suis retourné vers Ronald, un petit sourire au coin des lèvres. Un sourire franc.
-Alors je ferais de vous un être d'exception. Un dieu parmi les mortels. Un élu.

J'ai soufflé. Puis j'ai levé ma baguette devant mon visage, de façon à ce qu'elle pointe le ciel. Mes paupières se fermèrent tandis que le sort franchit mes lèvres dans un fragile chuchotement.

Les limbes m'avalèrent.

Je disparus du monde aux yeux de Ronald Weasley.

Invisible, je me suis avancé tranquillement, avant de réapparaître soudainement à deux centimètres de lui.


-Je vous offre un moyen d'utiliser la force de votre ennemi contre lui.
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“you must be careful with kindness. It's usually mistaken for weakness by stupid people.” Clive Barker
"


Ron regarda Herpo, plus calme qu’on aurait pu le croire. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, il le croyait. La démonstration avait été trop évidente et l’art de la nécromancie crépitait encore dans la clairière.

Le sorcier n’avait pas tort, c’était tombé sur Jedusor mais si ça n’avait pas été lui, surement il y aurait eu quelqu’un d’autre. Les protagonistes auraient sans doute été différents mais l’Histoire suivait toujours son cours.

« Désormais, il n'est plus. Désormais c'est sur vous que tout reposera, Ronald Weasley. »


Le doigt tambourinant son torse, Ron eut un froncement de sourcil envers Herpo. Un tressaillement qui indiquait que, non, lui il était là pour… il était là pour soutenir Harry. Et même en ça il était faillible. Des trois c’était le moins bon. Il ne se faisait aucune illusion, avait appris tout au long de ces années à regarder la vérité en face. Hermione était brillante et d’une bonté qui l’emportait encore sur son intelligence. Certes, Ron l’idéalisait –il l’avait toujours fait, empêchant par là-même leur relation d’évoluer- mais enfin c’était un fait. Elle avait eu toute ses buses, connaissaient des sortilèges improbables, avait une connaissance aiguë des livres. Quand à Harry, il était l’Élu. La Magie l’avait choisi lui. Ça se passait de commentaires, non?
Ron n’était là que parce qu’il avait été fidèle à ce qui avait été avant lui. Aux convictions de ses parents, au courage de ses frères, à la fidélité propre à sa maison. Il ne se sentait pas à la hauteur, ne pouvait pas se sentir aussi décisif.

Un, deux, trois.

Mais le trois était interchangeable.

« Pensez à demain, Ronald Weasley. »

La main sur l’épaule lui fit l’effet d’un baume et il ferma les yeux un bref instant, la respiration pleine. C’était plus simple de visualiser comme un jeu d’échec. Si l’on prenait les pièces une par une, la valeur de ces dernières chutaient. Un fou ne peut se déplacer qu’en diagonales, un cavalier qu’en mouvements précis, c’était les délimitations qui sautaient aux yeux. Prenez l’ensemble d’un jeu et la cohésion faisait mouche, une armée autour d’un roi, prêt à anéantir ceux d’en face.

Demain était encore flou. Ron aimait rêver l’impossible mais de manière grandiloquente et presque comme un pied-de-nez à la mort qui guettait chacun d’entre eux. Mais dans le détail ? Lui aurait aimé devenir Auror avec Harry. Il avait imaginé épouser Hermione mais les choses changeaient. Le Magenmagot? il allait falloir le reconstruire, tout comme chaque niveau… Il rouvrit les yeux et déglutit, l’azur plus net dans ses iris.

La réalisation soudaine que l’après-guerre allait peut-être être plus pénible que la guerre en elle-même.

Il était hors de question de laisser les Fudge, les Crouch, les Ombrages ou Malfoy au ministère. Non, chacun devait payer. Et ils payeraient cher l’errance où ils les avaient foutus. La mâchoire se crispa et il reporta à nouveau son regard sur Herpo. Plus déterminé.

« Vous trouverez alors en vous un autre genre de motivation que la vengeance. La volonté de changer le monde pour que plus jamais une pareille époque ne voit le jour. Car un grand pouvoir sommeil en vous, une force qui consumera votre maladresse et votre timidité maladive. Vous ne direz plus "on a fait ce qu’on a pu" mais "j'ai gagné". »

Les mots se gravèrent dans son esprit comme les images qui suivirent se gravèrent dans sa rétine. De quoi brûler intérieurement, de quoi tenir jusqu’à la fin. C’était sain. Oui voilà, ce que le nécromancien lui proposait était sain. Il ne ferait pas tout ça pour lui mais pour les autres. Tout comme Harry. Il n’était pas l’Élu mais il l’accompagnerait mieux dans sa lutte s’il était meilleur sorcier, s’il avait des objectifs aussi nobles que son frère d’arme.

« Ils ont une officine appelée les mangemorts ? Alors fédérez-les Insurgés et faites renaître le Phénix. Ils ont des géants et des détraqueurs à leurs services ? Alors j'irais voir les centaures et les gobelins et ils se battront pour vous. Ils ont à leur tête un chef supposé être immortel et le plus puissant mage noir ayant jamais foulé cette terre ? »

Fédérez les Insurgés.

Oui, il ferait ça. Oui les gobelins, oui, le Phénix… pourquoi ne pas l’avoir déjà fait au juste ?

Ron cessa de respirer à la dernière question, le visage légèrement pâle sous les tâches de rousseur.

« Alors je ferais de vous un être d'exception. Un dieu parmi les mortels. Un élu. »

Herpo disparut et Ron expira en tremblant.

Sacrilège.

Harry. Harry était l’Élu. Mais Ron apprendrait. Ron accepterait. Pour Harry. Toujours pour Harry. S’il était meilleur il aiderait son ami. S’il fédérait les groupes, ils seraient utiles. Si la guerre terminait, il pourrait placer sa famille en sécurité, enfin.

Le rouquin sursauta sans bruit en voyant le visage du nécromancien puis le corps flotter dans l’air à la façon d’un chat du Cheshire mais sans le sourire inquiétant.

« Je vous offre un moyen d'utiliser la force de votre ennemi contre lui. »

Herpo avait le visage buriné et les yeux opaques où rien ne se lisait qu'une farouche détermination qui inspira Ron sur le moment. Les cliquetis se mirent en place chez le roux. Une promesse d'avenir meilleur.

Voilà, c'était ça. Merde, ils l'avaient bien tous mérités et s'ils se sacrifiaient, que ce ne soit pas en vain.

La voix sourde mais l’allure presque confiante, Ron finit par acquiesçer.

« J’accepte. »


For the greater good.
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-Bien... Bien...

Mes doigts glabres allèrent chercher la large capuche qui pendait sur mes épaules. Je la rabattis sur mon front avec une lenteur de vieillard. Sous l'ombre projeté par le tissu, mes yeux brillaient d'un subtile mélange d'avidité et de fierté.

L'air délétère qui régnait ici bas y était également pour beaucoup. Peut-être bien que cette clairière se revêtirait plus tard d'un halo de gloire insoupçonné aujourd'hui. L'endroit où un sorcier plus âgé avait conversé avec un sorcier plus jeune. L'endroit où le cœur de Ronald Weasley s'était ouvert aux ténèbres.

Qui à, part moi, avait déjà vu en lui autre chose qu'un simple camarade, qu'un simple soutien ? Qui à part moi avait vu un meneur ? Si je devais employer la vision affreusement rétrécie des mangemorts, je dirais que le sang de Ronald Weasley était effectivement fort et pur. Mais il ne s'agissait pas simplement de généalogie ou de politique : c'était quantifiable. Sa force était la même que celle qui avait permise aux frères Prewett de tenir contre cinq mages noirs. Oh ! Oui. Ronald Weasley allait réaliser de grandes choses, de terribles choses...


-Pour le moment vous ne parlerez de notre rencontre à personne. Édictais-je d'une voix grave. Nos chemins vont donc se séparer. Je saurais où vous trouver et quand vous trouver. Croyez-bien que je veillerais sur vous à chaque instant.

Il tituberait sans doute un peu au début. Il faudrait y aller en douceur. De son point de vue, il étendait certes ses jeunes doigts sur une sombre puissance, mais ce n'était que justice. Une motivation qu'il ne fallait pas omettre d'utiliser. Chaque mage noir avait commencé ainsi, avec le cœur débordant de justice.

-Je vais tenir mes promesses. Et vous ferez de même. Vous vous affirmerez au sein des Insurgés. Vous prendrez des décisions, des décisions qui auront du sens et dont les résultats resteront gravés dans les mémoires. Ainsi commence votre épopée. Cependant, gardez à l'esprit que vous ne serez pas celui qui tuera Voldemort. Car vous n'êtes pas l’Élu.
J'avais prononcé la dernière phrase comme un juge annonçant une lourde sentence.
-Vous êtes l'élu, précisais-je, le doigt levé. Mais pas de cette magie là. Vous êtes l'élu, de la magie qui récompense la foi, la détermination. Vous êtes l'élu de la seule magie qui rembourse le prix du sang versé.

Je me suis agenouillé. Sur le sol brillait des petits os de rongeurs, blancs comme la lune. La pointe en acier de ma baguette transperça un fémur d'écureuil de part en part. La lame de mon couteau brilla dans la lumière de cette fin de matinée, elle entailla l'une de mes paumes déjà bardée de cicatrices du même genre. Trois gouttes tombèrent sur le fémur.

Un murmure fait de paroles oubliées.
Une lueur mauve descendant de ma baguette.
Le petit os devint aussi noir que l'ébène.

Je me suis relevé, ma création au creux de ma paume moite. J'ai arraché un fil épais qui dépassait d'une des manches de ma bure élimée, puis je l'ai filé dans le trou pratiqué à l'intérieur du fémur. J'en fis un collier que je déposais sur le cou de Ronald avec religiosité.


-Considérez ceci comme un cadeau d’encouragement. On appelle cela un os-de-Caïn. Il boira votre peur. Il stimulera votre détermination. Il apaisera votre colère. Ses effets ne seront pas illimités, lorsqu'il sera redevenu blanc il vous rendra ce qu'il aura avalé, mais sous une forme que vous trouverez des plus nutritive.
Je me suis reculé, embrassant une dernière fois le jeune sorcier du regard.
-Concentrez-vous sur demain, Ronald Weasley. Car votre tache est considérable.

Les limbes m'engloutirent sans un son, définitivement.
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