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sujet; Spinning around feat Alec Donovan |
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« La vérité, ça doit se passer en contrebande, il faut la diffuser par bribes, une goutte par-ci, une goutte par-là, que les gens s'y habituent. Et non pas comme ça d'un seul coup. » Karel Capek " |
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La guerre avait cela de formidable qu’elle restait jusqu’à preuve du contraire l’un des business les plus florissants de l’Humanité, et ce, même chez les sorciers. Pas n’importe quel business cela dit. Le parallèle était celui qui brillait, le marché noir comme on le nommait au nombre des transactions vite expédié dans des ruelles sombres et peu encourageantes. On payait rubis sur ongle, on fournissait diamant en vue. Les temps étaient durs pour les sorciers, pas uniquement ceux qui étaient en cavalcade mais les autres également : ceux qu’on ne considérait plus ou pas au vu de leurs sang. Le Magister n’avait jamais été aussi riche cela dit : fortunes confisqués à des sang-mêlées, terrain en friche, marché en pleine expansion avec certains pays qui s’apprêtaient à connaitre des tourments révolutionnaires, récupération de capitaux anciens et Gringotts enfin –la banque des sorciers au Royaume-Uni- qui s’était vu mettre sous surveillance voldemortienne avec une rapidité confondante.
Les temps étaient durs oui. Mais pas pour tout le monde.
Ronald Weasley, sixième du nom, tacha d’aplatir l’unique mèche de son crâne dégarni sur le côté. Le polynectar l’avait modifié en un vieux postier moldu dont il avait usurpé un cheveu tandis que ce dernier faisait un somme à l’orée de Loustry Sainte Chapoule. Ron le connaissait depuis bien plusieurs mois et c’était sans doute le pire employé de la ville, de la région, sans doute du pays ; mais il avait l’avantage de s’endormir tous les après-midi d’été sous le large platane en-dehors de la ville.
Imparable.
Il valait mieux être prudent. Depuis début juillet et l’opération d’éclat des insurgés lors de l’exécution brutale des rebuts, la surveillance s’était accrue au sein du pays sorcier. Ils avaient passé la liste de leurs achats dans une petite annonce on ne peut plus banal (et codé) du Daily Prophet et le trio avait été surpris de voir quelques jours plus tard, une réponse (toujours codé) dans la rubrique des naissances indiquant que Donovan prendrait dix jours pour réunir le matériel demandé. En général il ajoutait alors des dates qui s’avérait être les longitudes et latitudes du lieu de rencontre choisit.
Donovan était rôdé et Ron commençait à l’être. Plusieurs fois, il avait été le rencontrer et n’avait jamais rien à redire. Transaction rapide, type sympathique, lieux surs toujours en retrait mais jamais trop loin d’endroits bondés de sorte qu’au moindre soupçon chacun pouvait se noyer rapidement en quelques pas dans une foule anonyme. Le polynectar cela dit restait de mise. Etre insurgé était déjà en soi une gageure mais avoir sa face de clémentine sur tous les posters en était une autre.
Le rouquin accéléra le pas, son sac sans fond pour tout transporter en retour. Le polynectar venait de chez Sue, elle en avait fait de trois sortes dans sa candeur et cela était bien appréciable. Si ses calculs étaient bons, il ne devait plus être très loin du rendez-vous indiqués. Les codes se répétaient –imparables-. On ne pouvait malheureusement, et ce de part et d’autre, faire confiance à personne. Tout du moins pas aussi facilement. L’action qu’engendrait ce genre d’échanges rapides et efficaces avait l’avantage de ne pas laisser Ron à ses introspections. Le benjamin des Weasleys avait une nette tendance à se gorger de missions et autres afin de ne pas trop rester seul avec lui-même et ses pensées qui viraient fatalement à l’angoisse et au manque de confiance en lui.
Une fois en route, la machine rousse ne s’arrêtait pas. La boue pouvait bien le faire ralentir, le chemin s’étendait devant lui chaotique et il était bien décidé à traverser tout cela en appuyant le pied sur l’accélérateur.
Chaque fois qu’il se retrouvait dans la rue, avec l’idée de pouvoir tomber sur des mangemorts, il n’éprouvait plus aucun doute. Sa vieille peur d’échouer, de ne pas exceller, s’évanouissait. Le stress avait beau faire enfler ses sens, il eut un regard affuté, conservant un air distant, comptant mentalement les piétons présents, les véhicules, les motifs récurrents. Pas de mangemorts, pas de brigades anti-moldues. Un vieil insurgés ayant servi parmi les aurors lui avait toujours dit de repérer les formes géométriques : les chapeaux, les manteaux, les devantures. Par réflexe, Ron s’imprégnait des sons et odeurs, le crissement des poussières de charbon sous ses pieds et l’odeur âcre des plantes qui séchaient au soleil d’un apothicaire. Ron s’engagea dans une rue étroite, bordée d’immeubles résidentiels, aux trottoirs inégaux et plantés d’arbres dont les feuilles commençaient à roussir ; l’été commençait à achever sa course dans cette région du monde. Il chercha mécaniquement une anomalie dans la rue vide quand bien même à quelque pas de plusieurs magasins adjacents.
Pas de circulation. Regarde en haut. Aucune fenêtre ouverte, ni éclairée. Regarde derrière. Rien dans les rues perpendiculaires. Le bruit vient de celles parallèles. Perceptible de loin. Surveille les zones d’ombres. Pas de balayeur, pas de clochard affalé dans un coin.
Ron serra la lanière de son sac. Donovan avançait sans se presser.
Dernière édition par Ronald Weasley le Lun 17 Aoû 2015 - 18:29, édité 1 fois |
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| Il avait passé une charmante matinée, à plumer quelques traders qui se prenaient pour des as, mais il était temps de repasser aux choses sérieuses. Revenir au seul business qui comptait réellement. Et, aujourd'hui, était le jour du client spécial.
Ah ! Ce client ! Il aurait mérité un titre. Quelque chose sonnant comme une aventure de Sherlock Holmes. L'homme aux cent visages ou quelque chose de ce genre. Il l'avait vu homme, femme, jeune, vieux et dans toutes les nuances que la vie offrait ou infligeait. Ses métamorphoses n'étaient pas mauvaises. Ce n'était pas cela qui le trahissait. Aux yeux d'un autre, il aurait même pu faire illusion.
Mais voilà, Alec était deux choses, un joueur de poker et un sorcier doté d'une prédilection pour les illusions. Pour l'une, les gestes et les mimiques revêtaient une importance capitale. Pour l'autre, c'était la complète attitude, les postures, le ton, les mouvements qui étaient importants. Faire naître l'image d'autrui était aisé, mais pour faire vrai, il vous fallait l'étudier, l'observer, cerner ce qui faisait d'une personne ce qu'elle était. Un art passionnant, mais éreintant, qui vous poussait à rechercher la vérité pour mieux tromper.
Puis, il y avait le fait qu'il s'agisse d'un des rares clients à employer les annonces de la gazette, un irrégulier. Cela diminuait les chances de se tromper, mais le contrebandier n'était pas plus avancé. Non qu'il ait réellement cherché. C'était une question de pure curiosité. Sherlock, lui, aurait déjà trouvé.
Mais Alec n'était pas détective, ni consultant, ni privé. Il avait juste cette sensation d'être, parfois, manipulé. Comme s'il n'était qu'un personnage dans l'histoire d'un auteur désaxé. Forcé d'obéir aux règles d'une narration dépassée. Était-il le seul ? Certaines personnes semblaient plus actives, plus influentes, plus colorées. Étaient-elles aussi des personnages dans ce jeu dont la portée les dépassait ? Pire, peut-être même que leurs cruels auteurs ne leur faisaient subir un tel traitement que pour divertir ou s'amuser. De telles pensées lui faisaient froid dans le dos et il se fit un devoir de les chasser.
Son mystérieux client attendait et il se targuait de ne jamais être en retard. Tout avait été arrangé. Il était professionnel, millimétré, son costume dépourvu du moindre pli, son visage rasé de près. En somme, il se fondait dans la masse des businessmans londoniens comme un renard dans une meute de chiens de chasse. Une fois à destination, il se dirigea à son aise en direction de son futur acheteur, comme si le passage par cette ruelle n'était qu'un raccourci sur le chemin du bureau. Il aurait même pu pousser le vice jusqu'à porter des lunettes, mais il les réservait à l'une de ses autres identités. Et l'écrivain de romans noirs sorciers (de romans sorciers noirs ?), Edgard O'Donnell, n'avait absolument rien à faire à un tel endroit.
Il arriva à la hauteur de l'homme dégarni que son irrégulier avait choisi aujourd'hui. Et lui adressa un signe de tête, ainsi qu'un commentaire :
« Vous devriez arrêter de vous servir de ce pauvre homme pour du polynectar, il n'a pratiquement plus un poil sur le caillou. »
Sur cette boutade, il sortit son carnet et relut la commande : 3 sacs de couchage étanches, des allumettes, des couvertures chauffantes et divers fruits secs. Il aurait dû se souvenir de quelque chose, d'un détail, mais il n'arrivait pas à remettre le doigt dessus. Presque d'eux-mêmes, les mots traversèrent ses lèvres :
« On part camper avec des amis ? »
Une indiscrétion qui ne lui ressemblait pas. Un coup de ce manipulateur invisible qui régentait sa destinée ? |
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« La vérité, ça doit se passer en contrebande, il faut la diffuser par bribes, une goutte par-ci, une goutte par-là, que les gens s'y habituent. Et non pas comme ça d'un seul coup. » Karel Capek " |
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Ce n’est pas tant que le leurre soit effectif sur Donovan que sur les autres évidemment. A vrai dire, vu ce qu’il venait de nonchalamment laisser filtrer, Ron prit conscience que c’était même hautement fichu. Le risque augmentait fatalement à chaque rencontres, à chaque nouveau rendez-vous, à chaque échange car enfin on ne pouvait berner un roublard et Alec en était un.
Ron, ou plutôt notre facteur pataud, eut une moue. Nier ou ne pas nier, tel était la nouvelle question.
« Mmmm, disons que lui, il est quand même à porter de cheveux. Et faut avouer qu’on ne le regarde pas à deux fois. Moi non plus normalement cela dit…enfin… »
Ce n’était pas si sur. Une part de lui était persuadée d’être à jamais une ombre. Ce n’était pas vraiment Ronald Weasley sur les posters, pas complétement. C’était le meilleur ami d’Harry Potter. La différence pouvait sembler bénigne à autrui mais elle revêtait une singulière importance pour le rouquin. Quelque chose de quelqu’un. Toujours.
Bah, il le vivait bien mieux maintenant, et c’était l’essentiel.
Ron jeta un œil aux alentours et revint sur le carnet. L’arithmancie et lui ça faisait…. En fait ça ne faisait rien du tout. Son regard remonta vers le profil bon enfant d’Alec. Il savait en définitive peu de choses du fournisseur quasi officiel du trio d’or. Qu’il était irlandais d’ascendance, ça se percutait rapidement à la façon de prononcer quelques mots (et Ron avait encore des souvenirs aiguës de Seamus et de ses expressions vivaces), Poudlard probablement pour l’éducation. Tout le reste était du néant. De l’approximation. Et ce n’était pas dérangeant pour le gryffondor. S’il y avait bien une chose qu’il avait fini par comprendre et accepter en quatre longues années de guerre c’était que moins on en savait, mieux c’était parfois.
« On part camper avec des amis ? »
Ron tilta prudemment. « On peut dire ça oui. » Au vu de la liste…il aurait du y penser, prendre les objets dans des endroits différents. Peu importe. Donovan aurait voulu les griller, il l’aurait déjà fait. Par réflexe, Ron vérifia que sa baguette était bien là à sa ceinture et serre à nouveau la lanière du sac estampillée avec le logo d’or de la British Royal Mail. Une couronne pour un roi.
How ironic.
Jusqu’où Alec avait percuté, Ron n’en savait rien. Surement, il ferait rapidement le lien entre le camping et les histoires ‘légendaires’ des rebelles qui campaient deci-delà sur le territoire britannique. Surement.
Et pourquoi pas ? Il avait le droit de savoir quelque part. Peut-être pas tout mais au moins à qui il vendait ses bibelots qui sauvaient parfois la vie de certains (les tentes notamment étaient primordiales quoi qu’on en dise). Ron restait persuadé que chacun devait faire ses choix maintenant. C’était avec eux ou contre eux. Il n’y avait plus de milieu et encore moins de gens neutre. Qui ne disait mot consentait.
Qui ne disait mot était contre eux en quelque sorte.
« On fait beaucoup de camping. On en fait depuis longtemps maintenant. Un peu trop si tu veux mon avis. »
Ron eut un haussement d’épaules quasi imperceptible comme si le message n’était rien. Une simple constatation de vie. Quand bien même l’envie de rajouter que cela faisait des années oui depuis ses 17 ans (et il en avait 22 maintenant) que c’était ainsi. Si cela continuait, il aurait erré autant de temps dans la nature à la recherche des horcruxes avec ses deux compagnons que passé de temps dans les lits douillets de Poudlard sous l’égide protectrice de Dumbledore.
« Les temps sont dures et, ça forge le caractère il paraît la montagne, la nature, les trucs comme ça. Déjà campé ? »
Discrétion c'est son second prénom.
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« The things, you say You're unbelievable » - EMF Sérieusement ? Les gens niaient dans ce genre de cas. Ils s'offusquaient qu'on critique leur crinière d'étalon, ou Alec ne savait trop quoi, mais ils n'admettaient pas si facilement. C'était anormal, inadéquat, c'était... un piège. C'était forcément un piège. C'était probablement pour ça que la question sur le camping était sortie toute seule, comme par réflexe pour dissimuler son trouble.
« On peut dire ça oui. »
OK, c'était totalement un piège. Là encore, la réaction normale aurait été de lui demander de se mêler de ses affaires, pas de confirmer.
« On fait beaucoup de camping. On en fait depuis longtemps maintenant. Un peu trop si tu veux mon avis. »
Si c'était un piège, il était franchement grossier. On le sous-estimait, là. Impossible autrement. C'en était presque drôle, dans un sens. Le pire dans tout ça ? L'autre ne s'arrêta pas là et poursuivit :
« Les temps sont durs et, ça forge le caractère il paraît la montagne, la nature, les trucs comme ça. Déjà campé ? »
A ce niveau, ce n'était pas un piège et son interlocuteur devait avoir de gros problèmes pour garder les secrets. Il avait évidemment entendu les rumeurs, il les échangeait souvent aux plus pauvres contre de la nourriture. Le sujet était relativement clair, à ses yeux. Et s'il avait dû démarrer une conspiration ici et maintenant, il n'aurait certainement pas proposé à son client d'en faire partie. Il la joua honnête, pourtant. Qui savait où cela pouvait le mener ? Dans le pire des cas, il pourrait toujours jouer au con pour ne pas se faire choper. Et, si on voulait vraiment le coffrer, il y avait certainement mieux comme chef d'accusation que "sympathie pour la cause rebelle".
« Pas mal, quand j'étais gosse. Ça me manque, parfois. L'envie de me mettre au vert, laisser tout ça derrière moi. » Il désigna la ruelle qui les entourait, la métaphore était claire. Cela faisait longtemps maintenant qu'il fournissait les uns et les autres. Parfois, il savait fournir aussi les mauvais, mais c'était probablement leur influence qui tenait les Rafleurs au loin et lui permettait d'aider les autres. Néanmoins, c'était un compromis que sa morale avait un peu de mal à tolérer. Il n'aimait pas l'idée de collaborer, ne serait-ce qu'un peu, avec ce régime despotique.
« J'avoue que ce serait un changement agréable. Faire des choses constructives, retourner aux vraies valeurs, ... »
Quitte à faire dans le sous-entendu clair et net pour tout le monde, autant y aller. Après tout, il ne risquait pas grand-chose. Pas avec autant de moldus à proximité, dans une ville qu'il avait arpentée en long et en large durant des années. Et puis, il n'était pas devenu l'homme qu'il était en laissant passer une aubaine par excès de méfiance. C'est pourquoi, il tenta une ouverture assez peu subtile :
« ... l'important reste de ne pas camper avec n'importe qui. Cela dit, si vous connaissez les bonnes personnes, n'hésitez pas à me conseiller. »
Alec devait l'avouer, il prenait sur lui. Pour ne pas se mettre à hurler, pour ne pas éclater de rire, pour ne pas sourire bêtement, pour ne pas envoyer son poing dans la face de l'autre,... Rester professionnel était plutôt difficile en ce moment. Il se passa la main dans les cheveux. Mauvais réflexe, c'était un tell signifiant la nervosité. Soupir. Malgré ses réponses directes, l'autre l'avait placé dans une drôle de posture. S'il ne s'était retenu, il aurait même joué cartes sur table, mais ce genre de conversation était comme une bonne arnaque. Il ne fallait pas effrayer le pigeon de peur qu'il ne s'envole et que tout soit définitivement perdu.
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" we’re rotten fruit we’re damaged goods what the hell, we’ve got nothing left to lose" Radiohead
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La tête d’Alec Donovan en cet instant valait son pesant de cacahouètes (mais pas celle qu’on trouvait dans les bars et qui l’agaçait au possible). Voir la surprise perler au fond de l’iris lui donnait une petite satisfaction complétement sotte et pourtant durable. Par Merlin, ça faisait du bien d’en parler ! Même à couvert, même à demi-mots, juste un peu et voir une reconnaissance tacite chez l’autre.
Car à vrai dire, Ron ne le faisait uniquement parce qu’il décelait chez son Simply Market attitré (carte de fidélité prochainement ou bien ?) une certaine cohérence dans son attitude. Certes le marché noir était ce qu’il était et Donovan était roublard, un peu beaucoup tricheur mais il ne refourguait jamais de la camelote, il était plus ou moins droit dans ses pompes (après si les pompes avaient des trous hein… Ron était moins regardant qu’on aurait pu le croire) et un business était un business.
« Pas mal, quand j'étais gosse. Ça me manque, parfois. L'envie de me mettre au vert, laisser tout ça derrière moi. »
Ok. Les oreilles étaient en full orbitage. Autant dire qu’y avait de la panure dans l’assiette là. Ron arqua le sourcil épais brun qui lui servait de masque de fortune. Il avait envoyé des signaux… bon d’accord…. il avait envoyé une putain de bombe H en direction de l’irlandais mais comme dit plus haut, les temps et la guerre qui perdurait avait cramé les bouts de la discrétion.
La discrétion c’était bon pour ceux qui oscillait, qui se cachait, qui avait trop à perdre autre qu’eux-mêmes. Ron –dans son ignorance crasse- n’avait pas la moindre idée de ce qu’il se passait dans la vie d’Alec. Il avait un doudou? Une doudoune? Etait-il manteauphile? Sang-melé? A priori oui, mais Ron ne l’était pas et il n’allait pas établir ou deviner à l’avance ce qu’il savait être fluctuant et sujet à controverse. C’était un truc à mettre les pieds dans les plats et Ron, bien que roi incontestable et incontesté dans cette discipline, n’avait pas envie non plus de partir sur des bases sableuses.
« J'avoue que ce serait un changement agréable. Faire des choses constructives, retourner aux vraies valeurs, ... l'important reste de ne pas camper avec n'importe qui. Cela dit, si vous connaissez les bonnes personnes, n'hésitez pas à me conseiller. »
Voilà. Si son second prénom était Discrétion, celui d’Alec était devenu Quechua tellement Ron percevait dorénavant nettement où penchait la balance.
Maintenant qu’on avait un début de clignotement, il fallait tester. Selon le rouquin, la conviction devait être profonde. Il y avait une part de hasard évidemment, on se devait de jouer à quitte ou double au sein des insurgés et même quelqu’un comme Hermione s’était complétement fourvoyé en ce qui concernait Daphné.
Dans son pragmatisme habituel (et sa capacité d’émotion qui tenait dans une cuillère à café) Ron restait sur ses positions : les gens qui venaient au sein des insurgés par amour ou autres balivernes de ce genre ça n’allait jamais. Ceux qui venaient « pour faire comme la famille et les amis » pas bon non plus. On entrait en rébellion comme en sacerdoce : avec la Foi d’un monde meilleur à venir. Parce que –et selon les propres termes de Ron- Voldemort il commençait bien à nous faire ch*er la b*te avec son bordel.
« Je sais pas si c’est très ‘agréable’. C’est comme les gens qui montent l’Everest plutôt. Ouais la vue est belle, ça fait glam’ quelque part… mais de loin, ou quand Witch Weekly nous cause du yéti ou de comment le batteur des Bizzar’ Sisters y a fait un trip spirituel avec les sorciers tibétains. Mais en vrai les gens qui y vont ils y perdent des doigts, ils perdent parfois leurs sacs de nourriture… la montagne fait pas trop de cadeau. Nous on est encore en randonnée mais c’est jamais qu’une grosse préparation pour faire de la montagne. On a besoin cela dit… de gens qui savent préparer, trouver le bon matériel, au bon moment. » Le regard coule discret sous les épais sourcils du facteur moldu. « C’est mieux de se dire que celui qui nous prépare ça est avec nous et pas avec l’équipe adverse. Parce qu’y a toujours compétition. Faut prendre le fanion en haut. Ou un truc du genre. » Il marqua une pause. «On va y arriver cela dit. Nous notre force, c'est qu'on accepte tout le monde. »
Si Alec avait un doute sur le fait qu'il était face à un insurgé, Ron venait de gentiment le pulvériser. C’était rock’n roll comme façon de dévier les choses mais Ron était en mode impro. Il préférait être un tant soit peu sur en avançant ses pions (même si on était jamais trop sûr de rien à part d’Harry) . Il savait juste qu'aujourd'hui, quand il réussissait à ne pas finir le mois avec des blessures de la taille de Big Ben, à ne pas se ridiculiser publiquement ou à ne décevoir personne, il avait l'impression d'avoir escaladé ce fameux Everest en calbut et qu’il méritait une médaille. Mais au sein des Insurgés il n’y en avait pas de médailles justement. Aucune reconnaissance et un sentiment d’opprobre national qui suintait des journaux et des posters en mode continue.
Si t’étais pas certain d’être dans le bon camp, tu n’étais pas apte à tenir.
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Morpheus: Were you listening to me, Neo? Or were you looking at the woman in the red dress? Neo: I was... Morpheus: Look again.
Il s'en doutait. Bien sûr que ce n'était pas 'agréable', pas au sens commun du terme. Mais il ne l'entendait pas ainsi, de toute façon. Oui, c'était difficile, éprouvant même. Cela ne lui faisait pas peur. Il chérissait la difficulté, car elle donnait du mérite aux actions entreprises et aux victoires obtenues.
« La contrebande n'est pas ma vocation. Elle n'est qu'un moyen. Et, j'en ai tiré pratiquement tout ce que je désirais, il est temps de passer à autre chose. Certes, je pourrais aider les insurgés à se procurer certaines choses et même leur donner quelques pistes pour se débrouiller de ce côté. Ce n'est pas sorcier. Mais je ne compte pas me contenter de cela. »
Il avait cru bon de mettre les points sur les "i" au sujet de ce qu'il pouvait apporter. Une démonstration était de rigueur et il en avait une toute faite sous les yeux, l'un des enchantements tissés à l'avance, lorsqu'il avait choisi le lieu de l'échange. On était jamais trop prudent. A ce sujet...
« Pas d'inquiétude, mes voiles sont plutôt bons, personne ne peut entendre notre conversation. Personne ne peut nous voir non plus, d'ailleurs. Vous voyez les passants qui traversent la rue en ce moment ? » Il lui laissa le temps de jeter un coup d’œil. « Regardez plus attentivement. »
Effectivement, il s'agissait là d'une belle démonstration. Simple, en réalité, mais plutôt parlante. Au bout de la ruelle, on pouvait voir les moldus passer dans la rue, vaquant à leurs occupations, les voitures au centre de la rue, circulant simplement. Une situation normale, rien d'extraordinaire. Si l'on exceptait que les mêmes personnes et véhicules repassaient toutes les vingt secondes et effectuaient exactement les mêmes actions. Une simple boucle illusoire, se répétant à l'infini.
En un sens, une telle perspective était terrifiante. Si le sorcier était capable de concevoir une telle simulation de la vie, que pouvait-il faire d'autre ? Et comment savoir si l'on était dans la réalité ou pris au piège d'une illusion complexe ? Où était la vérité ? Où était le mensonge ? Ce n'était pas seulement la trahison des images[1], mais également des sons, des odeurs ... La situation et son sentiment de sécurité étaient basés sur des mensonges élaborés, comme dans les contes de fées, le château reposait sur un rayon de lune. Cela lui rappelait l'une de ces petites fables qui circulaient lorsqu'il était encore à Poudlard. Il y en avait trois en tout, mais celle qui l'avait le plus marquée était le Lion et le Serpent[2].
- Le Lion et le Serpent:
Il était une fois un lion, qui dormait dans un champ ensoleillé. Un serpent s'approcha et lui dit : « Tu es si grand, lion. Tu es sûrement la créature la plus imposante de toutes. » Le lion répondit : « Effectivement, je pense que c'est le cas. » « Et tu es sûrement la plus brave et la plus forte de toutes les créatures. » Poursuivit le serpent. « C'est ce que l'on dit », répondit le Lion. « Mon seul avantage, c'est ma morsure empoisonnée. » Dit le serpent. « Et je suppose que tu pourrais m'écraser avant que je ne te morde, ne serait-ce qu'une fois. » « Je le pourrais, en effet, et fort facilement. » Dit le lion en se redressant et s'étirant. « Mais si de fait je te mords, je serais étonné que tu t'en rendes même compte. » Le Lion regarda la créature rampante avec curiosité: « Peut-être. Mais je crois que je vais t'écraser maintenant, petite chose, afin que tu n'en aies jamais l'occasion. » « Mais, ô grand Lion, » dit le serpent en souriant, « je t'ai mordu il y a déjà cinq minutes. » Et le lion n'eut plus rien à dire.
Bien que leur rôle soit essentiellement de démontrer la supériorité de sa maison sur les autres, elles comportaient des enseignements utiles et des pensées dignes d'être méditées.
« Néanmoins, avant de m'engager dans quoi que ce soit, j'aimerais des garanties. Pour ce que j'en sais, vous pourriez être un espion doué et, dans cette éventualité, j'aimerais éviter d'avoir plus de souvenirs à effacer que nécessaire. »
C'était dit avec l'air affable, sur le ton de l'homme qui vous vendait une machine à laver.
1 : Ceci n'est clairement pas une pipe, nous sommes d'accord. 2 : Adaptation de la fable "le Lion et le Scorpion"
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Don't you know They're talkin' bout a revolution It sounds like a whisper
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Le regard de Ron se dirigea vers l’illusion crée, une surprise nette -et admirative, oui- au fond de l'iris. Le genre de sortilèges qui serait en effet utile sur bien des plans. Une certaine arrogance se dégageait des propos d’Alec mais on ne faisait pas de bons marchés en dénigrant ses services n’est-ce pas? Et de marché il n’y en avait finalement pas vraiment. Ron cherchait surtout à savoir s’il était fiable.
Une prise de risque. La question était trop vaste. Ils avaient leurs contingents de trahison. Des insurgés qui sous des prétextes fallacieux aidaient les mangemorts. Toute décision avait un poids, même caché. Celle de Donovan sous l’impulsion de la sienne en aurait fatalement un pour son camp.
« Je vois. »
Il voyait très bien en effet. Qu’Alec n’était pas contre mentir, ni vous enfermer dans une illusion sans beaucoup d’états d’âme. For the greater good. En bon stratège, Ron se demanda ce qu’il serait le mieux en ce qui concerne ce genre de capacités. Les pensées fusèrent: le garder dans leurs rangs et s’en servir lors de missions plus importantes, lui demander de plutôt continuer ce qu’il faisait en récoltant des informations? Ron cilla. Il faisait fausse route avec ce genre de question. Ne pas vendre la peau de l’hippogriffe.
Le rouquin n’était en aucun cas à la tête du groupuscule rebelle et ne désirait pas l’être. Soutenir Harry était –serait toujours- sa priorité. La fin de la guerre et la mort de Voldemort étaient les seuls buts qu’il s’était fixé (le tout sans crever ce serait pas mal) mais force était de constater que la prise en main de certaines décisions était venu naturellement au rouquin.
Peu importe ce qu’Alec ferait. Diriger une révolution -Ron avait bien fini par le comprendre- c’était tout d’abord l’organiser. Il n’y avait pas de tâches inférieures et supérieures. Il n’y avait pas de sorciers plus en vue ou pas. Il y avait un volume de tâches à effectuer et l’on devait les distribuer selon la facilité d’accomplissement. Ni plus ni moins. Il fallait toujours économiser les forces au mieux. Gérer l’épuisement des sorciers ayant choisi la cause d’Harry était à ce stade tout aussi important que la recherche des horcruxes en elle-même.
De bons leaders au final étaient ceux qui avaient une conscience mécanique de ceux qui étaient sous leurs directions.
Ron écouta attentivement Alec Donovan, mesurant sa valeur, quantifiant ce qu’il pourrait apporter, la part de risque toujours réelle dans ce genre d’échanges.
« Néanmoins, avant de m'engager dans quoi que ce soit, j'aimerais des garanties. Pour ce que j'en sais, vous pourriez être un espion doué et, dans cette éventualité, j'aimerais éviter d'avoir plus de souvenirs à effacer que nécessaire. »
« Nous ne donnons pas de garanties. » Ron le coupa immédiatement, le visage grave mais avec une certaine compréhension dans la voix. L'illusion défilait toujours. Parfaite. « Ce n’est pas un marché Donovan. Je suis là pas à te vendre des poires pour que tu me les échanges avec des salades. Et je ne sais pas moi-même si tu vas pas aller vendre mon postèrieur à la brigade dés que j'aurais le dos tourné. C'est le risque. Faut le prendre.» Une simple vérité qui en commandait une autre à venir.
Le dire ou pas.
Un autre lancer de pièce en l’air, haut et brillant. Face on recrutait une perle. Pile…
« On rentre dans nos rangs par conviction. On rentre dans nos rangs parce que l’odeur pourri dans ce pays file la gerbe. Alors, oui tes trucs là.. » Ron pointa de son menton de postier épais l’illusion qui déroulait toujours. « Ce serait de l’or dans nos rangs. Tes qualités d’oubliator aussi. » Il avait percuté à cette histoire d’effacement de la mémoire.
Il était peut-être en effet temps de remettre la balance en équilibre. On obtenait des résultats en allant vers les extrêmes, en changeant de cap soudainement, en tapant fort avec une franchise demesurée.
Ne pas mentir. Exposer ses cartes clairement pour que le jeu en vaille la chandelle. On ne mystifiait pas un mystificateur. C’était inutile et stupide. « …mais ils vaudront mornilles si tu ne crois pas en ce que tu feras. Si c’est pour la gloire ou la richesse, ce n’est pas la peine. Tu te feras plus de thunes en restant dans le marché noir. Et moins de cheveux blancs. » Ron eut un demi-sourire pour accompagner sa plaisanterie puis tendit sa main à l’adresse d’Alec. « Ron Weasley. Indésirable numéro…. J’ai pas regardé le nouveau classement mais tu vois le genre. »
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| Pas de garanties ? Il en trouverait. Quant à aller vendre le postérieur de l'autre à la brigade... N'avait-il pas encore compris que si Alec l'avait voulu, ce serait fait depuis longtemps. Rien ne l'aurait empêché de piéger l'autre dans une illusion, d'employer l'un des nombreux sortilèges qui sortaient des catégories "pratique" ou "fun" pour entrer dans celle des "carrément borderline".
« Si j'avais voulu de l'argent, j'en serais resté à mon boulot stable et facile au ministère, pas devenu un contrebandier qui en cinq ans peut à peine se payer un brossdur d'occasion avec ses bénéfices... »
Surprenant, n'est-ce pas ? Que la contrebande ne rapporte pas. Elle aurait pu, mais l'irlandais ne prenait qu'une marge absolument ridicule sur toutes les transactions. Il l'avait dit, la contrebande n'était qu'un moyen. Un moyen d'assurer le bien-être de la population. Un moyen d'étendre son réseau de contacts. Un moyen d'obtenir des informations. Un moyen de convertir son argent moldu. Mais seulement un moyen, pas une source de revenus. Son salaire, c'était aux cartes qu'il le gagnait.
« ... quant à la gloire... Je suis un illusionniste. » C'était dit comme une évidence, mais on pouvait bien imaginer que son niveau de discrétion, lorsqu'il désirait être vu et remarqué, devait bien avoisiner celui d'un feu d'artifice. Cependant, il ajouta un détail, une révélation supplémentaire. Un peu comme une confidence. « Et je trouverais plutôt cool d'avoir une carte de chocogrenouille à mon effigie, de préférence avant ma mort. »
C'était un détail farfelu, mais il n'en restait pas moins vrai et les mages noirs n'avaient pas droit à leur carte. Il n'avait abordé le sujet qu'avec le seul sorcier de sa connaissance à avoir reçu cet honneur. Et le directeur avait ri en mentionnant l'ambition des membres de sa maison, même si son air complice trahissait le fond de sa pensée. Ruse & ambition. Les deux qualités des serpents s'exprimaient d'une manière plutôt étrange chez lui, mais elles n'en étaient pas moins présentes.
« Ron Weasley. Indésirable numéro…. J’ai pas regardé le nouveau classement mais tu vois le genre. »
Et mon cul, c'est de la dinde de Noël ? Fut la première réponse qui lui vint à l'esprit, suivie de près par Deux. Cela dit, ce fut la troisième option qui passa ses lèvres. Issue d'une réflexion éclair, d'une inspiration soudaine, elle était la réponse et la question parfaite pour sceller ce qui serait bientôt leur contrat.
« Un fan des canons, si je ne me trompe. » Il ne se trompait pas. Il l'avait entendu au détour de quelques conversations lorsqu'il était encore étudiant. Sa mémoire d'éléphant avait fait le reste. « Je me souviens encore de leur victoire éclatante au championnat de 86, sacré attrapeur qu'ils avaient... C'était quoi son nom, déjà ? Kesswick ? »
C'était sournois, tordu, digne du salopard qu'il était. Les Canons de Chudley n'avaient remporté aucun championnat depuis le 19è siècle et leur dernier attrapeur était un peu mou du genou, un fan le saurait. Ronald Weasley le saurait. Un autre se laisserait prendre par la question sur l'attrapeur. Ça, c'était une garantie. |
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Don't you know They're talkin' bout a revolution It sounds like a whisper
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« Si j'avais voulu de l'argent, j'en serais resté à mon boulot stable et facile au ministère, pas devenu un contrebandier qui en cinq ans peut à peine se payer un brossdur d'occasion avec ses bénéfices... »
C’était rassurant. Non pas que Ron ne comprenait pas l’attrait du gain, c’était peut-être même l’un de ceux qui le comprenait le mieux mais être vénale –de trop- et être insurgés était malheureusement incompatible dans un état de fait.
Le rouquin nota également un autre détail qui n’en était pas un : si Donovan n’avait pas fait ça pour l’argent alors pourquoi ? Les informations ? Le réseau ? Aider ? Le troisième semblait le plus plausible et rassura le Weasley. A défaut d’avoir confiance encore (on n’est pas chez les boyscouts), il pouvait se reposer intrinsèquement sur ça. Alec Donovan semblait altruiste et c’était un Idéal valable chez les insurgés. C’était même la base à vrai dire. Personne ne s’entassait sous des tentes dans des campements qui suintaient avec tous les problèmes de logistiques que cela comportaient volontairement pour le fun.
« ... quant à la gloire... Je suis un illusionniste. »
Ron arqua un sourcil et faillit répondre « Et moi je suis roux.» mais ce n’était pas le propos. Certains sortilèges d’illusions étaient en effet plus durs à maitriser que d’autres et les oubliators ou des familles "spécialisés" notamment jalousaient un savoir ancestral. Cela dit la magie restait la magie et Ron, ayant grandi dans cet univers depuis tout jeune, était sans doute celui des trois qui serait le moins surpris sur ce genre de choses. Le sortilège qu’employait Donovan était impressionnant pour deux raisons : D’abord parce que l’exécution en était parfaite, pas de soubresauts dans l’image renvoyé, pas de brumes trop épaisse. Et ensuite parce que cela faisait une demi-heure bien compté qu’ils discutaient et l’illusion prenait toujours, or en général les sortilèges de ce genre finissait par nécessairement s’estomper.
Il se mit à rire à propos de la carte de chocogrenouille et acquiesça avec entrain. Ils avaient changé ça aussi. Ils avaient enlevé Dumbledore, mis Voldemort, Grindewald et d’autres mages sombres. Ou comment pervertir la jeunesse avec du chocolat. Autant les posters avec sa frimousse sur les murs des buildings officiels Ron s’y était fait, autant avoir dénigré les chocogrenouilles et ses cartes légendaires étaient inacceptable.
Rien que ça, ça justifiait une guerre civile.
« Un fan des canons, si je ne me trompe. »
« Ben mince! Oui! Mais en Quidditch on ne peut qu’être fan des Canons. Les autres ils sont là pour épater la galerie vas-y. Je veux même pas entendre parler des Faucons de Falmouth. Tous des… »
« Je me souviens encore de leur victoire éclatante au championnat de 86, sacré attrapeur qu'ils avaient... C'était quoi son nom, déjà ? Kesswick ? »
Le visage de Ron s’allongea. Il avait beau voir l’entourloupe de loin, il y avait des choses sacrées en ce bas monde. Genre les tartelettes de Mme Weasley et les Canons Chudley. Une petite rougeur vint colorer les oreilles du postier donnant une physionomie incongrue à la couverture du rouquin.
« Ils ont pas gagné ce fichu championnat ! Mais il méritait trop. On vaincra un jour. Là j’ai juste pu voir vite fait la nouvelle composition de l’équipe. Je savais pas que l’entraineur Ragmar Dorkins était un fils de moldu. Évidemment, il est passé par le service d’Ombrage. » Ron fit claquer sa langue en un signe de frustration. Il serait allé au Ministère trouvé un moyen peut-être de le mettre aux mains des passeurs ce type, le faire partir pour la Scandinavie ou les rivages accueillants de France, hors du pays, loin d’Azkaban, mais il n’avait appris la chose que bien trop tard. « Il va y avoir pas mal de noms que je connais pas maintenant. Y’a plus rien de sacrés dans ce pays si même les équipes de quidditch sont plus en sécurité ! »
Tu l’as lancé sur le quidditch Alec. Assume.
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| Son interlocuteur semblait beaucoup s'intéresser à l'illusion, y jetant de fréquents coups d’œils. Ce n'était pas grand-chose, pourtant. Comme beaucoup de sorciers, il aurait probablement été sidéré par une séance dans un cinéma moldu. Enfin, ce n'était pas anodin non plus, il fallait tout de même l'avouer. Mais l'essentiel du travail avait été fait en amont. Et le reste était le fruit de la patience et de l'habitude.
« Ils ont pas gagné ce fichu championnat ! Mais il méritait trop. On vaincra un jour. Là j’ai juste pu voir vite fait la nouvelle composition de l’équipe. Je savais pas que l’entraineur Ragmar Dorkins était un fils de moldu. Évidemment, il est passé par le service d’Ombrage. Il va y avoir pas mal de noms que je connais pas maintenant. Y’a plus rien de sacrés dans ce pays si même les équipes de quidditch sont plus en sécurité ! »
Ohoh ! Il l'avait lancé sur le mauvais sujet, apparemment. Pour être honnête, lui-même n'avait plus trop suivi l'actualité du quidditch depuis littéralement des années. Avant la guerre, impossible de faire deux pas sans en entendre parler, mais désormais les gens avaient moins le cœur à ce genre de chose. D'autres soucis que les victoires et défaites de leur équipe favorite pesaient sur leurs épaules. Enfin, une chose était sûre, il avait le véritable Ronald Weasley sous les yeux. La probabilité d'un faux qui soit également fan des Canons de Chudley était bien trop basse et un agent du ministère n'aurait pas paru aussi honnête quant à son enthousiasme.
Il le laissa poursuivre durant un moment avant d'enfin décider de l'interrompre. Le polynectar ne durait pas éternellement, chaque minute était précieuse. Et il avait clairement besoin d'une bonne douche froide, aussi l'irlandais annonça froidement :
« Je n'ai pas trop suivi le quidditch, récemment. Et tu ne devrais pas non plus t'en soucier, cela fait presque cinq ans que vous perdez cette guerre... »
C'était peu charitable, oui, mais c'était nécessaire. Et c'était vrai. Au vu de leur manière d'agir, les insurgés manquaient d'organisation, de renseignements et d'une stratégie valable. Sans même parler des actes insensés comme les meurtres d'animateurs radio. Pratiquement tout devait être à refaire pour que ceux-ci soient une force de résistance digne de ce nom et ils ne devaient probablement leur survie qu'au fait que le camp d'en face ait également son lot de boulets aux commandes. Cela dit, les mangemorts étaient organisés, extrêmement bien organisés. Leur leader était clairement défini, ses serviteurs directs également et ils avaient dans l'idée de s'attirer ses faveurs - ou, tout du moins, d'éviter son courroux - ce qui les rendait bien plus efficaces que les insurgés ne le seraient jamais...
« Si on ne redresse pas la barre, ce sera fini dans un an ou deux et pas d'une manière joyeuse, crois-moi. Alors, si on revenait à nos moutons ? »
C'était un peu audacieux, ça flirtait même avec les limites de la présomption et il était presque désolé pour le pauvre Ron qui devait subir ce discours, mais les choses étaient ce qu'elles étaient et ils se devaient d'agir. Avant qu'il ne soit trop tard.
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| | | | | Spinning around feat Alec Donovan | |
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