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astoria greengrass & aramis lestrange

Que son père veuille la voir, ce n'était jamais un très bon signe. Mais que son père la convoque dans son bureau, cela pressentait que quelque chose d'important se tramait. La cadette n'était pas très habituée des appartements de travail de Wyatt ; après tout, il avait bien pris toutes les précautions nécessaires pour que les femmes de cette maison se mêlent le moins possible aux affaires familiales. Astoria n'avait jamais fait preuve de curiosité vis-à-vis de tous cela de toute façon. Bien sûr, quand elles étaient gamines et encore de courtes pattes, les soeurs Greengrass avaient tenté plus d'une fois de défier l'interdit et de se nicher dans l'antre secret du paternel. Mais aujourd’hui, en pleine après-midi, elle était conviée de s’y rendre « et le plus rapidement possible, Missy », lui avait bien répété Kian, sur son ton perché qui ravivait de mauvais souvenirs à sa maîtresse qui lui demanda alors le plus poliment possible de « fermer sa sale bouche ». Kian avait été l’elfe qui lui avait tenu la cheville durant la séquestration de son père, durant cette grossesse pénible et douloureuse. Elle ne voulait plus le voir, elle ne voulait plus l’entendre. Mais son géniteur n’en aurait rien à faire des caprices de sa fille, mieux valait ne pas tenter le diable. La jolie blonde se contenta alors de grincer des dents, de protester à voix basse et de faire sa crise quand elle était dans la sécurité de sa chambre, son refuge. Wyatt n’était pas doux et attentionné comme il le laissait supposer aux autres. Certes, il prenait à cœur la vie de ses filles – et même de sa femme – mais Astoria se demandait si c’était vraiment par égard à une certaine affection ou juste pour mieux pouvoir les contrôler. Et les années prouvent que la deuxième hypothèse est la meilleure. Une fois n’est pas coutume, la délicate rose ne se doutait pas que son père allait planter de nouveau un peu plus ses griffes dans la peau de sa fille, tel un rapace agrippant de force son futur met.

Ses pas résonnaient dans le couloir silencieux de la bâtisse, lugubre demeure pourtant étincelant, où la lumière était entrecoupée par les lourds rideaux. La cadette Greengrass acceptait avec plaisir la chaleur sur sa peau, malgré son épuisement face au cours de transplanage dont elle venait d’être extraite. Durant sa captivité, la jolie plante s’était jurée d’apprendre à se déplacer, frustrée de ne pas avoir cette corde à son arc quand elle fut prisonnière – et cela, même si elle se doutait que des sortilèges anti-transplanage avaient été mis autour de ses cages de fortune. Mais quand Astoria avait émis le souhait d’apprendre ce moyen de locomotion, son père fut assez réticent au départ. A ses yeux, c’était certainement une façon pour elle de s’échapper un peu plus entre ses doigts et il était hors de question que cela arrive. Mais sans trop savoir comment, il avait fini par céder, avec la seule obligation qu’il choisisse le précepteur et que cela se fasse dans l’enceinte du manoir. La gamine avait alors souri et remercié poliment son géniteur, avant de tourner les talons et de grommeler dans sa barbe. Même pour apprendre à transplaner, elle devait rester dans le domaine Greengrass. Jamais elle ne réussirait à retrouver sa vie d’antan, sa précieuse vie où tout lui semblait encore paisible et heureux, s’il continuait à la chaperonner de la sorte. Comment pouvait-il lui faire subir ça alors qu’elle venait tout simplement de retrouver la liberté ? La cadette était peut-être la préférée de ses parents – même si, maintenant que Daphné se fait passer pour une victime, elle retrouve peu à peu sa place de seconde – mais elle ne bénéficiait d’aucun traitement de faveur. Pire ; elle subissait les conséquences des erreurs de sa sœur. Wyatt n’allait pas prendre le risque de les voir de nouveau faire n’importe quoi et mettre terme aux plans qu’il avait pour elle. Alors le retour de Daphné puis d’Astoria étaient le meilleur moyen pour remettre les compteurs à zéro et de reprendre là où il s’était arrêté ; à savoir, unir ses filles aux meilleurs partis de l’Elite. Au diable leurs plaintes et leurs désaccords.

Plus Astoria avançait dans les appartements bureautiques du patriarche, plus la lumière s’estompait. Les fenêtres se faisaient rares ou les rideaux y étaient déployés. Le soleil donnait des migraines à Wyatt, qui préférait visiblement se tapisser dans l’obscurité, même pour y recevoir l’Elite. L’atmosphère y était lourde et pesante, rendant la demoiselle inconfortable. Elle avait cette boule dans l’estomac qui lui disait que quelque chose allait se passer, qui la mettait en garde. On ne sait jamais ce que Wyatt vous veut, si c’est bon ou mauvais. Il gardait ce visage impassible, qu’aucune émotion ne semblait trahir. Avec les années, la douce enfant n’avait encore jamais réussi à déchiffrer son père, à prévoir quand il allait s’emporter, à sentir quand le vent tournait en sa défaveur. Il la terrifiait autant qu’il la fascinait, par ce contrôle constant qu’il réussit à s’infliger, sans jamais sourciller. Arrivée devant la porte, Astoria eut un faible soupir d’encouragement avant de lever son poing pour frapper doucement à la porte. Cette même porte en chêne qui s’ouvrit sur un rebut de la famille – elle avait encore du mal avec la notion. Assis derrière son bureau, Wyatt émit une exclamation de contentement. « Enfin te voilà ! J’ai cru que tu t’étais perdue. Ne restes donc pas plantée comme une cruche, entre. » Sa sage cadette s’exécuta alors rapidement, se faufilant presque au raz de la porte puis du mur, les mains jointes et la tête à moitié baissée. Qu’avait-elle fait pour être convoquée ici ? Qu’allait-il lui reprocher cette fois-ci ? Ou pire, allait-il lui dire qu’il avait réussi à la fiancer avec quelqu’un ? « Allons, allons, cesse de faire la pauvre bête effarouchée et avance. » La porte avait été refermée et Astoria leva les yeux. Ils se posèrent presque instantanément sur un homme, dont elle ne voyait pas vraiment le visage, cause de la faible luminosité extérieure et des bougies qui tentaient malgré tout d’éclairer la pièce. Il faisait chaud, dans la pièce, et Tori se demandait comment son père pouvait travailler dans de telles conditions. Mais ce n’était pas sa place de demander quoique ce soit alors elle s’avança rapidement vers le bureau. « J’ai quelqu’un à te présenter, son père leva son bras vers l’homme en question. Voici Aramis Lestrange. » Le nom ne lui était pas inconnu. Pourquoi ce nom lui disait quelque chose ? Autre que le fait que ce soit un Lestrange, évidemment. « Il t’accompagnera dans quelques-uns de tes déplacements pour veiller sur ta sécurité. » La cadette sentait une nouvelle fois son monde l’ébranler. Avait-elle bien entendu ? « Voyons, Père, je n’ai pas be– » Wyatt fusilla sa fille du regard d’oser même de le défier. « Je ne te demande pas ton avis, Astoria. Inutile de discuter. Maintenant, sois polie, s’il te plait. » La demoiselle sentait ses lèvres se pincer, signe d’une frustration certaine qu’elle se retenait d’émettre. Son père serait prêt à lui faire payer le prix fort du moindre écart si jamais elle osait une nouvelle fois le contredire. Alors, la piquante rose se tut et l’obéissante enfant se munit de son sourire le plus agréable, le plus faux, pour se tourner vers le jeune homme en question. « Ravie de vous rencontrer, Monsieur Lestrange, dit-elle, tout en levant la main. »

Elle avait pressenti que quelque chose qu’elle n’allait pas apprécier se produirait. Mais jamais elle n’avait pensé à ça.

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I was looking for a breath of life, a little touch of heavenly light
A little of vision of the start and the end
But all the choirs in my head sang « no »
(play)

«  … Je compte sur vous, Monsieur Lestrange. », la voix résonne dans ta tête, les yeux clairs ne cillant pas devant ton supérieur. Il a confiance. Il te sait habile, redoutable. Tu n'es pas de ceux qui flanchent, qui vacillent. Loyauté indélébile, indéfectible, tu ne casses pas, tu ne brises pas. Ils ont beau te tendre, t'imposer, oser. Tu refuses la moindre fêlure. Tu ne tomberas pas. « Je vous suis dévoué, Monsieur. Vous le savez bien, je m'occuperai de la protection de Mademoiselle Greengass. », ta voix ne tremble pas, ne scille pas. Tu es le fils Lestrange, tu ne tromperas pas. Tu refuses, réfutes l'échec. Et derrière la froideur de tes yeux clairs, tu deviens monstre de travail, machine aux allures de pantin sans fil & trop fragile. « Puis-je partir m'occuper de ma nouvelle tache ? », le dernier mot ripe sur ta langue, loin d'être divin, parfaitement assassin. Au fond, la fureur s'écrase, t'entasse. Au fond, elle gronde, éclatante, distante, méchante.

Astoria  Greengass. Princesse capricieuse, enfant à l'enfance trop dorée, la presse s'enflamme de ses histoires, de ses déboires. Avec son aînée, elle devient traînée de poudre, questions, interrogations. Les dossiers se sont entassés sur ton bureau, assaillant tes pensées, noyant ton âme tourmentée. Tu soupires. Ce n'était pas la première fois que tu côtoies la cadette, ni la dernière. Interrogée, trop vite disculpée, ils ont écartés d'un revers de main son implication, les questions. A quoi bon lutter ? A quoi bon résister contre une fillette incapable de tenir une baguette correctement ? Chien de garde, tu deviens prince des insoumissions, des rébellions. Tu ne comprends pas ton patron. Quelque chose t'écorche, t'accroche les yeux. Quelque chose ne va pas. Et la petite princesse du haut de ses talons n'est qu'un pantin trop libre & trop fragile. Elle n'est que l’œuvre de son nom, tracé par son père, sculpté par des desseins sans ravages, sans naufrages. Ta langue claque, tu ne veux pas être le baby-sitter d'une enfant à peine rendue à ses parents.

Les risques sont pourtant là quand tu frôles du bout des doigts la veste élégante, l'enfilant d'un geste, svelte & rapide. « Tu pars, Lestrange ? », il minaude, avide de tes destructions, des attentes de restrictions sur ton cas. Tu t'écrases dans le royaume des glaces, des nuages d'orage. « Oui. », simple, claire & trop nette, tu assènes le coup fatal, faisant mal. Solitaire, tu te fais loup sans meutes, sans compréhension. Tu ne cherches pas à les aimer. Lola t'a laissé, les autres sont sans intérêts. Tu étouffes la douleur de l'abandon dans une brutalité sans nom, sans raison. « Soyez respectueux, monsieur, ne touchez pas à mes dossiers. », ta langue claque encore, avalé par les promesses d'horreur, de douleur qui traînent dans tes yeux. Tu n'attends ni réponses, ni protestation. Ton travail. Tes dossiers.

Les pas se perdent en échos dans les couloirs. Tu t'extirpes du ministère, épousant du bout de tes lèvres une de ses cigarettes sorcières aux odeurs de citron. Tu attends quelques instants, quelques minutes qui s'épuisent, s'amenuisent, te laissant douloureux. Tu sais ton rôle. Tu sais les preuves encore & toujours. Et puis la fumée s'égare, et tu écrases du bout de tes chaussures le mégot, ne laissant derrière toi que le son d'un crac. La demeure s'étale sous tes yeux, sous tes vœux. La bâtisse s'esquisse sous le poids de ses malheurs, de ses étranges douleurs. Combien de drames derrières ses murs ?

Pas le moins du monde enchanté, tu n'as qu'une hâte expédier ta tâche, jouer au lâche. Le masque s'attache pourtant entre froideur & fausse douceur. Tes pieds épousent le gravier, tirant un geignement au portail. Les souvenirs des articles sont encore là, chaud, jetés aux idiots. Greengass, véritable nom damné, épousé par des milliers. Les histoires courent entre amour & trahisons, indécisions. Les mensonges s'étalent, sûrement, évidemment. Tu n'es pas dupe. Et pourtant tout s'est échappé, abandonné. Les Greengass ont été brisés, achevés entre hérésie & folie. Tu le sais, tu le sens dans les murs. « Monsieur Lestrange pour Monsieur Greengass. », lâches-tu simplement, trop tranquillement à l'elfe de maison, qui s'envole vers son maître, pour finalement te faire entrer dans son domaine. Le bureau est plongé dans l'ombre, jeté dans une chaleur épouvantable, lamentable. « Monsieur Greengass. », salues-tu dans un respect superficiel, artificiel. « Monsieur Lestrange, je suppose que vous venez sous les ordres de la Police Magique. Ma fille ne va pas tarder, je me suis permis de vous la présenter. », un hochement de tête quand la porte s'ouvre devant la jeune fille.

« Enfin te voilà ! J’ai cru que tu t’étais perdue. Ne restes donc pas plantée comme une cruche, entre. » , elle semble hésiter, se dissimuler. Elle n'a pas réellement envie de rentrer, de s'exposer, de s'imposer. Les épais cheveux blond cachent encore son visage. Qu'a-t-elle à craindre ? Tes sourcils se froncent & tes yeux épousent l'homme. Tu voudrais susurrer qu'il n'y a pas à se presser, tu ne veux pas effaroucher l'enfant. Après tout, sa libération est récente. Après tout, d'autres traumatismes doivent courir sur sa peau, sur les rivages de sa mémoire.  « Allons, allons, cesse de faire la pauvre bête effarouchée et avance. » , tes yeux roulent devant l'insistance & enfin l'obéissance. Elle avance, relevant des yeux de ciel ensoleillés à la lueur des bougies. Un peu jolie, elle a ses allures des vieilles familles. Ses manières qui font tourner la terre autour d'elle. Elle se pense princesse de son univers, mais tu sais, au fond, qu'elle est redevenue poussière, en passant cette porte. L'innocence s'est envolée, échappée chassée par des drames intérieurs, évocateurs. Ta langue claque, ce n'est qu'une enfant. Un bébé sortie du nid, propulsé dans des jeux plus grands qu'elle. Elle dort encore sur des interdits, des dénis. « J’ai quelqu’un à te présenter,  Voici Aramis Lestrange. » et tu sais, dans un souffle, que le jeu a commencé.

Tu plonges tes pupilles dans les siennes, la saluant d'un geste de ta tête, en lenteur, en douceur. Ça t'agace déjà d'être ici. « Il t’accompagnera dans quelques-uns de tes déplacements pour veiller sur ta sécurité.» , la pluie s'abat, il ne laisse pas de choix. « Voyons, Père, je n’ai pas be– » Pas besoin ? Réellement ? Le kidnapping n'était pas une preuve de ses incompétences ? Tu laisses glisser un sourire. La princesse se fait-elle un peu rebelle ? Le patriarche écrase déjà toutes révolutions, toutes évolutions.  « Je ne te demande pas ton avis, Astoria. Inutile de discuter. Maintenant, sois polie, s’il te plait. »  . Il a la main mise sur elle. Elle n'est qu'un frêle oisillon en cage, pas encore en âge de décider, de s'imprégner de son propre destin. C'est à se demander de qui est-elle vraiment la prisonnière ?

Elle est ravie de te rencontrer. Menteuse, elle a dû être une voleuse dans une autre vie. Lentement, tu t'avances, la dominant de ta taille. La main se lève, se soulève, tandis que tu te baisses. Tes lèvres froides s’apposent sur sa peau. Tu lui donnes un goût d'enfer & d'hiver dans un regard. Tu te redresses, te dressant dans une politesse suave. Tu lâches ses doigts dans une simple pression presque amusée. « Je me permets de vous rappeler, Mademoiselle Greengass, que ce n'est pas la première fois que vous me rencontrez. », l'ironie glisse, serpentant dans son cœur. Tu décoches l'attaque sous ton masque de glace. Aurait-elle déjà oublié ses séjours au ministère ? Pauvre enfant. « Je suis le tireur d'élite qui a travaillé sur votre dossier. », la franchise s'écrase. Tu restes de glace. « Nous avons eu une conversation sur votre miraculeux retour. ». Un interrogatoire murmure la colère dans ta poitrine. Tu t'envenimes, t'agites sous le ridicule de la situation.

« Comme l'a dit, monsieur votre père, la police magique a à cœur la sécurité de ses citoyens, surtout envers les Greengass. », laisses-tu entrevoir, lui dévoilant ton jeu sans te soucier de son père, sans sourciller à l'évocation de ses tourments. « Il serait cruel qu'il vous arrive un nouveau malheur. », ta langue glisse dans ta bouche, un peu mauvaise, sans doute trop vaine.  « Mais peut-être devrions-nous laisser monsieur votre père à ses travaux. », et trop facilement, un peu imbécile, sans doute indocile, tu t'échappes du bureau, n'attendant ni son accord, ni ses recommandations. Tu t'arrêtes dans l'ombre d'un salon. Il n'y a qu'elle & toi. Le silence s'impose, osant les sous-entendus & les mots défendus. « J'ai cru que vous alliez tourner de l’œil sous cette chaleur, mademoiselle. », ou peut-être, es-tu un peu bienveillant avec cette princesse des riens, manquant de tout ?

« Mettons-nous d'accord : Je n'ai pas plus demander ce travail que vous. ». Ou pas.
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Lèvres glaciales, regard soutenu et sous-entendu, Astoria reconnaissait les traits du Lestrange, le visage se dessinant plus précisément sous ses yeux, la fouettant comme un maléfice du Saucisson mal venu. « Je me permets de vous rappeler, Mademoiselle Greengass, que ce n'est pas la première fois que vous me rencontrez. » Cette voix, elle faisait partie de celles qu'on ne pouvait oublier même si on le voulait. Non, ne me rappelez pas, gardez ces mauvais souvenirs pour vous, ne vous amusez pas de mon malheur. « Je suis le tireur d'élite qui a travaillé sur votre dossier. » Astoria déglutit doucement, ne sachant comment réagir. Pourquoi fallait-il que ça soit lui? Pourquoi celui qui lui avait tourmenté l'esprit pendant des heures, tant et si bien qu'elle s'était même à douter de sa propre version des faits, était le même qui allait devoir veiller sur elle? « Nous avons eu une conversation sur votre miraculeux retour. » Miraculeux, un mot qui résonnait dans l’esprit de la jeune fille comme s'il n'y croyait toujours pas. Comme s'il doutait encore de ses propos. Il faut dire que cette conversation - interrogation - avait été plus qu’éprouvante, la première épreuve à franchir pour prouver la sincérité de son enlèvement. Que non, elle n’avait pas fait comme sa sœur. Non, elle n’avait pas elle aussi planté un coup de poignard dans le dos de ceux qu’elle connaissait et appréciait. Par les tâches accumulées de Daphné et la traîtrise de cette dernière, on se méfiait des dires de la cadette. Après tout, l'aînée aurait pu enrôler sa sœur comme ses parents l'ont fait toute son existence. Manipulable gamine, naïve parfois, voilà que la presse s'était emballée quant au réel camp de la jeune Greengrass. Alors oui, son interrogatoire avait été une spirale d'émotions, de la colère au désespoir, des larmes aux cris. Elle s'était indignée, outrée qu'on ne la croie pas. Ses grands bleus étaient fatigués mais ils réclamaient qu'on la laisse tranquille, suppliaient de ne pas remettre sa parole en question. Mais à force de paroles, la gamine avait fini par bredouiller, ne plus savoir ce qu’elle disait et perdre en cohérence. Jamais elle n'avait pensé qu'on mettrait sa loyauté en question, jamais elle n'aurait pensé une seconde qu'on l'accuse de trahison. Bien sûr, la jeune enfant avait été sous la coupelle de Bellatrix à 15 ans non par volonté mais par nécessité. Nécessité voulue par son père, comme pour effacer cette humiliante affaire du bâtard Malfoy de l'histoire familiale. Elle n'avait jamais épousé aucune cause, hormis la sienne. Jamais l'innocente gamine ne s'était souciée de la politique. Et maintenant qu'elle était revenue de chez les insurgés, elle souhaitait encore moins en parler. Son opinion n'avait aucune valeur, elle le savait, alors pourquoi se tracasser pour quelque chose dont elle n'avait aucun pouvoir dessus, pour un régime bien supérieur à elle, une cause hors de sa portée? « Comment oublier? » Comment oublier ce visage, ce nom lugubre qui n’inspirait guère la sympathie, cette atmosphère et cette allure inquiétantes qu’il amenait avec lui. Comment oublier l’épreuve de force à laquelle on l’avait forcé à se soumettre, parce que c’est la procédure. Ce même personnage, ce même homme qui l’avait obligé à se rappeler, à répéter, à lui dire dans les moindres détails tout son calvaire. Il n’avait pas été le seul mais c’était celui qui se présentait devant elle, dans sa propre maison, sous son toit et sous l’accord de son père. Elle se força un sourire, paraître aimable devant les yeux paternels en toute situation. Visage agréable, débordant de fausseté, dégoulinant d'hypocrisie. La belle avait été formatée toute sa vie pour agir de la sorte, pour perdurer cette esprit familial, ce qui avait fait leur réputation. Une main de fer dans un gant de soie.

« Comme l'a dit, monsieur votre père, la police magique a à cœur la sécurité de ses citoyens, surtout envers les Greengass. Il serait cruel qu'il vous arrive un nouveau malheur. » Comme si la police magique ou même père en avaient quelque chose à faire, de toute façon, pensa-t-elle amèrement. L’endroit était trop étroit pour elle, sa gorge était sèche et elle n’appréciait guère le ton mauvais, quasiment moqueur, du jeune homme. « Mais peut-être devrions-nous laisser monsieur votre père à ses travaux. » Le lâche. Fuyant, impoli, il s’échappa sans un regard en arrière. Jamais Astoria n’avait tourné le dos à son père de la sorte. Elle observa la porte, ne sachant que faire réellement – il était supposé être là où elle était, après tout. « Tu as entendu monsieur Lestrange, petite écervelée. Alors va, cesses donc de m’importuner à rester là, debout comme une gourde. » Petite fille devant son père, elle baissa la tête. « Oui, Père. » Et fila hors de la pièce. La voilà même qui se mettait à chercher où son ange gardien se trouvait. « J'ai cru que vous alliez tourner de l’œil sous cette chaleur, mademoiselle. » Un détour et elle se trouvait dans un des petits salons de l’étage, là où l’on pouvait respirer plus librement, à pleins poumons. L’attention délicate d’Aramis fut accueillie par un œil soupçonneux avant qu’elle ne croise les bras, le menton relevé. « Et alors ? Auriez-vous eu la délicatesse de me ramener de quoi me rafraîchir ? » Arrogance, égocentrisme, voilà sa façon à elle de refouler cette frustration qui pointait le bout de son nez. La liberté retrouvée, la voilà de nouveau à être sous l’emprise de quelqu'un. Encore et toujours. Elle finissait par être véritablement nostalgique de ses années à Poudlard, où la jeune sorcière avait pu être elle-même sans apriori, sans risquer de subir la foudre parentale. Toujours enchaînée, jamais délivrée. « Mettons-nous d'accord : je n'ai pas plus demandé ce travail que vous. » Astoria eut un bref soupir froid, presque moqueur. « Je me doute bien que surveiller mes arrières personnellement n’est pas dans votre liste des priorités. » Personne de profondément sensée, et encore moins un Lestrange, voudrait se retrouver à surveiller l’ombre d’un seul individu. La jeune Greengrass passa sa main sur son visage tout en s’avançant dans le salon. « A peine revenue que je dois déjà m’incommoder d’un poids. » Cette situation ne plaisait ni à l’un, ni à l’autre. Et pourtant, ils allaient y être obligés parce que c’est la procédure. « Mon père a dit que vous chaperonnerez quelques-uns de mes déplacements… Vous a-t-il précisé lesquels, exactement ? » Puis, elle s’affala dans un des canapés de la pièce ; si elle pouvait s’y engloutir, elle y resterait pour toujours. Elle ne voulait pas avoir un sbire du Magister sur ses talons, et encore moins quelqu'un qui pouvait facilement colporter le moindre de ses faits et gestes à son père. D'ailleurs, la gamine agacée était persuadée que cette situation arrangeait fort bien son géniteur, qui allait pouvoir se renseigner sur ses fréquentations en toute liberté. Elle haïssait cet accord, cette procédure stupide. D’un geste brusque, la rose capricieuse agita sa baguette et Kian apparut dans un « plop ». « Ramène-nous quelque chose à boire. » Elle se massa les yeux, véritablement abattue par cette perspective peu reluisante. Elle n'avait que vingt ans et pourtant, elle donnait l'impression d'avoir la masse du monde sur ses frêles épaules. « De fort, de préférence. Nous allons en avoir besoin. Et pas un mot dans les cuisines ou je te coupe moi-même la langue. » Elle agissait comme la première des garces, elle le savait et elle le revêtait avec fierté, mais aussi par dépit. C’était sa couverture, un masque glacial pour cacher son véritable visage, pour laisser cette frêle et peureuse enfant dans les abymes de son être. Et pourtant, Astoria était persuadée qu’Aramis allait bénéficier de facettes de sa personnalité qu’il ne soupçonnerait même pas. Kian réapparut et la belle demoiselle se redressa avant de tourner son visage vers son invité – si on pouvait dire – avec un sourire éclatant. « Venez donc célébrer cette collaboration avec moi, monsieur Lestrange. » Quitte à l’avoir aux basques, autant que ça se passe le mieux possible. Même si un Lestrange n’était pas connu pour être la définition même de facilité et d’amabilité.


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Rares sont les femmes que tu estimes. Et a raison.
D'une inutilité flagrante, tu ne vois que des princesses de sang-pur gâtés, obligés à tout. Oiseau de parage, elles n'ont de liberté que le nom. En cage, elles ne sont que possessions de leur famille, de leur amis. Heureuses dans les futilités qui te dérange, tu n'aimes pas vraiment les femmes qui ont pour seul drame la couleur de leur chaussure. Les princesses sont des êtres qui te débecte. Les princesses sont des êtres sans nuages, sans naufrages. Elles ne sont ni des obsessions, ni des passions vivaces, bestiales. Tu n'as pas de cœur pour les poupées fragiles, imbéciles, hochant docilement de la tête, dodelinant de leur êtres. Sans importance, tu les balayes d'un revers de manches.

Astoria n'attire ni le respect, ni la dignité. Peu digne de ces princesses sublimes au port outrageux & orageux, elle n'est qu'une arriviste. Au fond, tu en veux juste à la terre entière de ne vouloir te donner que cette gamine dans ton cœur de pierre. Tu promets l'ennui & le déni. Les barrières sont dures. Les barrières sont intraitables. Tu accompliras ton travail & tu t'en iras sans te soucier du pire ou du meilleur. «Comment oublier? » . Comment oublier cet enfant susceptible incapable de saisir les subtilités des engrenages & du jeu ? Les cheveux blonds glissent encore dans son dos, saisissant l'éclairage, les même questions, les éternelles vérifications. Pour ne pas se faire duper, pour ne pas s'emmurer, tout est passé au peigne fin. Tout est murmuré sous les capes, sous les glaces. Tu grattes toujours les surfaces. Tu grattes toujours les murs de glace. « Comment. En effet. », sous la politesse, l'ironie s'acharne, la désarme. Des heures entrelacés à la même table, à hurler les même conneries, les même âneries. Elle ne sait faire que ça. Elle ne sait que taper du pied comme une enfant bornée, une enfant gâtée. Son père l'a mal élevé.

C'est une enfant à bout de souffle qui accourt dans tes pas. C'est une gamine dans les vêtements de sa mère. Astoria n'est pas de ces créatures que tu estimes, devines dans leur courbe. Astoria n'est qu'un de ses drames quotidien, incertain. Bientôt, elle s'envolera & ton destin n'aura plus à la supporter, à t'encombrer. « Vous êtes lente, mademoiselle Greengass. », tu accuses de ta langue salée son manque de vivacité. Mais est-il seulement physique? Tu penches pour son mental aussi. L'animal est bien faible, terriblement fragile. Par Merlin, comment les insurgés ont-ils pu la supporter tout ce temps? Aussi inutile que futile, elle n'est qu'une bouche de plus à nourrir. A leur place, tu l'aurais gentiment envoyé en pièce détaché à ses parents avec un joli papier cadeau. La lenteur t'agace. Tu sais très bien que le manque de réaction sur le terrain pousse aux pires folies & aux hérésies. Question survie, sans doute qu'Astoria Greengass aurait éclopé d'un Troll majestueux. Et ça te fait sourire, hein ? Bien sûre que oui. De ces sourires un peu crispé, sans doute un peu cruel, tu es le maître.

 « Et alors ? Auriez-vous eu la délicatesse de me ramener de quoi me rafraîchir ? » , elle se croit maîtresse de son monde, hein ? Elle n'a pas conscience qu'il vacille sous ses pieds. Elle n'a pas conscience que le monde n'est plus ce qu'il est. Il a tourné sans elle. Il continuera de tourner sans elle. Un rire froid lui répond. Tu n'es ni son chien, ni son esclave. « Et je vous cire aussi vos chaussures ? », tu mord, assassin. Tu as peur de rien. Tu as surtout pas peur d'une enfant. Elle n'est pas vraiment un danger. Elle n'est pas vraiment un intérêt. Ni sorcier de joie, ni soumis, tu comprends pourquoi tu ne désires pas d'enfant en voyant Astoria.

« Je me doute bien que surveiller mes arrières personnellement n’est pas dans votre liste des priorités. » , tu roules des yeux, peu soucieux de ses soupires & ses moqueries. Tu n'as que faire de son avis, de ses dénis. Elle passe sa main sur son visage, empruntant des mimiques de mauvaise tragédienne. Elle croit vraiment que tu vas chialer pour elle ? C'est toi qui a du travail. Toi, tu as des enquêtes, un métier, des affaires à régler. Tu es mené par un train d'enfer, ne trouvant nul repos sur cette terre.  « A peine revenue que je dois déjà m’incommoder d’un poids. » , tu grinces des dents. Tu vas presque chialer pour elle. Les moqueries remontent acide, pleines de piques. Tu es trop intelligent pour tomber dans ses pièges de gamine stupide.  « Mon père a dit que vous chaperonnerez quelques-uns de mes déplacements… Vous a-t-il précisé lesquels, exactement ? » , tu la vrilles d'un regard glaciale. « Laissez moi clarifier votre situation. », ta langue claque encore. « Votre père ne décide de rien. Il n'a aucun poids que ce soit sur moi ou sur mes collègues. », tes yeux la percutent en menace véritable, en cauchemars inévitables. « En conséquence, tous vos déplacements seront supervisés & menés selon mes envies. », prisonnière, elle est retenue entre tes doigts, comme la dernière des détenues. Elle n'a aucune importance sur l’échiquier de ses jeux politiques, trop stratégiques pour son esprit. « Heureusement pour moi, je serai sûrement débarrasser de votre poids d'ici quelques semaines. », tu siffles, ne résistant pas à la piétiner de tes mots. Sans classe, ni élégance, elle s'effondre dans le canapé confortable, comme abattue par le poids d'un monde imaginaire.

Elle agite sa baguette, lui donnant des airs de simples instruments sans queue ni tête. Elle la malmène. Et c'est à se demander qui d'elle ou des nés-moldus sont dignes de la magie ? L'elfe de maison apparaît, bien embêté, bien dérangé. Il ne l'aime pas tellement. « Ramène-nous quelque chose à boire. »  , tu roules des yeux.  « De fort, de préférence. Nous allons en avoir besoin. Et pas un mot dans les cuisines ou je te coupe moi-même la langue. »  . Tu arques un sourcil, dessinant sur tes lèvres un sourire mauvais. Comment peut-elle penser à se rendre saoule ici même, à présent ? Est-ce qu'elle t'a pris pour un ivrogne de bas étage ? Ta réputation est pourtant claire & certaine, tu te dresses dans le manque d’excès, dans des positions claires & nettes. Tranchant, tu ne bois que rarement & jamais plus que de raison. Tu ne couches jamais ni à droite, ni à gauche. Excellent parti, nombreuses sont celles à vouloir te séduire. Rare sont les élues qui s'accrochent à tes bras & à tes draps. L'elfe s'exécute, sans chercher à décevoir cette princesse des riens. « Venez donc célébrer cette collaboration avec moi, monsieur Lestrange. »  , tu fais claquer ta langue, ébouriffant tes cheveux noirs.

Ta baguette s'agite, rouge sang, rouge de cette pureté sanglante. Le contenu de la bouteille se déverse sur la blonde, ne lui laissant qu'un visage de harpie. Tu joues au connard. « Hors de question. », tu n'autorises pas ce genre de comportement, ni de questionnement. « Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, je suis de service. », c'est peut-être du goût de certain de s'enivrer durant les heures de travail mais ce n'est pas du tien. « De plus, votre âge devrait vous apprendre le dégoût des excès & de ses plaisirs artificielles. », siffles-tu. Tu la détestes de son corps à son cœur. «  Si vous commencez comme ça, la vie aura raison de vous avant vos trente ans. ». Un esprit sain dans un corps sain, est-ce si difficile à comprendre pour cette jeunesse qui court après la débauche, l'ébauche des plaisirs sans raison, sans passion ? «  Après tout c'est sans doute ce que vous voulez en ne tenant pas correctement une baguette. ». Tu n'as jamais vu catastrophe pareille autant en magie ou en déni.
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« Vous êtes lente, mademoiselle Greengass. » Astoria roula des yeux ; il était aussi aimable qu’un Troll, ce Lestrange. « Et je vous cire aussi vos chaussures ? » La jeune demoiselle eut un visage amusé face à celui fermé de son interlocuteur. En voilà un autre qui ne devait pas rire tous les jours. « Laissez-moi clarifier votre situation. Votre père ne décide de rien. Il n'a aucun poids que ce soit sur moi ou sur mes collègues. En conséquence, tous vos déplacements seront supervisés & menés selon mes envies. » Fabuleux. Voilà qui la rassurait – ou presque. Si Lestrange mettait autant de cœur à l’ouvrage que dans ses mots, il y a peut-être une once de liberté à attraper quelque part. La jeune sorcière se mordilla la lippe inférieure, retenant un sourire en imaginant le jeune homme dans une ruelle commerçante. S’il se montre mauvais vis-à-vis d’elle, elle aussi peut l’avoir à l’usure. Visiblement, l’action était bien commencée puisque le sorcier se montrait déjà fort agacé de partager le même air, d’être dans la même pièce qu’elle. « Heureusement pour moi, je serai sûrement débarrasser de votre poids d'ici quelques semaines. » La jolie Greengrass eut une moue peinée, le regard se dirigeant vers sa taille. « Vous exagérez ; j'ai quand même été au régime sec. Je ne suis pas si grosse que ça. » Il ne cilla pas, il avait ce regard profondément mauvais, comme si elle le répugnait véritablement. Cela la mettait mal à l'aise ; elle n’avait rien fait pour mériter un tel jugement. Peut-être c’était cela son problème ; elle ne faisait jamais rien. Astoria se laissait vivre, dans le mensonge, dans l’illusion, dans ce jeu morbide des apparences. Elle s’y engouffrait un peu plus chaque jour, persistant à penser que son monde était merveilleux et bon, que rien ne pouvait l’atteindre. Ironiquement, elle se jugeait inaccessible ; et pourtant, elle n’était qu’humaine comme tout le monde. Une sorcière parmi tant d’autres mais qui avait le bénéfice d’avoir un nom, un sang et une renommée. La demoiselle n’ignorait pas son statut supérieur et pourtant, la vie n’était qu’un grand jeu pour elle. Enfin, jusqu'au jour où elle tombera de nouveau dans les règles cachées du parcours. Après avoir été emprisonnée pendant quatre ans, il était certain qu’être sage n’était pas la première chose qu’elle souhaitait faire. Et puis, il faut bien un moyen d’atténuer ces cauchemars sans fin et cette anxiété maladive quand je sors dans la rue ou est seule dans la chambre, se dit-elle tout en se frottant les mains subitement de façon nerveuse. Mais cela, jamais elle ne l’avouerait. Elle allait bien. Tout allait très bien. Elle était de nouveau dans la protection de la demeure familiale, sa famille réunie et maintenant, un membre de la Brigade sera là pour veiller à ses arrières.

L’elfe était revenu, posa le service sur la table avant que la jeune fille balaya sa présence d’un revers de la main. Elle se pencha vers le plateau et servit le liquide dans les deux verres. Puis, elle se tourna vers le jeune homme (elle admirait quand même sa capacité à rester au même endroit), ne voyant pas la carafe virevoltée avant que cette dernière se déverse sur elle, répandant tout le liquide rouge qu’elle contenait sur la demoiselle. Cette dernière eut un cri de surprise avant de se relever précipitamment, un regard affolé sur le divan puis sur ses vêtements. « Hors de question. Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, je suis de service. » Astoria grimaça ; non seulement il avait un caractère de Gobelin mais en plus, il était aussi mesquin que sournois. « De plus, votre âge devrait vous apprendre le dégoût des excès & de ses plaisirs artificielles. Si vous commencez comme ça, la vie aura raison de vous avant vos trente ans. »  En plus d’être rabat-joie, visiblement. Elle avait l’impression d’entendre soit ce que sa mère pourrait dire (si elle savait ce que sa fille faisait parfois le soir) soit ce que sa sœur lui reprocherait. « Après tout c'est sans doute ce que vous voulez en ne tenant pas correctement une baguette. » C'était la goutte qui faisait déborder le vase. La jeune Greengrass eut une nouvelle exclamation à son égard, le regard bleu furibond. « Est-ce que vous vous fichez de moi ? Vous agissez comme le premier des gamins et vous me faites la leçon ? » Astoria appela de nouveau Kian, qui comprit bien vite de débarrasser sa maîtresse du liquide sur son visage. Puis, elle redressa le menton tout en regardant de nouveau le jeune homme. « Quel âge croyez-vous que j'ai? Je n'ai même pas encore vingt ans! » Elle prit alors son verre et après quelques enjambées, le jeta sur le visage du Lestrange. S’il voulait jouer, qu’ils jouent alors. « Et sachez, mon cher Lestrange, qu’on ne m'a jamais laissé le temps ni de passer mes ASPICs ni de me défendre, chez les rebelles ! Où croyez-vous que j’ai été pendant quatre ans ? En vacances, peut-être ? » La jeune sorcière pointa son doigt dans le torse du jeune homme. « Vous mieux que quiconque devriez le savoir. Vous croyez que cela m’enchante de vous avoir sur mes talons à chacun de mes déplacements ? » Astoria avait voulu faire des efforts, c’était une certitude. Elle aurait tenté de se montrer amicale face à ce petit prétentieux qui la toisait sans aucune retenue. Il se croyait peut-être supérieur qu’elle mais son égo, elle l’écraserait sous son talon mille et une fois. Elle n’avait de cesse de rencontrer des types de son genre, que ce soit chez les insurgés ou les mangemorts. « Vous vous croyez peut-être mieux qu’eux mais vous êtes pareil. » Elle avait craché ses mots, comme lui savait si bien le faire. La jeune Greengrass était pourtant dotée de bonnes manières. Habituellement, elle était courtoise et plutôt patiente. Mais Lestrange avait dépassé les bornes et elle ne pouvait rester de marbre face à un tel comportement. Et dire que sa vie était dans les mains et la baguette de ce dernier ne rassurerait en rien la jeune sorcière. Elle voulut presque courir dans le bureau de son père pour le supplier de voir s’il n’y avait pas quelqu’un d’autre de plus apte, de plus aimable, que ce vil serpent qui osait l’attaquer sous son propre toit. Mais elle se retient. Elle n’était pas tombée aussi bas que cela pour agir de la sorte. Tentant de retrouver son calme, Astoria retourna vers le centre de la pièce et prit sa baguette posée sur la table ronde avant d’entreprendre quelques sortilèges pour se débarrasser complètement du liquide sur elle – un des sorts qu’elle maîtrisait le mieux, après tout. Puis, elle regarda d’un air dépité le canapé. « Mère va être furieuse. » Hortense prenait toujours un soin démesuré à entretenir toutes les tapisseries et autres textures de la maison. La jeune demoiselle eut un soupir las tout en fermant les yeux avant de les reposer sur le jeune homme. « Je ne vous ai rien fait, murmura-t-elle entre les dents. Tout ce que je veux, c’est de ne pas avoir quelqu’un avec un Nimbus coincé entre les fesses qui m’accompagne partout. C’est vous qui avez accepté le poste, pas moi. Alors j’ose espérer que je peux quand même compter sur vous pour garantir au moins ma sécurité. » Car pour l’instant, on ne pouvait pas dire que la confiance règne. Et quand on était aussi anxieuse qu’elle de mettre un pied dehors, Astoria voulait vraiment être assurée d’avoir quelqu’un qui ne lui lancera pas un sortilège de Saucisson une fois qu’elle aura le dos tourné.

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I was looking for a breath of life, a little touch of heavenly light
A little of vision of the start and the end
But all the choirs in my head sang « no »
(play)

« Vous exagérez ; j'ai quand même été au régime sec. Je ne suis pas si grosse que ça. » , à trop te donner des perches, tu peux la battre de ses mots. L'enfant n'est pas laide, mais repoussante dans tous les mépris, les dénis que tu lui offres.   Tu as horreur de ces caprices d'adolescente pourrie gâtés, de ces délices sans queue ni tête qui ne font d'elle qu'une enfant entêtée. Astoria Greengass ne joue qu'à la petite victime qu'on assassine du  haut de sa tour d'ivoire. Elle ne joue qu'à la princesse en manque de tendresse. Et ça t'énerve. « Ils ont été sûrement trop bon avec vous. ». Trop bon. Trop con. Retenue une éternité en captivité, sûrement nourri à ne rien faire, tu blâmes ceux qui l'ont à peine abîmé. « Si  vous étiez ma prisonnière, je vous aurai torturé & coupé la langue. ». Sans élégance, ni patience, tu l'aurais envoyé en pièces détachées à ses parents, ne laissant que le sang derrière elle. Tu aurais évité de nourrir ou même de la laisser vivre.

Et tu sais, dans le bleu de ses yeux, qu'elle n'apprend pas, elle n'apprend jamais. La guerre est la guerre. L'enfer coule sur cette terre, glissant dans les moindres reliefs de ton cœur, de tes erreurs. Tu apprécies le spectacle, laissant le liquide couler le long de son visage, de ses vêtements. Les dorures s'en vont, ne laissant que l'ordure qu'elle est. Tu te délectes de ses souffrances, de  ton insolence.  « Est-ce que vous vous fichez de moi ? Vous agissez comme le premier des gamins et vous me faites la leçon ? »  , et voilà, la harpie est de sortie. La fureur de ses yeux ne t'ébranle même pas. L'elfe apparaît, soignant les petits bobos à l'égo de sa petite princesse préférée. Un rictus se tire, s'étire. Tu t'amuses d'un rien. Tu te plais à la bouleverser, à la renverser de tes préjugés, de tes idées. « Il est clair & net que vous n'avez pas été suffisamment recadrée. », ta langue glisse sur tes dents, sifflant l'évidence dans toute ta bienséance. Elle n'a pas les bonne manières. Son absence de politesse te fait crisser. Son manque des réalités te froisse, t'espace. « Quel âge croyez-vous que j'ai? Je n'ai même pas encore vingt ans! » , tu roules des yeux. Elle ne sait rien. Elle ne devine rien. « Justement. », lâches-tu d'une voix calme, loin de ses râles. Et le breuvage se verse, se déverse sur toi, dans tes cheveux, goûtant sur la chemise immaculée. Elle n'est même pas foutue de se défendre avec sa baguette.

«  Vous êtes d'une puérilité affligeante, mademoiselle. », la froideur & la douleur de ta voix la casse, l'écrase. Sans pitié, tu ne constates que son inutilité flagrante, dérangeante. Le rouge s'agite encore d'un mouvement de ton poignet. D'un murmure, l'alcool disparaît. Tes vêtements sont de nouveaux propres ainsi que tes cheveux. « Il faut dire que je connais, au moins, les sorts de nettoyage, moi. », le coup part, s'égare, sifflant à ses oreilles. L'attaque est facile, fragile. « Et sachez, mon cher Lestrange, qu’on ne m'a jamais laissé le temps ni de passer mes ASPICs ni de me défendre, chez les rebelles ! Où croyez-vous que j’ai été pendant quatre ans ? En vacances, peut-être ? » , un rictus s'étire & tu la laisses poursuivre, la sotte enfant. « Vous mieux que quiconque devriez le savoir. Vous croyez que cela m’enchante de vous avoir sur mes talons à chacun de mes déplacements ? » , tu roules des yeux. Tu n'as pas plus choisi d'être ici qu'elle. Que croit-elle ? Sa protection n'est pas un plaisir, un désir. Tu la laisses à d'autres. « Je suis certain que même si vous en aviez eu le temps, vous vous seriez révélé pitoyable. », un sifflement te tient, te retient. Tu pourrais simplement la piéger, la planter là. «  Vous n'avez même pas été fichue de vous échapper. Donc oui, pendant que certaines personnes se battent pour votre pauvre petite sécurité, vous avez pris des vacances. », ta voix la lynche. Elle est l'esclave des chiens, des riens, incapable de se défendre, de jouer avec la magie. « Ne vous croyez pas la plus malheureuse, vous avez été nourrie, protégée dans votre petite cage. Au lieu de jouer les victimes, réveillez-vous. », tes yeux la percent, la transpercent. Gwen a été frappée, tuée des millions de fois dans une violence & une indifférence sans nom. Et elle s'est relevée, plus forte, plus belle. Elle apprivoises les blessures pour en faire des murs. Elle est devenue reine de son monde du bout de ses talons, de sa raison. Astoria n'est même pas digne de baiser les pieds de ta précieuse & délicieuse sœur. Tu plains Malfoy de s'être trouvé attaché à cette pimbêche sans cervelle.

 « Vous vous croyez peut-être mieux qu’eux mais vous êtes pareil. » . Du tac au tac, les  mots fusent. « Vous vous croyez utile ? ». Le sourire est mauvais, le ton cassant, tu glisses dans une mer de colère, d'hiver. Cette guerre n'est pas faite pour elle, pour ses êtres fragiles, faciles. Elle se contente de vivre sur le travail des autres, ne comprenant pas l'importance de ton rôle. De tireur d'élite à mangemort, tu jongles au fil de tes croyances, de tes allégeances, ne lésinant jamais sur les heures passées, avortées.  Terriblement occupé, tu es de ses êtres aux emplois du temps chargés, calculés au millimètre près. Tu n'es pas différent de ses  insurgés, tu as juste choisi un camp, contrairement à elle, contrairement à cette peste sans politesse, ni manière. « Les gens comme moi ou comme eux peuvent se targuer de rendre service à une cause. Pas vous. ». Elle ? Elle n'est que la bouche tendue, chouinant quand un ongle se casse sur son passage. Elle n'est qu'une folie, une saleté dans ton monde. Elle n'est même pas  digne de porter une baguette.

Elle se dégage et court vers sa baguette & son précieux canapé. Tu roules des yeux. Les meubles sont le cadet de tes soucis, de tes dénis. « Je ne vous ai rien fait .  Tout ce que je veux, c’est de ne pas avoir quelqu’un avec un Nimbus coincé entre les fesses qui m’accompagne partout. C’est vous qui avez accepté le poste, pas moi. Alors j’ose espérer que je peux quand même compter sur vous pour garantir au moins ma sécurité. » , les accents de ton agacement prennent des tournures qui te déplaisent. Tu la détestes du haut de son enfance, de sa stupide innocence. Astoria était née avec cette cuillère dans sa bouche. « Vous plaisantez, j'espère ? », tes yeux la rivent, la crucifient. De ton corps à ton cœur, tout se tend, se braque, le prince des glaces s'apprivoise, s'enlace à ton être. Tu deviens monstre d'indifférence, de compétences, la taillant en pièce de tes yeux clairs. « Je n'ai pas choisi de vous protéger, sombre idiote. », laisses-tu échapper, voiler. Ses fossés qui la séparent de toi te plongent dans l'incompréhension, dans l'indignation. Elle ne réalise rien. Absolument rien.

Le toc toc sur la vitre te tire de ta haine. Le hiboux tacheté t'observe de son regard intelligent, charmant, détenant dans son bec la lettre. Tu te détournes, n'attendant pas son accord ou son désaccord. Tu n'as rien à faire de cette princesse de pacotille, qui flirte avec l'interdit. La fenêtre s'ouvre & le volatile se pose sur un meuble. Tu tends les doigts en douceur, effleurant l'animal, sans être brutal, ni fatal. La confiance est une chose que tu ne donnes pas, que tu n'offres jamais vraiment. Il esquive ta main, animale entêtée. « Mon cher elfe de maison, voudriez-vous bien me ramener de l'eau & de la nourriture pour ce hibou ? », l'elfe s'exécute sans mesure, ni manière, te donnant la petite soucoupe d'eau, accompagné d'un peu de nourriture. Aussitôt, il hulule, lâchant son précieux paquet. La lettre glisse & tu brises le sceau. L'écriture est tremblante, agonisante & tu blêmis. SOS, jeté sur le papier, déjà biaisé, baisé, brisé. Elphaba. « Je n'ai pas le temps pour vous. Et je ne vous protégerai pas plus cette semaine, demandez quelqu'un d'autre à la Brigade Magique. », tu  la libères. Tu n'en as que faire d'elle, quand ta cape claque & que tu te détournes d'elle.

Le sort est pourtant jeté sur le canapé, il absorbe le liquide, ne laissant aucunes preuves de vos violences, de vos indifférences. « Pour Madame votre mère. », le mot est balancé, lancé. Pas pour elle. Jamais pour elle. Tu es déjà parti.
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