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sujet; "Comment ça on est perdus?!"
MessageSujet: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" EmptyJeu 9 Juil 2015 - 17:37

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"Seigneur pourquoi moi?!"

"Un de ces jours, vous allez nous faire tuer et ce jour là je reviendrai d'entre les morts pour vous hurler que JE VOUS L'AVAIT BIEN DIT!"


L'un des plus grands mystères dans l'existence d'Hécate Shacklebolt était la raison pour laquelle son patron, l'éminent Rabastan Lestrange, s'obstinait à la convoquer dans son bureau en lui envoyant non pas des notes, non pas des missives, mais des beuglantes.

Dès que l'irascible directeur du niveau 2 se sentait d'humeur à "discuter" avec son apprentie, il envoyait une lettre rouge sang jusqu'à son bureau, et lui détruisait consciencieusement les tympans jusqu'à ce qu'elle rapplique en quatrième vitesse avec des envies de meurtre. Hécate avait très vite compris que l'usage des bleuglantes était moins un signe d'irritation qu'un simple jeu, pour Rabastan. Pourquoi dire les choses simplement quand on pouvait les hurler et faire frôler l'infarctus à ses subordonnés tous les quatre matins?

Quand elle reçu la beuglante habituelle de 7h30 ce mardi là, quelques jours seulement après qu'elle ait rencontré et gracieusement envoyé sur les roses l'insupportable Keziah Campbell,  Hécate l'ouvrit avec un soupir. Inutile d'essayer de les jeter, ces choses là finissaient par vous exploser dans les mains. Elle vit la lettre se dresser dans les airs et recula sa chaise, prête pour l'ouragan.

"SHACKLEBOLT! DANS MON BUREAU! TOUT DE SUITE"

-A vos ordres, Mein Führer, dit la jeune femme en se mettant au garde à vous, narguant la beuglante qui se désintégra et tomba dans la poubelle.

La jeune femme se leva de son bureau et attrapa sa baguette, qu'elle fixa à sa ceinture, avant de sortir dans le couloir et de se rendre vers la pièce que certains appelaient "l'antichambre de l'enfer", c'est à dire la tanière de Rabastan. Elle s'était attendue à trouver celle ci dans un état correct mais un pas dans le bureau de son mentor lui indiqua qu'il était définitivement une sorte de champion olympique du chaos. Les dossiers formaient de nouveau des piles proches de la tour de Pise, les fiches avaient été jetées sur le sol et s'étalaient comme un tapis oriental, l'encrier semblait hésiter à tomber de son support et bien entendu,la sacro-sainte armoire des dossiers -si enflée qu'elle semblait prête à exploser- ne tenait fermée que grâce à une barre de bois passée dans les poignées.

Hécate soupira et sortit sa baguette.

-Ordo Chartarum, marmonna-t-elle.

C'était devenu une habitude. Un mouvement de baguette et tout rentrait littéralement dans l'ordre. Elle savait parfaitement que rien n'agaçait plus Rabastan que de voir son fatras critiqué par une subordonnée mais il ne faisait rien pour l'empêcher de mettre un peu de rigueur dans son souk, ce qui indiquait qu'il devait secrètement apprécier cet acte machinal et auquel elle joignait toujours un soupir, pour la forme.

Elle entendit les dossiers se battre à l'intérieur de l'armoire pour se ranger et observa les papiers se remettre à leur place avant de finalement se tourner vers son mentor. Comme à son habitude, il avait les fesses solidement vissées à son siège et les pieds croisés sur le bois de son bureau, sa baguette posée devant lui, prête à l'emploi. A cette heure du matin, il avait les yeux déjà en alerte, contrairement à la majorité des autres inspecteurs, encore à moitié absorbés par la nuit passée.

Son bureau étant la seule pièce du niveau 2 à disposer d'une fenêtre donnant sur la cour intérieure du ministère, c'était peut être le seul endroit à être aérée régulièrement et comme chaque matin il y régnait une "odeur de froid" et de café noir qui mettait Hécate d'humeur relativement joyeuse. Avec un sourire aimable, elle se tourna vers son mentor et inclina légèrement la tête.

-Vous avez demandé à me voir, me voilà. Que puis-je faire pour vous aujourd'hui? quelqu'un à éventrer? une secrétaire à défenestrer?

Elle ne pouvait pas s'en empêcher. Elle jouait avec la ligne rouge plus souvent qu'à son tour mais il était le genre d'homme au tempérament assez sensé pour distinguer l'insolence amusée de l'irrespect réel. Seule comptait au fond la loyauté d'Hécate et pour le moment elle ne lui avait montré aucune raison de remettre cette dernière en question.

Alors elle jouait. Et la réponse du berger à la bergère ne manquait jamais d'arriver assez rapidement.
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MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" EmptyVen 10 Juil 2015 - 8:13

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S’être levé du bon pied était une étrange expression : est-ce que vraiment le premier pied avec lequel vous foulerez la sacro sainte moquette de votre chambre (ou votre sacro sainte descente de lit à trois cents gallions pièce) pouvait avoir un véritable impact sur l’humeur de la journée ? C’était fort peu probable et devait venir d’une superstition ridicule plutôt que d’un fait avéré, sinon il y aurait beaucoup de gens qui auraient tenté d’amputer Rabastan Lestrange de son pied gauche : plus de danger comme ça, comme on se disait. S’être levé du moignon gauche, ce n’est pas vraiment quelque chose qui se faisait. Enfin, aujourd’hui le sympathique mangemort ne se souvenait plus laquelle de ses royales plante de pied avait eu l’honneur de quitter le lit en premier, mais quoiqu’il en soit il était d’une humeur… agréable. Agréable pour lui, entendons-nous bien. Il se sentait satisfait, hautement satisfait. Il n’avait dit bonjour à personne ce matin en marchant jusqu’à son bureau, mais il n’avait fusillé personne du regard non plus. Il était vivable. C’était déjà beaucoup. A peine avait-il posé son cul sur son fauteuil et installé ses jambes sur la surface vernis du bureau qu’il commença à s’occuper de la Beuglante qu’il enverrait à Shacklebolt avec un petit sourire. Ça allait être une bonne journée…

Il attendit le débarquement de le jeune femme dans son bureau en s’amusant à faire léviter quelques petites notes administratives et en grignotant une chocogrenouille tout en balaçant la carte (qu’il avait déjà en plusieurs exemplaire) dans un fond de tiroir. Il entendit les pas de son apprentie s’approcher, il cessa de faire voleter les notes. C’était presque fort dommage qu’elle ne puisse pas ouvrir la porte d’un air dramatique étant donné que cette porte restait ouverte, mais elle l’aurait certainement fait si elle avait pu. Ça se sentait. Shacklebolt avait un coté théâtral : quoiqu’il se passe, fallait que ça se voie, que ça envoie. Bien, faute de porte à ouvrir avec une dignité sans faille elle se contenta de jeter son sort pour ranger les alentours sans même dire bonjour. C’était son style, il commençait à s’y faire. Elle restait toujours dans les limites et ne montrait jamais quoique ce soit qui pouvait relever de l’irrespect, ce qui n’était pas le cas de tout le monde à ce satané niveau, pensa-t-il brièvement en jetant un regard à ses deux mains. Sur l’une on ne voyait plus aucune trace de la tornade Bulstrode et sur l’autre, il restait une légère marque. Enfin, penser à ça n’allait pas l’aider à conserver sa bonne humeur du jour. Il regardait Hécate mais faisait glisser ses doigts sur sa baguette posée devant lui. Il n’avait attendu que ça, qu’elle lui demande le programme. Eh bien le voilà le programme.

« Pas aujourd’hui Shacklebolt… » répondit-il avec un demi sourire sans cesser de caresser sa baguette. « On éventre personne, on ne défenestre personne…Nous allons même pouvoir nous éloigner un peu de la charmante ambiance ministérielle. » Il se redressa brusquement, ses jambes se replièrent pour atterrir sur le sol, il avait arrêté de jouer avec sa baguette pour l’empoigner fermement et il contourna le bureau, passa à quelques centimètres d’elle sans la regarder. Il fit un geste avec son arme et un sac d’une dimension honorable tomba du haut d’une étagère pour atterir sur le sol avec un gros « pouf » satisfaisant. Il fit un autre petit geste désinvolte et le sac décolla du sol pour voler jusqu’aux bras d’Hécate dans lesquels il s’échoua confortablement. « Aujourd’hui… » déclara un Rabastan qui avait l’air très content de lui-même bien qu’il tentât de garder un visage de marbre « nous allons partir en forêt. C’est bien beau de savoir se débrouiller dans un bureau, mais l’expérience de terrain, c’est utile aussi. Donc on sort. » Et sur ce, il sortit du bureau tout en faisant signe à Shacklebolt de le suivre. Dans les couloirs il bouscula volontairement deux ou trois personnes, inspira profondément avant de prendre l’ascenceur : « Et ne t’inquiète pas pour ton travail. Tout est réglé. » il préférait parler plutôt que d’avoir à penser quand il se retrouvait dans ses cages montantes. Parler c’était automatique et ça l’empêchait de trop s’angoisser. Bientôt les portes s’ouvrirent. Ils étaient dans l’atrium. Il la conduisit jusqu’à une cheminée : « Le sac n’est pas trop lourd Shackebolt ? » demanda-t-il avant de mettre un pied dans l’âtre. « Parce que va falloir le garder encore longtemps sur les épaules… » Il lui tendit la main, pour qu’elle puisse s’y accrocher. Puis une fois qu’ils furent l’un près de l’autre, il transplana, en l’emmenant avec elle.

Ils atterrirent de manière plutôt souple à quelques centimètres à peine d’un énorme tronc d’arbre. Du genre chêne centenaire pas agréable à se prendre en pleine tête. A un pas près et ils étaient en plein dedans. « Transplaner dans une clairière, c’est vraiment trop facile et bon pour les débutants… » fit Rabastan en s’écartant du vénérable végétal en scrutant les lieux. Il était vraiment de très bonne humeur, l’idée de passer une journée loin d’un lieu aussi fermé que les bureaux du niveau deux devait jouer sur son enjouement général. « Alors Shacklebolt ? Heureuse de respirer un peu d’air frais ? » Pour le moment il ne lui donnait pas plus d’information, il se contentait de faire contempler l’endroit avec un sourire satisfait qui lui était familier. C’était une belle, grosse forêt : pas la forêt de Daeva (pas fou non plus, il allait pas traîner dans ce nid à rat avec une seule personne en renfort) mais un bon gros massif quand même, pas spécialement habitée que par des lapinous et des petits chevreuil, et aussi un vrai labyrinthe. Une belle forêt. L’air boisé lui rappelait toujours quand il était petit et qu’ils allaient se promener avec sa mère dans les petits bois des alentours de Birmingham…
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MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" EmptyVen 10 Juil 2015 - 12:15

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Hécate ne s'était pas vraiment attendue à trouver son patron de si bonne humeur. Elle était plutôt habituée à des regards meurtriers et une allure de Cerbère mais une fois n'est pas coutume, Rabastan Lestrange semblait presque...guilleret. Son sourire poli se transforma en moue. Il y avait quelque chose de profondément inquiétant à observer ce genre d'homme dans un état autre que "prêt à montrer les crocs". Qu'avait-il fait pour être si...tolérable? massacré des elfes de maison? éradiqué une partie du Pays de Galles? fait retirer Dumbledore des cartes de Chocogrenouille? quoi qu'il eut en tête, ça ne pouvait être bon pour Hécate. Elle hésita même un instant à lui envoyer un dossier en pleine face, rien que pour faire monter sa tension et effacer cet air paisiblement satisfait de son visage. Mais il parla heureusement avant que l'idée ait le temps de faire tout son chemin dans le cerveau de la jeune femme. Cette dernière ouvrit de grands yeux quand Rabastan lui déclara qu'ils allaient "s'éloigner du Ministère".
Merlin, Viviane, Morgwen et Ste Laveaux.
La journée ne pouvait pas être aussi bonne. Il y avait forcément un piège.

Elle constata bien vite que le piège avait la forme d'un sac massif et visiblement rempli de briques, que Rabastan fit tomber du haut d'une armoire avant de l'envoyer s'écraser dans ses bras avec un peu plus de force que nécessaire.  Mais lorsque son mentor prononça le mot "forêt", le sac parut soudain infiniment plus léger. Ou peut-être était-ce Hécate qui venait de sentir un regain de vigueur. Elle se retint à grand peine de pousser un cri de joie hautement inconvenant et se contenta de hocher la tête, mais beaucoup plus vigoureusement qu'à l'accoutumée. Ses mains serraient le sac, son corps avait la tension et l'agitation presque invisible qu'on ceux des enfants lorsqu'ils savent être sur le départ pour une activité trop désirée pour être reportée bien longtemps.

Ils allaient en forêt. En forêt. Loin de ces bureaux ridicules, du marbre noir du hall, de la grisaille londonienne. Les forêts et leurs méandres, leurs dédales de verdure, leurs bruits secs ou continus, leurs odeurs et leurs dangers, leurs lumières et leurs ombres, leur mystère. Hécate avait grandi dans la forêt. Petite déjà, elle sautait par dessus les souches mortes, grimpait aux plus hautes branches pour retrouver son chemin et se tartinait le corps de boue et de mousse pour se créer un camouflage efficace afin de surprendre ses cousins. Combien de fois avaient-il tous fait enrager leur maître d'armes ou leur instructeur en prenant la poudre d'escampette dans la forêt ou les marais avant de trouver des cachettes improbables dans des troncs creux, les feuillages voire même sous l'eau? De véritables enfants perdus, de petits "sauvages" aux genoux écorchés et aux yeux vifs, aux cheveux salis par la terre et à la lame habile. Chacun avait son couteau -à défaut d'avoir une baguette- et au meilleur lanceur revenait toujours l'honneur de mener la petite bande dans leurs aventure. Hécate était de loin la plus précise et pouvait atteindre un écureuil dans son arbre à plus de quinze mètres. Elle pouvait aussi atteindre les portraits de ses ancêtres depuis le second étage de la maison familiale, pile entre les deux yeux. Son derrière se souvenait encore de la correction qu'elle avait prise le jour où elle avait tiré sur son arrière grand père, qui avait hurlé si fort que les murs en avaient tremblé.

C'était ce à quoi elle pensait dans l'ascenseur qui les menaient, elle et à Rabastan, dans le hall du ministère. Il marchait à grandes enjambées déterminées et elle le suivait de près, ignorant les regards intrigués des autres employés. Qu'est ce que le directeur du niveau 2 fabriquait cette fois? et pourquoi était-il accompagné de cette brindille qui portait un sac faisant la moitié de sa taille?
Incompréhensible. Mais comme disait le proverbe désormais relativement usité: "les voies des mangemorts sont impénétrables et c'est tant mieux."

"Le sac n’est pas trop lourd Shackebolt ? Parce que va falloir le garder encore longtemps sur les épaules…"


-Ne vous inquiétez pas pour mes épaules Monsieur, elle vont très bien, répondit-elle avec un sourire.

Elle se retenait d'exploser et de crier un "bonne journée" narquois à tous les employés qui allaient encore passer des heures enfermés dans leurs boîtes de sardines, sachant que Rabastan serait assez retord pour annuler leur petite sortie s'il détectait un enthousiasme trop débordant. Il aimait mettre les gens en difficulté, par leur faire plaisir. Il aurait tout à fait été capable de remplacer cette escapade bucolique et forestière par d'autres activités bien moins réjouissantes ou bien de faire peser au sac d'Hécate le double de son poids. Uniquement pour doucher sa joie. Un vrai trouble-fête.

Lorsqu'il lui tendit la main depuis la cheminée, il avait un léger sourire sur les lèvres, comme une sorte de défi à s'avancer si elle l'osait. Elle pénétra dans l'âtre et prit sa main sans une hésitation. Quoi qu'il lui réserve, elle était prête. Ils passaient sur son terrain désormais. Il voulait de la survie? il allait en avoir.

Quand ils atterrirent en plein milieu des bois, à quelques centimètres à peine d'un chêne centenaire, Hécate écarquilla les yeux. Elle commençait à douter des capacités de pilote de son mentor et se promit de toujours transplaner seule à l'avenir, si possible. Rabastan semblait avoir une forte confiance en ses propres capacités d'orientation dans l'espace, ce qui n'était pas le cas d'Hécate.

"Transplaner dans une clairière, c’est vraiment trop facile et bon pour les débutants…"

Ben voyons. Elle roula des yeux avec un demi sourire et constata alors qu'elle n'était pas la seule à sourire. Rabastan, s'il faisait de son mieux pour ne rien en montrer, était aussi guilleret qu'il pouvait l'être. Ses mouvements étaient moins brusques, son visage moins crispé. Il n'y avait visiblement pas qu'à Hécate qu'un peu de nature faisait du bien.

"Alors Shacklebolt ? Heureuse de respirer un peu d’air frais ?"

La jeune femme ferma les yeux et inspira profondément. L'air était humide, et l'odeur de terre se mêlait à celle des chênes et plus loin, des pins.

-Vous n'avez même pas idée...murmura-t-elle.

Presque immédiatement après, Hécate avait repris son sac et s'était placée derrière un tronc massif, se cachant à la vue de Rabastan tout en déballant le contenu de son barda. Si elle avait de la chance, il aurait pensé au strict nécéssaire de la survie en milieu sauvage et pas seulement à bourrer le sac de parpaings en espérant lui faire attraper une scoliose.

-J'ose espérer que vous avez mis tout le nécessaire à ce genre d'exercice dans notre équipement, y compris des vêtements de rechange, parce qu'il est absolument hors de question que je subisse un entraînement de survie dans cette tenue! Porter un de ces ignobles tailleurs est déjà une épreuve d'endurance au quotidien! et tant que nous y sommes, vous ne tiendrez pas deux heures avec ces vêtements! il va pleuvoir! vous aurez bientôt les pieds trempés et l'air d'un chien mouillé!  

Lampe torche moldue, boîte à pharmacie, bouquin, bouquin, bouquin, sparadrap, toile cirée, bouquin, boite de conserve...Hécate retint une exclamation de colère: Lestrange lui avait refilé un sac des scellées, un banal sac à dos que devaient avoir rapporté les rafleurs et qu'ils avaient stocké là en attendant une destruction par le service approprié de contrôle des objets moldus.
Le propriétaire de l'objet était sans le moindre doute mort et tout ce fatras, aussi pesant qu'inutile. Un obstacle de plus que Rabastan, en bon mentor magnanime, avait voulu mettre sur la route de son apprentie. Pourquoi lui donner du matériel quand il pouvait juste lui casser le dos et au passage, les pieds?!

Grommelant en français des mots qui auraient fait pâlir toute personne de bonne famille, Hécate fit le tri avant de lâcher un soupir de soulagement: Elle venait de dénicher ce qu'elle cherchait, c'est à dire des vêtements de rechange, soigneusement plié dans le fond du sac. Estimant la taille et s'en trouvant satisfaite, elle se changea rapidement, enfilant le pantalon, le débardeur, la veste à capuche et les bottes de l'infortunée ex-propriétaire du sac. Elle avait du être un peu plus grande et costaude qu'elle, car son haut flottait un peu trop autour du torse d'Hécate et que son pantalon traînait quelque peu sur le sol. Hécate s'assura d'être à l'aise et finit par attraper ses cheveux avant de les tresser et de les nouer solidement à l'arrière de sa tête. Elle avait désormais l'air d'une marginale en perdition mais au diable le style, l'efficacité primait, surtout en milieu naturel. Seul un idiot patenté aurait favorisé son apparence au détriment de son agilité.

Il ne lui manquait désormais plus qu'une chose pour être satisfaite. La sorcière continua de fouiller le sac et finit par ouvrir une poche latérale dans laquelle reposait l'objet de sa convoitise: un couteau.

L'arrogance des sorciers occidentaux tels que Rabastan faisait que ceux ci négligaient les armes moldues, attachés qu'ils étaient à leurs jolis bouts de bois et à leurs étincelles. Mais personne ne pouvait se passer d'une bonne lame, baguette ou pas. Hécate soupesa l'arme, la fit tourner entre ses doigts un moment et en observa la courbure. Légèrement incurvée, crantée. Parfaite pour trancher et déchirer lors de l'extraction. Elle serait appropriée au lancer, après un ou deux essais. Ravie, la jeune femme fixa le fourreau à sa ceinture et glissa sa baguette dans celle çi avant de fermer le sac et de le caler sur ses épaules. Lorsqu'elle revint dans la clairière, elle avait encore perdu deux ou trois centimètres sans ses talons mais avait gagné une bonne vitesse de pointe en cas de sprint. Elle était prête à supporter même un ouragan.

Ce qui n'était visiblement pas le cas de son auguste mentor.

Rabastan était adossé à un arbre, la baguette à la main et malgré les remarques d'Hécate, il portait toujours sa tenue ministérielle. La jeune femme le jaugea avec un demi-sourire narquois et lâcha, mielleuse:

-Laissez moi deviner, ô maître sans reproches: vous n'avez pas besoin de vêtements de survie car vous êtes naturellement imperméable? Ou mieux: la pluie vous évite. Elle sait qui vous êtes et rebrousse chemin en sentant votre aura de mort et de destruction?


Elle était à quelques secondes seulement du fou rire et elle le savait, tout comme elle savait qu'il le voyait. Mais après tout, qu'est ce qu'une excursion en forêt sans quelques plaisanteries douteuses?
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MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" EmptyDim 12 Juil 2015 - 18:39

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Bien, la bonne humeur devait être quelque chose de hautement contagieux parce que Shacklebolt parut s’illuminer dès qu’il évoqua cette escapade. Bon, dans un sens ce n’était pas si étonnant : ça crevait les yeux qu’elle n’était pas une sorcière de salon… Elle avait ce coté sauvage aux antipodes de l’attitude so-british qu’arboraient certaines femmes de l’Élite. Et même si Rabastan appréciait la retenue anglaise, il devait bien admettre que ça avait du bon d’être avec une femme qui n’irait pas s’évanouir si une branche de ronce venait lui déchirer l’ourlet de sa robe. C’était un facteur de ralentissements bien trop grand. Enfin donc il n’était pas si stupéfait que ça de voir que la jeune femme fraîchement débarquée de Louisiane, qui utilisait des techniques vaudous écoeurante dans les couloirs du Ministère, qui parfois vous parlait de sorts qui vous retournaient les tripes, était vraiment heureuse de se retrouver les yeux dans les yeux avec Mère Nature. Après le transplanage à l’atterissage parfaitement maîtrisé, son visage était encore plus détendu. Il la regardait fermer les yeux et inspirer l’air boisé comme si elle n’avait plus mis les pieds dans une forêt depuis un millénaire. « Vous n’avez même pas idée. » Oh par Merlin si, pensa-t-il. S’il y avait bien quelqu’un qui pouvait avoir une petite idée de ce qu’elle pouvait ressentir, c’était bien lui. Il n’aimait pas trop rester enfermer au Ministère, mais il fallait bien que quelqu’un s’en charge. Alors il se cherchait un peu toutes les excuses possibles pour passer du temps à l’extérieur : traques, mission pour le Lord, entraînement… tout était bon. Ses apprentis devaient composer avec ses envies bucoliques, Shacklebolt n’aurait pas de problème apparemment.

Il la regarda prendre le sac et aller se planquer derrière un arbre énorme si bien qu’il ne la voyait plus du tout. Il s’adossa sur le premier tronc qui rencontra son dos et continua de contempler le paysage tout en écoutant la voix de Shacklebolt parvenir à ses oreilles depuis sa planque. Bon, apparemment elle avait vite pigé qu’il s’agissait d’un exercice : pas débile non plus la petite. Mais visiblement elle s’était attendu à ce qu’il lui file le kit complet du parfait petit campeur en zone hostile. Eh bien, il avait hâte de l’entendre déchanter. Enfin pour le moment elle continuait de parler fringues, comme quoi elle allait mourir si elle devait continuer de porter son tailleur et que lui-même aurait l’air d’un crétin s’il restait sapé comme il l’était. Eh bien on pouvait dire au moins une chose : la forêt n’adoucissait guère le naturel galopant et incisif de la jeune femme. Il jeta un coup d’œil sur ses vêtements : ce n’était pas une tenu de rafleur c’était certain mais il pouvait largement se débrouiller en forêt habillé comme ça. Rabastan ne quittait ses vêtements bien coupés, classe et taillés sur mesure pour sa petite personne que lorsqu’il s’agissait d’enfiler l’uniforme des Mangemorts (ou bien quand il devait se faufiler ne territoire moldu). Il survivait à ce régime depuis quatre ans, ce n’était pas une balade en forêt (bon une balade musclée certes) qui allait le faire changer d’avis. Il tenait à ses belles fringues.

Tiens, elle ne parlait plus… En tendant l’oreille il put entendre de faibles grognements incompréhensible : ah bien… elle avait compris que ce sac n’était pour une grosse part, qu’une énorme rigolade. Mais bon, au jugé il l’avait estimé assez gros et assez lourd, c’était sans doute qu’il devait y avoir un minimum de choses intéressantes dedans. Il attendit encore quelques petites minutes, qu’il meubla en lançant des sortilèges d’engorgement à des petites fleurs qui poussaient à ses pieds pour les faire grandir de quelques centimètres. Puis enfin Shcklebolt fit son apparition de derrière l’arbre. Rabastan était un expert en haussement de sourcil, mais pour le coup, il fut presque trop surpris pour se complaire dans cette activité sourcilière. S’il n’avait pas été certain d’avoir vu la jeune femme se mettre derrière ce même arbre, il aurait pu croire qu’une parfaite inconnue venait de le rejoindre. Bon, il exagérait, son visage restait reconnaissable (mais où étaient passés ses cheveux ? Ah, dans son dos… étrange.) mais elle avait quitté la robe classique qu’elle portait au bureau pour enfiler ce qu’elle avait trouvé dans le sac : c'est-à-dire un haut dégueulasse et un pantalon dégueulasse également. Autant il n’aurait pas été si surpris de voir Loletina Bulstode dans un tel accoutrement, c’était autre chose de voir Hécate habillée comme ça. Et en prime elle semblait bien plus petite, si c’était possible, qu’avant. Bien sûr elle n’avait plus ses talons. Et le sacro saint sac était bien calé sur son dos. Elle semblait prête à escalader l’Everest. Et elle lui fit bien remarquer que lui-même ne paraissait pas bon pour grimper une petite dune de sable. Non, décidément, l’ambiance forestière accentuait encore plus son coté sarcastique. « Mon superbe aura de mort et de destruction ne semble pas éloigner ta verve rhétorique en tout cas, Shacklebolt… Je ne dois pas avoir atteint un niveau suffisant pour cela. Par contre, pour le coup, il aura éloigné ton sens du style. T’es sans doute plus à l’aise là dedans, mais je n’ai jamais entendu dire que les habits de clochards étaient imperméables… » Il pointa sa baguette sur ce qu’il portait et donna un petit coup sur le tissus : « Impervius » murmura-t-il. Puis il releva la tête : « Voilà qui devrait faire l’affaire face au terrible et monstrueux climat anglais. »

Il s’arracha de l’arbe contre lequel il avait élu domicile et se rapprocha d’Hécate. Oui, sans ses talons c’était à peine si elle lui arrivait à l’épaule. « Bien, tu as compris assez vite de ce dont il s’agissait, je vais juste te dire les règles de bases : il est interdit de transplaner — transplane et je considérerai ça comme une insulte personnelle. Je ne suis pas sensé intervenir du périple : tu as un problème, tu te débrouilles seule, je suis juste là pour observer. L’objectif est de sortir de cette forêt. Je suppose que tu n’as pas besoin de boussole pour savoir où est le nord… Au pire tu as ta baguette. Tous les sorts sont permis, sauf le Feudeymon, je ne tiens pas à ce que cette forêt crâme de fond en comble. Et évidemment, aucun des sorts ne doit me viser. Bien, les instructions sont claires ? » Rabastan aimait la clarté, il veillait toujours à être précis dans ce qu’il disait, à vérifier qu’il avait été bien compris. Histoire qu’on ne vienne pas pleurnicher après, il bétonnait le tout en amont. Pas d’excuse possible pour se défiler par la suite. Il donna une tape encourageante sur l’épaule de Shacklebolt : « Bien, je te préviens, cette forêt n’est pas un petit bois moldu sympathique. Peut avoir des bestioles… assez peu orthodoxes. Enfin, tu verras bien par toi-même ! » Et lui aussi par la même occasion, parce qu’évidemment il n’allait pas la quitter d’une semelle.
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MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" EmptyDim 12 Juil 2015 - 19:49

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"Mon superbe aura de mort et de destruction ne semble pas éloigner ta verve rhétorique en tout cas, Shacklebolt… Je ne dois pas avoir atteint un niveau suffisant pour cela. Par contre, pour le coup, il aura éloigné ton sens du style. T’es sans doute plus à l’aise là dedans, mais je n’ai jamais entendu dire que les habits de clochards étaient imperméables…"

Hécate se contenta de pencher la tête sur le côté et de rouler des yeux. Il était proprement impossible d'avoir le dernier mot avec cet homme. Elle s'abstint de tout commentaire sur les pissenlits de dix centimètres qui avait poussés de manière  miraculeuse aux pieds de son mentor et se laissa imperméabiliser avant d'écouter ses instructions.

Pas de transplanage.
Pas d'aide.
Pas de  feudeymon -elle aurait été bien en peine d'en produire un vu son niveau de maîtrise du sortilège-.
Pas d'attaques contre la personne de son vénérable patron -aussi irritant qu'il puisse devenir-.

"Les instructions sont claires ? Bien, je te préviens, cette forêt n’est pas un petit bois moldu sympathique. Peut avoir des bestioles… assez peu orthodoxes. Enfin, tu verras bien par toi-même !"

Rabastan lui donna une accolade qui se voulait sans doute encourageante mais qui ne parvint qu'à envoyer Hécate pencher de deux centimètres vers la gauche, puis alla s'adosser à un arbre, la baguette à la main. Il avait l'air posé et surtout, bien décidé à ne pas bouger le petit doigt quand bien même son apprentie se ferait-elle attaquer par un troll à cette seconde précise. Elle était belle, l'élite combattante du Maître des Ténèbres! Mais si c'était ainsi qu'il voulait jouer ce jeu, la jeune femme aurait été bien mal avisée de le contredire. Après tout, continuer leur petit périple était peut-être la seule occasion qu'elle aurait jamais de le voir s'écrouler la tête la première dans une mare de boue et c'était une chose qu'elle n'aurait pas manqué pour un million de Gallions. Alors que le jeu commence!

Hécate se remémora rapidement les techniques de guérilla et de survie apprises dans son enfance. Elles lui étaient devenues naturelles au fil du temps. Première étape: observer son environnement. Terre mouillée mais stable, retenant bien les empreintes, arbres épais et feuillus parfaits pour le camouflage et propices à la récolte de fruits, temps frais et humide avec possibilité d'averse. Cela constituerait un problème pour le feu mais elle pourrait contourner cet obstacle avec un peu de magie. Quant au vent...faible voire inexistant. Excellent point: le vent portait les odeurs jusqu'au nez des prédateurs.
Seconde étape: prendre un peu de hauteur.

Hécate laissa tomber son sac au sol et repéra le chêne aux branches basses les plus épaisses. Jaugeant la hauteur, elle dégaina son couteau et le planta solidement dans le tronc avant de reculer puis de prendre son élan. D'un bond, elle prit appui sa la gaine large et massive de l'arme, se propulsant jusqu'à s'accrocher à une branche et se hisser dessus.

-Accio Couteau.

Rangeant la lame dans son fourreau, Hécate se lança à l'assaut des branches, sautant et faisant travailler les muscles de ses bras pour atteindre le sommet. La pluie déjà déposée sur les feuilles verdoyantes lui coulait sur le visage et une feuille s'était dors et déjà prise dans ses cheveux mais seule comptait la vue qu'elle obtiendrait une fois en haut. La jeune femme agrippa solidement le tronc tandis qu'elle atteignait les branches les plus fragiles, à la pointe de l'arbre, et regarda autour d'elle. La forêt s'étendait à perte de vue où que se porte le regard et suivait les courbes inégales du relief. S'offrait pour la première fois aux yeux d'Hécate la richesse infinie de la nature anglaise et elle murmura doucement:

-Les Pennines...

Il les avait emmenés dans la chaîne des Pennine Mountains, au Nord du pays. Un climat inamical et un terrain capricieux, parfait pour tester les apprentis et si possible, achever les plus faibles en court de route. Hécate fronça les sourcils et tourna sur elle même depuis son point d'observation. Rabastan lui avait ordonné de les sortir de la forêt mais cette dernière se déroulait telle une mer mouvante et bruissante dans toutes les directions...sauf une.
Là, les arbres continuaient pendant plusieurs bonnes dizaines de kilomètres avant de s'accrocher aux flancs d'un petit mont brumeux. Ils semblaient même se clairsemer au fur et à mesure qu'ils plongeaient dans le brouillard et Hécate réfléchit rapidement, pesant les coûts et avantages de la situation.

Il leur fallait traverser la distance qui les séparait de la brume et franchir ces hauteurs coûte que coûte. C'était le seul chemin viable au milieu de cet océan impénétrable de branches et de troncs. Toutefois, cela impliquerait un changement de terrain et une adaptation à un milieu qu'Hécate connaissait mal: la montagne. Au dessus d'elle, le ciel se plombait chaque minute d'avantage, et les premières gouttes de pluie entamaient leur chute, créant une douce mélodie au coeur de la forêt. Hécate sortit sa baguette et ordonna:

-Pointe au Nord.

L'arme frémit un moment et tourna sur elle même avant de pointer droit devant. Bien. Les montagnes se trouvaient donc vers l'Ouest et c'était le cap qu'ils conserveraient à partir de cet instant. Rangeant sa baguette, Hécate entama sa descente en prenant garde à ne pas déraper sur les branches glissantes du chêne, avant d'atterrir sur le sol avec un bruit mat. Récupérant son sac, elle le cala sur ses épaules et dit simplement:

-Vers l'Ouest.

Troisième étape: trouver un court d'eau vive. Cette dernière permettrait de conserver un point de repère, de se désaltérer, de nettoyer blessures et vêtements, ainsi que de se nourrir des plantes poussant sur les rives. En outre, elle les amènerait vers les montagnes plus efficacement qu'un fil d'Ariane. Tout torrent avait une source.

Hécate n'attendit même pas de savoir si Rabastan la suivait avant de se mettre en route. Elle sauta par dessus un tronc tombé au sol et tendit l'oreille. La pluie l'empêchait désormais d'entendre le clapotis distinctifs d'une quelconque rivière sauvage, ce qui la fit rabattre sa capuche devant ses yeux avec une moue. Aux grands maux les grands remèdes dans ce cas.

Elle se pencha vers le sol et écarta les feuilles qui le jonchaient, puis elle sortit de nouveau son couteau, avant de remonter l'une de ses manches. Observant, cherchant le meilleur endroit, la sorcière finit par lever la lame et tracer un profond sillon sanglant dans son poignet, le liquide écarlate se répandant sur le sol en une flaque rougeâtre. Elle accueillit la douleur avec impassibilité, peu désireuse d'étaler la douleur que provoquait ce genre de mutilation à Rabastan. Quand bien même se serait-elle arrachée un rein pour les besoins de l'exercice, elle n'aurait pas même flanché.
Une princesse ne gémit pas.
Une princesse ne crie pas.
Une princesse souffre en silence et fait ce qui doit être fait.

Le sang continuait de couler et hécate pressa son bras pour en faire jaillir un peu plus Quand elle estima le sol suffisamment rouge, elle leva les paumes vers le ciel et souffla:

-Ahota me, obehi me. Sangue donna e sangua es, sangua sara po ma poheïkon, ma odas, ma sohaval. (Aide moi et obéis moi. J'ai donné mon sang car sang tu es et restera pour ma protection, mes ordres et ma survie.)

Le sang eut un frisson puis lentement, se ramassa sur lui même et virevolta dans les airs en volutes écarlates et sombres avant de prendre la forme d'un animal. Vint en premier lieu le museau rond et long, puis les dents disparates, les yeux aux pupilles fendues, le corps écailleux, les pattes courtaudes, la crêtes dorsale tranchante et la queue. Le sang peignait sa propre image et se mélangeait à l'eau de pluie ainsi qu'à la boue, durcissant par endroits et restant fluides à d'autres jusqu'à ce que se tienne devant eux une créature telle que les bois anglais n'en connaissaient pas.

Imposant, le caïman de sang tourna la tête et fixa son oeil reptilien sur Rabastan comme pour demander une permission implicite à sa maîtresse mais Hécate hocha lentement de la tête.

-No naha him. Guidame alla aka. Torrano, reviera, watava. Se dagero, Hitti. (Non, pas lui. Mènes moi jusqu'à l'eau. Un torrent, une rivière, peu importe. Si tu vois un danger, attaques.)

Le saurien se détourna et paresseusement, se mit en route. Hécate le regarda s'éloigner le suivit,  passant le bout de sa baguette sur sa blessure tout en marchand. Ça cicatriserait. Ça cicatrisait toujours.
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MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" EmptyMar 14 Juil 2015 - 19:18

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Que d’empressement à la tâche : ça faisait plaisir à voir. De toute manière, Rabastan savait comment motiver des troupes récalcitrantes si besoin était. Mais il n’en aurait visiblement pas des masses besoin ce jour-ci. Elle ne marchait pas, elle bondissait presque. Il la regarda ausculter le terrain puis soudain elle laissa tomber le sac pour s’amuser à jeter un couteau sur le tronc d’un arbre. Elle lançait… plutôt bien. Lui ne se servait de couteau que quand il s’agissait de couper de la viande déjà cuite dans son assiette. Pas pour agresser des chênes. Puis sur ces entrefaits elle fila vers l’arbre si joliment attaqué pour sauter sur ses branches les plus basses. Mais Merlin, ce n’était pas une femme ; c’était un vrai singe ! Il la perdit des yeux quand elle s’enfonça dans les branchages luxuriants mais il se doutait qu’elle tentait de monter jusqu’à la cîme. Elle n’avait pas intérêt à tomber ! Il n’était pas très doué quand il s’agissait de réparer les fractures crâniennes. Il se tint prêt, au cas où il devrait lancer un sortilège pour amortir une éventuelle chute. Mieux valait prévenir que guérir. Même s’il n’était pas là pour intervenir, c’était plus un entraînement qu’une extermination : il n’allait pas la laisser crever s’il pouvait l’éviter. Il ne s’était pas douté qu’elle foncerait tête baisser pour jouer les koalas aux sommets de chênes bi-centenaires ! Elle finit par redescendre, et de sa petite expédition singesque elle ne tira qu’une seule conclusion : vers l’Ouest. Il la laissa dire sans rien laisser paraître sur son visage. Il aurait été bien en peine de lui affirmer ou infirmer quoi que ce soit puisqu’il avait transplané un peu au hasard dans la forêt : alors s’il fallait aller au Nord, à l’Est, à l’Ouest ou au Sud il n’en savait rien. Mais il pouvait toujours laisser croire qu’il était parfaitement au fait des choses : c’était une de ses spécialités. Et puis s’il y avait un soucis ils sauraient toujours se débrouiller. Ce n’était pas quelques arbres et quelques bestioles qui allaient arrêter Rabastan Lestrange.

Il la vit fiche le camp d’un pas énergique et la suivit, elle était capable de le laisser en plan et après bonjour pour se retrouver. Ce n’était pas bien difficile de suivre son rythme, elle n’avait pas des grandes jambes. Il leva le regard vers le ciel dissimulé par les feuillages : ils se recevaient déjà un joli petit nombre de gouttes de pluie : ce n’était pas ça non plus qui allait les déranger plus que ça. Il passa sa main dans ses cheveux ; l’unique chose qu’il pouvait envier à l’accoutrement de Shacklebolt était peut-être sa capuche. Et encore. De quoi aurait-il l’air avec ce genre de capuche ? Il aurait peut-être pu ramener son uniforme, songea-t-il avec une pointe d’amusement. Ça aurait rajouter une petite note morbide et conventionnelle au tout. Mais passer par-dessus des souches déracinées et à cotés de bosquets de ronce n’était sans doute pas un exercice facile lorsqu’on portait la longue robe noire traînante des Mangemorts.

Elle s’était brusquement arrêtée, si bien qu’il aurait pu lui rentrer dedans s’il n’avait pas fait attention. Elle s’était agenouillée et là voilà qui sortait un couteau et qui se mit à s’ouvrir le poignet. Eh ? Elle comptait faire quoi ? Semer des gouttes de sang pour retrouver son chemin ? Boire sa propre hémoglobine faute de trouver de l’eau ? Ou bien… Mais c’est qu’elle n’en perdait pas que quelques gouttes ! Il fronça les sourcils : il n’était pas apte à faire des transfusions sanguines comme ça, au petit bonheur, en pleine forêt. Alors c’était bien gentil de vouloir arroser les fougères avec son… Oh Merlin, elle se mettait à parler, dans cette langue bizarre. Ça n’allait pas jusqu’à lui foutre la chair de poule mais ça le mettait mal à l’aise. Il parvenait à comprendre quelques mots de ci de là mais la phrase générale, ou plutôt l’incantation puisque c’était ce que c’était, que dalle. De toute manière ce n’était pas comme s’il avait l’intention d’user de ce genre de magie chez lui sur son canapé. Bon, il ne savait pas trop à quoi s’attendre mais quand il vit le sang qui avait coulé à terre bouger, se rouler sur lui-même il bénit Merlin de l’avoir fait naître dans un pays aussi net que l’Angleterre. C’était un truc comme un crocodile. Comme un putain de patronus, mais en sang. Moche. Dégueulasse. Mais c’est qu’en plus il le vrillait du regard, cette bestiole, comme si elle voulait le bouffer. Rabastan fronça encore un peu plus les sourcils et ses doigts se serrèrent sur sa baguette : approche toi d’un centimètre saloperie et tu vas comprendre ta douleur… Même s’il ne savait pas évidemment pas quoi faire contre ce genre de créatures, ni même si elles avaient une quelconque sensation de douleur. Ouais, on leur apprenait pas ça à l’école. Là où avait grandit Hécate en revanche on leur montrait des drôles de trucs aux enfants. Drôle de pays.

La bête partit en avant et Hécate la suivit. Rabastan aussi, l’air toujours un peu dégoûté. Il la rattrapa pour se mettre à sa hauteur. Elle faisait glisser la pointe de sa baguette au-dessus de sa plaie sans cesser d’avancer. Il avait dit qu’il n’était là que pour observer mais il ne se gênerait certainement pas pour commenter, et même plus. Il s’empara de son poignet blessé, la faisant s’arrêter le temps de quelques secondes. Sans dire un mot, parce qu’il ne ressentait aucunement le besoin de se justifier, il passa son pouce sur la plaie, haussa les sourcils. Elle n’avait pas non plus perdu un litre de sang, mais il s’agissait pas d’une coupure que l’on peut se faire quand on tranche des oignons. Il la lâcha : « Désolé, nous pouvons repartir… » et il reprit sa marche, toujours en suivant le passage ouvert par ce qu’il décida d’appeler le patronus rouge faute de meilleur terme pour le moment. Il restait à son niveau. « C’est courant ce genre de magie, par chez toi ? » questionna-t-il sans tourner le regard vers elle, il gardait le ton désinvolte de celui qui s’intéresse mais que modérément. « Le genre "donner quelque chose pour avoir autre chose en retour" je veux dire ? Dois-je m’attendre à ce que tu sacrifie un bout de ton foie à un moment de la journée pour nous construire un balai volant ? Je te préviens, quand je disais qu’aucun sort ne devait me viser ça implique également que je ne souhaite pas que tu utilises mes organes pour nous sortir d’ici. » Il se doutait bien qu’elle n’oserait pas lui trancher la langue ou lui ouvrir le ventre pour en sortir sa rate ou quelque chose du genre (il ne se laisserait pas faire de toute manière) mais ne savait-on jamais, dans la transe de l’entraînement tout pouvait arriver… Il n’avait jamais eu affaire à une jeune femme avec ce genre de capacités avant. Tout comme elle dans cette forêt, il était lui aussi en terre inconnue quand il s’agissait d’évaluer ses dons. C’était pas une chose facile quand elle utilisait une magie qu’il n’avait jamais vu avant et encore moins utilisé.

Ils arrivèrent à un cours d’eau… Elle avait des bons réflexes. Le crocodile d’hémoglobine les attendait bien sagement près de l’eau. Est-ce qu’il se diluerait s’il entrait dans la rivière ? se demanda Rabastan, un peu intrigué. Après tout la pluie ne lui faisait aucun effet donc il n’y avait pas de raison pour qu’il se fonde s’il allait dans le cours d’eau, mais tout de même… Ça l’intriguait au plus haut point. La pluie créait des petites ridules sur toute la surface de la rivière qui s’écoulait plutôt paisiblement. « Bien, et maintenant Shacklebolt ? Tu as besoin d’un peu de temps pour mieux soigner ton poignet ? » Oui, certes c’était de l’intervention, mais il avait l’impression qu’elle serait capable de continuer même avec une jambe en moins et une hémorragie interne. Sauf que si elle mourrait, c’était lui qui se retrouvait avec un cadavre sur les bras et de la paperasse à remplir. Alors il préférait prendre ses précautions. Nul doute qu’elle allait lui répondre de manière offensée, cinglante ou ironique, mais au moins lui aura-t-il donné la possibilité.
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MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" EmptyMar 14 Juil 2015 - 23:35

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Le crocodile avançait à un rythme tranquille, la pluie glissant sur ses écailles sanglantes sans en emporter la moindre parcelle. Hécate pouvait presque le sentir chercher le court d'eau le plus proche et fort heureusement, la bête ne semblait pas hésiter. Elle avançait paresseusement à travers les feuillages, les buissons et descendait les pentes avec assurance. La créature était lente à première vue mais toute personne renseignée sur le monde sauvage savait quelles vitesses de pointe un saurien pouvait atteindre en cas de danger ou d'attaque. Vous cligniez des yeux, et il était sur vous. Vous preniez votre respiration et vous mordait déjà à la gorge. Les crocodiles étaient de sublimes créatures. Sublimes et incomprises.  

Alors qu'elle se faisait cette réflexion pour éviter de penser à la pente de plus en plus boueuse qui s'étalait sous ses pieds, Hécate sentit une main attraper son poignet et du se retenir de justesse pour ne pas riposter, sous l'effet de la surprise, par un coup de poing bien placé . Heureusement, elle parvint à se contenir et se contenta d'inspirer profondément pour se calmer alors que Rabastan inspectait son poignet. Il ne disait rien mais ses yeux restaient fixés sur la plaie et il passa même son pouce le long de la blessure pour en mesurer la profondeur. Hécate fut surprise de ce geste. Lestrange n'était pas particulièrement attentionné et se moquait de tout ce qui ne le concernait pas directement comme des calendes grecques. Pourtant, il haussa les sourcils et observa encore la coupure pendant un couple de secondes avant de lâcher:

"Désolé, nous pouvons repartir…"

Hécate se contenta de hocher la tête et rabattit sa manche sur son poignet. Le plus gros de la guérison était fait, le reste attendrait. Ils marchaient désormais l'un à côté de l'autre et Hécate sentait qu'il allait reprendre la parole. Il avait cet air d'une personne qui réfléchit à comment introduire le sujet de ses préoccupations et elle attendit sagement qu'il se décide à parler. Toutefois, elle s'autorisa un demi-sourire amusé: pour un mentor ayant juré de se faire aussi invisible qu'une pierre sur le bord du sentier, il se montrait fort bavard.

" C’est courant ce genre de magie, par chez toi ?"

Et bingo. Elle lui jeta un regard de côté et haussa un sourcil. "Ce genre de magie". Il avait vraiment l'art de mettre les formes.

"Le genre "donner quelque chose pour avoir autre chose en retour" je veux dire ? Dois-je m’attendre à ce que tu sacrifie un bout de ton foie à un moment de la journée pour nous construire un balai volant ? Je te préviens, quand je disais qu’aucun sort ne devait me viser ça implique également que je ne souhaite pas que tu utilises mes organes pour nous sortir d’ici."

La jeune femme haussa les sourcils si haut qu'ils disparurent sous sa capuche et avant d'avoir pu s'en empêcher, éclata de rire. Trébuchant un peu, secouée qu'elle était par son hilarité, elle balbutia des excuses entrecoupés de hoquet et finit par se reprendre à grand peine avant de se tourner vers Rabastan avec un air amusé. Cet homme était passé maître dans l'art de l'humour presque involontaire et il fallait bien avouer que cela égayait ses journées plus qu'elle ne l'aurait pensé au début de sa "formation". Rabastan avait une élocution patinée d'ironie et il semblait recevoir le sarcasme en intraveineuse mais il la faisait rire pour la simple et bonne raison qu'il se moquait du politiquement correct, un détail qui durant ces temps troublés aux voix étouffées était particulièrement raffraichissant. Avec un dernier éclat de rire elle lui répondit:

-Ne le prenez pas mal mais vous êtes tellement....anglais! Je ne compte pas vous énucléer pour me fabriquer des boucles d'oreilles, soyez tranquilles! et je vous préfère en un seul morceau, imaginez la paperasse que j'aurais à remplir sur votre prétendue "mort accidentelle au cours d'une séance d'entraînement"! je suis déjà surchargée!

Elle lui lança un sourire espiègle et repris:

-Cette magie est l'héritage de mon peuple. Quand nous avons exploré et conquis la terre d'Afrique, sa savane, ses bois, ses déserts et ses montagnes, nous n'avions pas de baguettes. Juste des amulettes et notre envie de vivre. Nos ancêtres ont utilisé leur sang comme de l'autre côté de la Méditerranée on utilisait le bois: ils en ont fait le vecteur d'une rage de vaincre, d'une puissance intérieure. Le sang à cela de supérieur sur le bois qu'il ne vous quitte pas. Ensuite est venu l'esclavage et les esclaves se sont mêlés aux habitants des îles des Caraïbes. De cette union sont nés les grands clans des Marais et des îles, que dirigent mes aînés. Nous avons gardée intacte la magie qui nous a maintenu en vie au travers des guerres et de l'oppression. Notre sang ne nous a jamais fait défaut et saigner nous permet de prouver notre force. Quand nous acceptons de saigner, nous montrons que nous n'avons peur de personne. Pas même de nous mêmes.


Elle fronça le nez et lança:

-C'est généralement le moment où tout le monde s'enfuit en courant ou va chercher sa fourche et sa torche! Mais comme je suis visiblement la seule à savoir où nous nous en allons, je ne vous conseille pas de vous éloigner! vous pourriez glisser, voire tomber. Quelle tragédie ça serait.

Sans lui laisser le temps de répondre elle descendit jusqu'au torrent que le crocodile avait déniché pour eux. Brave bête. Le cours de l'eau remontait bien vers l'Ouest et le courant était fort. Ils étaient sur la bonne voie. Souriant, Hécate passa sa main sur les écailles de l'animal et dit:

-Wedohn (bien joué)

La créature la regarda de ses iris écarlates et prit brièvement sa main dans sa gueule, la mordillant à peine comme pour jouer, à la manière des chiens. Hécate lui tapota le bout du museau et entendit Rabastan reprendre la parole.

"Bien, et maintenant Shacklebolt ? Tu as besoin d’un peu de temps pour mieux soigner ton poignet ?"

Elle se redressa presque immédiatement et la réponse jaillit, presque sèche:

-Non. Pas question de perdre trop de temps au même endroit. J'ai arrêté l'hémorragie et limité les risques d'infection c'est plus que suffisant. Nous devons atteindre le flanc de la montagne avant la nuit et nous n'avons pas encore parcouru un quart du chemin, nous serons chanceux si nous n'avons pas à dormir dans les bois cette nuit. Alors mon poignet attendra et le reste aussi. Je suis prête.


Elle n'était pas la reine de l'honnêteté sur ce coup là. Son poignet la lançait bien mais la douleur physique n'était pas une chose que l'on admettait, pas chez elle. On pouvait montrer la douleur de son coeur, celle que l'on ressentait à la mort d'un être aimé, on pouvait crier et pleurer, mais jamais parce que le corps avait été meurtri. Seule l'âme avait le droit d'être plainte. Et elle avait connu tellement pire qu'une entaille au poignet. En outre, Rabastan n'était pas une personne devant qui elle voulait faire preuve de faiblesse. Il l'avait choisie pour devenir sa disciple et les mots qu'il lui avait soufflés à l'oreille lors de leur première rencontre dansaient dans son esprit. Elle ne flancherait pas. Ni dans cette forêt, ni ailleurs, elle mourrait plutôt que de plier l'échine au milieu d'une épreuve et de tendre la main pour réclamer de l'aide. Ce n'était pas ce qu'on lui avait appris, pas ce qu'elle faisait dans l'adversité.

Elle attendait son heure dans l'attente de l'assaut ou attaquait sauvagement et prenait à la gorge. Mais elle ne suppliait pas. C'était cette mentalité qui l'avait poussée à attaquer Blackwood. Ce refus d'être quoi que ce soit d'autre que la protagoniste principale de ses combats. Ce refus de céder, de ployer sous le poids des injures, du mépris ou de la pitié. Elle acceptait la compassion et l'amitié, mais refusait l'assistanat.

Son bras meurtris attendrait donc. Elle avait une tâche à mener à bien et même si elle en ressortait trempée de boue et de sang, elle les sortirait de cette forêt à la force des poignets.
Parce qu'il le lui avait ordonné. Loyauté.
Parce qu'elle s'en savait capable. Détermination.
Parce qu'elle se savait aussi dangereuse et tenace que les créatures nées dans ces bois. Résilience.

Ils marchèrent un long moment le long de l'eau. Le terrain était devenu traître et glissant, si bien qu'Hécate avait finit par marcher dans l'eau du torrent, tout à côté de la rive. Outre le fait qu'elle ne risquait désormais plus de chuter la tête la première, cette méthode lui permettait de ne pas laisser de traces dans la terre désormais aussi malléable que de l'argile et de ne pas y laisser son odeur. La jeune femme ne savait pas quelles choses cette forêt abritait, mais être prise en chasse n'était pas quelque chose qu'elle appréciait outre mesure. Elle observait aussi les arbres, une habitude qu'elle avait prise plus jeune lors d'une chasse au Wendigo. Ces bestioles attaquaient toujours depuis la cîme des arbres et nombreux étaient ceux qui oubliaient de surveiller ce qui rôdait au dessus de leur tête.

S'écoula une heure, puis deux. Lassée d'écouter la pluie et le chant des oiseaux, Hécate ralentit et se mit à la hauteur de Rabastan avant de baisser les yeux sur ses mains.

-Sale marque que vous avez là. Une secrétaire vous a mordu en voyant l'état de votre bureau?

Elle eut un rictus presque moqueur.
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MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" EmptyMer 15 Juil 2015 - 21:21

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Rabastan n’était pas le genre de type face auquel on était sensé se plier de rire. Peut-être que quand il était jeune il avait fait rire sa maman de temps en temps mais même alors il n’avait pas vraiment les talents d’un boute-en-train, ni l’envie particulière d’en devenir un. Il préférait largement que les gens baissent les yeux plutôt qu’ils se pètent les côtes de rire. Enfin quoiqu’il en soit ses similis inquiétudes quand son éventuelle éviscération conduisit la jeune Shacklebolt à rire comme s’il venait de sortir une blague des plus caustiques et raffinées… Il la regarda se marrer un bon coup alors qu’il allongeait ses lèvres dans une moue tout à fait dubitative. C’était tellement étrange d’entendre quelqu’un rire. Ça arrivait si rarement ces derniers temps : lui-même ne devait pas avoir rit franchement depuis… depuis très longtemps et comme fait remarqué les gens ne s’esbaudissaient pas particulièrement quand ils étaient face à lui. Au moins ça prouvait qu’elle était à l’aise, pas de problème là-dessus. Elle daigna lui répondre une fois sa crise de rire passée, et commença par lui demander de ne pas s’offenser. La remarque qui suivit le fit hausser les sourcils : anglais ? Bien évidemment qu’il était tellement anglais. On lui avait foutu de l’extrait de la mère patrie britannique dans son biberon à sa naissance : en quoi est-ce que cela pouvait l’offenser d’une quelconque manière ? Il n’irait pas dire qu’il préférerait encore être un sang-de-bourbe anglais plutôt qu’un sang-pur étranger puisque ce n’était pas vrai mais l’idée était là. Alors oui il s’inquiétait quand il voyait ce genre de pratique salissante, c’était sans doute bizarre pour une femme habituée à en fiche partout mais c’était l’esprit du pays. Elle tâcha fort gentiment de le rassurer sur ce point : il était heureux de savoir qu’elle ne comptait pas lui arracher les globes oculaires pour s’en parer les oreilles, cela serait particulièrement horrible et surtout fort peu seyant. Mais elle cessa bien vite de rire pour en revenir à ce que la question de Rabastan soulevait implicitement comme interrogations : qu’est-ce que c’est que ces conneries hémoglobineuses ? Pourquoi ? D’où ? Comment ? Elle avait bien compris que sa préoccupation ne touchait pas ses organes vitales plutôt que la compréhension de la magie dont elle faisait usage. Alors elle lui expliqua.

Et Rabastan engrengea. Certaines remarques le faisaient tiquer : le sang ne nous quitte pas… c’était bien joli mais une fois les cinq litres épuisés, ben on mourrait. Et même avant. Il trouvait ça un peu… dur, comme magie. Mais elle pouvait se montrer utile quand on n’avait pas sa baguette sous la main, ce qui arrivait parfois plus rapidement qu’on le pense… Dans un sens il restait bien campé sur ses préjugés selon lesquels une baguette magique était ce qu’il y avait de mieux comme vecteur de magie, que perdre volontairement du sang et donc de la vitalité dans une situation de combat n’était pas vraiment quelque chose à privilégier mais d’un autre coté… Il trouvait ça assez pratique, même si plutôt barbare. Après sa petite mise au point culturel elle s’autorisa une petite remarque, il remarqua qu’elle fronçait le nez. Rabastan eut un petit rictus : « Il en faudra bien plus pour que je ne te vire à coups de pied au cul Shacklebolt. J’accepte toutes formes de magie si elles peuvent m’être utile. Et je me dois de te prévenir que si je tombe d’une quelconque manière ce sera bien plus une tragédie pour toi que pour moi. Tu ne veux pas que je perde ma bonne humeur… » Il n’y avait pas plus de menace ou de froideur dans son ton que de cheveux sur la tête du Magister, comme il le disait, il était de bonne humeur. Sa tolérance était toujours beaucoup plus importante dans ces moments là.

Elle refusa net de prendre plus de temps pour se soigner : il haussa les épaules, il s’en était un peu douté. Ce qui l’amusa fut qu’elle imaginait déjà la nuit à la belle étoile, bien en voilà une qui ne se bornait pas à la minute M de le l’instant T. Elle n’avait pas l’espoir qu’il la ramenerait tranquillement dans son salon quand le soleil se serait couché. C’était déjà ça de pris. Il la suivit, descendit marcher dans la rivière quand elle décida de le faire : ses vêtements étant imperméabilisés ça rendait la chose beaucoup moins désagréable, même si marcher à contre-courant était un exercice qui demandait une certaine endurance à long terme. Il continuait de pleuvoir cette petite pluie sympathique du Nord du pays tandis que le temps passait. Il ne pensait pas à grand-chose hormis savourer le contact des gouttes d’eau sur son cou, l’air frais qui glissait contre ses oreilles, l’odeur des feuilles trempées, le son de leur pas dans l’eau. Juste devant lui elle ralentit un peu l’allure pour qu’ils se retrouvent de nouveau côte à côte. Moui ?. Il s’était attendu… non il ne savait pas à quoi il s’était attendu puisqu’il n’eut même pas le temps de réfléchir avant qu’elle ne vienne s’enquérir du pourquoi et du comment de l’état de ses mains. Presque désarçonné pendant un instant il jeta lui-même un regard vers ses mains pour se rendre compte qu’en effet, on pouvait toujours y voir les traces des quenottes de Bulstrode sur la droite, de très fines traces de griffures sur la gauche. Parce qu’il ne savait pas du tout gérer un sort de soin, et parce qu’il avait autre chose à faire que de demander à quelqu’un de le faire pour lui. Le souvenir de la scène lui revint en mémoire et il sentit sa bonne humeur redescendre comme le mercure d’un thermomètre qu’on viendrait de foutre dans un frigo.

« Quand bien même je débarquerai au Ministère avec la moitié de la tête brûlée et une jambe en moins ce ne serait pas tes affaires. Sauf si bien sûr tu es la personne responsable de cet état… Et dans ce cas là je ne te conseillerai pas de chercher à faire la conversation. » Pour le coup sa voix était descendue de quelques degrés aussi mais son visage ne changeait pas. « Le responsable de cet état-ci regrette et continuera de regretter son geste… Tant de regrets (il soupira), ça me remplirait de tristesse de devoir te faire aussi regretter ta curiosité Shacklebolt. » Que de mensonges : il n’avait pas encore tout à fait fait ravaler l’affront à Loletina mais il était en très bonne voie, amateur qu’il était des punitions sur le long terme et évidemment cela ne le remplirait aucunement de tristesse de remettre Hécate à sa place. Simple question de phrasé et de politesse. « Quoiqu’il en soit, tu n’as pas à t’inquiéter même si je doute fort que l’inquiétude était ta première motivation en faisant cette remarque. » Bon, voilà… Il aurait pu continuer et enfoncer le clou tout comme il pouvait s’arrêter. Mais il n’eut pas le temps de faire un choix : les arbres autour d’eux, à leur gauche, se mirent à frémir… le mot est faible, à craquer et à ployer. Rabastan écarquilla les yeux, plutôt content : « Bien voilà nos gentils petits lapins forestiers à ce que je vois… Avec un peu de chance quelque chose est en train de foncer droit sur nous… » Il ne se trompait pas, quelques instants après deux immenses créatures apparurent près de la rive gauche. Deux créatures qui devaient bien mériter leur deux mètres cinquante, si ce n’est plus il n’était pas excellent juge pour les tailles, et qui se faisaient couramment appeler des trolls… Trolls des forêts il dirait plutôt vu le physique, même si étant donné leur proximité avec les monts, ça aurait très bien pu être le jackpot et être des trolls des montagnes. Mais bon, il y en avait deux, il n’allait pas se plaindre. Sauf que les deux ne faisaient pas des masses attention à eux puisqu’ils étaient en train de se battre comme des chiffoniers… Vexant. Il se tourna vers Hécate : « Tu te sens d’attaque ? » puis sans attendre sa réponse il leva sa baguette et créa une petite déflagration à quelques mètres des deux monstres, histoire qu’ils remarquent leur présence un minimum. Non mais, il n’était pas venu ici pour se faire snober par les bêtes qui y vivaient !
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MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" EmptyJeu 16 Juil 2015 - 15:13

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Quelqu'un se sentait visiblement d'humeur ronchonne tout à coup. Hécate ne broncha pas tandis que Rabastan l'envoyait proprement et simplement sur les roses. S'il ne voulait pas en parler, c'était que le sujet était sensible. S'il était sensible, c'était qu'il était embarrassant et s'il était embarrassant, il était probablement hilarant pour elle. Quelqu'un l'avait mordu. Il n'y avait rien de bien étonnant à ce qu'il la joue "pianissimo" et se retranche derrière son armure de porc-épic, protection qu'il portait comme une seconde peau et à laquelle Hécate était désormais habituée.
C'était une des choses à savoir avec Lestrange: son humeur était changeante et son caractère volatile, mais il préférait les réflexions hargneuses et menaçantes aux véritables éclats de colère. Il n'hésitait pas à promettre l'équivalent du purgatoire à ceux qui outrepassaient les limites de la bienséance avec lui et il était tout à fait capable de le leur donner.
Hécate savait qu'il lui collerait un endoloris entre les deux yeux si un jour elle s'avisait de dépasser les bornes. Aussi ne voulait-elle pas vraiment imaginer ce qui était arrivé -ou arrivait en ce moment même- au "mordeur du niveau 2". Ou plutôt à la mordeuse: la taille des marques indiquait une dentition trop peu imposante pour appartenir à un homme et qui d'autre qu'une femme aurait griffé en plus de mordre?

La jeune femme leva les mains en signe de reddition et de ce ton si particulier dont on ne pouvait jamais vraiment dire s'il était respectueux ou proprement impertinent, dit:

-Toutes mes excuses, Monsieur.

"Quoiqu’il en soit, tu n’as pas à t’inquiéter même si je doute fort que l’inquiétude était ta première motivation en faisant cette remarque."

Quelle mauvaise langue. Certes, Hécate ne reculait jamais devant l'opportunité de se moquer d'absolument tout le monde mais elle n'était pas sans coeur et elle trouvait relativement naturel de s'enquérir de l'état physique de son mentor. La relation maître-apprentie était dans son esprit fondée sur des principes immémoriaux, ceux de l'apprentissage, de l'assistance et de la protection mutuelle. Enfant, elle avait été été instruite, aidée et protégée par son précepteur, à qui elle avait par la suite sauvé la vie en de multiples occasions. Elle se souvenait de son visage ridé et marqué d'une longue balafre, de son oeil gauche aveugle et de ses boucles d'oreille en or, de son accent chantant. Il avait été dur avec elle, impitoyable même mais il lui avait appris ce qu'elle devait savoir avant de remettre sa formation magique avancée à sa propre soeur, Léonora St Marc, la grand mère d'Hécate. Un maître n'était pas seulement un formateur il était un guide et quel genre d'élève ignorait l'état physique de son mentor lorsque celui çi "arrivait au bureau la moitié de la tête brulée et une jambe en moins"?
Un élève de merde.

Mais Rabastan était un mentor particulier et un homme spécial. Comment le blâmer d'envoyer se faire voir chez les grecs ceux qui le questionnaient sur sa vie ou plus simplement, sur ses blessures? Personne n'avait eu pitié de lui durant la première guerre des sorciers et encore moins lorsqu'il avait été emprisonné à Azkaban. Personne ne lui avait demandé d'où venaient ses blessures, s'il avait besoin d'aide, s'il désirait de l'aide. Les mangemorts n'étaient pas connus pour leur sens de l'entraide et les détraqueurs n'avaient pas la réputation d'être des geôliers prévenants. Lestrange avait du encaisser plus de coups, d'endoloris et de plaies que la majorité des hommes de son âge et apprendre à s'en remettre seul. Hécate avait entendu parler d'Azkaban...de ces détenus qui, rongés par le désespoir, en venaient à s'auto-mutiler dans l'espoir de tirer leur esprit hors de la torpeur dans lequel il était plongé, et parfois avec le désir de mourir. S'était-il blessé de la sorte? volontairement? comment avait-il guéri dans l'humidité froide des cellules?
Beaucoup de questions. Aucune réponse. Un fait: il était là. En vie. Et cela voulait dire qu'il était fait du métal le plus résistant, le genre qui ne s'obtient qu'au travers d'un traitement rigoureux. Il ne voulait pas que qui que ce se soit mette le nez dans ses affaires, quand bien même les intentions de la personne seraient-elles louables et Hécate comprenait. Ou du moins...elle pensait comprendre. Peut-être se trompait elle, peut-être n'était-il qu'un odieux personnage dénué de la moindre éducation mais elle savait d'expérience que les choses étaient rarement aussi simples, surtout chez les hommes de guerre.

Alors elle se remit à marcher, pensive, jusqu'à ce qu'un vacarme assourdissant retentisse sur leur gauche. Par tous les samedis, qu'est ce que c'était que ça?!

"Bien voilà nos gentils petits lapins forestiers à ce que je vois… Avec un peu de chance quelque chose est en train de foncer droit sur nous"


Oh quelle chance en effet! un contretemps de plus à mettre sur leur programme déjà bien chargé! Hécate était à la limite de l'euphorie! Avec un regard noir en direction de Rabastan, elle sortit sa baguette et se pencha légèrement en avant, prête à bondir.
Quand elle vit les deux immenses masses couleur mousse apparaître devant eux elle eut une moue de dégoût. Les créatures devaient faire entre deux mètres cinquante et trois mètres de haut et autant de larges. Des muscles saillants, une peau épaisse et rappeuse parsemée de pustules et de lichen, des nez écrasés, des nez porcins et des yeux minuscules, des oreilles en choux-fleur, des ongles longs couleur terre et nervurés.

Des trolls des forêts. O joie, félicité et enthousiasme: elle détestait les trolls.

Les brutes au cerveau atrophié semblaient bien décidées à s'enfoncer mutuellement l'arcade nasale à l'intérieur du crâne à l'aide de leurs massues faîtes de troncs et de rocs sommairement attachés au bout de ces derniers par des liens de racines et de lierre. Ils poussaient des borborygmes graves et se disputaient sans prêter attention aux deux sorciers, ce qui convenait parfaitement à la jeune sorcière. Avec un peu de chance ils pourraient contourner cet imposant obstacle et...

"Tu te sens d’attaque ?"

Hécate écarquilla les yeux, doutant d'avoir bien entendu et regarda Rabastan d'un air éloquent: il n'avait même pas intérêt à y penser. Elle retint un juron quand elle le vit sortir sa baguette. Il allait le faire par Merlin! Il allait le faire, mille tonnerres de mille sabords!

Il l'avait fait.

-Mais qu'est ce qui ne va pas chez vous?! s'écria-t-elle.

Elle entendit le rire sec de son mentor et  recula alors que les trolls fonçaient vers eux, désormais trop attirés par la perspective d'un repas pour se battre entre eux. Hécate vit le premier se diriger droit vers elle, le second s'attaquant à Rabastan.

La jeune femme eut tout juste le temps de se jeter sur le côté avant que la massue de crée un cratère là où elle s'était tenue juste une poignée de secondes auparavant. Atterissant dans l'eau de la rivière, elle se releva et courut se mettre à couvert tout en cherchant à mobiliser toutes ses connaissances sur les trolls des forêts.

Vue pauvre, ouïe et odorat développés. Peau réfractaire à la plupart des sortilèges et impossible à percer. Deux points faibles et deux seulement: leurs yeux de la taille de balles de tennis et l'arrière de leur crâne, à la naissance de la colonne vertébrale. Voilà qui l'avançait bien. Le coeur lancé à trois cent à l'heure, le respiration sifflante, Hécate jeta un rapide regard vers la rivière, que le troll traversait lentement en reniflant. Derrière, Rabastan s'escrimait avec le second et envoyait sort sur sort, visant l'immonde trogne de la bestiole. Hécate réfléchit rapidement tandis que le troll se rapprochait à pas lourds.
Un coup de massue et elle était morte, mieux valait donc désarmer l'adversaire en premier lieu mais pour avoir les quelques secondes nécessaires à une attaque elle avait besoin d'une diversion. Cette dernière lui apparut toute trouvée et elle murmura:

-Hitti.

L'alligator rouge, qui était jusque là resté près de la rivière, aussi immobile qu'une statue, s'anima de nouveau à l'appel de sa maîtresse. Ouvrant la gueule, il vissa ses yeux sur le troll et traversa la rivière avant de se jeter sur la jambe du troll. Ce dernier baissa les yeux vers l'agaçante petite chose rouge occupée à lui déchiqueter le bas de la cheville et leva sa massue avant de la fracasser contre le crâne du crocodile. Le sang vola dans toutes les directions, ce qui arracha au troll un rire caverneux, qui s'interrompit vite. le liquide rouge revenait se ramasser sur lui même et reprenait la forme animale qui était la sienne.
Avec un grognement, le troll se détourna cette fois complètement de l'arbre derrière lequel Hécate se dissimulait et leva son arme aussi haut que possible. Ce fut le moment que choisit la jeune femme pour sortir à découvert.

-CONFRINGO!

Un éclair bleu jaillit de sa baguette en bois de cyprès et fila vers la massue, qu'il percuta de plein fouet. S'ensuivit une redoutable explosion qui désintégra l'arme, envoyant voler en tout sens des éclats de bois et de pierre, dont l'un atteignit Hécate en pleine tête.

Chancelante, la sorcière fit un pas en arrière et son dos heurta le tronc de l'arbre. Du sang coulait de son front et lui brouillait la vue. Elle vit le crocodile rouge frémir puis se dissoudre brutalement dans l'eau de la rivière.

-Merde...

Plus assez de concentration pour le maintenir à l'état solide. C'était désormais un face à face tout ce qu'il y avait de plus classique entre elle, moustique de son état, et l'ignoble troll qui reprenait désormais ses esprits avec moult hurlements. Il porta sa main poilue à son visage et Hécate constata qu'un éclat de bois de la taille d'une poutre s'était fiché dans son oeil droit. Le sang noirâtre de la bête coulait sur le sol et il rugit si fort que la clairière en trembla. La bave aux lèvres, il fixa Hécate de son oeil valide et chargea.

-Deprimo! s'exclama Hécate en pointant sa baguette vers le sol.

Il y eut un tremblement, une explosion et le lit de la rivière s'affaissa sur lui même, forcé de s'écrouler par le sortilège. Le Troll perdit l'équilibre, trébucha et avec un grognement, tomba la tête la première dans le gouffre qui ne cessait de s'élargir. De son bras gigantesque, il s'accrocha au sol, tenta de se hisser sur la terre ferme et Hécate se prépara à envoyer un nouveau sortilège mais elle n'en eut pas le temps. D'une formidable poussée, le troll tendit la main vers elle et la balaya comme un fetu de paille avant de la saisir par la taille et de la tirer vers lui.
Avec horreur, Hécate sentit sa baguette lui échapper et son corps glisser vers le gouffre.
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MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" EmptyVen 17 Juil 2015 - 4:11

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« Mais qu’est-ce qui ne va pas chez vous ?! »Selon un panel de plusieurs personnes prises au hasard dans la rue sans distinction d’âge, de sexe ou d’ethnie : beaucoup de choses. Certains iraient même jusqu’à remettre en doute l’existence chez lui d’un instinct de survie, ce qui était complètement tiré par les cheveux. Rabastan Lestrange était au contraire doté d’un fort instinct de survie (nécessaire pour survivre plus de cinq ans dans le milieu Mangemort et comme il pouvait se vanter d’être dans cette classe à haut risque depuis plus de vingt ans, on ne pouvait pas lui nier ça) c’était juste qu’il ne se dénotait pas de manière particulièrement conventionnelle. D’aucuns diront qu’en effet attirer l’attention de deux trolls n’étaient pas une chose à faire quand on voulait voir un nouveau jour se lever, à ceux là Rabastan leur répondra qu’il faudrait bien plus que deux bestioles aux cerveaux atrophiés pour venir l’empêcher de boire son café le lendemain matin, et que plus qu’une affaire de survie, c’était une affaire de pédagogie. Comment pourrait-il mesurer la débrouille de Shacklebolt si elle n’était confrontée qu’à des cours d’eau et des sols glissants ? Il fallait un peu d’action par Merlin, et comme Mère Nature était trop occupée à faire se battre ces potentielles actions entre elles, il fallait bien attirer leur attention. Bon, ça ne plaisait pas à Shacklebolt, mais comme c’était lui qui commandait et pas elle, eh bien il s’en moquait comme de sa première chocogrenouille. De toute manière, comme qui dirait, il avait les choses bien en main.

Bon évidemment ils ne foncèrent pas tous les deux en direction d’Hécate : dans un sens ce n’était pas une mauvaise chose, c’eut été peut-être un peu délicat de s’occuper de deux trolls à la fois. Le seul problème c’était que celui qui n’avait que faire de la jeune louisianaise semblait trouver le Lestrange fort intéressant. Un intérêt qui n’était pas réciproque : Rabastan n’accordait pas plus d’attention aux trolls qu’aux acariens qui peuplaient son tapis (pas l’Axminster, celui là était tout à fait dépourvu de ces nuisibles). Mais il fallait avouer que quand une grande masse lui fonçait dessus il révisait légèrement son jugement. Bien bien, il se chargerait de celui-là puisque la non-intervention à ce stade le conduirait soit à transplaner (ce qui était hors de question car pas très loyal d’interdire un procédé qu’on se permettrait par la suite) ou bien à finir broyer sous une massue (ce qui n’était pas non plus la façon de mourir que Rabastan désirait connaître). Il fallait donc mettre la main à la pâte. Avec motivation comme toujours. Il affirma sa prise sur sa baguette après l’avoir machinalement fait tourner entre ses doigts. Bien bien bien… Il ne faisait nul doute que l’animal avait le physique de son coté mais Rabastan espérait qu’il l’emportait quand il s’agissait du cérébral ; il ne devrait pas y avoir trop d’angoisse. Bon, c’était clair que les sorts étaient sur eux beaucoup moins efficaces : il n’avait jamais tenté un Avada sur un troll et se posait à présent de savantes et métaphysiques questions sur la capacité de ces créatures à survivre à ce sort, mais où serait le challenge si la créature s’écroulait en deux temps trois sorts ? Il se posait surtout des questions sur le possible ricochet du sort sur la peau du monstre, un ricochet qui sera plutôt… à éviter compte tenu de la nature du sort envisagé. Bon, pas d’Avada pour sûr. Pas de Doloris non plus, pour son plus grand malheur, parce qu’un troll à l’agonie était sans doute plus dangeureux qu’un troll en pleine forme. Quant à l’Imperium… Cela devait nécessité la présence d’un cerveau à peu près construit, ce qui n’était selon lui pas le cas de ces bêtes. Autant pour la Triade. Enfin, il savait s’en passer s’il le fallait. Il évita le premier coup que tenta de lui porter la bestiole en constatant avec une once d’admiration le gros trou que la massue avait laissée dans le sol : ah oui quand même…

Il fallait viser les yeux. Mais c’était difficile de viser quand la créature tanguait comme un bateau pris dans la tempête. Rabastan peinait à maintenir un contact visuel alors de là à viser les globes oculaires avec sa baguette ! Ce serait tout de suite une autre histoire. Bon, comme il eut assez vite marre d’esquiver les attaques et de lancer de temps à autre des reductos et autre joyeusetés du même genre dans la face du troll, il envisagea une autre technique. Certes Mère Nature n’apprécierait certainement pas, mais comme il s’en fichait pas mal, ça n’allait ni le retenir ni l’empêcher de dormir. Il se rapprocha un peu plus des arbres et évidemment la bêbête le suivit comme s’il était fait en pâte d’amande. Il se choisit un bon arbre (pas trop épais ni trop haut par ailleurs) et utilisa un sort de découpe pour commencer à lui scier le tronc. « OOONRK ! » PAAFF Rabastan regarda en clignant bêtement des yeux l’arme massive de son ennemi du moment qui venait de se ficher dans le sol à quelques centimètres de sa petite silhouette. Pas de dégâts physique hormis un cœur qui battait maintenant à un rythme intéressant et ses vêtements qui se retrouvaient plein de terre. Saloperie… Il fit quelques pas en arrière : ces trucs étaient diablement tenace et ça commençait à l’agacer. Surtout qu’en même temps il se devait de garder un œil sur Shacklebolt qui pour le moment… Eh bien pour le moment elle avait réussi à éliminer Madame Massue de l’équation ce qui était… fichtrement pas débile. Il s’en voulait de ne pas avoir eu ce réflexe plus tôt. Enfin, maintenant il avait presque fini son plan, il n’allait pas trop se fustiger. Il aurait aussi très bien pu faire brûler la base de l’arbre pour accomplir ce qu’il souhaitait mais vu la densité de la forêt et les préoccupations que les deux zozos monstrueux apportaient avec eux, il craignait de ne pas réussir à contrôler un feu un tant soit peu important. Ravager la forêt n’était pas sa priorité. Enfin, le tronc céda et grâce à un sortilège de lévitation Rabastan put lentement et prudemment mais sûrement faire voler un arbre d’un poid honorable dans les airs. Et qui allait se prendre ça dans la tronche maintenant ? Il suffisait de bien viser et il allait lui fracasser le crâne à ce monstre…

Il avait trouvé un angle de tir intéressant et il allait passer à la riposte (après de longs moments de danse d’esquive il était grand temps selon Rabastan) quand il entendit la voix de Shacklebolt hurler un sort. Machinalement il tourna son regard vers elle : toujours près de la rivière. Elle semblait s’en tirer plutôt bien. Elle avait créer avec son sort un gouffre dans lequel n’allait pas tarder à sombrer son adversaire. Parfait. Il allait retourner à ses propres affaires, mais juste au moment où ses yeux allaient se rediriger vers son imposant mais peu honorable opposant, il la vit. Pas en si bonne posture que ça. Merde. Est-ce qu’elle pouvait en mourir ? Est-ce qu’elle pouvait s’en sortir ? Merde. C’était difficile d’évaluer. Alors qu’il observait la scène tout en hésitant entre aller l’aider ou bien la laisser se débrouiller comme il l’avait si gentiment annoncé en introduction, le troll, lui, ne se plongeait pas dans ce genre de réflexions : « AOOONRF », et tiens ma massue dans tes dents. Bon, s’il n’y avait pas eu l’arbre qu’il fit léviter à temps sur le coté du troll pour l’envoyer bouler un peu plus loin, il serait certainement soit mort soit en grand danger de ne plus jamais retrouver ses compétences cérébrales dû à un choc massif à la tête. Il regarda le corps du troll coincé par le tronc arraché bouger quelque peu, mais la créature devait être assez sonnée et n’allait pas tout de suite lui recoller les basques.

Il avait autre chose à faire. Il transplana pour réapparaître à quelques centimètres d’Hécate, il avait en effet assez perdu de temps en raisonnements, questionnements, jardinage, désouchage et assomage de troll et il n’était pas question de perdre plus de temps en faisait le trajet arbre arraché / rivière à pied. En plus vu l’ébullition cérébrale dans laquelle il se trouvait il aurait eu de fortes chances de trébucher, ce qui l’aurait considérablement ralenti. Donc bon, il transplana, et cela ne comptait pas dans les règles. Il attrapa Hécate par le bras d’une main et de l’autre visa le visage du monstre avec sa baguette. Bien, il avait déjà un œil de moins… Parfait, et comme il ne bougeait pas des masses celui-là il n’eut pas trop de mal à frapper l’œil gauche : « Incendio » Un charmant petit bruit accompagna la destruction du globe oculaire tandis qu’une vague odeur de brûlé emplissait l’atmosphère. Sous le coup de la douleur le troll relâcha sa prise, ce qui était compréhensible, et Rabastan, put la tirer de là pour la ramener sur un sol plus stable. Comme les hurlements de la bête martyrisée par les deux campeurs du dimanche lui tapait sur les nerfs il tourna une fois de plus sa baguette vers la masse qui tentait toujours se s’agripper au rebord de la faille dans laquelle il tombait pour murmurer : « Silencio » et enfin, les cris cessèrent. Il avait aidé Hécate à se remettre debout et la maintenait par les épaules, au cas où elle ne tiendrait pas très bien sur ses deux jambes. Ils avaient toujours les deux bestioles sur les bras : une en train de couler allègrement et l’autre sans doute toujours à se débattre avec la semi-inconscience et le tronc d’arbre, mais ils seraient facile à achever maintenant. Enfin tout du moins l’espérait-il. « Tout va bien ? Rien de cassé ? » demanda-t-il à Hécate en scrutant son regard sombre. « Pas trop sonnée non plus ? » c’était presque le plus important. Son état physique n’était pas au top, elle avait pris des coups mais comme il commençait à la connaître elle allait sans doute lui cracher que ce n’était rien. En revanche il voulait bien savoir si elle était en état de se tenir debout, de réfléchir posément, de marcher… Quand on venait de se faire balayer par une bête de cette taille, ça pouvait laisser des petites séquelles temporaires au niveau psycho-moteur. « Autant pour la non-intervention. Tu me pardonnes j’espère…» Il tentait d’avoir un ton paternaliste, non pas qu’il se sentait coupable de l’état de son apprentie ou de la tournure qu’avait prise les choses (tout était sous contrôle…) mais parce qu’il estimait qu’elle le méritait. Si tu te sens de le faire, tu peux nous achever ces deux monstres... L’autre est coincé sous un tronc, par là. Enfin, il peut toujours le soulever et se décoincer mais pour le moment il doit être un tout petit peu dans les vapes… » Normalement ils ne devraient plus poser de problème. Normalement. Tout est sous contrôle.
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