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sujet; "Comment ça on est perdus?!"
MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" - Page 2 EmptyVen 17 Juil 2015 - 11:50

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Hécate se sentait tirée vers l'arrière et tendait désespérément le bras vers sa baguette quand un bruit sonore et un panache de volutes noires lui indiquèrent que Rabastan venait....de transplaner.
Elle avait visiblement décroché pour mentor l'incarnation humaine du "faîtes ce que je dis, faîtes pas ce que je fais" mais elle n'allait pas s'en plaindre, pas au moment où tout tricheur qu'il était, il était en train de lui sauver la vie. Quand elle sentit la poigne du troll se désserer, la jeune femme rampa dans la boue pour se mettre hors d'atteinte et essaya de se mettre debout, tâche que l'adrénaline rendit plus ardue que prévu.
Avec surprise, la sorcière sentit deux mains énergiques la saisir par les épaules et la remettre sur ses pieds. Ca c'était une première: elle n'avait pas souvenir que qui que ce soit l'ait jamais littéralement remise sur ses pieds et elle eut même la drôle d'impression d'être un paquet de plumes, vu la facilité avec laquelle Rabastan la souleva presque par les épaules.

« Tout va bien ? Rien de cassé ? Pas trop sonnée non plus ? »

Hécate hocha la tête lentement mais d'une manière légèrement désordonnée, de manière à ce qu'il ne puisse pas vraiment dire si elle infirmait ou affirmait ses dires, puis souleva le bas de son débardeur désormais si crasseux qu'elle avait l'impression d'être un tas de boue ambulant. Le troll l'avait saisie par les hanches et elle avait une chance de pendu qu'il ne lui ait pas broyé le bassin, mais des hématomes violacés apparaissaient déjà depuis ses côtes jusqu'à sa hanche, un pour chaque doigt que la créature possédait. Elle tâta son côté gauche, puis droit.
Ah.
Côtes douloureuses...une...deux...trois..fêlées, voire fracturées. Elle respira à fond et sentit effectivement une douleur aigue lui percer la cage thoracique. C'était fort gênant, elle aurait besoin d'un moment pour inspecter les dégats avant de reprendre la route. un exercice de survie en milieu hostile avec une côte cassée relevait plus de la mission suicide que d'autre chose. Si une côte brisée venait lui percer le poumon, elle repartirait de cette forêt les pieds devant.

-Quelques côtes endommagées, je survivrai, dit-elle en portant la main à son front pour tâter sa blessure, et je crois que j'ai toute ma tête...vous par contre c'est une autre histoire...

Il dut mettre sa reflexion sur le compte du choc car il ne la releva pas et la regarda attentivement comme pour jauger de ses aptitudes psycho-motrices avant de lâcher, un demi sourire  sur les lèvres:

« Autant pour la non-intervention. Tu me pardonnes j’espère… »

Elle lui rendit son sourire en coin et leva les yeux au ciel.

-Après avoir lâché ce balourd sur moi, me sauver la mise était la moindre des choses vous ne pensez pas?....mais merci tout de même. Je vous le revaudrai.

Il y eut un moment de pause dont Hécate profita pour récupérer sa baguette et l'essuyer sur son pantalon. Bien, bien, bien. La situation semblait visiblement apaisée. Ils formaient une relativement bonne équipe.

« Si tu te sens de le faire, tu peux nous achever ces deux monstres... L’autre est coincé sous un tronc, par là. Enfin, il peut toujours le soulever et se décoincer mais pour le moment il doit être un tout petit peu dans les vapes… »

Elle regarda par dessus l'épaule de Rabastan, curieuse de voir ce à quoi un troll cloué au sol pouvait bien ressembler. Mais ce qu'elle vit ne fut pas ce à quoi elle s'attendait. "Un tout petit peu dans les vapes"?! Ce troll était bien vivace et il tenait un tronc par Merlin!! elle eut à peine le temps de réagir alors que la créature projetait l'arbre tout entier dans leur direction avec une force titanesque.

-ATTENTION!

Elle se baissa brutalement et faucha les jambes de Rabastan, le faisant chuter dans la boue sur le dos juste au moment où le tronc fendait l'air à l'endroit où la tête du mangemort s'était trouvée une seconde auparavant. Le troll poussa un rugissement de colère et Hécate le vit courir vers eux, sa massue à la main. Il la leva et visa Rabastan comme si Hécate n'était tout simplement pas là. Elle aurait du le savoir: les trolls n'avaient pas l'intelligence suffisante pour gérer plusieurs adversaires à la fois, encore moins des individus aussi remuants qu'eux.

Se levant, elle écarta les bras et se déplaca vers le côté.

-Hey! par ici tas de moisis! Regardes ici!!

Le troll se détourna en reniflant et la fixa un moment avant de flairer: elle sentait le sang. Une proie blessée, plus facile à atteindre....le mâle attendrait. Pour le moment, ce repas là fuyait déjà et il sentait différemment de tous les petits humains qu'il avait eu l'occasion de déguster ces dernières années. Un plat venu d'ailleurs. Le troll se détourna de Rabastan et ouvrit la gueule, la bave aux lèvres.

-C'est bien! restes concentré sur moi, mon gros! allez! viens!

Ses côtes la lançaient mais il était trop tard pour reculer. Elle frappa dans ses mains et soudain, le troll sembla imploser de colère. il se rua sur elle et leva sa massue.

-Merlin, faîtes que ça marche....

Quand l'arme s'abattit sur le sol avec fracas, Hécate roula sur le côté et dut retenir un cri de douleur. Si ses côtes n'étaient pas brisées auparavant, elles l'étaient désormais. Mais le but visé était atteint: la massue était fichée dans la boue gluante et le troll tirait dessus pour l'en extraire, provoquant un bruit un de succion répugnant. Profitant de l'ouverture, Hécate se leva et courut, sautant sur l'arme et l'escaladant avant de sauter sur l'épaule du troll. Ce dernier agita le bras pour chasser l'irritant moustique désormais perché sur lui et Hécate esquiva l'assaut d'un cheveux.

La jeune femme dansait sur le fil du rasoir et couteau à la main, visa. Un essai. Pas plus. D'un bond, elle s'accrocha à l'oreille du troll d'une main et se balança dans son dos avant de planter la lame de son couteau dans la base  de son cou, là ou la peau était si fine qu'elle laissait entrevoir la première vertèbre de la créature. Un jet de sang épais et chaud éclaboussa Hécate toute entière et la sorcière incisa avec son couteau jusqu'à sentir l'os céder sous la pression du métal. Le Troll poussa un hurlement et se secoua dans tous les sens, envoyant Hécate rouler dans la boue. Il resta debout un moment, écumant, convulsant, les yeux exorbités puis tomba en avant et s'écroula face contre terre, un flot régulier de sang continuant de s'écouler du dessous de son crâne.

A genoux dans la terre, trempée d'hémoglobine, une nouvelle contusion sous l'oeil gauche, Hécate resta quelques secondes immobiles, la lame levée, prête à repartir à l'attaque.

"Mort? blessé? rester tranquille? Prudence, prudence"

Du bruit sur sa gauche la fit réagir et rapide comme un crotale, elle se retourna, toujours au sol, penchée telle un félin prêt à se jeter à la gorge de son assaillant. Elle avait mis sa lame entre elle et le possible danger, qui s'avéra n'être en fait que Rabastan. La respiration sifflante, les yeux étincelants, elle le fixa une seconde ou deux avant de finalement baisser son arme. Le goût du sang dans sa bouche, chaud et métallique, la plongeait dans un état second proche de la frénésie. Son coeur battait à ses tempes comme un tambour africain et ses muscles étaient bandés.

Pas lui. Pas lui. Il n'était pas un ennemi. Il fallait se reprendre. Hécate sentait son pouls toujours lancé comme un cheval au galop retentir jusque dans son crâne et ses côtes hurler à chaque mouvement mais elle inspira difficilement, le couteau regagnant son fourreau lentement. Rabastan ne semblait pas blessé et les yeux noirs d'Hécate clignèrent une ou deux fois. Il était sain et sauf, elle était en vie. Maître et apprentie. Assistance et protection mutuelle. La vie d'Hécate pour la sienne. De plus en plus calme, elle se força à se relever et sentit la plaie sous son oeil la brûler. Mais fort heureusement, les plaies physiques guérissaient. Elles s'effaçaient. Savoir que son mentor l'avait sauvée et qu'elle venait de faire de même ne s'effacerait pas. On dit que les alliances les plus solides sont forgées dans la terre et le sang. Cela ne lui avait jamais semblé plus vrai, même si elle se promit de faire tout son possible pour rappeler que l'état pitoyable dans lequel elle se trouvait, et dans lequel avait finit le magnifique costume noir de Rabastan, étaient du fait de ce dernier et de personne d'autre.
Soupirer avec ostentation pendant les trois prochaines semaines à chaque tâche physique qu'il exigerait d'elle ferait largement l'affaire.

-Je...je crois que c'est bon, il est...mort. Je prends l'autre aussi? Il n'a plus d'yeux alors...viser un point sensible va être difficile mais un bon avada kedavra et...il devrait tomber raide. Quoi? pourquoi me regardez-vous comme ça?
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MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" - Page 2 EmptyVen 17 Juil 2015 - 14:32

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Bon, elle arrivait clairement à faire des phrases correctes : signe plutôt encourageant qui prouvait que si quelque chose avait pris cher, ce n’était au moins pas le cerveau. Par contre ce n’était pas tout à fait la joie niveau santé physique apparemment : la petite empoignade ne lui avait pas vraiment fait du bien aux côtes à ce qu’elle disait. Il voulait bien la croire, ces créatures lui paraissaient immenses, alors sachant qu’elle lui arrivait à l’épaule, qu’est-ce que cela devait être pour elle… Ce qui le rassura était qu’elle était encore assez en forme pour râler sur sa prise en charge de l’affaire. Elle mimiqua son demi-sourire, bien tout n’allait pas si mal. Tant qu’elle avait encore assez de force pour l’imiter et faire ses critiques c’était que tout allait bien. Pour les côtes, ils auraient le temps de voir… Elle saurait certainement se guérir elle-même, c’était même mieux qu’il en soit ainsi, les notions de Rabastan en ressoudage d’ossature n’étant pas particulièrement à jour, mais encore une fois il se devait de vérifier que rien ne risquer de perforer quelque chose. Ce serait trop bête qu’elle lui claque entre les doigts après un aussi charmant début de promenade. Il finit par la lâcher, toujours en la surveille d’une regard circonspect : elle n’allait pas tomber par terre au moins ? Enfin, quand il vit la tête qu’elle tira quand elle regarda dans son dos , il crut franchement qu’elle était bonne pour une syncope.

Quoi ? Quoi ? QUOI ?. Elle hurla un superbe “Attention” qui lui donnait envie de se retourner pour voir de quoi il s’agissait plutôt que de faire attention, mais comme elle l’accompagna d’un non moins superbe taclage, il n’y avait pas de danger. Il sentit ses genoux céder et tout son corps tomber à terre en même temps qu’un léger courant d’air au dessus de lui. Fichtre : le tronc, son qu’il s’était démené à scier. Apparemment le troll avait eut le temps de reprendre ses esprits. Damn ! C’était ça de voler au secours de ses apprenties sans avoir le temps de finir son travail… Il avait atterri sur le dos et si l’on comptait la chute plus la rencontre manquée mais de peu avec son amie Madame la Mort, il était un peu à coté de ses pompes. Ce qui expliquait sans doute son manque de réaction quand son ennemi d’un jour s’avançait vers lui avec l’évidente intention de le réduire en bouillabaisse de première qualité. Merde alors ! Ce n’était pas si prévu que ça pour le coup… Mais bon, apparemment il pouvait compter sur Shacklebolt qui se mit en devoir d’attirer l’attention de leur adversaire sur elle. Attentionnée de sa part : c’était assez appréciable de voir qu’on ne sautait pas sur la première occasion pour le laisser mourir dans son coin. Bon, soyons honnête, il y avait bien un stade où Rabastan aurait préféré transplaner dans un endroit un peu plus sûr plutôt que de se laisser défoncer le crâne pour la beauté du sport. Mais que ce moment n’ait pas besoin d’arriver n’était pas plus mal. Alors que Shacklebolt s’escrimait d’un coté de son champ de vision, il se remit debout après avoir ramassée sa baguette qu’il avait malencontreusement lâché quand il s’était senti tombé. Il faudrait vraiment qu’il cesse d’avoir ce réflexe débile de tout lâcher quand il chutait, ça devenait handicapant. Il faudrait même carrément qu’il arrête de tomber. Ce serait encore plus pratique. Une fois debout le décor autour de lui se mit à tourner légèrement et sa vue se brouilla un temps. Il entendait le sang battre à ses oreilles, un point noir envahit le centre de sa vision. Il se concentra pour tenter de rester droit et au bout d’un court moment la tache sombre diminua, le monde cessa de tourner comme un carroussel endiablé et le volume sonore de son pouls diminua considérablement. Il passa sa main dans ses cheveux et sentit qu’un endroit de l’arrière de sa tête était particulièrement sensible : ah bien, il avait du heurter une surface plus dure que la boue en tombant. Ceci expliquait cela. Bon, il avait tous ses esprits et plutôt que de faire un examen complet de ses capacités cognitives, il devait plutôt aller porter assistance à la jeune femme. Une surface plus dure que la boue… boue ?

Oh putain de Merlin ! C’était arrivé, il avait dégueulassé ses habits. Il fit une moue de mécontentement mais jugea que ce n’était pas encore le temps de râler pour quelques taches (enfin quand même…) et reporta son attention sur Hécate. Où était-elle donc ? Ah sur le troll. Sur le troll ?! Mais qu’est-ce qu’elle fichait là haut ? Il la vit plonger son couteau dans le cou du monstre. Mais par Merlin, qui lui avait fichu une sauvage pareille sur les bras ? Lui-même certes et en connaissance de cause qui plus est mais là c’était… si peu orthodoxe comme manière de s’y prendre. Il la regarda voler pour aller s’écraser sur le sol : ouch, si ses fameuses côtes n’avaient pas encore trop meurtries avant ce moment là, Rabastan pouvait très bien imaginer qu’elles étaient maintenant plus proche de la purée que de vraies côtes humaines (avec une petite pointe d’exagération, évidemment). La bête s’écroula à son tour, morte. Rabastan n’avait pas de doute là-dessus : autant il n’était peut-être pas expert pour déduire la durée d’inconscience d’un troll, autant il savait très bien sentir quand une bête ou une personne était morte. Il s’approcha de Shacklebolt et quand elle l’entendit arriver elle se retourna, prête à lui bondit dessus : « Oh ! Oh ! Oh ! » fit-il d’un ton qu’il voulait certainement apaisant en levant ses mains devant lui « Ce n’est que moi… On se calme… » Mais elle ne lui sauta pas à la gorge pour le déchiqueter, elle parut s’apaiser, et baissa le couteau couvert de sang. Il s’avança prudemment vers elle. Quand elle parlait, sa voix était assez claire. Il haussa les sourcils à sa dernière remarque : « Eh bien je ne sais pas si tu es au courant Shacklebolt mais tu es couverte de sang. Je m’excuse si ce menu détail à attirer mon regard et a offensé ta personne. » Il s’était tout à fait rapproché d’elle maintenant, comme elle avait rangé son couteau c’était tout de suite beaucoup plus sûr. « Quant à l’autre monstre, je vais m’en charger tu en as assez fait. » Elle semblait partante pour un Avada… Bien s’il visait ce qui restait des yeux de la bestiole il ne devrait pas y avoir grand risque que ça ricoche, il visa nonchalamment sa victime et souffla très bas « Avada Kedavra ». Le rayon vert toucha l’œil droit, le souffle vit vibrer quelques petites herbes et le troll déjà réduit au silence cessa de gesticuler. « Et voilà… » fit-il satisfait. « C’était très instructif, n’est-ce pas ? » Il la sentait prête à ressortir son arme pour l’éventrer. « Tu te débrouilles bien, Shacklebolt. » C’était sa manière à lui de dire qu’il était impressionné. « Et merci pour le balayage. T’as bien saisi les termes du contrat, de ce que je vois. » Il posa sa baguette sur les vêtements de la jeune femme : « Ne t’inquiètes pas je veux juste nettoyer tout ça… Histoire d’y voir plus clair. » Et il lança un sortilège de récurage qui retira une bonne partie du sang et de la terre qui avait élu domicile sur les vêtements de la jeune femme. Il fit de même avec lui. « Bon, ça a ralenti notre moyenne, c’est certain… » reprit-il « mais on moins ça nous a permis de tester plusieurs choses. » Principalement au niveau de la confiance et du soutien. C’était assez important de noter ces choses là dès le commencement. Il aurait peut-être du le faire un peu plus souvent avec les autres… Peut-être faudrait-il tenter un coup comme ça avec Chang… « Tu as besoin de quelque chose pour te… réparer ? » Peut-être que le super sac contenait des potions moldues miraculeuses, même s’il en doutait fortement, ou bien peut-être qu’elle allait se mettre à fureter dans la forêt pour trouver des herbes qui lui permettraient de se remettre sur pied. A la sauvage quoi. Il l’imaginait bien faire ça. Histoire d’être bien certain qu’elle ne risquait pas de crever, il insista et enfonça le clou : « Tu es sûre que tu peux continuer ? » Elle allait se demander quelle mouche le piquait, il n’avait pas encore eu trop l’occasion de se montrer prévenant encore, mais quand il s’agissait de vie ou de mort, il avait une nette tendance à la prévention. « Je ne considérerais pas ça comme un échec. Tu t’es très bien débrouillée… »
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MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" - Page 2 EmptyVen 17 Juil 2015 - 15:23

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« Tu te débrouilles bien, Shacklebolt. Et merci pour le balayage. T’as bien saisi les termes du contrat, de ce que je vois. »

Elle parvint à forcer ses lèvres à s'étirer un peu sur le côté malgré la douleur. Bien sûr qu'elle avait compris. Ce qu'elle ne comprenait pas en revanche c'était l'instinct quasi kamikaze de Rabastan et sa manie de se mettre dans des situations impossibles, que ce soit au niveau administratif ou en pleine nature. Jouer avec le feu était une chose dont elle avait l'habitude, mais Lestrange semblait presque se prendre pour un fakir indien et danser sur les braises du matin au soir! Mais il était en vie, en partie grâce à elle, et c'était une victoire. Tout comme le fait d'avoir terrassé ces ennemis faisant pourtant le triple de sa taille et le quadruple de son poids. Hécate était une personne d'extérieur, elle avait besoin de courir, de bondir, de se battre. Comme les lionceaux, elle jouait en mordant, en se roulant par terre et en dépensant son énergie physique. Toutefois, elle avait visiblement tiré sur la corde.

"Tu as besoin de quelque chose pour te… réparer ?"

Elle hésita à répondre. Le ton de Lestrange était infiniment moins dur qu'à l'accoutumée et elle se demanda brièvement s'il la testait. S'il jugeait sa résistance et se préparait à la punir au cas où elle aurait le malheur de sauter sur l'occasion de faire une pause. Elle fit la moue et le dévisagea.

« Je ne considérerais pas ça comme un échec. Tu t’es très bien débrouillée… »

Il avait l'air sincère mais Hécate agita doucement la tête.

-Merci mais je ne veux pas abandonner. Je ne peux pas: le jour où nous serons poursuivis par des insurgés ou quelque chose de plus redoutable qu'un troll, mes côtes n'auront aucune importance. Il faudra continuer. Alors on continue. Un entraînement de survie n'en est pas un si on peut se rétracter à la moindre clavicule de travers.

Il la regardait toujours, les sourcils froncés. Ses cheveux étaient décoiffés et il avait une très légère coupure sur la pommette droite mais mis à part quelques égratinures, il semblait en parfaite santé. Ca en faisait au moins un. Baissant les yeux sur ses vêtements, Hécate sentit alors une sorte d'enthousiasme qui lui était caractéristique revenir au triple galot l'envahir toute entière. Rire dans l'adversité était une puissante thérapie et d'un ton rieur, elle lâcha:

-Si seulement vous aviez pu voir la vautre que vous vous êtes pris! je crois que votre costume va avoir besoin de retouches! Enfin, vous restez très élégant....le genre, "gentleman farmer tombé de cheval"!

Et sur ces bons mots, elle se rapprocha de la rivière. Si la pluie continuait de tomber et lavait le sang du troll de sa peau, ses plaies avaient besoin d'être lavées à l'eau fraîche. La jeune femme se débarbouilla, plongea les bras dans le torrent et finit par revenir sous le couvert des arbres.

-Juste une minute...

Sortant sa baguette, elle la pointa vers ses coupures superficielles.

-Episkey

Le sang se tarit presque immédiatement et la peau commença à se reconstituer, ce qui permit à Hécate de ressembler à autre chose qu'à un jouet pour chat hystérique au bout de quelques minutes. Mais demeuraient la plaie à son front, l'oeil au beurre noir qu'elle sentait arriver et bien entendu, sa cage thoracique. Avec un soupir, elle s'assit contre un tronc et souleva son tee-shirt avant de le nouer sous sa poitrine. Aux grands mots les grands remèdes et si Lestrange se sentait ne serait-ce que l'envie fugace de faire une reflexion sur la bienséance et la pudeur, elle ferait en sorte que les prochaines cotes cassées soient les siennes. Hécate souffrait le martyr et avait d'autres préoccupations autrement plus importantes que la pudibonderie britannique. Ne pas souffrir d'une perforation pulmonaire par exemple. La sorcière inspira, expira et pointa sa baguette vers son propre corps.

Ca allait faire très mal.

-....Ora solidare.

Elle étouffa un cri de douleur quand elle sentit ses os se mettre en mouvement. Une de ses côtes avait été déplacée sur la gauche et se remit violemment en place avec un bruit de craquement tandis que les autres se reconnectaient et se ressoudaient correctement. Les nerfs d'Hécate hurlaient sous la guérison forcée et accélérée des os, si bien que la jeune femme dut s'y reprendre à plusieurs fois avant de compléter le processus. Elle avait un nausée insistante, une poussée de sueur froide et surtout, une bouffée de colère telle que seule en apporte la douleur. Elle préférait la colère à tout autre émotion lorsqu'elle endurait de la souffrance car la rage était une émotion guerrière et rien de moins. Les larmes étaient toujours malvenues et à bien y réfléchir, cela aurait pu être bien pire. Alors, à défaut de parvenir à serrer les dents lorsque sa dernière côte se replaça, elle poussa un juron retentissant:

-Putain!

Il y eut un bruit sec, comme une brindille que l'on plie afin de la briser et un mouvement sous sa peau indiqua que tout était finit. Hécate resta un moment les yeux fermés, à respirer lentement, puis se mit debout.

-Comme neuve! fit-elle en se passant l'avant bras sur le front, enfin presque...en route!

Le sac de voyage ré-atterit sur son dos et elle se tourna vers Rabastan avant de plisser les yeux. Qu'est ce qui lui coulait dans le cou? Avec un soupir ulcéré, elle laissa son sac tomber au sol et croisa les bras.

-Monsieur. "je ne sais pas si vous êtes au courant" mais l'arrière de votre tête saigne. Si c'est un effet de style soit et je m'excuse "si ce menu détail attire mon regard ou offense votre personne"...

Elle n'était visiblement pas la personne ayant une définition très libérale du concept "d'auto-préservation".
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MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" - Page 2 EmptySam 18 Juil 2015 - 12:08

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Le jour où nous serons face à des Insurgés nous pourrons toujours tenter de transplaner, pensa-t-il quand elle lui annonça qu’elle n’avait aucunement l’intention d’abandonner. Bien sûr ils le regretteraient sans doute après, et bien salement ; pendant un bref instant Rabastan se demanda qu’est-ce qui était le plus à éviter entre une capture / exécution par des Insurgés ou bien un retour auprès du Maître après un échec bien senti. Le fait qu’il n’aboutisse pas à une réponse satisfaisante ne le troubla pas outre mesure cependant et il chasse ces idées de sa tête. Pour le moment il n’était pas question de ça : elle voulait continuer, ils continueraient. Il n’était pas spécialement fatigué ni éprouvé et se sentait d’attaque. Et elle aussi apparemment puisqu’elle se permit même un ton franchement riant (et Rabastan savait que rire quand on avait les côtes en miette n’étaient pas quelque chose de particulièrement agréable) pour souligner sa gamelle de plus tôt. Oh Merlin… Et voilà ! Voilà les gens d’aujourd’hui : vous pourriez pratiquer devant eux des sorts d’une puissance qu’ils n’auraient même pas pu imaginer dans leurs rêves qu’ils ne broncheraient pas d’un cil mais alors là, si vous vous vautrez par terre, c’est l’hilarité générale et v’là que je me gausse, et v’là que je me moque. De son temps à lui on ne se serait certainement pas permis ce genre de remarque : il était vraiment trop indulgent. Mais lui fiche une tannée dans la tronche pour lui apprendre les bonnes manières alors qu’elle semblait déjà dans une assez grande difficulté physique ne lui paraissait pas nécessaire. Il eut cependant une très fugace mais intense envie de lui donner un petit coups dans les côtes. Juste histoire de lui apprendre… Mais au lieu de ça il soupira et leva les yeux au ciel, est-ce qu’elle avait dit farmer ? Merlin ! « J’accepte de mettre ces libertés sur le compte de la fièvre de la réussite… » fit-il calmement « Mais fais donc attention où te poses tes pieds Shacklebolt : la limite n’est pas loin et je ne te conseille pas de la franchir… » Il prévenait au moins, mais rarement en l’air : il éxécutait ce qu’il promettait. Les gens en prenaient conscience parfois trop tard.

Elle alla jusqu’à la rivière, et il s’étonna de ne pas la voir tout simplement plonger dedans : c’était un peu le style du personnage, avait-il l’impression. Puis ellerevint vers lui pour se préoccuper des blessures mineures. Une fois cette bonne chose de faite elle s’assit en s’adossant contre un arbre. Rabastan également décida, tout en restant debout, de s’aider de ces bons gros amis de la forêt pour se maintenir droit. Dès qu’il bougeait ne serait-ce qu’un poil trop rapidement tout décidait de danser la samba autour de lui et il n’était pas du tout, mais alors pas du tout, adepte des vertiges. Avoir l’impression que la réalité physique foutait le camp, merci mais il avait assez donné. En conservant un visage impassible il se mit tout près de la Louisianaise et s’appuya contre un tronc lisse. Il avait mal à la tête. Génial… Mais il oublia bien vite ce petit problème quand elle souleva son haut pour mettre ses côtes à nues : ouch avant même qu’elle ne le fasse il sut que ça allait faire mal. D’une formule elle se remit tout ce bordel osseux en place, enfin ce ne fut pas si rapide et il crut bien qu’elle allait tomber dans les pommes. Mais finalement quand ce fut fait l’unique chose qu’elle trouva à faire fut de proférer un juron qui ne lui était pas inconnu. Bien ! Il n’aurait pas mieux dit lui-même. Il la laissa reprendre ses forces sans rien dire : puis hocha la tête quand elle se remit sur ses jambes : « Ou presque en effet… » remarqua-t-il. Il n’était plus très soucieux mais il savait qu’à la fin de leur super balade elle irait directement passer une bonne nuit à Saint Mangouste histoire qu’on règle tous ces petits soucis. Il y avait un stade où il valait mieux faire appel à des professionnels.

Et brusquement, elle jeta son sac à terre : quoi encore ? Elle avait la tête de quelqu’un qui venait de découvrir que son petit garçon de quatre ans avait joué avec de la mort-aux-rats. Il avait un mauvais pressentiment, est-ce qu’un autre monstre se précipitait vers eux à pas de loup ? Mais quand elle cracha le morceau il eut presqu’un soupir de soulagement. Aaaah ! Mais ça allait… Il passa une nouvelle fois sa main dans ses cheveux pour mesurer l’étendue des dégâts. Ah ouais, quand même : il eut une mimique d’auto-satisfaction, il avait du se prendre un truc bien dur dans la tête mais n’avait pas été assommé. Hey, il avait encore la forme. Enfin, ceci expliquait cela et la soudaine tendance aux vertiges trouvait son explications. Et puis comme qui dirait tant que son cerveau n’en profitait pas pour se faire la malle, ça ne pouvait pas être trop grave. Il s’était pris des coups bien plus grave dans la tête et avait survécu, même si certains pouvait penser que sa sanité psychiatrique avait, elle, foutu le camp. « Ce n’est rien… si tu peux continuer avec tes côtes remises à l’arrachée, je t’assures que je peux continuer aussi avec juste cette égratignure. » Bon, dans un sens il aimerait bien régler ça, mais il préférait s’étouffer avec une gousse de Snargalouf plutôt que d’admettre que s’il tentait un sort de soin il aurait plus de chance de se faire exploser la tête plutôt que de se soigner. Fut un temps où il savait s’y prendre et gérer ces sorts comme n’importe quel quidam mais maintenant c’était une autre paire de manches. Plus la même baguette pour commencer et surtout plus le même homme. Ce n’était pas par manque de volonté, mais c’était comme si inconsciemment quelque chose refusait d’accepter le concept de guérison. Alors il parvenait à soigner grossièrement une plaie, même à réparer une fracture s’il le fallait, mais à la tête… il préférait largement éviter. Bon, ça passerait tout seul, comme d’habitude. Il essuya vaguement le sang avec sa manche, il était arrivé à un stade, même s’il avait nettoyé de mieux qu’il pouvait avec son sort son costume, où il commençait à s’en moquer. Il ferma les yeux un instant, grimaça : il détestait vraiment les vertiges. Puis il les rouvrit et haussa les épaules : « Aller ! Je te suis Shacklebolt je-me-sens-obligée-de-reprendre-les-répliques-de-mon-boss-avec-mon-accent-impossible et n’oublie pas : la limite à ne pas franchir hein… Tu es assez proche de poser le doigt dessus parfois, sache-le… » Il fit un pas, encore une fois le sol devint un peu flou. Et voilà ! Maintenant qu’il savait qu’il y avait quelque chose ça allait évidemment empirer les symptômes. Tss… bon il ferait avec. Tout était sous contrôle, comme qui dirait.


Dernière édition par Rabastan Lestrange le Sam 18 Juil 2015 - 14:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" - Page 2 EmptySam 18 Juil 2015 - 13:06

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« Allez ! Je te suis Shacklebolt je-me-sens-obligée-de-reprendre-les-répliques-de-mon-boss-avec-mon-accent-impossible et n’oublie pas : la limite à ne pas franchir hein… Tu es assez proche de poser le doigt dessus parfois, sache-le… »

Par tous les patriarches des clans sacrés qui lui avait fiché une telle tête de bois?! Rabastan Lestrange était peut-être un redoutable combattant doublé d'un mangemort roublard et cruel, il n'en restait pas moins un individu immature ayant l’orgueil chevillé au corps plus solidement qu'un scroutt à pétard à son terrier. Il se serait laissé mourir d'hémorragie interne plutôt que de montrer le moindre signe de faiblesse et si elle comprenait pourquoi il répugnait à demander de l'aide, Hécate n'en était pas moins agacée. Elle n'était pas un de ses collègues mangemorts, elle n'était pas le Magister et elle n'abandonnait certainement pas un autre combattant à son sort en cas de blessure, aussi "minime" soit-elle. Il avait la tête en sang par Merlin et un rocher légèrement en pointe sur le sol portait une marque écarlate, signe évident qu'il avait percuté et perforé le crâne de son insupportable mentor. Se massant l'arcade sourcilière pour évitant de lui lâcher tout le bien qu'elle pensait de sa prétendue "invincibilité", Hécate lâcha d'un ton excessivement patient, comme si elle parlait à un enfant aux capacités cognitives limitées:

-Primo, faire des réflexions sur mon accent est profondément raciste. Secundo,si je respectais votre sacro-sainte limite, je ne vous aurai pas fauché les jambes et vous auriez raccourci d'une tête. Tertio, vous tanguez comme une chaloupe mal amarrée. Je comprends votre mentalité d'homme-fort-en-perpétuelle-représentation, mais vous pourriez avoir un traumatisme crânien. Vous pouvez à peine marcher!

Le mangemort lui répondit par des marmonnements à propos du respect lui étant du, de leurs statuts respectifs et de "blessures passées bien plus grave que cette égratignure". Cette fois, Hécate leva les mains en l'air et eut un rire incrédule.

-Pourquoi, pourquoi suis-je toujours obligée de pondre une thèse pour vous prouver que j'ai raison?! Vous ne seriez même pas capable de me jeter un doloris si l'envie vous en prenait. Allez-y, visez moi! Je piétine la ligne rouge, il est grand temps de resserrer les vis!

Elle écarta les bras et attendit qu'il vise mais il se contentait de serrer la mâchoire, le regard étincelant d'une colère particulière, celle qu'elle avait déjà observée dans les yeux de Virgile quand il se sentait impuissant mais ne voulait pas l'avouer. Hécate croisa les bras et fit un mouvement de tête accompagné d'une moue qui n'avait rien de très aristocratique mais qu'elle avait appris de ses cousines et s'accordait parfaitement à la situation.

-Pas de doloris? à moins que vous ne vous sentiez pousser des ailes d'humaniste -ce qui est hautement improbable- je crois que vous êtes trop sonné pour lancer un quelconque sort. Alors nous sommes dans une impasse parce qu'il est hors de question que nous parcourions cette forêt alors que vous frôlez le coma! Je me vois mal rentrer au ministère pour annoncer au Magister que "Rabastan Lestrange est mort d'un trauma cranien, le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau"!

Il ne sembla pas comprendre sa référence -tant pis pour ce pauvre Gavroche- mais ses yeux se plissèrent dangereusement et ouvrit la bouche, un mouvement qu'Hécate interpréta de la seule manière possible: le début des ennuis. Décidant de préserver son intégrité physique, elle profita de son sens de l'équilibre, quant à lui parfaitement en état de marche, pour se déplacer derrière lui d'un mouvement souple.

Ah oui tout de même. Ce n'était pas une égratinure c'était une plaie à vif. A la pensée que Lestrange aurait accepté de continuer le voyage avec ce genre de blessure à la tête, Hécate fronça les sourcils. Que cherchait-il à prouver? à qui? croyait-il qu'elle l'estimerait moins s'il se raccommodait afin d'éviter la septicémie? ou refusait-il simplement d'atténuer la douleur qu'il ressentait pour se prouver qu'il en était capable? De nombreux guerriers des clans fonctionnaient ainsi: ils demeuraient blessés plus longtemps que nécéssaire, refusaient d'être les premier à passer devant les guérisseurs pour ressentir la souffrance et dans l'espoir d'en garder une cicatrice, une preuve qu'ils survivaient sans l'aide de la magie. D'autres, plus endurçis par les combats, refusaient même toute aide, lassés qu'ils étaient de se faire recoudre et réparer.
Rabastan semblait à première vue avoir cette mentalité mais c'était tout autre chose qui se tapissait dans son esprit...quelque chose qu'Hécate sentait mais peinait à définir. Il était trop jeune pour avoir le cynisme des anciens, trop vigoureux pour ressentir l'apathie que ceux çi éprouvaient vis à vis des combats, alors pourquoi saigner, pourquoi s'infliger ce genre de...

Punition.

Elle stoppa. Réfléchit. Et déclara d'une voix neutre:

-La plaie est profonde. Vous devez me laisser la soigner. De toute manière, je ne vous demande pas votre avis.

Et sans attendre elle leva sa baguette.

-Episkey.

Le sang s'arrêta de couler et elle s'approcha, provoquant un recul de la part de Rabastan.

-....Ne me forcez pas à vous immobiliser, dit-elle paisiblement, je ne vais pas vous faire de mal. Ceci restera entre nous. Alors asseyez-vous. S'il vous plaît. Faites moi confiance.

Il s'affrontèrent du regard et Hécate soutint celui de Rabastan qui avait pourtant la froideur d'un lac de Sibérie en plein hiver. Il était dangereux, le lui avait prouvé et pourtant devrait plier cette fois. Il l'avait prise pour apprentie et son devoir était également de le protéger de son propre instinct qui à ce moment précis allait probablement le faire tuer. La propension des mangemorts à l'auto-destruction atteignait parfois des proportions inquiétantes et Rabastan était semblable à un cracheur de feu, avalant du fuel et le mettant en contact avec une flamme tout en sachant qu'à la moindre erreur les dégâts seraient irréparables. Hécate devait être l'adulte dans cette situation ou du moins, la voix de la raison, car elle doutait que quand le sujet touchait à la résistance, l'endurance ou la force physique de son mentor, il soit disposé à entreprendre quoi que ce soit.

-Ca sera l'affaire d'une minute.

Finalement, les yeux de Rabastan se plissèrent encore un peu plus et il expira lentement avant de céder sans un mot. S'asseyant sur le sol, il garda les yeux obstinément fixé sur la ligne des arbres avec l'expression d'un homme prêt au meurtre mais se retenant par nécessité. Hécate poussa un soupir et s'assit derrière lui, en tailleurs, avant de placer sa baguette entre ses dents et d'inspecter la blessure du bout des doigts. Rabastan eut un sursaut et elle le rassura:

-Du calme, je ne fais que regarder. Je ne voudrais pas que vous ayez les éclats de pierre là dedans...je vais nettoyer la plaie. Vous allez sentir quelque chose de froid. Aguamenti

Un filet d'eau s'échappa de la baguette d'Hécate et alla se poser sur la plaie de Rabastan. D'un mouvement du poignet, la jeune femme fit tournoyer lentement le liquide, le laissant se mêler au sang et à la terre qui s'étaient collés à la blessure, puis l'envoya sur le côté. Propre, la plaie semblait moins laide. Bien....réparer les dégâts maintenant. Elle posa une main sur le crâne de Rabastan.

-Penchez la tête...un peu moins. Voilà, parfait. Bon. Inspirez, expirez...je vais lancer le sort.

Elle était loin d'être médecin et ne connaissait que le stricte nécéssaire de la survie: réparer les os - à l'exception du crâne-  , arrêter une hémorragie, refermer une plaie. S'il était advenu que l'un d'entre eux ait quoi que ce soit ne serait-ce qu'un tantinet plus grave, même une infection, elle aurait été aussi utile qu'un ornithorynque en patins à roulettes. Heureusement, Lestrange semblait être un combattant old school, adepte des bonnes fractures ouvertes et des plaies béantes plus que des hémorragies internes et autres complications peu ragoutantes.

-Vulnera Sanentur

Elle fronça les sourcils, toute à sa tâche et passa sa baguette le long de la coupure lentement tout en prenant garde à ce que les chairs se recollent proprement. Pas question d'endommager le cuir chevelu ou de le refondre comme un sagouin en y laissant une cicatrice boursouflée. Sentant le mangemort faire un geste impatient, la jeune femme poussa un sifflement bas.

-Ne...bougez...pas...

Lorsqu'elle eut finit, elle toucha la cicatrice du bout des doigts. Ni trop fine, ni trop épaisse. Les cheveux repousseraient bientôt par dessus et nul n'y verrait quoi que ce soit. Merlin qu'elle était douée, elle se serait volontiers embrassée, même si ce niveau de mégalomanie était désapprouvé dans la plupart des sociétés. Elle se leva et fit rouler son cou avant de faire un rictus en coin.

-Alors, ce n'était pas si terrible en fin de compte? J'ai bien conscience que votre limite sacrée, inscrite dans le marbre en a pris un coup mais je vous avoues qu'un doloris à l'encontre de ma personne serait malvenu au moment où je vous parles. Vous m'avez demandé de vous couvrir. C'est ce que je fais. Ce n'est pas ça, le deal?


Elle sourit en remettant son sac sur ses épaules. Elle était peut être une mauvaise employée, mais elle n'était pas une mauvaise apprentie. Insolente, abrupte, sans concessions, mais pas incompétente. Et elle prenait leur engagement au sérieux, avec tout le sérieux dont elle était capable. Elle savait que pour le mangemort, l'orgueil parlait plus fort que la reconnaissance, mais elle eut l'espoir fugace qu'il ne se décide pas à la torturer sur place. Il avait après tout l'air de se sentir mieux...
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MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" - Page 2 EmptySam 22 Aoû 2015 - 3:04

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Il ne pouvait dire si le brusque désir qu’il avait de faire souffrir quelqu’un, de voir une personne hurler de douleur à ses pieds venait de sa blessure à la tête ou bien de l’attitude de Shacklebolt. Sans doute une combinaison des deux : mais le pire c’était les vertiges. Il détestait vraiment ça. Plus encore que le ton dont Hécate faisait usage. Quoique… Elle le narguait presque et ça le faisait bouillir ; il n’y avait pas beaucoup de personnes qui se permettaient de le mettre au défi de leur lancer un Doloris. Sans doute parce que les personnes qu’il rencontrait d’ordinaire n’avaient pas les connections cérébrales grillées, la seule explication selon Rabastan pour oser dire des trucs pareils. Lui incapable de lancer un sort ? S’il n’était pas si occupé à tenter de la tuer par le regard il aurait bien rigoler : il le saurait si un traumatisme mineur pouvait l’empêcher de faire de la magie. Il connaissait très bien ses limites, et il savait ce qu’il était capable d’endurer avant de se retrouver dans l’incapacité de lancer des sorts. En revanche c’était sans doute exact que la tête en vrac comme il l’avait en ce moment il aurait beaucoup de mal à doser sa puissance. Elle risquerait de dérouiller bien plus que prévu s'il lui lançait l'Impardonnable maitenant. Elle soutenait son regard et apparemment tout ça l’amusait beaucoup. Il se demandait si elle se marrerait autant s’il se décidait à lui prouver qu’elle n’avait pas si raison que ça en l’envoyant au tapis. Par Merlin si lui avait osé dire ne serait-ce qu’un quart de ce qu’elle venait de lui balancer à un supérieur, dans le temps, il l’aurait payé bien salement. Quelle époque : il était bien trop indulgent pour une génération bien différente de ce qu’ils avaient pu être. Les temps avaient changé et il n’avait pas pu assister à l’évolution, juste se prendre le resultat dans la figure et devoir composer avec.

Il allait dire quelque chose mais comme si elle savait que ça ne serait pas bon pour elle, Shacklebolt se glissa derrière lui dans une retraite stratégique. Elle se tut un instant avant de reprendre : « La plaie est profonde. Vous devez me laisser la soigner. De toute manière, je ne vous demande pas votre avis. » Il leva les yeux au ciel : ah ça il avait remarqué qu’elle ne se souciait pas plus de son avis que d’une vieille sandale. Et il n’eut pas le temps de se dégager qu’elle lui lançait déjà le sort. Il grinça des dents, ça le défrisait. Il n’aimait pas du tout cette sensation d’avoir quelqu’un dans son dos, lui qui avait toujours dans yeux à l’arrière de la tête pour vérifier que personne ne puisse lui jeter de mauvais sort, cette situation lui mettait bien plus les nerfs à l’épreuve que n’importe quelle blessure. Et même s’il se contrôlait pour ne pas se retourner brusquement et la repousser loin de lui, il ne put s’empêcher de réagir quand il la sentit se rapprocher. Ce qui ne lui plut guère apparemment « Ne me forcez pas à jeter un crocodile de sang sur vous, je ne vais pas vous faire de mal. Ceci restera entre nous. Alors asseyez-vous. S'il vous plaît. Faites moi confiance. » Mais c’est qu’elle se croyait vraiment tout permis. Encore une fois ils se retrouvaient à s’affronter du regard : elle avait un putain de cran. Et des putains de yeux noirs aussi. Elle était jeune, mais il avait déjà eu l’occasion de pénétrer ses souvenirs et avait pu remarquer que même si elle n’était pas bien vieille, elle avait vécu des choses que beaucoup de personnes ne pourrait imaginer. Ça brillait, ça brûlait dans ses pupilles. L’expérience du feu. Il se demandait si on pouvait voir la même chose dans son regard à lui. Certainement pas de la même manière. Son regard était mille fois plus noir que le sien ne le serait jamais. Il capitula, de mauvaise grâce, et s’assit sur le sol, laissant le champ libre à Shacklebolt pour manœuvrer.

Il n’avait pas mal, et maintenant qu’il était assis la désagréable sensation de perdre pied étaient bien moins forte, ce qui le mettait vraiment le plus mal à l’aise dans cette histoire était d’être ainsi exposé à quelqu’un. Mais elle aurait été capable de le stupéfixier ou de l’assommer à main nue pour parvenir à ses fins et le faire se tenir tranquille, or vu son enthousiasme il n’avait pas envie de la mettre au défi. Il tâcha de respirer profondément, de se détendre malgré ses pulsions instinctive qui lui ordonnaient de s’écarter. Elle le rassurait par des paroles. Vraiment ? Avait-il besoin d’être rassuré ? Il n’était pas un petit garçon qui venait de tomber et qui voulait que sa maman vienne lui faire un bisou magique. Sa mère… La sienne avait pris soin de lui, à sa manière, quand il était petit. Elle l’avait soigné et protégé. Elle avait été la seule personne à se comporter comme ça avec lui. De toute sa vie. Et ça remontait à longtemps, très longtemps… Il n’avait plus l’habitude de... ça. Qu'une présence dans son dos soit rassurante plutôt que menaçante. Il entendait son souffle dans son dos, le sentait. Il inspira profondément : reste calme. Rassurante et non pas menaçante. Merlin qu'il était difficile même en toute connaissance de cause de faire taire des années de réflexes. Ses muscles étaients tendus au maximum, prêts à contrer le moindre geste agressif. Il était prêt à se retourner, à la prendre à la gorge, à la neutraliser, il le sentait. Il le savait. Alors qu'il ne le voulait pas. Reste calme... Elle dut sentir sa tension, ou bien il eut un mouvement involontaire puisqu'elle le reprit encore une fois. Ses dents se serrèrent un peu plus et ses yeux s'assombrirent. Une fois lancée elle ne s'arrêtait pas hein ? Quand elle le libéra enfin il se hâta de se remettre debout. Rien qu'à ce mouvement brusque il put dire qu'elle avait fait du bon travail : il n'était plus du tout étourdi, juste un putain de mal de tête... Et une envie profonde d'éviscérer quelqu'un.

« Alors, ce n'était pas si terrible en fin de compte? J'ai bien conscience que votre limite sacrée, inscrite dans le marbre en a pris un coup mais je vous avoues qu'un doloris à l'encontre de ma personne serait malvenu au moment où je vous parles. Vous m'avez demandé de vous couvrir. C'est ce que je fais. Ce n'est pas ça, le deal ? » Elle les réclamait puis ensuite elle les estimait mal placés ! Faudrait se décider... Rien n'aurait fait plus plaisir à Rabastan de lui montrer tout le bien qu'il pensais de l'aspect malvenu d'un Doloris bien senti dans ses dents. Il n'aimait pas qu'on le prenne de haut, qu'on réutilise ses propres termes contre lui, qu'on se fiche presque ouvertement de sa personne en bref : tout ce qu'elle faisait. Certains étaient morts pour moins que ça, dans la forme. Dans le fond, il ne voulait pas lui faire du mal. Personne ne l'avait jamais aidé de cette manière, en tout cas pas dans un esprit désintéressé et encore moins contre son avis. Personne n'avait jamais pris garde à lui. Et il était le premier à ne pas s'inquiéter de ses limites physiques, quand il les franchissait il mettait juste un peu plus de temps à se relever voilà tout. Ça le perturbait, même si c'était bien la dernière chose qu'il voudrait montrer. C'était une situation nouvelle, et il ne savait pas comment réagir. Ne rien faire l'encouragerait à continuer. La punir lui couperait certainement le sifflet. Maintenant la question était : voulait-il qu'elle s'arrête définitivement d'agir ainsi ?

Le fait que la réponse ne puisse lui venir clairement l'énerva. Il n'avait besoin de l'aide de personne et pourtant... pouvoir compter sur quelqu'un était un luxe qu'elle lui offrait. Un luxe qu'il n'avait eu que de manière très vague dans sa vie. Évidemment il y avait son frère et le Maître (bien sûr qu'il y avait le Maître, c'était son soutien majeur après tout) mais ce n'était pas pareil. Ce n'était pas pareil. Il n'arrivait pas à réfléchir : qu'est-ce qui lui plaisait ? Qu'on le respecte. Était-ce du respect ça ? Pas tant que ça... lui susurrait une voix dans un coin de sa tête. « Tu es fière de toi hein ? Tu es peut-être douée mais je trouve que tu as des lacunes un peu trop importante en ce qui concerne le respect et l'humilité... » Il avait levé sa baguette. Ses yeux contemplaient les siens. Merde ! C'était certain qu'il allait réagir ainsi, il n'était pas nécessaire de le connaître depuis longtemps pour savoir que ses réactions défensives se situaient toujours un bon impardonnable bien dosé ou un mauvais impardonnable bien plus radical. Et pas besoin non plus d'être voyant pour remarquer qu'il avait été tout ce temps sur la défensive la plus agressive qui soit. Elle devait se douter qu'il allait la faire souffrir pour chacune de ses secondes où il avait été entre ses mains. Et pourtant elle l'avait fait. Il la regardait peut-être avec plus d'attention qu'il ne l'avait jamais fait. Sa peau sombre, ses cheveux noirs, ses yeux brillants, ses moues si expressives si précise. Elle ne venait pas d'ici : les mots n'avaient pas la même valeur chez elle. Elle n'était pas comme les autres qu'il connaissait, qu'il côtoyait : elle accomplissait ce qu'elle promettait. Pour lui "couvrir" signifiait "ne pas me faire de coups bas dans mon dos" et c'était une chose à préciser parmi les Mangemorts. Pour elle cela signifiait bien plus. En tant que mentor il estimait qu'il était de son devoir de veiller sur sa vie et sa santé, mais il n'avait jamais pu pensé que ce rôle pouvait également être le sien, à elle l'apprentie. Était-ce une mauvaise chose ? Réfléchis un instant avant de marmonner ce putain de sort, pour une fois ! Sans doute non.

C'était même plutôt une bonne chose.
Il rabaissa sa baguette, conscient qu'il devait avoir l'air perdu. À mettre sur le compte du choc. Pour se donner une contenance, machinalement, il passa sa main gauche dans ses cheveux. Il sentit la plaie refermée sous ses doigts, il eut son rictus qui se rapprochait le plus d'un sourire : « Enfin... J'ai sans doute un peu trop transgressé mon voeu de non-intervention. Je vais m'en tenir là je pense. » Fallait pas pousser non plus, il n'allait pas admettre explicitement qu'il la laissait s'en tirer comme ça. D'ailleurs... « Mais fait attention aux défis que tu me lances : je n'ai jamais été incapable de jeter un Doloris, juste incapable de le contrôler à la rigueur... » C'était un mensonge gros comme le putain de Ministère, mais il ne voulait surtout pas qu'elle parte en ayant en tête l'idée qu'il pouvait, parfois, être totalement impuissant. Et puis il savait, lui, que le temps où la magie paraissait le bouder était bien loin maintenant. Ce n'était pas un si gros mensonge après tout. Et puis il s'en moquait. Juste qu'elle n'aille pas s'imaginer des bêtises sur son compte. « Bien nous repartons ou bien nous continuons à admirer les charmantes souches de cette clairière ? » Pas qu'il avait quelque chose sur le feu, mais il y avait quand même un objectif à atteindre, toutefois avec son sac sur le dos elle semblait prête à décamper elle aussi. Ils étaient prêts tout les deux pour repartir. Alors qu'ils allaient se mettre en route, cependant, il marqua une pause. Ses sourcils se froncèrent. S'il ne la punissait pas, c'était qu'elle avait bien agi. Et si elle avait bien agi... même si au niveau de l'attitude elle était loin du compte, au niveau de l'action elle avait fait plus que ce qu'il aurait pu imaginer... Alors... Il mit un temps incroyablement long avant d'ouvrir la bouche : « Merci. » Ce fut tout ce qu'il dit avant de hausser ses sourcils de nouveau et de reprendre la route, aussi naturellement que s'il n'avait strictement rien dit. C'était peut-être le cas... L'avait-il remerciée ? Sincèrement remerciée ? Il ne se souvenait déjà plus. Rabastan Lestrange avait de l'expérience pour écarter les pensées qui le dérangeaient.


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MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" - Page 2 EmptySam 22 Aoû 2015 - 16:22

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Elle aurait du voir le coup venir.
A peine se remit-il debout qu'il la plaça en joue, pointant sa baguette vers son front.

"Tu es fière de toi hein ? Tu es peut-être douée mais je trouve que tu as des lacunes un peu trop importantes en ce qui concerne le respect et l'humilité... "

Elle le transperça du regard. Ne pas plier. Ne jamais s'incliner. Elle pouvait soutenir, aider, servir même mais pas s'avilir à supplier la clémence d'un ingrat. S'il lançait ce sort, s'il la punissait pour avoir agit comme tout bon élève était sensé le faire, comme tout bon second se devait le faire, alors le destin et elle même se chargeraient de lui rappeler son erreur. Le Karma avait ses lois et la roue pouvait tourner à une vitesse affolante pour les sorciers qui méprisaient ceux qui les servaient avec ferveur. Hécate attendit, tentant de préparer ses muscles à la douleur, peinant à rester tout à fait impassible. Ses poings étaient serrés et elle avait placé dans ses yeux toute l'impertinence dont elle était capable.

Qu'il l'attaque.
Qu'il le fasse.
Il l'avait déjà fait.
Elle commençait à s'habituer à l'ingratitude britannique mais cette punition marquerait la fin de tout son zèle. Même elle avait ses limites.

Ils s'affrontèrent du regard, un genre de bataille qui commençait à ce stade à devenir une habitude. Ils avaient le même tempérament orgueilleux, la même volonté de garder leurs armes à portée de main en toutes circonstance. A la différence que la jeune femme savait déposer son bouclier en présence d'un allié et accepter les soins d'un ami, quand Lestrange refusait de laisser quiconque s'approcher ne rentrait jamais les griffes.

Telle une jeune lionne, Hécate courait et bondissait, subissant les affres de la bataille et rugissant avant de lécher ses plaies et de laisser ses soeurs et frères de coeur l'aider à guérir. Rabastan, comme un lion trop souvent jeté à terre, préférait se retirer dans l'ombre des roches pour se soigner seul, quitte à échouer, quitte à laisser les plaies s'infecter, quitte à garder cicatrices et marques jusqu'à la fin de sa vie.
Un lion servant un serpent.
Quelle situation étonnante.
Quelle situation attristante.

Alors qu'il la fixait, elle remarqua que le regard de son mentor était devenu pensif et qu'aucun mot ne franchissait ses lèvres. Il semblait la jauger, la juger, réfléchir à un dilemme cornélien dont il ne parvenait pas à voir le bout. Elle plissa les yeux. Pourquoi hésitait-il? que se passait-il dans cet esprit si prompt à disséquer celui des autres, mais dont personne ne pouvait comprendre les chemins?
Elle attendit. Puis soudain, elle crut halluciner: il baissait sa baguette. Ses sourcils se froncèrent et elle observa Rabastan alors qu'il passait une main dans ses cheveux et la vrillait des yeux. Hécate était toujours étonnée de constater à quel point ils étaient bleus et perçants. Ils étaient presque impossible à soutenir quand Rabastan se décidait à envoyer un de ses coups d'oeil meurtrier dans votre direction mais céder était hors de question. Son rugissement portait, mais Hécate avait également du coffre et si elle le respéctait comme on respecte un supérieur, si elle le redoutait comme on redoute tout guerrier d'exception, elle n'avait pas peur de lui, elle ne tremblait pas devant lui. Elle n'était qu'une femme, toute princesse qu'elle était. Il n'était qu'un homme, tout mangemort qu'il était. La marque à son bras ne faisait pas de lui une créature mythologique de cauchemar ou un monstre, pas plus que la couronne que la jeune sorcière portait lors des conciles faisait d'elle une déesse.

Ils étaient humains. Et elle ne craignait pas les hommes.


Après quelques secondes qui parurent à Hécate durer une éternité, Rabastan se décida enfin à reprendre la parole, tandis qu'il abaissait lentement sa baguette.

« Enfin... J'ai sans doute un peu trop transgressé mon voeu de non-intervention. Je vais m'en tenir là je pense. Mais fait attention aux défis que tu me lances : je n'ai jamais été incapable de jeter un Doloris, juste incapable de le contrôler à la rigueur... »


Hécate se sentit nettement expirer. Elle avait retenu sa respiration sans même s'en rendre compte. Elle suivit la baguette des yeux alors qu'elle retombait sur le flanc de Rabastan et ne fit aucun commentaire. Il ne l'avait pas punie. Lui qui lançait des endoloris comme d'autres disent bonjour, il ne l'avait pas punie bien que son comportement ait été absolument contradictoire avec toutes les traditions mangemorts en matière de pédagogie. Elle doutait très fortement de l'aspect généreux et gratuit de ce geste car Rabastan n'oubliait pas et ne pardonnait pas mais ne parvenait toutefois pas à comprendre ce qui l'avait fait changer d'avis. La gratitude? La compréhension soudaine du rôle qu'Hécate tenait à jouer pour lui? Quelque chose d'autre?

Il avait l'air confus, et elle l'était elle même de plus en plus, une confusion qui atteignit son paroxysme quand il la dévisagea avec une moue, juste après l'avoir invitée à reprendre la route.

"Merci".


Merci.

Il ne la remerciait jamais. D'ailleurs il ne remerciait jamais personne: tout lui était du. Le mot avait été prononcé à voix basse, rauque, et rapidement. Le moment fut aussi étrange pour elle qu'il sembla l'être pour lui et avant même qu'elle n'ait eu le temps de véritablement enregistrer ce qu'il venait de dire, il était parti. Elle cligna des yeux et le regarda s'éloigner. Elle ignorait pourquoi, mais recevoir des remerciements en règle de la part de cet homme envoya sous sa peau une décharge éléctrique, un mélange de fierté et de quelque chose d'autre qu'elle ne parvenait pas à identifier précisément, une sorte de joie diffuse. Le mot avait du lui arracher les cordes vocales, la bouche et la langue, mais il l'avait dit.
Alors, elle garda cet instant dans un coin de sa mémoire, tout en se secouant aussi bien physiquement que mentalement.

Pas question de pratiquer l'introspection ou la réflexion avec trop d'ardeur. Ils n'avaient pas de temps pour celà. Elle mettrait donc cette réaction et ce remerciement inattendu sur le compte du coup à la tête, ainsi que sa propre confusion sur celui de ses blessures.

Ils cheminèrent par la suite un long moment sans que ni l'un ni l'autre ne dise un mot. Aucun ne semblait vouloir briser le silence, qui n'avait cependant plus rien de confortable désormais. La pluie s'était remise à tomber et Hécate avançait péniblement sur les pentes de plus en plus raides qui menaient aux premières collines. Après les collines viendraient les montagnes et le froid, un élément qu'elle redoutait car elle n'était absolument pas vêtue pour affronter les rigueurs de ce type de climat. Elle pourrait certes utiliser des sorts, mais elle haïssait le froid quoi qu'il en soit et les montagnes n'étaient pas son univers. Il faudrait ouvrir l'oeil et le bon.
Une heure passa, puis deux et trois, seulement coupées par de brèves pauses pour se désaltérer. Rabastan se contentait de la suivre, elle se contentait de guider. Puis enfin, alors que le jour déclinait et que le ciel de plomb commençait à devenir plus sombre encore, le tonnerre grondant de plus en plus près, ils atteignirent un flanc de montagne, pentu et rocheux au possible.

Avisant les hauteurs, Hécate rajusta son sac sur ses épaules et attaqua la montée. Elle avait les membres gelés, et n'osait même pas imaginer l'état dans lequel elle aurait été si l'impervius ne l'avait pas empêchée de devenir une véritable serpillère. Une brume nocturne commençait à tomber sur les petits chemins qui serpentaient toujours plus haut dans l'ombre de la montagne et après quelques centaines de mètres, la jeune femme dut se rendre à l'évidence: si le paysage se découpait encore quelque peu sous la lueur de la lune naissante, la brume et le froid empêchaient toute progression efficace dans le nouveau décor qui les entourait: des pics, des ravins, des pentes, des rocs. Envolées, les vertes forêts et vallées il n'y avait là que de la roche.

Posant son sac au sol, Hécate sortit sa baguette.

-Lumos.

Inspectant le paysage, elle s'enfonça dans le brouillard de quelques pas et plissa les yeux en regardant au loin, vers un pan rocheux plus haut que les autres. Il y avait un trou béant, là. Une grotte. Se tournant vers Rabastan, cherchant à camoufler le claquement de ses dents, elle chassa ses cheveux de ses yeux et dit:

-Il y a une caverne à une dizaine de mètres. Nous pouvons y passer la nuit. Quelques sorts de protection éloigneront les intrus et un enchantement de camouflage fera le reste. Nous pourrons reprendre la route au lever du soleil. Qu'en pensez-vous?

Elle attendait son approbation, trop épuisée et trop fourbue pour se lancer dans une joute verbale avec lui. Bien évidemment, sa bénédiction était tout à fait accessoire, la jeune femme ayant déjà décidé de dormir dans la caverne. Mais puisqu'il voulait qu'on y mette les formes, parfait. Hécate avait pour dernière envie celle de revivre un moment aussi étrange que celui de ce matin là.
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MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" - Page 2 EmptyMer 2 Sep 2015 - 1:02

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Pour quelqu'un d'aussi susceptible aux maux de tête, Rabastan Lestrange n'appréciait pas les silences outre mesure ; évidemment cela dépendait des circonstances et du type de silence en cours... Les blancs angoissés qui ponctuaient les aveux de prisonniers poussés à bout ne l'avait jamais mis mal à l'aise, les silences qu'il laissait volontairement planer dans une conversation dans l'unique but de troubler son interlocuteur ne le gênait bien évidemment pas non plus, mais les autres... Il détestait l'absence de bruit presqu'autant qu'il détestait une pièce vide, les silences gênés, les silences de la solitude, l'immense silence de la nuit qui l'empêchait de fermer l'œil. Celui qu'ils étaient en train de vivre s'apparentait à la catégorie « silence gêné et tout à fait gênant », quelque chose d'à peu près supportable s'il ne s'étale que sur quelques minutes mais lorsqu'on en vient à compter en heure... Même avec toute la bonne volonté du monde, l'esprit commence à se lasser d'admirer les jolies fougères devant lesquels ils passaient et si personne ne venait l'alimenter avec une conversation quelconque, il se retournait contre lui même et tâchait de s'occuper à grand coups d'introspection, de remontée de souvenirs, de réflexions qu'il ferait mieux de ne pas avoir... Rabastan n'était pas un maître zen, loin de là et il n'avait pas le don de la méditation : ne penser à rien était cependant un exercice qu'il aurait certainement apprécié maîtriser. Alors, tandis qu'il marchait derrière Hécate, son cerveau tournait à plein régime et s'amusait à le foutre sur le chemin de la réflexion à propos de sa réaction face à Shacklebolt : Pourquoi t'as fait ça ? Hein ? Pourquoi ? Pourquoi? et au lieu de chercher une réponse il tentait de se concentrer sur les petits papillons qui voletaient difficilement, leurs ailes colorées alourdies par la pluie qui tombait sans discontinuer. Il y avait beaucoup de papillons dans son jardin, quand il était petit... Il n'avait osé les toucher, parce qu'on lui avait dit qu'il risquait de leur briser les ailes, alors il s'était toujours contenté de les regarder : les heures passèrent donc ainsi, il se rappelait des papillons (un souvenir plutôt neutre de son enfance qui faisait parfaitement l'affaire) et dès que son cerveau se lassait, il se reconcentrait de nouveau, se creusant un peu plus la tête pour se souvenir exactement à quel endroit du terrain les papillons étaient les plus nombreux, quels étaient ses préférés... Tant et si bien que lorsqu'Hécate, après avoir entamé la montée de la montagne au pied de laquelle ils étaient arrivés, posa son sac à terre et fit jaillir un faisceau de lumière de la pointe de sa baguette, il avait la tête pleine de souvenirs extrêmement précis sur les lépidoptères.

Il regarda autour de lui : le soleil n'éclairait plus grand chose, la pluie grisonnait les alentours et tout ce qui aurait pu être encore visible était assombri par la charmante brume britannique qui était tombée sur les monts. Ses vêtements protégés par l'Impervius l'avaient suffisamment protégé mais ses cheveux s'étaient allègrement gorgés d'eau, répétant un geste qu'il avait accompli maintes fois pendant la marche, il les secoua avec sa main droite : il commençait sérieusement à avoir froid, et c'était une sensation qu'il n'appréciait pas, surtout quand elle s'accompagnait par le fait d'être trempé. Alors quand Shacklebolt lui annonça (l'entendre parler après ce long moment de silence lui fit presqu'un choc) la présence d'une caverne à quelques pas tout en lui demandant son avis sur la question, il ne se fit pas vraiment prier pour exprimer le fond de sa pensée : « Mourir noyé dans mon sommeil n'étant pas dans mes projets pour le moment, je vais te suivre. Et je te laisse te charger des sorts. » Il la suivit dans ce fameux abri qui allait leur épargner de se payer une pneumonie et sut, au moment où il posa son pied à l'intérieur, qu'il avait fait une grosse, énorme erreur. Les personnes phobiques savent ce qu'elles craignent et tentent du mieux qu'elles peuvent d'éviter toute confrontation avec l'objet de la phobie ; Rabastan n'avait parfois pas ce bon sens parce qu'il lui arrivait malencontreusement d'oublier qu'il y avait des choses qu'il ne supportait pas. Les espaces confinés, sombres et à fortiori froids et humides étaient l'une de ces choses. Et il se trouvait qu'une caverne en montagne un jour de pluie et à la tombée de la nuit remplissait tous ces critères. Soudain, dormir dehors sur les fougères et entouré de papillons bienveillants lui sembla être une idée absolument géniale. Il voulut faire un pas en arrière mais Shacklebolt barrait savamment le passage, occupée sans doute qu'elle était à lancer ses sorts.

Respire, gros débile. De quoi t'as peur hein ? Ça ne va pas s'effondrer... Il savait très bien que ce n'était pas un éventuel risque d'effondrement qui lui faisait peur, mais s'il y avait bien une chose qu'il ne voulait vraiment pas faire c'était bien mettre un mot précis sur ce qui l'angoissait. Alors il inspira, ferma les yeux un moment, expira lentement. Fit un pas plus en avant, rouvrit ses yeux : il serrait ses doigts contre sa paume, jusqu’à ce que ses ongles s’enfoncent dans sa peau. Il laissa échapper un très léger ricanement, presque pour se moquer de lui-même : c’était vrai ça après tout ! De quoi pouvait-il avoir peur ? C’était une caverne, pas un bunker, aucune porte ne risquait de claquer, rien n’allait obstruer l’issue, il pouvait partir quand il le souhaitait… J’ai envie de partir là… Enfin, presque quand il le souhaitait. Réfléchis, tu ne vas pas rester dehors comme un pauvre petit chien juste parce que tu as peur… Peur de quoi ? Rabastan Lestrange n’avait pas peur, voilà ce qu’il devait se dire. « Bien, tu t’en tires très bien pour le moment, Shacklebolt… » Parler aidait toujours à étouffer l’angoisse, parler brisait le silence, empêchait de réfléchir. C’était toujours mieux. « Tu saurais très bien te débrouiller sur le terrain face à des Insurgés si besoin était. » Il la détailla du regard, eut une moue semi-amusée (aucune moue ni aucun sourire n’était jamais entier avec lui) : « Ça se sent que tu as l’habitude de ce genre de plans. Même si la forêt anglaise n’est peut-être pas le terrain que tu maîtrises le plus… » Il regarda autour de lui, la caverne était assez profonde : elle ne devait pas s’enfoncer non plus sur une centaine de mètres mais elle était creusée jusque suffisamment loin dans la roche pour qu’il ne puisse en voir le fond : « Il faudrait faire un feu, ça nous éviterait une hypothermie. Ce n’est pas la chaleur de ma conversation qui risque de t’empêcher de mourir de froid… » Et ça permettra en plus d’y voir un peu plus clair, non pas qu’il avait peur du noir en prime mais ça le rassurait de voir où il mettait les pieds. Il fit quelques nouveaux pas dans l’obscurité, s’enfonça un peu plus dans la caverne. Rabastan Lestrange n’était pas né avec le don de voir dans le noir, mais des années passées dans un éclairage quasi nul avait l’avantage de former les yeux au manque de lumière. Il ne lui fallut guère de temps pour réussir à distinguer les contours de l’endroit. Une des parois étaient largement fissurée ; et du coin de l’œil, il crut y voir bouger quelque chose.

Par réflexe il tendit le bras en arrière, comme s’il tentait d’empêcher Hécate de faire un pas plus en avant. « Il y a quelque chose ici… » souffla-t-il bas, espérant peut-être que l’éventuel habitant du lieu ne l’entende pas. Peine perdue ses paroles résonnèrent dans tout l’habitacle. Il vit la forme se mouvoir un peu plus : il faisait sombre, il était trop loin pour voir distinctement de quoi il s’agissait. « Reste en arrière… » ordonna-t-il encore plus bas. C’était peut-être de l’entraînement mais elle avait passé toute la journée à le guider dans une forêt, elle avait pris cher ce matin là, elle était trempée et sans doute exténuée. Il partait du principe que l’exercice prenait fin pour la nuit et qu’il pouvait prendre le relai. Il se faisait également plus confiance. Il n’aurait pas du. Alors qu’il fit un nouveau pas en avant, sa baguette tendue devant lui sans qu’il n’ose pourtant trop étirer son bras en avant, il ressentit une sensation particulièrement désagréable dans tout son corps. Du froid. Certes il pleuvait et ses cheveux avaient avalés fort goulûment toute la flotte qui leur était tombée dessus, mais ce n’était pas cette sorte de froid. Mais si son cerveau eut beaucoup beaucoup de mal à mettre le doigt sur ce qu’il ressentait exactement, son corps (qui était lui doté d’une mémoire qu’il était impossible d’effacer) reconnu immédiatement et le força à reculer. Son pas en arrière fut maladroit et il manqua de trébucher. Ce ne fut que lorsqu’il sentit sa gorge se serrer, l’empêchant presque de respirer qu’il prit conscience de ce que c’était (ou qu’il crut comprendre). Il rabaissa sa baguette : il n’y avait rien à faire. Lui ne pouvait rien faire… Il voulait juste partir, fuir. Mais il avait trop froid. Et déjà, il avait trop peur. Trop pour réussir à faire le moindre geste. Et il n’arrivait même pas à réfléchir et à comprendre que ce n’était pas possible. Ce n’était pas possible et pourtant c’était bien un Détraqueur qui se glissait hors de l’interstice de la paroi.

Il reconnaissait parfaitement la haute silhouette sombre et masquée, il la reconnaissait et cette vision fit rejaillir des couches les plus basses de sa mémoire des souvenirs qu’il aurait préféré gardé enfermé, qu’il aurait préféré éradiquer complètement. Il lui arrivait de travailler avec eux maintenant, mais il savait qu’il ne pourrait jamais s’y faire. Il savait qu’il aurait toujours peur. Rabastan Lestrange n’avait pas peur. Tu parles ; il y avait un bon nombre de choses qui l’effrayait et cette créature était là pour les lui rappeler, cette créature était sa pire peur. Et comme elle glissait vers lui, lentement, qu’il reculait, hésitant et toujours le bras tendu en arrière dans un geste de protection complètement inutile et qu’il n’avait même pas conscience de faire, il crut distinguer autre chose, emmêlée presque dans la silhouette noire. C’était un corps, humain. C’était quelqu’un qu’il connaissait très bien. « Rod… » articula-t-il difficilement, sa gorge était trop serrée pour lui permettre de parler correctement, sa bouche était sèche, sa voix bien plus aiguë que d’habitude. Qu’est-ce que Rodolphus foutait là ? Ce n’était pas possible… Mais même si une partie de lui-même commençait à comprendre que tout ceci n’était pas possible, l’autre (la plus importante) s’emballait complètement. Rodolphus avait l’air presque mort, et le Détraqueur tenait son visage entre ses affreuses mains, portant délicatement son visage au sien. « Rod… Rod… » Sa voix reprenait des intonations qu'elle n'avait plus connu depuis des années. Il ne pouvait pas regarder ailleurs, il ne pouvait pas réagir, il ne pouvait même pas comprendre alors que son pire cauchemar prenait acte juste sous ses yeux. L’aspiration du Détraqueur résonna dans toute la caverne et les doigts de Rabastan se détendirent, laissèrent tomber sa baguette à terre. « Non non non non non… » il tremblait, la partie rationnelle tentait de gagner du terrain : « Ce n’est pas possible, ce n’est pas possible, ce n’est pas possible… » Rodolphus était à Londres, était chez lui, il n’avait rien à foutre ici. Ce n’était pas possible. La raison revenait, lentement, trop lentement.

Cela faisait tellement longtemps que Rabastan Lestrange n’avait pas vu d’Épouvantard.
Et si peu de temps qu’il avait côtoyé des Détraqueurs…
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MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" - Page 2 EmptySam 5 Sep 2015 - 23:35

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Ils pénétrèrent dans la grotte et Hécate inspira l'air. Humide, froid, désagréable. Ça sentait le moisi et la roche, deux senteurs qu'elle n'appréciait pas particulièrement mais qu'ils allaient devoir supporter toute la nuit. On se serait cru dans une prison et elle imagina subitement que si l'ambiance lui était inconfortable, elle devait pour son mentor être proprement intenable. Jetant un regard furtif vers lui, elle le vit s'avancer vers le fond de la grotte. L'atmosphère ne semblait pas doucher son sale caractère et c'était presque dommage: Hécate était bien trop épuisée pour se sentir d'humeur à supporter son cynisme patenté. Il la complimentait pourtant, déclarant qu'elle saurait se débrouiller face à une bande d'insurgés enragés, ce qui ne fit que durcir l'expression d'Hécate.
Se débrouiller.
Bien évidemment qu'elle saurait se débrouiller. Elle était née pour survivre, avait rampé dans la boue, nagé dans de l'eau croupie, traversé des ronces presque nue pour fuir ses assaillants. Elle avait en effet "l'habitude de ce genre de plan", et la fatigue la faisait prendre le ton paternaliste de Rabastan avec plus d'amertume qu'elle n'aurait du le faire. La journée avait été étrange et sa patience, tout comme sa résistance, commençait à s'étioler.

Laissant son auguste supérieur à ses réflexions d'une teneur philosophique limitée, Hécate s'appliqua pendant ce temps à lancer une myriade de sort vers l'entrée de la caverne. Avec de grands gestes souples, elle dessinait les protections sensées empêcher créatures comme intrus humains de pénétrer dans leur abri de fortune.

Elle n'avait pas pensé que le danger puisse venir de l'intérieur.
Et la jeune femme ne réalisa cette tragique, stupide erreur de stratégie que lorsque la voix de Rabastan vint jusqu'à elle, portée par l'acoustique particulièrement efficace de la grotte.

« Il y a quelque chose ici…Reste en arrière… »


Elle perçut dans sa voix une note grave, quelque chose de prudent et de méfiant qui la fit se retourner. Elle s'approcha, légèrement courbée comme elle en avait l'habitude et lorsque Rabastan reprit la parole, elle sut que la situation était grave. Ce qu'il y avait dans ce ton, ce n'était pas de la colère, ce n'était pas de la hargne, ce n'était pas de la violence, ça n'était aucune des choses auxquelles son mentor l'avait habituée.
C'était du désespoir.
C'était de la terreur.
C'était du déchirement.

Le simple fait qu'il exprime ces émotions prouvait que la chose sous ses yeux abattait ses barrières avec plus d'efficacité que n'importe quel missile, et cela n'avait rien de bon, car cet homme était Rabastan Lestrange. Rien en ce bas monde n'aurait du pouvoir le faire se départir de sa superbe.

"Rod...Rod..."

Rod?
Rod.
Rodolphus.

"non...non...non...ce n'est pas possible, ce n'est pas possible, ce n'est pas possible..."

Hécate plissa les yeux et le vit à son tour. Le détraqueur dans les mains duquel gisait un homme, un homme que Rabastan reconnaissait comme son frère aîné. L'absurdité de la situation frappa Hécate comme un éclair mais ne semblait pas sauter aux yeux de Rabastan dont la voix devenait plus rauque à chaque syllable, plus étranglée. Elle le vit reculer et soudain, avec stupéfaction, l'observa lâcher sa baguette. Il ne lâchait jamais sa baguette. Fixant ses yeux sur la créature en face d'eux, elle l'observa juste le temps d'une seconde, les choses se passant à une vitesse telle qu'elle ne parvint pas à intervenir avant que son mentor soit désarmé et titubant.
Ce n'était pas un détraqueur, rien de tout cela n'avait la moindre cohérence. Mais cette chose faisait peur à Rabastan, elle lui faisait plus peur que toute chose au monde.

-Epouvantard...murmura-t-elle, c'est un épouvantard! pas un détraqueur! regardez le! ce n'est pas possible vous l'avez dit vous même! votre frère est en sécurité à Londres, pas dans cette caverne! réfléchissez!

Il n'était visiblement pas en état de réfléchir. Même dans l'obscurité, il était aisé de voir qu'il était livide et ses mains étaient agitées de tremblements incontrôlables, la baguette gisant sur le sol alors que le détraqueur lâchait le corps de Rodolphus Lestrange comme s'il eut s'agit d'une poupée de chiffons avant de se tourner vers son cadet. A lui maintenant.
Hécate sentit la panique lui étreindre le coeur brièvement mais se força à inspirer.

Loyauté.
Détermination.
Résilience.

Protection.
Assistance.
Soutient.

Elle sortit sa baguette et la pointa droit vers le détraqueur, tout aussi factice qu'il soit. Elle plissa les yeux, sa main se refermant autour du pommeau gravé de son arme et laisse un souvenir revenir, envahir son esprit comme un torrent furieux.


-Regardes Hécate c'est un Cloclodile!
-Un crocodile, Virgile, un cro-co-dile!
-C'est ce que j'ai dit! un cloclodile!
-Misère...
Le rire d'Hécate emplit l'air de Juillet alors qu'elle s'allongeait sur la rive de la rivière, calant sa tête sur le dos écailleux de Croc-croc, l'alligator familial qui se dorait tout comme elle la pilule. Une nouvelle exclamation de surprise retentit près de l'eau et Virgile pointa Léda, vêtue de son maillot jaune poussin.

-Et ça c'est un Nornithorinque malade
-MAIS VIRZILE LAIZE MOI TRANQUILLE ZE ZOUE A LA MARSSANDE! cria la petite fille en lui jetant une poignée de gadoue, Z'EST TOI LE ZORNOTORINQUE!

Hécate éclata de rire et se leva avant de soulever Virgile d'une main et Léda de l'autre, les faisant tourner jusqu'à ce que les trois enfants s'écrasent dans l'eau avec moult cris et protestations.


Le coeur de la jeune femme se gonfla d'émotion, la tristesse sous-jacente ne pouvant affronter le bonheur et la chaleur intense que lui procura ce trésor, ce souvenir doré à l'or fin. Elle avait perdu sa terre, perdu son innocence et perdu même les êtres qui composaient ce souvenir, mais cet instant resterait à jamais figé dans sa mémoire. Le jardin d'Eden avait été perdu mais elle savait que jusqu'au jour de sa mort, jamais elle n'oublierait la chaleur de ce jour d'été, l'enthousiasme de ses cadets et la douceur de leurs petites peaux enfantines contre la sienne tandis qu'elle les serrait contre elle.

-EXPECTO PATRONUM!

Une lueur explosa au bout de sa baguette et fit se dévisser la tête au détraqueur. La lumière argentée, teintée de volutes bleutées enfla et soudain, un alligator argenté émergea de la baguette avec un mouvement gracieux, comme pris en pleine nage dans les profondeurs d'un fleuve. Il se dressa de toute sa hauteur, suspendu dans les airs, puis ouvrit la gueule, découvrant des dents toutes assez grandes pour servir de dague et fondit sur le détraqueur. La créature recula subitement avec un sifflement de colère et le patronus vint nager autour de Rabastan, son corps écailleux et brillant l'entourant comme un rempart infranchissable alors que la queue fouettait l'air violemment. Le saurien ouvrit de nouveau la gueule comme pour mettre l'épouvantard au défi de garder cette forme plus longtemps, comme pour le mettre au défi de tenter quoi que ce soit. Hécate était concentrée, et sa baguette chauffait agréablement dans sa main.

Mais l'épouvantard, tout solitaire qu'il fut, n'était visiblement pas idiot. Il examina Rabastan un bref moment, les voiles de son apparences de détraqueur flottant dans les airs comme des guenilles,  puis subitement, fit la seule chose qui lui paraissait approprié: il changea de cible. Il se tourna vers Hécate et se ratatina, comme aspiré par un vent violent, avant de prendre une nouvelle forme.

Plus chétive.
Plus humanoïde.

Le patronus resta en alerte alors que la jeune femme faisait un pas en arrière, prête à attaquer, riposter, se défendre, mais ce qu'elle vit lui ôta toute envie de se battre, toute capacité de défense. Le petit inferi devant elle avait un visage presque poupin, des membres graciles et un visage si putréfié qu'il en devenait écoeurant. Les yeux étaient dévorés par les mouches, les dents s'étaient déchaussées et le nez était tombé, révélant la cavité nasale. Les mains pourrissaient, les côtes étaient visibles, les cheveux tombaient par poignées.
Une vision à vous soulever le coeur. Et la chose qui avait été Léda s'avançait vers Hécate avec des borborygmes informes. La jeune femme leva sa baguette de nouveau et tenta de se concentrer.

Ridiculus.
Elle pouvait le faire.
Elle devait le faire.
Mais elle ne le fit pas. Parce que ce n'était pas sa culture, parce que les épouvantards se faisaient rares chez elle, parce que le cadavre devant elle portait la robe préférée de Léda, parce que les intonations de la voix gémissante étaient les mêmes que celles qui avaient un jour crié sur Virgile, parce qu'elle était si petite et parce que la vision de ces jambes aux rotules apparentes, de ces ongles noirs et de ces lèvres cyanosées aux gencives gâtées par la pourriture lui faisaient si peur. L'inferi fit encore un pas tandis qu'Hécate faisait se dissoudre son patronus et reculait pour éloigner l'épouvantard de Rabastan et plus encore pour s'éloigner de lui elle même.
Ce n'était pas Léda.
Ridiculus.
Elle devait le ridiculiser.
Mais comment rendre ridicule et humoristique le corps putrescent d'une enfant de 13 ans.

La créature dut sentir la terreur se déverser en Hécate comme un poison mortel et avec un râle, fondit sur elle avec une force qui n'avait rien de commun avec celle qu'avait pu posséder Léda. Hécate bascula en arrière, heurta le sol avec fracas et sa tête vint percuter la roche alors que deux mains osseuses se refermaient autour de son cou, serrant à l'en étouffer, serrant pour tuer. Elle suffoqua, chercha à faire lâcher prise à l'inferi, mais peine perdue: il avait plus de force qu'elle n'en avait et sa baguette avait roulé à côté d'elle, juste hors de portée de sa main. Le tout n'avait mis qu'une poignée d'instants: la métamorphose, l'hésitation, l'attaque.

Et à présent, elle était clouée au sol. Le cadavre ouvrit la bouche en se pendant vers elle et s'en échappa un fluide translucide et jaunâtre, puant et collant, ce fluide putrescent que devenait le sang après la mort. Hécate sentit le liquide se déverser sur son visage, comme si la petite morte lui vomissait à la figure sa haine et sa rancoeur. L'odeur lui aurait soulevé le corps, mais elle ne pouvait plus sentir. Elle ne respirait plus du tout à vrai dire.

Sentant les doigts de l'inferi s'enfoncer toujours plus dans sa gorge, des points blancs apparaissant devant sa vision, elle leva la tête alors que l'épouvantard lâchait un rire semblable au grincement d'ongles sur un tableau noir et chercha Rabastan du regard. il reprenait ses esprits. Pas assez vite, mais il les reprenait. Alors Hécate oublia sa fierté. Elle mourrait de peur et s'il n'intervenait pas dans quelques instants, elle serait morte tout court. La jeune sorcière négligea tout ce qu'elle avait appris de la hiérarchie anglaise et de son mentor au cours des semaines et suffoqua une nouvelle fois avant de laisser échapper de ses lèvres un appel au secours à peine audible, une supplication qui ne s'embarrassa pas de fioritures.

-Au...se..Ra..ba...stan..à l'ai..de....

Impossible de parler plus. L'inferi serrait à s'en briser les phalanges et soudain, lui empoigna le crâne avant de le cogner contre le sol.
BOM.
Une fois.
BOM
deux fois.
Il riait. Léda riait comme une hystèrique de sa bouche ravagée en lui écrasant la tête contre la roche. Ses yeux aveugles menaçaient de tomber à tout instant.
Et à cet instant, Hécate sut qu'elle allait mourir pour de bon.
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MessageSujet: Re: "Comment ça on est perdus?!"   "Comment ça on est perdus?!" - Page 2 EmptyMer 9 Sep 2015 - 22:59

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Il ne savait plus à quelle année d’étude cela remontait, mais il se souvenait que pour ce cours là les Serpentards étaient avec les Poufsouffles. Et qu’il était déjà assez vieux ─ assez suffisant ─ pour ne pas se sentir obligé d’accorder un seul regard en entrant à ses camarades jaunes & noirs. La troisième ou la quatrième année donc. Le professeur de Défense contre les Forces du Mal, une de ses matières de prédilection, leur avait préparé deux heures de cours sur l’Épouvantard. Des travaux pratiques. Rabastan s’était bien amusé à voir certains élèves se débattre avec leurs pires peur ; il en avait trouvé certaines particulièrement grotesque, qui, a treize ou quatorze ans, pouvait encore avoir peur des croque-mitaines ? Ce garçon de Poufsouffle, particulièrement, eut beaucoup de mal à se débarasser de la créature. Entouré d’un petit groupe d’amis triés sur le volet, Rabastan avait bien rit, adossé nonchalamment sur le mur de la salle de cours, en regardant le pauvre gars devenu livide agiter sa baguette et marmonner la formule de sa voix tremblante. Quand ce fut son tour de s’avancer pour se confronter à la créature, il n’y avait eu aucun signe d’appréhension dans ses yeux ou dans son attitude. Il n’avait peur de rien. Rien ne pouvait l’impressionner. Ses amis lui avaient murmuré des encouragements et il y avait répondu par un demi-sourire plein de fierté. Toute la classe avait les yeux tournés dans sa direction, il fit tourner sa baguette dans ses mains : encore une occasion d’épater la galerie. Il aimait ça à cette époque : Merlin ! qu’il avait pu être con. Quand la créature sortit du coffre dans laquelle le professeur la maintenait enfermée entre chaque confrontation, il avait encore toute cette superbe très Lestrange. Pourtant son sourire disparut au moment même où l’Épouvantard prit une forme. Il se souvient encore des moqueries des autres élèves quand ils eurent compris ce que la créature représentait : « Lestrange a peur de son père ! », « Oh au secours mon père va me gronder… », « Nan mais t’as quel âge Lestrange pour avoir peur de ton papa ? » Évidemment il ne s’était pas gêné pour se moquer, les autres lui rendait la pareille avec joie. « Taisez-vous ! » avait ordonné le professeur « Vas-y Rabastan. ». Il se souvient avec exactitude du calvaire qu’avaient été ces cinq minutes pendant lesquelles il s’était battu pour briser l’Épouvantard. Il avait d’abord été muet, presque pétrifié puis enfin il s’était repris en main mais avait mis du temps avant de trouver la solution pour rendre son père amusant. Et pendant ces cinq minutes il avait pu entendre la voix grave de son géniteur lui hurler dans les oreilles tout ce qu’il avait pu lui répéter depuis sa naissance ─ tout ce que Rabastan avait peur qu’on puisse lui dire. S’il avait été seul, il s’en serait remis. Mais il y avait une double classe qui avait assisté à ce déballage. Il s’en souvenait parfaitement. La pire honte de sa vie, à Poudlard. Il aurait voulu s’enterrer pour le reste de l’année dans la salle commune. Il détestait les Épouvantards.

Derrière lui Hécate avait crié le mot. Il entendait sa voix résonner dans sa tête : réveille-toi Rabastan, il n’est pas réel… Pas réel et Rodolphus va bien. Mais pourquoi cette sensation de froid qui trempait ses veines était-elle si véritable ? Tout aussi véritable que l’avait été la voix de son père dans la salle de classe. « Réfléchissez ! » Réfléchis et surtout reprend-toi ! Le pseudo (mais tout à fait crédible) Détraqueur glissait vers lui maintenant. Une nouvelle vague de panique vint complètement détruire tout ce que la logique et le sang froid avait bien voulu construire. Il ne voulait plus jamais que ces choses le touche, plus jamais. Il fit un pas en arrière. Il entendait une voix féminine crier au creux de sa tête et à travers ces hurlements ce fut à peine s’il entendit Hécate prononcer l’incantation. L’Épouvantard-détraqueur recula quand un crocodile argenté ─ de la même facture que celui de sang qu’Hécate avait convoqué plus tôt dans la matinée, vint fondre sur lui. Un patronus. Elle savait matérialiser un patronus. Un patronus se tenait devant lui, en ce moment précis, et le protégeait. La douce luminosité du charme le calmait et sa présence paraissait réchauffer l’atmosphère. Les cris dans sa tête se résorbèrent et il commençait à voir plus clair, à entendre mieux, à reprendre conscience de la réalité. À prendre conscience de plusieurs choses, chacune d’entre elles plus désagréable que la suivante : il était désarmé, l’Épouvantard s’était dignement détourné de lui pour se focaliser sur Hécate, il avait (de nouveau) été confronté à une de ces créatures en présence d’un tiers. Et s’était (de nouveau) très mal débrouillé. Et avait (de nouveau) envie de s’enfoncer dans un océan d’oubli. Incapable. Pas vous Père, ce n’est pas le moment… Laissez tomber sa baguette devant une sauva… Putain, sa baguette ! Il se baissa pour la ramasser, ses gestes étaient lents, si lents… Sa main droite tremblait et ses doigts glissèrent plusieurs fois sur les bois avant de réussir à le saisir. Il continuait à avoir froid, même si la sensation était bien moindre maintenant, mais son corps avait connu ça trop longtemps et cette impression était gravée dans sa chair. L’apparition n’avait eu qu’à briser un sceau assez fragile pour que tous les réflexes ─ les vieux tics ─ remontent aussi sec à la surface.

Reprend-toi Rabastan… Il posa sa main gauche sur sa tête ; appuya sur sa tempe. Redresse-toi ! Ses jambes tremblaient mais il réussissait à tenir debout. Bien… C’était déjà ça… Et ta sauvage ? Putain ! Père ! Il appuya un peu plus fort encore sur sa tempe jusqu’à s’en faire mal. Mais les réminescences vocales de son géniteur avait raison : où était Hécate ? Il regarda autour de lui, n’eut aucun mal vu la taille de la caverne et surtout la situation à la retrouver. Aux prises avec un Inferi ─ avec un Épouvantard-Inferi. Le cadavre était tout petit, il comprit assez vite de qui il s’agissait. Sa sœur, sa petite sœur. Léda Shacklebolt si ses souvenirs étaient correct. Il vit la morte vivante se jeter sur Hécate, la faire basculer sur le dos. Tu ne vas pas avoir les tripes de la laisser crever. Même si tu devrais après ce qu’elle a vu… Qu’on le voit blessé passe encore, mais vulnérable comme il avait pu l’être face à la créature, cela ne relevait même plus de l’ordre de l’insupportable. Rabastan aurait pu commettre un meurtre pour bien moins que ça. Qu’est-ce qu’elle pourrait bien penser de lui après ça ? Est-ce que c’était important ? Elle va mourir. Un incapable, pas fichu de se débarrasser d’un Épouvantard. Elle non plus apparemment. Il n’aimait pas l’idée qu’elle puisse savoir ce qu’il craignait. Tout le monde a peur des Détraqueurs. À ce point ? Elle va mourir ! Au point de laisser tomber sa baguette ? Elle va mourir ! Au point de perdre tout ses moyens ? Lui ? ELLE VA MOURIR ! Rabastan Lestrange ? « Ra… ba… stan… à l’ai-aide. » Putain ! Combien de temps était-il resté là ? À la regarder lutter ? Sans rien faire ? Trop longtemps… Il tremblait beaucoup moins et sur sa baguette sa poigne était assurée. Il fut près d’elle et de l’Inferi en deux foulées. La créature, sous cette forme, était écoeurante même si elle ne le terrifiait pas. Il fit jaillir une langue de feu de sa baguette qui éclaira d’une lumière chaude l’intérieur de la caverne. Tout comme lorsque le patronus était apparu, l’Épouvantard tiqua. Lâcha Hécate. Le trait de feu se déroula hors de la pointe de l’arme de Rabastan, s’enroula autour d’eux, puis finit par s’évanouir. Mais cela avait suffit pour attirer l’attention sur lui. C’était ça qui était pratique avec ces créatures lorsqu’on était plusieurs : il était facile de la faire tourner en rond. De nouveau face à lui, l’Épouvantard reprit sa haute forme sombre encapuchonnée, mais Rabastan ne se faisait pas avoir deux fois dans la même journée. Il se payait même le luxe de lancer le sort en informulé, avant même que le râle redouté ne parvienne jusqu’à ses oreilles il agita sa baguette et les pans noirs qui recouvraient le démon s’enroulèrent soudain autour de ce qui pourrait être son cou, le tirèrent en arrière pour le faire tomber sur le sol. Rabastan n’éclata pas de rire. Même en y mettant du sien, absolument rien venant d’un Détraqueur ne pourrait le faire rire. Mais la créature disparut.

« Shacklebolt ? » Il s’agenouilla près d’elle, l’attrapa par les épaules pour la relever, le plus doucement qu’il le pouvait sachant très bien l’effet que cela faisait lorsqu’on se relevait trop rapidement après des coups répétés à la tête. « Je me doute bien que ça ne va pas, mais… » Il voulait lui demander comment elle se sentait… Était-ce bien utile cependant ? Il se doutait qu’elle devait se sentir aussi mal que lui. D’un coup de baguette magique il nettoya ses vêtements que l’Inferi avait dégueulassé, puis il fit apparaître des flammes violettes sur le sol de la caverne qui crépitèrent doucement, laissant échapper une lumière et une chaleur tout à fait appréciable. Rabastan ne lâchait pas les épaules d’Hécate ─ il savait très bien ce qu’il faisait. Tant qu’il s’occupait d’elle, tant qu’il restait près d’elle, tant qu’il faisait quelque chose ça lui éviterait de laisser à son cerveau le temps de trop cogiter sur ce qui s’était passé et de trop s’abîmer dans la sensation si habituelle du froid glacial provoqué par le pseudo-détraqueur. « Reste assise. Ne bouge pas. » Sans oser toucher sa peau, il passa ses doigts au dessus de son cou, là où l’Inferi avait serré et où à présent des marques noires commençaient à apparaître. Il regrettait bien de ne pas être fichu de lancer un sort de soin un tant soit peu utile. Elle a froid. Il retira sa veste, la posa sur les épaules d’Hécate. Conscient de la quasi-inutilité du geste. Lui aussi avait froid, mais il était dans ce très bref et très grisant moment que l’on pouvait appeler « l’œil du cyclone ». L’adrénaline le poussait à agir, le réchauffait, faisait battre son cœur, faisait mouvoir ses muscles. Il savait d’expérience que le contre coup serait atroce mais pour le moment mieux valait profiter de l’accalmie. Il ne culpabilisait pas, mais il avait la vague impression que s’il avait su se débrouiller comme un mentor aurait du se débrouiller, elle n’aurait pas eu à se mettre dans une telle situation. Il fit léviter une gourde d’eau hors du sac, l’attrapa de sa main gauche, l’ouvrit et la posa doucement entre les mains d’Hécate : « Tu devrais boire… Ça pourrait être bon. Pour ta gorge. » L’Inferi n’avait pas du faire que du bien de ce coté là…


Dernière édition par Rabastan Lestrange le Sam 30 Jan 2016 - 22:28, édité 2 fois
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