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sujet; Young and beautiful (Augustus)
MessageSujet: Young and beautiful (Augustus)   Young and beautiful (Augustus) EmptyMer 29 Juil 2015 - 11:47

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Young and beautiful
and if you listen carefully you will hear the stars saying that being a human was the hardest thing that they ever had to do.
Timide est l’enfant qui repose dans les couloirs musclés de pierre, apeuré est le chérubin, ses longs cheveux de feu nattés, broussailleux sur ses épaules d’affamée. Ses orbes luisent dans la pénombre, deux joyaux d’émeraude ensoleillés par les vertiges de l’or fané, là, assise inconfortablement le long d’un mur ténébreux elle guette le passage de la porte. Elle a essayé, plusieurs fois, essayé de partir, se faufiler lorsque le roi arrive, claque l’ouverture condamnée, pleure la fillette qui s’enfuit dans l’antre accordée. Elle a gardé ses vêtements usés, troués, sales de l’ignominie des rues, elle la sans abri causant tempête et éruption volcanique quand la peur s’installe dans les caves de ses cotes fragiles. Seuls souvenirs de sa vie d’avant, seule mémoire de son passé, elle tient fermement le tissu rêche de son t-shirt de paille, sa tête ses genoux tremblants comme la jeune feuille de printemps, exténuée par les efforts de paroles qu’elle déploie. Pourquoi tu ne veux pas me laisser partir répète-t-elle à l’abord de la pièce dominatrice, bureau de souverain intransigeant, pourquoi je n’ai pas le droit partir, je ne causerai plus d’ennuis promis, c’était un accident. Timidement, sa voix d’ange s’élève chuchotement cristallin transperçant les émotions soufflées, narquoises qui s’étalent lascivement dans la honte acharnée de la beauté. Un demi sourire se dessine à chaque fois, le susurrement d’autorité et l’oiselle remonte dans la pièce féerique, accepte pour une nuit, effrayée, dans les draps de cristal, accepte de dormir sur un matelas de princesse ; elle, l’inhabitée de richesses.

Trois jours qui tonnent dans l’esprit fatigué de la juvénile Dymphna qui observe de loin le maître partir, l’enleveur de sirène qui se repait de la compagnie ombragée de la docile colombe. Ce matin elle ne tente pas d’effleurer la silhouette menaçante qui s’en va tranquillement dans l’azur affranchi qu’elle contemplait les aubes de rosés, elle reste figée dans l’entrée, un regard suppliant à l’égard de l’intrus dont elle ignore encore le nom. La journée s’écarte, s’étirent les minutes d’infamie, les secondes de supplice ; tourne en rond l’animal perdu dans l’immensité d’un manoir drastique qu’elle n’adopte pas, les paumes égratignées aux fenêtres pour percer le lointain, les arbres alentour dansant par le zéphyr. Survient alors les gémissements à ses lèvres gercées, gelées par les années de solitudes, de misères bigarrées ; les mouvements excités par la perspective de fuite qui se tait, épouvantés par le présage morbide de l’enferment étouffant. Ainsi elle marche, silencieusement, gamine affolée, rêvant de la rive illuminée, les oiseaux qui chantent dans la clarté des fleuves et la brise voltigeant ses mèches de suie auréolées par la couleur de l’automne, bronze fantastique. Elle soulève quelques ouvrages, feuillette quelques pages. Ses loques dévoilant ses formes de cadavre maigrichon s’échappent de ses épaules qu’elle remet en place, puis, dans l’alcôve d’une salle elle se replie, allongée sur le parquet ciré, ferme ses agates rutilantes d’espoir de s’enfuir.

Le soir se baigne dans la sérénité de la fin du calvaire pour certains travailleurs, elle se lève aussi l’enfant des macabres moqueries, chancelle un peu sur ses pieds vaporeux, de faon tourbillonnant tandis qu’elle écoute le retour du monarque. Costume et gants de cuir qu’elle entraperçoit de loin, trois pas de distance pour l’éclopé terrible. Elle reste muette devant l’homme, pétrifiée devant le pouvoir nimbé dans la carrure de géant. Elle aurait demandé encore à ce que la liberté lui soit octroyée mais le gravier de l’effroi l’enchaîne à des épopées de gestes soumis. Sauvage, elle goûte à la pénombre des arabesques de paix, loin de lui et de ses coups fatals. Néanmoins, elle le suit, poussin curieux qui s’accroche à la rambarde de l’escalier, son minois chipie qui s’émerveille du marbre du bain, l’eau ruisselant sur les bords de luxueuse vasque qu’elle touche et retire dans un geste brusque, la chaleur fumante de la mélopée des gouttelettes humides. « C’est pour moi ? » demande-t-elle, le savon qu’elle examine tel un instrument inconnu, elle continue, ingénue. « J’en ai pas besoin, je vais me salir quand vous me ramènerez là où j’étais. Ça ne sert à rien. » Une moue saccadée de requêtes qu’elle souhaite lui procurer, le oui qu’elle attend, l’excuse qu’elle invoque de sa part, viens avec moi je n’ai pas le droit de retirer les ailes d’un oiseau farouche, je te repose là où je t’ai trouvé. Les mots qu’elle épie, stressée mais rien ne vient que des bras croisés, l’obéissance de l’ailée, sa figure se baisse vers le sol rayé de pas grégoriens. « Tu peux partir alors, le temps que je me lave. J’ai pas envie que tu me vois fragile. »

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MessageSujet: Re: Young and beautiful (Augustus)   Young and beautiful (Augustus) EmptyJeu 30 Juil 2015 - 11:53

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A refined form of cruelty
L’esprit s’emmêle des pensées malades. Les figures qu’il aperçoit, les accusations des fantômes du passé, d’une sœur qui ne quitte jamais son esprit, un rappel de son devoir manqué. C’est une nouvelle qui danse sur le marbre d’une maison hantée, du manoir qu’une commande peut refermer. Une figure dérobée à la rue. De plusieurs qu’il a déjà emportés avec lui, des corps assassinés par la suite – incapable de s’en occuper. Des morceaux du passé, des reconstitutions douteuses. Aucune assez satisfaisante pour reprendre le prénom d’une perdue ; Sorcha. Il ignore la douleur aux prunelles nouvelles, il s’écarte lorsqu’elle s’approche, il feint l’écoeurement alors qu’elle demande encore et encore si elle peut sortir dehors. Renard sauvage qui tente l’évasion alors que lui s’enfuit pour le Ministère. Le corps projeté à l’intérieur du manoir. A la sécurité qu’elle ne s’évade pas. Portes et fenêtres se ferment sous le claquement de langue du propriétaire. La magie qui n’obéit qu’à lui, au dernier descendant. Manoir d’une famille déchue. Calcinée la pureté. La cape resserrée sur les épaules, il marche un moment, à fouler les terres possédées, à apprécier le vent cinglant. Un rappel de sa mortalité qu’il a tendance à oublier ces derniers temps. Lui qui se proclame invincible.

Il transplane devant le bâtiment cachant le Ministère. L’attente d’une collègue. Un dossier important qu’il a entre les mains et ne peut se permettre de traiter seul – d’une unique personne qu’il considère comme étant de confiance, les autres qu’il voit comme des rats. « Toujours en retard » Qu’il crache alors que le son des talons résonne. Elle qui souffle son prénom et les voilà à transplaner ailleurs. Chez elle. La sureté du lieu. Lui qui ne peut pas se permettre d’emmener des visiteurs au manoir, à la crainte que sa nouvelle possession soit découverte – enfant sauvage dont il ne connaît même pas le statut de sang, une information qu’il ne souhaite pas savoir. Au rejet de la possibilité qu’elle ne soit qu’une impure. Les carnets dégueulent de schémas maladifs. Toujours cette même obsession pour le temps. Elle ne dit rien la blonde, a appris qu’il valait mieux se taire. Le dossier qu’ils traitent. Les feuilles qui volent.  « Comment va ta petite empathe ? Elle supporte son tatouage ou elle l’a déjà arraché ? » Un ricoché de sourire à l’évocation d’une gosse qu’il tient en laisse. « Je ne l’ai pas vu depuis des jours… mais c’est comme un chien, il suffit de la siffler pour qu’elle revienne » La considération qu’il ne possède pas pour cette vie enchainée. Elle qu’il a dérobé, qu’on a confié à d’autres. Son jouet favori. Un tatouage qu'il aurait aimé à lui imprimer sur le visage. Dommage. Idée jetée. Les paroles s’enchainent et coule le temps qu’il oublie. « Tu portes une seconde odeur » La menace qui cogne alors qu’il part. Un regard en arrière. Elle sait toujours. Devine ses plans boiteux. « Elle finira par mourir… comme les autres et tu le sais » Aucune réponse. Il n’évoque pas les autres, les remplaçantes à sa sœur. Disparition.

La nuit couche ses ombres. La silhouette devient un fantôme alors qu’il marche vers le manoir, en connaît la géographie. Les dalles qu’il ne suit plus. Au risque de se perdre. Inventions fabuleuses, et sortilèges de confusion qui n’ont plus aucun effet. Il avance au devant de sa propriété, à la crainte soudaine que l’Arrachée se soit évadée. La porte grince du bois centenaire. Rookwood s’avance au vestibule, son ombre qui se projette, gueule terrifiante qui roule sous les pas d’une personne qu’il est heureux de retrouver. Ebauche d’un sourire maladroit. Elle est l’oiseau capturé, les ailes décimées. Trois jours qu’il l’a garde sans savoir le sort réservé. Quelques idées. Comme la première fois, sa main se tend au devant, à l’invitation pour l’étage vers lequel il l’a conduit. S’ouvre la porte d’une salle de bain où d’un sortilège l’eau vient perler contre les parois. La tête qu’il incline pour unique réponse à la question formulée. Pour elle. Pour le corps taché de la rue. Elle croit encore que la crasse redeviendra sa maison. Augustus ne répond pas. Ne souhaite pas effrayer la curieuse. D’un mouvement il se retourne. Le dos. L’intimité fausse qu’il lui offre. « Enlève tes vêtements et entre dans l’eau… » Une politesse singulière pour lui qui prend et saccage sans remord. A l’attente des tissus défaits. Pas un instant il ne trahit sa promesse. De quelques pas, il s’approche doucement, se retrouve dérobé à la vue de celle qui ne porte encore aucune identité. Les doigts, curieux, effleurent l’épaule vierge d’eau. Le cuir barbare. « Tu as fouillé chaque pièce pendant mon absence ? Tu as essayé de deviner mon identité ? » Le sourire dans les paroles. « Tu me donnes ton prénom ? » La formulation importante. Donner. La vie qu’il souhaite enfermer dans un écrin.


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MessageSujet: Re: Young and beautiful (Augustus)   Young and beautiful (Augustus) EmptyVen 31 Juil 2015 - 11:56

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Young and beautiful
and if you listen carefully you will hear the stars saying that being a human was the hardest thing that they ever had to do.
Dymphna patiente, l’ange dans le territoire de la purge, sur la terre azurée, humide de cette salle artificielle, attend l’action de l’ogre, d’un corps qui s’efface dans d’autres contrées du manoir. Ses yeux bruissent de l’espoir qu’il la laissera en paix, le moment d’un bain si longtemps craint, si longtemps rêvé mais il tourne le dos le diable, laisse les secondes s’éparpillées, l’enfant des peurs qui tremble lorsqu’elle retire son t-shirt. Des mains qui s’empoisonnent dans l’air étouffant, des breloques fissurés, le jean rapiécé, elle emporte tout cela dans un coin ombragé, cache les étoffes funèbres, renard dépossédé.

Alors, doucement apeurée, elle s’enroule dans la tiédeur de la mer écarquillée, le savon repose dans sa paume miroitée et les poussières, les cendres, la suie sur son visage disparaissent, coulés dans les abimes de la baignoire luxueuse. « Tu feras rien à mes vêtements hein ? J’en ai besoin après parce que tu me laisseras partir. » Sa voix palpite d’innocence, l’enfance dans les tons sacrés de sa gorge se balance, exquise sonorité qui dégage la pureté. Elle croit encore à la possibilité de retrouver les repères miséreux auxquels elle est habituée, la juvénile balafrée, outragée par les hommes de pierres.

La main de cuir emprisonne l’épaule de la vierge timide, quel contact singulier, elle se surprend à frissonner, reculer ; les touchés sont des dents aiguisées, fuir les vertiges de son inquiétude dans l’eau brûlante. Ses cheveux embrasés s’illuminent d’une clarté nouvelle tandis que le savon s’échine à l’effort de rendre l’épiderme délicieux, d’une peau blanche redécouverte, le désir de la douceur évangélique, relique d’une poupée. « J’ai cherché qui tu étais je suis désolée. T’es quelqu’un du ministère. Tu fais du mal à des gens ? Ils sont méchants ? » Les questions batifolent, le chérubin n’en a pas l’habitude.

Elle plonge son minois honteux, respire ensuite, un jeu qu’elle invente pour se donner une contenance, celle de parler, de se montrer, de se dévoiler ; mais curieuse de l’enleveur elle ne peut se contrôler. « J’ai fini. » Qu’elle s’exclame, ravie du moment accordé, déjà elle se lève, éclabousse le sol ivoirien lorsqu’elle comprend que dévêtue, nue, offerte comme la figurine ailée elle se rassoit, demande une serviette colorée, dans le peignoir elle s’emmitoufle, son nez dans la parure de miel. « Mon nom c’est Dymphna. » répond-t-elle sagement, les joues ambrées d’or, l’ombre sur ses mains ravage la beauté donnée.

L’homme s’écarte, elle ne retourne pas la politesse du prénom, ses lèvres enfermées dans l’étau du mutisme d’avoir trop dit. Elle ose planter ses ramages dans ceux brisés du christ, l’infernal condamné, blessé dans les combats d’hiver, gelés ; son cœur chamarré bat des rythmes endiablés quand elle comprend dans ses iris l’abstrait des traumatismes. Soudain, elle s’aperçoit le changement d’expression du supérieur, ce changement si subtil, si évident, d’une surprise naissante, d’un retour mémoriel dans les limbes fracassées de sa pensée. « Qu’est-ce qui se passe ? C’est parce que je ressemble à ta sœur ? J’ai vu les photos dans le tiroir je suis désolée. »

Perdue dans les sphères nostalgiques, elle sent le danger croitre dans l’éphémère moment d’accalmie, la politesse voilée dans les désirs apocryphes de l’empereur. Elle cherche à récupérer ses vêtements, dans ses bras fluets elle serre les guenilles salies, usées, sur son visage l’écho des suppliques. Elle tente brièvement de sortir de la pièce, discrètement essaie de s’enfuir loin de l’intransigeant, les manches affamées qui noient les poignets de dentelle de la sorcière. Une porte qu’elle entrouvre, la porte des châtiments, d’une chambre musardée aux rideaux fermés. L’ombre du viril s’étend à ses pas fragiles, cristalline la voix sublime qui s’étale des milliers de morceaux victimes. « Je me suis trompée, c’est pas là que je voulais m’habiller. » Hésitante quand elle voit l’ouverture obstruée par la carrure de granit, pétrifiée quand elle voit le piège fermé de sa gueule béante sur l’âme affolée. Elle se cache dans un coin, tenant encore comme un totem de protection les seuls vestiges de sa vie d’avant.

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