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Severus n’était pas prompt à m’envoyer en mission. Du moins, pas autrement que sous ma forme d’animagus, pas autrement qu’en tant que porte-parole d’un homme que l’on croit être l’ennemi numéro 2. Autant dire qu’en dehors de Potter je côtoyais peu les insurgés. Oh je les connaissais, oui, pour beaucoup je les avais déjà croisé du regard quand, près de leurs camps, j’observais Harry Potter. Mais j’avais eu une demande particulière, inédite, dangereuse. Renoncer ? Non. Pas lorsqu’il me le demandait. J’acceptais de récupérer de la poudre de cheminette, une poudre permettant de « naviguer » dans Poudlard sans passer par la case mangemorts, une poudre utile, précieuse et jalousement gardé au sein même de son bureau. Qui ne connaissait pas le bureau du Directeur ? Depuis la « nomination » de Severus je m’y étais rendue à plusieurs reprises, pour récupérer des potions, suivre des cours d’occlumancie… le voir tout simplement. Nous avions mis au point le plan et assez de détails que je fournirais à notre allié le temps venu. Mais là était tout le problème, des alliés j’en avais peu. Non, en réalité je n’en avais pas. Seul Severus savait que j’agissais dans l’ombre pour les insurgés et il me demandait de me dévoiler à une autre personne… C’était risqué tant pour lui que pour moi. J’avais trainé mes écailles jusqu’au chemin de traverse pour les observer, choisir… jusqu’à jeter mon dévolu sur celui, qui selon moi me ferai courir le moins de risque. Lancelot Lovett, ancien Serpentard que j’avais connu dans une autre vie. Un jeune garçon ambitieux mais charmant, un enfant encore… Le jeune frère d’une connaissance disparu… un insurgé que j’avais déjà vu à l’œuvre. Le vol à la tire… sa spécialité. Parfait. N’ayant que peu de temps à perdre je l’avais abordé, d’abord simplement pour reprendre contact puis pour l’embrigader dans cette mission qui, je l’espérais, allait faire avancer cette guerre dans le bon sens. Le convaincre ne fut pas des plus aisés même s’il ne s’était jamais montré menaçant à mon égard. Il conservait visiblement une bonne opinion de moi malgré mon nom, malgré mon travail. Ainsi nous nous étions vus deux fois par la suite pour mettre le plan en ordre de marche. Le temps nous était compté, nous ne pouvions pénétrer dans l’école que ce samedi, jour de sortie à pré au lard, jour de liberté pour les élèves encore dans l’école. Bien sûr j’aurai pu y aller seule et ne faire prendre de risque à personne d’autre mais à qui aurais-je remis le butin ? Lancelot, lui, rentrerait avec ce que nous allions chercher et il pourrait le confier aux bonnes personnes tout en conservant pour lui le nom de son allié, celle qui l’avait aidé. Mon nom. J’espérais ne pas avoir à dévoiler toutes mes cartes aux jeunes sorciers mais je m’étais également préparé à parer à toutes éventualités.
Aujourd’hui, après avoir transplaner de Londres à Pré-au-lard avec lui puis nous être rapidement séparé pour nos missions respectives, nous devions nous retrouver entre deux boutiques. Tout près d’Honeydukes d’où je venais de sortir avec un sac en papier bien plein pour faire bonne figure face aux « adultes » que nous croiserions. Après tout, les élèves, pour beaucoup des sang-pur ou rachetés de l’élite, venaient là pour se détendre et acheter ce genre de chose, des sucreries et des fournitures, nous devions passer inaperçu et je faisais tout pour. J’avais remis mon ancien uniforme de Serpentard et une cape sombre afin de passer parfaitement inaperçu dans le village. J’avais confié un vieil uniforme d’Aramis au jeune homme afin qu’il l’enfile avant de me rejoindre et de prendre la potion. Le temps nous était compté et j’avais, je l’espère préparer assez en amont cette mission. Il avait pour devoir la « récolte » des cheveux de nos deux « victimes », deux adolescents de Serpentard. J’avais sur moi un sac en bandoulière que j’avais ensorcelé d’un sort d’extension indétectable, pratique et utile en toute circonstance et ce n’est pas Eris qui me dirait le contraire. Il contenait son jumeau que je réservais pour Lancelot ainsi que le polynectar que je n’avais eu aucun mal à me procurer. Cette potion était la nouvelle pimentine du sorcier, utilisé à tout va, on en trouvait un peu partout même si la préparation était longue et la durée plus qu’hasardeuse selon les potionistes. La nôtre devait nous permettre de mener notre quête à bien. Baguette en main, prolongement de mon bras, camouflée par une manche assez longue, j’attendais donc patiemment le jeune homme. J’avais fait la première partie du plan, de son côté j’espérais qu’il avait obtenu les cheveux nécessaire à notre entrée dans cette école. Haute bâtisse, symbole de tant de souvenirs pour les sorciers. Une école, une seconde maison et aujourd’hui le théâtre de lutte, la scène de nombreux crimes. Aujourd’hui nous y retournions pour commettre un vol, pour goûter l’interdit, franchir la ligne qui me séparait à jamais des « neutres ».
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Le 22 mai 2002

C'est étrange, de remettre l'uniforme de Poudlard.
De revoir la cravate aux couleurs de Serpentard descendre sous son cou.

Il a eu de la difficulté à en nouer le nœud, nerveux comme il est. Nerveux de savoir qu'aujourd'hui, il retourne à Poudlard, et pas en compagnie de la moindre des alliées. De celle qu'il n'aurait jamais soupçonné. De savoir qu'il est le premier maillon d'une chaîne de libération, de révolte, qui ira... jusqu'où ? Jusqu'au bout, il l'espère. Il a peur de tout faire rater. Il s'est regardé dans le miroir ébréché qu'il a trouvé, juste un éclat lui permettant de vérifier qu'il est bien mis. Pâle comme un linge.
Il ne veut pas tout faire rater.

Dans Pré-au-Lard, le Lovett est rapide, une ombre furtive, surplombée par Six, qui l'accompagne de haut. Il ne peut pas l'avoir lui, mais le corbeau est de surveillance, comme bien souvent. Il se faufile entre les boutiques, empruntant les allées moins fréquentées jusqu'à atteindre Honeydukes. La jeune femme est bien là, à leur point de rendez-vous, et il arrive discrètement derrière elle. Un petit chuchotement : « Miss... Guenièvre. Ce n'est pas Miss Lestrange. Il ne doit pas l'appeler comme ça. Guenièvre et Lancelot. Il pourrait en rire. Il en a déjà ri. C'était il y a longtemps, a-t-il l'impression. Il y a déjà une vie de cela. J'ai tout. »
Soit les cheveux des deux Serpentard dont ils vont prendre l'apparence, un petit couple qu'il avait repéré, passant de boutique en boutique, l'air hautain. Les silhouettes ressemblant à peu près aux leurs, pour limiter la douleur et les uniformes déformés, étriqués, trop grands sinon. Les intercepter avait été plus facile que prévu, ces deux idiots s'étaient éloignés des boutiques pour se bécoter et il avait suffi d'attendre qu'ils soient en train de se bouffer la tête (ou, en tous cas, de faire quelque chose qui ressemblait vachement à cela) pour les stupéfixier par derrière. C'était déloyal, mais il est un Serpentard, donc merde, autant que la réputation de sa maison serve ! Il a caché leurs corps près de la maison où ils s'étaient réfugiés, leur a pris soigneusement quelques cheveux (bien enfermés dans des fioles) et est bien vite retourné vers la partie commerçante du village.

Lui qui est toujours si souriant est incapable d'esquisser ne serait-ce qu'une moue satisfaite, ou victorieuse. Il a peur, Merlin. Il n'a pas le choix. Il est là. Il ne se défilera pas. Il est là, avec Guenièvre (Miss Lestrange, qui l'a surpris quand elle est venue lui parler, et oui, il a crû à un piège, il y croit encore un peu, il a tellement peur), ils vont y arriver. « Il faut bientôt rentrer... » Un peu d'anxiété dans sa voix. Les professeurs de garde vont les chercher. Ils ne doivent pas tarder. Il sort les deux fioles et met soigneusement un cheveu de chacune dans les fioles de Polynectar apportées par la Lestrange. Le mélange du jeune homme (Bryn, qu'il s'appelle, Bryn Lloyd, avec un si fort accent gallois, il a tenté d'imiter celui de Mr Llewellyn et il a l'impression que c'est affreusement forcé) devient d'un bleu verdâtre, sirupeux et fleurant l'acide, et celui de la jeune femme (Felicia Harris, Bryn la surnomme « Felix », chance) d'un rouge agressif, puant la mort. Il tremble un peu. Il range les fioles de cheveux et prend celle qu'il doit boire dans sa main. « Alors, euh... cul sec. »
Le cristal s'entrechoque et d'un coup, il boit la potion bleue – qui goûte l'acide, oui, qui semble lui brûler l'oesophage, et il se retient de hurler quand il sent son corps se changer, brûler de tous les côtés, lui faire mal à un point terrible. Il se retient parce qu'il le doit et parce que ce n'est pas pire que ce qu'il a déjà vécu (AlectoAmycusAlectoAmycusAlectoAmycus). Quand le tout cesse, des larmes coulent sur ses joues et il les essuie gauchement. Il est un peu plus grand, moins mince surtout, bien nourri. Les cheveux sombres, il le sait, les yeux aussi, le visage parsemé de taches de rousseur – comme le dos de ses mains. Il regarde Guenièvre, qui n'est plus elle. Sa transformation a réussi.

Sa voix grave, dans laquelle se force un accent gallois, se fait entendre, faussement moqueuse, surtout inquiète : « Alors ? Comment me trouves-tu, Felix ? »
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Je n’avais pas eu à attendre longtemps. Lancelot arriva assez vite pour que mon angoisse n’ait pas le temps de grandir. Je n’avais pas peur de l’échec, ça non mais je ne voulais pas faire courir de risque à ce gamin. Pourtant c’est ce que j’avais fait et délibérément en plus. Je l’avais choisi lui et personne d’autres, parce qu’il serait plus facile à convaincre et j’avais eu raison. Pourtant s’il lui arriverait quelque chose aujourd’hui je m’en voudrais pour le restant de mes jours. Il avait beau être Lancelot et moi Guenièvre, je n’allais pas jouer la demoiselle en détresse et ferais tout pour l’épargner, lui, s’il devait arriver quelque chose de fâcheux. Mais il ne fallait pas penser au pire, pas maintenant. Je lui offrais un sourire encourageant tout en sortant les deux fioles contenant la potion dans lesquels il fallait mettre les cheveux de nos deux victimes. Bien joué Lancelot.   Mieux valait le regonfler avant d’entrer dans le vif du sujet. Et puis j’étais sincère, après tout il avait parfaitement effectué sa première mission et peu m’importait qu’il ait jeté des sorts dans le dos des deux adolescents, parfois il fallait se montrer opiniâtre pour parvenir à ses fins. J’observe la fiole contenant le cheveu de la demoiselle avec un regard quelque peu… dégouté. Si la consistance n’est pas attrayante ce n’était rien en comparaison de l’odeur. Oui, d’un seul coup c’est… préférable.   Parce que personne n’aurait eu l’idée de replonger ses lèvres dans pareil liquide. Je ferme les yeux et avale la potion qui ne semble pas vouloir descendre… comme bloquée dans le fond de ma gorge. Le chemin que fait le liquide rougeâtre est suivi d’une vive douleur. J’attrape le mur pour me retenir, ne pas tomber, ne pas laisser la douleur prendre une place trop importante. Ma peau me tire, elle brûle,  comme si quelqu’un s’évertuait à m’écarteler joyeusement… je découvre mes doigts moins fins, mes cheveux, longs très longs, d’un châtain clair tendant vers le blond, je suis un peu plus grande. La potion est efficace. Une larme roule sur le visage de mon partenaire et ma main se lève par réflexe… il s’essuie avec sa manche et pour ne pas paraître idiote je remets sa cravate bien droite. Sisi hrm… c’est toujours ce que j’ai voulu faire. Je sortais le second sac en bandoulière et le tendait à Lancelot tout en lui répondant avec un sourire un peu niaiseux.  Parfait, comme toujours Bryn.  Tiens, ce sont les garçons qui portent les sacs. Je lui tendais le sac en papier de chez Honeydukes avant de lui prendre la main. Après tout nous étions censés jouer le rôle d’un petit couple. Allons-y. Je l’entrainais vers la route principale d’un pas pressé mais sans jamais lui lâcher la main. Nous passions devant la poste sorcière et plus loin les trois balais avant d’arriver derrière un petit groupe d’étudiant portant, eux aussi le blason de Serpentard. Je me faufilais entre eux la première attirant Lancelot pour qu’il me suive. Nous arrivions presque devant les grilles de Poudlard ou des hommes nous observaient. Allaient-ils nous fouiller ? Nous n’avions pas de temps à perdre aussi je jouais des coudes comme le ferait une demoiselle de l’élite. Il y avait un monde chez madame Pieddodu, Tu parles d’un tête à tête ! Je connais un petit  coin ou nous serons tranquille Bryn viens ! En le disant haut et fort, personne n’allaient nous suivre pour nous voir nous embrasser dans un coin de couloirs. Une méthode comme une autre pour être tranquille. Un mangemort s’approcha de moi et pointa sa baguette sur mon sac quasi vide. Il me demanda si je n’avais rien acheté. Bien sûr que si ! Des friandises chez Honeydukes et on a gouté à un pudding délicieux chez Madame Pieddodu. Vous devriez y’aller, il ne doit plus en rester beaucoup, il y avait un tel monde… je trouve la bierraubeurre bien moins bonne qu’au trois balais en revanche elle avait un…     Circule gamine. Oh très bien, je tenais juste à vous en informez parce qu’avec mon copain on a trouvé que ça ne valait…   Circulez, tous les deux. Bingo. Il ne rêvait que d’une chose, que Lancelot et moi nous retrouvions loin, mais alors très loin de lui. Saouler les hommes de paroles était toujours un bon moyen d’obtenir ce qu’une femme peut souhaiter. Ce ne sont pas les mêmes que la dernière fois, tu sais. Ils avaient été enchantés de suivre mes conseils…   Jouer le jeu encore quelques mètres. Certains élèves lançaient même quelques regard compatissant à Lancelot. Le rôle de la jolie blonde trop bavarde... à dire vrai si la mission n'était pas si "importante" je m'en serais moi-même amusée. Nous avions ainsi passé la première étape et nous pouvions pénétrer dans le château rapidement. rentrer me semblait presque "simple" sortir serait sans doute plus complexe... Comme je l’avais prévu en annonçant à haute voix que j’avais l’intention d’emmener Lancelot dans un petit coin tranquille aucun élève ne nous avait suivis. Je conservais néanmoins une voix basse afin que personne ne puisse nous entendre…  Une idée pour rejoindre rapidement le deuxième étage ?   Je prenais d’habitude les chemins les plus connu mais peut être connaissait-il un moyen plus discret d’arriver au bureau du Directeur.
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Il frissonne un peu quand Guenièvre rajuste sa cravate, avant de lui répondre, avec un sourire niaiseux qui le fait rigoler un peu : « Parfait, comme toujours Bryn. Tiens, ce sont les garçons qui portent les sacs. Il attrape le sac et le passe sur son épaule, avant de combler une de ses mains avec le sac de friandises… et l’autre avec la main de la jeune femme. Bien malgré lui, il se sent rosir. Mission. C’est pour la mission. Allons-y. » Pas besoin de lui en demander plus : docile, il se laisse conduire par la Serpentard jusqu’aux grilles de Poudlard, évitant soigneusement le regard des autres camarades de maison les entourant.

« Il y avait un monde chez madame Pieddodu. Tu parles d’un tête à tête ! Je connais un petit coin où nous serons tranquille, Bryn, viens ! Il est vachement impressionné, en fait. C’est vraiment comme si elle s’était glissé dans la peau de Felicia Harris. Il cligne des yeux un peu bêtement, avant d’approuver du chef et d’un Où tu veux, Felix » dit avec ce qu’il espère assurance. Et il est encore plus impressionné lorsqu’elle baratine le Mangemort aux grilles ! Où a-t-elle appris tout cela ? À mentir ainsi et que ce soit crédible ? Lui a de la difficulté à dire la vérité et que ce soit crédible… Sa main lâche la sienne et vient encercler sa taille avec une certaine nonchalance, rapprochant la petite blonde de lui. Il voit bien les sourires et les regards se poser sur eux, un peu compatissant, un peu amusé, et lui leur renvoie uniquement un regard chargé de (il espère toujours) mépris.
Péons.

La tactique de Guenièvre a fonctionné : plus ils s’éloignent, plus ils sont seuls, jusqu’à être tout à fait isolés. De la même façon qu’elle parle à voix basse, lui n’ose pas s’éloigner d’elle. Comme il les a vu à Pré-au-Lard, ces deux-là sont constamment ventousés l’un à l’autre, ça ne doit pas être différent entre les murs de l’école. « Une idée pour rejoindre rapidement le deuxième étage ? Il réfléchit quelques secondes, les yeux se plongeant sur le sac de friandises. Il devra lui demander s’il peut le garder, ensuite, pour le… partager avec Blair. Pensée douloureuse. Il y a un petit escalier, à l’ouest, que Rusard empruntait pour descendre rapidement aux cachots et nous tomber dessus. » Plus jeune, il l’empruntait parfois quand il était en retard à ses cours, mais depuis il a grandi et s’il se souvient bien, cet escalier est bas de plafond. Même à 11 ans, il devait baisser la tête. « Viens, c’est par ici. » Il ne doit pas penser à Blair. Il y a la mission. Et ils sont dans Poudlard – il ne le réalise pas vraiment, pas encore, mais ils sont dans Poudlard.
Le Lovett entraîne sa compagne dans la direction indiquée, ses yeux courant sur les murs, l’oreille aux aguets, s’attendant à chaque fois à croiser d’autres élèves, ou des professeurs. Ses doigts sont un peu crispés sur la taille de la jeune femme, sans qu’il s’en rende compte. Avant qu’ils croisent un couloir, il montre le sac de friandises à Guenièvre, le tendant vers elle. « T’en veux ? » La voix un peu mielleuse, parfaite quand ils croisent une Serdaigle qui roule des yeux en les voyant – assez pour ne pas l’inquiéter. Quand ils arrivent à l’escalier en question, caché dans le coin d’un mur, c’est pour constater qu’effectivement, Love va à peu près devoir le monter sur les genoux. Et qu’en plus, il est poussiéreux. Charmant. Mais nécessaire. Il lâche enfin la Serpentard pour ranger les friandises dans son sac en bandoulière (sans résister à l’envie de manger un Patacitrouille au passage), éclairant le passage sombre du bout de sa baguette, le « Lumos » étant rapidement chuchoté. Un petit sourire, un regard, un geste de la main, l’invitant à passer devant. « Les dames d’abord. » Politesse, oui. Trouille, surtout et plus que tout.
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Mentir, mentir et être cru sans le moindre doute possible. C’était l’histoire de ma vie, une jeune fille de l’élite le rôle de ma vie. Je n’avais aucun mérite à avoir embobiné ce petit groupe d’une façon aussi aisée presque naturelle mais je pouvais comprendre que ça en surprenne certain. Lancelot ne connaissait de moi que la douce Guenièvre souriante qui avait tenté de l’accueillir au mieux, il avait récemment découvert que malgré mon nom je ne cautionnais pas les actions du magister et luttait contre, dans l’ombre. C’était amplement suffisant pour le moment, il n’avait pas besoin de connaître toute la vérité, c’était aussi inutile que dangereux pour lui comme pour moi. La main de Lancelot enserra ma taille et je me retenais de sursauter, surprise d’un tel geste. Certes cela faisait plus « vrai » mais je n’avais pas l’habitude d’être ainsi enlacé en public. Je ravalais ma surprise tout en continuant mon petit manège. La main du jeune homme se raidissait, un peu plus et nous allions être complétement collé l’un contre l’autre et autant vous dire qu’il n’est pas simple de courir de cette façon. Un simple hochement de tête pour signifier que j’étais d’accord. Je le suivais, durant ma scolarité j’avais peu emprunté les raccourci, être vu était préférable à l’époque. Notre course fut ralentie par une élève de Serdaigle assez grande pour être plus âgée que nos deux amoureux. Alors à grand renfort de battements de cils et de sourire mièvre je lui répondais. Non, je te remercie, je dois garder la ligne pour te plaire…   La Serdaigle lève les yeux au ciel et je lui envoie un JALOUSE !   avant qu’elle ne déguerpisse rapidement, qui sait nos bêtises pourraient être contagieuses. J’aurai été bien incapable d’avaler quoi que ce soit, moi, Guenièvre Lestrange, sans doute au top 10 des plus gourmands que Poudlard ait connu… J’avais une mission et je voulais m’en tenir à ça. Pas de distractions aussi délicieuses soient elles. Je découvre enfin l’escalier enfin… oui je crois que s’en est un… même si je suis petite en règle générale cet escalier doit avoir été conçu pour des elfes de maison… ou pour le professeur Flitwick je ne vois pas d’autres solutions. Si, comme le dit Lancelot Rusard se sert de cet escalier je comprends mieux pourquoi ce vieux cracmol est plié en deux…. En fait, il doit être tout simplement bloqué ! Je ne peux retenir un commentaire amusé. Heureusement que nous n’avons que deux étages à monter…   Baguette en main j’illumine les premières marches recouvertes de poussières… oui l’endroit était vraiment charmant. J’esquisse un sourire à l’attention de Lancelot qui m’invite à passer devant… On était Serpentard ou on ne l’était pas, mais je préférais de toute façon prendre les devants. Môssieur est trop aimable. Je gravissais donc les premières marches accumulant la poussière sur ma robe de sorcier noire… L’escalier en colimaçon semblait interminable. Je reçus quelque chose, un objet non encore identifié mais de couleur blanche puis un second en plein sur le nez. Aïe mais… Des dizaines de morceaux de craie se déversa sur nous jusqu’à ce que je n’aperçoive l’esprit frappeur, coupable tout désigné. Il avait entre ses mains quelque chose de rond et il m’observait avec ses grands yeux sournois.  Peeves ! L’esprit frappeur chantonna une ode de sa création « Les deux serpentards dans l’escalier furent trouvééééés blancs comme des linges et bientooooooooooot MOUILLEEEEEEEEEES » PEEVES NON !!!   J’évitais la bombe à eau de justesse me collant aux marches… en oubliant presque Lancelot, qui, de derrière moi ne pouvait pas avoir vu la menace de plein fouet comme je l’avais vu… oups ?
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Comme le souligne Guenièvre : une chance qu’ils n’ont que deux étages à monter. Parce que cette montée, il la sent déjà mal. Puis, il sait bien d’où ils partent, mais où ils arriveront… c’est moins sûr. Si Lancelot se souvient bien, ils n’arrivent pas au milieu d’un corridor, mais plutôt derrière une statue, mais il suffirait qu’il ne pense pas au bon passage et… ils sont cuits. Enfin. Il ne doit pas trop y penser. Il hausse les épaules, un sourire innocent aux lèvres quand sa compagne réplique à son offre de passer devant, d’un « Môssieur est trop aimable » amusé. Un peu de Love, dans ce sourire, même si ce n’est pas son visage.

La montée se fait… enfin, correctement. Inconfortablement, surtout. Le Serpentard se force à regarder ses pieds, sinon ceux de la jeune femme devant lui, n’osant pas les lever plus haut, sachant parfaitement que ce qui se trouve à cette hauteur est le postérieur de ladite jeune femme. Puis, de toute façon, penché comme il est… Parce qu’il a refusé de se mettre sur les genoux, donc en conséquence, il est presque accroupi. Cette idée d’être aussi grand… « Aïe mais… Qu’est-ce qu’il y a ? » Un chuchotement, auquel la réponse est un morceau de craie dans son propre front, rapidement suivi d’une cascade d’autres. Il met son bras devant son visage, pour se protéger, en vain. « Peeves ! Tiens. En voilà un qui ne lui manquait pas. Les deux Serpentard dans l’escalier furent trouvééééés blancs comme des linges et bientôôôôôôôôôôôt MOUILLÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉS ! PEEVES NON !!! »
Et notons que si Guenièvre a eu le temps de voir et donc d’éviter les bombes à eau de l’esprit frappeur, ce n’est pas le cas de Lancelot.
C’est donc en plein visage qu’il se prend la bombe, qui explose aussitôt, le trempant de la tête aux pieds. « PEEVES ! Oh, les tourtereaux ne sont pas contents, caquette l’esprit en réponse. Un « Lacarnum Inflamari », bien inutile vu sa nature, vient lui répondre. Ça ne met pas le feu aux vêtements de Peeves, mais il bondit tout de même de côté, laissant échapper un perçant cri d’amusement, avant que celui-ci plonge pour disparaître au bas de L’escalier, faisant tomber le garçon au passage.

Les quelques marches qu’il déboule sont suffisantes pour qu’il se retrouve maculé de poussière, celle-ci s’étant bien collée sur ses vêtements mouillés. « Foutue… créature de… » Il marmonne des jurons en se relevant bien trop rapidement, oubliant le plafond bas – pour mieux s’y frapper la tête. Il laisse échapper une petite plainte, avant de vraiment se relever, posant un regard un peu piteux sur sa compagne d’infortune. « On continue ? » Ça ne sert à rien de se nettoyer maintenant : le chemin qu’ils ont à faire sera tout aussi salissant que ce qu’ils ont déjà fait.

C’est donc avec son orgueil blessé, plus que sa tête et ses fesses, qu’il continue la montée, jusqu’à déboucher derrière la statue. Ça va. Au moins, il a visé juste. Ils n’ont plus trop de chemin à effectuer, d’ici le bureau du Professeur Snape. Quelques coups de baguette lui permettent de nettoyer sa robe, sommairement, mais ce n’est pas le Panama, et ses cheveux sont aussi sales (sans parler de son visage). Et pointer une baguette sur sa propre figure n’est pas très recommandé. L’adolescent descend son regard piteux vers Guenièvre. « Tu veux bien m’aider, s’il te plaît ? Il laisse ses yeux parcourir le couloir. On ne doit pas être… loin. Il n’est jamais allé au bureau du directeur, qu’importe le directeur. J’espère qu’il n’est pas dans son bureau. » Une pointe d’angoisse dans sa voix. La fin de semaine, il n’y a pas de cours (surtout avec une sortie à Pré-au-Lard de prévue), et ils ont donc toutes les chances (Toutes. Les. Chances.) de tomber sur le Professeur Snape. Ce qui ne serait pas très cool. Ça non.
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Peeves n’était pas prévu au programme, il n’apparaissait dans aucune des discussions que j’avais pu avoir avec Severus. L’esprit frappeur était toujours au mauvais endroit au mauvais moment. Il nous faisait perdre du temps en plus de nous faire potentiellement remarqué. Bien qu’en réalité le simple fait d’entendre sa voix est souvent un signe qu’il ne faut pas prendre ce chemin-là. Je n’avais pas eu trop à me plaindre de ses tours pendables durant ma scolarité, je l’avais à peine croisé deux ou trois fois mais jamais il n’avait osé me lancer quoi que ce soit, ni craie, ni eau contrairement à mimi geignarde dont j’avais pu subir les foudres dans les toilettes des filles. Mais bien sûr il avait choisi ce jour pour nous ennuyer Lancelot et moi. Si j’avais pu éviter la bombe à eau ce ne fut pas le cas de mon allié qui fut trempé. Je grimaçais un peu gênée de ne pas l’avoir prévenu assez vite. Ce n’était certes que de l’eau mais ce n’était vraiment pas agréable. Je visais l’esprit de ma baguette mais la réaction de Lancelot se fit plus vive et son sort bien qu’inutile nous débarrassa de Peeves. Je le suivais des yeux et tentais de rattraper le jeune homme. Ma main ne fit que frôler la robe de sorcier qui chuta dans les escaliers. Tout va bien ?? Rien de cassé ??   Inquiète ? Moi ? Peut-être un peu oui, il venait de dévaler quelques marches de l’escalier en colimaçon. Si la chute pouvait être plus spectaculaire elle n’en restait pas moins douloureuse. Je me mordais la lèvre inférieure en le voyant se relever et se prendre la marche au-dessus de lui. Nous étions bien trop grands pour cet escalier… J’hochais la tête et lui offrais un petit sourire compatissant avant de remonter les marches et enfin parvenir à la statue. Je profitais de cet instant pour me nettoyer rapidement. Quelques sortilèges bien placé et j’étais propre comme un gallion neuf. Je regardais Lancelot qui venait tout juste de relever son visage vers moi. Oh, oui bien sûr.   j’aurai dû y penser moi-même, mais il avait l’air de maîtriser les sortilèges de nettoyages. Je m’occupais donc de finaliser son travail en usant d’informulés rapide mais efficace afin qu’il redevienne le Bryn chatoyant de pré au lard. Désolée pour Peeves…   Je ne m’excusais pas pour ce qu’il avait fait, non je n’étais après tout pas responsable de ça, en revanche je m’excusais de ne pas avoir su le prévenir… J’effleurais du bout des doigts la légère trace rouge sur son front. Quelques gouttes de sang perlaient. Il ne s’était définitivement pas loupé en se redressant. Je pointais ma baguette sur son front, soufflant alors un sort afin de soigner rapidement cette blessure mineure. Episkey.  Voilà, tu es de nouveau parfait mon cher Bryn. J’observais à présent le couloir, tentant de faire un point à la fois sur la situation et sur l’endroit où nous avions « atterri ». Non, nous ne sommes plus très loin. La gargouille est au niveau de la tour au bout du couloir.   Je pouvais presque faire le chemin les yeux fermés. C’était étrange de m’y rendre sachant pertinemment que le Directeur ne serait pas dans son bureau. Je venais voler celui que je considérais comme mon père. Dans mes souvenirs, il était rarement dans son bureau et je l’ai vu rentrer au bureau de poste, il ne doit pas encore être revenu.   Il ne reviendra pas tout de suite, c’est une certitude mais je tentais de le rassurer comme je pouvais. Personne à droite, personne à gauche, nous pouvions avancer. J’entrelaçais mes doigts aux siens afin de continuer notre petit manège de petit couple très… proche et d’avancer ensemble vers notre destination. Nous avions beaucoup de chance, nous n’avions croisés que peu d’étudiants… et aucun professeur. J’espérais sincèrement que notre chance ne tournerait pas. La gargouille semblait nous observer.  La dernière fois que je suis entrée le mot de passe était une friandise…. Essayons…  suçacides. Severus m’avait aiguillé sur le mot de passe sans me le donner réellement, un amusement que j’avais trouvé déplacé sur le moment. La mission était en soit déjà assez dangereuse comme cela pour en rajouter mais je comprenais maintenant que je ne pouvais pas lancer le mot de passe comme ça devant Lancelot. Ce serait détruire sa couverture. Bien sur la gargouille ne bougea pas d’un pouce.
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Les sortilèges de Guenièvre le débarrasse de la couche de saleté qui reste – assez épaisse et embêtante pour qu’il al sente distinctement quitter son visage. Un petit soupir de soulagement. Il est supposé jouer le rôle d’un élève de 7e année, ce n’est pas très crédible de ne pas connaître tous les sorts de nettoyage (ou de ne pas être capable de les réaliser). « Désolée pour Peeves… Un haussement des épaules. C’pas grave. » De toute façon, cet escalier est tellement étroit qu’il est certain que si c’était elle qui avait reçu la bombe à eau au visage, lui aussi aurait été trempé. Les doigts de la jeune femme effleurent son front, provoquant un furieux rougissement chez lui. « Episkey. Voilà, tu es de nouveau parfait mon cher Bryn. M-merci. Un petit bégaiement, un peu timide. Il ne s’attendait pas à ce contact. Mission, Lancelot, mission. Non, nous ne sommes plus très loin. La gargouille est au niveau de la tour au bout du couloir. Dans mes souvenirs, il était rarement dans son bureau et je l’ai vu rentrer au bureau de poste, il ne doit pas encore être revenu. »
Le voilà doublement rassuré. D’un, parce qu’ils n’ont pas beaucoup plus de distance à parcourir. De deux, parce qu’ils ne risquent pas de croiser Snape – enfin, pas pour le moment.
(et ne pas croiser Snape ne signifie pas ne pas croiser personne)

La main de la Serpentard est chaude, toute menue dans la sienne, et il la serre sans trop de force, sachant que s’il se laisse aller à son angoisse, il va serrer trop fort. Peut-être même la blesser. Ils ne croisent personne, personne encore, mais il a un horrible pressentiment. Ça ne peut pas être si bureau et si facile. Ils se postent devant la gargouille, qui semblait les attendre. « La dernière fois que je suis entrée, le mot de passe était une friandise…. Essayons… Suçacides. Pas de mouvement de la part de la gargouille. Le Lovett a une moue critique. C’est Snape. Le mot de passe doit plutôt être quelque chose comme Bave de chauve-souris ou Foie de crapaud. » Bon, la gargouille ne bouge pas plus qu’à Suçacides, mais il aurait eu de bien meilleures chances, à son avis. Sa mauvaise foi n’est apparemment d’aucune utilité. Il soupire un peu, se balance sur ses pieds, détaillant la gargouille. Pas de chance non plus qu’il ait laissé un… double du mot de passe, au cas où il l’ait oublié. « Peut-être que c’est un truc relié aux Mangemorts ? Ou à Poudlard ? J’espère que c’est pas quelque chose comme… le prénom de sa mère, ou de sa première amoureuse. » Déjà, imaginer Snape avec une famille (et surtout, une amoureuse), c’est rudement difficile, alors deviner les prénoms de ces hypothétiques personnes…

Il n’a pas entendu les pas derrière eux. Alors il sursaute quand une voix masculine, sèche et rude, s’élève, les apostrophant sous leurs noms fictifs :

« Lloyd, Harris. Puis-je savoir ce que vous faites ici ? »

Cette voix.
Il la reconnaîtrait partout.
Il se retourne lentement, glacé jusqu’aux os, posant ses yeux sombres sur Amycus Carrow, dont le regard soupçonneux le dévisage sans ciller. Il n’a rien oublié de lui, de son corps massif, de ses traits qui semblent toujours de traviole, de son rire affreux, de ses colères. Son corps en porte encore les marques, oui, les sinistres cicatrices, les traces de son impatience, de sa vengeance. « Felix et moi cherchions un endroit loin des autres bouseux, professeur. Y’a pas moyen d’être tranquille nulle part dans ce château. Il a répondu d’une voix blanche d’automate, les paumes déjà humides de nervosité. Amycus laisse échapper un bref éclat de rire, avant de lui répondre d’une voix faussement doucereuse. Et votre salle commune, c’est pour les sang-de-bourbe, peut-être ? Les apprentis de Salazar puent aussi la bouse, Mr Lloyd ? Non, professeur Carrow. » Il va s’évanouir, c’est certain. Ou pleurer. Ou les deux. Il ne sait même pas comment il fait pour rester encore debout, en cet instant.
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Lancelot n’avait rien de ce que je connaissais du « prince charmant », il était plutôt son petit frère, moins arrogant, moins chevaleresque mais bien plus mignon. Ses regards surpris, ses pommettes qui rougissent, son bégaiement et ses mains moites. Rien en lui ne transpirait la suffisance contrairement à beaucoup de garçons de l’élite. Peut-être était-ce à cause de son âge, mais dans mes souvenirs –qui ne sont pas si lointain tout de même- les adolescents mâles de son âge étaient plutôt des crétins décérébrés tout juste bon à rire tel des morses sur la banquise lorsqu’une jupe se soulève d’un sort bien placé… Non, Lancelot était un allié parfait et je me félicitais de ce choix judicieux. Le mot de passe ne fonctionna pas, Severus détestait de toute façon cette sucrerie et les réflexions de Lancelot me firent sourire. Le professeur de potion avait réellement mauvaise presse même vis-à-vis de ses anciens élèves. Avec moi il était différent ou peut-être était-ce mon regard qui n’était pas le même que celui d’un élève lambda. Marque ? Ténèbres ? Lord ?   Trois mots jeté à la volé pour voir la réaction de la gargouille qui restait de marbre –haha-. Je n’osais imaginer ce que Lancelot pouvait inventer concernant la famille de Severus aussi préférais-je aiguiller les recherches dans un autre sens. Il faut être méthodique, c’est certes le bureau du professeur Snape mais c’est avant tout le bureau du Directeur et qui sait si ce n’est pas à cette gargouille que le mot de passe doit plaire…   Après tout les directeurs changeaient mais la gargouille, elle, restait. Je sursaute de concert avec Lancelot lorsque la voix d’Amycus nous parvient. Je me souvenais de cet homme comme du tournant de l’enseignement entre ces murs. En tant que Lestrange j’avais été « relativement » bien traité par le professeur d’art de la magie noire. Art que j’avais appris à maîtriser… même si l’utilisation restait plus que sporadique. Nous lui faisons face à présent et je conserve mon sourire, Felix doit être ce genre de fille a toujours avoir le sourire aux lèvres… Malgré les quelques années passées loin de ce château et de cet homme, il n’a pas changé. Il est toujours aussi sombre, la parfaite caricature du mangemort. Je laisse Lancelot répondre, son idée n’est pas mauvaise du tout même si je doute que cela suffise à cet homme… il fallait réfléchir, vite. Je serre la main de Lancelot, tant pour lui donner du courage que pour lui rappeler qu’il n’est pas seul, dans cette bouse. En réalité professeur ce n’est pas tout à fait exact. Voyez-vous c’est la sortie à pré-au-lard aujourd’hui et  je soupçonne les troisièmes années d’avoir dépensé tout leur argent de poche en bombabouses et en boules puantes. C’est une véritable infection dans notre salle commune. Un sac à du exploser sous le poids de leurs achats je ne vois que ça pour que l’odeur se soit ainsi répandue partout. Il nous a fallu presque un étage et demi pour ne plus rien sentir….   Les abreuver de paroles, j’avais une chance sur deux de me prendre un doloris pour que je cesse de parler mais je devais continuer, plus je l’agacerai moins il ne souhaiterait perdre son temps avec nous. Je suis étonnée que ce genre de farce et attrapes, si on peut vraiment appeler cela ainsi, ne soit pas confisqué par les gardes. C’est à peine s’ils vérifient nos sacs de bonbons ! Votre sœur, le professeur Carrow nous a enseigné que ces boules puantes étaient une idée moldu, vous vous rendez compte, je ne comprends même pas que ce soit encore commercialisé ! Rien de bon ne peut sortir d’une création moldu sans doute modifié par un sang de bourbe !   Plus c’est gros, plus ça marche. Parler de sa sœur n’était que la cerise sur le gâteau. Quoi qu’il en soit je n’hésiterai plus une seconde lors de vos cours à user des sortilèges sur ses petits ingrats qui salissent notre salle commune, vous avez ma parole.   Voilà le caresser dans le sens du poil en promettant de jeter des doloris sur les plus jeunes… une belle mentalité, vraiment. Pouvons-nous patienter quelques instants ici le temps que l’odeur ne s’évapore ? Nous avions envie d’être un peu seuls, tous les deux… et la bibliothèque n’est pas vraiment l’endroit pour discuter….     Doloris or not doloris ?
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Ils sont perdus. Ils vont mourir. Ou pire. Les pensées de Lancelot vont à toute vitesse, autant que lui est immobile comme une statue, incapable de bouger, incapable de faire quoi que ce soit contre le cauchemar vivant qui est devant lui. Il se retient même de respirer, ne voulant pas le brusquer, pleurer, trop sortir de ce rôle qu’il doit jouer. Il ne doit pas faire passer Lancelot Lovett par-dessus Bryn Lloyd. C’est quand il ouvre la bouche, pour tenter une réponse quelconque, que Guenièvre prend le relais de façon inattendue, engageant un interminable bla-bla qui laisse le Lovett aussi interdit que le Carrow. Fasciné, également, et il ne pourrait pas dire que son vis-à-vis n’est pas non plus un peu abasourdi par cette logorrhée aussi spontanée que sans fin. La pression sur sa main l’a rassuré, mais là, soudainement, il ne l’est pas tant que cela.

Plus le laïus est débité, plus les yeux d’Amycus Carrow se plissent, jusqu’à devenir deux fentes mortelles qui ne semblent plus voir que Guenièvre/Felicia, qui n’a toujours pas terminé. Lancelot/Bryn, lui, se contente d’appuyer tous les dires de sa douce en hochant la tête ponctuellement, ayant repris un air vaguement supérieur (bien que toujours mâtiné d’effroi). La demande finale de la jeune femme semble achever le Mangemort, qui ne doit plus voir grand-chose tant ses yeux sont fermés. Celui-ci n’a jamais été réputé pour sa patience et qu’il la laisse autant parler est aussi louche que dangereux.

L’homme lâche finalement un seul mot, d’un ton aride : « Soit. » C’est… tout ? L’adolescent n’ose tout de même pas bouger, se disant que les prédateurs réagissent au mouvement et à la peur, et il ne doit pas lui laisser un centimètre de terrain. « Votre petit laïus était très intéressant, Harris. Il n’a pas l’air de le penser sincèrement, pas même un peu. La baguette se lève, le sort fuse, trop rapidement pour qu’il ait le temps de réagir. (qu’aurait-il fait, ou pu faire, de toute façon ?) Endoloris. » Le sort frappe la jeune femme, juste le temps d’une dizaine de secondes qui semblent interminables à Lancelot. Il m’ose même pas la regarder, entendant uniquement ses geignements étouffés, étranglés, les froissements du tissu contre le sol de pierres. La forêt de frissons court à nouveau sur sa nuque, sur ses bras, et il serre les dents, lève un peu plus le menton.
Finalement, Carrow lâche son sort, un sourire satisfait venant décorer son visage de travers. Quand il repose ses yeux sur Lancelot, semblant se rappeler qu’il est là, le regard est dur, sérieux. Terrifiant. « Si dans dix minutes, vous êtes encore ici, vous serez les prochains cobayes de mon cours. » Il tourne ensuite les talons et c’est seulement une fois qu’il a disparu au coin du corridor que Lancelot se laisse tomber au sol, ses genoux le lâchant.

Il aide la jeune femme à s’asseoir. Ses grandes mains replacent les cheveux, caressent son visage, ses épaules, avec une détresse nette. Comment va-t-elle ? A-t-elle encore mal ? Oh, c’est de sa faute, c’est lui… « Guenièvre, oh, Guenièvre, je suis désolé, c’est de ma faute, je n’aurais pas dû le provoquer, est-ce que ça va ? Il aurait le faire à moi, c’est pas-c’est pas- » Les mots se bloquent dans sa gorge alors que les larmes de peur osent enfin monter et couler sur ses joues, interrompant ses paroles d’un profond sanglot qu’il essaie d’étouffer. Il a eu peur, tellement peur, il sait qu’il va en rêver, il n’en dormira pas de la nuit, tous les souvenirs de Poudlard reviendront en masse pour le torturer jusqu’au milieu de la nuit. « On doit t-trouv-ver le m-mot de p-p-passe. » Il est décidé, malgré le bégaiement et les larmes brûlantes sur ses joues. Il se relève et aide sa compagne à le faire également, la prenant sous son bras, comme pour l’y abriter. Dix minutes, ils ont dix minutes. « Si elle aim-me les b-bonbons… Sucettes au s-sang ? Nid de caf-fards ? Oui, Snape ne peut manger que cela. Aucune réaction de la gargouille, si ce n’est qu’il a l’impression qu’elle les regarde avec un air narquois. Potions ? Sang ? Rien. Le sourire semble uniquement encore plus moqueur. Pourquoi tu veux pas ? » Excédé, il fout un coup de pied contre le marbre, se récoltant uniquement une douleur fulgurante qui traverse toute sa jambe depuis son gros orteil. Il sautille sur un pied, tenant l’autre entre ses mains, les noms de sorciers se succédant comme autant de jurons : « Merlin ! Grindelwald ! Salazar ! Dumbledore ! »


Dernière édition par Lancelot Lovett le Lun 22 Juin 2015 - 17:44, édité 1 fois
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