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sujet; Soulmates is a word too weak for us (Ron & Sue)

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You will meet a boy with blood on his tongue, a despairing glint in his eye and you will love him, scars and all, oh, as you have never loved before. For the way his eyes dance when he laughs, for the shuddering strength in his hands.
before long, you do not remember
how it was to not be his

Tic-Tac. Le temps s’égrène doucement depuis l’horloge qui garde l’entrée de ta chambre. Les minutes s’attardent, les heures errent sans but dans l’espace douillet de ton sanctuaire, de cette pièce qui te rappelle sa présence. Assise sur un fauteuil, tu tentes encore, en vain, de t’occuper l’esprit. De t’évader. Loin de cette pièce, que pourtant tu adores, que pourtant le feu de cheminée rend plus douillette encore. Tu cherches à t’éloigner de la douce chaleur qui ronronne autour de toi, tu tentes d’oublier la forme de son dos, sa silhouette quand il est forcé de courber l’échine, le temps de s’enfoncer dans la cheminée. C’est raté, il suffit que tu repenses à son dos, à sa façon d’avancer, avec tant de confiance, avant bien trop d’aplomb, comme s’il craignait de ne pas être en état de partir, pour que Ronald Weasley te revienne en tête. Le désespoir s’échappe de toi dans un grand soupir, ton visage s’enfonçant dans l’ouvrage que tu n’arrives pas à déchiffrer. La patience est une vertu que tu as toujours possédé, jusqu’ici du moins, parce que depuis que le bel insurgé a daigné t’accordé une demi-nuit de sommeil en sa compagnie, tu la cherches sans plus la trouver. Elle c’est surement enfui et toi, tu tâche de la rejoindre, mais sans résultat. Pourtant tu as promis. D’attendre. De ne pas faire d’histoire. D’être compréhensive. Mais c’était avant de l’aimer tant, n’est-ce pas ? Oui, tu t’es fait piéger. Par son sourire, par ses baisers, par ses yeux bleus, à la fois trop pur et habité d’une flamme terrible. Il est trop tard.

Tu pourrais t’apitoyer sur ton sort, bouder son départ, te ronger les sangs à t’imaginer les pires scénarios, mais la réalité c’est que si Ronald te manque, tu lui fais confiance pour rester en vie. Pour te revenir. Alors ta tête retombe doucement contre le dossier de ton fauteuil et tu repositionnes le livre sur tes cuisses, inspirant lentement l’air qui embaume le feu de foyer, le bois qui se consume. Comme toi tu t’enflamme pour un certain Weasley, qui brille par son absence. Si tu ne te permets pas de supplier une quelconque divinité pour veiller sur lui, pour le garder en vie, parce qu’il t’a prouvé être à la hauteur de par sa simple existence, une pointe d’inquiétude couve tout de même en toi. Là dans ta poitrine, derrière un poumon, comme une petite voix qui t’inciterait à aller récupérer une certaine flasque finement ouvragé. Un cadeau. Un alcool qui te ravis les papilles, mais tu n’as pas même la chance de te redresser, qu’un son éclate dans la cheminée, derrière toi, t’arrachant un sursaut. Tu n’as pourtant pas même la chance de pivoter la tête, que tu comprends déjà ce qui se déroule, que ton cœur se met à battre plus fort. Ronald ! La pièce n’a plus la même teinte, parce qu’elle est baignée par la lueur des flammes, elle passe d’une teinte chaude à celle froide, presque inquiétante, des flammes magiques. Le livre chute sans douceur au sol et déjà tu t’élances en direction de l’âtre, où le visage de ton bien-aimé émerge des cendres. « Ron ! » C’est plus fort que toi, quand bien même tu aimerais être la douceur et la patience incarnée, tu peines à ravaler ton sourire, te pinçant les lèvres, pour abandonner l’idée de lui dissimuler ta joie de le retrouver. À quoi bon ? Et puis, il est là. Il est enfin là ! Tes mains se referment déjà sur le bas de ton pull, soit l’unique vêtement visible sur ta personne, pour le tordre doucement.

La joie te transporte, te fait battre le cœur plus fort, va jusqu’à faire s’emmêler tes mots : « Est-ce que tu vas bien ? Est-ce que tu rentres au campement ? Je- » Tu t’efforces de te calmer, inspirant lentement, pour sourire plus calmement, presque sage. Presque. Parce que devant lui, tu perds tes moyens bien trop souvent. « Est-ce que tout va bien ? » Puis tu t’attardes sur les traits de son visage, bien que flou à cause du moyen de communication, tu ne peux pas t’empêcher de retracer la fatigue et le manque de nourriture. Est-ce que ses joues étaient aussi creuses lorsqu’il t’a quitté ? Est-ce qu’il avait ce même regard épuisé ? Il n’y a que son sourire, qui semble intact, mais encore, tu ne saurais pas retracer le vrai du faux, tu ne l’as jamais connu qu’en période de guerre. L’inquiétude s’enfonce doucement dans ton ventre et tu te mordilles un bout de lèvre, oubliant que tu as pourtant un cadeau pour lui, aussi inutile puisse-t-il être. « Ron… quand est-ce que tu as fermé l’œil la dernière fois ? Tu ne devrais pas être là… » Tu murmures presque, comme si tu craignais qu’on vous écoute, comme si de parler tout bas pouvait l’aider à aller mieux. Comme si tu pouvais le préserver ainsi. « Tu devrais plutôt aller dormir… mais tu vas bien, je suis soulagée. » Il a droit à un petit sourire heureux, sincèrement heureux même, de ta part. « Je savais que tu reviendrais… mais maintenant, file dormir ! » L’ordre a beau être sérieux, ta voix est tout sauf ferme. Douce, oui. Suppliante, un peu. Mais assurément pas aussi ferme qu’elle devrait l’être, parce qu’il te rend faible. Parce qu’il te manque continuellement. Parce que tu l’aimes. Un peu trop. Beaucoup trop même.
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Soulmates is a word too weak...
Susanna & Ronald

“Then why do things happen the way they happen? If I understand it I can change it. Is it your fault? Do you stop me from changing it?”
“They happen because Life consumes everything and Death never sleeps, and between them the world moves.”
▬ Valente



Au sein du repère des Silencieux et des Audacieux chez lesquels il venait enfin de rentrer, Ron monta sa tente, étroite et de fortune, en un revers tremblant du bras. Harry n’aurait sans doute rien dit s’il l’avait rejoint à cette heure-ci (s’il était là) ou plutôt si, il aurait demandé comment il allait et Ron n’était pas certain de pouvoir omettre de dire ce qu’il en était plus longtemps. Le plus simple était de s’isoler un peu, dormir -enfin- et prendre des nouvelles demain.

Ce qui frappait au campement improvisé des insurgés était le silence absolu (et ce malgré le mouvement perpétuel) qui tombait sur soi et sur l’étendue de la ville une fois le couvre-feu là. Il avait marché pendant des heures et des heures en haletant, serrant les dents sous le poids de nouvelles connaissances durement acquises, pestant sur l’inconséquence des centaures, invoquant chaque membres de sa famille pour mieux tenir, maudissant cette guerre qui les dévorait un à un qu’elle qu’en soit le camp (plutôt eux que nous) et peut-être même Herpo pour lequel il conservait pourtant une fascination latente mais bien réelle.
A chaque pas que Ron disputait à l’espace sans limite et à ce vent féroce, il sentait cela dit le courage revenir en lui, l’espoir –un peu- et une force jamais éprouvée auparavant. Il se sentait bien mieux en sachant Harry et Hermione prêt de lui et ça avait toujours été le cas. Ou presque.

Ron se laissa tomber sur la couverture grossièrement tassée sur le sol.

L’absence d’un quelconque son, écho ou souffle pouvait procurer une ivresse étrange. L’impression de se répandre comme l’eau, l’air, la poussière ou la fumée, jusqu’à couvrir tout ce qui était ou ce qui devait être. C’était dans ces moments de calme entier que le visage de Sue se nichait. Les sourires timides et les gestes téméraires. Comment allait-elle? Est-ce qu’elle se plaisait toujours dans son cottage? Comment allait sa bouche, son ventre, sa poitrine? Et ses yeux noirs, si noirs?

Ron se recroquevilla, la vision ondulante. C’était terrible cette sensation d’épuisement qui vous plombait le corps, et le sommeil qui ne venait pas. Et s’il la contactait? Juste un peu… quelques minutes. Évidemment c’était dangereux. Les cheminées étaient protégées ou surveillées pour la plupart et il aurait beau utiliser du charbon communiquant portatif ça n’y changerait rien : il était au cœur du campement insurgés.

Il ne pensait quasi plus autrement. Toute actions délimitaient un prix à payer, un danger à venir et des amis à perdre. Il tourna maladroitement sur sa couverture, les yeux toujours ouvert et le silence partout. Il pourrait aller voir son copain de toujours. Ou Hermione. Pourquoi pas Emily toujours si pleine d’énergie. Ilario saurait trouver une potion pour s’endormir rapidement...

Mais c’était le visage de Sue qui revenait dansant sur le tissu opaque de la tente fourni par Donovan.

Ron tourna encore, glissant sur son dos en un soupir agacé. Il n’avait jamais vraiment pu fermer l’œil avec Herpo ou à peine et maintenant qu’il pouvait le sommeil ne venait pas. Un vrai petit con. Il pouvait presque sentir les cernes se creuser comme autant de sillons sous ses yeux.

Peut-être que c’était la seule solution. Il en avait du charbon communiquant portatif... un petit feu... Il suffisait d’enfermer complétement l’espace et de…

« Crotte de Snape. »

Ron se releva d’un mouvement bougon, le manque de sommeil lui mettant les nerfs à vif et le rendant parfois lent malgré lui dans sa gestuelle Il se rhabilla, prit sa baguette, son déluminateur et transplana sèchement dans un immeuble désaffecté, le même que celui qu’il utilisait d’ordinaire pour communiquer avec elle.

La magie utilisée lui fit tourner la tête et il réprima le gout de bile à l’arrière de sa langue.Il lui fallut quelques longues minutes pour allumer le feu et ce fut dans un soupir désespéré qu’il reconnut la chambre de sa dulcinée.

« Est-ce que tu vas bien ? Est-ce que tu rentres au campement ? Je- »

Elle eut un sourire radieux qui se fit plus raisonnable sous la pression des mots. Il ne put à vrai dire articuler quoi que ce soit sur l’instant. C’était comme servir un énorme repas à quelqu’un qui avait passé famine. Le corps ne suivait pas.

« Est-ce que tout va bien ? Ron… quand est-ce que tu as fermé l’œil la dernière fois ? Tu ne devrais pas être là… »

Ron eut un rire discret, un bourdonnement fluet aux oreilles. « Oui t’en fais pas. J’ai pas envie de te faire des phrases aussi jolies que les paquets de chez Mme Guipure mais crois-moi quand je te dis que maintenant que je te vois, ça va mieux. »

Il déglutit sous l'aveu puis dut tendre l’oreille avant de s’éloigner un peu. L’image se saturait s’il se rapprochait de trop.

« Tu devrais plutôt aller dormir… mais tu vas bien, je suis soulagée. »

Il eut une grimace et un soupir. « Moi aussi. Mmm j’y arrive pas en fait. »

Voilà. Tu fais la guerre pendant des lustres, tu vis des aventures terribles, tu vois des choses dont il ne vaut mieux ne jamais parler  (on inclut Ilario sans chemise dans le campement), tu fais un stage Koh Lanta de la Mort avec un type qui fait passer le Croque-Mitaine pour un enfant de cœur sans compter que tu dois repartir bientôt pour une quête avec tes meilleurs amis dont l’un tient juste le destin du pays sur son front mais de quoi tu te plains à ta copine? De pas avoir de doudou.

La réflexion allongea le visage de Ron qui passa ses doigts derrière l’oreille avant d’arborer un sourire désolé.

« Je savais que tu reviendrais… mais maintenant, file dormir ! »

« Dis pas de conneries. Je reste un peu. Après, promis, je vais m’effondrer dans mon lit douillet. Tu seras pas jalouse si je te parles de mes petites copines les puces ? » Plaisanta Ron, plaçant son épaule sur le côté droit de la cheminée, s’y appuyant même, la tête un peu lourde. Sue était toujours si ravissante. C’était curieusement plaisant au-delà même de l'aspect esthétique, comme si la regarder démontrait aussi que le monde tournait, malgré tout. Normalement.  
« Toi, tu vas bien ? Je t’ai dérangé en pleine lecture sur les… » Il eut un mouvement de sourcils espiègle malgré la lourdeur des paupières. «  Potagus Fungitus? »

Oui ben prière de rire à sa misérable blague… il était fatigué.

Il repoussa une mèche rousse de devant ses yeux, fronça son long nez constellé de tâches de rousseur mais aussi de suie dorénavant. « Il s'est passé quoi chez les sorciers pendant ma super escapade? Raconte. Des trucs normaux ça fait toujours du bien.»

C'était sincèrement tout ce à quoi il aspirerait à la fin de cette fichu guerre: la normalité.





© Gasmask
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some souls are bound together, so the poets say, but you and he are more than destined, more than merely bound— your love is not just written in the stars, it is woven into the fabric of the heavens, the essence of the cosmos.
it's not that we are fated to be together,
but fate has not the audacity to keep us apart.

Tu n’as pas été créée pour aimer, pas de cette façon du moins. Pas aussi fort, pas avec autant de ferveur. Tu n’as pas été élevée pour cela, pour ce genre de sensation. Le plaisir n’est jamais qu’un luxe, la passion une question de coïncidence, ça on te l’a appris. Docile héritière au sang noble, tu n’as jamais eu à t’inquiéter de tes sentiments, ni des palpitations possible de ton cœur. Tu n’as pas été préparée à vivre avec une nuée de papillon dans ton ventre, le bonheur ne devait pas avoir l’éclat des flammes, pas plus qu’un sourire faisant fondre tout ce qu’on a tenté de geler en toi, depuis le berceau. De petite fille fragile, tu as été faite femme docile, épouse gracile. Ce ne devait pas être lui, pas le bel insurgé dont tu prononces le nom avec ravissement, ce devait être un autre, de ceux te rappelant ta qualité d’héritière bénie, tout juste bonne à te faire mère, précieux petit incubateur. C’est à cela que sert ton cœur, on a tenté de te le faire croire par le passé : à garder ton ventre en vie, à propulser ton sang, ta plus belle qualité, à travers tout ton cœur. Et pourtant, il y a eu Marcus et ton amour maladroit, une impression de devoir servir de présent parce qu’il t’avait sauvé. De ta famille, de ta vie, de tes malheurs, le temps de prendre sa main, de le laisser poser son corps sur toi. Puis Draco et ton amour à moitié esquissé, pour expliquer la raison de ta présence, pour te rassurer. Comme si tu étais forcé de chercher des excuses pour avoir tenté de faire de ton mieux, comme si l’amour était une monnaie d’échange, parce que tu tentais encore, en vain, de te pardonner toi-même. Mais tu n’en est plus là, tu es passé maitre de ton destin, tu as découvert les chemins sur tes mains. Des courbes à suivre, à contourner, à redessiner. Tu t’es fait femme et un homme t’as trouvé : Ronald Weasley, ironiquement aussi pur que toi, heureusement meilleur que toi. Il est le glorieux avenir, ton destin se voulant dorénavant lié au sien. Similaire, faute d’être le même. Pas quand tu es ici et lui là-bas, tu le sais, et pourtant tu le ressens ainsi : vos lignes ce sont croisées. Vos lignes se chevauchent, par moment, des instants volés, comme celui-ci.

Ainsi, le visage épuisé de Ron est quelque part le tien, sa souffrance se presse entre tes côtes et le poids du monde, celui qu’il porte si courageusement sur ses épaules constellées de tâche de soleil, s’enfonce doucement sur toi. Il est bien plus qu’un partenaire, il est ton destin, celui que tu as choisis. Et il se trouve devant toi, à moitié dessiné par les flammes, silhouette floue et brisée. Presque éteinte. Or, si la joie de le retrouver surpasse tout, le temps de redessiner ses traits dans l’âtre, maintenant qu’il sourit, l’angoisse s’immisce en toi. Qu’importe ses excuses, qu’importe combien son visage t’apporte du réconfort, c’est son bien-être immédiat qui pèse sur ton cœur. Il ne devrait pas être là, pas dans cet état, pas alors qu’il doit faire un effort pour sourire, ne parlons même pas de son rire. Presque propret. Or, toi tu aimes son rire bruyant, éclatant, comme le soleil. « Oui t’en fais pas. J’ai pas envie de te faire des phrases aussi jolies que les paquets de chez Mme Guipure mais crois-moi quand je te dis que maintenant que je te vois, ça va mieux. » Heureusement, son humour s’accroche tant bien que mal et te rassure un peu : si Ronald sait encore dire des bêtises, il peut se remettre sur pied. Oui, tu cherches à te rassurer et lui offre même un petit sourire. Puis un autre, plus grand, presque intimidé alors qu’il ajoute un aveu. Oh, tu avais bien remarqué son regard, cette façon béate qu’il a parfois de te regarder, comme si c’est à toi qu’il devait le levé du jour, mais les aveux, les explications et parfois même les mots, n’ont jamais été une force entre vous. Votre couple fonctionne à coup de non-dit, pour se protéger, parce que vous êtes en temps de guerre, dans des mondes opposés. Et ce, quand bien même vos cœurs battent le même rythme. Ton cœur se contracte plus fort, le sien aussi ? Il vaudrait mieux que non, alors tu te fais sage, tu ravales tes beaux sentiments pour plutôt insister sur ton objectif principal : t’assurer que Ron va au lit. Il tient tout juste debout, tu le vois bien dans son regard, dans l’inclinaison de sa tête. « Moi aussi. Mmm j’y arrive pas en fait. » Comment ça ?

Évidemment, tu ne connais pas Ronald Weasley, pas vraiment du moins, depuis très longtemps. Il y a encore six mois, tu n’aurais pas su le décrire autrement que comme un roux mal élevé. Cela dit, avec tout ce qu’il s’impose, tout ce qu’il exécute, ses plans, ses recherches, ses inquiétudes, les gens sur qui il veille, soit sa famille, mais aussi ses amis et les autres insurgés, il a de quoi être épuisé. Est-ce que, lui aussi, il accumule les cauchemars, comme toi ? Est-ce que c’est ta faute s’il n’arrive pas à fermer l’œil ? Est-ce que c’est ainsi depuis ton retour au sein de la société ? L’espace d’un instant, tu te sens terriblement coupable. De n’avoir vu que tes problèmes, de n’avoir songé qu’à tes propres nuits. Alors tu insistes, encore, comme pour faire mandat honorable, pour te faire pardonner ton égoïsme. Cela dit, tu sous-estimes grandement l’entêtement dont l’adorable Weasley sait faire preuve : « Dis pas de conneries. Je reste un peu. Après, promis, je vais m’effondrer dans mon lit douillet. Tu seras pas jalouse si je te parles de mes petites copines les puces ? » Cette fois, il atteint une part de ta personne dont tu n’es pas fière : la prude petite sorcière de l’élite. L’horreur gagne ton visage alors que tu l’imagines, lui, ton bel amant, allongé avec de la vermine. « Ron, c’est horrible ! » Tu t’en veux aussitôt d’être aussi « précieuse », toi qui parlais de vouloir aller vivre dans les bois avec lui, de rejoindre le camp des insurgés, tu n’as pas le droit de grimacer comme une fillette pour si peu ! Un peu de nerf ! La grimace s’efface donc et l’inquiétude se répand à sa place, partout sur ton visage, depuis tes yeux perçants à ta bouche, que tu mordilles. « Je… » Tu songes à t’excuser de t’être emportée, d’être aussi… bourgeoise, mais tu oublies qu’il s’agit de lui. Ron ne te laisses jamais avoir honte longtemps, c’est contraire à sa personne. Il est merveilleux à ce point, beaucoup trop bien pour toi. « Toi, tu vas bien ? Je t’ai dérangé en pleine lecture sur les… » déjà tu tournes la tête en direction de ton livre, abandonné au sol et hors de portée de vue, évidemment. Un petit sourire gagne aussitôt tes lèvres et alors qu’il termine son petit numéro, tu hausses un sourcil. « Potagus Fungitus? » Oui voilà, il est à moitié drôle, la faute à l’épuisement, alors il se mérite de la douceur de ta part, donc pas de sermon, ainsi qu’un petit sourire. « Tu dis n’importe quoi, encore… comme quand tu refuses d’aller au lit. » Et toc, il se mérite même un petit froncement de sourcil, pour bien appuyer tes propos : tu devrais dormir déjà.

Tu comptes bel et bien l’envoyer au lit, parce qu’il le faut, mais plus le temps file et plus son état, plutôt lamentable, t’inquiète. Est-ce qu’il saura simplement retrouvé ce fameux lit dont il parle ? Vu comment il semble avoir du mal à se concentrer, vu comment sa tête oscille doucement avec les flammes, tu peines à y croire. Et puis il y a quelque chose qui vibre en toi, quand tu remarques la suie lui décorant le nez, un besoin impérieux de prendre soin de lui. Comme lui-même l’a tant fait par le passé, que ce soit en t’attirant dans ses bras quand tu ne demandais qu’à t’éteindre ou simplement en se faufilant dans ta cheminée pour t’offrir un baiser. « Il s'est passé quoi chez les sorciers pendant ma super escapade? Raconte. Des trucs normaux ça fait toujours du bien. » Sa question est une raison supplémentaire, à tes yeux du moins, pour t’inquiéter de son état, pas seulement physique. Tu t’inquiètes un peu plus fort et tu abandonnes ton sourire pour l’observer avec toute l’angoisse qu’il niche en toi. « Rejoins-moi et je te raconterais. » La demande n’en est pas entièrement une. Tu fais mine de marchander, mais la réalité brille dans ton regard : tu le veux ici, avec toi. Non pas par caprice, quoi que son bien-être est peut-être passé dans cette catégorie, celle de tes désirs et de tes caprices. Tant pis, tu t’y accroches et qu’importe si lui, ne s’y intéresse pas assez. Tu peux t’inquiéter pour deux. Puisqu’il ne bronche pas, tu soupires et le supplie du regard, tes mains triturant plus fort le bas de ton pull : « Ron, tu es épuisé, je m’inquiète. Sérieusement ! Je t’en supplie… » tu butes sur le mot, t’érafle la lèvres des dents et souffle la suite avec ferveur. « C’est très dramatique, j’en conviens, mais tu es bien trop têtu aussi !! … Alors… je t’implore : viens ici. Avec moi. »

Ton regard accroche le sien, ton cœur cherche à percuté le sien. Comprend-t-il seulement à quel point il compte dorénavant pour toi ? Voit-il combien tu t’inquiètes pour lui ? Il le faut. Tu insistes encore, à coup de regard anxieux, brillant d’une fine pellicule de désespoir. « Je jure de ne pas te retenir lorsque tu voudras partir… mais viens Ron. » Le silence retombe doucement dans la pièce et tu vois presque les rouages de son esprit tourner. « J’ai besoin d’être avec toi. Je veux être avec toi. » Il ne doit pas y avoir de doute. Pas de nuance. Tu as besoin de le savoir au chaud dans ton lit cette nuit, tu exiges de le regarder avaler un bouillon au levé, tu es même prête à le menacer s’il ne te cède pas. Pourtant, plus que des menaces, ce sont des aveux qu’il t’arrache, bien malgré lui. Mais après tout, n’est-ce pas là l’un de ses talents ? Tu ne t’es jamais sentie meilleure qu’avec lui, jamais aussi intime avec qui que ce soit. « Je ne supporterais pas de voir disparaitre ton visage, pas dans cet état… c’est au-dessus de mes forces. Je… » Tu papillonnes un instant des yeux, pesant le poids des mots sacrés qui se pressent sur ta langue. Ils t’envahissent la gorge, te chatouille les cordes vocales et s’enfuient dans un murmure timide, de crainte de le faire fuir : « … je t’aime. » Voilà, c’est dit et ton cœur cogne encore plus fort dans ta poitrine, menaçant de t’achever sur le champ. Est-ce que lui aussi, il l’entend ? Parce qu’il te semble qu’il devient terriblement bruyant, là dans ta poitrine, là au creux de la sienne. Et si tu étais en train de vous tuer tous les deux ? Pourvu qu’il te pardonne. Pourvu qu’il ne remarque pas que de femme, tu es passé fleur, pivoine domestique devant ses grands yeux trop clairs. Trop fatigués. Et pourtant, toujours bien trop beaux.
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