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sujet; La musique donne une âme à nos coeurs et des ailes à la pensée

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La musique donne une âme à nos coeurs et des ailes à la pensée Original

Voilà déjà plusieurs semaines que je me retrouvais sans travail et de mon point de vue, assez sombre je dois l’avouer, sans réelle raison de me lever le matin. Si, j’en avais une, éviter ma mère le plus possible. Me tenir le plus éloigner d’elle pour ne pas commettre l’irréparable même si ce n’était que retardé l’échéance la concernant. Il y avait certes eu les missions et les visites mais rien qui ne me permette réellement de penser à autre chose. Alors je vivotais, telle une héritière qui dilapidait la fortune familiale aux grès de ses envies et de ses caprices. Il n’en était rien, bien sur, je n’étais pas du genre à dépenser outrageusement et surtout je n’avais guère le coeur à ça. Je ne pouvais plus me cacher sous les draps en buvant potion sur potion pour oublier. Non, la réalité avait repris ses droits avec au plus profond de moi ce manque, ce trou béant que rien ne pouvait combler. Après des matinées aussi longues que mornes, j’avais pris l’habitude de me rendre au centuries au moins une fois par semaine et aujourd’hui ne ferait pas exception à la règle. Juste avant l’heure du repas l’affluence était quasi inexistante et cela me convenait parfaitement. Je ne cherchais pas un quelconque public. Non, je voulais simplement profiter d’une des salles réservées à l’élite. Une pièce, pas très grande, plutôt intimiste, avec en son centre le magnifique piano à queue entouré de quelques tables et de fauteuils très confortable. Avec ce piano je pouvais laisser toutes les émotions s’exprimer pleinement. La musique avait ce pouvoir cathartique incroyable. Plus que les mots que je ne pouvais pas dire les notes s’échappaient et ne faisaient de mal à personne. En soirée un pianiste professionnel jouait mais le reste de la journée personne n’effleurait jamais ces touches, un réel gâchis. Vêtue d’une robe de sorcier bleu nuit, assise sur le tabouret mes doigts filaient sur les touches. Un mince sourire éclairait mon visage, la satisfaction de la mélodie, le plaisir de l’instant. Mon cocktail de fruits frais lévitait juste au dessus du piano du moins ce qu’il en restait. La première fois que je m’étais installée sur ce tabouret le serveur m’avait demandé de rejoindre une table, soulignant que les clients n’avaient pas à utiliser le piano. Je m’étais imposée et j’avais usé de mon nom, si pratique, si utile pour parvenir à mes fins. Il avait fini par me laisser faire et à présent que mes “prestations” étaient devenu presque “régulière” il y avait une petite poignée de clients étaient devenus des habitués. Je ne m’en rendais pas réellement compte, n’attendant absolument rien d’eux. Non, je jouais avant tout pour moi. Des bruits de pas, quelqu’un s’approchait de moi, par réflexe je pensais qu’il s’agissait du serveur qui avait remarqué mon verre plus vide que plein. Inutile de me resservir, je vous remercie. Je relève la tête et découvre, surprise qu’il ne s’agit en aucun cas du serveur. Je cesse de jouer et offre à mon interlocuteur un timide sourire. Veuillez m’excuser je pensais...  Je secouais légèrement la tête, embêtée par ma propre bêtise. Je ne pouvais pas lui dire que je l’avais pris pour le serveur, il avait déjà du le comprendre tout seul et je connaissais quelques sorciers qui aurait été insulté d’être ainsi pris pour un simple serveur. Peu importe, je suis navrée pour cette méprise. Je me levais du tabouret et attrapais mon verre.  Vous vouliez la place peut-être?  Après tout je n’étais sans doute pas la seule à avoir besoin d’exprimer mes émotions. Je ne pouvais m’empêcher de l’observer... il était, grand, svelte, son visage, ses traits étaient fins. Il était dans le carré réservé à l’élite donc j’imaginais son sang pur mais, une chose était certaine, il  n’était pas anglais, je l’aurai reconnu.
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La vie est peut-être plus grise encore en Angleterre qu'elle ne l'a été jusqu'à présent. Kirill n'est pas un homme que beaucoup de choses peuvent atteindre et il se fait un devoir de planer au dessus des tracas de la vie comme un oiseau de proie survole des plaines dépourvues de proies.
Il ne s'inquiète que peu de choses, ne s'insurge jamais.

Pourquoi, alors, les choses sont elles si dures ces derniers jours?
Pourquoi se lève-t-il le matin avec l'illusion de trouver Sergueï dans la cuisine, quand ce dernier est maintenant parti et bien parti?
Pourquoi la Russie lui manque-t-elle autant, pourquoi la regrette-t-il cette patrie qui l'a rejeté?
Pourquoi se sent-il trahi? délaissé? abandonné par ce frère qui toujours a été a ses côtés?

Kirill ressent avec amertume l'absence de son cadet, tout comme il vit difficilement la tornade de sentiments qu'entraîne chez lui la présence de Dorian Selwyn dans sa vie. Plus qu'un élément perturbateur, le potionniste est pour le cerveau de Kirill le plus mortel des virus, il infecte et contamine, entrave la bonne marche de neurones pourtant parfaitement huilés.
Trop d'informations.
Trop de préoccupations.
Trop de complexité là où la vie devrait être simple.

Kirill a horreur de la complexité lorsque cette dernière est superflue et pourtant son existence n'a plus rien de simple, elle est même devenue atrocement compliquée et c'est pour atténuer cette impression de s'emmeller dans une toile arachnéenne que le médecin s'est réfugié au Centuries, pendant les heures creuses. Assis dans l'ombre de la salle de musique VIP, confortablement installé dans un fauteuil de cuir, le café posé sur la table, il dessine. Passionné de nature et d'insectes il ne peut s'empêcher de griffoner des ailes de papillons, des élitres de scarabées et des carapaces chatoyantes qu'un coup de baguette anime sur le papier. Concentré, il fait courir le crayon, laissant son imagination inventer un monde de merveilles tranchant singulièrement avec celui que le ministère lui demande de mettre en oeuvre.

Des fleurs luminescentes.
Des papillons à quatre ailes.
des colibris à fourrure.
Des serpents ailés.
Des chats aquatiques.

Tout cela il voit comment le créer. Ne lui manquent que le temps et les moyens. Tout à sa réflexion, Kirill ne prête aucune attention à la jeune femme qui vient de pénetrer dans la pièce, jusqu'à ce que ses doigts fins effleurent l'ivoire des touches de piano. Alors la musique se fait entendre et alors, alors, Kirill sent son esprit s'éveiller. Ses yeux polaires courent sur la silhouette délicate de l'inconnue alors que son crayon s'active de lui même. Il dessine les yeux bleus, expressifs, la courbe définie des sourcils et celle, pleine, des lèvres. De longs traits gracieux viennent esquisser les cheveux sombres, les mèches lourdes et quelques détails soulignent l'ensemble. Une paire de boucles d'oreilles. Un bracelet. L'ombre délicate des cils. Kirill la regarde jouer et il écoute alors que sous sa baguette, le dessin vient à vie et se met lui aussi à se mouvoir, imitant à la perfection le modèle qui l'a inspiré.

Kirill reste un instant suspendu dans un moment hors du temps, tout comme la pianiste, chacun évoluant dans son propre monde au rythme des notes et il se lève doucement, afin de pouvoir observer de plus près la grâce que la musique donne aux âmes assez sensibles pour la pratiquer. Quelques pas le mènent près de la jeune femme qui l'accueille d'un ton patient mais ferme.

"Inutile de me resservir, je vous remercie."

Le médecin hausse un sourcil. Il n'avait pas l'intention de la resservir mais s'abstient bien de le lui faire remarquer, attaché qu'il est à ses bonnes manières. Devant son manque de réaction, la pianiste relève les yeux avant d'afficher une expression déconfite, qui cette fois le fait sourire.

"Veuillez m’excuser je pensais...Peu importe, je suis navrée pour cette méprise. Vous vouliez la place peut-être?"

Kirill laissa un sourire aimable s'épanouir sur ses lèvres et si son ton demeura plus froid que celui de la majorité des membres de l'élite, il fut la politesse et la douceur même quand il répondit:

-Je crrrrrains de ne pas avoirrr vos talents musicaux. Me mettrrre derrrièrrre un piano serrrait une terrrible punition pour cet auditoirrrre. Vous avez en rrrrevanche un talent exquis. Il y a longtemps que je n'avais pas entendu de pièce aussi poétique et aussi trrriste.

Il incline la tête, courtois.

-Kirrrrill Moltchaline. Je n'ai en aucun cas eu dessin de vous offenser en interrrompant ce rrrécital mais la currriosité a été plus forrrte que le rrreste. Perrrmettez moi de vous offrrrir un nouveau jus de frruit. Il semble à écouter votrrre musique...que vous en avez besoin, Mademoiselle...?

Kirill se moque bien des convenances et n'a rien d'altruiste avec le reste du monde. Si cette jeune femme avait été attablée et occupée à pleurer toutes les larmes de son corps, il n'aurait pas réagit le moins du monde, car les larmes ne font que l'agacer. Mais la musique...les sentiments profonds que traduit une mélodie...sont une confession intime. Le fait qu'elle ait choisit de traduire sa tristesse en beauté, de mettre en notes ses tourments, touche Kirill. Tout comme il peint ses rêves et illustre ses cauchemars, cette artiste lâche dans l'air des fragments de pleurs et de larmes. Elle le touche.
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Quelques notes pour laisser couler mes larmes sans assombrir mes yeux. Quelques accords pour exprimer ma peine dans un silence assourdissant. Qui pourrait comprendre les émotions qui me hantent? Mes frères, mes amis, tous rassemblé autour de moi dans un grand champ d’incompréhension. Ils ont raison après tout, pourquoi tant pleurer pour un simple sort reçu? Pourquoi tant souffrir puisque les cicatrices sont désormais presque invisible, juste palpable. Ils sentent tous que quelque chose s’est brisé ce jour là sur l’estrade mais ils ne savent pas à quel point. Quand se lever chaque jour est une épreuve, que respirer est une douleur indicible que reste il? La musique, les notes qui n’attendent pas de moi que je respire, que j’esquisse un sourire qui n’aurait pour but que de les rassurer. La musique qui n’attend rien de moi. Alors tout est fluide et ma peine s’exprime dans un enchainement de note, un reflet parfait de mes sentiments. Au fond tout est toujours plus simple lorsque les mots n’ont pas besoin d’être exprimés. Ma vue se brouille, pas à cause des larmes, non il y a bien longtemps qu’elles ne coulent plus, mais à force d’observer l’ivoire de l’instrument le rouge et le noir se mélange dans un gris parfait. Je m’éloignais de l’endroit jusqu’à ce que des bruits extérieurs ne me ramènent à la réalité. Tant pis pour aujourd’hui... Mon regard se pose sur cet homme inconnu. Je m’excuse, bien sur de l’avoir pris pour le serveur mais je suis surprise, surprise d’entendre ses “rrr”, cet accent troublant, celui d’un ami. Un ami, disparu, parti rejoindre sa mère patrie pour mon plus grand déplaisir. Il agit comme tous ceux qui m’entourent... il disparait de ma vue, de ma vie. S’attacher est la pire des erreurs, Severus avait raison, mille fois raison. Me reprendre et ne pas laisser cet homme faire la conversation seul. Je ne m’étais déjà montré impolie, inutile d’en ajouter une seconde couche. J’ai longtemps pensé que cet auditoire était peuplé de sourd, vous êtes le premier que la musique semble...intéresser?  Ce n’était pas tout à fait vrai, je savais que certains appréciaient la musique que je pouvais jouer en ces lieux mais aucun n’avait eut le courage de venir jusqu’à moi comme venais de le faire cet homme. Son accent, sa peau si blanche... mais il souriait, pas autant que Felix mais plus que Sergueï. Je ne pouvais m’empêcher de comparé... étrange. Je vous remercie, néanmoins il s’agit d’avantage d’exercice assidue que de talent inné.  Sans le montrer je fus surprise de l’entendre parler de ma musique comme une pièce poétique et surtout triste. Ainsi il avait décelé dans le morceau choisi la tristesse de ma propre personne. S’il existait un certain public dans ce “bar” je pouvais compter sur les doigts d’une seule main ceux qui s’y connaissaient assez pour y déceler les sentiments du pianiste. On parlait d’avantage de morceau mélancolique que d’extraits réellement triste et pour cause Cedrella Guenièvre Lestrange n’avait aucune raison, valable, d’être triste. Mon silence fut ma seule réponse à cette précision en revanche la surprise se vit d’avantage lorsqu’il se présenta. Ma main, qui effleurait les touches du piano fut prise d’un léger soubresaut appuyant sur un ré et un mi simultanément sans mon accord. Rapidement, je resserrais le poing tout en l’observant d’avantage comme si je cherchais à déceler dans ses traits la moindre ressemblance avec son frère. Ne vous inquiétez pas, vous ne m’avez pas offensé Sir Moltchaline. Je n’ai simplement pas l’habitude d’avoir un auditoire averti. Et donc qui m’approche pour me poser une question ou simplement discuter. Guenièvre Lestrange et j’accepte volontiers votre invitation.  De prime abord je n’avais absolument pas l’intention de rester ici plus longtemps mais la curiosité m’habitait. Je délaissais donc le piano, non sans avoir enchanté l’instrument pour qu’il jour une mélodie banale qui servait de bruit de fond à cette pièce, afin de rejoindre a table qu’il m’indiquait. Posant mon verre sur la table puis m’installant en face de lui je tentais d’esquisser un pâle sourire en lui avouant. Votre frère m’a parlé de vous, un peu, mais je vous pensais loin de l’Angleterre vous aussi.  Loin de cette “île” maudite ou tous ceux que j’approchais de trop près finissaient par périr ou fuir loin de moi.
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Kirill sourit. Sergueï n'est pas du genre à parler, et encore moins de lui. cette jeune femme aux yeux clairs et tristes a du être d'une certaine importance pour lui. Quand Kirill pense à son frère, il se sent désormais caressé par une amertume dure à effacer. Sergueï avait promit de rester, de rester à ses côtés. Mais la Rodina,cette patrie pourtant si ingrate parfois, particulièrement à l'encontre de Kirill, avait encore été la plus forte. Sergueï était marié à leur Sainte Russie...plus encore qu'à son clan. Parfois, Kirill se prenait à le penser. Et cela le rendait sombre.
Chassant ces pensées d'un sourire policé mais discret, Kirill prit son verre d'alcool et dit doucement:

-Vous connaissez donc Serrrgueï...il a indéniablement eu un emploi plus flatteurr que le mien durrrant son courrrt séjourr ici. Je serrrais currieux de savoirr ce qu'il a jugé bon de vous dirrre à mon sujet. Je suis la cible de rumeurrs mais la rumeurr est l'arrrme du simple d'esprrrit.

Il pose son verre.

-Je suis dans votrrre beau pays depuis maintenant deux ans. J'ai été contrraint de quitter ma terre natale pourrr...dissensions éthiques avec le rreste du corrrps médical rrusse, si vous suivez ma pensée. Ils ne sont pas aussi ouverrrts à l'expérrimentation qu'ils le parrraissent dans la prresse interrnationale.

Kirill croise les jambes et laisse son regard polaire errer un instant au dehors, tandis qu'il fait tourner la chevalière de sa famille autour de son index d'un geste absent et pourtant calculé. Il est la nonchalance précise, l'élégance exacte. Et quand ses yeux reviennent se poser sur Guenièvre, il parle d'une voix égale, comme toujours:

-Vous êtes donc Mademoiselle Lestrrange...il ne fait nul doute que de votrre famille vous êtes celle à la rréputation la moins...flamboyante dirrrons nous. Ne le prrrenez pas comme une insulte, c'est au contrrraire un compliment que je vous fais: je prréfèrrre connaîtrre les gens pourrr leurr sens du goût et de l'esthétique -il désigne le piano-, que pourrr leurr habileté avec un gourrrdin. J'ai ouï dirrre que vous étiez en outrrre un fin gourrrmet. Dans tous les cas, vous faîtes le plus parrrfait des modèles.

Et sans emphase, ni arrogance, juste avec une terrible simplicité, il lui tend son carnet à dessin, laissant la jeune femme observer les croquis qu'il a volé au cours des notes et des pages tournées. Alors que les yeux du modèle rencontrent ceux de la copie, cette dernière s'anime par magie et se tourne vers Guenièvre, l'air triste, un peu perdu, poétique, d'une certaine manière. Il y a tant de tristesse dans ce corps mince, c'en est presque...théatral. Elle est comme une pierre précieuse rayée, comme un vase de cristal passé au papier de verre jusqu'à perdre son éclat.Quelque chose la détruit, cette divine créature aux doigts agiles, quelque chose la dévore de l'intérieur et brise consciencieusement son âme, malgré le fait que son visage lui, demeure enchanteur. Il y avait de la vieillesse, dans ses iris.
Ce n'est jamais quelque chose de bon à voir lorsque cette vieillesse se mêle à la souffrance, passant de la sagesse au regret profond.

-Si je puis me perrrmettrrre de vous poser la question: que fait une des plus belles scintillantes femmes de l'élite anglaise dans un barrr déserrt, à jouer une musique délicate pourrr les orrreilles balourrrdes de quelques clients ? Je pensais que de tels atout avaient leurrrr place dans les salons et les salles de bals...pas les endrrrroit comme celui-ci.

Il boit une nouvelle gorgée d'alcool et regarde le liquide ambré danser contre le verre.

-...je suppose que nous avons tous nos moyens de fuirrr la mélancholie...
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C’est idiot, il ne lui ressemblait pas vraiment mais il avait cette voix qui me manquait déjà. Ces « r » si familiers qui roulaient sur sa langue et je ne pouvais m’empêcher d’imaginer Sergueï entre nous. Il brillait par son absence. Son frère, lui, souriait, il me souriait. Kirill était donc resté en Angleterre quand son frère n’avait fait qu’un bref passage sur le territoire du Lord. Pourquoi ? Arriver si tard, repartir si vite en laissant derrière soi ceux qui ont eu le temps de se rapprocher, de se connaître… un peu. Je lui en voulais, je n’allais pas me mentir, si j’avais eu le jeune Russe face à moi j’aurai eu l’étrange envie de le secouer et de lui ouvrir les yeux sur les amitiés qu’il avait laissé en rejoignant sa terre natale, sa Russie bien aimée. Oui voir Kirill, me ramenait quelques semaines en arrière, ce jour ou Sergueï avait tenté, vainement, de m’empêcher de sauter du viaduc. J’avais du mal à éloigner le jeune homme de mes pensées, il faisait partie d’une trop longue liste d’absent. Mais je devais penser à ceux qui étaient aujourd’hui proche de moi, ceux qui, comme Kirill étaient bien réels et non de simples souvenirs encore un peu trop à vif. Peu de chose en réalité. Que vous étiez son aîné et que tout comme lui vous avez fait vos classes à  Koldovstoretz. Il m’avait parlé d’une rencontre autour de varenikis à la pomme… un de ses mets préférés… mais, bien sûr, tout cela n’a pas été possible suite à son départ… précipité dirons-nous. Un ton amer bien que posé. Je ne cachais pas avoir été blessée par son départ en choisissant soigneusement chaque parole énoncée à haute voix. Rien à propos d’une quelconque rumeur. Je porte mon verre à mes lèvres, je n’ai que faire des rumeurs et j’ignore tout de celles qui peuvent courir sur le Russe en face de moi. Je l’écoute avec attention tentant de comprendre de quoi il retourne. L’expérimentation magique, Sergueï m’avait dit que leur école insistait beaucoup sur cette partie de la magie, poussant leurs élèves à découvrir toute forme de magie, comme lui s’intéressait à celle des elfes de maison, par exemple. Ainsi Kirill était allé trop loin? Avez-vous trouver plus d’ouverture d’esprit ici?  Ce qui pouvait paraître surprenant. Pourtant quelque chose me disait que depuis que Voldemort avait pris le pouvoir il devait se faire une joie de laisser les sorciers les plus “inventifs” faire montre de leurs prouesses quelqu’en soit le prix à payer. Créatures, humains, potions, sortilèges tout y passait, tout était bon pour détruire et faire souffrir... Il me connaissait, de nom au moins et cela ne m’étonnait guère, après tout je suis une Lestrange, seule fille de Rabastan. Je ne suis nullement insultée. Au contraire j’avais passé toute ma vie à me faire oublier, ne pas faire de vague ni de coup d’éclat. N’être que la “princesse des Lestrange”, un membre de l’élite comme des dizaines d’autres sans réel talents particuliers si ce n’était celui de paraître au bon moment.Ainsi il appréciait donc chez moi mon talent pour la piano et ma gourmandise? Etrange non? En tout cas assez pour que je sois surprise mais celle-ci ne fut visible sur mon visage que lorsqu’il parla d’être un modèle parfait. De quoi parlait il? Mes yeux se posèrent rapidement sur le croquis qu’il avait réalisé alors que je jouais. Mon regard croisa celui du dessin... J’avalais ma salive avec difficulté. Ma tristesse était elle si visible? Il était presque douloureux de voir à quel point il était parvenu à lire en moi en si peu de temps... Vous avez un talent certain pour le dessin. Puis-je tourner les pages de votre carnet? Voir quels étaient ses autres modèles par curiosité. Mes doigts parcourait les longs cheveux de mon propre portrait avant d’effleurer ses yeux et sa bouche m’inquiètent d’être si facile à décrypter. Qu’importe le lieu et le public, la musique pénètre chaque âme à sa manière et j’apprécie être ou l’on ne m’attend pas. Je tournais légèrement la tête vers l’instrument qui jouait seul à présent. Vous n’êtes pas sans savoir que je n’ai plus en charge la vente des rebuts. Je jouis d’un temps infini pour laisser mes doigts et mon coeur s’exprimer sur les touches de piano et profite de l’endroit pour découvrir de délicieux cocktails. D’une pierre, deux coups. Pour éviter ma mère, éviter mes amis, éviter mes frères... S’éloigner de tout et tout le monde, juste le temps de... digérer si seulement cela était possible.Est-ce la mélancolie que vous fuyez?  Après tout lui aussi se trouvait ici à cette heure... Lui qui avait vraisemblablement un travail qui demandait du temps et de la concentration. A moins que vous ne fassiez une pause bien mérité dans votre dure journée de travail? Je lui offrais une porte de sortie assez simple d’utilisation alors que mon regard l’invitait plus clairement à discuter plus avant de son “travail” justement. Cela m’intriguais depuis quelques minutes déjà...
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D'un geste poli de la main, Kirill l'autorise à tourner les pages de son carnet. Celui là n'était pas dévolu au travail il n'y avait donc aucun risque que la jeune demoiselle tombe par inadvertance sur un dessin de chimère, de mutilation ou de créature bicéphale dépourvue d'yeux.
L'imagination de Kirill était sans limites, elle pouvait l'emmener dans les plus noires forêt de la psychée humaine comme sur les plus beaux rivages de l'âme des hommes.
Il pouvait décapiter un homme et remplacer sa tête par celle d'un chien.
Il pouvait créer une multitude de papillons luminescents.
Des arachnides plus dangereuses encore que les acromentules.
Des créatures aquatiques plus belles et douces encore que les carpes Koi du Japon.
Des harpies aux dents acérées.
Des oiseaux aux mille et unes ailes multicolores.

Là où le cauchemar existait, Kirill pouvait faire naître le rêve. Il était un artiste, jouant avec les limites de la nature. Tout comme il avait été capable de produire des hommes hiboux pour le Lord, de terrible humanoides à la tête pivotante et aux yeux sans paupières, il avait créé pour son plaisir, dans sa prime jeunesse, un très beau chat ailé. Il avait vécu près de 10 ans, n'avait jamais développé la moindre tare, ni quitté les murs de la propriété. Les Moltchaline gardaient leurs secrets pour eux.

Alors qu'elle tourne les pages, Kirill l'écoute parler, réflechissant à ses paroles.

-Le déparrrt de Serrguei a été un choc pourrr tout le monde, moi le prrremier...mais les rrrusses ont le défaut rrrépandu de rrépondrre à l'appel de la patrrie plus vite qu'un chien à celui de son maîtrrre...

Les mots sont durs et Kirill s'en veut presque. La rancoeur l'aveuglait parfois brièvement.

-Excusez moi. Ce que je veux dirrre c'est que mon frrère a toujours été plus prrrompt que moi à obéirrr à nos supérrieurrs. Et que parrrfois, j'aimerrais qu'il se détache de cette Rodina qu'il aime tant. Une patrrrie peut êtrrre une mèrrre mais si elle en est une, vient un jourrr le moment de couper le corrrdon.

Il reprends une gorgée de son breuvage.

-Pourrr ce qui est des varenikis, il n'est nul besoin de vous mettrrre marrrtel en tête. Pourrr peu que vous me fassiez le plaisirr de rrrevenirr ici à une date que nous aurrrons définie ensembles, je me ferrai un devoirr de vous en apporrrter. Vous m'êtes sympathique, c'est plus que ce que m'inspirrre la majorrité de vos compatrrriotes...je crrrains malheurreusement que la bêtise ne soit univerrrselle.

Puis dans un sourire, il croise les jambes.

-C'est cette bêtise, cette absence qui m'inspirrre de la mélancolie...et oui, c'est bien elle que je fuis...parrrfois il me faut fuirrr les couloirrrs du ministèrrre et me rréfugier dans un lieu moins...étrrriqué. Je vois que mon emploi vous intrrrigue, je vais vous éclairrrer...si au terrme de ma rrrévélation vous sentez toujourrrs l'envie de discuter, à la bonne heurrre. Dans le cas contrrrairrre je ne vous en tiendrrrai pas rigueurrr.


Il penche la tête sur le côté, une mèche blanche s'échappant de sa coiffure pour tomber devant ses yeux et parle doucement, de cette voix un peu rauque, toujours régulière qui est la sienne:

-Je suis médicomage de forrrmation. Le plus jeune de ma générration...à ce qu'il parrrait. Diplomé à 18 ans, chef de serrvice à 24...mon destin semblait tout trrracé et puis il se trrrouve que mes supérrrieurs et moi avons eu quelques dissensions concerrrnant l'éthique de mes rrecherrches...j'ai du fuirrr le pays et cherrcher asile là où ma famille avait des connexions. Ici même en Angleterrre. Désorrrmais je...mets mes talents au serrrvice de votrre patrrrie qui a si aimablement accepté de me prrendrre sous son aile. Je mets ma science, mon esprit et ma magie aux ordrres de votrrre chef. Qui est...aussi le mien.

Un sourire effleure ses lèvres comme s'il venait de faire une plaisanterie que lui seul comprend.

-On se plait donc à me décrrrirre comme un "savant fou". Si j'apprrécie le prremier comparrratif, le second est rrrrelativement rrréducteurrr...mais que voulez vous.

Il pose son verre, désormais vide et se tourne vers Gwen, la sondant des yeux.

-Vous...vous devez vous sentirrr bien désoeuvrrée...j'ignorre si vous trrrouviez votrre vocation dans la vente des rrrebuts, mais j'ai en tout cas le sentiment qu'une jeune femme telle que vous ne doit pas apprrrécier l'oisiveté qu'entrraine le chômage...est ce que je me trrrompes?
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J’observais chaque dessin, à la fois impressionné de son coup de crayon et de l’étendue de son imagination. Je savais que dans une partie du ministère on demandait aux plus « inventifs » de créer des créatures à la fois puissantes et discrètes. Elles devaient servir d’armes. Mais je voyais bien autre chose dans ses croquis. De la créativité, de l’inventivité et un goût prononcé pour la beauté. L’art simple dans son plus beau costume. Je tournais les pages sincèrement intéressé par ce que je découvrais, non je n’étais pas choqué, tentant même de comprendre comment on pouvait parvenir, par exemple, à ajouter une paire d’aille à une libellule. Je reposais le carnet sur la table lorsqu’il reprit la parole concernant son frère. Je m’en voulais d’avoir été si froide concernant Sergueï, il n’était après tout pas responsable de la soudaine envie de son cadet de retrouver sa terre natale. Il avait de toute façon très bien compris que je n’avais pas apprécié la façon dont il s’était enfui, car oui, me concernant il s’agissait bel et bien d’une fuite. En revanche il avait l’air sincèrement peiné de ce départ. Peiné et aigri lui aussi. Nous partagions ça en commun voilà pourquoi j’acquiesçais d’un signe de tête à ses paroles. La rodina, sa mère patrie, il m’en avait tant parlé allant jusqu’à me fournir quelques ouvrages afin que j’en apprenne quelques mots, ce qu’idiotement, j’avais fait. Vous n’avez pas à vous excuser. Je suis parfaitement d’accord avec vous. Je n’avais pas vu mon ami sous cet angle mais les paroles de son frère trouvaient un sens dans mon esprit. Il avait accouru aux ordres de son maître, profitant de l’occasion pour retrouver sa neige, ses troncs d’arbre et sa vodka ! J’ai toujours été d’avantage loup que chien. J’estime qu’à force de tirer sur la laisse on finit toujours par mordre la main qui la tient. Lui confiais-je sans m’en rendre compte. C’était loin de l’image de fragilité que je pouvais renvoyer et pourtant j’avais toujours vu les choses ainsi. J’étais parfaitement réaliste, j’étais le chien de ma mère et mes crocs ne faisaient que commencer à sortir depuis que j’avais tenté de l’étrangler. Ce n’était qu’une question de temps pour que la rage prenne le dessus sur la peur et que la ligne rouge ne soit à jamais franchie. Je suis ici régulièrement ces derniers temps et je serai ravi de découvrir avec vous ces spécialités. J’esquissais un sourire de remerciement au compliment sous-jacent de ses paroles. Je crains qu’aucun pays ne soit épargné. La bêtise humaine… sorcière, moldue, partout, tout le temps et de tous temps avait existé. Voilà bien une chose qui ne disparaitrait pas demain. J’écoutais avec attention ses paroles. A la fin de celles-ci je devais choisir entre rester ou fuir. Voilà qui avait titillé ma curiosité tout comme l’utilisation de mots comme « révélation ». J’avais l’impression d’être comme ses enfants qui ne pouvaient voir que l’emballage des cadeaux au pied du sapin de noël et Kirill devait en déballer un juste sous mes yeux. Tendre la main pour le découvrir ou tourner les talons ? Il était médicomage de formation médicomage de génie si j’en croyais ses paroles mais ses recherches, ses expérimentations n’avaient pas plu dans son pays. Curieuse de nature je me demandais en quoi consistant exactement l’expérience de trop qui l’avait fait fuir son pays, mais mes questions restèrent dans ma tête, je préférais l’écouter jusqu’au bout. Il est si facile de « coller » une étiquette, donner un nom à ce qu’on ne comprend pas afin de ne plus en avoir peur. S’il était fou et que vous ne compreniez pas la portée de ses expériences cela ne venait pas de votre incapacité à voir plus loin que le bout de votre nez mais de sa folie, facile et stupide. Je n’avais nullement l’intention de fuir, d’ailleurs rien dans ma posture ou le fin sourire qui flottait sur les lèvres ne montrait l’inverse. Je terminais d’ailleurs mon cocktail de fruit avant de répondre à ses questions. L’expérience dans ce service était enrichissante mais, je suis, en effet à la recherche d’un autre plan de carrière. J’ai besoin que mes mains et plus encore mon esprit soit convenablement et utilement occupés. Alors la médicomagie, est une option que j'envisage.  D’un geste de la main je demandais au serveur de m’apporter la même chose. Les récents événements m’ont accordés bien trop de congés, vous avez raison. Etre inactive n’avait rien d’habituel pour moi. Même si j’avais usé de se temps pour me remettre « physiquement » cela m’avait surtout laissé trop de temps pour réfléchir, penser encore et encore, ressasser ce qui n’avait rien de constructif.


Dernière édition par C. Guenièvre Lestrange le Lun 25 Jan 2016 - 15:37, édité 1 fois
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Kirill offre un sourire à Guenièvre et fait signe au serveur, qui hoche la tête et pose devant lui un verre de vin blanc déjà préparé à son intention.
Elle est intelligente, perspicace, profonde sous ses airs de poupée. Il était assez dramatique de conditionner ainsi une telle âme jusqu'à ce qu'elle serve de trophée à l'Elite, de magnifique femme pour un homme qui n'estimerait sans doute pas la moitié de ses talents et le quart de ses opinions. Kirill, lui, n'a jamais vu sa propre mère soumise, mais cela est du -et il le sait- au secret que leur famille traîne depuis désormais de nombreuses années, un secret qu'il ne fait pas bon divulguer sur la terre de Russie. Il a grandit élevé par une femme -peut on lui donner ce nom sans bafouer sa vraie nature- forte, libre, et estime parfaitement grotesques les mesures de conservation presque archéologiques qu'impose l'Angleterre aux demoiselles telles que Guenièvre Lestrange. On ne musèle pas une louve, on n'épingle pas un papillon. On laisse la nature des choses s'exprimer et cette jeune femme n'est pas faite pour les parades de salon. Il y a tellement plus derrière cette expression posée, ces yeux presque orageux.

Le médecin porte son verre à ses lèvres et observe la jeune femme en face de lui tandis qu'elle lui explique ses futurs plans de carrière. La médicomagie...pourquoi n'est-il même pas surpris?

-Vous savez sans nul doute que la médicomagie demande prrratique et rrrigueurrr...il faut apprrrendrrre les règles comme un bon élève pour les brrrriser comme un arrrtiste parrr la suite...mais mon avis n'est sans doute pas le plus rrecommandable, j'ai de bien mauvaises rrrelations avec la pluparrrt du perrrsonnel de Sainte Mangouste. Vos futurrrs collègues prréfèrrrent la morrt lente et surrre d'un patient à un sauvetage audacieux mais rrrisqué. C'est selon moi un torrrt.

Il pose son verre.

-Ils vont vous apprendrrre la prrudence, la mesurrre en toutes choses et surrrtout, à ne pas dérrroger à l'orrrdrre établi...mieux vaut un homme morrrt de la suite de ses blessurrres que suite à l'opérrration mise en place pour les rreferrrmer. Vous aurrrez du trrravail. Mais j'ai le sentiment que vous serrrez à la hauteurrr de ce que vous laissez prrrésager. De ce que vous prrromettez.

La laissant feuilleter son carnet, il déclare doucement:

-Si vous avez la moindrrre difficulté lorrrs de votrrre apprrentissage, ou qu'un collègue vous mène la vie rrrude, n'hésitez pas à venirrr me trrrouver. Je vous sens trrrès intelligente et je ne vous donne pas deux mois avant de commencer à tout rrrremettrrre en question. C'est quelque chose qui risque de d'agacer forrrtement vos tuteurrrrs.

Le ton est amusé, presque plaisant. La vérité est pourtant là: les vieux médicomages de Sainte Mangouste n'ont pas finit de s'arracher les cheveux avec celle là, il en a la parfaite certitude.

-Quel domaine vous attirrrre le plus? Chirrurrgie? Virrrologie? Pédiatrrrie?...cela vous surrprrrendrra peut être mais j'ai moi même eu l'occasion de trrravailler en pédiatrrrie...les nouveaux nés sont bien moins irrritants que ce que l'on pourrrrait penser et à mon sens infiniment moins exigeants que les adultes. Ils ont tendance à m'apaiser. Appelez ça un parradoxe...



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Je n’ai jamais eu de réel modèle féminin, personne qui ne soit en mesure de me monter ou était ma place en dehors d’Elena Lestrange qui n’avait de cesse de me rabaissé plus bas que terre. Aussi était-il compliqué de jouer la parfaite petite héritière quand on vous rabâche sans cesse qu’il n’en est rien et que votre naissance et votre vie n’a été qu’une immonde tromperie. Alors, oui, heureusement il y avait des femmes comme Narcissa Malfoy ou Esther Ollivander que j’avais pu observer mais quand bien même elles étaient d’une grande noblesse, elles restaient dans l’ombre de leur époux, vouées à suivre, à subir ce que je ne voulais pas pour moi-même. J’avais bien assez subi aussi avais-je décidé de prendre mon envol, tenter de ne plus paraître mais d’être, enfin, même si cela s’avérait compliqué et périlleux. Mais qu’avais-je à perdre de toute façon ? J’aimais le danger je l’avais déjà prouvé tout comme je le prouvais actuellement en discutant avec Kirill alors que certains le traitait de savant fou non ? L’homme ne me semblait pas effrayant ni fou d’ailleurs. Au contraire même il dégageait une aura difficilement descriptible mais qui m’attirait, qui aiguisait ma curiosité. Severus m’avait enseigné à me méfier de tout et de tout le monde pourtant la discussion avec le médicomage était passionnante et j’avais l’impression que j’avais beaucoup à apprendre de l’homme derrière le discours même si ce dernier était déjà fort instructif. Il en va de même dans n’importe quel domaine, ne pensez-vous pas? Peu importait qu’on soit en médicomagie ou dans un service du ministère, l’important était de connaître les règles sur le bout des doigts afin de les contourner. J’avais joué à ce jeu toute ma vie œuvrant en tant que parfaite princesse des 28 sacrés dans la lumière tout en évoluant auprès de Severus et Harry Potter dans l’ombre. C’est bien parce que je connaissais assez les mangemorts que j’avais pu éviter à Fred de se faire lors du massacre des rebuts. Il fallait connaître, apprendre puis voir au-delà et ne pas avoir peur d’y mettre les pieds. Il avait parfaitement raison. C’est sans doute pour cette raison que le service des urgences m’attire plus que tous les autres. Pas le temps de tergiverser, il faut agir. Vite et bien. Sans compter que n’ayant pas choisi cette voie directement après mes études à Poudlard j’avais quelques « années » à récupérer et les urgences offraient un panel bien plus large que n’importe quel service. Vous semblez croire en moi et en mes capacités, ce que j’apprécie croyez le bien mais pourtant nous ne nous connaissons pas. Seriez-vous voyant?   Une question « normale » pour quelqu’un qui comme moi était habitué à en côtoyer un de près. Peut-être m’avait-il « vu » dans quelques années à Sainte-Mangouste. Bien sûr il n’était pas désagréable d’entendre de telles paroles mais cela restait surprenant de la part d’une personne que je rencontrais réellement pour la première fois. J’en venais à me demander si Sergueï ne lui avait pas parlé de moi… Le travail ne m’a jamais effrayée et concernant les relations avec les collègues et paires, je serais en prendre mon partie. Je suis une adepte du « ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort » cela fonctionne également dans le monde du travail. J’esquissais un sourire qui en disait long, il était rare qu’on dise du mal de Guenièvre Lestrange, je m’arrangeais assez facilement pour être dans les bonnes grâces du plus grand nombre, une façon comme une autre d’obtenir ce dont j’avais besoin. La douce, gentille et fragile Gwen avait un succès non négligeable. Voilà pourquoi je ne me plaignais jamais de la dureté de mes entrainements et donc de mon futur apprentissage de médicomage. S’il fallait en passer par des brimades grand bien leur fasse. En revanche, je retiens votre proposition concernant mes éventuelles questions d’ordre médical.   Après tout il semblait très pointu dans son domaine autant profité de son savoir s’il souhaitait le partager avec moi. Pourtant c’est, me semble-t-il, la base de l’être humain de tout remettre en question, c’est la seule façon d’avancer sans réitérer les erreurs de nos aînés.   Mais cela ne m’étonnait pas plus que cela, j’allais également devoir me battre en tant que femme et mon image de petite princesse n’aiderait surement pas non plus mais peu importait les difficultés le tout étant de les relever les unes après les autres. Nous verrons bien, cela n’en sera que plus intéressant. Amusant même. Il semblait vraiment me connaître s’en était Presque déconcertant, pourtant je conservais une posture détendue continuant de siroter mon jus de fruits. J’attendrais justement d’en connaitre d’avantage, j’ai, je pense le temps de me spécialiser mais j’aime beaucoup les enfants également.   J’avouais avoir des difficultés à imaginer Kirill avec un enfant dans les bras, l’homme était grand, svelte et pouvait paraître froid. Après il était calme et sa voix plutôt apaisante… Un être vraiment particulier mais très intéressant. Je souhaiterais faire mes preuves aux urgences avant de choisir une voie mais vous m’avez ôté tout doute sur mon envie de mettre le doigt dans ce milieu. Et une fois que je mettais le doigt quelque part tout le reste suivait irrémédiablement. Assez parlé de moi. Vous avez aiguisé ma curiosité en parlant de dissensions et d’éthique discutable mais je n’ai vu dans vos croquis rien qui ne puisse choquer. Je présume donc que ce carnet n’est pas destiné à votre travail mais à vos passe-temps. Après tout il m’avait dessiné sur une de ces pages et jusqu’à preuve du contraire je n’étais pas une de ses créations. Parlez-moi d’avantages de vos expériences. Je voulais mieux le connaître, le découvrir.
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-Je ne suis pas voyant Mademoiselle, juste extrrrêmement perrspicace...je n'ai pas eu la chance...ou la malchance...d'avoirrr un talent tel que la voyance. J'en suis d'ailleurrrs bien aise, ma tête est suffisamment charrrgée sans y rrrajouter des visions imprrromptues. De plus...


Il la jauge de ses yeux polaires. Pouvait-il lui parler de l'incident? s'il eut s'agit de n'importe quel autre jeune femme de l'Elite, il n'aurait même pas pensé à lui parler d'une chose personnelle, par pudeur, par refus viscéral de se livrer. Mais Kirill avait parfois le goût du risque...il était incroyablement précis, incroyablement chirurgical dans sa manière de faire les choses mais Guenièvre Lestrange...lui plaisait. Elle lui plaisait beaucoup et il avait le sentiment de retrouver...serguei? une version féminine de ce frère si calme qu'il avait vu naître et qu'il avait tenté de protéger toutes ces années.  
Elle avait le même calme, la même profondeur dans le regard et la même manière d'avoir les pieds sur terre tout en courant à la poursuite de ce qui lui tenait à coeur.

Le même feu sous la glace.
Kirill a toujours aimé ces êtres dissimulant leur force derrière un élégant vernis de politesse et d'étiquette. Et il a toujours aimé les survivants alors il l'aime, forcément, comme on aime un potentiel disciple, un enfant attachant. Il la jauge de nouveau et finit par lâcher:

-...j'ai des antécédents déjà charrrrgés sans y rrrajouter un don quelconque.

La lumière se reflète sur le blanc de ses cheveux, sur cette teinte si inhabituelle et qui ne va de paire avec aucune condition médicale notable, telle que l'albinisme. Kirill prétexte toujours une dépigmentation partielle, à laquelle il ne peut rien. La vérité est tout autre et son souvenir n'a rien d'agréable. Ce qui s'est passé le jour de l'incident avait failli le tuer et l'avait marqué à vie. Y rajouter un don tel que la voyance serait un cocktail molotov tout à fait regrettable. Voyant Guenièvre tourner les pages de son carnet, Kirill sourit, la laissant lui poser des questions sans jamais piétiner la ligne rouge. Elle est maligne et habile, une véritable danseuse étoile de la conversation.

-Ah mes expérrrriences...vous vous doutez que je n'ai en théorrrie aucun drrroit de vous en parrrrler...je ne vous donnerrrai donc aucune inforrrmation qui puisse tomber entrrre de mauvaises mains. J'espèrrre que vous n'en prrrendrrrez pas ombrrrage.


Il réfléchit et se penche par dessus le carnet avant de le reprendre doucement avec un sourire. Puis, d'un coup de crayon, il commence à dessiner.

-Laissez moi vous montrrrer quelque chose, un simple exemple théorrrrique de ce que votrrre société rrrépugne à voirrrrr...

Il plisse les yeux, trace et souffle sur le papier pour en ôter les particules volantes de carbone. Puis, il se tourne vers Guenièvre, et retourne le carnet pour lui montrer un croquis. Le papier est noirci, le trait plus agressif, les ombres plus contrasté. Si la technique est toujours aussi experte, le style a changé, toute douceur s'en est échappée. Le visage dessiné, tracé, est une représentation d'une vision apparemment sortie tout droit d'un cauchemar: les traits creusés, les yeux exorbités, le nez aquilin, la peau veinée, tout évoque la famine et la maladie.
Mais c'est la machoire qui frappe, la machoire qui donne à ce visage son aspect horrifique. Visiblement désarticulée, celle çi se projette vers l'avant et la dentition est trop imposante, trop chargée pour être tout à fait humaine. Il semble presque qu'elle va sortir du dessin et accrocher, déchirer tout ce qui passera à sa portée.
Kirill observe Guenièvre sans montrer l'ombre d'un sentiment.

-Allongez la machoirrre en soudant des os...rrrajoutez des tendons...des muscles grrreffés de manièrrre à perrrrmettre la prrrojection et de rrrenforrcer la prrression...aggrandisssez, déchaussez les dents, rrrajoutez plusieurrrs canines et incisives...distendez la peau..modifiez la rrrétine, l'oesophage, l'estomac...et vous obtenez ceci. Une claqueuse. Une de mes prremièrrres crréations. Odorat assez pauvrrrre, ouïe commune..mais vue terrrible et sens du goût horrrs du commun. Une trrraqueuse parfaite, une chasseuse rrrredoutable. peu exigeante en frrrais d'entrrretien puisqu'habituée à la chairrr humaine.

Il croise les jambes.

-Nous ne sommes plus ici dans le monde des papillons à six ailes...


Dernière édition par Kirill Moltchaline le Jeu 31 Mar 2016 - 18:10, édité 1 fois
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