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sujet; Step in the dark [Herpo]
MessageSujet: Step in the dark [Herpo]   Step in the dark [Herpo] EmptyLun 5 Oct 2015 - 18:06

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L'adrénaline pulsait à travers son corps. Elle se ruait à travers ses veines tel un troupeau de pur-sang faisant trembler la terre meuble de leurs sabots furieux. Il pouvait presque sentir sur sa nuque le souffle brûlant s'échappant de leurs narrines frémissantes. Ils se rapprochaient. Dans son dos, l'échos de leurs éclats de voix et ceux des aboiements de leurs chiens se répercutait entre les arbres. Plus vite, plus vite, le pressait une voix dans sa tête. Et il obéissait, ignorant la lame de feu lui déchirant la poitrine chaque fois que ses poumons se remplissaient d'air. Il courrait à en perdre haleine, le cœur au bout des lèvres, cognant contre ses tempes, contre ses côtes et derrière ses paupières. Il courrait sans regarder où ses pieds le menaient, à travers l'obscurité victorieuse, sans prêter attention aux branches fouettant ses jambes ou lui griffant le visage. Son erreur fut sûrement de regarder en arrière, d'oublier l'espace d'une fraction de seconde que l'espoir se trouvait devant.

Keziah sentit son pied glisser sur le terreau humide de la forêt. Lui échapper. Son centre de gravité s'en retrouva chamboulé, et s'il battit furieusement des bras dans un ultime effort pour tenter de se stabiliser, le combat était perdu d'avance. Il heurta une racine et fut précipité dans un ravin qu'il dévala tel une poupée de chiffon malmenée par le tambour d'une machine-à-laver. Pendant ce qui lui sembla à la fois un battement de paupière et une éternité, il rebondit contre les cahots de la forêt jusqu'à ce que son dos heurte le sol. Le choc fut si brutal qu'il en eut la respiration coupée. Game over, fut la seule pensée cohérente qui traversa son esprit à cet instant. Il n'essaya même pas de se remettre debout. La douleur irradiait dans tout son corps. Épuisé, Keziah resta alors allongé face aux étoiles tandis que quelque-part au-dessus de lui un hibou lançait un sombre hululement.

Il s'en fichait après tout. Les Rafleurs pouvaient bien lui mettre la main dessus. Qu'est-ce qu'il en avait à faire à ce stade ? Sa vie ne ressemblait déjà plus à grand-chose avant qu'il n'abandonne derrière lui les derniers vestiges ayant fait de lui l'homme qu'il avait été, alors maintenant... Le visage de Louise apparut pourtant presque aussitôt devant ses yeux et le goût amer de la culpabilité explosa alors dans sa bouche. Je reviendrai te chercher, promis. C'étaient les derniers mots qu'il avait murmuré à son oreille avant d'embrasser son front d'enfant. Le souvenir de ses grands yeux bleus baignés de larmes était peut-être la pire accusation pouvant planer sur lui à cet instant, le seul électrochoc pouvant lui donner la force de rassembler ce qui lui restait d'énergie pour se remettre debout avec des grognement d'animal blessé.

_ Mets tes mains en l'air ! Au sol !

L'ordre retentit, implacable. Alors qu'il venait à peine de se remettre sur ses pieds, Keziah se retrouva nez-à-nez avec un garçon d'à peine vingt ans, sa baguette braquée sur lui. C'est à ce moment qu'il se rendit compte que la sienne avait disparue. Elle traînait nonchalamment par terre, à quelques mètres de là, au milieu des feuilles mortes, et il maudit soudain sa mauvaise étoile.

_ Euh... En l'air ou au sol les mains ? Je suis un peu perdu là.
_ Tu te fous ma gueule en plus ?

Il haussa les épaules. Il avait bien une réplique toute faite au bout des lèvres mais il la ravala en apercevant un deuxième rafleur apparaître entre les arbres, deux gros molosses sur ses talons. Keziah eut un mouvement de recul. Il détestait ces sales bêtes et celles-ci paraissaient particulièrement belliqueuses à en juger par le grondement sourd qui roulait dans leurs gorges.

_ Tiens, tiens, tiens, mais qui voilà ! C'est pas le taré dont la Gazette parlait y a deux semaines ? Le type qui a empoisonné les marmots de moldus ? T'es un champion toi, tu sais ?

Et merde.
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MessageSujet: Re: Step in the dark [Herpo]   Step in the dark [Herpo] EmptyVen 23 Oct 2015 - 2:36

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J'étais apparu juste derrière lui, vomi des froides abîmes. La lame courut sur sa gorge, souple et rapide. Un mince fil rouge qui arracha au rafleur un râle abominable. Égorger un homme est une horrible chose. Tout ce qu'il y a d'humain est instantanément effacé. Ne reste plus qu'un être vivant, terriblement primitif. Il ouvre les yeux, il inspire de grandes goulées d'air paniquées. Mais rien ne le délivre du manque qui oppresse désormais sa poitrine, il ne peut même plus parler. La pluie rouge et grasse coule, fuit, s'échappe d'entre ses doigts poisseux.

Ce spectacle eut le mérite de surprendre l'homme aux chiens.


-Mauvaise idée, les chiens.

Le sortilège de videntrailles le frappa de plein fouet. Son ventre s'ouvrit comme un filet de pêche gorgé de poissons ; magnifique à voir. Les chiens s'en donnèrent à cœur joie, faisant fi des hurlements d'effroi glapis par leur maître. La fidélité d'un chien affamé est une notion relativement vague...

L'égorgé venait de tomber à genoux. Le peu de sang qui coulait encore dans ses veines n'était plus suffisamment chargé en oxygène pour alimenter toute la machine ; ça ne prendrait plus beaucoup de temps. Mon pied s'appuya sur ses épaules et le poussa face contre terre. Il s'affala sans opposer de resistance.


-Keziah Campbell... Dis-je en enjambant nonchalamment le futur cadavre.

J'avais prononcé son nom d'une voix sourde, comme on psalmodie une malédiction. Le glas funeste résonnant aux oreilles du damné Faust. Maudit, Keziah Campbell aurait pu prétendre à ce statut. Il était le parfait résultat d'une imparfaite époque. Une merveille de malheur. Il avait tout eu, on lui avait tout prix. Les événements s'étaient succédé avec la régularité d'une chute de dominos. D'abord sa femme, ensuite son travail et enfin son enfant. Un incommensurable gâchis que même ses efforts désespérés n'avaient pu empêcher. Au fond, c'était ça le plus drôle. Le bateau prenait l'eau de tout côté et il courrait partout, un seau à la main.

Tout ceci, le plus petit doute, la moindre pensée noire, la plus infime touche de noirceur avait résonné à travers des milles et des milles. Courant à la vitesse de l'éclair sur cette gigantesque fibre optique magique qui me reliait au gallion que je lui avais confié, des mois avant tout ceci. Le point d'orgue se produisit une nuit. Une sensation terrible, allant au delà de la simple tristesse. Une peine si immense qu'elle me tira de mon sommeil. Ô délice des délices, rien n'aurait pu être plus doux. Alors, j'avais rampé hors de mon trou, émergeant péniblement de mon hibernation. Dans mon crâne résonnaient trois petits mots ''il est prêt.'' Les Lowlands disparurent et la forêt m’accueillit. Les gens parlaient de lui, Keziah Campbell, l'artisan de la mort vicieuse, le tueur d'enfants. Triste sire, triste destin.

Je me suis retourné. L'égorgé me fixait d'un regard vide, le tapis de feuilles mortes baignaient dans une mare sombre. Son ultime mouvement avait été capturée par la mort elle-même : une main tendue, des doigts crispés, la baguette de Keziah hors de portée. Elle lévita jusqu'à moi. Je la tendis à son propriétaire.


-Relevez-vous. Une intonation grave. Le son d'une pierre tombale pivotant sur son socle. Sous le capuchon mes yeux brillaient d'avidité. Ce qui s'est produit ne pouvait se dérouler autrement. Peu importe les faits, le résultat est là. Vos tentatives pour conserver votre existence intacte furent aussi admirables qu'inutiles. Vous êtes allé jusqu'au sacrifice ultime, jusqu'à trahir vos convictions et votre nature profonde. Il n'en a résulté que le chaos et la mort. Vous qui cherchiez à réunir votre famille n'avez réuni qu'à la briser davantage.

Je ne le jugeais pas. Je constatais. Jouer au moraliste ne m'avait jamais intéressé. En revanche, faire chuter ceux pour qui la morale comptait m'avait toujours amusé. Mais je ne doutais pas que le cher Keziah s'était déjà généreusement apitoyé sur son sort. Comment espérait-il revoir sa fille ? Que devait déjà penser sa femme ? De quoi vous briser.

-Aujourd'hui, nombreux sont les chemins qui s'offrent à vous, Keziah Campbell. La plupart aboutissent ici. Je désignais d'un geste les deux dogues qui enfouissaient leurs museaux dans la plaie béante, farfouillant goulûment parmi le rouge et le spongieux. Mais certains, plus sombres, plus tortueux, vous mèneront à un tout autre voyage. Aujourd'hui, Keziah Campbell, vous allez choisir quoi faire du reste de votre vie.

Une fois encore, le choix n'avait que peu d'importance. Le macabre était déjà au rendez-vous.
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MessageSujet: Re: Step in the dark [Herpo]   Step in the dark [Herpo] EmptyLun 26 Oct 2015 - 5:13

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Il était apparu de nulle part, comme vomi par les ténèbres. Instinctivement, Keziah avait senti un cri grimper dans sa gorge mais l'avertissement ne franchit jamais ses lèvres. Il n'en eut pas le temps. La lame du nécromancien courra le long de la peau d'albatre et le sang gicla, lui éclaboussant au visage. Quand il rouvrit les yeux, le môme était déjà à genoux. Sa vie lui glissait inéxorablement à travers les doigts tandis qu'il essayait de la retenir, les mains étranglées autour du cou. Et son regard. Keziah était incapable de se détacher de ce regard braqué droit sur lui, de cette peur panique et de ce cri silencieux qui l'appelait à l'aide. Même les hurlements d'horreur provenant du second rafleur ne parvinrent pas à le détourner de ce spectacle terrifiant. Il ne voulait pas savoir de toute façon. Il ne voulait pas voir. Tout ce sang, toute cette violence, les chiens se retournant contre leur maître, se repaissant de ses entrailles.

_ Keziah Campbell.

Il ne répondit pas, ne réagit même pas. À se demander s'il avait même entendu que l'on s'adressait à lui ou s'il se souvenait que ce nom était bel et bien le sien. Il était pétrifié, comme hypnotisé par la tache sombre qui s'épaississait autour du corps sans vie du jeune rafleur. Il subsistait sur son visage juvénile une lueur d'épouvante et d'incompréhension qu'une brise de vent imaginaire emporta bientôt avec elle. Ne resta alors plus que son regard vitreux semblant fixer le néant au-delà des étoiles.
Comme s'il avait attendu ce moment pour reprendre contact avec la réalité, Keziah se sentit doucement revenir au temps présent. C'était comme sortir la tête d'un scaphandre et laisser les sons revenir les uns après les autres ; les craquements inquiétants de la forêt, le chant du vent dans les arbres et les horribles bruits de succions des babines fourageant dans la chair. Il n'eut pas le courage de regarder dans cette direction cela dit. À la place, il se laissa lourdemment tomber par terre et releva enfin son visage maculé de sang vers la silhouette encapuchonnée de son sauveur.

Son visage était celui d'un conquérant. Un conquérant sûr de sa victoire, dont le regard avide le fit se sentir ridiculement petit et vulnérable, à sa mercie, et soudain Keziah se demanda ce qui lui avait pris de chercher à retrouver le nécromancien. Il s'était senti tellement désemparé et dépassé par les événements. De toute part où il avait posé les yeux, il lui avait semblé ne voir que des murs infranchissables. Et cette honte, ce dégoût de lui-même qui s'était installé dans les tréfonds de son cœur aussi certainement que de la pourriture dans un cadavre... La vérité c'est qu'il n'avait pas réfléchit. Il s'était raccroché à la seule chose qui ne le ramenait pas irrémédiablement à ce qu'il avait été ou ce qu'il était devenu. Ce gallion qu'un bien étrange marionnettiste lui avait un jour offert. Tout ce temps, pendant des mois, il était resté sagement au fond d'une de ses poches. Sans même qu'il ne s'en rende compte, Keziah s'était mis à l'emporter partout avec lui, jouant parfois inconsciemment avec. Mais il avait fallu que son monde finisse de s'écrouler sous ses pieds avant qu'il n'entende, ne ressente, cet appel indicible, comme un murmure, émaner de la petite pièce. Et que le besoin de retrouver son propriétaire ne s'impose à lui aussi sûrement que sa fuite avait été indispensable.

À cet instant plus que jamais, il pouvait sentir la présence du gallion contre sa poitrine, comme un fil tendu entre eux. Comme si un second cœur battait entre ses côtes, à contre-temps, répondant à la voix d'outre-tombe du nécromancien. Chacun de ses mots pénétrait litéralement en lui et y laissait une empreinte. Un frisson glacé remonta le long de la colonne vertébrale de l'ancien aiglon à cette idée. C'était comme s'il le tenait déjà, comme s'il avait déjà gagné la partie.

_ Aujourd'hui, Keziah Campbell, vous allez choisir quoi faire du reste de votre vie.

Keziah soutint son regard un long moment avant de tendre lentement la main vers sa baguette. Mais alors qu'il s'apprêtait à s'en emparer, il dévia brusquement d'objectif et saisit le poignet de son aîné. Il tira dessus de toute ses forces, l'entraînant par terre avant de grimper sur lui à califourchon. Toute la peur, la colère et la frustration qu'il avait accumulé ces derniers mois étaient concentrées dans le poing qu'il leva au-dessus de sa tête. Il aurait pu le frapper. Vraiment. Une haine telle qu'il en avait rarement éprouvé déferlait dans ses veines, écrasant tout le reste sur son passage. Pourtant, Keziah sembla soudain se rendre compte de ce qu'il s'apprêtait à faire et s'écarta alors le plus loin possible du nécromancien jusqu'à ce que son dos heurte la surface d'un arbre. La respiration sifflante, le cœur en vrac, il parvint tout de même à articuler :

_ Enfant déjà j'ai senti dans mon cœur deux sentiments contradictoires : l'extase de la vie et l'horreur de la vie. Mais vous, son regard glissa très subrepticement en direction des chiens dévorant toujours leur dîner, vous n'en connaissez plus qu'un seul aspect. Vous n'avez rien de plus à offrir que la mort et la soufrance, la même que celle que vous semez dans votre sillage. Vous dites être un marionnettiste mais c'est faux, vous n'êtes que le pantin de votre propre désillusion. Et je vous plains. Alors qu'est-ce que vous me voulez à la fin ?! Vous croyez que je vais me jeter à vos pieds parce que vous m'avez tiré d'un sale pétrin ? Achevez-moi, ça ira plus vite.
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MessageSujet: Re: Step in the dark [Herpo]   Step in the dark [Herpo] EmptyMar 3 Nov 2015 - 1:53

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Je n'ai pas cherché à lutter, ni même à me dérober sous le choc. Aucune supplication ni aucun encouragement. J'acceptais silencieusement le poing vengeur levé au dessus de ma tête. Ô que la colère de Keziah Campbell était forte. Ô que sa haine était grande. Le sorcier avait disparu, laissant la place à un gigantesque magma d'émotions aussi violentes que contradictoires. Il m'aurait tué. Je le sentais

Et rien.

Rien si ce n'est la peur, la peur la plus pathétique et misérable qui soit. La peur d'un pouvoir que l'on découvre niché au fond de son âme. Une trouvaille inopinée. Une horreur cachée sous un rocher recouvert de mousse. La peur empêchait d'aller plus loin. Elle ne venait pas de notre incompréhension face à cette puissance destructrice. Au contraire, la peur naissait d'une vision de notre futur ; aucun retour en arrière.

J'avais laissé Keziah Campbell me mettre à terre. Je le laissais donc se raviser, se terrer, se blottir dans son coin comme une créature apeurée. Je me suis relevé.


-Trop faible.

Les deux mots furent prononcés lentement et distinctement. On aurait pu penser que je l'insultais ; on aurait eu raison. Trop faible. Mou comme de la mie de pain. Malgré la peine, malgré les épreuves, Keziah Campbell n'avait gratté que la surface du mal susceptible d'envahir son cœur.

-"Achevez-moi... Achevez-moi..." Répétais-je d'une voix faussement plaintive. Humiliante imitation. Comme ce serait commode. Pour vous. Une fois mort, plus de problème de conscience, plus d'épouse à chercher, plus d'enfant pour qui craindre.

Je tenais toujours ma baguette. Elle le désigna de sa pointe brillante comme la lune. Finalement, elle changea de cible. Avada Kedavra. Pas besoin de hurler, l'envie était là, elle ne me quittait jamais. Le premier chien couina, surpris, avant de s'affaler sur le corps de son maître. Avada Kedavra. Encore. Cette fois-ci pas un son, pas un jappement. Le dogue tomba, truffe en avant, dans son buffet garni encore chaud. Rien qu'une marionnette à qui l'on venait de couper les fils. Mon regard n'avait pas quitté Keziah Campbell.

Lui n'était pas destiné à la mort. Du moins, il n'était pas destiné à la rencontrer, juste à la servir. Probablement pas comme le Roi Rouge. Non, Ronald Weasley me prenait encore pour un simple érudit. Il était encore gorgé d'espérances juvéniles. Ses yeux ne devaient pas s'ouvrir maintenant. Contrairement à Keziah Campbell. Un fidèle serviteur. Un guerrier de l'ombre. Une vraie machine. En tout cas, il le deviendrait lorsque j'en aurais fini avec l'homme avachi devant moi. Lui ne serait pas le serviteur des Arts sombres. Lui devait mourir, ici et maintenant, comme les chiens. Cassé et recassé. Déformé puis reformé.

Ceux qui connaissaient Keziah Campbell n'allaient pas en revenir. Personne n'en reviendrait. En tout cas, pas vivant...


-Vous aviez le choix. Repris-je, d'un ton plus ferme. Le choix de vous lever et de résister, de brandir votre baguette et d'abattre Augustus Rookwood comme vous auriez pu me terrasser. Au lieu de ça, vous avez choisis la soumission et le compromis, l'acceptation et le déni, le chantage et la faiblesse! J'avais hurlé. Ce qui s'appelle réellement hurlé. Un cri viscéral et atavique. J'avais également lancé un sort, projetant Keziah contre un arbre. Une autre pirouette et des racines sortirent de terre, emprisonnant ses chevilles. Vous êtes une gigantesque larve qui ose me donner des leçons de morale alors que la votre est en mousse. Mon pauvre, vous êtes à cent lieues de savoir qui je suis, ce que je fais et en quoi je crois. Moi, Keiziah Campbell, je ne crains pas mon propre pouvoir.

De mon Palais de la Mémoire la haine coulait à flot. Aucun barrage, aucune retenue. Les pires moment de mon existence défilaient sous mes yeux, chacun d'eux renforçait le bras que je tendais vers le ciel. Une leçon de haine pour une tentative de haine.

D'abord, le froid arriva. Ça ressemblait aux détraqueurs. Ça sentait comme les détraqueurs. Ça en avait même le goût. Mais ça n'en était pas. Non, ce souffle méphitique qui faisait taire les oiseaux et qui immobilisait les rameaux capricieux, c'était celui de la vérité. L'atroce et l'abominable vérité. Mon vrai visage. Celui que je ne pouvais montrer sur les marchés, celui que Ronald Weasley ne devait pas voir.

Ensuite, la lumière se ternit. Le soleil avait sûrement envie de se trouver ailleurs, à sa place j'aurais sans doute fait la même chose. Plus un bruissement, plus un craquement. Quelque chose de profondément malsain s'était invité.

Enfin, ce fut le noir. Un afflux magnifique de traits mauves et sombres autour de ma baguette, chacun convergeant à sa pointe pour former une petite bulle lumineuse. Poétique quand on ne s'attachait pas à la nature du sortilège. Beaucoup moins quand on comprenait les paroles.


-< Les os froids.
Les chairs mortes.
Arrachés au trépas.
Enlevés à la nuit.
Soumis au maître.
Ainsi se lèveront.
Les inferis.
>

La bulle lumineuse explosa violemment, balayant le sol et les environs d'ondes noires comme de l'encre. Elle se dissipèrent rapidement, laissant la forêt replonger dans le silence le plus total. Tout sembla identique et puis... Un grognement. Unique. Mélodieux. Poussé avec force. Il s'agissait de l'égorgé, il se débattait avec la raideur d'un nouveau-né. D'abord en rampant, puis plus gauchement, sur ses deux pieds. Entre temps le second rafleur s'était relevé, faisant fi des viscères qui pendaient sur ses cuisses, il déambulait vers moi. On aurait dit un enfant qui marchait sur ses lacets. Le plus étrange, ce fut sans doute les chiens. Leur gueule était béante mais ils ne haletaient plus, ils laissaient leur langue pendre bêtement sur leurs babines. Articuler simultanément leurs quatre pattes semblait leur demander un important effort de coordination.

Quatre êtres morts s'étaient relevés. Une prouesse dont peu de sorciers pouvaient se vanter. La voilà, la raison. Elles étaient là, la colère et la vérité. Quatre visages aux yeux vides, tournés vers moi dans l'attente docile d'un ordre échappé de mes lèvres.

Voilà pourquoi ils m’appelaient craintivement "le Nécromancien".


-Vous vouliez la mort, Keziah Campbell ? Je vous la sers sur un plateau. Et moi d'ajouter, à l'attention des inferi. Mangez-le.

Ils s'animèrent comme un seul être. D'abord, ils grognèrent. Puis, ils firent un tour sur eux-mêmes, posant des yeux laiteux sur la silhouette du sorcier. Enfin, ils se mirent à avancer. Quinze mètres, un sacré périple pour eux.

-Oh ! J'allais oublier... Je ramassais la baguette de Keziah Cambell pour la lui lancer. Elle tomba à ses pieds. Ce ne serait pas loyal sinon. Montrez-moi donc comment vous en sortez. Petit conseil : les sortilèges impardonnables ont peu d'effets sur eux. Je m'autorisais un ricanement. Allez, Keziah Campbell, libérez votre rage et ne vous laissez pas déconcentrer. Une étincelle rouge fusa de ma baguette pour exploser au dessus du sorcier, libérant une pluie de copeaux. Savez-vous combien de mages noirs résidant en Angleterre œuvrent contre l'Usurpateur à part moi ? Zéro. Nada. Aucun. Dix années à se cacher, dix années à se préparer. Et vous lui servez cette méningite à la con. Un éclair vert pulvérisa une pierre à gauche de Keziah. On reste focus, on reste focus. C'est qu'ils ont méchamment les crocs. Les inféri grognèrent, comme pour souligner mon propos. J'ose espérer que la perspective d'une mort incroyablement douloureuse vous ouvre les yeux sur le lamentable foirage de votre vie. Dans le cas contraire, en plus de mourir de manière répugnante, vous allez mourir idiot. Une troisième étincelle souleva une motte de terre. Vous n'imaginez pas tout ce que je sais. Tout ce que vous pourriez savoir. Tout ce que vous pourriez enfin accomplir. Personne n'est libre, Keziah Campbell : on peut seulement choisir ses chaînes. Je ne veux ni de vos sermons, ni de votre pitié, ni de votre assentiment. Je veux que vous deveniez une arme.

Voulais-je réellement tuer Keziah Campbell ? Non. Allait-il mourir ? Peut-être. Je croyais sincèrement en ses capacités. Avant d'avoir vu la rage bouillir dans son regard, je n'aurais pas misé une noise sur ses chances de survies face à quatre inferi. Depuis... J'étais monté à trois mornilles.

La douleur. Le désespoir. La haine. De dangereux alliés lorsque l'on fait appel la magie. Imprévisibles, certes. Mais ô combien puissants. Cette puissance coulait dans les veines de Keziah Campbell.
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MessageSujet: Re: Step in the dark [Herpo]   Step in the dark [Herpo] EmptyMer 25 Nov 2015 - 7:46

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Son regard se braqua sur la baguette tendue vers lui et ce fut comme si le temps lui-même retint soudain son souffle. Keziah n'avait jamais craint la mort. Il n'avait jamais couru après non plus, loin de là, il n'était pas maso et il aimait trop la vie pour ça, mais qu'y avait-il à craindre du néant ? Mourir l'effrayait. L'acte en lui-même. La perspective de la souffrance précédant le déclin. Mais pas la mort. La mort ce n'était rien, rien qu'un grand vide, qu'un énorme trou noir, qu'une absence de tout, de la peur, la haine, la joie, les rires, les pleurs. Il se souvenait que, enfant, il lui était arrivé d'être pris de vertiges quand il essayait de s'imaginer ce que cela faisait d'être mort pour l'éternité. Il avait pleuré à chaudes larmes de se sentir si petit face à l'univers. Plus maintenant. Commode, oui, c'était le mot. Cela aurait été plus commode d'être mort, de ne plus rien ressentir, de ne plus rien penser. La baguette du mage noir pointée sur lui, c'était même tentant. Est-ce qu'il l'aurait laissé faire ? La question lui traversa l'esprit au moment même où le sorcier changea de cible, lui épargnant de découvrir la réponse.

Deux éclairs verts jaillirent de sa baguette et la mort s'abbatit alors dans un bruit de voiles battues au vent.

Cette fois, Keziah suivit son chemin et regarda les deux chiens s'effondrer par terre avant que le mage noir ne retienne à nouveau son attention. Ce qu'il disait n'avait pas de sens. Tuer Augustus n'aurait rien changé à quoi que ce soit. Augustus n'était qu'une vipère parmi les autres dans la fosse aux serpents. Ce n'était certainement pas lui qui donnait le tempo de la danse. Il sursauta cela dit, quand le sorcier rugit ses accusations. Il vit le sort venir mais ne put rien faire pour l'empêcher de le frapper de plein fouet et de le projeter contre un autre arbre, dont les racines s'enroulèrent aussitôt autour de ses jambes pour l'empêcher de fuir. Il se débattit un instant mais plus il tirait sur ses liens plus ceux-ci se resserraient. Keziah pouvait sentir son cœur battre à tout rompre contre ses côtes mais il n'aurait plus su dire si c'était de peur ou de colère. À moins qu'il ne s'agisse d'un savant mélange des deux.

_ Moi, Keziah Campbell, je ne crains pas mon propre pouvoir.
_ Allez vous faire foutre, gronda-t-il entre ses dents, piqué au vif.

Malheureusement, ce n'est pas ce qui était au programme et Keziah en perçut les prémisses avant même de réellement comprendre ce qui se passait. L'atmosphère changea. La température chuta soudain de plusieurs degrés tandis que les ténèbres s'épaississèrent au point de masquer jusqu'à la moindre lueur des étoiles. Bientôt, le froid s'insinua à travers ses vêtements et le mordit jusqu'aux os. Le frisson qui vint lui picoter la nuque venait d'ailleurs pourtant. C'était autre-chose, comme une vague sombre et silencieuse, enflant à mesure que la voix profonde du nécromancien égrénait sa sinistre litanie. Keziah pouvait sentir la magie affluer tout autour de lui, mais une magie noire, ancienne, qui devint rapidement insoutenable avant que la boule lumineuse au bout de la baguette du sorcier n'explose enfin et ne balaie les environs.

Keziah baissa doucement les bras qu'il avait levés devant son visage pour se protéger. L'espace d'un instant, rien ne semblait avoir changé. Il était indemne et la forêt aussi. Puis il l'entendit. Un grognement guttural, qui lui fit tourner les yeux dans la direction des cadavres des chiens et des rafleurs. Il savait ce qui venait ensuite. Il le savait mais son cœur lui donna l'impression de plonger au fin fond de ses entrailles quand il les vit. Les Inferi. L'interdit, le tabou ultime chez les sorciers, pires encore que les horcruxes, qui aussi terribles soient-ils n'avaient jamais soumis leurs victimes à une serviture éternelle jusque dans la mort.

_ Vous vouliez la mort, Keziah Campbell ? Je vous la sers sur un plateau. Mangez-le.

L'ancien langue-de-plomb déglutit. L'intelligence bouillonnait comme le sang dans ses veines, là-haut, derrière ses yeux bleus qui passaient nerveusement d'un mort-vivant à un autre. Sa pression artérielle crevait le plafond, aiguisant ses sens comme si des milliers de micro-organismes jusqu’ici assoupis s’étaient tout à coup souvenus que la vie existait aussi au sein des entrailles visqueuses des hommes, cachés dans les plis de l’estomac et les anses de l’intestin. Surpris la première fois par le sort qui frappa l'arbre au-dessus de sa tête, il dut s'y prendre à deux fois avant de parvenir à attraper sa baguette, mais Keziah parvint finalement à se libérer des racines qui le retenaient prisonnier et par envoyer un des Inferis s'empaler sur la branche d'un vieux chêne. Un rocher explosa alors à côté de lui et il se mit à courir. Si l'éviscéré avait toujours du mal à se déplacer, les chiens semblaient s'être accoutumés à leur condition et Keziah les entendit s'élancer après lui. Sans prendre la peine de regarder en arrière, il se contenta de tirer au hasard par-dessus son épaule. Il parvint à en toucher un mais trop d'obstacles lui barraient la route. Il était trop lent et, bientôt, les crocs du molosse restant se refermèrent sur lui, glissant sur sa cheville avant de se ficher dans le pan de son pantalon. De là, ce ne fut pas très difficile d'envoyer un sort qui lui fit exploser la gueule – même s'il se brûla la jambe au passage. Ce n'était pas du grand art. Loin de là. Keziah était brillant quand il s'agissait de créer des enchantements, et pour pratiquer la magie en règle générale, mais il n'avait rien d'un guerrier taillé pour le combat et cela se voyait. Son style était chaotique et violent. Il avait la force du désespoir mais aucune maîtrise.

Haletant, le blondin tituba en arrière sur quelques pas avant de heurter une surface plus molle que celle à laquelle il s'était attendu et que des bras ne s'enroulent autour de son cou. Le hoquet de surprise qui s'apprêtait à franchir ses lèvres mourut quelque part au fond de sa gorge quand il réalisa qu'il avait complètement oublié le dernier Inferius. Il tomba pêle-mêle avec lui avant d'avoir eu le temps de se traiter de sombre idiot. Il parvint pourtant à reprendre le dessus une fois au sol mais l'éviscéré ne cessait de griffer férocement l'air devant lui comme pour lui arracher les yeux et Keziah ne parvenait pas à l'immobiliser. Il y avait tellement de sang partout. Il n'arrêtait pas de glisser et sentait ses forces l'abandonner peu à peu quand sa main se referma sur une pierre de belle taille qu'il leva alors au-dessus de sa tête avant de l'abattre avec un véritable cri de rage.

_ Lâche-moi ! Lâche-moi ! LÂCHE-MOI !!

Il ne le rata qu'à moitié la première fois. L'oeil droit s'enfonça à l'intérieur de la tête mais la chose continua de gronder et de s'agiter. La deuxième fois, la pierre ouvrit une fissure si grande à-travers son crâne que Keziah aperçu sa cervelle avant qu'un flot de sang sombre ne la noit complètement. La troisième fois, même la femme qui avait un jour donné naissance à cet homme aurait été incapable de reconnaître le visage de son fils si on lui avait demandé de l'identifier.

_ J'AI DIT LÄCHE-MOI ESPECE DE SALE ENFLURE ! VA CREVER ! TOI ET TOUS LES AUTRES !

La créature avait arrêté de bouger déjà mais Keziah ne pouvait plus enrayer la machine. La pierre continuait de s'abattre, encore et encore, inlassablement. Il y avait tellement de rage, tellement de colère et de peur dans chacun de ses coups. Il les avait accumulées depuis des mois, voire peut-être même des années. Parce que personne, ô non personne ne se doutait qu'une telle violence pouvait émaner de Keziah Campbell. Si gentil, si charmant, si poli, si charmeur, si farceur, si insolent, si joueur et polisson, mais jamais non jamais destructeur, fou, hors de contrôle, désespéré.
Quand, à bout de forces, il laissa enfin son arme de fortune lui échapper, ce qui avait été la tête de l'ancien rafleur n'était plus qu'une bouillie informe d'os, de cervelle et de sang mélangés. Keziah n'arrivait pas à en détacher le regard, pas subjugué par la singularité du tableau mais presque. Il était incroyablement calme en vérité. Tellement vidé qu'il était incapable d'éprouver la moindre horreur vis-à-vis de ce qu'il venait de faire. Une seule chose traversa son esprit quand il entendit une branche craquer dans son dos.

_ Comment est-ce qu'elle s'appelait ? Votre femme je veux dire, la femme que vous aimiez, comment est-ce qu'elle s'appelait ?
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MessageSujet: Re: Step in the dark [Herpo]   Step in the dark [Herpo] EmptyMer 6 Jan 2016 - 23:54

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-Eleanor.

J'avais couru dans mon Palais de la Mémoire. Un Poudlard en ruines. Le saule cogneur n'était plus qu'un arbre mort et desséché. La carcasse du calamar géant flottait à la surface d'un lac verdâtre, auréolé d'étranges fumerolles. Les grandes portes s'étaient ouvertes devant moi. Les coffres furent brisés, les bibliothèques précipitées sur le sol. Les vestiges de la grande tour d'astronomie sortirent de terre. Une main invisible souleva les poutres effondrées et les blocs de gravas noircis par les ans. Elle était là, immobile et endormie sous son dôme de verre. Elle était telle qu'Herpo Coffin l'avait toujours vu. Belle. Intacte.

-Elle s’appelait Eleanor, répétais-je. Sans doute la sorcière la plus intelligente qu'il m'ait été donné de rencontrer. Cependant, si je ne peux nier que sa mort influença grandement mon destin, cet événement n'est pas ce qui me définit. De même que la décision de votre épouse de rejoindre les Insurgés n'est pas ce qui vous définit, Keziah Campbell. Et sa mort probable ne définira jamais l'homme que vous allez devenir.

Tentais-je de m'en persuader ? Non, j'avais fait ce choix il y a longtemps déjà. Herpo Coffin était mort, définitivement mort. Gwydion avait survécu. Pourquoi nous, mages noirs, avions besoin de nous rebaptiser ? Qui pourrait le dire... Les explications étaient sans doute aussi nombreuses les adeptes. Je n'avais jamais vu ça comme une fuite, ou même un moyen d'oublier mon identité. Gwydion était au contraire l'acceptation de ma véritable nature et de mes origines. Le refus de la crainte. Une nouvelle étape dans mon existence.

Mes yeux se posèrent enfin sur Keziah Campbell. Du désespoir mais aucune maîtrise. Pourtant il en fallait de la maîtrise. Beaucoup trop de sorciers impertinents se vantaient d'avoir trouvé dans la sérénité la force de dompter la magie. Balivernes. Il fallait aller jusqu'au bout. Il fallait accepter la colère et le désespoir. Il fallait boire la ciguë d'une seule traite. Étendu par terre, la bave aux lèvres et tordu de douleurs, j'avais attendu, j'avais même espéré. Mais la mort n'était pas venue. Seul l'endurant pouvait survivre. Lui trouvait la force de ramper dans les cendres, lentement, péniblement ; d'une flaque d'eau croupie à une autre. Celui-là se fortifiait avec le temps, abandonnant le soleil pour la lune, le jour pour la nuit. Il oubliait son nom. Il oubliait les bonnes et les mauvaises choses du passé. Présent et futur composaient les deux nouveaux piliers de son existence. Il en serait de même pour Keziah Campbell.


-Vous ne vous focalisez que sur les actes singuliers et les individus. Je vois plus loin. Conceptualisez, Keziah Campbell. Conceptualisez et vous me comprendrez. J'ai marqué une pause. Il faisait toujours froid, étrangement ça ne me dérangeait pas. C'était comme de courir en plein hiver. Cette histoire va bien au delà de notions aussi simplistes que celles du Bien et du Mal. Des principes régissent notre monde, et que nous le voulions ou non, même le plus nihiliste des hommes se tient à une grille de valeurs extrêmement précises. Les actions de l'Usurpateur ne violent pas uniquement des règles politiques : elles remettent en question les Arts sombres. Je suis ici pour lui rappeler que des lois existent. Je suis ici pour lui rappeler qu'il avance dans les pas de ses prédécesseurs. Je suis ici pour lui rappeler que d'autres ont déjà détenu le pouvoir de faire marcher les légions d'os.

Mon ton était progressivement monté. Une grisante sensation de puissance courrait de mon échine jusqu'à mon bras. Même ma main, fermement serrée autour de ma baguette, tremblait. Les corps déchiquetés et les membres manquants se mirent à s'agiter. J'ai soupiré. Le concert de frémissements et de clapotis s'estompa. Il était temps de faire le ménage, les énergies se concentraient en ce lieu depuis trop longtemps à mon goût. À trop attendre l'endroit serait marqué, comme la clairière où j'avais rencontré Ronald Weasley. Je fis deux grands gestes circulaires et le voile se leva. Il y eu un léger soupir, puis plus rien. Cette sensation glaciale, si désagréable à ceux qui n'étaient pas familiers aux Arts sombres s'envola. Les cadavres restèrent ce qu'ils auraient toujours dû être. Quelque chose avait disparu de ces regards vides, pas l'étincelle de la vie -elle s'était envolée bien avant- mais l'éclat terrifiant de la conscience mécanique qui les animait encore, quelques instant auparavant.

La paix. Enfin.

Ma décision de parler des Manzazuu à Keziah Campbell me sembla naturelle, et honnête. C'était pour la moi l'acte le plus logique qui soit. Je le désirais à mes côtés, à mon service plus exactement. J'avais besoin de lui. Peut-être plus qu'il n'avait besoin de moi, mais cela il n'était pas censé le savoir. Malgré le brouillard qui planait actuellement sur sa vie, sa décision devait lui apparaître comme le choix de la raison.

Je lui ai tout dit. D'abord, ce que tout bon érudit savait. Ensuite, ce qu'un véritable Manzazuu savait. L'illustre pouvoir des nécromanciens de Babylone. Transmis, transformé. Les grandes réunions, les loges secrètes... Et puis l'extinction. La fin grotesque d'hommes savants engoncés dans des fauteuils de cuir, trop préoccupés par leurs petits jeux de pouvoir pour respecter leur serment. Les ambitieux avaient remplacés les sages. Mais dans les Limbes certains perduraient encore.

Plus jamais ça.

Un sort d'attraction et la baguette de Keziah s'envola des fourrés pour atterrir dans la paume de ma main.


-Deux choix s'offrent à vous, Keziah Campbell. Déclarais-je en lui tendant sa baguette. Le premier est là. Je désignais le sentier et la trouée des arbres. Vous partez, sans vous retourner et plus jamais nous ne nous reverrons. Vous vous débrouillerez comme vous l'avez toujours fait : seul. Le second c'est moi. La fin de la peur et du reproche. Le pouvoir d'influer sur  votre existence et non de subir la volonté de ceux qui vous ont blessé. Vous serez changé, indubitablement. Mais le pouvoir que je mettrais entre vos mains vous donnera une chance de réparer ce qui a été brisé.

Une corneille passa au dessus de nos têtes. Elle ricana. J'ai levé la tête pour l'admirer.

-Faites votre choix, Keziah Campbell.
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MessageSujet: Re: Step in the dark [Herpo]   Step in the dark [Herpo] EmptyLun 1 Fév 2016 - 1:34

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Eleanor. C'était un joli prénom, comme un poème, qu'il murmura doucement pour en sentir la caresse sur ses lèvres. Elle avait dû être belle. Keziah n'eut aucun mal à l'imaginer lui aussi, belle endormie sous son dôme de verre, sa beauté désormais à jamais hors d'atteinte, ses cheveux noirs cascadant sur ses épaules, le teint diaphane de sa peau la rendant presque irréelle. C'était étrange, comme s'il s'était tenu aux côtés de Herpo dans son palais de la mémoire, en haut de la haute tour d'astronomie de Poudlard. Il ferma les yeux et prit soudain une profonde inspiration, comme s'il avait voulu se débarrasser d'un poids sur sa poitrine. L'espace d'un battement de paupière, le visage de Victoria s'était superposé à celui d'Eleanor et il avait senti tout son être vaciller.

_ Elle ne va pas mourir, rétorqua-t-il alors avec une hargne presque enfantine, secouant la tête de droite à gauche pour chasser cette image de devant ses yeux.

Ce qu'il disait n'avait aucun sens. C'était absurde, il en avait parfaitement conscience, mais il s'en fichait. Il savait que Victoria mourrai un jour. C'était dans l'ordre des choses et il n'avait jamais eu la prétention de s'y opposer, simplement il s'était toujours persuadé qu'il ne serait pas là pour le voir. Qu'il partirai le premier. Keziah ne savait pas aimer de façon rationnelle. Il n'avait surtout jamais su l'aimer elle de façon rationnelle. Il ressentait tout trop fort, trop vif, et ça le bouffait de l'intérieur. Il n'en pouvait plus de cette sensibilité à fleur de peau qu'il avait cru avoir enfin réussi à enfouir au plus profond de son être en jouant le trublion facétieux de service n'en faisant qu'à sa tête. Mais là aussi il s'était planté sur toute la ligne. Cette guerre avait enfoncé ses défenses aussi facilement que s'il s'était s'agit d'un château de cartes, elle l'épuisait, et chaque phrase, chaque mot du nécromancien l'atteignait en plein cœur, la certitude de son impuissance lui donnant la nausée. Il ne put même pas s'empêcher de se recroqueviller quand la colère du mage noir se répandit comme un venin tout autour de lui. Il dut attendre que ce dernier daigne enfin lever le voile sombre qu'il avait jeté sur la forêt avant de réussir à rire, mais d'un rire sans joie, glacial et absolument mauvais, si différent de celui qui avait fait sa notoriété à une époque.

_ Vous vous entendez parler ? Vous faites mine d'être au-dessus de la mêlée mais vous êtes exactement comme nous autres. Vous êtes incapable de digérer les actions du Seigneur des Ténèbres. Il vous fout en rogne. Parce que vous vous trompez sur un point, il n'y a que ça qui compte : les individus et les actes qu'ils commettent, bons ou mauvais, peu importe en effet. Le reste n'est que du vent, du chiqué pour préserver les apparences et se donner l'illusion du contrôle. Ces fameux concepts dont vous parlez ne sont que des mots creux que l'on pose les uns derrière les autres pour donner un semblant de sens à ce qui poussent véritablement les gens. Leurs émotions. Leurs pulsions. Leurs passions. Appelez ça comme vous voulez. Si je ne vois pas au-delà des individus, c'est parce qu'il n'y a rien à voir. Nous sommes tous victimes de la causalité des actes de ceux qui nous entourent. Vous compris. Tout ce qu'il nous reste c'est le choix.

On aurait dit un petit animal blessé griffant l'air devant lui pour tenter de faire reculer le fauve l'acculant dans un coin. Il se battait contre quelque chose de plus fort que lui. Le mage noir attaquait et, lui, répliquait de la seule manière qu'il pouvait. À croire qu'il ne savait faire que cela, parler. Pourtant là aussi il se sentait perdre pied. Sa pensée s'emmêlait, ses mots se bousculaient les uns après les autres contre ses lèvres et, au final, son interlocuteur ignora superbement son élan de révolte pour continuer sur sa lancée. Il se mit à lui parler de l'ordre ancien des Manzazuu, depuis leur âge d'or à l'époque de la Renaissance jusqu'à celui de leur déclin, comment ils avaient fini par sombrer dans l'oubli en perdant de vue leur serment au profit de vaines velléités. Les sourcils légèrement froncés, Keziah l'écouta silencieusement d'un bout à l'autre. Il avait un peu de mal à saisir où il voulait en venir, mais il se retint de l'interrompre, conscient que l'homme se tenant en face de lui se dévoilait enfin véritablement pour la première fois. Il n'allait pas l'arrêter en si bon chemin...

_ Faites votre choix, Keziah Campbell.

Il l'avait dit lui-même quelques instants auparavant. Le problème c'était le choix. Keziah se sentait étrangement calme pourtant. Une phrase du nécromancien avait fait mouche dans son esprit. Ne plus subir la volonté des gens. Qu'elle lui ait été imposée, comme les Mangemorts l'avaient fait, ou qu'il s'en soit lui-même vêtit par facilité, par peur, par amour, par fidélité. Peu importait au final les raisons, les circonstances. Cette fois-ci ce choix serait le sien et uniquement le sien. Pour le meilleur comme pour le pire.

_ Je n'ai aucune intention de devenir votre apprenti, de quelque manière que ce soit. J'espère que c'est clair. Il s'était relevé en disant cela, jetant un dernier regard au cadavre étendu sous lui avant de planter ses yeux  dans ceux du nécromancien. Vous et moi avons un point commun cela dit : notre dégoût pour le règne du Seigneur des Ténèbres et notre volonté de le voir s'effondrer sur lui-même. Peu importe le moyen. Je vous y aiderai si vous le voulez, mais à ma manière, conclut-il en tendant une main couverte de sang devant lui, intimant silencieusement son interlocuteur à lui rendre ce qui lui appartenait de droit.

Qu'il marche jusqu'à lui cette fois-ci. Non l'inverse.
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