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sujet; The ticking clock [Clyde] |
| ❝ | CHANTAGE : nom masculin ; Pression psychologique exercée sur quelqu'un. Abus de pouvoir utilisant la menace ou l'intimidation pour contraindre autrui à agir contre sa volonté, par peur ou par amour-propre. « Penses-tu pouvoir me contraindre, ô mon eros, déité débauché ? » |
INSOMNIE de l’esprit, éveille les prunelles assoupies aux cils allongés. La poupée se tourne, puis se retourne sur son matelas dur, cherchant le sommeil, ce fuyard occasionnel, susurre sous lèvres closes qu’elle viendra se fondre dans ses bras, qu’elle lui confiera ses plus beaux songes inconscients. Hélas ! Nonobstant ces promesses, Morphée demeure hors d’atteinte, s’encanaille dans les bras d’autres mortels assoupis. La nuit prochaine peut-être tendra t’il à lui offrir une soirée complète, sans songes pour l’éveiller. Pour celle-ci, il est bien trop tard, ou trop tôt, le réveil indiquant une heure atroce à l’œil du dormeur ou du réanimé. Soupir en bord de lèvres, agitation funeste des cils qui papillonnent pour s’habituer définitivement à la lumière provenant de la cheminée. Pourtant, la russe ne quitte pas le lit, la prunelle furieuse fixée sur le haut du baldaquin, cherche la cause de son réveil trop matinal. Est-ce l’anxiété qui l’a ainsi sortie de sa torpeur ? Nulle angoisse n’étreint pourtant son âme, puisqu’aucune situation coupable : le magister ne l’a pas conviée à se greffer sur une mission dont elle pourrait craindre l’échec, et son paternel, figure emblématique de sa peur la plus profonde, n’est pas aux portes du manoir. Alors, qu’est-ce ? A t’elle oublié de faire quelque chose ? Omis de se rendre à un rendez-vous important ? Oublié une information cruciale ? Un rapport avec son travail ? Il lui semble pourtant que non, visualise parfaitement son bureau organisé, ses dossiers scellés et rangés à l’abri des regards indiscrets. Si ce n’est pour elle, peut-être pour son employeur ? Cela ne se peut. Elle ne manque pas de vérifier plusieurs fois son carnet de rendez-vous avant qu’il ne quitte son bureau. Il n’y a pas de raison à sa veille imposée. Aucune qui ne l’oblige à s’agiter tout du moins. Alors elle se lève, et avec elle, le fléreur, cette créature fantastique encore bien trop jeune pour être d’une quelconque utilité réelle. Elle ne le frôle que du bout des doigts avant de cacher sa nudité sous un kimono de satin, extirpe de sa malle toujours close, le travail d’une vie. Puisque le sommeil la fuit, on ne lui en voudra pas de nourrir son esprit par l’interdit.
Il y a quelques jours par ailleurs, qu’elle a reçu sa dernière trouvaille, un ouvrage ancien que l’on pensait détruit définitivement. C’était une chance inespérée que de trouver un tel trésor de nécromancie, et une somme bien sonnante à débourser pour l’obtenir, mais à force de négociation et de menaces implicites, l’héritière en second Zaïtsev, avait réussi à faire entrer l’objet de convoitise dans sa collection. Association de livres et d’objets dont elle gardait le secret. Ce n’était d’ailleurs qu’une cachotterie parmi tant d’autres. La malle en question ; ensorcelée à bien des niveaux ; possédait une sous-partie pour chaque confidence, chaque malle son contenu, dévoilé seulement sous un tour de clé spécifique et la formule de passe adéquate. Raspoutine seul était certainement en mesure de citer avec précision le contenu de l’objet de voyage. Ce grimoire, traduit en plusieurs langues selon le passage des mains, n’avait pas encore eu l’immense privilège de connaître une modification pour cacher son véritable contenu. Tous sans exception, connaissaient ce sort, couverture affligeante d’un roman ou d’un manuel en guise de nouvel apparat. Mais ce livre-ci, Ladáh n’avait pas encore eu le temps de s’en occuper, réceptionné sur le tas à quelques minutes de transplaner pour rejoindre le ministère. Que Merlin soit loué, personne ne l’avait jamais vu en possession, ni ici, son lieu d’habitat, ni même au ministère. Il y avait des années qu’elle entretenait le mystère, et comptait bien continuer sur cette voie. Aussi la poupée russe s’active, s’installe à son petit bureau pour feuilleter le dit ouvrage, mais s’intéresse bien vite aux couvertures et coutures. Certains livres sont protégés, légers maléfices qu’il est facile de détourner lorsque l’on sait comment s’y prendre. Et c’est par la baguette qu’elle s’y attèle, sans jamais bouger les lèvres. L’informulation est un autre de ses talents. Et sitôt les sortilèges maléfiques levés, la voilà en train de découdre de livre pour mieux fouiller les couvertures. Grand bien lui en fasse ! Mais l’affaire ne s’arrête pas là, tandis qu’elle attrape un autre livre acheté la veille. La couverture parfaite pour le livre nu. Et toujours aussi minutieusement, réitère la même opération pour finalement lier les deux parties décomposées. Travail accompli, achevé à peine quelques minutes avant que le réveil infernal ne sonne. Les réjouissances rangées et de nouveau sous bonne garde, c’est pour un tout autre travail qu’elle doit se préparer, se débarrasse des réminiscence de sombre magie.
SILENCE est le compagnon idéal, assassiné par le bruit de la machine à écrire qu’elle provoque sous ses phalanges manucurées, menacé par le cliquetis de quelques bijoux aux poignets destinés à cacher cette marque qu’elle arbore contre son véritable gré. Elle s’interrompt de temps à autre, mais seulement pour relire ses propres notes ou siroter de cette eau chaude parfumée au citron, et dont le léger sortilège lancé sur la tasse, permet de conserver une température idéale. Le travail de secrétaire n’est pas à proprement parler, une de ses ambitions. Travail transitoire peut-être, son désir est tout autre. Si elle ne peut être danseuse professionnelle, elle aspire toujours à enseigner la magie noire aux jeunes têtes. Aspiration non-approuvée par son paternel, homme à la main longue, mais qui ne la fait pas désespérer pour autant. Elle s’attèlera au poste plus tard, lorsque l’expérience sera plus grande. Pour le moment, elle se contente de retaper des comptes rendus, d’apporter le thé au directeur du département, et de lui rappeler ses rendez-vous. N’est-ce pas lui d’ailleurs qui quitte son bureau ? Comme la parfaite servante, elle quitte son siège pour attraper son manteau qu’elle lui apporte, fidèle au poste. « N’oubliez pas votre rendez-vous avec Mr Runcorn demain matin à 09H15 au „Gourmet Français” » récite t’elle comme une leçon, avant de lui glisser un dossier sous le bras. « Votre dossier pour demain. Je vous ai laissé quelques notes à l’intérieur pour qu’il soit plus lisible. » La langue est impeccable, compréhensible, seules quelques notes de sa provenance outre-mer son notables, mais rien de terriblement choquant, tout du moins, jusqu’à ce qu’elle se décide à parler dans sa langue natale. « Bonne journée monsieur. » achève t’elle pour mieux revenir à son propre bureau. Du travail l’attend, elle n’a pas achevé le reste des dossiers, et certains, sont pour le directeur adjoint, qu’elle n’a fait qu’apercevoir depuis le début de la journée. Il ne lui en reste qu’un seul à compléter. Mais bien trop peu de temps pour le finaliser, tandis que la voix monocorde du dit directeur adjoint l’oblige à redresser la tête et interrompre la danse des doigts. Tant pis pour ce dossier-ci, il l’aura plus tard, tandis qu’elle se lève, arrange sa tenue et intègre ses pieds dans les talons qu’elle vient seulement de quitter. Propre sur elle, on ne pourra jamais dire de la russe qu’elle est mal-fagotée, que sa mode est passée ou sa chevelure défaite. Impeccable jusqu’au bout des ongles, la chevelure adroitement tressée sur le côté, les lèvres aussi rouges que la robe d’une rose, elle attrape les dossiers finalisés avant de se diriger vers le bureau d’Avery, l’homme au regard saphir, celui pour qui elles pourraient toutes se damner s’il n’était marié. Comme si ce simple détail pouvait déranger les plus hardies ! « Monsieur Avery ? »
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| Directeur adjoint du département des mystères. Voilà bien un métier des plus bâtards. Chaque jour qui passait, Clyde se sentait de plus en plus frustré de ne pas être un cran au-dessus dans la hiérarchie. Il arrivait souvent qu'il songe à un plan pour éliminer Rookwood, mais c'était bien plus compliqué qu'il n'y paraissait. Ou alors, peut-être était-il trop lâche pour ça. Ou bien encore, tout simplement, avait-il une cible bien plus évidente en vue avant de songer à Rookwood. Son propre frère. En attendant, il était un peu coincé entre deux feux. Assez de pouvoir pour donner des ordres à des subordonnés, mais pas assez pour être respecté comme il se devait. Aux yeux de tous, il était le second de Rookwood, l'assistant, le remplaçant, bref, rien de très gratifiant. Alors, le peu de pouvoir qu'il avait sur les autres, il l'utilisait, il en abusait même, autant qu'il le pouvait.
Avec la nouvelle secrétaire de Rookwood par exemple. Il fallait bien tester ses capacités après tout. Parce que la fille Melville, qui se trouvait là avant elle – beau brin de femme au passage selon Clyde – avait eu beau faire bien son travail, elle avait tout de même trahi le Ministère. Ses capacités donc, et sa fidélités. Au départements des Mystères, les employés ne devaient pas en faire. Tout devait être soigneusement contrôlé d'après Avery, qui était évidemment bien mal placé pour juger les autres de leur intégrité étant donné que lui-même versait dans des petits trafics honteux que le Ministère condamnerait très certainement. La différence, c'est qu'il avait suffisamment de pouvoir et de notoriété pour ne jamais être inquiété. Qui irait surveiller un Avery, l'une des familles les plus fidèles au Magister ? Clyde y était fidèle aussi, en un sens. Disons qu'il en partageait le valeurs. Le problème, c'est que l'argent l'attirait à peu près autant que le pouvoir, et qu'il avait bien des difficultés à ne pas profiter de gains faciles. Alors, ils vendaient quelques informations au camp adverse, histoire d'arrondir ses fins de mois. Après tout, c'était Owen qui avait touché l'héritage du père Avery, alors qu'il n'avait même pas de famille à nourrir, contrairement à son cadet. Une véritable injustice aux yeux de ce dernier, lui qui avait toujours été l'enfant modèle, au contraire de son frère, fou à lier. Seule sa mère lui vouait une certaine reconnaissance. Hélas, elle était dans un lit d'hôpital à présent, avec un cerveau aussi malade que celui de son fils aîné.
La nouvelle venue, une petite ruskov, plaisait évidemment au séducteur qu'était Clyde. Il avait un faible pour les filles de l'est, et celle-là était particulièrement à son goût. Elle possédait tous les atouts physiques que l'on pouvait attendre d'une slave. Restait à savoir si elle était à la hauteur de la réputation qu'on leur prêtait dans d'autres domaines. Bien évidemment, le directeur adjoint s'était empressé de faire des recherches à son sujet, ainsi qu'il le faisait à chaque fois qu'une femme lui plaisait – ou qu'un homme lui faisait de l'ombre. Au premier abord, la jeune fille était bien sous tous rapport. Elle était issue d'une famille au sang pur, avait étudié à Durmstrang et avait pris la marque récemment en Angleterre. Par ailleurs, elle était plutôt discrète, ce qui en faisait la secrétaire parfaite pour son département. Toutefois, en bon fouineur qu'il était, Clyde n'avait pas mis longtemps à dénicher quelque chose d'anormal. Quelque chose d'interdit, même. Et pour cause, il avait découvert qu'elle était en possession d'un livre sur la nécromancie. Cette découverte aurait pu paraître anodine tout d'abord, après tout, chacun est libre de s'intéresser à ce qu'il veut. Ce n'est pas parce qu'on lit un documentaire sur les nazi que l'on en est un. Néanmoins, le fait que l'ouvrage fût judicieusement dissimulé au grand public ne laissait pas beaucoup de doute quant au but premier de cette lecture. Si la jeune femme ne s'en vantait pas, c'était sans doute parce qu'elle s'y intéressait d'assez près pour pouvoir – ou vouloir – pratiquer la magie spécifique décrite dans ce livre. Une découverte extrêmement intéressante pour le nécromancien qu'il était lui-même, et pour le directeur adjoint également. Un moyen facile de l'avoir en son emprise.
Il avait donc fait convoquer la coupable dans son bureau afin d'obtenir quelques explications et de lui faire comprendre que c'était lui qui menait le jeu dans ce département, et ce, même s'il n'en était pas le numéro un. Ensuite, qui sait, si elle se montrait sage et docile, peut-être lui apprendrait-il quelques ficelles, à condition évidemment de pouvoir lui faire confiance, mais il ne s'inquiétait pas trop à ce sujet. La voilà donc qui entrait dans son bureau. Pile à l'heure. Et parfaitement soignée et apprêtée, comme d'habitude. Il y avait quelque chose d'excitant dans cette façon d'être tirée à quatre épingle, qui ne donnait qu'une envie, celle d'arracher ces vêtements si bien repassés, de défaire cette coiffure sans aucun défaut et de faire crier cette femme qui n'avait jamais un mot plus haut que l'autre. « Bonjour, Miss Zaïtseva », la salua-t-il d'un ton suave, murmurant presque. Confortablement enfoncé dans son siège, il planta ses prunelles céruléennes dans celles tout autant azurées de la jeune femme, comme s'il cherchait à la transpercer du regard. Mais son sourire était bienveillant. « Je souhaitais tout d'abord vous féliciter pour votre travail », déclara-t-il non sans une certaine chaleur. « Cela fait peu de temps que vous êtes ici, et il me semble, il nous semble à tous, que vous vous êtes parfaitement accommodée au service, comme si vous y étiez depuis des années. Nous sommes très content de vous. »
Il s'avança dans son fauteuil et posa ses coude sur le bureau, croisant les doigt face à son visage. « Toutefois, Miss Zaïtseva, j'ai un petit problème... » annonça-t-il d'un air ennuyé. « Voyez-vous, les employés de ce département ne doivent évidemment avoir aucun secret pour Monsieur Rookwood et moi autant qu'ils doivent être discrets vis-à-vis de l'extérieur. » Il marqua un temps. « Niveau discrétion, il n'y a évidemment rien à dire à votre sujet », la rassura-t-il. « Pour le reste, c'est différent. Il se trouve que j'ai fait une découverte assez surprenante vous concernant, Miss Zaïtseva. Il semblerait que vous vous intéressiez de près à la nécromancie, n'est-ce pas ? Vous savez pourtant que ce genre de pratique est rigoureusement interdite au sein du gouvernement, et pourrait vous mener tout droit à Azkaban… Ce serait une perte immense pour notre département, votre prédécesseur ayant elle-même été condamnée pour trahison, nous attendions évidemment une conduite irréprochable de votre part et ne pouvons nous permettre de perdre une deuxième secrétaire. » Il lui adressa un sourire narquois. « Il est inutile de chercher à nier, je sais pertinemment ce qu'il en est. Rassurez-vous toutefois, je ne compte en parler ni à votre directeur, ni aux autorités. Sauf bien sûr si vous m'y obligez. Mais vous ne le ferez pas, n'est-ce pas, Miss Zaïtseva ? Vous ferez votre possible pour étouffer cette histoire. Néanmoins, pour ça, il faudra entrer dans mes bonnes grâces. » Son sourire s'élargit. Il n'avait encore fait aucune proposition, il lui fallait tout d'abord tâter un peu le terrain. |
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| C’était avec une prudence paroxystique que Ladáh occupait le poste de secrétaire au sein du département des Mystères. Comme la majorité de la population sorcière, elle avait entendu parler du sort de la fille Melville : „traitresse à bien des niveaux” de ce que les ragots susurraient, „une jeune femme pourtant charmante” murmuraient les langues commères, mais félonne tout de même, infidèle au Magister et son gouvernement, parjure au département en lui-même. Alekseï, son frère, l’avait mise en garde : si elle souhaitait postuler au poste vacant, il lui faudrait montrer patte blanche et se montrer bien plus indispensable que n’avait put l’être son prédécesseur. Une mise au défi que la russe comptait bien remporter haut la main, s’il signifiait un semblant de liberté en plus. Après tout, le secrétariat ne devait pas être une tâche aussi alambiquée. Il le fut pourtant, l’absence de ce type de personnel se démarquant par des dossiers mal-rangés, des archives mal-tenues, des comptes rendus impropres à la lecture, et Baba Yaga elle-même pouvait jurer d’une organisation laissant à désirer. Les premiers jours, laborieux, ne suffirent pas à la décourager, usant de tous les sortilèges de sa connaissance pour arranger son poste de travail, ranger les dossiers par ordre alphabétique, classer le courrier par ordre d’importance et par destinataire. Le territoire marqué, le cerbère sur les dents, la sorcière prête à jeter le moindre maléfice pour un manque de respect à sa façon de procéder. On ne déposait rien sur son bureau tant qu’elle ne l’autorisait pas, ne lui adressait aucune requête tant qu’elle n’avait pas fixé le regard sur le commanditaire, et jamais, ô grand jamais, on ne passait la porte du bureau du directeur du département tant qu’elle n’en avait donné le feu vert.
Avec le temps et de la patience, son travail était devenu bien plus aisé, et désormais, elle disposait d’un peu plus de temps libre pour effectuer ses propres tâches, ou annexes personnelles. Il lui arrivait parfois de continuer une lecture interrompue mais brûlant son esprit de curiosité, poursuivait l’apprentissage de langues étrangères. Son travail personnel, elle ne l’amenait jamais au département, par crainte d’être surprise dans une position délicate, « patte blanche » avait menacé son aîné, quand bien même il était le premier à ignorer l’intérêt de sa cadette pour l’art de la nécromancie, interdite ici bas, à peine tolérée chez eux. C’était bien là un mystère qu’elle entretenait et ne comptait pas dévoiler de sitôt. Ce jour-ci pourtant, pas de temps libre pour vaquer à ses occupations, seulement du travail, des dossiers à n’en plus finir et des notes voletant sans cesse autour d’elle. Des demandes ridicules pour la plupart, et marquant l’oisiveté de certains employés. À ceux-là, elle renvoyait un simulacre de beuglante leur intimant de découvrir l’art de la marche et de la recherche dans les archives. Si son prédécesseur était elfe de département, ce n’était certainement pas son cas, peu désireuse de perdre de son précieux temps pour rechercher un vieux dossier. Ce n’était pas pour les gobelins qu’elle avait enchanté les archives, de sorte à ce que tout soit à sa place et facilement récupérable ! Les demandes plus complexes néanmoins, trouvaient toujours son intérêt, mais qui auraient toutefois du retard, en regard à l’appel du directeur adjoint.
Ce n’était pas la première fois qu’elle pénétrait le bureau de Clyde Avery, qu’elle en foulait le sol et observait la décoration, mais jamais elle ne s’y attardait plus que de raison. Contrairement aux créatures du même sexe qu’elle, elle ne trouvait aucun prétexte à demeurer, à chercher son attention ou s’enorgueillir de lui soutirer un regard. Il n’était, à ses yeux aciers, que son employeur, et elle-même n’était que trop vertueuse pour songer à détourner un époux de son mariage. Il y en avait pourtant que cela ne dérangeait nullement, confidences surprises au détour d’un couloir. Allons bon ! On pouvait bien le reconnaître sans honte : l’homme était charmant, sa langue était parfaite, et l’on ne pouvait que spéculer sur ses performances dans l’intimité. D’autres lui avaient fait remarquer qu’elle était stupide de ne pas partager l’avis. STUPIDE. Elle haïssait ce mot qui ne rentrait pas dans son vocabulaire. De toute manière, elle était l’une des rares à pouvoir pénétrer son bureau, arrogance marquée sous un sourire faussement navré. Ses talons prirent un malin plaisir à torturer le sol, tandis qu’elle avançait de son pas de danseuse, se penchant à peine pour déposer la finalité de son travail sur le bureau. Elle ne cilla pas une fois, tandis que son vis-à-vis marquait déjà le début des hostilités courtoises : la jeune russe n’était pas de celles qui se confondent en détournant le regard ou feintant une gêne par une rougeur placée sur les pommettes. Glaciale, à l’image de sa contrée, chaleureuse par le sourire étirant lentement le rouge de ses lèvres. Refuser un compliment était un manque de respect, une arrogance déplacée. « Merci monsieur. J’essaie de faire de mon mieux. » rétorqua t’elle non sans jouer du bout des doigts avec l’une de ses bagues. Geste trahissant certainement une impatience, mais trop discret pour y être vraiment associé. Une petite manie certainement.
Mais qui cessa pourtant bien rapidement à la suite des paroles, le sourcil venant légèrement se hausser sous les révélations formulées. Le premier monologue la laissait sensiblement perplexe, sans qu’elle ne daigne pourtant murmurer ne serait-ce qu’une protestation. Il n’était pas dans ses attitudes de protester, l’étincelle de rébellion s’étant rapidement éteinte sous les paumes serrées de son paternel. Ou si elle le faisait, fallait-il encore qu’il y ait une raison valable, mais celle-ci n’en trouvait aucune, car l’interrogation fut aussi rapidement balayée par un compliment. Alors où voulait-il en venir ? Elle joua d’une hanche pour trouver une position plus confortable, reprenant le jeu de la bague comme pour se donner plus de courage, de contenance. Sa curiosité, éveillée, fut bien vite assouvie par la hauteur de la réponse, l’obligeant pour la première fois, à détourner le regard. Il avait découvert son secret. La Zaïtseva ne pipa mot, interdite par la révélation. Son innocence n’était pas au point d’ignorer que certains pourraient faire des recherches sur son passé, ses ambitions, elle aurait même été la première à le faire. Mais il n’était mentionné nul part son attrait pour l’art interdit. Ce pouvait-il dès lors que son professeur et ami… La gifle mentale fut aussi réelle que si elle s’était flagellée la peau. Non, Dimitri ne saurait la trahir, pas avec cet intérêt commun. Alors comment diable… Son sac. Ce fils de goule avait fouillé son sac ! L’inspiration marquée, elle posa une paume sur le bureau de son adversaire supérieur, replaçant ses prunelles furieuses dans les siennes. Ce n’était pas contre lui qu’elle était en colère, mais bien contre elle-même, pour son imprudence. Elle était toujours attentive au monologue de son employeur, mais nul soulagement ne vint détendre ses épaules. Elle ne pouvait se permettre de jeter la honte sur sa famille, pas plus qu’elle ne désirait perdre la vie ou terminer ses jours à Azkaban.
Rejetant légèrement la tête en arrière, elle caressa du bout des cils le plafond, pour finalement reporter toute son attention sur son vis-à-vis. « Vous avez fouillé dans mon sac à main. » Offusquée ? Si peu. Territoriale cependant, Ladáh n’était pas de ceux qui permettaient la violation d’une intimité sans rechigner ou lever le petit doigt. Elle étira ses lèvres, avant d’en mordiller l’inférieur, calculant peut-être le bénéfice risque de la proposition. « Dois-je m’attendre à ce que vous renouveliez l’expérience ? » Il n’y avait rien de bien précieux dans ses affaires, tous deux le savaient désormais, seulement le nécessaire d’une femme dans toute sa splendeur : agenda, maquillage, nécessaire de toilette, vêtements de rechange, bourse sonnante de gallions et autres pièces… rien de surprenant hormis ce livre qu’elle n’avait pas eu le temps de ranger. « Ou dois-je protéger mes affaires par des maléfices ? » De quelle nature ? Il en ferait lui-même la découverte s’il osait approcher ses affaires. « Mais soit. » Il était inutile de nier avait-il précisé. Pourtant, elle aurait put jurer qu’il ne s’agissait que de recherches pour ses ambitions premières. Enseigner la magie noire comme son professeur avait put le faire. Mais la curiosité, ce vil défaut, la poussait à voir où son employeur voulait en venir. « Que puis-je faire pour vous satisfaire monsieur Avery ? » Les mots étaient soigneusement choisis, tel un jeu dont la partie commençait à peine. « J’imagine que vous ne voulez pas d’argent, ce n’est pas mon salaire de secrétaire qui m’attirera vos grâces. » osa t’elle, avant de finalement se détacher du bureau, reculant de trois pas. Naïve peut-être, elle écarta la possibilité d’un chantage intime. L’homme était marié après tout, et père pour ce qu’elle en savait. Elle amorça une démarche lente, la réflexion sur le bout de la langue, allant finalement se placer face à lui, de l’autre côté du bureau. « Vous avez toute mon attention. »
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| Ladah Zaïtseva était bel et bien une fille de l'est. Comme toutes les slaves, la température de son sang était inversement proportionnelle à celle de l'extérieur dans son pays d'origine. Évidemment, loin d'avoir honte de désobéir aux règles imposées par ce gouvernement, la première chose qui l'avait frappée et offusquée était qu'on ait fouillé dans ses affaires. Clyde ne put s'empêcher d'esquisser un sourire amuser en la voyant s'indigner à ce sujet. Il la sentait profondément agacée. Il sentait qu'elle refrénait une envie sincère de lui dire ses quatre vérités, de lui renvoyer au visage sa propre malhonnêteté, mais tous deux savaient qu'elle ne pouvait pas, et c'était bien ça le plus excitant pour le sorcier. Il aimait les filles soumises, mais ce qu'il préférait par-dessus tout, c'était les insoumises obligées de se soumettre. C'était là le réel pouvoir. Néanmoins, il ne les forçait pas. Il détestait user de la force ou de la violence sur les femmes. Pas parce qu'il les respectait, non, mais parce que soumettre une femme par la force était le meilleure moyen pour l'en dégoûter, or il ne voulait pas écœurer la gent féminine. Il voulait lui plaire. Il voulait que les femmes se soumettent à lui par désir, par amour, pas parce qu'elles n'avaient pas le choix. Et dompter une femme de façon à ce qu'elle demande elle-même à l'être était évidemment la tâche la plus ardue, particulièrement quand la cible était une rebelle dans l'âme.
La Zaïtseva était de celles-là, de celles qui défendent ardemment leur territoire et qui mordent lorsque l'on s'en approche un peu trop près. Clyde aimait ça. Il ne pouvait que rêver de l'avoir en son pouvoir. Il la sentit hésitante. Bien sûr, elle devait être tiraillée entre l'envie de l'admonester et celle d'accepter son sort puisque la hiérarchie l'y obligeait. Finalement, elle sembla choisir cette deuxième solution, tout en émettant néanmoins un bémol. Parce qu'elle devait émettre un bémol. Il était bien entendu nécessaire pour elle de montrer son désaccord, son insurrection, même si c'était une toute petite remarque et qu'au final, elle acceptait son sort. Elle avait de la personnalité et ne voulait pas la perdre. Le directeur adjoint s'en réjouit. Il était dans ce ministère des secrétaires qui se contentaient d'obéir aux ordres sans jamais rechigner et qui feraient même n'importe quoi si l'autorité le leur demandait, parce que c'était ainsi qu'elles avaient élevée. Pas seulement des secrétaires d'ailleurs. Beaucoup de femmes au sang pur étaient ainsi. Toute leur vie, on leur apprenait à obéir, à se tenir, à devenir une parfaite petite épouse. Une fois sortie du carcan familial, soit elles se pliaient gentiment au bon vouloir de leur époux comme on le leur avait appris, soit elles se rebellaient. Ladah semblait appartenir à la seconde catégorie, mais beaucoup ici appartenaient à la première, et ce parfois sans même être mariée, comme la secrétaire de Rabastan Lestrange, dont Clyde se demandait pourquoi il ne se l'envoyait pas tant il était facile de lui faire courber l'échine avec un peu d'autorité. Lui-même l'avait fait sans grande difficulté, tant elle était conditionnée.
La jeune femme semblait toutefois résolue à obéir – sans doute comprenait-elle où étaient ses intérêts. Son directeur adjoint ne se focalisa pas outre-mesure de la pseudo-menace qui consistait à lancer des maléfices protecteurs, s'il voulait fouiner, ce n'était pas de simples sorts qui allaient l'en empêcher. Ils trouveraient toujours un moyen de parvenir à ses fins. Ils ne répondit donc pas à la question et préféra attendre qu'elle ait fini de parler. Elle était bien loin d'être idiote. En effet, ce n'était certainement pas grâce à elle qu'il allait s'enrichir. Sans doute, comme le montrait sa soudaine retraite en arrière, avait-elle même plus ou moins deviné que les faveurs qu'il pouvait lui demander étaient de celles que la morale réprouve. Ou du moins l'avait-elle supposé. Car il ne comptait pas lui demander de but-en-blanc de passer sous son bureau. Certains le faisaient, il le savait, mais lui-même n'en tirerait pas beaucoup de plaisir. « Rassurez-vous miss », répondit-il avec un sourire énigmatique. « Loin de moi l'idée d'abuser de mon pouvoir sur vous. Je ne suis pas de ces hommes qui profitent malhonnêtement de leur place, vous devriez le savoir si d'aucuns vous ont parlé de moi. » Un énorme mensonge, bien évidemment. La seule différence entre lui et ces hommes, c'était qu'il agissait de façon subtile et cachait bien son jeu. Car la réputation de Clyde était bien loin d'être mauvaise. Il apparaissait comme un gentleman, un homme du monde, qui n'hésitait pas à faire preuve de générosité et dont le savoir-vivre, la délicatesse et la galanterie ne faisaient pas défaut. Un bon époux, un bon père et un homme juste dans son travail.
« Permettez-moi tout d'abord de vous offrir un siège », proposa-t-il en désignant le fauteuil en face de lui. « Je suis bien cavalier de vous avoir laissée ainsi debout. » Ce n'était cependant pas son rôle de secrétaire d'être accueillie en invitée dans son bureau. En général, c'était plutôt elle qui s'occupait d'eux, en leur servant du thé par exemple. Mais Clyde voulait la caresser dans le sens du poil. « Je comprends que j'ai dû vous sembler extrêmement impoli en m'immisçant ainsi dans votre vie privée », poursuivit l'homme, « mais ça fait partie, hélas, de mon devoir de directeur adjoint de ce département. Vous n'êtes pas sans savoir que ce gouvernement n'est pas très libertaire. Ça ne plaît évidemment pas à tout le monde, et c'est bien normal, mais avoir un œil sur chacun des employés est la seule façon de ne pas prendre de risques. Nous avons connu bien trop de trahisons, nous ne pouvons plus nous permettre d'en déplorer. Je ne peux vous empêcher de jeter des maléfices sur vos affaires, miss Zaïtseva, c'est même votre droit le plus strict, mais sachez que cela ne m'empêchera pas de garder un œil sur vous et vos activités. Je suis désolé que cela vous blesse, croyez-bien que ce n'est pas mon but. » Il prit un air navré.
« Je ne suis pas là pour être votre ennemi », reprit-il avec un sourire qui se voulait rassurant, « et quand je parle d'être dans mes bonnes grâces, je sous-entends qu'il est inutile de vouloir s'opposer à moi. Je ne vous forcerai à rien, miss, au contraire, je ne veux que votre bien. Vous êtes une femme qui sait ce qu'elle veut, je l'ai bien compris, et c'est la raison pour laquelle je n'aimerais pas vous avoir comme ennemie, mais bien comme alliée. Nous gagnerions tout deux à travailler ensemble dans une confiance mutuelle. Et pour vous prouver ma bonne foi, je vais moi-même vous confier un secret. » Il se rapprocha d'elle et baissa la voix, comme s'ils pouvaient être entendus. « Je trouve cette loi contre la nécromancie particulièrement ridicule. S'intéresser à cet art, vouloir le pratiquer ne devrait pas être répréhensible, ce serait au contraire un atout précieux pour le gouvernement. Et puis, je pars du principe qu'une personne s'intéressant à cette pratique est forcément sagace. Et vous l'êtes, n'est-ce pas, miss Zaïtseva ? Vous ne vous contentez pas d'être une sublime jeune femme que les hommes désirent et les femmes jalousent. Vous êtes maligne et audacieuse, et je dois reconnaître que ça me plaît beaucoup. » Son sourire se fit plus charmeur. Il ne comptait pas lui faire du rentre-dedans, ces quelques compliments – et non flatteries, puisqu'il les pensaient – suffiraient pour le moment. « Que pensez-vous de ma proposition, très chère ? » s'enquit-il finalement. |
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| Il souriait. Encore et toujours, tel le moqueur qui nargue sa victime sans jamais craindre les conséquences de ses paroles et de ses actes. C’était un sourire qu’elle mourait d’envie de lui faire ravaler. Dans la société, ils n’étaient guère moins que des égaux, tous deux seconds dans un héritage familial, en dehors de ce bureau, elle aurait pu lui faire payer l’acte odieux que celui de fouiller dans son intimité. Ici et maintenant hélas, elle ne pouvait rien, hiérarchiquement plus basse que lui, maitresse de son propre bureau seulement. Si elle osait seulement élever la voix, elle pouvait en pâtir plus que de raison. Ne lui demeurait que l’unique solution : fulminer intérieurement, patienter jusqu’à l’heure d’une vengeance glaciale. Demeurer soumise aux lois établies, outrepasser celles-ci plus tard. Elle se contentait d’enfoncer métaphoriquement ses ongles dans ses paumes, prête à faire couler le sang. L’image qu’elle offrait cependant, était celle d’une créature bien sous tout rapport, le regard acier ancré dans les prunelles ensorceleuses de son vis-à-vis, quelques phalanges sur la surface du bureau, le reste tapotant lascivement contre le tissu de sa jupe portefeuille. La patience pour ce jour, n’était pas tout à fait au rendez-vous, abonnée absente partiellement. La poupée russe contenait sa colère, tâchait de ne pas sombrer dans l’impatience de quitter le bureau pour s’emporter contre la machine à écrire ou autre tâche administrative. Elle ne pouvait décemment pas perdre sa contenance, maintenant.
Et elle pouvait pressentir que le directeur adjoint se délectait sensiblement de la situation. Il en était, après tout, le grand responsable, le maitre de l’œuvre. Une fois encore, elle ne rêvait que de lui faire disparaître ce sourire. Elle gérait mal ces étirements de lèvres, elle préférait amplement les regards durs, les mots secs, contre lesquels elle ne ressentait rien. Mais les sourires… Il n’y en avait pas un qui ne cachait quelque chose : une demande, une moquerie, une mesquinerie. En quoi les mimiques de Clyde Avery seraient-elles différentes des autres ? Il pensait, à raison, qu’il pouvait dépasser les limites de l’intimité, elle se ferait un malin plaisir de lui rappeler qu’elle n’était pas une jolie petite anglaise qui courbe l’échine et baisse la nuque pour une caresse, un tendre baiser, la moitié d’une attention. Aucun de ses frères ne s’en était jamais tiré à bon compte pour avoir osé un tel exploit, celui-là n’échapperait pas à la règle du retour au fouineur qu’elle avait établie à l’instant même où elle avait apprit le sens du mot maléfice. Son adversaire pouvait bien croire en sa supériorité manifeste s’il le souhaitait, il ne retenterait pas une troisième fois de fouiller dans ses affaires. Baba-Yaga elle-même pouvait attester de son tableau, combien la jeune sorcière pouvait se montrer… imaginative en matière de maléfices et malédictions de courte-durée, juste de quoi dissuader au moins. Pourtant, ce n’était pas encore l’heure d’y songer, de s’y jeter âme perdue. Un dialogue était en cours, auquel elle se devait de répondre chaque fois que son tour passait. L’homme voulait quelque chose, quelque chose qu’elle pouvait lui offrir et qui lui coûterait bien plus que le prix en lui-même. On ne parlait jamais d’argent dans ce genre de transaction, trop risible pour un tel arrangement, mais quelque chose de bien plus personnel. De personnel ou capable de mettre sa propre vie en péril. Son petit doigt bagué pourtant, lui susurrait aimablement que sa vie n’était pas une condition sur laquelle jouer. Elle n’avait évoqué son salaire que pour mettre en route les termes du contrat implicite, de ceux que l’on signe dans l’ombre, sous le regard du diable lui-même.
Elle s’était dérobée, mais seulement pour se mettre dans la position de l’adversaire, l’aboutissant de l’autre partie du pacte. Elle n’entrait plus en catégorie de victime, mais de négociateur, avec la promesse de ne pas perdre, de ne pas flancher. La délicieuse secrétaire s’était muée en terrible poupée. Elle avait reposée ses paumes sur le bureau, sans jamais frôler un seul objet, sans jamais quitter son bourreau mental des yeux. Ciller revenait à perdre du terrain, son frère le lui avait mentionné une fois. Petit à petit, les pièces se mettaient en place, l’échiquier prêt à disputer la partie. « Vous l’avez pourtant fait. » susurra t’elle sous son rouge sanguin. Oui, il avait abusé de son pouvoir en cherchant quelque chose pour la mettre au pied du mur. Subtilement, il fallait bien le lui reconnaître, mais il s’était ensuite servi de sa découverte pour l’attirer dans ses filets, qu’elle sentait prêts à se refermer sur elle. « Je n’écoute pas les bruits de couloirs monsieur Avery. La plupart des mots vous concernant sont des relents de jalousie, de dégoût voire même, de désir. » Elle ne doutait pas un instant qu’il savait les sentiments qu’il pouvait susciter chez l’un et l’autre, mais chez les femmes plus encore. Coqueluche du ministère, rares étaient celles qui s’avaient pas un regard pour lui. La russe l’avait ressenti à mesure des jours, des heures. Parfois même venant d’employées de leur département, dont le désir secret était sans aucun doute une convocation dans ce même bureau. « Je préfère me forger ma propre opinion. » Une appréciation en train de naître, maitre-chanteur pour commencer, mais quelle personne possédant un tant soin peu de pouvoir ne l’était pas ?
A sa proposition, et seulement à celle-ci, elle laissa son séant rejoindre le velours du fauteuil, un signe de main pour repousser les mots qui n’avaient pas besoin d’être prononcés. Elle était la secrétaire en temps normal, pas une invité, et tous deux ne le savaient que trop bien. Ladáh ne pipa mot, laissant l’homme achever son monologue. « Ne jouez pas les navrés monsieur Avery, vous baisseriez dans mon estime. » acheva t’elle, non sans étirer ses lèvres d’une mimique quelque peu amusée. « Avouez seulement que vous avez prit plaisir à le faire. Plonger les mains dans le sac d’une femme, c’est chercher à lever un peu plus de son mystère. » Un arrêt, le temps de le détailler, de savourer les traits de son visage, peut-être même de se délecter des multiples émotions qui passent vaguement, simulées ou non. « Qu’avez vous appris d’autre d’intéressant en plus d’avoir trouvé un certain livre ? » Elle connaissait le contenu de son sac, rares étaient les fois où il évoluait, seulement les mardis et les jeudis, et autres exceptions. Mais elle était curieuse, une fois encore, poussant l’homme du bout des doigts, s’arrangeant pour qu’il dévoile lui aussi ses secrets, puisqu’ils en étaient aux confidences. « Mais soit. Je comprends vos raisons, votre devoir. Comme vous le savez, je tiens à conserver ma place, autant dans ce département, qu’en dehors. Mais je peux vous assurer que mes activités ne viendront jamais interférer avec les désirs du gouvernement, et de son Magister. Ou les vôtres. »
Des compliments, ou des flatteries, manifestement, Avery était en train de la caresser dans le bon sens du poil. C’était à la fois agaçant et grisant, parce qu’elle n’en avait pas l’habitude assurément. Ses frères ne la flattaient pas avec les mots, ils lui offraient des cadeaux. Toujours de l’utile, du nécessaire, jamais du clinquant et prêt à être délaissé. Mais l’homme devenait intéressant, l’obligeant à pencher légèrement la tête sur le côté, le regard brillant d’une gourmandise qu’elle ne se connaissait pas. Un échange de secret, la poussant à la réflexion. Se moquait-il d’elle, ou voulait-il s’assurer par les mots qu’elle prononcerait, de son intérêt pour l’art de la nécromancie. « Vous me flattez monsieur Avery, je ne suis pas aussi sublime que vous le dites. » De cela, elle en était intimement convaincue, pensée ancrée dans son esprit depuis son enfance. Elle vint se mordre la lèvre inférieure, créant une moue pensive. La proposition n’était pas encore sur table, ou sous les mots voilés. Un partenariat, mais pour quel but ? Ses prunelles se décrochèrent momentanément des siennes, caressant l’ensemble du bureau. Cet homme possédait bien des choses, que pouvait-elle lui apporter qu’il ne possédait ? Rien. Hormis sa propre personne, mais si c’était ce qu’il voulait, et elle ne comprenait pas réellement pourquoi, il lui faudrait le dire à voix haute. Aussi s’extirpa t’elle de son siège, ses talons claquant de nouveau dans le bureau, tandis que sa silhouette se mouvait avec grâce jusqu’au petit bar d’appoint, qu’elle approvisionnait d’un alcool de premier choix pour les clients de monsieur, ou monsieur lui-même. Ses phalanges firent tinter le cristal, un liquide noyant le vide d’un verre. Un seul. Son autre main eut tôt fait d’attraper un dessous de verre, pendant qu’elle marquait le chemin retour, s’approchant dangereusement de son maitre-chanteur habile. C’était son travail de s’assurer du bien-être de ses supérieurs, songea t’elle un instant, déposant le dessous sur le plan de travail, pour mieux attraper la main du directeur adjoint, caressant la phalange mariée du bout de l’index, se délestant du verre dans cette main maudite par l’occasion. « Je travaille déjà pour vous monsieur Avery, en quelques sortes. Vous me faites confiance pour remplir vos dossiers correctement, vous les apporter à l’heure. Et je vous fais confiance pour vous voir satisfait de mon travail lorsque vous quittez votre bureau, avec un sourire sur les lèvres. » La russe s’extirpa de sa vue, un bref instant pour passer derrière lui, ses mains glissant sur ses épaules, dérivant en petites pressions bienfaitrices dont toutes les femmes connaissent le secret. « Je peux délasser vos épaules quand les soucis viennent créer des tensions, ou vous conseiller si vous me le demandez. » Un silence, tandis qu’elle arrête son massage provocateur. « D’ailleurs, en voilà un de conseil, vous devriez enlever le tableau à gauche de la porte, il est tout bonnement hideux et jure avec le reste de la pièce. » mais voilà qu’elle revient vers lui, une de ses mains accrochant le verre, dont quelques gouttes s’évadent maladroitement sur le tissu d’un pantalon qui ne demandait rien. Soucieuse du détail, la vicieuse Ladáh se défait de son petit foulard pour éponger ces importunes, ses prunelles accrochant de nouveau celles de son adversaire, de taille. « Votre proposition pourrait être tentante, monsieur, si vous me disiez ce que vous attendez de moi. » La chance de mettre fin au jeu qui s’était lancé, ou son contraire. Elle se signait pas pour n'importe quoi, et pas sans garantie. Le silence en était une, elle pouvait le reconnaître; |
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| Elle était en colère. Bien sûr qu'elle était en colère, il avait fouillé dans ses affaires. Mais elle aurait pu ne rien dire, ne rien montrer, parce qu'elle était face à un supérieur hiérarchique et qu'elle était donc censée faire profil bas. Or, il y avait de toute évidence des choses qu'elle ne laissait pas passer, des choses qu'il ne fallait pas toucher. Elle osait répondre, elle osait lui envoyer à la figure qu'il avait abusé de son pouvoir sur elle, et Clyde s'amusait beaucoup de la voir aussi indignée et impuissante face à ce qu'il avait fait. Pourtant, ce n'était pas grand-chose. Il aurait pu faire bien pire, et elle allait devoir s'y habituer par ailleurs, parce qu'il ne comptait sans doute pas en rester là. Néanmoins, puisqu'elle était de celles qui décidaient de ne pas suivre les influences extérieures, il allait devoir la jouer fine. Sa réputation ne suffirait pas à mettre la jeune femme dans sa poche. Si amusé fût-il, il partait avec un handicap parce qu'il avait franchi un interdit, il le savait pertinemment. Nul doute qu'il éviterait ce genre de chose à l'avenir. C'était en quelque sorte un genre de test, d'examen de passage. Il y avait pris du plaisir, oui. Il prenait toujours du plaisir à s'immiscer dans la vie privée des gens, à découvrir leurs secrets, honteux ou non. Il en retirait une sensation de pouvoir, l'impression d'avoir une emprise sur eux, de les tenir par ces informations qu'il ne devait pas divulguer. C'était extrêmement jouissif.
« Je n'ai rien appris de plus que ce que je constate maintenant », avait-il répondu avant de poursuivre son laïus, puisqu'en effet, le contenu de son sac était révélateur du côté soigné de la jeune femme. Elle se montra plus docile par la suite. Sans doute avait-elle compris où était son intérêt. Peut-être ne pensait-elle pas ce qu'elle disait, peut-être, tout comme lui, essayait-elle de l'amadouer. Grand bien lui en fît, c'était la meilleure façon de faire, qu'elle fût sincère ou non, et il lui en savait gré. Une fois sa proposition faite, il l'observa avec attention. Elle réfléchissait. Elle était superbe quand elle réfléchissait. Elle était superbe en tout temps, mais cette attitude lui conférait une candeur qui la rendait encore plus attirante. Il aimait cette moue, cette façon d'observer son environnement avec curiosité. Puis soudain elle se leva, et ce fut au tour de l'homme de se montrer curieux de ce qu'elle s'apprêtait à faire. Elle se dirigea tout droit vers le bar pour y remplir un verre. Se servait-elle ? Qu'importe, il pouvait bien la laisser faire, exceptionnellement. Après tout, il aurait pu le lui proposer, même si boire un verre d'alcool entre supérieur et subordonnée n'était pas la chose la plus pertinente à faire. Tout comme boire de l'alcool au travail tout court par ailleurs, mais ça, peu de gens le respectaient. Quoi de mieux qu'un bon verre de whisky pur-feu pour évacuer la pression ?
Elle revint vers lui, et il ne manqua pas de la contempler avec intérêt tandis qu'elle s'approchait de sa démarche féline. Il réprima un frisson quand elle lui prit la main et ne manqua pas de remarquer qu'elle s'intéressait à son annulaire, à son alliance même, plus précisément. Si elle cherchait par là lui rappeler qu'il était marié, c'était inutile. Il avait tout à fait conscience de ce qu'il faisait. Il se contenta donc de lui adresser un sourire malicieux tandis qu'elle déposait le verre dans sa main. Bien, elle savait quoi faire, même s'il doutait que le geste fût réellement sincère. Il porta le verre à ses lèvres tout en l'écoutant. « Et je le suis toujours », commenta-t-il tandis qu'elle parlait de son travail. Il n'avait eu jusqu'à présent absolument rien à redire dessus. Et pourtant, il était difficile. Mais il allait de surprises en surprises avec Ladah. Voilà maintenant qu'elle se lançait dans un massage de ses épaules, ce qui ne fut pas pour lui déplaire. Il se laissa brièvement aller entre ses mains délicates. N'en faisait-elle pas un peu trop ? Probablement. Mais s'il y avait un revers de la médaille, autant profiter du bon côté pendant qu'il se présentait. Il fut affreusement frustré quand elle cessa son geste, beaucoup trop court à son goût. Qu'allait-elle faire à présent à part remettre en question la décoration de son bureau ? Renverser son verre. Volontairement, bien sûr. Pour pouvoir ajouter une énième provocation en le touchant pour le nettoyer alors qu'il lui aurait suffi de sortir sa baguette. Il était heureux que l'homme fût capable de se contenir, car elle ne cessait de le troubler.
« Je constate en effet que vous vous donnez beaucoup de mal, Miss Zaïtseva », admit-il. « Mais je vous en prie, laissez-moi, une fois n'est pas coutume, inverser les rôles. » Il se leva et lui présenta son siège afin qu'elle s'installe à l'intérieur. « Ce fauteuil siéra parfaitement à votre prestance. » Puis il sortit sa baguette pour faire disparaître la tache disgracieuse qui s'étalait sur son pantalon, et avisa le tableau qu'elle avait désigné quelques secondes plus tôt. « Maintenant que vous me le dîtes, vous avez raison, ma chère, ce tableau est une horreur. » Il pointa sa baguette sur lui et le fit disparaître en un instant. « Voilà qui est mieux », approuva-t-il avec un sourire satisfait. Il s'installa dans le fauteuil où siégeait Ladah quelques instants plus tôt. « Vous voyez ? Je ne vous tiens absolument pas rigueur de votre petit écart. Et vous devriez même être rassurée que votre ouvrage soit tombé entre mes mains et non entre celle de votre véritable supérieur. Croyez-moi, cela pourrait même être un avantage pour vous. » Et pour cause, en tant que nécromancien lui-même, il ne pouvait pas lui jeter la pierre. Il aurait pu la dénoncer, bien sûr, mais quel intérêt aurait-il eu à voir disparaître une secrétaire aussi parfaite ? « Je n'ai aucun intérêt à vous faire virer, croyez-moi. Il n'y a donc aucun chantage caché derrière mes propos. Je cherche au contraire à vous aider. »
Il se leva, reproduisant exactement le trajet et les gestes de la secrétaire un peu plus tôt, se dirigeant vers le mini-bar, versant du whisky dans un verre qu'il apporta à la jeune femme. Il lui saisit délicatement la main, caressant l'un de ses doigts de la façon dont elle l'avait elle-même fait avec lui, et glissa le verre dans sa paume. « Rassurez-vous », ajouta-t-il avec un sourire amusé, « je ne le renverserai pas sur vous. » Il s'appuya sur le bureau et l'observa avec bienveillance. « Vous avez raison, je n'ai pas été suffisamment clair avec vous. » Délicatement, il saisit la main de la jeune femme, celle qui ne tenait pas le verre, et la porta doucement à ses lèvres pour les déposer dessus. « Je vous en prie, très chère Ladah », susurra-t-il d'une voix chaude, sur un ton presque suppliant, « laissez-moi simplement vous faire la cour. Vous feriez de moi un homme heureux. » |
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| Tout était question d’habileté, de sang-froid et de manipulations doucereuses, néanmoins implicites. Il y avait bien longtemps que Ladáh avait comprit que le monde d’aristocratie dans lequel elle vivait, n’était constitué que de petits plans de la sorte. Un passe-temps comme un autre, un trompe-l ‘ennuie. C’était manifestement elle la victime cette-fois ci, contrainte de trouver une solution pour se tirer d’affaires sans le moindre mal. Malheureusement, plus le temps s’écoulait, plus l’échange de mots s’établissait et plus la jeune russe comprenait que s’en tirer sans trop de dommages était manifestement impossible. L’adversaire était habile, bien plus qu’elle n’aurait put le croire, et trop de paramètres entraient en jeu pour qu’elle espère s’en tirer facilement. Claquer la porte n’était en aucune façon envisageable, pas plus que tourner le dos au loup qui lui faisait face. En d’autres termes, elle allait devoir demeurer assise à écouter son supérieur hiérarchique, l’écouter et tenter de deviner ce qu’il attendait d’elle, ou prévenir l’attention en elle-même. Une bien mince affaire, tandis qu’elle triturait les bijoux ornant ses fines phalanges. Toute son attention était concentrée, et les mots coulaient tel du miel hors de ses lèvres sanguines. Bien sûr, la curiosité était un défaut qu’elle entretenait sans honte, et la proposition, bien qu’incomplète, était alléchante. Séduisante mais surtout porte de sortie de l’inconfortable situation dans laquelle elle venait de se fourrer sans le vouloir. Dilemme cruel. En retarder l’échéance était tout ce qu’elle pouvait faire en l’instant, désertant son siège, s’activant à réfléchir tout en exécutant des gestes bien pensés, destinés à amadouer le directeur adjoint, tout autant qu’à lui prouver qu’elle n’était pas une de ces femmes que l’on attire facilement dans ses filets sans passer par les nombreuses épreuves avant le prix de la victoire.
La piqûre de rappel n’eut pas l’effet qu’elle pouvait escompter. Il ne considérait nullement son mariage en danger, aussi eut-elle tôt fait de repousser l’éventualité d’une aventure aussi insignifiante qu’elle n’était clichée. La secrétaire et le directeur adjoint, un stéréotype bien trop joué pour créer un scandale, juste de la lassitude. Alors que voulait-il, cet homme aussi insondable qu’attirant ? Ses phalanges glissèrent sur ses épaules, constatant la musculature dont bien des femmes rêvaient en secret. Au moins pourrait-elle confirmer cela : il semblait parfaitement bâti. Elle n’éprouvait aucune honte à le vérifier de la sorte. S’il avait voulu qu’elle cesse, il lui en aurait donné l’ordre, au lieu de cela, ce fut elle qui cessa l’attention déplacée, dérivant à son oreille. Peut-être se délectait-elle finalement de cette situation, de ce jeu dans lequel elle allait bientôt passer la main, terminer son tour sans autre tour vicieux dans son sac. Ce n’était qu’une maigre démonstration, on ne dévoile jamais tous ses tours au risque d’être pris par surprise. Toutefois, l’homme n’est pas en reste, demeurant autant de marbre qu’il ne quitte son siège pour l’y installer. L’inconfort la gagna momentanément, alors qu’elle prenait place, coulant contre le dossier. Assurément, le confort était de mise. Elle retint son souffle tandis qu’il sortait sa baguette, mais respira de nouveau lorsqu’il la pointa sur le tissu souillé. Une sorcière avertie en vaut deux, et ses prunelles d’acier suivirent volontairement le maitre des lieux. L’hideux tableau disparût, et la réflexion entraîna de nouveau Ladáh dans ses songes : où donc se trouvait le piège ? À quel instant le loup refermerait-il ses crocs sur la chair qu’il convoitait ? La sorcière était incapable de répondre à cette question. « Et comment pourriez-vous m’aider ? » rétorqua t’elle avec toute la politesse qu’il convenait, la curiosité en plus. Comment comptait-il l’aider, quand elle n’avait besoin que d’un nécromancien pour assouvir totalement son ambition ? Certes, il pouvait l’aider à conserver sa place, mais son silence avait un prix qu’elle souhaitait connaître avant de conclure l’alliance.
À l’image précédente, son adversaire reproduisit le même parcours qu’elle, sans l’ombre d’une originalité. Un miroir bien fade, lui extirpant pourtant une mine polie sitôt que le verre glissa dans sa paume. Elle fut presque rassurée lorsqu’il osa susurrer qu’il ne renverserait pas le dit verre sur sa jupe. Aucune femme ne l’aurait accepter sans broncher de toute manière, pas même elle. « Ce serait fort fâcheux que vous osiez. » glissa t’elle, sans même lever le récipient jusqu’à ses lèvres gourmandes. Ladáh, dans un souci de paranoïa, ne buvait jamais, ou ne mangeait, ce qu’elle n’avait préparé elle-même, car il était bien facile de verser un poison ou du veritaserum dans un met ou un liquide. Et certains secrets ne devaient être révélés, bien que Clyde eut découvert le plus gros d’entre eux. Elle conserva pourtant le cristal en main, haussant un sourcil sous la tendresse d’un geste dont elle n’avait pas l’habitude. Il y avait quelque chose de grisant à entendre la voix d’Avery. Sa langue était charmante, et la russe pouvait aisément comprendre que les femmes puissent se morfondre après lui. L’homme était un gentlemen qui… Un arrêt, le bouleversement dans ses prunelles. Il lui sembla que son souffle s’était coupé, que quelqu’un l’avait assommé. Avait-elle bien comprit ? Incapable de récupérer sa main, l’héritière sonda l’homme, cherchant le sourire moqueur, l’étincelle de la plaisanterie. Rien hélas. Elle reposa le verre, refusant de céder à la tentation d’apaiser son trouble par l’alcool. Bien mieux, elle ôta sa main de celle du directeur adjoint avant de s’extirper du siège qui lui semblait être un piège destiné à l’emprisonner pour toujours. Trop de pensées se bousculaient dans sa tête, et le trouble fardait sans mal son faciès. « Monsieur Avery je… vous… Vous êtes marié ! » rétorqua t’elle, sans se montrer toutefois offusquée. Bien des hommes trompaient leur femme, son propre père en était un exemple parfait, mais la situation était différente. On encourageait les hommes à assurer une descendance, ce qui n’était pas tout à fait le cas sur le sol où les deux protagonistes se trouvaient.
Lui tournant le dos, elle cacha un instant son visage entre ses paumes, avant de prendre une grande inspiration. « Je ne souhaite pas m’immiscer dans un mariage monsieur Avery. » Elle refusait d’être responsable de son propre malheur en se mettant une épouse à dos, il y avait d’autres choses qu’elle souhaitait faire sans avoir à gérer le mal-être d’une épouse délaissée. Pis encore, « Et je suis moi-même engagée envers un autre homme. » Un homme dont elle se moquait autant qu’il pouvait la délaisser lui-même. Un homme qui travaillait dans ce département. « Cette idée est absurde ! » gronda t’elle sans jamais lui faire face, consciente pourtant que le choix ne lui était pas tout à fait donné. Un souffle dans le vent, la tête en arrière et les prunelles fixant le plafond, à la recherche d’une solution. « Qu’est-ce que cela implique de vous accorder cette requête ? »
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| | | | | The ticking clock [Clyde] | |
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