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sujet; You took it all, but I'm still breathing [Goyle]

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«I had a one way ticket to a place where all the demons go»
feat. Gregory Goyle


La cavale donne à Ginny un nouveau souffle. Trop longtemps enfermée, opprimée, pouvoir à nouveau errer en liberté est d'une douceur inespérée, un présent réclamé depuis sa libération, qu'il lui a fallu revendiquer seule. Personne d'autre n'est en mesure d'offrir à Ginny ce dont elle a besoin. Elle est la seule à posséder les clés de ses chaînes désormais. Une rage sourde s'est insinuée sous sa peau, passée la folie et le choc post-traumatique. Elle traverse sa chair, ronge son âme, et créé des ponts éphémères entre les pans épars de sa mémoire, de ses pensées, de ces émotions, lui assurant aujourd'hui qu'elle est bel et bien en vie. Elle s'accroche à ce qui fait désormais son quotidien. Le passé reste bien présent, mais elle cherche à le refouler à une parcelle moins active de son cerveau. Elle a besoin d'être forte et réactive si elle veut s'en sortir dans ce monde nouveau, dominé par les sorciers les plus pervers et violents de leur génération.

Elle a quitté la forêt dans laquelle elle a erré trop longtemps, et ses pas la mène aujourd'hui à proximité d'un hameau habité par les sorciers. Des sorciers qui tentent de vivre à l'écart des méfaits de Vous-savez-qui, se faisant les plus petits possibles, s'acquittant des taxes et impôts sans broncher. Ce genre de village a tout pour être un lieu privilégié par les insurgés, car il est relativement épargné par les rafleurs. Rares sont cependant les insurgés à s'y aventurer, car ils savent que le moindre événement échappant à l'ordinaire serait immédiatement consigné par les mangemorts. Ce village est donc un oasis attirant, et à la fois terriblement dangereux. Ginny en a conscience lorsqu'elle décide d'y mettre les pieds, le soleil à son zénith. Elle a mis en balance tous les arguments avant de prendre cette décision. Elle sait que la nuit pourrait davantage couvrir ses pas, mais elle sait également qu'en plein jour, elle peut plus facilement se dissimuler au gré de la population locale. Elle a cependant omis un élément dans ses calculs: la présence éventuelle d'une personne susceptible de la reconnaître. Ses vêtements propres et son bonnet de laine gris vissé sur le crâne, dissimulant les mèches de cheveux roux qu'il lui reste, ne suffiront pas à leurrer longtemps un sympathisant qui la connait bien. Elle n'imaginait pas rencontrer quiconque de sa connaissance en planifiant son action. Pourtant, elle n'a pas dépassé la place du marché qu'elle distingue déjà une morphologie connue parmi les badauds.

Goyle. Son sang frémit dans ses veines, et son cœur frappe vigoureusement contre sa cage thoracique. Il est la dernière personne qu'elle aurait songé croiser. Voulu croiser. Elle se fige, et ses poumons se bloquent, entravant sa respiration. Fuir. Mes ses muscles lui font défaut, contractés, en alerte et atrophiés à la fois. Ginny doit fuir. Mais son corps refuse d'écouter la voix qui hurle en elle, stridente et effroyable. Avec l'apparition de Goyle dans son champ de vision, c'est une foule de souvenirs qui ressurgissent. Autrefois égaux dans l'indifférence et le mépris de l'autre, Ginny ne considérait pas autrement Goyle que comme l'armure à glace qui suivait Malfoy comme son ombre. Ils auraient pu en rester là si le serpentard n'avait pas pris parti dans les agissements cruels et despotiques des Carrow. La lueur de son regard quand il se penchait sur elle, ravi que les Carrow lui sous-traitent une partie de leurs basses besognes, plein de vanité, bouffi d'orgueil face à l'opportunité de soumettre le joyaux des Weasley, la lionne de Potter. Le plaisir qu'il avait à la torturer. Puis, plus tard, obligée de courber l'échine devant Parkinson, elle le revoit s'entêter, éviter délibérément son regard, le poids de son jugement. Incapable d'assumer les conséquences de ses actes, de se tenir droit face à la rebut dont il a contribué à détruire l'existence. Et le jour où il a trouvé un peu de courage, où sa couardise n'a pu le forcer à baisser les yeux alors que Parkinson battait sa chose devant lui, il n'a trouvé qu'un comportement à adopter. Il a enfin regardé Ginny, la gêne au fond des yeux, et lui a fait comprendre d'une manière quasiment imperceptible, qu'elle peine à expliquer aujourd'hui, qu'il valait mieux rendre les armes, s’aplatir, et survivre.

Sur cette dernière pensée, la mâchoire de Ginny se contracte, et une pulsion électrique et violente relance la vie dans son corps. Elle fait un pas en avant, prête à en découdre. Mais au moment où leurs regards se croisent, elle voit qu'il la reconnaît, elle voit l'alarme qui se déclenche dans son esprit. Alors, elle ne réfléchit plus, repousse les souvenirs et met de côté sa rage. Fuir. Ginny prend ses jambes à son cou et disparaît dans la foule. Elle cesse rapidement de courir, pour ne pas attirer davantage l'attention, et opte pour un pas rapide. Elle s'éloigne, autant que possible, de la place du village. Elle fuit le sorcier qui l'a reconnu, le passé qu'il évoque, la rage qu'il nourrit en elle.


Il fait nuit lorsque Ginny s'aventure à nouveau dans les rues de la bourgade. Sa première tentative encore en travers de l'estomac, l'insurgée progresse lentement. Elle prend garde à chaque détail, chaque bruit, chaque signal qui se présente à elle. Se croire à l’abri des regards sous le couvert de la nuit est une erreur. Ginny ne s'y trompe pas, sa présence solitaire dans ces rues fait d'elle une cible facile. Elle franchit plusieurs intersections, coupe par les ruelles les plus sombres. Elle n'est plus qu'une ombre, un secret, un spectre qui se déplace parmi les songes. Dans la nuit et le froid, masquée aux yeux du monde, Ginny est dans son élément. La captivité a aiguisé ses sens et sa discrétion, sa liberté est précieuse, et elle prend garde de la préserver. Elle sursaute lorsqu'un mouvement, sur sa droite, attire son attention. Elle marque une halte, fronce les yeux afin de mieux discerner la silhouette affaissée de l'autre côté de la rue, une partie du corps dans le caniveau, l'autre battant les pavés glacials de la chaussée. Méfiante, Ginny fait un pas en direction de la forme isolée.

Parvenue à un mètre, l'ancienne lionne comprend qu'il s'agit d'un corps. Elle s'approche encore, les traits tirés, sceptique. Elle pousse du pied le corps, recherchant la trace d'un souffle de vie. Et alors qu'il bascule légèrement, l'inconnu penche la tête vers elle, à demi-inconscient. «  Goyle » Le timbre grave souligne la consternation de Ginny. Incapable de lui échapper, de jour comme de nuit. Le poussant à nouveau du bout du pied, elle baisse vers lui un regard morose. « Tu n'es plus en mesure de me courir après. » Elle penche la tête de côté et l'analyse, constate la crasse qui le couvre, alors que les relents d'alcool et d'orviétan lui dévorent les narines. L'odeur l'oblige à un mouvement de recul dédaigneux. Elle reste encore un instant à l'observer ainsi. Les rôles se sont inversés. Il est diminué, souillé et blessé, à sa merci. Elle qui se tient toujours debout malgré les cauchemars qui la hantent, prête à renaître de ses cendres, phœnix trop longtemps contrarié, prisonnier, impuissant, qui aspire douloureusement à retrouver sa splendeur passée.

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Rendez-vous auquel il ne veut pas se rendre. Goyle y va les pieds et les poings liés, bien obligé. Aucune autre raison d’aller se perdre dans un village oublié, à part pour voir la mère supérieure. C’est en traînant des pieds pour y aller, espérant presque être en retard pour l’énerver, qu’il la repère. Il aurait pu passer à côté ; la place du marché est plutôt fréquentée à cette heure-ci. Il aurait pu, mais c’est pas le cas. Weasley. Comme une décharge dans son cerveau, un temps d’arrêt. Flash de la rouquine, le regardant droit dans les yeux alors qu’il lève sa baguette. Encore elle, chez Pansy, alors qu’il évite son regard, et ce goût de honte qui emplit sa bouche, rapidement remplacée par autre chose. Frissons qui parcourent son échine – et il est trop lent pour réagir. Déjà, elle fuit, détourne les talons et s’en va. Goyle se précipite sur ses talons, animé par la certitude qu’il doit l’attraper. Comme la sensation confuse qu’avant, il l’aurait laissée partir sans rien dire. Son crâne se tord, étouffe l’impression, et il accélère. Elle doit bien valoir une putain de récompense de la part du Magister. Vermine d’insurgée, traître à son sang. C’est la colère qui l’habite à présent, sans qu’il ne sache comment il est passé si vite d’un extrême à l’autre. Elle a disparu. Il s’arrête un peu plus loin, alors que quelques passants lui lancent un regard inquiet ; il a sorti sa baguette sans s’en rendre compte, et la tient bien serrée dans son poing fermé. Il aurait dû l’avoir. Il aurait dû lui bondir dessus à la seconde où il l’a aperçue. Il a pas pu. Voix dans sa tête, murmure du passé, qui lui file la migraine. Il ne continue pas à la chercher – à quoi bon, elle doit déjà avoir filé. Putain de journée de merde. Il lève les mains pour se frotter les tempes, qui le font définitivement souffrir. Comme souvent, ces derniers temps. Quelque chose qui ne tourne pas rond. Il jette un dernier regard à la ronde, puis continue sa route. Au moins, s’il l’avait attrapée, il aurait eu une excuse pour ne pas y aller.

Épuisant. Comme à chaque fois, depuis des années. Maja Goyle a déménagé en Angleterre deux ans plus tôt, dans l'espoir que son fils unique revienne habiter avec elle – peine perdue, il en était hors de question. Depuis, ils ne communiquent que par lettres, à l’exception de ce jour maudit de novembre. Anniversaire de la mère supérieure, où il se rend par bienséance (comprendre obligation), et d’où il s’échappe de plus en plus tôt. Sa mère n’est plus vraiment là, de toute façon. Depuis la mort d’Actarus, elle s’efface, et ce sont les fantômes de sa vie passée qu’il aperçoit dans ses yeux. Il ne veut rien y voir, et elle ne veut rien entendre de sa part, alors pourquoi continuer cette mascarade ? « Ton père serait fier de voir ta réussite. » Fier de voir son nom imprimé dans les journaux, mais déçu de voir son fils réussir là où il a toujours échoué, ouais. C’est l’amertume au fond de la gorge, quand le chagrin de son décès s’est estompé depuis longtemps. Fini le temps où il voulait suivre ses pas – il l’a dépassé, maintenant, et c’est mieux comme ça. Il répond pas, habituellement, parce qu’elle la lui sort souvent, cette rengaine-là. Il sourit, de ce sourire crispé qu’il ne réserve qu’à elle, attendant d’entendre la pluie de reproches qui suivra inévitablement. Se blinde, avant de disparaître pour l’année à venir. La porte claque derrière lui, avant qu’il n’ait pu voir apparaître les larmes dans les yeux de sa mère, tellement douée pour le faire culpabiliser, et il s’éloigne comme s’il avait le feu aux trousses. Bon anniversaire, maman. Nerveux et claqué. Au lieu de rentrer directement chez lui, il se balade dans le hameau, les mains dans les poches. Il n’a rien à faire de sa journée, et serait plutôt partant pour aller cuver dans un bar. Pourrait contacter Gwen, qu’il n’a plus vue depuis un moment, mais préfère être seul, comme souvent.

C’est le crâne en lambeaux et le moral en dessous de zéro qu’il passe la porte d’un bar, sans se soucier d’être reconnu. Il s’affale sur une des chaises, d’où il ne se décollera plus pendant plusieurs heures. Le reste, c’est flou. Beaucoup d’alcool – bien trop, pour annihiler le mal de tête et oublier les derniers événements de la journée. D’autres choses aussi, sans doute. Il ne consomme qu’à l’occasion, mais quand il s’y met, il a du mal à arrêter. Sûrement ce qui s’est passé, là. Ca, et la rencontre avec Craft. Il se souvient de ça, au moins, quand il reprend conscience à moitié sur la chaussée, à moitié dans le caniveau. Il avait dit qu’il l’aurait, ce connard. Il ne sait plus à qui, mais il l’avait dit. Sauf qu’à ce qu’il comprend, ça s’est pas passé comme prévu. Il laisse échapper un grognement et essaie de se redresser. Sans succès. Sa bouche est remplie de sang, et il essaie d’en cracher une partie pour faciliter sa respiration. Manque quand même de s’étouffer. On peut pas dire qu’il soit sorti gagnant de l’affrontement. À moins que Craft gise un peu plus loin, mort. Ça serait drôle – pas trop, non. Abandonnant sa lutte, il referme les yeux, fermement décidé à terminer sa nuit, là, par terre. Transplaner dans son état serait trop dangereux, il est au moins assez conscient pour s’en douter. Et c’est lorsque les ténèbres viennent à nouveau le rechercher qu’un pied se loge dans sa hanche. Il laisse échapper un gémissement presque inaudible et ouvre les paupières. « Goyle. » Il met un long moment à identifier la personne qui le surplombe, mais quand il le fait, c’est un rire étranglé qu’il émet – rire étranglé qui s’arrête aussi brutalement qu’il a commencé alors qu’il roule les yeux, presque incapable de rester éveillé. Weasley. Pour peu, il la saluerait avec enthousiasme – quelles étaient les putains de chance que ce soit elle qui le trouve comme ça ? À moins qu’elle l’ait suivi, attendant son heure pour se venger. La pensée provoque un nouveau rire, qui se termine en quinte de toux. Défoncé et blessé, ça fait pas bon ménage. « Tu n'es plus en mesure de me courir après. » Il y entend une menace, et essaie à nouveau de se redresser, p’tête pour prendre sa baguette, p’tête pour lui gerber sur les pieds, il est pas trop sûr. Nouvel échec, de toute façon. Il s’écrase à nouveau sur le sol, sa tête heurtant le bitume. Heureusement, dans son état, il sent plus vraiment la douleur – son corps n’est que douleur.

Goyle passe sa langue sur ses lèvres, histoire de les décoller. « Weasley. » annone-t-il d’une voix rauque. L’effort que ça lui coûte, rien que de dire son nom. Surhumain. Elle, elle semble en pleine forme, de ce qu’il peut en voir. Enfin, tout est relatif. Tout le monde aurait l’air en pleine forme, par rapport à lui. P’tête qu’elle est au bord de la mort aussi et qu’elle sait juste mieux le cacher que lui. Ca l’étonnerait pas – cette femme est un démon immortel, une maîtresse de l’illusion. C’est ce qu’il pense, en tout cas. Sinon, comment elle pourrait être encore debout après tout ça ? Lui, il sait pas ce que c’est. Se faire torturer. Plus souvent bourreau que victime, il a quand même pu voir leurs regards, à tous. Et au bout d’un moment, ils se ressemblent tous : ils flanchent, et c’est les prémices de la folie qu’on peut voir se dessiner sournoisement au fond de la pupille. Mais pas elle. Jamais. Et rien que ça, ça fait peur. Alors il lui adresse un sourire qui fait craquer ses lèvres et lui fait mal, un sourire las mais goguenard, un sourire qui veut dire qu’il sait que c’est son heure, maintenant. « T’vas faire quoi, Weasel ? » Les mots se détachent lentement les uns des autres, tandis qu’il l’apostrophe par le vieux surnom qu’ils employaient pour son frère, à l’époque. Un autre monde, une autre vie. Il cherche son regard, le croise, s’y plonge. Comme un défi sur son visage, provocation à peine voilée de l’homme qui se sait condamné. C’est pas comme s’il était en état de se défendre, là maintenant. « Si t’veux t’venger, c’est l’moment. J’vais pas t’en empêcher. » Il lève légèrement les bras, ce qui le fait grimacer, soulignant la position dans laquelle il se trouve. Ne cherche même plus à attraper sa baguette – le temps qu’il l’atteigne, elle sera sur lui, y’a pas à tergiverser là-dessus. Elle se contente de le fixer, et c’est limite s’il s’impatiente pas. « T’veux que j’te dise quel sort utiliser en premier, pour faire durer ? » Un ricanement qui vient de loin, du fond de son âme, de cette parcelle de culpabilité qu’il trimballe à son égard. Presque comme s’il voulait qu’elle lui fasse du mal. Il le mériterait, évidemment. N’empêche qu’habituellement, il est pas du genre à faciliter la tâche à ses adversaires. Part toujours du principe que s’ils sont assez faibles pour se faire écraser, c’est que c'était ce qui était censé arriver. Là, pourtant, y’a toujours cette voix, quelque part, enfouie bien au fond, qui le perturbe. Il sait pas trop quoi en faire. Elle trouvera bien, elle.
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«I had a one way ticket to a place where all the demons go»
feat. Gregory Goyle


Le spectacle qu'elle a sous les yeux la tiraille. L'envie de se moquer est là, en surface. Voir Goyle dans l'état pathétique où il se trouve, cracher ses poumons sur les pavés, ça la réjouit, exauce un vœu auquel elle ne pensait même pas prétendre. Il a ce qu'il mérite, ce chien, le pantin de Draco, qui ne s'est élevé aux dessus de ses semblables que pour chuter lourdement aujourd'hui, le visage sanglant et contusionné. Et puis il y a cet autre sentiment, plus profond, coincé dans sa cage thoracique, enfouis, et qui tente de se frayer un chemin vers la surface, d'affaiblir la satisfaction de Ginny. Il ne s'agit pas de pitié, pas vraiment, même si ça lui fait plisser les yeux lorsque l'ancien serpent se ramasse dans sa tentative pour se relever. Elle frissonne, un éclair froid et insidieux lui parcourant la colonne lorsque la pommette de Goyle rencontre le bitume. Elle ressent de la peine. Et, en même temps, une voix dans sa tête lui murmure que, deux centimètres plus haut, c'était la tempe. Deux centimètres plus haut et il y restait, fin du dilemme qui divise Ginny.

« Weasley. » Parler lui coûte. Ginny le sent. Prononcer son nom, à elle, est une épreuve. Un rictus sombre étire les joues de la rouquine. Elle ne sait plus sourire, au mieux elle grimace, ou fait semblant. Mais le cœur n'y est plus. Quoiqu'elle puisse apprécier le spectacle, en son for intérieur, Goyle ne sera témoin d'aucun élan, aucune liesse, de sa part. Lui, en revanche, n'a pas été brisé. Personne ne s'est acharné à faire disparaître la lumière de son visage et de son cœur, d'arracher la gaieté à son quotidien. Sourire est sans doute douloureux, sous les ecchymoses, mais c'est une chose dont il est capable. Il marque un point, face à la morosité et à l'aridité des traits de Ginny. « T’vas faire quoi, Weasel ? » Il la provoque, usant d'un vieux sobriquet. Leurs regards se croisent et Ginny s'accroche presque à l'éclat de défi qui baigne les prunelles du sorcier. Mieux vaut la haine froide et la confrontation avec un Goyle diminué plutôt que celle qui la placerait face à ses anciens démons. Ginny ne veut pas replonger dans le passé. Elle chasse le surnom prononcé par cet imbécile, et plante plus fermement ses pupilles ébènes dans les siennes, le mettant au défi de continuer, de se ridiculiser davantage. « Si t’veux t’venger, c’est l’moment. J’vais pas t’en empêcher. » Il lève les bras, signe qu'il accepte sa peine. Goyle veut mourir. Ce constat percute la cadette Weasley, fait chanceler son esprit l'espace d'un instant.

« T’veux que j’te dise quel sort utiliser en premier, pour faire durer ? » A son ricanement déplacé, un éclat farouche passe dans les prunelles de Ginny. L'amertume se distille dans ses veines, et elle se sent perdre un instant le contrôle. Elle ferme les yeux, lentement, et prend un instant. Lorsqu'elle les rouvre, le froid est revenu. La colère est toujours là, mais sous contrôle. Scar s'accroupit lentement auprès de Goyle, sans le lâcher des yeux. Elle avance une main, attrape son menton, tirant sur sa nuque avec négligence. Le contact la perturbe, elle se revoit à l'époque où il était son bourreau, elle le revoit prendre un malin plaisir à lui faire du mal. Un frisson lui lèche l'échine, et elle est à deux doigts de relâcher soudainement son visage. Mais elle tient bon, malgré l’électricité qui lui démange les doigts, malgré l'aigreur qu'elle ressent au simple fait de le toucher.

« On se venge d'un adversaire digne d'intérêt. » Le timbre lourd, Ginny doit se contrôler, et refouler les pulsions violentes qui lui martèlent les tempes. Elle a raffermi sa prise sur son menton, ses ongles s'enfoncent lentement dans sa peau. « Tu es faible. » Elle sait à quel point ce terme peut être blessant, pour se l'être pris plusieurs fois en pleine face et l'avoir entendu prononcer à son sujet alors qu'on la pensait endormie ou égarée. « Je me vengerai des monstres qui m'ont persécutée. Je leur ferai regretter leurs gestes, la violence, la cruauté. » Ses prunelles s'assombrissent, tandis qu'elle découpe chacun de ses mots. Elle n'essaye pas de leur donner plus de poids. Ils sont pénibles à prononcer parce qu'ils charrient d'ores-et-déjà leur lot de douleurs et de sang. Elle se penche vers Goyle, rapproche leurs visages, cache son aversion. « Toi tu n'es pas un monstre. » Elle aurait presque pu sourire, si elle en avait eu le pouvoir. Au lieu de ça, ses sourcils se soulèvent et ses lèvres se pincent d'une moue revêche et écœurée.  « Tu n'es qu'un gamin qui a voulu jouer avec des forces qui le dépassent. » Admettre que Goyle n'est pas le monstre qu'il prétend être lui en coûte. Mais Scar ne fait pas ça par bonté d'âme. Il ne mérite pas son pardon, et encore moins son indulgence. « Tu n'as pas eu assez d'ambition pour devenir le loyal mangemort que tu étais destiné à être. » Elle inspire, puis expire : « Tu n'as pas eu le courage de rejoindre l'AD quand ton précieux Crabbe est mort. » Elle lui rappelle, sciemment, des souvenirs qu'elle espère douloureux. «  Et ce jour là, chez Parkinson... » Elle crache ce nom qu'elle exècre. Elle lit dans son regard qu'il comprend la référence, mais elle se fait violence, rassemble ses forces, sa rage et son désespoir. « Tu aurais pu te montrer brave, une fois dans ta vie. Tu aurais pu ... »  Le souffle lui manque, elle relâche brutalement le visage de Goyle, le laissant retomber dans la crasse. Puis elle se redresse, avec le même empressement sauvage.

Son regard tombe à nouveau sur lui, fin et lugubre. Elle lutte contre son dégoût, contre ses ressentiments. Goyle et elle n'ont jamais été proches. Ils appartenaient à des cercles voués à se détester. Pourtant, ce jour là, chez Pansy... Sa gorge se noue. Elle ne pourra jamais l'avouer. Le venin de Pansy dans son système, blessée, déchirée, elle a espéré que Goyle lui vienne en aide. Oubliant le passé, le fossé qui les séparait, elle aurait donné tout ce qu'il lui restait pour un geste, un mot de sa part. Il avait le pouvoir de détourner la colère de sa propriétaire, même sans se griller auprès d'elle. Il était en position de l'aider, de limiter les dégâts. Mais il n'a fait que lui conseiller, d'un regard qui la hante encore aujourd'hui, d'abandonner. Il l'a abandonnée à son sort, elle.

« Je ne t'aiderai pas à te suicider. »

Elle s'en veut d'avoir espéré, de lui avoir confié – naïvement – sa vie.

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Goyle sait encaisser les coups – c’est un fait, qui lui confère l’une de ses nombreuses qualités en tant que batteur. Jamais tombé de son balai, même lors des matchs les plus violents. Jamais reculé face à une baston qui aurait dégénéré. Son corps se blinde, s’applique à ne plus ressentir la douleur, utilisant les coups de son agresseur pour le fatiguer et finalement reprendre le dessus. C’est ce qui le rend terrifiant, quand il est vissé sur ses deux pieds ; gorille impossible à faire basculer. Jusqu’à ce soir. Et c’est bien évidemment à ses pieds à elle qu’il est avachi, affaibli et complètement à sa merci. Marrant comme les rôles s’inversent rapidement, quand elle s’agenouille à côté de lui. Proie ou prédateur, il préfère ne pas y réfléchir. Les cartes ne tomberaient pas en sa faveur. Elle vient lui attraper le visage avec négligence, et il se raidit, déglutit. Ce simple contact réussit à le dégoûter, et il essaie de s’en dégager tandis que la prise se fait plus serrante. Son regard se durcit, bascule un instant dans les souvenirs d’une autre époque. Il se penche par-dessus la tête rousse, l’attrape par les cheveux. La fête n’est pas finie, Weasley, tiens encore un peu. Images d’une autre vie qui s’éclipsent comme elles sont venues, alors que la haine, elle, reste bien présente, mélodie obsédante. « On se venge d'un adversaire digne d'intérêt. » Elle crache, et il sent toute la colère que contient sa voix. Colère enfouie, prête à ressurgir, quoiqu’elle en dise. Il la comprend, étrangement ; quand la fureur s’installe, elle ne repart jamais. Au creux du ventre elle se tapit, toujours prête à gronder à l’instant où on la laisse se déchaîner. Ginny Weasley la tient pour le moment fermement, mais il ne peut pas être sûr que cet état de fait durera longtemps. « Tu es faible. » Le mot le gifle, et il sait que c’est son but. Comme une envie de lui faire fermer sa grande gueule, alors qu’elle explique pourquoi elle ne le tuera pas aujourd’hui. Il ne vaut pas la peine qu’elle se fatigue, sous-entendu mesquin qui l’atteint plus qu’il ne le voudrait. Elle s’approche davantage, son visage à quelques centimètres du sien. Il sent son souffle lui frôler la joue – elle est si proche à présent qu’il suffirait qu’il lève la main pour l’enserrer autour de son cou. Suffirait ensuite de réussir à maintenir la prise suffisamment longtemps pour qu’elle arrête (par Salazar, qu’elle arrête) de proférer ces putains de mensonge qui semblent tant lui tenir à cœur. Jolie petite idée, qui le ravit et le révulse à la fois, sans qu’il ne sache pourquoi. Toujours cette même putain de voix qui ne lui ressemble pas. Combat intérieur ; et finalement, son bras ne bouge pas. C’est tout juste si on peut distinguer un léger frémissement dans le mouvement, pourtant si proche de se concrétiser. Un, deux, trois, décision qui ne se prend pas, le moment passe et s’efface. Un, deux, trois, et il serait passé en un instant de bourreau à tueur. Un simple choix. Un frisson parcoure son échine et il déglutit difficilement, toujours maintenu par la poigne de la rouquine. Aurait-elle cru jusqu’au dernier moment qu’il n’était pas un monstre ?

« Tu n'as pas eu le courage de rejoindre l'AD quand ton précieux Crabbe est mort. » Il cille. Aimerait détourner le regard, mais elle ne le laisse pas faire, le maintenant trop fermement. Si rien de ce qu’elle a dit auparavant ne l’a vraiment touché – sa rage est facile à provoquer, ce sont les sentiments enfouis, ceux qu’il ne s’avoue même pas à lui-même qui sont plus difficiles à débusquer –, la mention de son ancien meilleur ami l’atteint de plein fouet. Il se rappelle encore les forces ennemies venues le trouver, espérant puiser dans sa soif de vengeance un nouvel allié. Ils se sont trompés. Ce n’était pas une question de courage, comme elle semble le penser (pour ces gens-, il n’y a que la témérité) mais un simple désintérêt. Pourquoi aller grossir leurs rangs quand il pouvait simplement disparaître de la surface de la terre ? Et Crabbe, justement, lui aurait craché à la gueule s’il avait trahi les siens. À défaut d’une bravoure conférant au ridicule, Goyle est loyal. Même à un fantôme. Et ça, Weasley n’arriverait jamais à le lui arracher. Greg reprend contenance, un bref instant, avant qu’elle n’assène son dernier coup. « Et ce jour là, chez Parkinson... » C’est le goût de la honte qui remonte dans sa gorge, fugace et tellement fragile. Déjà il l’oublie, alors que la jeune femme le lâche en se relevant précipitamment. Pour la troisième fois de la soirée, sa tête manque d’éclater en retombant en arrière – il a le réflexe de se redresser légèrement sur son coude, basculant sur sa hanche. Grimace de douleur bien vite effacé, et c’est un sourire de serpent qui se dessine sur ses lèvres tandis qu’il tend sa tête vers elle. « J’aurais pu quoi ? siffle-t-il, mauvais. Te sauver ? » Il éclate d’un rire froid, qui racle contre sa gorge pour finir par mourir sur ses lèvres. La sauver, il n’y a jamais pensé. Jamais il n’aurait compromis sa position pour une rebut, une traitre-à-son sang – si elle l’a espéré, c’est peut-être qu’elle est devenue folle, finalement. Quelque part au fond, pourtant, il se souvient de son ventre retourné dans un malaise qu’il n’arrivait pas à éloigner, il se souvient avoir cherché dans son regard l’étincelle de vie, et le soulagement de retrouver dans le creux de sa pupille la rage. Il se souvient de sa compassion, de cette envie délirante de la voir vivre un autre jour. Mais ça remonte déjà à si longtemps ; souvenirs enterrés quelque part, étouffés sous le poids de ses nouvelles convictions.

« Je ne t'aiderai pas à te suicider. » Elle ne compte pas le tuer. L’information le prend par surprise, et il cherche sur son visage une raison. Elle lui a bien expliqué qu’il n’en valait pas la peine – il ne l’a pas crue. Il l’a torturée, par Morgane. Il l’a torturée et il a aimé ça. Ça lui semble être une raison suffisante pour l’achever. Un dernier coup d’œil, méfiant, puis il se pousse sur le ventre, avant d’entreprendre de se relever complètement. Ça lui prend bien trop longtemps ; si elle lui avait menti, elle aurait pu l’achever par trois fois avant qu’il se soit complètement stabilisé. Il titube, et son dos vient s’écraser contre le mur derrière lui. Bien trop faible pour tenir debout par lui-même, et cette constatation l’irrite. Debout, il la domine à nouveau d’une bonne tête, voire plus, mais sa souveraineté n’est qu’illusion. Dans son état, elle reste plus rapide, plus lucide, plus forte que lui. Néanmoins, ça lui suffit pour regagner un peu de sa confiance. Pour l’instant. « M’aider à me suicider ? répète-t-il d’un air goguenard. Tu penses que je veux mourir ? J'te laissais juste profiter de ton opportunité. » Il renifle, de cet air arrogant qu’il a dû voler à Malfoy au fil des ans. Se passe le bras sur le visage, vaine tentative d’effacer le sang et la crasse. « De c’que j’vois, tu as des envies foutrement suicidaires, à t’balader seule. » À bien y réfléchir, il comprend pas comment les insurgés ont pu tenir si longtemps, s’ils adoptent des comportements aussi imprudents. Depuis quand des indésirables pensent que c’est une bonne idée de vagabonder en pleine journée dans des villages habités par des sorciers ? Goyle n’est peut-être pas une lumière, mais il sait que s’il était dans leur cas – ce qui ne lui arrivera pas, évidemment – il resterait planqué, armé jusqu’aux dents, et toujours accompagné. Si les Slytherins lui ont bien appris quelque chose, c’est que l’union fait la force. À quel moment ont-ils perdu cette notion aussi simple que salvatrice ? Ou c’est peut-être juste elle, à la recherche de sa mort prochaine. Il n’est pas celui qui lui offrira. Pas ce soir. « J’peux comprendre, raille-t-il en penchant son visage contusionné. Moi, après ça, j’vais rentrer chez moi. J’vais vouloir crever demain, quand je serai suffisamment lucide pour ressentir la douleur. P’tête. Mais après… Après, j’vais retourner à ma vie. Toi, tu vas faire quoi ? » Il est pris d’une quinte de toux, tant son petit laïus l’a épuisé. Déjà pas l’habitude de parler autant, alors comme ça, ‘faut pas s’étonner. Il se penche pour cracher un caillot de sang, s’essuyant la bouche d’un geste.« Faible, t’as dit » reprend-t-il juste après. L’alcool, la douleur, l’orviétan et la colère le rendent bavard. Bien décidé à la faire taire, à la briser par les mots, si on lui retire son arme principale. « Faible d’avoir choisi d’me tenir loin de votre merdier ? T’es en cavale, j’suis libre comme l’air. J’ai su choisir le bon côté. La faiblesse, c’est votre putain d’entêtement à vous battre pour une cause perdue. L’AD, l’Ordre, même votre ridicule insurrection. Vous allez tout perdre. » Il crache, mû par une haine qui ne lui ressemble pas, pas vraiment. Aurait-il parlé de bon côté, quelques mois auparavant ? Probablement pas – sans doute encore sous le choc de la mort de Vince, le rassure son cerveau atrophié. Son regard croise une nouvelle fois le sien, et il s’y accroche, y cherchant cette fois-ci l’entérinement de ce qu’il croit à présent être acquis : elle est faible. Ca le réconforte, de le penser, pour une raison qui lui échappe complètement. « T’as déjà perdu l’occasion de t’venger » ajoute-t-il finalement, s’approchant d’un pas chancelant. Sur ses deux pieds à présent, il ne sent plus la menace imminente qui lui comprimait la poitrine un peu plus tôt. Elle reste là, néanmoins, elle flotte dans l’air, elle se dessine dans les membres raidis de la rouquine. Et la meilleure défense, c’est l’attaque.
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«I had a one way ticket to a place where all the demons go»
feat. Gregory Goyle


La tension qui circule en elle est palpable. Ses sourcils se froncent, tandis qu'elle jette un regard trouble sur le sorcier allongé sur les pavés. Elle l'a eu sous son emprise, l'espace d'un instant, lui crachant sa faiblesse au visage, se gaussant de la situation, satisfaite de voir une forme alternative de justice se réaliser sous ses yeux. Mais cette emprise s'est évaporée. Ginny s'est laissée perturber par ses propres mots, par les ressentiments que la présence de Goyle rappelle en elle. « J’aurais pu quoi ? Te sauver ? » Et son rire vient glacer le sang de la rousse directement dans ses veines. Même dans cette situation précaire, soumis, il ose encore la traiter comme une misérable créature. Peut-elle lui en vouloir ? Elle ne parvient pas à s'y résoudre. La seule âme à blâmer n'est autre que la sienne. Ce n'est pas Goyle qui lui a donné le moindre indice qui aurait pu la pousser à espérer une aide de sa part. Elle s'est voilée elle même la face, laissant son esprit flirter avec des chimères. Elle était seule et désespérée. La rebut qu'elle était s'est raccrochée à la seule présence étrangère qui se trouvait dans les parages. Elle s'est souvenue de l'amertume de Goyle à la mort de Crabbe, l'un des premiers dommages collatéral de cette guerre. Elle s'est imaginée, vestige de sa candeur passée, que Goyle ne laisserait plus personne mourir sous ses yeux. Elle a eu tort. Lui a prêté davantage de crédit qu'il n'en méritait. S'est auto-mutilée en ayant foi en lui.

Les paupières lourdes, Ginny renonce à agir selon ses attentes. Elle a suffisamment souffert par sa faute. Elle ne s’amputera pas d'une partie de son humanité en lui ôtant la vie. Il ne mérite pas d'atteindre davantage sa conscience. Stoïque, Scar n'esquisse pas le moindre geste lorsque le sorcier entreprend de se redresser. Elle le jauge, un rictus amer passant sur ses traits alors qu'il prend un temps considérable pour se mettre debout. Elle songe à le pousser, lorsqu'il atteint presque son but, pour le plaisir immonde de le voir chuter puis tenter de se relever à nouveau. Ça aurait pu être sans fin. Et une part de la rouquine en aurait retiré une singulière et affligeante consolation. Mais Ginny se domine, refoule sa part d'ombre, et croise simplement les bras. Lorsque Goyle s'adosse péniblement au mur derrière lui, elle penche la tête de côté et l'observe, les sens en alerte.

« M’aider à me suicider ? Tu penses que je veux mourir ? J'te laissais juste profiter de ton opportunité. » Il renifle, et Ginny demeure étonnamment silencieuse. Elle n'est pas déstabilisée par la hauteur que vient de reprendre la vipère. Il peut la dominer physiquement, elle sent que le combat se jouera sur le terrain psychologique. Et Goyle n'a jamais été réputé pour son intellect. Un éclat cercle les pupilles sombres de l'insurgée, teintant son regard, lui donnant une allure sauvage. « De c’que j’vois, tu as des envies foutrement suicidaires, à t’balader seule. » Elle ne tique pas, le laisse parler, manière d'analyser les armes de son adversaire. Sans sa force physique, ses poings et sa rage sourde, Goyle n'est qu'un homme. Un homme pétri de faiblesses et d'insécurités, que Ginny n'a qu'à découvrir et utiliser intelligemment, pour ensuite le briser. Voilà qui ne serait que justice. Quel doux sort serait la mort, pour un imbécile et un lâche tel que lui. Scar imagine un destin plus douloureux, plus digne de ses crimes.

« J’peux comprendre. Moi, après ça, j’vais rentrer chez moi. J’vais vouloir crever demain, quand je serai suffisamment lucide pour ressentir la douleur. P’tête. Mais après… Après, j’vais retourner à ma vie. Toi, tu vas faire quoi ? » Ginny plisse les yeux, et fulmine intérieurement. Mais elle n'est pas assez stupide ou impulsive pour se laisser avoir par un artifice aussi grossier. Goyle s'épanche sur les pavés, parler lui coûte. Pourtant il continue à tenter de la mordre, afin d'inséminer son venin dans ses veines. Il semble oublier que la cadette Weasley a été brisée par les Carrow. Goyle devra se battre davantage, la persécuter avec toute sa hargne, pour espérer rouvrir les cicatrices qu'ils ont laissé dans son âme. « Faible, t’as dit. Faible d’avoir choisi d’me tenir loin de votre merdier ? T’es en cavale, j’suis libre comme l’air. J’ai su choisir le bon côté. La faiblesse, c’est votre putain d’entêtement à vous battre pour une cause perdue. L’AD, l’Ordre, même votre ridicule insurrection. Vous allez tout perdre. » Les prunelles de Ginny sombrent dans les flaques qui parsèment la chaussée. Elle veut qu'il s'imagine vainqueur. Elle veut qu'il se sente puissant, qu'il jubile du coup ainsi asséné. Il ne pourra pas s'attendre à la contre attaque qu'elle fomente tout en relevant un regard fébrile vers lui. Leurs prunelles se croisent alors, et Ginny sent la violence lui soulever le cœur et lui faire serrer les poings. Elle s'accroche à son plan, et met une fébrilité de façade à la portée du sorcier. « T’as déjà perdu l’occasion de t’venger » Si sûr de lui, il se détache du mur, s'approchant d'elle. Ginny lui laisse croire qu'il vient d'asséner le coup fatal, baisse les yeux, qui tombent sur ses chaussures. Ses lèvres se crispent et son menton tremble légèrement.

A son tour, elle chancelle, se rapprochant dangereusement de lui. Elle prend des risques. Bien que trop affaibli pour espérer la poursuivre, il est encore capable de l'attraper si elle s'approche trop. Alors Ginny joue avec le feu, prend le risque de se brûler, parie sur la surprise et le dégoût de Goyle pour échapper à sa violence systématique. Elle lève le poing et le referme sur le vêtement ensanglanté que porte le sorcier. Elle le tire vers elle, pour le déstabiliser. Son regard se relève alors en un éclair et le vrille. « Le bon côté, Goyle, c'est celui que tu peux choisir sans rougir.  » Elle le repousse d'un geste vif , s'aidant de son coude pour le propulser davantage, et qu'il ne retourne heurter le mur qui lui servait d'appui. « Ton arrogance est consternante. » Sa voix est à peine plus audible qu'un murmure, sombre et virulente. « Tu confonds une maison avec un foyer. Je n'ai pas besoin d'avoir quatre murs et un toit au dessus de ma tête pour me sentir chez moi. » Elle arque un sourcil et pince les lèvres, dubitative. « Dis moi, Goyle, est-ce que quelqu'un t'attend quand tu rentres chez toi ? » A son tour d'émettre un grognement sceptique. Elle détaille son adversaire de haut en bas, des pieds à la tête, et gronde : « Si tu avais quelqu'un, tu ne te mettrais pas dans cet état. » Ses prunelles retrouvent le bleu gris absent qui flotte dans les yeux du sorcier. Elle sent sa colère faiblir peu à peu, remplacée par un sentiment qu'elle s'acharne pourtant à refouler. Elle grimace, les sourcils froncés et les lèvres courbées. « Autrefois, tu avais des amis. Tu pouvais compter sur eux. Où sont-ils aujourd'hui ? » Il n'y pas plus autant d'aigreur dans sa voix qu'elle ne le souhaiterait. Et au creux de ses yeux, un éclair soucieux a fait son apparition. « Lesquels ne t'ont pas été arrachés par le gouvernement ? Alors, dis moi, morts ou mangemorts ? » Elle penche légèrement la tête, elle ne cherche plus à lui faire ravaler ses mots. Elle touche du doigt une question qui la taraude. Soupçonne une solution gênante. « Tu appelles à l'aide, et il n'y a personne pour te répondre. » Elle déglutit presque ces derniers mots : « Il n'y a que moi. Une ancienne camarade, une ancienne rebut, dont tu t'es détourné des souffrances, » Elle fronce les sourcils, appuyant ses mots d'un regard plein de sens. « que tu as causé pour certaines. »

Elle fixe ses mains sur ses hanches, et redresse le menton. « N'est-ce pas triste ? Je suis la dernière personne à pouvoir t'aider, à vouloir t'aider, et pourtant, je suis témoin de ta détresse, de tes cicatrices. » Les cicatrices, ça la connaît bien. Et Ginny sait d'expérience que les pires d'entre elles sont invisibles, implantées sous la surface. Elle n'a pas besoin d'en dire plus, elle sait qu'elle a mis le doigt sur un problème, sans parvenir encore à l'identifier. Et, rancunière, elle ne trouve meilleure façon de répondre qu'en adressant à Goyle ce regard qui est resté ancré en elle. Le regard qu'il a eu l'audace de lui servir, des mois plus tôt, ce regard qui hurle : abandonne … mais pas seulement. Ginny le comprend, alors qu'elle l'affiche, qu'elle réalise son reflet dans l'iris de son vis-à-vis. Une autre signification, plus profonde, se cache dans ce regard. Abandonne, pour continuer à te battre, demain.

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La main sur son t-shirt, qui tord et rapproche. Goyle titube, déséquilibré, et son bras se lève pour se défaire de l’emprise – mais c’est trop tard. Déjà, la rouquine le repousse avec une force qu’il n’aurait pas soupçonnée, venant d’elle. Son dos heurte violemment le mur, retour à la case départ, game over. Il se plie en deux, souffle coupé par l’impact, par le coude qui s’est enfoncé dans ses cotes déjà meurtries. Il la hait. Sensation démesurée, qui surgit sans préavis puis grandit dans son ventre, menaçant bientôt de l’engloutir. Ça fait longtemps, ce sentiment. Détester, il sait faire, paresseusement ; il méprise avant même de l’avoir choisi, il écrase sans logique et sans réflexion. Mais cette haine-là, il n’en a pas l’habitude. C’est celle qui crie vengeance, celle qui veut échapper à l’humiliation suivante, qui veut détruire pour ne pas être brisé. Blesser jusqu’au plus profond de l’âme. Fugace mais pourtant tenace devant Malfoy ; revancharde, à l’époque, envers le Magister ; frôlant la démence quand il a profité des Carrow pour régler ses comptes avec ceux qui lui avaient craché à la gueule. Focalisée, à présent, sur l’ancienne rebut en face de lui. La haine s’empare de lui, et il devient pantin entre ses mains. Pantin, ça lui va bien. « Dis moi, Goyle, est-ce que quelqu'un t'attend quand tu rentres chez toi ? » Il se redresse, bien qu’encore un peu penché en avant, alors qu’elle attaque une nouvelle fois. Ca ressemble, à bien des égards, à un combat enragé, le genre dont il n’est pas coutumier. Elle, elle semble y exceller, dans les faux-semblants et les mots qui vont chercher ce qu’il ne faut surtout pas déterrer. Il se demande si elle ferait autant de sa gueule, s’il était en possession de tous ses moyens. Sans doute pas. Elle serait déjà livrée au gouvernement – il imagine avec ravissement son regard implorant. « Si tu avais quelqu'un, tu ne te mettrais pas dans cet état. » Elle cherche son regard, et il n’essaie pas de l’éviter. Qu’elle s’y plonge donc, elle n’y trouvera rien, parce qu’il n’y a rien à déceler. Il n’a besoin de personne, c’est ce qu’il voudrait lui cracher. Il aime sa solitude, il aime le calme glacé de son appartement, son indépendance, forcée ou pas. Il a appris à savourer ce qui lui est imposé. Comme elle, sans doute : elle peut bien parler de ces conneries de foyer, il peine à croire qu’elle refuserait d’avoir un toit, ce soir. Un vrai, avec la chaleur d’un feu tout juste allumé, un matelas un tant soit peu confortable, et le bonheur de ne pas avoir à se soucier d’être retrouvée. C’est pas une vie, quoiqu’elle en dise.

« Autrefois, tu avais des amis. Tu pouvais compter sur eux. Où sont-ils aujourd'hui ? » Ta gueule. Cette fois,  il se relève tout à fait, et la toise. La colère gronde, sourde et impérieuse. Son poing se serre, alors qu’il sait pertinemment où elle veut en venir. « Lesquels ne t'ont pas été arrachés par le gouvernement ? Alors, dis moi, morts ou mangemorts ? » Il ne répondra pas. Pulsion dans son corps, tension électrique, il est à deux doigts de craquer. Regrette de ne pas avoir saisi sa chance, un peu plus tôt – briser sa nuque, taire à jamais cette traître-à-son-sang qui s’amuse à rentrer dans sa tête pour en tirer des conclusions grotesques. Pire ; à présent, elle est presque douce, comme si elle se souciait de son bien-être, et ça lui donne envie de gerber. Pas de pitié. Il n’en aurait pas pour elle. Qu’elle se garde sa putain de pitié. Sa main se rapproche imperceptiblement de sa poche, lentement, tandis qu’elle continue à essayer de l’analyser. Foutue Gryffondor, tellement pétrie de bons sentiments qu’elle ne peut pas s’empêcher de le plaindre, lui. Par Salazar, croit-elle vraiment qu’il est plus mal loti qu’elle ? « Tu appelles à l'aide, et il n'y a personne pour te répondre. Il n'y a que moi. Une ancienne camarade, une ancienne rebut, dont tu t'es détourné des souffrances, que tu as causé pour certaines. » Et il en causera d’autres, si elle lui en laisse l’opportunité. Il n’écoute plus, plus vraiment – il ne veut pas l’entendre. Il ne veut rien entendre de sa bouche. Et c’est alors qu’il s’applique à l’ignorer du mieux qu’il peut qu’il croise une nouvelle fois son regard, avec, au fond de la pupille, quelque chose qu’il reconnait. Un mot, léger murmure d’une autre vie. Abandonne. Ca le frappe de plein fouet, quand il réalise pour de bon que les rôles se sont bel et bien inversés, jeu sordide auquel il ne veut plus participer. Plongeant rapidement la main dans sa poche, prêt à la menacer de sa baguette et cesser ces conneries une bonne fois pour toutes, il se rend compte qu’il n’y a rien à l’intérieur. Goyle se fige, déglutit. Weasley, pour sa part, semble pratiquement irradier de joie alors qu’elle lève la main, sa dernière arme bien serrée entre ses doigts fins. « Salope » crache-t-il, venimeux. Une seconde plus tard, il charge, avec la sensation tenace de s’être fait piéger. Depuis le début, elle l’avait récupérée. Songeait probablement à l’abattre en douce, comme une lâche. Gryffondor my ass. La pensée n’a pas encore quitté son esprit qu’il est à sa hauteur, une main enserrant le poignet qui détient sa baguette, tandis que l’autre s’est posée sur son épaule, presque innocente – crédible, si elle n’était pas aussi proche de son cou.

Il se penche légèrement vers elle, la rage au fond des yeux. « Je joue plus, Weasley » susurre-t-il d'une voix basse, menaçante, destinée à raviver chez elle le souvenir de la peur, qu’elle semble avoir enterré bien profondément. Il ne la laissera pas lui marcher dessus plus longtemps. « Mets toi bien dans le crâne qu’il n’y a rien à sauver chez moi. Tu ne peux pas m’aider. » Sa prise se fait plus ferme. Il veut lui faire mal, lui prouver qu’il n’y a aucune cicatrice chez lui, si ce n’est celles que l’on peut deviner sur son corps malmené par le Quidditch, aucune détresse à relever, aucune foutue blessure à soigner. Aucune faille. « Le gouvernement ne m’a rien arraché – il renifle, dédaigneux –, mes amis font leur boulot. Qui te dit que je ne fais pas le mien ? » Il se rapproche encore un peu, les yeux plissés. Cherche la colère sur ses traits, mais n’en décèle aucune. Pas encore. « Si je n’étais pas dans cet état , je t’aurais déjà livrée au Magister. » Ses doigts s’enfoncent davantage dans la peau pâle, jusqu’à ce qu’elle lâche la baguette, qui vient s’écraser sur le sol. Il esquisse un rictus mauvais. « J’peux encore le faire, bien sûr » souffle-t-il, moqueur. Pourtant, le cœur n’y est pas. Quelque chose au fond de lui se révolte, refuse qu’il aille jusque-là. Pas par compassion, pas seulement, c’est un autre sentiment. Du dégoût, qu’il ne comprend pas. Celui-ci s’évapore cependant rapidement, mais il en reste déstabilisé. Son regard s’égare, une fraction de secondes – posé sur elle, mais il ne la voit pas, pas vraiment. Il se reprend, et pousse sa baguette d’un coup de pied. Au jeu de la rapidité, elle le battrait à plate couture. Il préfère se séparer de son bien, pour l’instant, histoire qu’elle ne s’en empare pas une seconde fois. « J’suis pas sûr que quelqu’un le remarquerait, de toute façon » reprend-il, comme s’il n’avait jamais perdu de sa contenance. « À t’balader seule comme ça, c’est à s’demander si quelqu’un t’attend quelque part, dans le trou qui te sert de foyer. Ou alors p’tête qu’ils pensent que t’es trop usée ? Inutile pour la mission, hein ? » Il ricane, hasardant tout en ayant l’impression de toucher du bout du doigt la raison de sa présence en ces lieux. Où sont Potter ? Granger ? Les personnes les plus recherchées de l’Angleterre, les grands combattants de cette guerre, laissant l’une de leur guerrière se promener seule dans les rues. Ridicule, à moins qu’ils ne décèlent plus son utilité. Marrant, comme ils se renvoient la balle à tour de rôle ; pour peu, il lui glisserait qu'ils se ressemblent, finalement. Il ne le fait pas. Probablement parce que ce serait un horrible mensonge. La main qui était restée dans le creux de sa nuque se retire brusquement pour aller saisir son visage, usant du même geste que le sien quelques temps plus tôt. Il se penche encore davantage, venant presque frôler son front, et change brutalement de sujet, une lueur glaciale dans le regard. « La prochaine fois que tu parles de Crabbe, je te tue. » Ce faisant, sans s'en rendre compte, il se trahit lui-même. La carapace craque, dévoilant l'une de ces fameuses failles dont il ne veut pas parler. Vulnérable à présent, pourtant bien décidé à gagner, il ne rend sa poigne que plus douloureuse, la fixant sans ciller.
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«I had a one way ticket to a place where all the demons go»
feat. Gregory Goyle


L'esprit de Ginny vacille, et elle doit perdre visuellement une part de sa superbe, alors qu'une ancienne vérité la frappe. Elle dégringole, son regard se fait lointain et ses paupières s'affaissent. Elle bat des cils, plusieurs fois, chassant les ténèbres et la rage. Elle se souvient du regard de Goyle. A l'époque, une subtilité lui avait échappé. Elle comprend, désormais, cette marque de compassion. Bouillonnante et remplie de rage, elle refusait de l'admettre, ne pouvait pas la voir. Elle offre à son vis-à-vis un regard troublé, moins agressif, plus nuancé. Elle l'observe, avec une nouvelle minutie, et perçoit le geste qu'il fait afin de venir cueillir sa baguette. Si elle s'était trouvée à l'endroit escompté, Ginny n'aurait pas pu être assez rapide. Goyle l'aurait foudroyée, mise à terre, et son état pitoyable ne l'aurait pas empêché de la capturer. Bien qu'elle fonde désormais un espoir, illusoire et acharné, cherchant à se convaincre que l'ancienne vipère ne l'aurait pas livrée au Magister.

Satisfaite d'avoir repris le dessus, d'avoir retrouvé la maîtrise de la situation face à un Goyle diminué, Ginny lève la main, révélant l'emplacement de la baguette dont le sorcier cherchait à s'emparer. Il a beau la croire sotte de s'aventurer dans cette bourgade seule, suicidaire selon ses mots, Scar a tout de même développé quelques automatismes. Entraînée par Alan, la rouquine retrouve peu à peu les sentiers de la rébellion. Elle renoue avec sa hargne, son adresse, et sa lucidité d'autrefois. Un brin de pugnacité en plus. Et cette soif de vengeance.  « Salope » Goyle crache son venin, mais Ginny reste droite. Ses lèvres se piquent d'une moue revêche, subtile. Elle ne peut répliquer, que déjà le serpent fond sur elle. Il attrape son poignet sans qu'un mouvement de recul ne puisse suffire à lui échapper. Sa main, froide et implacable, se fixe à la frontière de son omoplate. A ces contacts, Ginny ne peut empêcher un frisson macabre de remonter le long de son échine. La rousse déglutit, tâche de garder sa contenance et cet air impassible qui hante ses traits depuis des années. Elle n'aime pas cette proximité, et la violence qui la suit invariablement. Il se penche vers elle, transfiguré par la rage. « Je joue plus, Weasley » Le murmure est caverneux. La terreur lui pique le creux de reins. Mais Scar ne se laissera plus faire. Elle se cambre davantage, redresse le menton pour venir planter un regard mordant dans les prunelles furieuse du sorcier.  « Mets toi bien dans le crâne qu’il n’y a rien à sauver chez moi. Tu ne peux pas m’aider. » Elle pince des lèvres, se mord la lèvre inférieure sans rien en laisser entrevoir à Goyle. Elle ne veut pas qu'il perçoive sa tension, la frayeur qu'il lui inspire toujours, alors qu'elle s'acharne à le considérer comme un lâche et un pleutre qui n'a rien des despotes dont il prend exemple. Il ressert ses prises sur son poignet et son épaule, mais Ginny tient bon.

« Le gouvernement ne m’a rien arraché, mes amis font leur boulot. Qui te dit que je ne fais pas le mien ? » Les mots de Goyle la dérangent, son timbre aussi, et cette façon qu'il a de renifler négligemment pour ponctuer sa phrase. Mais Ginny n'est pas en position de monter une analyse exhaustive. Goyle se rapproche, ses iris détaillent ses traits, scrute son regard. Mais la rouquine ne cille pas, retient simplement sa respiration, attendant le prochain mouvement du détraqué. « Si je n’étais pas dans cet état , je t’aurais déjà livrée au Magister. » Elle n'a pas l'idiotie de le contredire, pourtant le son de ses mots continue à la déranger. Il lui sert le discours politiquement correct dont il s'était pourtant détourné à la mort de Crabbe. Perdue, Ginny reste confuse, ne lâche d'un léger hoquet lorsqu'il la force à lâcher sa baguette. Elle vrille un regard inquiet sur le sorcier, dont la malveillance transforme les traits. « J’peux encore le faire, bien sûr » Ginny doute, mais est persuadée d'une chose : Goyle est la dernière personne à qui faire confiance. Elle s'agite, mais les serres du sorcier sont cruelles et fermes. Elle glisse un œil vers la baguette qui lui a échappé, songe au moyen de la récupérer, ou au moins de le lui interdire, à lui. Goyle doit surprendre son regard, deviner ses intentions. Il écarte la baguette du pieds, la faisant rouler plus loin. Ginny se pique d'une grimace. Ce n'était pas exactement le but escompté, mais elle devra faire avec. Au moins Goyle n'abattra sur elle que sa seule force physique, amoindrie. « J’suis pas sûr que quelqu’un le remarquerait, de toute façon » Son timbre s'est radouci, mais Ginny ne s'y laisse pas prendre. Elle arque un sourcil, alors qu'il reprend : « À t’balader seule comme ça, c’est à s’demander si quelqu’un t’attend quelque part, dans le trou qui te sert de foyer. Ou alors p’tête qu’ils pensent que t’es trop usée ? Inutile pour la mission, hein ? » Son éclat de rire vient secouer Ginny, heurtée par les mots. Elle sent une douleur lancinante se rapprocher de son cœur, comme un poison. Il n'a pas idée à quel point il touche un point sensible. Bien qu'elle prenne sur elle, Ginny sait qu'elle n'est pas encore la combattante dont ont besoin les siens. Mais elle le deviendra, elle se l'est promis, juré, elle deviendra utile. Elle retrouvera ce feu qui brûlait autrefois en elle, et diffusait la lumière dans ses veines.  

Les doigts de Goyle se déplacent, de sa nuque à son menton, viennent le saisir, impitoyable, imitant son propre geste lorsqu'il était à terre. A nouveau, les rôles s'inversent. Lionne et serpent, prisonniers d'un combat sans fin. L'éternité ne semble pas devoir les départager. Goyle se penche sur elle, dangereusement, la lorgne d'un regard mauvais, sanglant. Ginny retient son souffle, la langue comprimée contre son palais. « La prochaine fois que tu parles de Crabbe, je te tue. » L'électricité parcourt ses veines, et un frisson total, glacial, étreint son corps. Ginny ne se risquera pas à douter de cette menace. Mais elle doit être réellement suicidaire au fond. Malgré l'étau toujours plus violent qui lui serre la mâchoire, elle se dresse, fière et conquérante. Elle rapproche son visage de celui de Goyle, plante ses pupilles dans son regard implacable. « La violence, Goyle, tu ne connais que ça. » Elle se veut inquisitrice, malgré l'emprise qu'il conserve sur elle. « Si tu veux me livrer au Magister... » Ses prunelles grisées lui lancent des éclairs lorsqu'elle siffle, provocante : « fais le. » Elle ne le lâche pas des yeux, mais cesse de lutter contre sa prise sur son visage, qui recule légèrement du sien. Elle scrute ses traits, cherche la faille, comment exploiter les indices qu'il lui a livré, sans le soupçonner, alors qu'il s'est laissé guider par cette colère qui lui vrille les tempes et lui donne cet air hystérique, le rendant violent et malsain.

Perdue dans l'abîme de son regard, Ginny songe un instant à fuir. Il faut être folle, suicidaire, pour poursuivre cette conversation, laisser Goyle regagner peu à peu ses forces. Les minutes s'égrènent et il déploie ses forces, la piège en gagnant du temps, la retient, l'empêche de s'échapper. Scar sent la pression sur son poignet, douloureux, et sa mâchoire se crispe sous l'étreinte qu'elle subit. Elle ne peut pas gagner sur le plan physique. Elle doit trouver un autre moyen, un stratagème pour le forcer à lâcher prise. Ce n'est qu'à cette condition qu'elle pourra ensuite se soustraire à ce traquenard. La proximité de Goyle l'empêche néanmoins de deviser correctement. Elle sent la pression de son regard, l'envie de meurtre qui en irradie. Et soudain, son esprit engourdi lui souffle une ruse insensée. Le danger que représente le serpent pourrait s'amplifier. Mais cette stratégie devrait également le surprendre, suffisamment pour qu'il lâche prise, la repousse même. Le coin des lèvres de Ginny se soulève, soupçon fin et habile qui présage du pire. « Il y aura toujours quelque chose à sauver en toi. » Elle fixe son regard au sien, force à nouveau pour rapprocher leurs visages. Et sa voix n'est plus qu'un souffle, fugace, lorsqu'elle ajoute : « Je n'achète pas tes conneries, et tu ne le devrais pas non plus. » Son regard glisse sur les lèvres de la vipère. La violence qui parcourt ses veines est immense, mais elle doit la taire, passer outre le dégoût et la peur, survoler les ressentiments et le doute. Ses lèvres effleurent sa bouche, ce simple contact suffit à projeter une vague amère dans son être, la fait vaciller une fraction de seconde. Puis Scar ressurgit, s'accroche au besoin de briser la contrainte du sorcier, et ferme les yeux. Elle capture les lèvres qui ont su jadis, dans un sourire cynique, lui arracher toute joie de vivre.

Après des années de captivité, Ginny n'aurait jamais cru que les premières lèvres qu'elle rencontrerait ainsi seraient celles de l'un de ses anciens tortionnaires. L'image de Harry renaît derrière ses paupières closes, qu'elle fronce pour repousser l'amertume. Les larmes menacent de la submerger, mais elle les rejette à leur tour. Scar doit être plus forte que ça. Le danger et la violence font partie de son quotidien désormais. Et force est de constater que la liberté lui réserve certaines épreuves autrement plus barbares que les sévices des mangemorts et de leurs partisans.

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« La violence, Goyle, tu ne connais que ça. » Il lui adresse un léger sourire, presque sincère ; un sourire un peu tordu, un peu grimaçant. Pour une fois, elle ne se plante pas, dans ses putains d’analyses. Goyle ne connait effectivement que ça. Moyen d’expression, de défense ou plus souvent d’attaque, manière de vivre qu’il a adoptée depuis déjà longtemps. Si ses opinions politiques sont parfois restées troubles (voire inexistantes, il n’a jamais vraiment réfléchi à la question, avant Vince), la violence a été une constante chez lui. Quand il a fait fuir l’un de ses précepteurs, enfant, quand il a coincé un gamin de première année, quand il a levé sa baguette au nom des Carrow, quand sa rage s’est abattue sur Draco Malfoy il y a déjà tellement longtemps, quand sa batte vient heurter un cognard à présent. Quand il les observe, elle et son regard flamboyant. Presque soulagé, maintenant qu’elle s’en rappelle. Un peu lassé de l’avoir entendue jacasser à propos de sa prétendue vulnérabilité. Il en vient à oublier cette compassion qui l’étreint parfois, fugace – un instant d’empathie ne le rend pas bon, par Salazar. Elle semble l’avoir compris, et c’est la peur qui se lit sur son visage, bien qu’elle fasse du mieux qu’elle peut pour l’étouffer dans l’œuf. Serait-il capable de la tuer ? Il n’a jamais ôté la vie à qui que ce soit, mais c’est pas l’envie qui lui a manqué, plutôt les occasions. Il aurait pu tuer, il l’aurait fait, si on le lui avait demandé. Serait-il capable de la tuer et de s’en tirer sans tiraillement au fond de sa conscience ? P’tête pas, mais il est totalement prêt à essayer. C’est ce qu’il se dit, alors qu’il détient la vie de la rouquine entre ses mains. S’il ne se sent pas capable de la livrer au Magister dans son état (elle se débattrait, et il n’est pas assez lucide pour être certain de pouvoir gagner la lutte), il en vient presque à miser sur ses chances de la détruire, ici et maintenant, sans qu’elle n’ait le temps de faire quoique ce soit. Ce serait facile. Facile et rapide. Pratiquement immobilisée sous sa poigne, elle n’aurait même pas le temps de glapir, s’il s’y prenait correctement. Le Lord serait sans doute ravi qu’on lui ait enlevé une épine du pied, et les foutus Insurgés seraient probablement anéantis d’entendre la nouvelle, eux qui ont tenté de la sauver à tant de reprises. Une pierre deux coups, que demande le peuple ?

« Il y aura toujours quelque chose à sauver en toi. Je n'achète pas tes conneries, et tu ne le devrais pas non plus. » À peine le temps d’enregistrer ses paroles que Weasley est prise de folie – y’a pas d’autres mots pour qualifier ça. Quelques secondes, immobile, les yeux grands ouverts, le temps que l’information lui monte au cerveau. What the – ses mains la relâchent, pour mieux se poser sur ses épaules et la repousser, mobilisant toutes ses forces. Goyle fait un pas en arrière, jetant à peine un regard à la rouquine, qui atterrit par terre. Se penche légèrement pour cracher, tentant encore de démêler ce qui vient se passer quand son corps, lui, a bien compris le dégoût qui le submerge déjà. Lève le bras pour s’essuyer la bouche, l’air complètement abasourdi, une grimace déformant ses traits. Tarée. Elle l’a embrassé. C’est tout juste si un frisson ne le parcoure pas au souvenir cuisant des lèvres de l’autre contre les siennes. Folie incompréhensible, geste désespéré, il sait pas. Il en connait, des hommes qui ont profité du statut de rebut de leurs prisonniers pour en faire ce qu’ils voulaient – l’idée l’a toujours répugné, pour la simple et bonne raison qu’il ne pourrait pas batifoler avec l’ennemi, c'est sale. Passé le choc, c’est la colère qui reprend le dessus, alors qu’il se redresse lentement pour la chercher du regard. Et il aperçoit la vermine, qui a profité d’un instant d’inattention pour se saisir de la baguette qu’il avait éloignée d’un coup de pied, quelques temps, une éternité plus tôt. Les poings du jeune homme se serrent, alors qu’il découvre une toute nouvelle dimension à la haine. Elle la tient fermement, cette fois, et la braque sur lui. Bien sûr. Il aurait dû se douter qu’elle avait tout manigancé, misant sur une réaction violente. Coup de bluff, pour mieux retourner la situation à son avantage. Coup risqué ; il aurait pu réagir de façon autrement plus désagréable, comme il s'apprêtait à le faire avant de se voir tenu en joue. Une nouvelle fois, p’tête une dernière fois, les rôles s’inversent, et il se retrouve dans la position de la proie. La seule différence, c’est qu’il sait qu’elle ne veut pas le tuer, donnée qui lui permet de repousser toute forme d’appréhension. Il vivra, ce soir. Pour elle, c’est moins sûr. À moins qu'elle ait changé d'avis, depuis ses belles déclarations.

N’empêche que ça s’annonce mal : désarmé, commençant clairement à fatiguer, menacé par une baguette. Sa propre baguette. Un large sourire naît sur ses lèvres : « Elle ne t’obéira pas. » Il appuie ses propos d’un geste de la tête vers son bien, comme victorieux. Trop capricieuse pour changer si brusquement de propriétaire, radicalement différente de ce à quoi elle est habituée. La certitude le réconforte, alors qu’il s’essuie une nouvelle fois la bouche – on est jamais trop sûr. « Et même si c'était l'cas, t'en feras rien, d'toute façon. » Il lui rappelle la foi étrange qu'elle semble placer en lui, comme si elle s'acharnait à voir une âme tourmentée là où il n'y avait que les ténèbres ; ne prend plus la peine de la détromper, si ça peut lui permettre de s'en sortir sur ses deux pieds. Goyle s'approche une nouvelle fois, alors qu'elle est toujours à terre. Épuisé, soudainement. La violence lui plait - les combats d'idée, beaucoup moins. Et c'est ce qu'il endure depuis un moment déjà, lutte sans raison ni cohérence, ennemis parce que c'était comme ça. Rien ne changerait cet état de fait, alors à quoi bon ? Qu'elle se rende. Abandonne, Weasley. Il croise son regard, ce regard qui le défie toujours ; détourne la tête, révulsé par le souvenir de son baiser. Elle a gagné sur ce terrain, mais est-ce que ça en a valu la peine ?
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