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sujet; You'll never get used to it [Gwen] [soirée du 12/09/02]

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You'll never get used to it [Gwen] [soirée du 12/09/02] - Page 2 Empty
Ça allait disait-elle et même si elle n’était visiblement pas particulièrement à l’aise (mais c’était certainement sans doute plus du au fait que comme lui elle n’était guère habituée à ce genre de relation père/fille qu’à cause de son état physique) il pouvait voir qu’en effet elle allait bien mieux qu’auparavant où elle avait été proche de s’évanouir. Comme quoi même si le Médicomage ne payait pas de mine, il avait tout de même fait son travail, Rabastan n’était pas du style à faire une donation à l’établissement pour remercier le personnel mais le fait qu’il n’aille pas chercher des embrouilles aux guérisseurs étaient déjà en soit un acte de remerciement : il fallait faire avec. Gwen sembla avoir pitié du médecin et l’empêcha de le rappeler pour le faire tourner en bourrique avec un léger sourire, elle ne devait pas douter qu’il serait capable de paralyser tout un service rien que par ses demandes exigeantes. « De toute façon, je ne compte pas rester ici toute la nuit. » Il comprenait parfaitement ce genre de réaction, il aurait eu exactement la même, plutôt crever que de rester une nuit à l’hosto. Déjà parce que quand on pouvait se lever, ça ne servait à rien de rester se traîner dans une chambre d’hôpital vide et froide, et surtout parce que niveau sécurité c’était loin d’être au top niveau. Rabastan était bien trop paranoïaque pour dormir dans un endroit public : clairement n’importe qui pourrait venir et l’égorger dans son sommeil (si tenté qu’il dorme évidemment). Donc l’attitude de sa fille ne le surprenait guère, mais étrangement il n’était pas spécialement emballé à l’idée de la voir vider les lieux. « Je veux signer la décharge et quitter cet endroit. » Sa réticence somme toute paternelle devait certainement venir du fait qu’il savait que si elle quittait St Mangouste c’était pour rentrer chez elle, chez sa mère et question sécurité le Mangemort faisait encore plus confiance aux couloirs non surveillés de l’hôpital plutôt qu’à l’amour maternel de sa chère épouse. Est-ce que c’était purement pour le bien de Gwen qu’il pensait cela ? Ou bien était-ce parce que cela lui faisait égoïstement mal de savoir sa fille auprès d’Elena alors que lui était séparé de ses enfants ? Les deux sentiments se mêlaient avec un peu trop de talents pour qu’il puisse parvenir à les démêler et ce n’était de toute manière par le moment de l’auto-flagellation, il estimait avoir pleinement le droit d’être possessif et égoïste s’il le désirait. Et alors qu’il allait commencer à suggérer à Gwen (en réfléchissant bien à la tournure de sa phrase pour ne pas la froisser) qu’il serait peut être mieux qu’elle reste tout de même ici ou bien qu’elle trouve un autre endroit où aller que la demeure familiale (le but premier étant de l’éloigner le plus possible de sa mère) elle reprit la parole. Trop tard. Trop lent. Il avait toujours su qu’il aurait été le genre de père à ne jamais rien refuser à sa fille, si on lui en avait laissé le temps. Mais au lieu d’être devenu un vieux papa gâteau en face d’une petite princesse gâtée il était un père paumé en face d’une jeune fille blessée. « Pourriez vous me raccompagner… » La raccompagner ? Chez elle ? L’imagination plutôt féconde lorsqu’il s’agissait d’envisager les catastrophe de Rabastan plia la scène en quelques secondes. Il se voyait très bien toquer à la porte de la maison d’Elena pour lui ramener sa fille en piteux état, une petite moue d’excuse, comme un mari divorcé qui aurait eu sa fille à charge un week end et qui l’aurait laissé se faire piétiner par une foule en délire après l’avoir amené à un match de Quidditch. Le père irresponsable de base quoi. Quoiqu’en réalité il doutait de un qu’Elena lui ouvre la porte, de deux qu’il puisse résister à lui arracher les yeux si elle daignait se montrer à moins de trois mètres de lui. Bref, ce n’était pas une bonne solution que de la raccompagner, et il lui semblait étonnant que Gwen, pourtant assez pragmatique, propose cela. Espérait-elle comme certains enfants recoller les morceaux entre les deux géniteurs ? Mais il ne put aller plus loin dans la réflexion, Gwen éclairçit l’affaire : « Je sais que j’en demande beaucoup mais serait-il possible de passer une nuit, juste une nuit chez…toi ? » L’expression en rester comme deux ronds de flan est ici une image parfaite pour décrire l’état dans lequel Rabastan était entré. Trop d’informations à encaisser, trop de choses à engrenger. Le tutoiement déjà était comme un électro-choc : il ne supportait pas que ses enfants le vouvoient, ça lui rappelait la manière dont lui-même avait pu vouvoyer son père et s’il y avait bien une figure de laquelle il souhaitait s’éloigner c’était bien celle là. Mais s’il n’y avait eu que le tutoiement ! Que nenni mon enfant, on dit que la foudre ne frappe pas deux fois au même endroit, mais Guenièvre Lestrange est clairement moins miséricordieuse que la foudre. Elle lui demandait s’il voulait bien qu’elle vienne chez lui. Chez lui ! C’était… ce qu’il avait toujours voulu sans jamais croire qu’il pourrait y parvenir. « Chez moi ? » Son air étonné du lui faire croire qu’il allait refuser et il s’empressa de la détromper : « Non non, ce n’est pas impossible du tout. C’est juste que… je ne m’y attendais pas. » Il pouvait difficilement dire le contraire, c’était la dernière chose qu’il aurait pu imaginer. Que sa fille, sa fille à lui, sa Gwen veuille aller chez lui c’était… presqu’inimaginable. Une sensation de chaleur le poussait presqu’à étirer ses lèvres dans un sourire qu’il n’avait plus l’habitude de faire depuis longtemps. « Mais ce sera avec plaisir. » Est-ce que sa voix tremblait ? Non, c’était juste un effet de son imagination. Et l’émotion qu’il ressentait était presque parfaitement nivelée quant à ses expressions faciales. « Tu sais que tu peux venir chez moi quand tu le souhaites Gwen. » Il a un peu de mal à croiser son regard, comme s’il craignait qu’un contact visuel trop long risquait de briser le charme. « Je suis ton père. Ma maison… c’est aussi ta maison. » Un bref moment de silence : « Tu y seras en sécurité, je te le promets. » Il ressere la couverture machinalement une nouvelle fois autour des épaules de Gwen : « Tu voudrais partir maintenant ? » Il devait être amusant à regarder, à se dépêtrer avec ses doutes quant à l’attitude à adopter. C’était certain que les gens qu’ils voyaient au boulot ne devait pas l’imaginer capable d’être aussi maladroit et déphasé.
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J’ignorais tout de la bataille intérieur qu’avait engagé Rabastan contre lui-même. A quoi pouvait il bien penser? Je regrettais d’avoir poser cette question, de lui en demander trop, trop vite. J’aurai du me contenter de ce qu’il avait fait pour moi ce soir, ici, entre les murs de cette chambre aseptisée plutôt que de le confronter à un choix comme celui-ci. S’il refusait il aurait l’impression de m’exclure à jamais de sa vie aussi n’avait il pas d’autre choix que d’accepter. Je lui avais forcé la main sans m’en rendre compte et devais trouver un moyen de le libérer de ma propre bêtise. Lui proposer plutôt une nuit dans une auberge, voilà je pouvais parfaitement passer une nuit à me reposer dans une auberge c’était une idée, pas idéale, pas fabuleuse mais qui pouvait le sauver. Mes lèvres se pincèrent, trop tard, il avait déjà l’intention de répondre et à en croire son regard, la surprise qui transpirait par tous les pores de sa peau, il semblait que ma demande n’ait déjà fait l’effet d’une bombe dans son esprit. ça n’était pas mon intention. Il ne s’y attendait pas. Comment aurait il pu, nous n’avions pas à proprement parlé une relation père/fille “normale” et pour cause. De son point de vue il avait laissé un bébé quand il avait été arrêté puis enfermé à Azkaban et avait retrouvé une jeune femme distante, sur ses gardes avec qui il avait eut très peu de contact prolongé. Des dîner, quelques discussions mais jamais rien de plus. Et de mon côté il était le père de mes frères, un mangemort à la réputation effrayante dont je devais me méfier. Aujourd’hui beaucoup de barrières avaient sautées. Il avait essuyé mes larmes, m’avait réchauffé de ses bras et avait protégé un de mes secrets en s’en prenant directement aux personnels soignants. Sans doute sans même s’en rendre compte il avait agit comme seul un père pouvait le faire. Bien qu’un peu gauche il s’était montré attentif, patient, protecteur et tendre. Il m’avait fait découvrir de émotions dont j’ignorais jusqu’à l’existence, une relation complètement inédite voilà pourquoi la demande avait franchi mes lèvres. Je comprenais donc parfaitement sa surprise. Je me mordais la lèvre inférieur en avouant à mi-mot mon erreur. Oui... je me rend compte que c’était peut-être trop... rap...   Beaucoup trop rapide oui. Mais je n’ai pas le temps de finir, il vient de répondre par l’affirmative, il accepte de m’héberger et pire que tout il souri. Je me demandais si j’avais déjà vu Rabastan sourire de cette façon. Etrangement un sourire naissait également sur mes lèvres comme pour répondre au sien, le rassurer et me rassurer également. Etais-je en train de faire une erreur? Qu’importe, je ne comptais pas remonter le temps et j’avais bien l’intention de profiter de ce moment, le découvrir dans d’autres conditions, plus sereinement. Mon regard ne quitte pas le sien tout comme ce sourire ne quitte pas mes lèvres. Mes doigts serrent la couverture, frôlent ceux de mon père et dans un murmure que j’aurai voulu plus assurer je laisse échapper un simple. Merci. D’accepter malgré tout, de me promettre la sécurité, le repos.Oui, je préférerai, tant que les potions sont actives. Autrement dit tant que je ne ressentais pas la douleur il serait plus facile de se déplacer. Je posais les pieds au sol encore un peu chancelante mais conservant une main pour maintenir la couverture contre moi. Vous...tu... peux reprendre ta cape, la couverture devrait suffire. J’esquissais un fin sourire d’excuse avant d’ajouter. ça va venir... j’essai de faire attention pour le tutoiement.  Ce qui n’était pas si simple en réalité après toute une éducation à vouvoyer tous le monde. Je faisais quelques pas, attrapais les fioles que je mettais dans ma poche et observais quelques seconde mon reflet dans le miroir le plus proche. J’aurai... besoin d’une douche. Une bonne douche bien chaude pour ôter le sang qui me recouvrait et qui n’était pas, toujours, le mien. Puis-je avoir... un soutien. Je lui tendais ma main et espérais la sienne. Je n’allais pas m’évanouir sans prévenir mais je préférais être certaine d’avoir quelqu’un pour me retenir, juste le temps que nous quittions l’endroit pour pouvoir transplaner. Une infirmière fit son entrée dans la chambre, visiblement surprise que je sois débout et vraisemblablement prête à quitter les lieux.  Miss Lestrange, vous devez conservé le lit. Avez vous bien pris la potion de paix? Vos pansements seront à changer demain matin.  Je souhaite partir. Comment? Non, vous ne...   Je ne vous ai pas demandé votre avis. Je souhaite signer la décharge et quitter cet endroit. Mais vous... Maintenant.Et faites dire à Aramis Lestrange que sa soeur va bien et qu’elle est rentrée, sans préciser, bien sûr, que c’était contre l’avis des médicomages. Une fois les papiers signés je laissais Rabastan prendre les devants, j’étais incapable de transplaner correctement mais pouvais supporter un transplanage d’escorte, du moins il fallait l’espérer. Je suis prête.   Autant que je pouvais l’être.
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Et alors qu’elle le remerciait, qu’elle lui souriait faiblement, que ses doigts frôlaient les siens il revisita mentalement sa maison, légèrement paniqué à l’idée que Gwen puisse tomber… tomber sur quoi ? Il se laissait presque berné par sa propre réputation : non il pouvait se rassurer, il n’avait pas assassiné quelqu’un ces deux derniers jours pour ensuite découper son cadavre en petits morceaux qu’il aurait éparpillé dans le salon, la cuisine, la salle de bain et la chambre. N’est ce pas ? Il pensait que cela pouvait être considéré comme un faux pas que sa fille débarque chez lui et tombe directement nez à nez avec… quoique ce soit de peu recommandable. Mais Merlin merci Rabastan était du type soigneux pour son petit home sweet home et son chez lui ne ressemblait pas à l’appartement cliché du célibataire. Tout était nickel, il y avait peut être un léger désordre rassurant (il ne supportait pas d’être dans un endroit trop rangé au point d’en paraître vide) mais rien qui aurait pu l’empêcher de l’inviter. C’est à cet instant qu’il prit conscience que ce serait la première personne à venir chez lui. Depuis qu’il y habitait. Personne ne lui avait posé de question sur son habitation, personne n’avait jamais proposé de passer (ce n’était pas si étonnant par ailleurs). Personne ne devait savoir où est-ce qu’il pouvait bien crécher, et la plupart devait sans doute imaginer qu’il dormait dans son bureau. Eh bien il fallait un début à tout, et mieux valait pendre la crémaillère en invitant sa fille plutôt qu’un collègue inapte (il y en avait tellement qu’aucun nom précis ne lui venait en tête). Gwen se remit lentement sur ses pieds, soulignant le fait qu’elle désirait vider les lieux tant que son organisme était encore sous l’effet des potions apaisantes qu’on venait de lui donner. Il ne comptait pas la contredire sur ce point, c’était en effet ce qu’il y avait de plus sage. Comme elle le lui demandait il récupéré sa cape et la laissa faire quelques pas ; il la surveillait de près, comme s’il craignait qu’elle ne s’écroule soudainement mais elle trouvait la force de commenter : « Ça va venir… J’essaie de faire attention pour le tutoiement. » Il lui répondit par un hochement de tête, sans lui répondre que le simple fait qu’elle y pense et essaye était amplement suffisant. Ce n’était pas tant le vouvoiement que l’idée qu’il y avait derrière qui le mettait mal à l’aise ou l’énervait. Pour lui c’était avant tout un signe de distance qui était conventionnellement de mise lorsqu’un employé parlait à son patron, Rabastan n’avait jamais douté qu’on pouvait être respectueux tout en tutoyant alors il ne voyait pas en quoi son enfant devrait lui parler comme s’il était son supérieur hiérarchique. Une vieille tradition des familles Sang Purs. Autant il était plutôt conservateur, autant cette règle lui filait de l’urticaire. « Ne t’inquiète pas pour ça. » Le simple fait qu’elle y pense était suffisant. Le fait qu’elle veuille bien aller avec lui, chez lui était suffisant. Elle récupéra toutes les potions qu’on lui avait prescrites et fit une réflexion sur son reflet qu’elle croisa dans un miroir. « Tu pourras, je te passerai des affaires si tu veux. » Mmh… ça risquait d’être difficile, il n’avait rien qui puisse convenir à Gwen : non seulement elle faisait presque deux têtes de moins que lui mais en plus… ses vêtements ne conviendraient clairement pas à une jeune femme. Par Merlin, les problèmes domestiques étaient-ils toujours aussi angoissant ? Il lui faudrait vraiment un guide pour éviter d’accumuler les bourdes. Toutefois il y avait des choses qu’il savait faire et quand elle tendit la main dans sa direction il n’hésita pas à la lui prendre, pour l’assurer alors qu’elle mettait un pied devant l’autre. Elle avait l’air assez résistante pour le trajet… Il était lui-même assez heureux de partir de cet endroit, il n’aimait pas cet hôpital. Il n’aimait pas ce genre de lieu où l’on venait pour crever en règle générale. Il se demanda un instant s’il ne devait pas passer voir comment Aramis s’en sortait mais le souvenir de la présence de Mademoiselle Ollivander lui rappela qu’ils étaient certainement mieux seuls. Alors qu’ils s’apprêtaient à mettre les voiles, une brave dame débarqua, évidemment pour venir arguer que voyons voyons mais olala que faites-vous debout ? Vous devez garder le lit ! Merlin et Vivianne si vous ne faites pas ce qu’on vous dit vous allez choper le choléra, la peste et la dysentrie ! Bon il exagérait peut être les propos mais pour être honnête tous les Médicomages du monde tenaient toujours le même discours et ils seraient capable de vous sangler à un lit pour un simple rhume. Pour le coup il n’eut même pas à intervenir, Guenièvre se débrouilla très bien elle-même — c’était certainement les gênes Lestrange qui la rendait apte à se débarasser de ce genre d’interventions. « Et faites dire à Aramis Lestrange que sa soeur va bien et qu’elle est rentrée, sans préciser, bien sûr, que c’était contre l’avis des médicomages. » Il ne s’agissait pas d’angoisser toute l’Angleterre non plus. Mais vu le regard désaprobateur de l’infirmière elle avait visiblement très envie au contraire de souligner ce point de détail à Aramis. Alors histoire d’en rajouter une couche : « En effet ça ne sert à rien de l’inquiéter outre mesure. » rajouta-t-il avec un coup d’œil entendu à l’intervenante. Après quelques signatures ils purent décamper pour de bon. Il tenait toujours Gwen par la main. Il se rendait compte que lui-même avait les mains brûlantes, signe chez lui qu’il était soit grandement concentré soit particulièrement perturbé. Le fait de se retrouver seul à seul avec sa Gwen devait jouer un très grand rôle là dedans. « Je suis prête. » « Très bien, accroche-toi bien. » Au moment où il disait ça il prit conscience que c’était peut être trop lui demander. Après tout elle avait perdu du sang, avait été blessée au niveau des bras : ce n’était sans doute pas le moment de lui demander de faire des efforts musculaires trop importants. « Attends une seconde, n’ait pas peur… Je vais juste… » Il l’attira vers lui doucement en la tirant par la main, puis de son autre main l’attrapa à l’épaule afin de mieux sécuriser sa prise. « Comme ça, c’est mieux. » Puis ils transplanèrent dans un craquement sourd pour réapparaître quelques secondes plus tard dans une rue isolée se terminant par une impasse de l’Allée aux Embrumes. Il continuait de tenir Gwen, pour lui éviter de tomber si l’effet du transplanage avait été trop dur pour elle. « Ça va ? » Il releva la tête : lui voyait sa maison, juste en face, de l’autre coté du trottoir mais Gwen ne devait pas voir autre chose qu’une vieille façade sombre digne d’un petit entrepôt déserté. Elle allait être la première personne à partager le secret de l’endroit où il vivait : ça ne lui faisait pas peur outre mesure, il savait bien que Gwen ne se faufilerait pas chez lui la nuit pour l’égorger (tout du moins il l’espérait). La petite maison dans laquelle il créchait était coincée entre le 41 et le 45, il se pencha vers Gwen et murmura assez bas (même s’il n’y avait absolument personne dans la rue, Rabastan n’était pas paranoïaque pour rien) : « Pense au 43 Allée des Embrumes. Et ça devrait le faire… » Le charme de Fidelitas n’était pas celui qu’il maîtrisait le mieux et il n’avait pas vraiment prévu d’inviter ses voisins pour un barbecue il n’avait donc qu’une idée très floue de comment procéder pour livrer le secret. Il savait surtout comment le garder. Mais ses souvenirs lui assuraient que c’était bien la bonne méthode. Ils ne stationnèrent pas plus d’une minute dans la rue avant que Rabastan n’invite Gwen à entrer à l’intérieur. L’avantage d’avoir une maison soumise au charme du secret était qu’absolument aucune des portes n’étaient fermées à clé (il en aurait fait une syncope autrement), il poussa donc la porte d’entrée et laissa sa fille pénétrer dans le salon. Contrairement à ce que la façade dissimulée pouvait laisser penser, il ne s’agissait pas d’une maison aveugle mais les murs étaient au contraire tapissés de fenêtres. Il lui désigna le canapé d’un geste : « Je t’en prie… assied-toi. Tu dois reprendre des potions ? Tu veux peut être une nouvelle couverture ? » (il avait toute une collection de couverture, il détestait avoir froid) « Te reposer ? Tu disais que tu voulais prendre une douche… Peut être qe tu veux boire quelque chose avant. J’ai du… thé, du café, du chocolat… » slow down, tu ferais peur à une matrone de l’Élite ! Laisse-la respirer. On a tous notre manière de faire face à des évènements perturbants, Rabastan lui se débrouillait avec le fait que pour la première fois quelqu’un se trouvait dans son espace personnel (et que ce quelqu’un était sa fille) en parlant le plus possible, histoire de ne pas avoir le temps de considérer les tenants et les aboutissants de cette histoire.






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Je l’observais avec attention trouvant dans ses traits ceux de ses fils… c’était étrange, déstabilisant même de se retrouver dans cette situation. En arrivant à Sainte-Mangouste aujourd’hui je n’espérais rien, de personne. Partir, fuir au plus vite mais comme toujours tout avait été de travers. Alors, puisque je devais rester je souhaitais être soigné rapidement des blessures du jour et  pouvoir partir le plus vite possible. Mais rien ne s’était enchaîné correctement et Rabastan avait fait son entrée en plein milieu d’une crise de panique de ma part. Il avait joué le rôle du père,  s’était montré secourable, attentif, patient comme s’il avait toujours joué ce rôle avec moi. Je n’y connaissais rien, n’avait qu’une vague idée du lien qui pouvait unir un père à sa fille et sans me mentir à moi-même, il était agréable, appréciable de pouvoir compter sur lui en cet instant. C’était sans doute un peu fou, très opportuniste et incroyablement égoïste de profiter de sa fibre paternelle naissante mais il avait l’air d’en avoir autant besoin de moi. –Que voulez-vous on se rassure comme on peut- Alors ma main ne tremble plus lorsqu’elle est dans la sienne, ma peau ne frisonne plus lorsqu’elle est en contact avec la sienne, c’est presque… naturel. Et mon sourire s’élargit lorsqu’il me parle de me prêter des vêtements, je m’imagine dans une de ses chemises, bien trop grandes pour moi et cela m’amuse. C’est un peu bête mais j’ai hâte de voir ça, tout comme je suis curieuse de découvrir l’endroit où il vit, son chez lui. Mes doigts se resserrèrent sur la main du mangemort le remerciant d’un regard d’avoir ajouté sa voix à la mienne. Aramis devait avoir assez à faire avec Nyssandra pour se préoccuper d’une énième blessure me concernant. Avec un peu de chance l’infirmière avait compris le message. Une fois toute la paperasse parfaitement remplie nous pouvions quitter les lieux aseptisés pour respirer l’air du dehors afin de pouvoir transplaner. La chaleur de sa main était plutôt agréable, surtout alors que mon corps tardait à se réchauffer correctement.  J’avance d’un pas attiré contre lui et passé la seconde de surprise passe ma seconde main sur sa taille et lui répond dans un souffle. Je n’ai pas peur de toi. Je lui offre un sourire avant de prendre une respiration et de fermer les yeux. CRAC. Mon estomac se soulève et je porte ma main à mes lèvres, juste au cas où. Le transplanage d’escorte est un vieil ennemi mais ça va.   Je n’avais aucun problème lorsque je transplanais seule mais en escorte, si je n’étais pas le guide c’était une toute autre histoire. Je relève le regard sur la bâtisse en face de moi, rien de vraiment très accueillant. Je connais ce quartier, un peu, sais surtout qu’il y a au bout de cette rue un traiteur particulièrement doué pour les mets salés –priorités-. Mais la voix de Rabastan me fait comprendre que sa maison était protégée par un fidelitas et qu’en m’invitant de la sorte il m’offrait la possibilité de pénétrer dans son antre. Je le suivais jusqu’à la porte d’entrée et avançais dans le salon. Mon regard se posait sur le moindre meuble, la moindre décoration… le salon était plutôt accueillant, même s’il serait plus chaleureux avec quelques photographies et un bon feu de cheminée. J’étais intriguée, curieuse pourtant je m’exécutais lorsqu’il m’invita à m’installer sur le canapé. Je papillonnais des yeux en l’écoutant et en tentant de retenir chacune de ses questions.  Alors dans l’ordre… Dis-je avec une pointe d’humour en tentant de le rassurer. Non, je veux bien, ça va, après quelque chose de chaud et comme toi, merci.   Autrement dit, je ne devais pas reprendre de potion dans l’immédiat mais je prendrais bien une couverture supplémentaire. Je n’avais pas l’intention de m’endormir maintenant, surtout pas quand ma curiosité était ainsi piqué par ce nouveau lieu et concernant la boisson chaude je prenais comme lui afin de le connaître un peu mieux. C’est très jolie ici, beaucoup moins austère que le manoir… Peut-être l’était-il moins quand Rabastan vivait encore dedans, mais pour moi ce grand manoir regorgeait de mauvais souvenirs, plus que de bons. Je cherchais ma baguette dans la poche intérieure de ma robe de sorcier et me souvenais rapidement qu’elle ne pouvait y être puisqu’on me l’avait retiré au musée. Pourriez…   oups tu.   Hrm faire un feu dans la cheminée… ? J’aime beaucoup le crépitement des flammes. J’aimais le feu, n’en avais jamais eu peur, je trouvais le bruit et l’odeur très apaisant et ça aurait le mérite de me réchauffer plus rapidement que ne pouvait le faire une montagne de couverture. Je l’aurai bien fait moi-même mais ma baguette doit être entre les mains des tireurs d’élites venus nous sauvés… c’est celle d’Eris que tu portes à la ceinture.   Je n’aurai aucun mal à récupérer la mienne plus tard tout comme j’allais rapidement pouvoir rendre celle-ci à mon amie. Vous… tu ne te sens pas un peu seul ici ? Demandais-je avant de me mordiller la lèvre inférieure me rendant compte que cette question n’était peut-être pas la bienvenue… Il aurait sans doute préférer retrouver ses enfants à sa sortie d’Azkaban mais rien n’avait dû se dérouler selon ses souhaits. Pourtant il aurait pu aussi prendre la décision de vivre un temps avec Rodolphus et Bellatrix… bien que l’ambiance dans la demeure soit sans doute … particulière, oui voilà particulière. Tu n’es pas obligé de me répondre, je suis parfois un peu trop curieuse.   J’avais l’impression de m’essayer à un nouveau sport ou l’agilité et surtout l’équilibre était vital et à en croire mon premier essai, ce devait être un échec cuisant. Jouer ce nouveau rôle n'avait rien de simple...
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Il ne cessait de regarder autour de lui d’un air nerveux, comme pour vérifier que tout était bien en ordre et véritablement présentable prêt à bondir sur le moindre détail qui aurait pu se révéler perturbateur pour le dissimuler sous le tapis en un tour de main (c’était à ça que pouvait notamment servir le tapis Axminster dont tout le monde semblait se moquer, les gens n’ont aucun sens pratique). Mais après quelques œillades nerveuses dans tous les recoins du salon il se détendit légèrement : non rien qui puisse pousser à l’alarme filiale. Pas de cadavre (bon ça il en avait été très vite certain, encore une fois il se serait souvenu s’il avait assassiné quelqu’un, tout du moins il l’espérait), pas d’artefact douteux en pleine vue (il n’en avait pas tant que ça d’ailleurs, juste quelques outils de magie noire qu’il avait récupérer via des confisquations abusives) et ses trophées, aka les baguettes qu’ils prélevaient à ses victimes Insurgés ou autres étaient conservées bien soigneusement dans un tiroir de sa chambre. Pas de quoi paniquer. Sa respiration était nettement plus calme et apaisée lorsque Gwen prit la peine de répondre à son avalanche de question, elle semblait presqu’amusée par la réaction paternelle à en croire sa tournure de phrase : « Alors dans l’ordre… Non, je veux bien, ça va, après quelque chose de chaud et comme toi, merci. » Il eut lui-même un peu de mal à remettre correctement les réponses données sur les questions posées, signe qu’il aurait très certainement du ralentir la cadence. Finalement il réussit à intégrer les informations prodiguée et agita sa baguette presque sans y prendre garde. Étrangement maintenant qu’il avait calmé son très soudain flux verbal il se retrouvait à court de paroles, il se contenta d’attraper la couverture impeccablement pliée qu’il venait de sommer grâce à un sortilège d’attraction tandis qu’elle voletait tranquillement jusqu’à lui avant de la proposer à Gwen. « C’est très joli ici, beaucoup moins austère que le manoir… » Il haussa légèrement les sourcils, assez peu convaincu. Il n’avait jamais mis les pieds dans le manoir où Elena avait établi ses quartiers pour des raisons évidentes mais il doutait que sa maison soit moins austère qu’un foyer entretenu par son épouse. Dans ses souvenirs elle était assez maniaque à foutre des tableaux sur absolument tous les murs (et des tableaux de famille en outre ce qui fait que Rabastan devait toujours passé devant l’honorable grand père MacMillan quand il voulait aller aux toilettes). « M-merci… » répondit-il un peu hésitant, il ne savait pas trop comment recevoir un compliment sur son intérieur parce que de mémoire jamais personne ne lui en avait fait. Il ne devait pas s’épancher dessus n’est-ce pas ? Et d’ailleurs pourquoi se souciait-il des conventions sociales et de comment répondre à un compliment ? Gwen devait bien se douter que ce n’était pas sa tasse de thé et ne devait pas attendre une conversation trop construite de sa part. D’ailleurs elle-même était encore un peu hésitante quant au vouvoyement. Elle voulait un feu ? Rabastan aimait bien les feux de cheminées, il aimait à la fois la lumière et la chaleur que lui procuraient les flammes : « Bien sûr, attends une seconde. » Et il pointa cette fois sa baguette en direction de la cheminée tout en murmurant le sort qui fit jaillir de hautes flammes rougeoyantes dans le foyer. Et quand elle parla de sa baguette elle confirma les soupçons de Rabastan qui avait bien cru comprendre que la baguette qu’il lui avait prise à l’hôpital n’était en réalité pas la sienne. Il tenait donc l’arme de mademoiselle Burke. Il la glissa hors de sa ceinture pour aller la poser sur la surface plane la plus proche, il n’avait pas spécialement besoin de la garder avec lui pour dormir hein ? « J’espère que tu n’auras pas de problème pour la récupérer. » fit-il un peu pensif « Au pire, tu sais que je peux donner un petit coup de main… » Et pas qu’un petit, plutôt que de donner un coup de main il pouvait pousser quelqu’un sous un bus s’il le fallait pour que sa fille récupère sa baguette. Pas question que Gwen se trimbale sans rien pour se protéger à cette époque pas très catholique. Il pouvait toujours lui proposer une des baguettes qu’il avait dans sa collection… même s’il doutait que ces armes conviennent à sa fille (et il se voyait mal lui expliquer qu’il lui donnait la baguette ayant appartenu à une mère de trois enfants qu’il avait sommairement exécuté pour cause de soupçon de trahison, ça ne le faisait pas trop.) « Vous… tu ne te sens pas un peu seul ici ? » De toutes les questions qu’elle aurait pu lui poser, enfin peut être pas toutes tout de même, c’était celle qu’il s’attendait le moins à entendre. Est-ce qu’il se sentait seul ? Il n’avait pas besoin de réfléchir pour lui donner une réponse honnête, s’il voulait lui donner une réponse honnête : oui il se sentait seul. Il se sentait seul depuis longtemps. Déjà parce qu’il avait été trop longtemps isolé et ensuite parce que même une fois sortie il avait été loin de retrouver ce qu’il avait espérer. Oui il se sentait seul. Mais on s’y habituait. « Tu n’es pas obligé de me répondre, je suis parfois un peu trop curieuse. » Peut-être… mais elle était sa fille, et lui voulait tout savoir d’elle, voulait tout rattraper même s’il savait qu’il n’en aurait jamais le temps. Il voulait savoir comment s’était passé le premier Noël dont elle eu quelques souvenirs, voulait savoir comment s’était passée sa première année à l’école. Sa deuxième. Sa troisième. Quelles options avait-elle choisi ? Pourquoi ? Sa quatrième année. Sa cinquième année. Ses BUSES ? Quels ont été ses résultats ? Sa matière préférée ? Sa sixième année ? Évidemment il savait à peu près comment avait pu se dérouler sa septième année, il était définitivement sorti à cette époque même s’il n’avait pu la voir. Mais qu’importe, les détails ils les voulaient tous. Il voulait la sentir vivre. Il voulait prendre conscience que sa fille avait existé. Que quand lui l’avait imaginé rire, respirer, parler, marcher de son coté elle avait vraiment vécu sa vie. Était-elle curieuse ? Oui, évidemment. Mais lui aussi l’était. Alors il pouvait comprendre. Et répondre. Plus ou moins honnêtement. « Non, non ne t’inquiète pas… Je- » Il eut un moment d’hésitation, Gwen n’était pas son amie ni une psy en devenir et ce n’était pas à elle d’essuyer les éventuels soucis de Rabastan. Elle avait déjà eu à subir quelques conséquences. « Ça va. Plutôt bien. J’ai un peu vécu avec ton oncle. » Merlin il parlait comme un mec paumé. Est-ce qu’il avait l’air d’un mec paumé ? Le genre obligé de squatter chez son grand frère parce que sa femme avait mis les bouts avec le fric et les gosses. Le genre pathétique au possible qui n’arrivait pas à se trouver une baraque, seul comme un grand. « … Avant. Mais pas trop longtemps. Ta tante et moi… Enfin, tu le sais déjà je pense. Je suis bien seul. » Il préférait encore être seul plutôt que mal accompagné. « Mais je suis très heureux que tu sois là. » Qu’elle n’aille pas comprendre le contraire de ce qu’il voulait lui dire. Il aurait littéralement tout fait pour que ses enfants viennent vivre avec lui, mais ça c’était révélé proprement impossible. « Et puis c’est plutôt grand. C’est ce qu’il me faut. » Son visage s’était légèrement assombri et il prit garde à contrôler correctement sa respiration puis à guider son esprit sur autre chose. « Alors quelque chose de chaud j’avais dit… du chocolat pour nous deux. Tu peux un peu circuler et visiter si tu veux le temps que je… prépare ça. » Il quitta rapidement le salon pour se retrouver dans la cuisine, en sortant deux grandes tasses d’un placard il constata qu’il tremblait. Merde. Les deux mains posées sur le plan de travail, le dos légèrement courbé il s’appliqua à régulariser parfaitement sa respiration. Il n’y avait absolument aucune raison pour qu’une crise d’angoisse vienne faire son apparition, mais si la vie lui avait appris quelque chose c’était qu’elle n’avait pas besoin de raison pour le pourrir. Merlin merci il savait comment faire face. D’un coup de baguette il fit se verser le lait, le chauffa et incorpora le chocolat tandis que de l’autre main il cassait plusieurs carrés d’une tablette qu’il avala rapidement. Le goût du chocolat avait toujours eu le don de le calmer, au moins un peu. Et il était en sécurité. Avec Gwen. En sûreté. Il revint dans le salon, portant les deux tasses. Il tendit les deux dans sa direction : « La noire ou la grise foncée ? » Il avait tout un set qui se déclinait sur tout le panel des couleurs mais hélàs ses préférés (celles qui étaient vraiment des couleurs) avaient toutes été brisées principalement parce qu’il avait longtemps eu la sale manie de les faire tomber par terre lors de crises de tremblements et comme si après avoir été brisée une fois elle devait lui porter malheur il les avait toutes bazardées sans essayer de les réparer magiquement. « J’espère que tu aimes le chocolat chaud… très chocolaté. » Merlin merlin merlin au secours par pitié ! Il n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait bien dire, de ce dont il pouvait parler. Pas du travail, évidemment. Mais Gwen et lui ne partageaient rien, hormis du sang. Et un bref passé commun. Un passé où elle n’avait qu’un an. Il ne pouvait pas parler de ça, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ? « En tout cas, je ne te l’ai jamais dis parce que… je n’ai jamais eu l’occasion… » (surtout parce que ce n’était pas dans ses habitudes) « … mais tu es vraiment devenue une très… belle jeune fille. » Oh pourquoi ne pouvait-il pas être muet ? Tout serait tellement plus facile ! Et aveugle. Ce serait le pied. Sourd, muet et aveugle. Idéal en effet.





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Il ne fallait pas être un génie pour lire la nervosité dans le regard de Rabastan, dans le moindre de ses gestes. Il observait son salon comme si quelque chose de terrible pouvait sortir d’un placard ou d’un tiroir. Tout ceci était étrange, vraiment déstabilisant pour moi, pour nous. Il n’était pas à l’aise et même si je tentais de montrer tout l’inverse je ne l’étais pas non plus. Je n’étais pas à ma place et je ne pouvais ôter cette pensée de mon esprit même si je la refoulais dans le coin le plus lointain que je puisse trouver.  C’était nouveau pour nous aussi nos regards se croisaient sans vraiment s’attacher l’un à l’autre. J’hoche la tête et lui offre un doux sourire, oui les décorations du manoir Lestrange ont du bien changés depuis son départ… ou étais-ce depuis mon arrivée ? Je me souviens parfaitement de ce portrait d’un grand-oncle ou d’un arrière-grand-père MacMillan qui hurlait sur Elena de ne plus me toucher, de cesser sa folie. Oui, je me souviens bien de cet homme qui fut un des rares à prendre ma défense pour la première et dernière fois et de la rage avec laquelle elle avait demandé à Chat, notre elfe de maison, de retirer tout ce qui pouvait parler des murs du manoir. N’était alors resté que quelques tableaux, des paysages, des natures mortes qui ne faisaient que comblés des vides inutilement. Mon regard se posa sur la cheminée et les flammes qui venaient d’apparaitre. Je me rapprochais légèrement, m’installant au bord du canapé pour profiter pleinement de la chaleur qui se dégageait maintenant du foyer. Mon regard glissait sur la baguette d’Eris, j’allais devoir lui rendre rapidement, par les temps qui courent il fallait qu’elle puisse se défendre même si je la savais également très douée avec une épée. C’est gentil, ça devrait aller, ils commencent à me connaître maintenant… ça n’était pas la première fois que ma baguette se retrouvait dans leurs bureaux pour des interrogatoires, ni la première fois que j’étais otage ou qu’on s’en prenait à moi. Je m’y habituerai presque. Et on ne refuse rien à la fille du patron.   Ajoutais-je avec malice pour détendre un peu  l’atmosphère juste avant de lâcher une question qui avait eu l’effet d’une bombe sur Rabastan. J’aurai du m’en douter à dire vrai mais j’étais curieuse, trop curieuse et je me mordais à présent la langue de le voir hésiter, bredouiller et me répondre du mieux qu’il le pouvait sans, trop, me mentir. Alors, après avoir avalé ma salive, non sans peine, je reprenais sur le ton de l’humour.  Oui, Bellatrix n’est pas vraiment la personne à qui l’on pense en premier lorsqu’on ne souhaite pas vivre seul... Je n’ajoutais rien concernant mon oncle avec qui j’avais eu un épisode aussi marquant que douloureux mais comme il me l’avait dit c’était notre « petit secret ». C’est un bon choix, je ne suis pas une professionnelle de l’immobilier mais on se sent bien entre ces murs.   Et il était important de bien se sentir lorsqu’on vivait quelque part. Je ne savais que trop bien que l’inverse ne permettait nul repos. J’hochais la tête, un chocolat serait parfait. D’accord. Je n’avais pas vraiment l’intention de jouer les espionnes, non, je me contentais de me lever, remettre correctement a couverture sur mes épaules et de m’approcher des vitres. Contrairement au manoir il n’avait pas vu sur un beau et grand jardin mais il avait une vue sur la vie, normale de monsieur et madame tout le monde. D’ailleurs j’esquissais un sourire en voyant un enfant traverser la route rapidement suivi par son petit frère, celui-ci tenait à la main un mini balais fort usagé mais son sourire aurait pu réchauffer n’importe quel cœur de glace. Oui, la vue qu’il avait de son salon était simplement parfaite. En entendant des bruits de pas je me retournais en direction de mon père et posais une main sur celle de Rabastan qui tenait la tasse noire.  La noire, merci. Oui, j’adore ça, le chocolat sous toutes ses formes. Je trempais mes lèvres dans le liquide chaud et manquait de peu d’avaler de travers en l’entendant me faire un compliment que ma « beauté ». Je savais bien que mes joues s’étaient rapidement empourprées, comment faire autrement, ça n’était pas un commentaire anodin sur la pluie et le beau temps, non il m’avait assez observé pour voir, penser que je dégageais une certaine beauté, ce qui de mon point de vue ne représentait pas grand-chose puisque j’ignorais jusqu’à la couleur réelle de mes yeux. J’étais gênée mais je devais lui répondre quelque chose, ne pas laisser un silence pesant s’installer…  Alors j’énonçais la première chose qui me passait par la tête. C’est gentil mais je n’y suis pas pour grand-chose… Ah ben ça c’est fin… Ce sont les gènes qu’on m’a transmis. Suis-je en train de lui dire qu’il était lui aussi plutôt pas mal ? Tout à fait et… c’est ridicule, déplacé… complétement idiot. Je passe ma main libre sur mon visage et vient me réinstaller sur le canapé. Je suis désolée, c’est si…  inhabituel…   Pour lui aussi je n’en doute pas. Je l’invite à prendre place près de moi, sur son propre canapé. J’aimerai mieux v… te connaître, savoir ce que tu aimes ce genre de chose mais ça parait tellement compliqué. Tu comprends ?   On ne rattrape pas le temps perdu, ce qui était n’est plus et ne sera jamais plus pourtant j’avais envie qu’il me raconte des souvenirs qu’il avait de mes frères lorsqu’ils étaient enfants et plus loin encore je voulais savoir qui étaient ses amis… sa famille. Par exemple je me suis toujours demandé si je n’avais pas fait plus de mal que de bien avec mes sorts basiques… et… comme tu ne m’en as jamais reparlé… Ta blessure au dos ? Ça a guéri ? A cette époque lors de la bataille de Poudlard ou je l’avais retrouvé au sol, blessé…
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Est-ce que ça aurait pu être ça sa vie ? Est-ce que ça aurait du être ça ? L’embarras en moins. Il aurait pu être capable de croiser sa fille dans la rue, de la prendre dans les bras sans avoir à réfléchir pendant une heure sur le bien fondé de ce geste, de l’embrasser sur le front sans se demander si oui ou non c’était la chose à faire, parler avec elle de tout, de rien sans se torturer les méninges pour peut être éviter tel ou tel sujet par prudence. Il aurait pu être capable de juste l’aimer sans arrière pensée parce qu’il aurait été dans son droit. Légitime. Avoir sa fille avec lui, maintenant, comme un instant volé, soufflé à un Médicomage lui donnait l’impression d’être un hors la loi. Il serra un peu plus ses doigts sur l’anse de la tasse quand il sentit la main de Gwen se poser sur la sienne : « La noire, merci. » Il la laisse doucement prendre la tasse dans sa main, ses doigts frôlant les siens alors qu’elle s’éloignait. « Oui, j’adore ça, le chocolat sous toutes ses formes. » Ah et bien chez lui elle était servie ; sur toute la nourriture que ces quatre murs contenaient plus des trois quart devaient être une forme ou une autre de chocolat. Bon sang ne saurait mentir comme on dit. Sa réaction toutefois à son compliment laissa Rabastan songeur quant à son tact et son sens de l’à propos : ce n’était peut être pas, sans doute pas, des choses qui se disaient… Et comment on faisait maintenant, pour retirer une parole ? Pour éviter qu’un nouveau silence gênant ne tombe sur eux comme un cheveux dans la Bieraubeurre ? « C’est gentil mais je n’y suis pas pour grand-chose… Ce sont les gênes qu’on m’a transmis. » Ce fut à son tour de manquer de s’étouffer, moins classieux que Gwen toutefois il ne put réprimer un toussotemment. Comme il disait bon sang ne saurait mentir, avec l’amour du chocolat elle avait hérité de son don pour mettre les pieds dans le plat. Telle père, telle fille. Dans un sens ça le rassurait un peu, c’était toujours plus difficile à assumer d’être le seul guignol handicapé social dans une pièce, Gwen était certainement bien plus douée que lui mais il était évident que tout cela n’était pas dans ses habitudes. « Je suis désolée, c’est si… inhabituel… » Il la regarde s’asseoir sur le canapé, et lui faire un geste pour l’inviter à s’asseoir à son tour. Quiconque d’autre aurait eu juste les nerfs de lui proposer de poser son cul sur son propre canapé a trois mille gallions se serait fait gentiment envoyé balader. Mais une fois n’est pas coutume, Guenièvre n’était pas vraiment comme les autres. Comme lorsqu’on récupère un animal trop longtemps battu et qui sursaute au moindre geste brusque, c’était ainsi que Rabastan en usait avec sa fille. Il craignait qu’un seul coup d’œil un peu plus sombre que les autres pourrait tout faire imploser. Qu’elle pourrait s’évaporer soudain et partir sans se retourner. Depuis quatre ans il avait l’impression de chasser des fantômes et maintenant que la fumée se faisait de plus en plus matérielle n’était certes pas l’instant pour une tornade qui éparpillerait le tout. En douceur donc. « Ne t’excuse pas… » fit-il en s’asseyant à coté d’elle. Devait-il rester droit ? S’adosser ? Pourquoi réfléchissait-il à ça ? Il décida de rester droit, la tasse bien au creux de ses deux mains. C’était chaud, agréable et l’odeur était réconfortante. « Je ne suis pas vraiment un modèle d’aisance pour le coup… » Il était même plus empoté qu’un rhinocéros enfermé dans un magasin de porcelaine chinoise. Une catastrophe ambulante. « J’aimerai mieux v… te connaître, savoir ce que tu aimes ce genre de chose mais ça parait tellement compliqué. Tu comprends ? » Il jeta un coup d’œil à la porte, un regard aux fenêtres, par réflexe. S’il comprenait ? Il vivait ce questionnement tous les jours : sa couleur préféré ? son premier sort ? comment sa magie s’était-elle déclarée ? à quel âge ? Tous les cadeaux de Noël qu’elle avait eu… Le prénom de ses amies à l’école. Sa matière préférée. Son professeur préféré. Mais il ne pouvait pas lui faire remplir un questionnaire avec des réponses à cocher. Il ne pouvait pas non plus accumuler les questions parce que ce n’était pas comme ça qu’on construisait une relation. Il fallait être patient alors qu’il voulait tout savoir, tout de suite, tout revivre. Mais c’était impossible. « Je comprends… très bien. » Moi aussi, avait-il envie de rajouter, moi aussi j’aimerai mieux te connaître. Parce qu’après tout, comment cela s’était passé ? On lui avait désigné une jeune femme qu’il n’aurait pas reconnu dans la rue et on lui avait dit : voici Cedrella. C’était une inconnue mais c’était sa fille. Il n’y avait rien pour les rapprocher que le sang et le désir que lui avait de retrouver ce bref lien qu’il avait pu connaitre avec elle. Aurait-il aimé Gwen si elle n’avait pas été sa fille ? L’aurait-il remarqué ? Pourquoi voulait-il absolument s’accrocher à elle, à Aramis, à Arsenius ? Il y en avait pour appeler ça l’amour paternel et avant la naissance d’Arsenius Rabastan n’y croyait pas plus qu’au Père Noël, quand on voyait son père on pouvait comprendre pourquoi. Pourtant… c’était bien ce truc là qu’il avait contracté, comme un virus. On l’avait posé devant elle en lui disant : c’est ta fille. C’était comme si on lui avait donné l’ordre de l’aimer. Rabastan était un bon petit soldat obéissant. Alors Gwen il l’aimait. Même si ce n’était plus sa Cedrella de un an, la vie et l’expérience l’avait transformé en une belle jeune felle. En Gwen. Et il voulait la connaître. Il voulait comprendre la transition, comprendre la transformation. « Par exemple je me suis toujours demandé si je n’avais pas fait plus de mal que de bien avec mes sorts basiques… et… comme tu ne m’en as jamais reparlé… Ta blessure au dos ? Ça a guéri ? » Ses yeux s’écarquillèrent un instant et il dut poser sa tasse sur la table basse pour être certain de ne rien renverser avec un faux mouvement. « Hein je… pardon ? » Il ne comprenait pas très bien ce qu’elle disait. Faire plus de mal que de bien ? Jamais reparlé de quoi ? Il avait du louper un wagon quelque part… À ce stade là on pouvait même dire qu’il s’était littéralement trompé de quai et avait foncé droit dans un mur banal à Kings Cross. « Jamais reparlé de… quoi ? » Merde, lui qui ne voulait pas faire trop de gaffe on peut dire que c’était mal barré, même sans comprendre de quoi il s’agissait il sentait qu’il y avait quelque chose, quelque part qu’il aurait du saisir. Il se renfonça un peu plus dans le canape jusqu’à coller son dos contre le cuir. Sa blessure au dos, bon il en avait pas quarante mille non, une seule était peut être susceptible d’être connue par sa fille, celle qu’il s’était ramassé durant la bataille de Poudlard, en 1998 lorsqu’un imbécile de défenseur jugea bon de le balancer par la fenêtre plutôt que de l’achever correctement d’un bon Avada. C’était ça les sensibles, il avait très certainement espéré que la gravité se chargerait de tuer Rabastan mais au lieu de ça elle se contenta de lui défoncer son dos et manqua de la paralyser. Comme quoi il devait la vie au cœur trop mou d’un humain un peu trop scrupuleux. Ou bien qui sousestimait un peu trop sa capacité de survie. Mais bon, ça n’avait pas non plus fait la une des journaux et Rabastan n’avait pas spécialement vanter cet épisode là à ses collègues. Il plissa un peu les yeux, signe d’un effort de concentration : « Enfin je suppose que oui… ça a plutôt guéri mais quel rapport ça… » Il s’arrêta en plein milieu de sa phrase, parce qu’il commençait à comprendre. Il ne s’était pas remis tout seul d’une chute de quelques mètres. Il n’avait pas non plus été le seul blessé lors de ce gros bordel. Il avait été gentiment rapatrié jusqu’à un endroit où plusieurs personnes s’affairaient autour de victimes de mauvais sorts, de chute pour leur éviter de crever. Là quelqu’un avait pris soin de lui. Il ne se souvenait plus de cette jeune femme. Juste que c’était une fille, avec une voix douce et de longs cheveux sombres. À sa décharge il avait perdu beaucoup de sang, avait du prendre un sacré choc à la tête, sortait depuis moins d’un an d’une prison cauchemardesque et devait avoir passé un grand moment dans les vapes à délirer. Son visage devait arborer une expression plutôt comique tandis qu’il prenait conscience de la signification des paroles de Gwen : « Attends tu veux dire… que c’était toi ? Cette nuit là ? » Il avait vraiment bien fait de poser sa tasse, sinon il l’aurait lâché. « Je… suis désolé, je ne savais pas. » Alors c’était là plutôt l’instant où il avait revu sa fille pour la première fois ? Complètement hors de ses pompes ? Ah ben on ne faisait pas mieux dans le genre. « Du coup… je te dois la vie, hein ? » Il tendit sa main vers elle, puis arrêta son geste, ne sachant trop que faire. Il aurait bien aimer ramener une de ses mèches de cheveux en arrière, un geste banal pour se donner une contenance mais ce n’était pas… approprié. Il préféra se passer la main dans ses cheveux à lui. « Enfin du coup je… non ça va très bien. Je suis toujours vivant et… je peux marcher. » Il glisse sa main droite dans son dos pour tracer avec son pouce la démarquation de sa longue cicatrice qui le sépare en deux. « Juste une marque mais bon… on s’en fout. » C’était surtout inévitable. Encore une fois il avait eu de la chance de ne pas se vider de son sang ni de ne pas avoir la moelle épinière sectionnée. Alors voilà, il lui devait vraiment la vie. « M-merci. Du coup. J’ai plus de chance de t’avoir pour fille que toi de m’avoir pour père on dirait. » Là où lui, de son coté, ne lui attirait pas grand-chose hormis de la malchance et l’honneur d’être une cible de choix lorsqu’il fallait choisir des otages elle parvenait à l’aider alors qu’elle ne lui devait rien, rien d’autre qu’une année de berceuse et de câlins.
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C’était ça un papa ? Un homme bien plus grand que vous qui semble marcher sur un fil avec une respiration erratique et qui posait sur vous un regard mi admiratif mi pétrifié ? De mon point de vue, très particuliers, c’était mieux que la définition que je possédais d’une « maman » mais il fallait se rendre à l’évidence, rien dans la relation que je pouvais entretenir avec Rabastan n’était normale.  Rien ne pouvait être normal. Le mensonge pour ma part, les meurtres pour la sienne, tout dans nos vies s’arrangeaient pour que nous ne puissions pas profiter d’un moment comme celui que nous étions en train de vivre. C’était presque plus simple à Sainte Mangouste quand il avait ressenti mon besoin de l’avoir près, tout près de moi. Maintenant que nous étions chez lui nous respections une distance acceptable, une distance de sécurité pour lui comme pour moi. J’avais peur. Peur de m’attacher à un songe, à une idée, à l’image d’un père. Il était devant moi et sa maladresse m’attendrissait, elle faisait écho à la mienne. Je remarquais le moindre changement dans l’intonation de sa voix, le moindre geste de recul, de replis et je ne pouvais que le comprendre. J’entendais Severus me dire de faire attention, me répéter que s’il savait il n’aurait aucune pitié et pourtant j’avais cet espoir, blotti dans un coin de mon cœur, d’avoir le droit de connaître ces moments de paix. J’avais le droit de simplement profiter de sa présence et de tous les efforts qu’il faisait, pour moi. Juste pour moi, celle qu’il avait en face de lui. Un modèle d’aisance… c’était presque drôle la façon dont nous étions coincés, par nous-même. Je reprenais une gorgée de chocolat, tentant de faire disparaitre la gêne de mes joues. On est… aussi doué l’un que l’autre. Je ne rejetais pas la faute sur lui, il faisait des efforts bien visibles pour ne pas me repousser, pour ne pas me faire fuir. J’haussais les sourcils, surprise qu’il soit si perdu dans mes paroles. Avais-je dit quelque chose qui n’allait pas ? Etais-ce un si mauvais souvenir qu’il souhaitait ne pas y repenser ? Avais-je fait un si mauvais travail ? Et surtout… pourquoi fallait-il que j’imagine toujours le pire scenario ? Alors je me met à bredouiller gênée à mon tour mais incapable de faire demi-tour puisqu’il semble se triturer les méninges pour aborder le sujet. De…votre blessure lors de la bataille de Poudlard…   Le vouvoiement avait repris ses droits, j’avalais ma salive avec difficulté et resserrais mes doigts d’un côté sur la tasse et de l’autre sur la couverture. Dans quoi venais-je de mettre le doigt ?? Pourquoi avait-il fallu que je sois si curieuse ? La seule chose qui me rassurait un peu c’était qu’il soit « guéri » mes sorts n’avaient pas amplifié son état. J’hochais la tête lorsqu’il me demanda si c’était moi ce jour-là. Oui et je pensais qu’il le savait, qu’il l’avait toujours su. Je secoue la tête légèrement, non il ne me devait pas la vie, des mots même du médicomage je l’avais, juste, stabilisé, empêché qu’il ne se vide de son sang mais c’était bel et bien l’action des médicomages qui lui avait réellement sauvé la vie. Je sens mon cœur s’emballer dans ma poitrine lorsque sa main se rapproche de moi, mais c’est plus douloureux encore lorsqu’il se rétracte. Tant mieux alors… pour la marche bien sûr pas la marque. Evident n’est-ce pas… J’avais décidément bien du mal à être décontracté et comprenais rapidement qu’il s’agissait non pas d’un oubli de sa part, il ne savait juste pas que j’étais celle qui lui avait prodigué les premiers soins. La communication claire et nette n’était décidément pas mon fort. Non non…   Je n’avais pas demandé ça pour avoir des remerciements et encore moins pour qu’il se flagelle de la sorte. Ça n’était pas mon intention du tout, je voulais juste être rassuré sur le fait qu’il ne conserve pas de séquelles importantes de mes gestes maladroits. Je posais ma tasse sur la table basse et me rapprochais de lui, un peu. Il ne savait pas, il m’avait donné un nom, que je portais depuis presque 20 ans maintenant et sans le savoir il m’avait offert ce que j’avais de plus précieux, mes frères. Je n’ai jamais dit ou penser ça… je me suis sans doute mal exprimé.   C’était même une certitude. Je pensais que vous, que tu savais que j’avais aidé cette nuit-là et comme tu n’en reparlais pas j’avais imaginé que mes sorts avaient entrainés des complications et des séquelles…   J’avalais ma salive avec une certaine difficulté et posais une main un peu tremblante sur son genou. Mais je suis vraiment heureuse que les médicomages aient pu te sauver. Parce que quand je l’avais vu ce jour-là je n’avais eu aucun mal à le reconnaitre. Je voyais Arsenius et Aramis et c’est à eux que j’avais pensé lorsque j’avais pris en charge leur père et aujourd’hui encore je ne regrettais pas mon geste. Je tentais un sourire un peu timide. Je pense qu’il faut qu’on se détende, qu’on arrête de s’excuser et de se dire merci. On pourrait juste discuter de toutes ces petites choses qu’on veut savoir sans trop se préoccuper de ce qui est maladroitement demandé ou dit. De toute façon on l’est tous les deux, maladroit, alors si je te promets de ne pas fuir et si tu en fais autant on peut juste apprendre un peu à se découvrir ça te conviendrait ? Oh  et… j’ai besoin d’une douche. Je laisse la couverture tomber sur le canapé découvrant mes vêtements tâchés de sang que j’aurai presque oublié si le liquide carmin n’avait pas également recouvert une partie de mon propre corps. Le sang était salissant… et il véhiculait beaucoup de sombres souvenirs. Et d’une chemise… si possible.   Une de ses chemises me ferait une robe, du moins je m’arrangerais avec. J’attrapais la baguette d’Eris qui ferait l’affaire pour les sors classiques de nettoyage et de couture. Tu ne t’enfuis pas hein ?   Il n’allait pas disparaitre pendant que je prenais ma douche c’est ce pas ?
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« Je me suis sans doute mal exprimée. » Il semblerait que ce soit également un trait de famille ; ce n’était en fin de compte pas si étonnant qu’Elena ait une mauvaise relation avec sa fille si cette dernière était bel et bien un portrait plus jeune et féminin de son père. « Je pensais que vous, que tu savais que j’avais aidé cette nuit-là et comme tu n’en reparlais pas j’avais imaginé que mes sorts avaient entrainés des complications et des séquelles… » Le tutoiement revenait et repartait, comme un indicateur de son niveau de gêne mais le simple fait qu’elle ne se cantonne pas aux règles strictes de l’Élite sorcière (ou en tout cas aux règles telles qu’elles étaient à son époque à lui) le rassurait, lui. Il n’a pas le temps de la rassurer de nouveau sur d’eventuelles séquelles qu’il aurait pu conserver — surtout que s’il y avait bien une chose qui n’avait pas entraînés de complications outre mesure dans la vie de Rabastan qui semblait parfois n’être qu’un empliment d’emmerdes c’était bien cette blessure qui, même si elle avait laissé sa trace n’avait pas causé plus de tracas — qu’elle avançait sa main pour la poser sur son genou. « Mais je suis vraiment heureuse que les médicomages aient pu te sauver. » Il déglutit, ses yeux passaient de la main posée sur sa jambe aux yeux bleus de sa fille avant de finalement répondre, presque dans un chuchotement : « J’en suis assez heureux aussi. » Tout n’était pas parfait, tout n’était pas rose bien loin de là… Mais si il se levait le matin et s’il avançait c’était pour ces moments là, n’est-ce pas ? Les moments où il pouvait être posé quelque part sans crainte qu’on vienne le chercher, le débusquer, le blesser, le tuer et juste profiter d’une personne qu’il… aimait. Il avança sa main, une nouvelle fois mais pas pour reculer au dernier moment, il frôle les doigts de Gwen, sur sa jambe. Elle lui adresse un sourire un peu difficile : « Je pense qu’il faut qu’on se détende, qu’on arrête de s’excuser et de se dire merci. » Les mystères de la génétique : autant elle avait pris certains travers de son père autant elle était l’opposé d’Elena. À un tel point que c’en était aberrant, comment avait-elle fait, élevée par la femme qu’était Madame Lestrange, pour être ainsi ? Ce petit… morceau de soleil« Alors si je te promets de ne pas fuir et si tu en fais autant on peut juste apprendre un peu à se découvrir ça te conviendrait ? » Il haussa les sourcils, légèrement amusé : fuir ? On pouvait lui imputer beaucoup de défauts mais la fuite n’était pas son fort (sauf la fuite stratégique d’un hôpital, certes) ensore moin s’il s’agissait de fuir l’une des personnes qui comptait le plus pour lui. Gwen pourrait littéralement tout faire, pourrait gifler le Maître devant lui que Rabastan n’hausserait pas le ton (enfin espérons tout de même que cette situation n’ait jamais à se produire). Alors fuir ? Alors qu’il ne cherchait que ce rapprochement ? Pour ça elle pouvait être rassurée. Il hocha la tête, étrangement muet. « Oh et… j’ai besoin d’une douche. » Il lança un regard à ses vêtements imbibés de sang, et sa peau elle aussi tâchée, c’est vrai qu’il y avait ça à régler en effet… il n’allait pas la laisser comme ça. « Et d’une chemise… si possible. » « Bien sûr. » Il relâcha sa main totalement et se leva du canapé « La salle de bain est… pas loin. Enfin par là. Je vais te montrer. Et pour une chemise, je devrais pouvoir te trouver ça ne t’inquiète pas. » Elle prit la baguette de son amie avec elle et le regarda : « Tu ne t’enfuis pas hein ? » Ses lèvre s’étirèrent faiblement dans un sourire très léger, il fit un pas vers elle, tendit la main en avant pour la poser sur sa joue. Son pouce glissa doucement sur sa pomette puis il approcha ses lèvres pour l’embrasser sur le front avant de s’écarter de nouveau : « Je ne vais nulle part. Je reste là, c’est promis. » Et cette fois, ce n’est pas un mensonge. C’est promis, promis. Plus de raison d’avoir peur de ça, on ne lui prendrait plus ses enfants. Plus personne ne le prendrait à ses enfants. C’était promis. « Viens, suis moi je te montre. » Il traversa le couloir qui part de son salon et desservait quelques pièces de son logement (des chambres vides pour la plupart, des chambres d’amis en réalité. Vides.) « C’est juste là. » Il fit mine de pousser une porte qui était déjà assez bien ouverte pour montrer à Guenièvre le saint Graal : une immense salle d’eau au carrelage noir et dont la douche pouvait contenir trois personnes comme Gwen. D’un coup de baguette il sortit un immense drap de bain d’un placard et le fit se poser sur une chaise : « Alors tu peux… utiliser tout ce que tu trouves, normalement il n’y a rien de dangereux. » Il fallait le dire vite, un regard circulaire l’assurait qu’il ne gardait vraiment rien de trop étrange puis il fit une moue peu assurée : « Enfin, ce serait plus prudent si tu te contentais du savon et de la serviette. Eau chaude, eau froide : fais attention elle a tendance à être vite brûlante. » Pas question de se doucher avec de l’eau froide de paysan, Rabastan passait trente pourcent de son temps chez lui à se doucher alors il lui fallait de l’eau chaude. Et pas tiédasse. Chaude ! « Je vais te chercher des vêtements, je reviens. » Il faisait des grands pas pour circuler de la salle de douche à sa chambre où il ouvrit une armoire pour en sortir une chemise blanche classique, de celles qu’il portait tout le temps et qu’il possédait en quarante exemplaires (trois coloris — blanc, gris clair, gris, et deux taille — large, medium) vu le gabarit de Gwen elle n’aurait pas besoin de pantalon pour aller avec… il prit quand même une ceinture, si jamais elle voulait un peu ajuster le vêtement. Puis il retourna vers Gwen pour les lui donner : « Tiens, j’espère que ça t’iras. Sinon j’ai plein de couvertures… » Un peu comme une mamie qui prépare son coup avant l’hiver, Rabastan avait des placards entiers qui ne contenaient que des couvertures et autres sortes de plaids pour si jamais un grand froid venait, il détestait avoir froid. « Je serais dans le salon, quand tu auras fini ou si… tu as un problème tu m’appelles. ». De nouveau assis sur le canapé, seul cette fois, il hésitait entre se frapper la tête sur la table basse tellement il devait être pathéticomique ou bien sautiller de joie (une chose qu’il ne ferait absolument pas mais qu’il pouvait à la vague rigueur envisager) tant il était satisfait de voir que même s’il avait un don pour tout gâcher il y avait encore quelques petits trucs qui fonctionnaient. Il avait tant de chose sà lui demander, et tant de souvenirs (enfin un an, mais un an c’est tout de même beaucoup) à lui raconter et elle le réclamait presque ! C’était plus qu’il n’en fallait pour le rendre plutôt heureux. Plus déjà qu’il ne l’avait été depuis longtemps.

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Nous n’aurions jamais dû avoir quoi que ce soit en commun, à la limite un nom qu’il m’avait donné sans jamais l’avoir voulu mais aucun lien de sang ne nous rapprochait, pourtant, oui, je comprenais un peu mieux certaines réflexions de ma « mère » concernant mon caractère similaire à celui de Rabastan sur de nombreux points. Je comprends mieux une partie de sa colère. En plus d’avoir perpétuellement en face d’elle le visage de ce qu’aurait pu être sa fille, sa petite princesse, sa douce et parfaite Cedrella, elle avait un souvenir permanent de son mari, celui-là même qu’elle avait aidé à faire enfermer à Azkaban en manigancent avec Severus. Alors, même si elle avait accepté le marché, elle s’en mordait tous les jours les doigts. Au fond j’étais le parfait reflet de tous les échecs de sa vie, voilà pourquoi elle avait la main et la baguette aussi leste et ce depuis mon premier jour au manoir. Je repoussais pourtant ces souvenirs loin de mon esprit tentant essentiellement de « profiter » de ces instants aussi étranges qu’agréables. J’avais bien du mal à quitter le regard de Rabastan, tout cela était si nouveau, si inattendu et sans doute complètement interdit mais je ne pouvais m’empêcher d’apprécier le moindre de ses gestes à mon égard, son côté gauche, ses paroles maladroites qui m’attendrissaient plus que de raison. Je découvrais cette relation père/fille et une fois encore nous nous ressemblions, pour lui aussi tout cela était nouveau. Il n’avait plus face à lui un nouveau-né mais une jeune femme ce qui devait être perturbant pour lui aussi. Mes paroles semblèrent le surprendre, il ne comptait visiblement pas fuir de chez lui, ce qui dans l’absolu était assez logique si j’avais davantage réfléchi avant d’ouvrir la bouche mais nous semblions d’accord sur le principal ce qui était déjà beaucoup.  Il avait posé timidement sa main sur la mienne comme si ce simple contact pouvait, à terme, être douloureux, ça ne serait pas le cas. Je n’avais nullement l’intention de le blesser.  C’est gentil.  Juste un blanc, peut être une seconde ou deux et j’affiche un  sourire un peu gauche de m’être retenue de lui dire une fois encore merci, j’avais bien du mal à me détacher de cette habitude mais il fallait vraiment que nous fassions plus « simple » plus « décontracté » même si ça demandait un réel travail sur soi-même. Alors je me lève à sa suite pour me donner une certaine contenance alors que rapidement mes joues rosissent, prennent chaleur et couleur à cause d’un simple baiser sur le front. Je ne suis pas gênée, non c’est juste… enfin c’est…. Je… Bref. J’hoche la tête, il a promis, il restera là. Je le suis dans le couloir, observe les portes, toutes ouvertes jusqu’à arriver à la salle d’eau. J’entre et découvre un carrelage foncé, c’est amusant l’endroit est exactement comme j’aurai pu me l’imaginer, la « décoration » de Rabastan est très masculine, foncé mais très jolie, très class. Je tentais de voir ce qui pouvait être « dangereux » dans cette pièce, des artefacts de magie noire ? J’y étais habituée en réalité mais ma malchance était chronique, presque aussi connu que ma gourmandise. Avec ma chance le savon sera mon plus grand ennemi ! Annonçais-je avec humour en tentant de nous détendre tous les deux mais en me rendant compte rapidement que ça pouvait l’inquiéter. Je plaisante bien sûr, je ferai bien attention. Autant le rassurer comme je pouvais même si du coup ma tentative de nous faire sourire tous les deux tombait royalement à l’eau. D’accord. Je posais la baguette sur l’évier et observais mon reflet une seconde en grimaçant. Je n’étais clairement pas sous mon meilleur jour. Je fouillais mes poches et en sortait les fioles de Sainte-Mangouste que je posais. Une potion de paix, un antidouleur, une potion de régénération sanguine et un baume cicatrisant dont je sentais encore la consistance épaisse sur ma peau. Les bandages de mes poignets étaient légèrement rosés, signe que le sang avait fini par cesser de quitter mes plaies. Je prenais la baguette et, au deuxième essai parvenais à protéger les bandages de l’eau qui allait bientôt couler sur moi. Il revient et je prends la chemise et la ceinture qu’il me tend.   ça sera parfait. Un sort basique de couture et ça me ferait une robe, peut être courte mais parfaitement confortable pour dormir et puis il avait déjà pu admirer mes jambes lors de la mission que nous avions effectué ensemble.  C’est gentil, je n’en ai pas pour longtemps.  Le temps d’ôter tout ce sang. Je fermais la porte derrière lui et me déshabillais avant d’entrer sous la douche. L’eau chaude me faisait du bien, le savon éliminait presque toutes traces, visibles, des actes commis dans le musée. Les yeux fermés je tentais de ne pas céder à une petite voix dans ma tête qui me demandait ce que j’étais en train de faire, à quoi je jouais exactement… Je restais un moment sous le jet d’eau, classant mes souvenirs, remontant une à une mes barrières mentales, éloignant le plus possible mes deux meilleures amies, culpabilité et peur. Je me séchais rapidement et découvrais quelques hématomes sur mes jambes, mon flanc et mon bras, ma peau trop blanche marquait vite. J’avalais deux des fioles posées sur l’évier et enfilais la chemise que je resserrais légèrement. Je lançais un sortilège de nettoyage sur ma robe et la posais à sécher à côté de la serviette. Inspirer, expirer, repousser la fatigue, ne pas perdre pied, agir “normalement”. Je tressais mes cheveux et quittais la salle de bain pour le rejoindre dans le salon. Il était là, assis sur son canapé et je le rejoignais un fin sourire aux lèvres, attrapant la couverture au passage. Je m'installais près de lui et camouflais rapidement mes jambes et mes bras. En plus de me réchauffer elle cachait bien les bleus, cette couverture était parfaite. Je ne t’ai pas trop fait attendre j’espère. J’attrapais ma tasse de chocolat et en prenait une gorgée. Mon regard se posa sur la fenêtre, dehors tout était sombre... Tu... n’aimes pas les espaces clos n’est ce pas? Toutes ces portes, toutes ouvertes, ces nombreuses fenêtres sans rideaux, tous les regards qu’il lançait sur les différentes issues. Je ne pouvais que comprendre après toutes ces années d’enfermement. Je suis assez observatrice.Et je m’intéressais à lui. V... tu voulais savoir des choses sur moi? Sur les garçons? Je sais qu’on ne peut pas rattraper toutes ces années mais si je peux assouvir un peu ta curiosité je le ferai.  Je pouvais parfaitement lui parler de l’enfant que j’avais été et de ses fils. J’avais eu la chance de les voir grandir, évoluer et de les aimer comme s’ils étaient de mon propre sang, simplement comme une petite soeur aime ses grands frères.
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