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sujet; Nuvole bianche ◊ Dante&Victoire
MessageSujet: Nuvole bianche ◊ Dante&Victoire   Nuvole bianche ◊ Dante&Victoire EmptyDim 17 Jan 2016 - 11:22

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❝ Nuvole bianche ❞Dante A. Ehrensvärd & Victoire R. Mordrake
[Soundtrack] Dante sentait à peine le froid sur sa peau. Il portait un vieux pardessus élimé qu’il trainait partout avec lui. Un de ses biens les plus précieux, car il lui tenait un minimum chaud durant l’hiver. Une de ces femmes qu’il fréquentait le temps d’une ou deux nuits avait voulu lui offrir un manteau de fourrure. Il aurait été ridicule dans cet accoutrement. Les mains enfoncées dans les poches, il faisait tourner les bagues autour de ses doigts recroquevillés par les températures basses. L’air été sec. Il n’y avait pas plu depuis plusieurs jours. Tant mieux. Il en avait marre de la pluie. L’hiver était sensé être une beauté glacée, pas une pataugeoire dégueulasse. Il slalomait entre les passants. Le chemin de traverse était animé, mais pas trop. Comme un samedi matin quoi. Il déambulait, sa guitare sur le dos. Ça, par contre, il n’avait pas dit non quand on lui avait proposé de lui laisser le vieux modèle que l’oncle machin n’utilisait plus depuis longtemps. Le sorcier jeta un coup d’œil par dessus son épaule, tête entre les clavicules pour empêcher la brise de se glisser par le col ouvert de sa chemise en dessous de son manteau, ouvert lui aussi. Mais ça faisait moche quand il était fermé. Il vérifia que Nymerost le suivait toujours. L’animal trottait quelques mètres derrière lui, langue pendante, heureux de récolter une caresse ou une friandise sur le chemin. Les hommes étaient moins avares avec les animaux. Sauf ceux qui les faisaient se battre entre eux. Dante avait horreur de ces personnes-là. Elles le dégoûtaient parfaitement et, s’il avait pu, il leur aurait jeté un Endoloris dans le cul. Ou un Imperium pour les forcer à être les protagonistes de ces combats clandestins.

Dante siffla et le border collie se remit en mouvement pour le rejoindre, quittant le couple qui lui gratouillait la tête. Le sorcier croisa le regard de la jeune femme mais il détourna vite les yeux. Il ne voulait pas voir quelle émotion allait surgir dans ses prunelles. De la tristesse, de la pitié, de la compassion ? Ou de la colère parce qu’il gardait un animal dans sa situation précaire alors qu’il aurait pu être adopté par une famille de sorciers qui pouvait subvenir à ses besoins ? Mais Dante n’y pouvait rien : Nymerost le suivait partout comme son ombre. Ils marchèrent encore un peu. Il sentait le bois gelé de sa baguette, bien rangée dans les petites sangles qui la retenaient au tissu. Il les avait cousues lui-même. Il n’aimait pas se la trimballer dans la poche : trop de risques qu’elle tombe, se casse ou autre. Et il ne voulait pas prendre ce risque. Il savait qu’il n’aurait pas les moyens de s’en racheter une autre. Même s’il ne l’utilisait pas très souvent, un sorcier sans baguette… c’était comme une tasse de thé sans sa soucoupe. Finalement, il s’arrêta près du marché d’hiver. La patinoire était un peu plus loin, derrière les étals. Le blanc nacré du gel ourlait la toiture des stands et scintillait dans la lumière du soleil levant. Dante partit sur la droite, pour s’installer à quelques pas de là. Assez loin pour ne pas déranger les marchands, assez près pour que les clients l’entendent et fassent preuve de générosité.

Il s’assit sur une grosse pierre. Il ne savait pas d’où elle venait. Peut-être était-elle tombée d’un des bâtiments aux alentours. Il s’en fichait. Il se sentait las et fatigué ce matin. Harassé par le vie elle-même. Il poussa un soupir qui fit naître un petit nuage blanc devant ses lèvres et fit passer sa guitare devant lui. Il n’avait pas d’étui. Les cordes fines étaient gelées. Ses doigts souffriraient. En fait, non. Il ne sentait plus rien depuis longtemps. Il redressa l’échine, s’efforça de se concentrer une seconde pour atténuer les cernes sous ses yeux, ourler ses prunelles d’un coup de crayon qui n’en était pas un, modifications subtiles pour avoir un peu plus d’allures. Il était parfois bien utile d’être métamorphomage. Ça lui permettait de paraître moins pitoyable qu’il se sentait. Il lança un coup d’œil aux alentours. Il n’y avait que les plus matinaux pour l’instant, mais à mesure que le soleil monterait dans ciel, plus de gens viendraient. Yule était passée, mais tout le monde venait encore faire de bonnes affaires… ou simplement flâner. S’accorder une heure de répit. Un nouveau soupir, une nouvelle évanescence blanche, et Dante se mit doucement à frotter les cordes. Il n’avait jamais appris à jouer avec un professeur, ni le solfège, ni rien du même genre. Il avait juste un jour eu l’opportunité d’avoir une guitare entre les mains, et il avait appris tout seul. A jouer. A composer. Car il n’avait rien que le bruit de la vie pour l’inspirer. Ou ces musiques dans les mondanités mais il ne voulait pas s’appliquer à les reproduire. Il aimait se dire qu’il jouait avec son âme, son cœur et ses tripes. Et, aujourd’hui, c’était une mélodie mélancolique qui s’élevait de son instrument, à peine audible tout d’abord, puis discrète. Et, enfin, toujours en retrait, mais puissante, atteignant le cœur de chacun. Nymerost, couché à côté de lui, tête posée sur ses pattes avant, le regardait jouer.


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❝ Nuvole bianche ❞Dante A. Ehrensvärd & Victoire R. Mordrake


Un sac dans chaque main, un sourire sur les lèvres, Rosalie avançait sur le chemin de traverse, fière de ses achats. Accompagnée de son éternel garde du corps -dont elle n'avait pas besoin mais ça, l'agence avait refusé de le reconnaitre- elle lui faisait porter le reste de ses emplettes. Malgré toutes la soie qui avait coulé entre ses doigts, elle ne parvenait à sourire. Derrière ses larges lunettes noires, ses yeux étaient aussi glacials que la peau d'un serpent. Inconsciemment, sans comprendre pourquoi, elle avait une nouvelle fois envie de pleurer. Rien ne remplissait le vide que son absence avait laissé. Rien ne parvenait à réchauffer ce cœur glacé par son départ. Comme s'il avait tout emporté avec lui. Elle avait rit depuis. Mais elle avait tant pleuré, cachant les cernes derrière du maquillage, cachant ses yeux rouges derrière des lunettes de soleil. Elle s'obligeait à grand renfort de cachets pour dormir. Mais il avait été cette petite lumière dans une obscurité qui l'étouffait. Elle n'avait jamais espéré avant. L'obscurité s'était faite encore plus violente lorsqu'il était parti. Après avoir vu, se retrouver aveugle était terriblement douloureux. Combien d'année avant qu'elle ne parvienne à enfin l'oublier ? Elle devait trouver quelqu'un. Elle devait aiméerquelqu'un. Panser ses blessures. peut-être que.... Non. Lui n'était qu'un terrible monstre. Elle ne devait même pas envisager cela possible. Il la dégoutait. Il ne pouvait la toucher.

S’asseyant dans un salon de thé, elle commanda une boisson chaude qui vient immédiatement lui bruler la langue, elle écoutait d'une oreille les paroles de son garde du corps. Ils devaient rentrer. Mais elle n'obéirait jamais et il vit sa réponse bruler dans ses prunelles. Non. pas maintenant. Elle voulait voir la vie, voir ses hommes et ses femmes qui tentaient de survivre malgré un statu de sang plus qu'incertain. Elle sourit, l'espace de quelque secondes, pensant à son rôle dans cette guerre. Avant que les souvenirs ne reviennent. William était mort. William était mort à cause de tous ses monstres qui se tapissaient dans l'ombre de leurs secrets, gardant pour eux leurs véritables identités. Ils avaient tué son frère. Et personne n'avait cherché le coupable. Pas même Jonathan. Personne.

Soupirant, elle regarda par la fenêtre du salon de thé et l'image qu'elle rencontra la glaça. Lui. Un jeune homme qui jouait de la guitare, seul, perdu dans cette musique qui s'échappait de ses cordes. Elle bondit sur ses jambes et son garde du corps tenta de l’empêcher de sortir de la pièce mais elle lui échappa, sautant sur ce jeune guitariste, la haine hurlant dans son regard.

TOI  ! COMMENT OSES-TU TE POINTER ICI ?!

La gifle vola, rencontrant la joue de Dante avec toute la force que possédait Victoire. La haine déformait ses traits parfaits, la haine bruissait dans son corps alors qu'elle le frappait une nouvelle fois, incapable de s'arrêter. Elle faisait une scène en public , peut lui importait. Les gens s'étaient arrêtés, certain l'avaient déjà reconnu. Mais elle s'en contre fichait. Il était là, devant lui. Cet homme qu'elle haïssait autant qu'elle le pleurait. Cet homme que sa haine lui donnait envie de tuer


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❝ Nuvole bianche ❞Dante A. Ehrensvärd & Victoire R. Mordrake
[Soundtrack] Tête légèrement penchée vers son instrument, tournée sur le côté, les paupières fermées, Dante jouait. Il se perdait dans la musique, si bien qu’il avait presque l’impression que c’était un autre qui jouait la partition de son âme. Les notes s’élevaient dans l’air, mélancoliques, douloureuses, tristes comme un cœur brisé. Le temps s’écoulait sans qu’il ne soit en mesure de le retenir, de le compter. Même Nymeroste semblait absorbé par la musique, observant son maître sans faire un bruit, ses grands yeux sombres brillant. Le bruit de pas précipités, claquant sur les pavés, ne le troubla pas tout de suite. Seulement quand il se rapprocha de lui, ne s’éloignait pas. A la dernière seconde, Dante ouvrit les yeux et leva la tête… Simplement pour se prendre une gifle monumentale. Son corps bascula sur le côté, incapable de le retenir, d’encaisser le coup, trop surpris qu’il était. Du mieux qu’il le put, cependant, il tenta d’éviter à la guitare de se fracasser sur le sol. Mieux valait son visage que l’instrument. Il avait bien plus de valeur que sa pauvre carcasse. Dans le même temps, Nymerost s’était dressé, poil hérissé et grognait en montrant les dents à celle qui avait osé troubler son maître. Il s’était même déplacé, se positionnant entre les deux sorciers, rempart pour protéger son ami. TOI ! COMMENT OSES-TU TE POINTER ICI ?! La joue contre la pierre froide, Dante reçut les mots comme en retard. Il hésita à rester au sol. Ça avait toujours été la solution la plus sûre quand son père le battait. Rester au sol, ne pas pleurer, ne pas gémir, ne rien ressentir. Il ne ressentait rien. La gifle avait bien claqué contre sa peau, suivie d’une seconde, mais aucune douleur n’irradiait dans son être. Pas même le choc rude avec le plancher des vaches. Il aurait assurément un hématome de la taille du Pays de Galle, mais il n’avait pas mal.

Il resta ainsi un moment, avant de cligner des yeux. Quand aucun autre coup ne vint, il entreprit de se redresser. En face de lui, se tenait une jeune femme. Elle était ravissante. Dans d’autres circonstances, il lui aurait sûrement adressé un sourire charmeur et aurait entonné une chanson d’amour pour la séduire, mais quelque chose lui disait qu’il ne valait mieux pas. Il scrutait son visage sans se souvenir s’il l’avait déjà vue quelque part ou pas. Elle avait l’air vaguement familier, comme l’un de ces visages que l’on croise dans la rue, mais sans plus. L’incompréhension suintait de chaque pore de sa peau, de ses traits. D’autres sorciers s’étaient approchés d’eux, alertés par le bruit, attirés par cette curiosité morbide qui caractérisait l’être humain. Mais Dante n’avait d’yeux que pour elle. Il se massa machinalement la joue, comme s’il avait mal, mais il n’en était rien. Une vieille habitude qu’il avait prise pour simuler la douleur aux yeux des autres. Il posa délicatement sa guitare sur ses genoux et tendit la main pour la poser sur la fourrure de Nymerost. Tout va bien Nymerost, calme-toi. Obéissant, le chien reprit sa place à côté du sorcier, restant néanmoins assis et aux aguets. Dante ne lâcha pas des yeux la sorcière. Je suis navré si j’ai troublé votre… Son regard se porta derrière elle, cherchant la boutique de laquelle elle pouvait sortir. … thé. Si ma précédente mélodie ne vous plaisait pas, je peux peut-être essayer autre chose qui plairait à Mademoiselle ? Reprenant sa guitare, Dante entonna un air plus rythmé et joyeux, presque ridicule, comme si ça pouvait effacer la rage présente dans les prunelles claires de la brunette.

Quand il posa la main à plat sur les cordes pour cesser l’envol des notes et releva la tête, Dante se rendit compte que c’était loin d’être gagné. Il ne comprenait pas pourquoi la demoiselle lui en voulait autant de jouer devant son salon de thé. Avait-elle donc tant en horreur les pauvres bougres qui tentaient de vivre un minimum leur vie et de la gagner comme ils le pouvaient ? Il ne comprenait vraiment pas pourquoi elle était aussi en colère. Il cligna encore des yeux, interdits, ne cherchant pas à cacher son incompréhension. Ses doigts effleurèrent doucement les cordes, lançant quelques notes mélodieuses et douces comme une caresse… mais le rythme lancinant semblait traduire l’étreinte d’un poison plutôt que celle d’une plume. Il n’avait pas quitté du regard la jolie sorcière, comme hypnotisé. Elle était vraiment ravissante. Peut-être la plus belle de toutes celles qu’il avait eu l’occasion de rencontrer… et autant dire qu’il en avait rencontré un paquet. Il se demanda brièvement si, au cours d’une mondanité où il aurait changé de visage, il la recroiserait et la séduirait comme les autres. Mais l’idée lui parut étrange, sans qu’il ne sache pourquoi. Presque… sale. Uhm. Il pencha légèrement la tête sur le côté. Ses doigts jouaient toujours distraitement, comme s’ils avaient leur volonté propre, détachée de celle de son esprit. Je suis désolé si j’ai troublé votre tranquillité. répéta-t-il, ne sachant pas vraiment comme réagir à toute l’ire qu’il voyait dans ces perles céruléennes.



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❝ Nuvole bianche ❞Dante A. Ehrensvärd & Victoire R. Mordrake


Le chien grognait à sa droite mais elle ne bougea pas d'un pouce, retenant cette étrange pulsion en elle qui lui ordonnait de sauter à la gorge de l'animal. Les canidés n'étaient pas du tout ses amis et de très loin. Elle feula, dangereux félins à l'apparence bien trop humaine. Reportant son regard sur celui qu'elle avait si terriblement aimé, elle le sentit disparaitre, changer. Il.. était différent. Il ne la reconnaissait pas. Elle ne lisait aucun mensonge dans son regard alors qu'il lui offrait. L'espace d'un instant, la colère disparu, remplacé par l'adoration qu'elle avait pour ce visage d'ange, pour cette mèche rebelle qui refusait de rester à sa place, pour les yeux d'un vert émeraude dans lesquels elle s'était tant perdu. L'espace d'un instant, elle sentit contre sa peau la caresse de celle du sorcier, contre sa peau la douceur des baisers de celui qui l'ignorait si bien. Elle avait envie de hurler, un peu plus. Et pourtant, seul le silence s'échappait de ses lèvres légèrement entrouvertes alors qu'elle le voyait se rassoir et reprendre sa guitare.

Ses poings se serrèrent, ses onglets manucurés venant entamer la chair tendre de ses paumes, lui offrant dans une légère douleur le contrôle de sa propre personne. Une fois de plus, ses dents se glissèrent sur sa lèvre inférieure alors qu'elle voyait son garde du corps débarquer, inquiet, prêt à mettre fin au jour de la première personne qui s'approchait. Mais si nombreux étaient ceux que le tapage de la demoiselle avait arrêté, aucun n'avait jugé bon de s'attarder et la rue reprenait trop vite son insouciance.  

Victoire leva ses prunelles azurées jusqu'à celui qui s'excusait et son coeur manqua un battement. Avait-il oublié ? La colère s'imprima de nouveau dans ses prunelles. Si c'était réel comment avait-il pu ? Comment pouvait-il la dénigrer à ce point ? Elle n'avait donc été qu'une parmi tant d'autre. Comme son père lui avait si bien sifflé. Comme son serpent de frère lui avait si bien murmurer. Elle ne pouvait tout simplement pas le croire ! Il ne pouvait lui faire ça quand elle lui avait tout offert !

Dante... Tu... tu ne me reconnais pas ? murmura-t-elle, dans un souffle qui lui était si douloureux.

Il ne pouvait mentir. Il ne pouvait lui faire croire ça. Il n'était pas une telle ordure. Non, ses souvenirs ne l'induisaient pas en erreur. Il y avait quelque chose sous l'horreur de cet homme qui mimait ne pas la connaitre. Il y avait obligatoirement quelque chose. La douleur remplaçait doucement la haine dans les yeux de celle qui mimait si bien l'innocence devant les objectifs des photographes. Il n'avait pas le droit de faire comme s'il ne le connaissait pas. Il n'avait pas le droit !


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❝ Nuvole bianche ❞Dante A. Ehrensvärd & Victoire R. Mordrake
[Soundtrack] Elle feula, comme un chat. Il fronça les sourcils. Il n’était pas sans connaître l’existence des animagi, mais pour lui, ça avait toujours été quelque chose que l’on cachait. Comme il ne criait pas sur tous les toits qu’il était métamorphomage. Pour lui, les dons particuliers dont pouvaient être attribués certains sorciers ne devaient pas être dévoilés au grand jour, mais seulement à une poignée de privilégiés. Et elle feulait ainsi en plein milieu de la rue, alors que des regards se posaient et s’attardaient sur le couple étrange qu’ils formaient. Lui, vêtu de vêtements qu’il avait récupérés là où il pouvait. Elle, avec ses escarpins et une tenue qui coûtait certainement plus cher que tout ce que Dante avait pu posséder un jour. Nymerost, plus que fidèle, restait à ses côtés, à l’affut. Il ne laisserait personne lui faire du mal, même s’il devait y laisser des poils pour ça. Dante n’avait jamais su pourquoi l’animal s’était attaché à lui… Mais, contrairement aux hommes, peut-être que les animaux n’avaient pas besoin d’une raison pour aimer.

Les notes s’envolèrent, comme un rempart, comme une protection, comme l’un de ces masques qu’il portait si souvent. Pourtant, elle dévoilait tellement plus son âme que n’importe quoi d’autre. Cette musique qu’il avait appris à jouer, tout seul, comme tout le reste… Elle lui provenait du fond de son cœur, du fond de ses tripes. Elle se mordit la lèvre inférieure, ses poings serrés, alors qu’un gros balèze s’approchait d’eux, les bras plein de sacs. L’attention distraite de Dante chahuta son esprit. Il était presque… déçu. N’était-elle rien d’autre qu’une de ces filles à papa couvertes d’argent qui dépensaient sans compter alors que d’autres, si nombreux, n’avaient même pas de quoi s’acheter une pomme ? Ils n’étaient bientôt plus que tous les trois. Les autres sorciers reprenaient leur vie, comme si rien ne s’était passé. Leur curiosité morbide à peine rassasiée par le spectacle qu’ils avaient pu offrir. Dante baissa les yeux vers le sol, vers ce simple chapeau retourné posé sur la pierre pour recevoir des mornilles. Il n’y avait rien à l’intérieur. Cette esclandre avait peut-être attiré la foule un instant, mais pas sa générosité. Ce n’était pas aujourd’hui qu’il pourrait se remplir l’estomac. Ni celui de Nymerost d’ailleurs.

Relevant les yeux, il eut à peine le temps de voir une autre émotion dans les prunelles céruléennes avant que la rage n’y reprenne sa place. Elle détonnait pourtant avec le souffle de sa voix quand elle reprit la parole. - Dante... Tu... tu ne me reconnais pas ? Il fronça les sourcils, tant par son ton que par ses propos et le soudain tutoiement dont elle faisait preuve. Il battit des paupières. La reconnaître ? Le devait-il ? Etait-elle une sorcière reconnue ? Célèbre ? Etait-ce pour ça que son visage lui disait très vaguement quelque chose ? L’avait-il vue sur des affiches en ville ? Il n’en avait aucune idée. Il ne savait pas quoi dire. La bouche entrouverte, il ne savait quoi répondre. Il ne comprenait pas. Ils se connaissaient ? Il fronça à nouveau les sourcils, cherchant dans ses souvenirs plus nébuleux qu’un matin embrumé la mémoire de ce visage qu’il scrutait. Dante savait pourtant que son esprit lui jouait souvent des tours. Des pans entiers de sa mémoire avaient disparu, laissant un trou noir béant quand il cherchait à remonter le fil de sa vie. L’avait-il connue dans l’un de ces instants oubliés ? Comment avait-il pu l’oublier ? Elle n’avait pas l’air d’une jeune femme oubliable. Ses doigts sur les cordes s’étaient à nouveau agités, exprimant sans qu’il ne s’en rende compte la puissance de son trouble et de son incompréhension.

Finalement, il secoua la tête. Quelque part au fond de lui, ça lui brisait le cœur de la décevoir, de voir tant de douleur dans ses iris. - Je suis désolé, Mademoiselle, mais si nous nous sommes connus, c’est dans une vie dont je n’ai aucun souvenir. La mélodie qui s’élevait depuis sa guitare devint si mélancolique, telle un cœur brisé qui essaie tant bien que mal de continuer à battre. Il battit des paupières, l’œil soudain brillant. Il ne comprenait pas pourquoi sa gorge était autant serrée à l’idée de ne pas se souvenir de quelqu’un qu’il… ne connaissait pas, au final. - Je… ma mémoire… Elle… elle me joue des tours… se sentit-il l’obligation d’expliquer alors qu’il ne l’aurait fait avec personne d’autre. - Des morceaux tout entiers de mon existence ont disparu de mes souvenirs… sans que je ne sache si je pourrais les retrouver un jour… souffla-t-il du bout des lèvres avant de poser sèchement sa paume à plat sur les cordes. Une note de plus et il avait l’impression qu’il fondrait en larmes… Sans savoir pourquoi. C’était rageant.



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