Attaquer. Détruire. Harry bouillonnait d'impatience alors qu'il sentait le liquide acre tirailler sa gorge. Du polynectar, il en avait sans doute trop bu jusqu'à présent. Cette potion était pourtant le moyen le plus sûr pour entrer dans le ministère. Cette mission, il l'avait préparé. Des heures entières il avait défini un plan d'action. Leur but était simple, faire une diversion mais surtout détruire le maximum de choses. Des cheminées, des dossiers mais surtout la statut si représentative du gouvernement actuel. Trois de ses camarades insurgés se trouvaient non loin de lui, offrant la même grimace que lui. Transformés en inconnu, des gens travaillant au ministère, ils avaient pris le chemin des toilettes publics, entrée des artistes qu'il avait déjà connu une fois.
L'endroit semble désert, les bruits sont moindres si ce n'est leurs pas sur le carrelage noir et froid. Ils avaient atterri dans l'Atrium, lieu phare de leur programme de destruction. Sur leur garde, baguette en main, ils allaient pouvoir mettre leur plan à exécution. « On fait comme on a dit ! » avait-il dit tout doucement. Deux devaient partir à la recherche des dossiers afin de détruire ceux appartenant aux insurgés. Peut-être même ceux appartenant aux rebuts s'ils les trouvaient. Deux restaient pour détruire les cheminées. Ils se rejoindraient ensuite pour détruire l'immense statue qu'ils avaient rapidement pu voir en arrivant. Harry avait décidé de partir détruire les dossiers. Il avait déjà réussi à pénétrer dans le bureau de Dolores Ombrage, il y avait trouvé des dossiers importants. Sans doute arriverait-il à trouver les nouveaux. « C'est parti ! »  Il était parti avec son coéquipier du moment. Il fallait aller vite à présent, pas le temps de perdre du temps. Pas le temps d'attendre.

Timéus avait choisi de l'accompagner. S'il ne le disait pas, Harry était rassuré par sa présence. Cet homme avait de l'expérience, plus que lui sans aucun doute. Harry n'avait plus la prétention d'être un bon sorcier, d'être l'élu. Son sentiment de culpabilité l'empêchait clairement de se valoriser, de croire qu'il avait encore le pouvoir d'arrêter l’engrenage infernal. Actuellement, il ne pensait qu'à la fin de la guerre, à la libération des Rebuts. Il voulait retrouver sa vie, retrouver Ginny bien que cette possibilité semble de moins en moins possible à mesure que le temps avance. Il essayait de ne pas y penser sans pour autant oublier. Son camarade et lui avait rejoint le département des mystères, endroit qu'il connaissait tout aussi bien que l'Atrium. Pour un garçon de son âge, il connaissait sans doute trop bien les liens. Le département des mystères avaient hanté ses rêves. Il avait détruit les prophéties en se battant. Et plus  que tout, il avait vu son parrain, son dernier lien familial, mourir. Il n'était pas forcément à l'aise, trop de souvenirs lui revenaient à l'esprit. Il n'en montrait rien pourtant. « Je pense qu'on trouvera des dossiers dans cette pièce. » Il avait ouvert délicatement la porte, sa baguette toujours à la main près à abattre des sortilèges qu'ils n'auraient jamais pensé utiliser lorsqu'ils étaient à Poudlard. La pièce semblait vide. Presque trop bien rangé pour être vrai. Harry s'était empressé de rejoindre le bureau, de vider les tiroirs à la recherche de choses à brûler. Il jetait tout au centre de la pièce espérant que ces gestes ne seraient pas vain.

La tentative vaine de son camarade d'infortune aurait pu le faire sourire dans d'autres circonstances. Il n'était pourtant pas d'humeur à la plaisanterie. Il savait déjà que ce genre de magie ne fonctionnait pas, ou si elle avait fonctionné un jour, avait été neutralisé il y a plusieurs années maintenant. Harry ne s'était pas arrêté pour autant d'envoyer les dossiers valsés. Il jetait rapidement des coups d'oeil. Certains papiers semblaient important, d'autres moins mais il n'avait pas le temps de trier et de regarder les détails de chaque dossier. Il aurait aimé pouvoir le faire, avoir le temps de sauver quelques uns de ses camarades le temps de quelques instants. Timéus finit par le presser, un simple regard vers lui permis à Harry de comprendre qu'il était temps de fuir pour terminer leur mission. D'un coup de baguette il renversa les deux dernières armoires du bureau, celles qu'ils n'avaient eu le temps de vider. Il avait rejoint la porte où l'attendait l'insurgé. « Incendio ! » avait-il prononcé distinctement pas moins de quatre fois pour que de part et d'autre de la pièce les flammes s'emparent des feuilles de papier et du bois des meubles. Ils pouvaient maintenant courir pour rejoindre Ichabod et Spencer qui les attendait sans doute déjà à la statue. Harry avait tout bonnement oublié l'apparence de ses camarades mais pourtant, il reconnut facilement Ichabod à son comportement. D'un regard, il avait espéré se faire comprendre. Et d'un coup de baguette, il avait lancé le premier sort qui avait déjà commencé à abîmer la statue. Quelques sortilèges de plus et ils devaient déjà transplaner ailleurs pour continuer la suite.

Citation :

L'alerte est donnée par une employée restée à son poste jusqu'à une heure indécente — effrayée et en infériorité numérique, incapable de réagir, elle s'est contentée de lancer un patronus dont le message s'est diffusé sur le chemin de traverse alors que les Insurgés sont encore en pleine action. Immédiatement, la panique éclate : les employés veulent s'assurer que leurs bureaux n'ont pas subi de dommages, les curieux se pressent à l'entrée, avides de détails, et les journalistes affluent dans l'espoir de couvrir l'évènement. Les mangemorts devront donc les canaliser, en plus de régler les dégâts immédiats.

Une brûlure d’une intensité inédite résonna dans chaque cellule de la peau de l’avant-bras gauche de Nott. Son maître l’appelait et, à n’en point douter, la raison de son appel était capitale. Instantanément, une peur panique intense envahit le jeune homme qui prit à peine le temps de se draper d’une épaisse cape noire par-dessus son pyjama en soie verte – bonjour le cliché – et de courir vers la zone transplanable de sa propriété. Il réfléchissait déjà à comment contacter Malfoy alors qu’il ne pouvait pas lancer de patronus corporel. C’est au dernier moment que l’Elfe de maison si familier de Draco apparut, lui transmettant leur lieu de rendez-vous. Mine de rien, ils devenaient de plus en plus proches tous les deux. En cas de crise, ils pensaient tout de suite à se contacter. Mais il n’avait pas le temps d’y réfléchir pour l’instant.

Alors il transplana au lieu convenu et rejoignit un Draco visible entre mille – ce qui était plus ou moins le cas – grâce à sa chevelure brillante et claire. Ni une, ni deux, ils se mirent en route ; Draco fendant la foule sans ménagement et Theo relançant pratiquement en continu un sort de protection les plaçant dans une bulle d’invisibilité mouvante – grâce à la répétition du sort en litanie au fur et à mesure de leurs pas – qui leur permettait d’agir sans entacher la réputation si précieuse pour le Magister de sa milice malfamée : les mangemorts. L’héritier Nott observa donc le jeune Malfoy acculer et blesser pour le show un employé lambda et ne put s’empêcher de penser que cela était véritablement genius. Mais, en même temps, une part de lui se tordait d’angoisse. Assurément, les insurgés ne s’étaient pas ramenés au Ministère juste pour le plaisir de foutre le bazar. Ils devaient avoir eu un objectif. Dans le bâtiment-même ou pire, ailleurs. Mais pour l’instant, il fallait se concentrer sur l’essentiel. Ainsi, dès que Draco se débarrassa du clerc terrifié, Theodore posa sa main sur l’épaule de Draco et lui exposa sa théorie : « Faudrait aller voir ton Département, non ? Il doit y avoir pas mal d’informations sensibles là-bas et j’imagine que des insurgés avisés pourraient vouloir s’en emparer ». Malfoy eut tôt fait d’acquiescer et Theodore fit un geste pour lui indiquer de montrer la voie.

Ils se dirigèrent donc au pas de course vers le Département des Mystères, Malfoy ouvrant pour eux les différentes portes protégées et indiquant les tournants à prendre grâce à son expérience en tant que langue-de-plomb. Une fois arrivés sur place, une chaleur suffocante les enveloppa. Un véritable feu de joie avait été allumé au centre de la pièce et une impressionnante pile de documents s’y consumaient. Par pur réflexe, Nott pointa sa baguette sur le feu et prononça un intelligible  « Aqua eructo ! ». Intense mais pas trop. Il ne faudrait pas abîmer ce qui pouvait encore être sauvé, après tout.

La douleur est terrible. Lancinante. Infernale. Elle ne le quitte pas. Jamais alors qu'il donne l'ordre aux elfes de maison qu'il a sous la main d'aller quérir tous les rafleurs disponibles. Pas même alors que son corps se tord dans un transplanage des plus désagréable, le faisant disparaître sur le pas de la porte de sa maison pour mieux réapparaître derrière une foule délirante.

Ils sont tous là. Les curieux, les badauds, les journalistes. Tous là à jouer des coudes dans une curiosité des plus malsaine, souhaitant tous savoir ce qui se trame au sein du ministère de la magie, avide d'une image sanglante ou d'une rumeur macabre. Qu'importe. Il ne s’arrête pas. Pousse, repousse, et se dégage enfin de cette marée humaine dès plus imperméable qu'il trouve des plus insupportable.

Un homme devant la porte hurle à qui veut l'entendre que les insurgés l'ont blessés, et qu'il n'est pas le seul à être dans ce cas. Cette histoire arrange les affaires des mangemorts. Cette histoire tombe à point nommé pour faire tomber l'image idéaliste que quelques résistants se faisaient encore des insurgés. Seulement si Roman sait que cela leur donne un peu d'avance, il n'en reste pas moins furieux de cette attaque. Furieux de voir que le ministère ressemble davantage à un gruyère qu'à une forteresse imprenable.

Il repousse la porte du ministère, ne portant pas même un regard à cette milice bien fragile qui garde les portes closes face à la foule qui gronde. Quelques rafleurs se trouvent déjà là, et d'autres mangemorts s'affairent déjà aux tâches qui leur incombes. Il siffle, les regards se portent sur lui. Parfait. « Vous !», il désigne un groupe du doigt, « Vous allez faire le tour du ministère, vérifiez si le département a été touché. ». Il fait le tour, comptant les hommes qui sont à sa portée, croisant le regard d'un des rafleurs qui lui donne le plus de mal. Tant pis, il ne peut faire la fine bouche. « Flint, prends quelques hommes avec toi et interroge la foule. Les autres aidez autant que faire ce peu à retrouver ces fils de chiens, ils ne doivent pas être loin. ».

Le ton est donné, et c'est désormais à lui de prendre les choses en main. De vaincre la foule pleine de hargne, et c'est avec tout autant de hâte qu'il ressort pour les affronter. Tous. La baguette serrée entre ses doigts, il vient la poser tout contre sa gorge avant de cracher un sonorus tonitruant. « Un peu de calme s'il vous plaît ! », gronde-t-il à une foule indisciplinée avant de se dire qu'un peu d'aide pour dompter tout ceux-là ne serait pas de refus.