Il planait une ambiance lourde et mystérieuse sur Daeva. La forêt était vieille, emprunte d'une ancienne magie qui avait perduré à travers les âges. On la ressentait partout, dans l'air lourd qu'on y respirait, dans le bruissement des feuilles et les complaintes profondes du craquement des arbres barbus. À n'importe quelle heure du jour, le soleil peinait à percer sous le feuillage centenaire de la forêt. Il y faisait sombre, trop sombre, et Gillian réprima un frisson malgré elle. Elle n'aimait pas cet endroit. C'était cette atmosphère, ce on-ne-sait quoi d'inquiétant sur lequel elle était incapable de mettre le doigt, comme un danger indicible tapi dans l'ombre. Dans un geste inconscient, elle effleura alors son bras, là où la Marque des Ténèbres noircissait sa peau sous le tissu de sa longue robe noire. Elle avait parfois du mal à croire qu'une si petite chose puisse inspirer un tel sentiment de puissance, pourtant, aujourd'hui, elle se sentait inexorablement porter par elle. Peu importe le trou à rats dans lequel ils étaient allés se terrer au final ; aujourd'hui serait le jour où les Insurgés n'auraient pas d'autre choix que celui de faire face à leur inéluctable défaite.

Ils étaient une trentaine, mangemorts aux masques d'argent et autres soldats fidèles à la Cause mélangés. Ils avançaient prudemment entre les arbres, aussi silencieux que des ombres. Parmi les têtes familières figuraient Virgil, évidemment, ainsi qu'Augustus et la jeune Caldwell. Les autres, Gillian les connaissait de nom seulement, mais elle avait confiance en leurs capacités. La seule dont elle doutait peut-être était la benjamine Lestrange, plus accoutumée pensait-elle aux mondanités qu'aux champs de bataille, mais elle pouvait se tromper.

Toute à ses pensées, Gillian manqua de peu de rentrer dans le bras que son mari tendit brusquement devant elle. Ils étaient arrivés, le bunker des Belliqueux se dressant à une centaine de mètres.