| Les sortilèges et maléfices fusent, et la russe n’en est plus à la pitié. L’esprit reclus dans sa tour d’ivoire, elle n’hésite pas une seconde à susurrer des mots empreints de magie noire, d’indélicatesse et de souffrance. Chaque litanie laisse une trace en son esprit, et ce n’est que la main de son jeune frère qui empêche la princesse de glace de se perdre dans une mélodie mortuaire. L’art qu’elle travaille n’est plus très loin, à peine à une poignée de main, et il n’en faudrait pas plus pour que les morts s’éveillent sous sa paume. Une main sur l’épaule, c’est tout ce qu’il faut pour ramener la vie à sa place, cligne des paupières et abaisse la baguette rassasiée. Une longue expiration à travers masque puis le retour vers les siens, vers son mentor, vers son groupe. Pas un mot, tandis qu’elle observe le directeur de son département briller par son propre art, s’appuie contre le mur en attendant les informations cruciales, la suite des évènements : il n’est pas question de se séparer encore une fois. L’œil toutefois, est aux aguets, la baguette prête à festoyer de nouveau. Elle n’est pas inquiète, seulement alerte. Les insurgés se sont montrés rusés, mais aussi désespérés : il faut l’être pour convaincre les leurs de se montrer kamikazes.
Bacchus, ce cher Bacchus, ne peut empêcher l’ironie de franchir ses lèvres, et la Russe peut déjà le remercier de lui arracher un semblant de sourire, tandis qu’elle se redresse, observe du coin de l’œil Lufkin prendre les choses en main : il est temps de rassembler les troupes. Il ne reste plus qu’à les attendre, fouiller la zone peut-être. « Pars en avant. » ordonne t’elle à son jeune frère, « Trouve les pièges et marque-les. »
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