1001 words

We live and breathe words. .... It was books that made me feel that perhaps I was not completely alone. They could be honest with me, and I with them. Reading your words, what you wrote, how you were lonely sometimes and afraid, but always brave; the way you saw the world, its colors and textures and sounds, I felt  -

- I felt the way you thought, hoped, felt, dreamt.

1st november

Merci...
Réellement ? La faute d'Erlkönig, il m'avait donné un coup de bec. Je n'ai remarqué le sang que plus tard... Je ne savais pas que la vue du sang vous dérangeais. Je n'aurais pas du vous laisser faire la dernière fois au cottage. Je n'ai pas compris que c'était pour ça que vous... Vous savez quoi? Vous ne devez pas avoir honte. Même les meilleurs tournent de l’œil dans ce genre de situation !
L'Asie... J'aimerais beaucoup vous rencontrer là-bas, oui. J'espère que votre grand-père a raison. Mes parents avaient plutôt tendance à dire le contraire : l'ailleurs n'aime pas vraiment être dérangé par les magie étrangère. Il l'évite et l'isole pour l'obliger à repartir. Je préfère vraiment votre vision des choses... Erlk va mieux. Je me suis éloignée de la ville en le voyant arriver. Certains de mes camarades ont eu l'air de beaucoup l'apprécier... mais il faut dire qu'avec lui perché sur mes épaules, je ne passais pas vraiment inaperçue. J'ai trouvé ma propre technique pour l'apaiser... il a l'air vexé lorsque je lui fais remarquer, d'ailleurs. Il ne réussit pas à vivre trop longtemps éloigné de vous.
Je vous retourne le compliment, je crois. Je ne sais pas. Il manque quelque chose... [encre différente] Je me suis permise de rajouter Erlk dessus. Lui aussi trouvait que ça manquait un peu de vie !
Que représente la montre ?

Bien à vous, Marie.

1001 words

The girl behind the scrawled letters. I loved you from the moment I read them. I love you still.

[FEUILLE À FINES LIGNES. IL A PLU, L'ENCRE EST UN PEU DILUÉE ET LA LETTRE DIFFICILE À LIRE]
10th november
Ce n'est pas le sang qui m'inquétait... peu importe. Je suis content si vous allez bien. (Et n'allez pas croire que je tourne facilement de l'oeil, surtout à cause du sang.)
Êtes-vous déjà allée en Asie? J'ai eu la chance de passer quelques temps en Chine, mais j'étais très jeune. Je n'ai que des souvenirs très précis mais un peu aléatoires. Tout est si diff- - [L'ENCRE ICI A ÉTÉ DILUÉE À CAUSE DE LA PLUIE] - -sasser de vieux souvenirs. Je crois que ça fait du bien à Erlk de voir de nouvelles personnes et de voir du pays. Il devait un peu s'ennuyer, avec moi.
La montre représente le temps. Vous vous rappelez de ce que vous m'avez dit lorsque l'on s'est vus? Les morts veul- - [L'ENCRE ICI A ÉTÉ DILUÉE À CAUSE DE LA PLUIE] - -'y penser. Je sais que c'est un peu stupide. J'aime la remonter en temps et en heure. C'est un objet très précieux. Prenez-en soin.
Vous m'avez posé une question, à mon tour. Vous ne voulez certainement pas en parler mais je suis curieux de la cicatrice sur votre bras. Je l'ai vue en vous soignant. Si en parler vous incommode, dites-le moi sans détour.

Amitiés,
-Rolf.

[JOINTE, UNE CARTE POSTALE DE L'ÎLE SAINT MICHAEL]

[AU DOS DE LA CARTE, ÉCRIT RAPIDEMENT]
Aussi, je ne sais pas pourquoi j'ai acheté ça mais je trouvais que c'était amusant (sur le moment. Maintenant, je ne suis plus très sûr). Passez une bonne journée. -R.

1001 words

We live and breathe words. .... It was books that made me feel that perhaps I was not completely alone. They could be honest with me, and I with them. Reading your words, what you wrote, how you were lonely sometimes and afraid, but always brave; the way you saw the world, its colors and textures and sounds, I felt  -

- I felt the way you thought, hoped, felt, dreamt.

18th november

D'accord ! Mais vraiment, ne soyez pas gêné... mais... c'est amusant. Vous vous souvenez des fois où vous veniez aux camps ? Je n'étais pas du tout rassurée pour tout vous dire. Toujours stoïque, toujours direct, je commençais à croire que vous n'aviez aucun cœur. Apprendre que vous tournez facilement de l’œil vous rend humain, en quelques sortes. Vous voyez ? Non, jamais été en Asie. Mais je connais des personnes qui y sont allées. Ce qu'elles me racontent me donne envie d'y aller. N'hésitez pas à me raconter vos souvenirs. J'aime les souvenirs. Ça me rassure de les...

22th november

Petits soucis de notre côté. Je n'ai pas pu terminer la lettre. J'ai perdu la votre. Vraiment désolée (j'ai toujours la carte)(le paysage est magnifique)(c'est très drôle, je vous l'accorde)(tout a l'air calme, voilà pourquoi je trouve ça drôle). Mais... ne vous inquiétez pas. La montre est bien gardée. Je ne pensais pas qu'un si petit objet pouvait être si lourd. Quant à la cicatrice, je suis née avec. Je crois. J'ai l'impression d'avoir toujours vécu avec, en réalité... On ne peut pas l'effacer, aussi... elle fait partie de moi, maintenant. Je n'ai jamais véritablement connu la fin de l'histoire. Mon père paraissait toujours honteux lorsque ma mère racontait cette anecdote-là lors des repas de famille. Je soupçonne un fort moment d'inattention.
Je veux manger un énorme plat de pâtes, une glace, du pu.. non, je ne veux pas manger ça. Veuillez m'excuser, nous sommes en plein rationnement pour l'hiver, j'ai tendance à imaginer des choses lorsqu'on se trouve en rationnement. Vous savez ? Comme ce petit garçon qui joue de la flûte chez les moldus. Quel est votre plat f...

28th november

Gardez Erlkönig avec vous. Ne l'envoyez plus là-bas. Nos contacts viennent de nous avertir que certaines familles n'étaient plus fiables. Votre nom a été cité. Je suis sincèrement désolée.

Bien à vous, Marie.

[les nombreuses missives inachevées sont emballées dans une page de la Gazette du Sorcier, cette dernière relatant les soupçons de haute trahison concernant la famille Greengrass]

1001 words

The girl behind the scrawled letters. I loved you from the moment I read them. I love you still.

[FEUILLE(S) PROPRE(S) À FINES LIGNES.]
13th december
J'ai un coeur. C'est drôle parce que je ne me souviens pas très bien de l'Asie — la Chine — mais j'ai le souvenir précis d'un livre que j'avais acheté dans une gare moldue tandis que nous attentions notre correspondance à Paris (nous avons pris le Portoloin à Vienne, ça revenait à moins cher il me semble. Ce n'était pas tant un problème financier, bien évidemment. J'aurais aimé rester plus longtemps en France et en Autriche). Je me souviens particulièrement de cette phrase (je ne me souviens pas du phrasé précis): les coeurs ne seront jamais pratiques à moins d'être faits indestructibles. N'allez pas croire que je suis mort ou que je n'ai pas de coeur. Je crois que c'est justement à cause de ça (ou grâce à cela) que je peux paraître froid parfois. Mais je me suis réchauffé à votre contact. Je vous apprécie.
J'espère que vous allez bien (j'ai l'impression de beaucoup m'inquiéter pour vous. N'allez pas croire que ce n'est que par [COMPLÈTEMENT ILLISIBLE]).
Je crois que je ne crois pas à votre histoire de cicatrice. Elle ne m'avait pas l'air si ancienne. Mais je comprends qu'il y a des choses qui ne sont pas à partager par lettres, et encore moins avec des gens qu'on connait peu.
Sur le collier dont vous avez la garde, il y a aussi deux alliances. Elles appartenaient à mes parents. Maintenant, il vous faut savoir quelque chose: on nous apprend à l'école que la magie laisse des traces sur tout ce qu'elle touche. Ce que l'on nous dit pas, c'est que nos âmes (si vous croyez à ce concept) le font aussi. Personne ne laisse aucune trace dans ce monde. Nos amours, nos espoirs, nos rêves et nos doutes s'inscrivent tout autour de nous et laissent des traces impérissables sur les objets qui nous sont chers. Mes parents ont disparu quand j'étais très jeune et je n'ai pas des souvenirs très flagrants d'eux. Les alliances me rappellent qui ils étaient et à quoi ils rêvaient. La montre, quant à elle, est une piqûre de rappel. Une histoire pour un autre moment.
Sur une autre note, j'espère que les biscuits vous plairont.

Merci pour l'avertissement et votre compréhension. Maintenant, mes lettres ne seront plus que destinées à vous.

Amitiés,
-Rolf.

[JOINT, DANS UN PAQUET, DES BISCUITS À THÉ UN PEU RASSIS. IL EN MANQUE DEUX DANS LA BOÎTE. AUSSI, GLISSÉ DANS LES PLIS DE LA LETTRE, UN ARTICLE DE LA GAZETTE DU SORCIER: UNE INTERVIEW DE NEWT SCAMANDER DATANT D'IL Y A PLUSIEURS MOIS. IL Y A UNE PHOTO DE ROLF QUAND IL ÉTAIT À POUDLARD, QUI SOURIT MALADROITEMENT À L'OBJECTIF; IL A DESSINÉ AU FEUTRE UN PULL EN LAINE TROUÉ AU-DESSUS DE SA CHEMISE. “ WISH I COULD TURN BACK TIME ” DIT LE PHYLACTÈRE À CÔTÉ DE SA TÊTE.]

1001 words

We live and breathe words. .... It was books that made me feel that perhaps I was not completely alone. They could be honest with me, and I with them. Reading your words, what you wrote, how you were lonely sometimes and afraid, but always brave; the way you saw the world, its colors and textures and sounds, I felt  -

- I felt the way you thought, hoped, felt, dreamt.

18th december

Fermez les yeux. Imaginez un horizon orangé et violacé juste en face de vous, une falaise sur votre gauche, rendue rougeâtre par le soleil couchant. Du sable sous vos pieds, à peine tiédi par la fin de journée. Une fine brise sur vos joues, le roulis constant et doux des vagues tout autour de vous. Vous sentez les embruns de la mer, l'odeur des pins, une pointe de lilas qui émanerait des villas avoisinantes. Il y a des rires aussi, beaucoup de rires, au loin ; des cris d'enfants au loin mais vous vous en fichez parce qu'ils se fondent aux autres sons : au bruit du vent, de la mer, du vivant. Vous fermez les yeux et ce que vous entendez le plus, en ce moment, ce sont les battements lents et sereins de votre propre cœur. C'est étrange, non ? De sentir son propre monde faire tout son possible pour être en harmonie avec tout le reste...
C'était l'un de mes souvenirs d'enfance, lorsque mes parents et moi marchions dans le massif de l'Estérel, en France. Nous n'avons jamais été de très grands amoureux de la capitale. Paris est magnifique mais elle ne vous laisse pas réellement le temps d'apprendre à la connaître.
Je crois beaucoup de choses, Rolf. Mais que devrais-je ne pas croire ? (ne vous en faites pas, je vais bien !)
C'est une très belle vision des choses ; j'y crois pour tout vous dire. Mais en prendre conscience est assez déstabilisant : je suis gênée de porter de tels objets sur moi. Ils sont remplis d'histoire, de votre histoire. Ne craignez-vous pas que je les altère, à toujours avoir votre chaîne autour du cou ? N'hésitez pas à me le dire, je peux essayer de m'arranger pour vous les rendre sans risquer de les perdre en les confiant à Erlkönig.
Pour la cicatrice, je ne sais pas pour vous mais recevoir un sortilège de découpe a ce léger inconvénient de me faire saigner. Je suis curieuse pourtant : qu'en pensiez-vous, vous ?
LES BISCUITS ÉTAIENT SUCCULENTS. Même si je ne peux m'empêcher de croire que vous me les avez envoyés en m'imaginant mourir de faim. Promis, je ne parlerais plus jamais de nourriture avec vous. N'allez surtout pas vous affamer pour moi.
OK. N'hésitez jamais surtout. Je ne pense pas détenir les mêmes savoirs que N.S. mais je sais écouter (lire? C'est très bizarre, j'ai l'impression de vous entendre parler en vous lisant. Vraiment très, très étrange).

Tendrement, Marie.

PS : en attendant de savoir, j'ai pensé que vous aimeriez les avoir auprès de vous. En quelque sorte. Vous aviez vraiment l'air timide à l'époque, vous êtes certain que c'est vous ? Essayez d'imaginer l'avenir, c'est beaucoup plus simple de le changer, lui.

(enveloppe réalisée à partir de la Une du Daily Prophet en date du 16 décembre. Ainsi qu'un croquis de la chaîne, de la montre et des alliances, sur un support boisé)

1001 words

The girl behind the scrawled letters. I loved you from the moment I read them. I love you still.

[FEUILLE À FINES LIGNES, UN PEU TÂCHÉE DE SANG (COMME SI SA MAIN SAIGNAIT UN PEU)]
27th december
Joyeux Noël. Et joyeux Yule. Je suis un peu en retard. J'ai été chassé quelques temps par nos amis les visiteurs de musée. Ils s'avèrent parfois résilients. Aussi, bonne année en avance.
Votre précédente lettre m'est très précieuse. Vous savez très bien écrire. Je ne connais pas cet endroit — massif d'Estèrel Estérel — mais ça me donne envie de le visiter. Peut-être dans dix ans.
Je crois qu'il y a une seule chose dans laquelle on ne doit pas croire, et c'est rien. (C'est votre cas, non? Vous m'envoyez des articles de la Gazette. Dois-je vous rappeler ce que vous m'aviez dit dans ce fameux cottage?) Je ne me souviens pas de ce que je vous ai dit dans ma précédente lettre. Excuses.
Je pensais pense que vous êtes une ancienne Rebut. J'en ai vu à l'oeuvre — à ma grande horreur, soyez-en consciente —, j'ai vu leurs Marques et j'ai vu la cruauté de leurs Maîtres. Mais les sortilèges de découpe font aussi très mal. Ne vous en faites pas, j'en ai moi-même les traces. J'ai gardé une jolie cicatrice de notre dernière rencontre.
Pas de souci pour les biscuits. Je ne suis pas un gros mangeur de toutes façons. Et les biscuits que j'ai dérobé au paquet que je vous ai envoyés, ce n'était que par gourmandise. J'espère que vous apprécierez aussi mon nouveau paquet. Prenez-le comme un cadeau de fin d'année. Ma grand-mère disait qu'on ne peut pas fêter la nouvelle année sans lait de poule. Un peu d'eau ou de lait chaud fera l'affaire.
Je suis un grand timide qui parade pour un narcissique. Pardon de vous avoir fait croire le contraire. Vous ne croyiez tout de même pas tout savoir de moi, n'est-ce pas? Gardez le collier. Je ne veux pas prendre le risque et je sais qu'il est en sécurité avec vous. Aussi, peut-être que quand je l'aurais de nouveau dans les mains, je pourrais en savoir plus sur vous sans vous embêter dans mes lettres.
Encore une fois, joyeuses fêtes.

Bien a vou,
-Rolf.

Post-scriptum: l'oeil porte chance mais ne le touchez pas à mains nues. On a tous besoin d'un peu de chance de temps à autre.

[JOINT, DANS UN PAQUET, DES SACHETS DE KETCHUP ET MAYONNAISE DE FAST-FOOD; UNE TABLETTE DE CHOCOLAT BLANC UN PEU FONDUE; UN SACHET DE THÉ PROVENANT DE CHINE; UN PAQUET DE SACHETS DE LAIT DE POULE DÉSHYDRATÉS; UNE FIOLE AVEC UN OEIL DE BANDIMON DEDANS: AVEC, DANS LA FIOLE, UN MORCEAU DE PAPIER AVEC MARIE TALESCO ÉCRIT DESSUS.
LE BIEN A VOU EST EN FRANÇAIS]

1001 words

We live and breathe words. .... It was books that made me feel that perhaps I was not completely alone. They could be honest with me, and I with them. Reading your words, what you wrote, how you were lonely sometimes and afraid, but always brave; the way you saw the world, its colors and textures and sounds, I felt  -

- I felt the way you thought, hoped, felt, dreamt.

1st january '03

Bonne année, Rolf

(je ne sais pas si le sortilège aura tenu le coup mais le 'bonne année' est censé scintiller une heure durant, une fois la lettre ouverte)
En effet, je suis surprise que vous vous en souveniez. Disons que, comme précisé plus tôt, je préfère vous savoir avec un pied dans la réalité qu'ailleurs - ça m'écorche d'écrire ça mais la Gazette n'est pas complètement un ramassis de mensonge. Je renie l'un de mes principes les plus fondamentaux... Ça n'arrive pas souvent, sachez-le.
J'espère que votre cicatrice s'effacera avec le temps.
Je n'ai pas osé boire le lait de poule pour le moment. Pour tout vous dire, il y a un bébé actuellement sous notre tente. Je ne voudrais pas qu'on confonde le lait de poule pour du lait premier âge... Quoique, si je l'entends rire, je saurais pourquoi. Vous avez la dent sucrée donc ? Un ami m'en a rapporté, l'autre jour. J'ai sauvé ce qui a pu l'être.
Un narcissique ? Vraiment ? Comme un hippogriffe ? C'est très amusant, vous savez ? Étiez-vous à... Gryffondor ? (veuillez m'excuser si j'ai écorché l'orthographe de cette maison, je n'ai pas le cœur à stopper les anecdotes scolaires de mes camarades pour leur demander des précisions historiques...) : tous les élèves de cette maison ont l'air de beaucoup s'aimer, d'une certaine manière, vous voyez ? De cette façon humble et joviale à la fois ?
Tout ? Non, je ne pense pas. Je pense surtout que lorsqu'on se cache derrière un masque, c'est pour cacher une blessure plus profonde. N'arrêtez jamais de m'écrire, d'accord ? C'est rassurant, ce genre d'habitude. Et retenez ça : il en faut beaucoup pour m'ennuyer (pour tout vous dire, on avait plutôt tendance à m'éviter, avant. C'est étonnant combien la gules temps sombres peuvent changer les gens).
Vous vous essayez au français ? La formule correcte est : Bien à vous. Drôle de tendance langagière que d'ajouter des lettres muettes, non ?

Tendrement, Marie.

(au dos de la feuille)
PS : merci pour l’œil. J'en ai eu un, un jour. Je suis arrivée parmi vous (les sorciers de Londres) sans, j'ai bien peur de l'avoir oublié chez moi. Merci aussi pour la chance : j'espère qu'elle me servira. Je compte bien m'en servi pour vous revoir sur l'Estérel dans dix ans. Et puisque vous ne voulez pas récupérer les alliances, je vous confie aussi quelque chose. Il appartenait à ma mère.
PS² : aviez-vous une occasion spéciale pour vous arrêter dans un fast-food ? Vous savez, la nourriture n'y est pas très saine...

(joint à l'enveloppe du Daily Prophet du 31 décembre 2002, un marque-page 'jauni' par le temps, où la galaxie d'Andromède tourne indéfiniment sur elle-même ; ainsi que deux patacitrouilles emballées)

1001 words

The girl behind the scrawled letters. I loved you from the moment I read them. I love you still.

[FEUILLES DE CARNET]
06th january
Très beau sortilège, il a très bien fonctionné. Vous êtes très forte en magie. J'imagine que vous êtes allée à Beauxbâtons? J'ai entendu énormément de choses à propos de cette école mais toujours en termes très vagues. Faisiez-vous partie de la délégation envoyée pour le Tournoi des Trois Sorciers? Après réflexion, je ne pense pas. Je me serai souvenu de votre visage.
Vous reniez un de vos principes pour moi? Charmant et flatteur.
Tant que j'y pense, j'aimerais aussi m'excuser. Je me rends compte — après coup — que mes questions et déductions ont pu être incommodantes pour vous. Je suis vraiment, sincèrement désolé et je suis heureux que vous répondiez tout de même à mes lettres... je ne voulais pas vous heurter ou me mêler de choses ne me concernant pas. Je ne suis pourtant pas de nature curieuse (pas avec autrui, je crois; les animaux me fascinent mais les êtres humains m'affligent. Ils ne m'intéressent pas) habituellement. Je crois que c'est à cause de vous. Vous me faites penser à plein de choses et plein de gens en même temps. Pardonnez, donc, mon intérêt pour la fameuse cicatrice et comment je me suis alourdi dessus. Ceci dit, j'aimerais que l'on partage le blâme. C'est de votre faute d'être si captivante. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme vous.
Non, je n'étais pas à Gryffondor (votre orthographe était correcte) mais à Serpentard (dont l'emblême est un serpent et les couleurs, l'argent et l'émeraude). Je ne doute pas que vous amis doivent avoir mon ancienne maison en bien piètre estime: il s'avère que beaucoup des grands mages noirs britanniques ont fait leurs études sur les bancs de Serpentard; ainsi que beaucoup de nos ennemis communs. Désolé de vous décevoir. (Note: Je ne crois toutefois pas à ces généralités sur les maisons. Un sorcier fait ce qu'il veut et peut de sa magie.) Parlez-moi du fonctionnement de Beauxbâtons, si vous pouvez?
Je n'aime pas vivre derrière un masque. Je l'ai fait toute ma vie. Je me sens libre. Je le dis encore et encore, je le crie dans les champs, je l'incise dans mes lettres, je le hurle pour les étoiles. Libre. Vivre derrière un masque n'est pas une vie. Il y a des choses que je garderai toujours pour moi et il y en a d'autres que je donnerai volontiers; en revanche, je ne me cacherai plus jamais de rien, même à moi-même. (Gardez précieusement cette lettre, s'il vous plaît, pour que mes descendants puissent la lire et s'en inspirer. Je signerai le verso et vous pourrez peut-être la vendre d'ici quelques années? Pardonnez-moi; je me moque de moi-même et m'enflamme).
Merci [FRANÇAIS] pour la correction. Je suis un peu rouillé et je ne sais jamais, avec tous ces accents.
Sur une autre note, le gilet que vous m'avez offert s'est... eh bien, il a été réduit en flammes, ce qui était plutôt désagréable sur le moment. Ça a un peu surpris le Rafleur et m'a permis de m'échapper. C'était plutôt amusant (une fois les flammes éteintes). Je ne sais pas précisément ce qui s'est passé et je suis désolé d'avoir perdu votre cadeau. Merci, aussi, pour les patacitrouilles. Je ne suis pas friand de gourmandises habituellement mais elles étaient très bonnes.
Le marque-page est très intéressant et très beau. Êtes-vous une astronome instruite? Connaissez-vous le mythe d'Andromède? Persée était mon héros préféré. Je crois que c'est le seul héros qui a jamais été heureux. Peut-être que vous serez des héros heureux. Je l'espère.
Je n'étais jamais allé dans un fast-food avant, mais j'ai bien aimé. C'était solitaire mais agréable. Vous trouvez que ça mérite une occasion spéciale? La seule occasion qui s'est présentée, c'était l'écriture de ma précédente lettre.

Bien à vous,
-R.

Post-scriptum: je me suis beaucoup épanché, pardon. Aussi, bonne année à nouveau.

1001 words

We live and breathe words. .... It was books that made me feel that perhaps I was not completely alone. They could be honest with me, and I with them. Reading your words, what you wrote, how you were lonely sometimes and afraid, but always brave; the way you saw the world, its colors and textures and sounds, I felt -

- I felt the way you thought, hoped, felt, dreamt.

8th january

Non. Mais l'uniforme porté par les filles de la délégation était le vrai. J'aimais beaucoup sa couleur. J'aimerais porter à nouveau cette couleur, en ce moment... mais jouer à cache-cache avec elle serait plutôt risqué, j'en ai peur. Le chapeau ne tenait jamais sur ma tête, aussi. Un poil trop grand, on ne voyait que lui. La soie me manque aussi. C'est un tissu auquel je suis beaucoup attachée, j'aimais bien l'utiliser lorsque tout allait bien, pour mes robes d'été. Quant à l'école... pensez-vous qu'elle ne serait restée qu'une légende tous ces siècles si ses élèves en avaient révélé les rouages aussi facilement ? Le mystère est l'une de ses plus grandes qualités... mais vraiment, ce n'est qu'une école. Elle ne diffère pas de Poudlard, soyez-en certain.
Vous utilisez bien votre magie. Ne doutez jamais d'elle. Peu importe les différences entre vos maisons, c'est tout ce en quoi tout le monde devrait croire.
J'aime beaucoup les animaux. Je les adore mais ce n'est pas parce que je n'aime pas les autres personnes. Ils me comprennent mieux, j'ai l'impression... Vous devez avoir une culture assez impressionnante à ce sujet, d'ailleurs, au vu de [encre effacée à cet endroit]. Enfin, non. Je préfère taire ce nom. Mais au vu de votre histoire. Qu'est-ce que vous racontez ? Vous me comparez à une licorne ? Les licornes sont très captivantes, je vous le concède mais mon sang n'est pas argenté. Mais vous le savez déjà.
Libre. c'est un très joli mot. J'aimerais pouvoir faire plus que l'écrire ou le dire aussi. Mais je vous pense capable de le penser pour moi. C'est rassurant de savoir qu'elle se trouve quelque part, ailleurs, protégée de tout ce qui se passe. Veillez-y bien, d'accord?
Je ne peux pas écrire plus longtemps mais prenez soin de vous, si le gilet s'est enflammé, c'est que notre ami avait quelque chose de dangereux sur lui. Vous ne sentez pas les effets d'un maléfice ? d'une quelconque malédiction ?

Tendrement, Marie.

ps : Je ne sais pas si j'aime Persée. Tuer pour posséder le pouvoir des autres, c'est [partie illisible]. Pourquoi aimez-vous ce mythe ?
ps² : quant au FF, oui, je pense que vous aviez une raison d'y aller (vous avez prit un risque énorme en vous montrant en public, non?)(ne vous en faite pas pour le gilet, je vous enverrais une écharpe la prochaine fois, il fait plutôt froid)

(enveloppe réalisée à partir de la Une du Daily Prophet en date du 6 janvier '03)

1001 words

The girl behind the scrawled letters. I loved you from the moment I read them. I love you still.

[FEUILLE DE CARNET]
14th january
Libre. Je le pense et le garde pour vous, ce mot, précieusement, avec la minutie que l'on réserve aux choses que l'on ne peut pas se permettre de perdre. Nous serons libres, Marie, un jour nous serons libres. Vous devez y croire. Si vous n'y croyez pas, à quoi bon se battre? En attendant ce moment, je serai libre pour nous deux.
J'ose imaginer que j'ai une certaine connaissance de la faune, oui (j'en ai fait ma profession à un moment donné, même si ce n'était pas uniquement de mon fait). Et j'ai une certaine connaissance de l'homme (et ses émois). Ainsi, je peux vous dire avec assurance que vous n'êtes pas une licorne, non. Ce n'est pas ça qui me fascine chez vous. Les animaux magiques sont intéressants, beaux et captivants. Mon grand-père a toujours regardé les animaux "normaux" (entendez: non-magique; entendez: ennuyeux) avec un certain dédain. Moi, je crois que je les aime bien. Ils sont généralement moins dangereux. Toujours est-il que non, vous n'êtes pas une licorne, ma très chère Marie, mais un lièvre. C'est un animal solitaire et sauvage, qui ne se cache pas dans un terrier et qui a un territoire bien défini. Dans les histoires qu'on raconte sur lui, le lièvre est malin (un trickster) mais moi je sais qu'il porte chance. Vous n'y êtes sans doute pas familière, mais le folklore irlandais l'associe au Sidh (le surnaturel, si j'ose dire, mais ce serait le réduire à son sens le plus commun): quiconque fait du mal au lièvre en subit de lourdes conséquences. Je vous imagine bien entourée, et très aimée par vos proches. C'est un animal qu'il est difficile de cerner, qui prévient contre les désilusions et le sens caché des mots; mais moi, je garde l'une de ses pattes autour de mon cou avec espoir (ah! encore lui).
Je m'égare.
Pas de maléfice, pas de malédiction. Je crois. Pourquoi? Je ne comprends pas très bien le rapport avec le gilet.
J'étais jeune. J'aimais Persée parce que j'imaginais qu'un jour, mon véritable père — un grand homme, gentil et juste, puissant et terriblement charismatique — me donnerait une quête et un sens à ma vie (ce n'est jamais arrivé). Mais maintenant que je suis plus âgé, je crois que je préfère cette chère Méduse, victime de la cruauté des hommes et irrémédiablement amère envers eux. Qu'en pensez-vous?
Pas de grand risque au fast-food. C'était très étrange: j'étais dans ce petit village moldu, presque désert, et dans la rue principale il avait deux pubs (dont un était fermé) et un fast-food. Il n'y avait presque personne. C'était un peu effrayant mais amusant. Vous ne croyez pas que je l'ai fait juste pour expérimenter la nourriture industrielle?

Bien à vous,
-Rolf.