|
sujet; MINI-EVENT 8 ⊹ AULD LANG SYNE |
HERO • we saved the world Albane Oswell ‹ inscription : 08/12/2015
‹ messages : 1031
‹ crédits : moi-même (ui, ui).
‹ dialogues : #993366.
‹ âge : 25
‹ occupation : héroïne de guerre pour avoir lutté pendant huit ans au sein de l'Ordre du Phénix puis de l'insurrection. On me connait aussi sous le nom de Blackfish, informatrice au coeur d'un réseau particulièrement étendu; co-fondatrice de l'émission Potterwatch et militante active qui n'hésitait pas à dénoncer les manipulations publiques du gouvernement de Voldemort, la collaboration des médias, ainsi que tous ceux qui avaient des choses à se reprocher et dont j'avais déniché les petits secrets. Si j'ai arrêté l'émission, je n'ai cependant pas fini de fouiner dans les affaires des autres et surtout celles du gouvernement. J'ai acquis un statut de journaliste indépendant et le scroll est pour le moment mon seul support, mais ça ne va pas durer, j'y travaille...
‹ maison : Poufsouffle
‹ scolarité : 1989 et 1996
‹ baguette : actuelle n'était à l'origine pas la mienne mais j'ai tué son ancienne propriétaire et quand j'ai ramassé son arme l'utiliser m'a paru la chose la plus logique à faire. Elle mesure aux alentours de 23 cm, il semblerait qu'elle soit en bois de prunellier, probablement contenant du dragon, mais je ne suis pas certaine de sa composition. Elle est bien plus rigide que mon ancienne baguette de cèdre et crin de licorne dont je n'arrive maintenant plus à me servir.
‹ gallions (ʛ) : 4436
‹ réputation : il ne faut pas tenter de me cacher des choses. Que je sais tout et que ce que je ne sais pas encore, je le découvrirai bientôt. Si Blackfish et une figure de la résistance très respectée par la majorité de la population, mes anciens camarade rebelles ont un avis plus mitigés à mon égard... On dit que je serai prête à faire tout ce que je condamne pour arriver à mes fins: mentir, voler, tuer; que j'ai été dévoré par la haine. Après tout je suis une terroriste.
‹ particularité : prête à faire tout ce que je déteste et dénigre pour arriver à mes fins. Au point que j'en viens à me détester moi-même. Voler, mentir, trahir, me servir d'autrui comme un outil, parfois même de mes amis... "La fin justifie les moyens", c'est ce qu'on dit.
‹ faits : je vis avec le poids de mes actes sur la conscience particulièrement ma participation à l'attaque d'Herpo Creek, mais aussi la mort de mon petit frère dont je me considère responsable. Si certain de mais camarades héros de guerre estiment que je ne mérite pas ce titre, qu'ils sachent que je suis bien d'accord avec eux. Mais je suis libre et je travaille d'arrache pied à mes divers enquêtes pour oublier que je ne suis toujours pas capable de marcher sereinement dans la rue.
‹ résidence : dans un appartement pas bien grand sur Diagon Alley, mais il s'agit plus d'une espèce de bureau improvisé, constamment en bordel, que d'un véritable lieu de vie. Le seul endroit que je considère un peu comme chez moi et où je me sens réellement en sécurité c'est chez Tiago.
‹ patronus : Un grand ban de poisson argentés, c'est de la que je tien mon surnom de Black Fish.
‹ épouvantard : Thomas, moldu de dix-huit ans à peine que j'ai envoyé à la mort et qui revient régulièrement me hanter en pensée. Il a le regard vide et me demande constamment pourquoi je l'ai tué lui et pas l'autre.
‹ risèd : Cédric et moi. On boit une bière au beurre sous le porche de la maison de ma mère à Loustry. Mais Cédric est mort, la maison est détruite, ma mère ne reviendra surement jamais, et la Bière-au-Beurre est devenue beaucoup trop cher.
|
Presque deux mois avaient passé depuis que les insurgés avaient repris Poudlard. Deux mois enfermé dans le château à tourner en rond comme un lion en cage. Albane détestait l'enfermement. Elle détestait l'idée de rester là, alors qu'au dehors, la guerre continuait de faire rage. Elle avait besoin de retrouver le monde extérieur, de retrouver ses petites ombres et ses secrets. Les premiers jours, elle avait tué l'ennuie à force d'opération de déminage, se portant volontaire à la sentinelle dès qu'elle le pouvait, mais l'illusion d'utilité avait vite disparue, laissant place à une frustration toujours plus grande. Même les émissions n'avaient plus vraiment d'intérêt parce qu'il n'y avait aucunes informations intéressantes à se mettre sou la dent. « J'vais devenir dingue ! » s'exclamait-elle régulièrement avec une envie folle de se taper la tête contre les murs.
Et puis on avait trouvé le moyen de sortir. Sortir. Enfin. Elle avait tellement à faire au dehors, elle avait trop à faire. Des gens à voir, d'autre à menacer, des engagements à respecter et des personnes à retrouver. Mais il y avait encore une chose qu'elle devait faire avant de quitter le château. Juste une. Il fallait dire au revoir à Minerva McGonagall. Tous autant qu'ils étaient les insurgés devaient dire au revoir à l'une des plus grandes sorcières de leur temps. Dignement. Alors elle avait pris sur elle pour ne pas s'enfuir à la première occasion, pour ne pas supplier Fred ou Harper de lui envoyer un elfe et dégager de ce foutu château au plus vite. Elle ne pouvait pas partir avant que l'ancienne professeur de métamorphose n'ait franchi le voile.
Quand elle avait vu le visage figé du professeur McGonagall, en entrant dans le hall d'entrée de Poudlard, deux mois plus tôt, Albane avait préféré détourner le regard, rejeter l'image dans un coin de son esprit, ne pas y penser et faire comme si elle n'avait pas vu ; il y avait plus urgent à ce moment là. Plus tard, quand le château avait été isolé, quand les choses c'était un peu stabilisé et qu'elle avait pu quitter son poste dans son ancienne salle commune, Albane était remonté des sous sol pour se trouver de nouveau face à la maîtresse de la métamorphose, toujours enchaînée à sa chaise, avec la même expression de terreur sur le visage ; Elle avait les yeux caves et la bouche tordue, son regard était vide, il n'y avait plus cette étincelle qui les tenait tous en respect quand ils n'étaient tous que des gamins. Il n'y avait plus rien dans les yeux de Minerva McGonagall, on lui avait même pris son âme. Elle était restée là longtemps Albane, à regarder dans les yeux vide, avec le stupide espoir que l'étincelle réapparaîtrait, sans rien pouvoir faire de plus que rester planter là. Et puis les autres étaient arrivés , et rapidement on avait enlevé le corps, on avait cessé exhibition macabre, indécente, donnée "pour l'exemple".
En tant qu'ancienne membre de l'Armée de Dumbledor, on lui avait proposé de venir s'occuper du corps avec ses anciens compagnons, mais elle avait refusé. Elle se savait incapable de se tenir près d'elle, de la toucher, elle se rappelait trop bien, comme elle n'avait même pas pu s'approcher quand elle l'avait vu. Elle était trop faible pour de nouveau faire face au regard sans âme. Ou trop lâche, peut-être. À la place elle s'était portée volontaire pour récolter les souvenirs. C'était une tâche qui lui convenait mieux. Qui lui correspondait mieux. Elle détestait l'oubli, Albane. Elle voulait toujours se rappeler de tout. Elle croyait au pouvoir qu'un souvenir pouvait avoir. Elle savait combien il était important de se rappeler. Alors elle avait passé son après-midi à préparer la pensine et les sortilèges qui permettraient de projeter les souvenirs, avec un petit groupe, il y avait Emily et Marie, mais à dire vrais on échangea peu de mots cette après-midi-là. Puis les autres étaient arrivés. Tous, un par un, ils avaient donné une fioles de souvenirs nacrés contre un petit bout de tartan écossais.
Debout devant la grande pensine de pierre, l'estomac d'Albane se noua. Elle regarda tous les souvenirs tourbillonner dans le récipient, leur couleur argentée se reflétant étrangement sur son visage. Elle apercevait des bribes d'images qui apparaissaient et disparaissaient au rythme du flux, fragments de mémoire donnés pour rendre hommage. Le visage de l'écossaise revenait en boucle, parfois sévère, parfois sourient, parfois lointain. Lee la sortit de sa rêverie. Sans rien dire il lui tendit sa fiole elle la prit et serra un peu sa main dans la sienne au passage. Elle savait combien c'était dur pour lui, elle savait l'attachement qu'il portait à son ancienne directrice. Elle ne trouva rien à lui dire qui puisse l'aider, alors elle se contenta de lui donner un bout de tissu, comme aux autres, espèrent que son regard suffirait. Et il lui sourit. Il souriait toujours, quoi qu'il arrive et elle l'admirait pour ça, parce qu'elle même n'en était pas capable.
Elle se rendit alors compte qu'ils étaient presque tous là. Et elle, elle n'avait pas encore déposé de souvenir dans la pensine. Elle avait repoussé ce moment jusqu'à la fin. Elle ne savait pas quoi choisir, il y en avait trop et c'était trop important. Que fallait-il montrer de l'illustre écossaise ? Sa sagesse, sa gentillesse ? Valait-il mieux se rappeler de ses leçons de vie qu'elle leur avait donné à tous, ou plutôt de ce sourire resplendissant qui n'apparaissait que quand son équipe gagnait un match de Quidditch ? Comment rendre un hommage assez beau à une femme aussi forte ? Elle voulait que tout ça ait un sens, que ça ne soit pas qu'un ensemble de souvenirs d'adolescents mis bout à bout. Minerva MagGonagalle avait été tellement plus que ça. Et Albane se posait toutes ses questions, mais au fond d'elle, elle savait très bien quel souvenir était le plus important, quel souvenir était le plus symbolique ; quel souvenir elle voulait leur montrer à tous. Parce que c'était de ça qu'il s'agissait n'est-ce pas ? Se souvenir, mais surtout lui rendre hommage, lui faire honneur, lui rester fidèle à elle et ses valeurs. Alors tendit que les derniers arrivés allaient se placer dans l'arc de cercle Albane resta un instant devant la pensine et posa sa baguette contre sa tempe, tirant doucement un long filament argenté, revivant le souvenir avec un brin de mélancolie. Et puis elle le laissa tomber, se faire aspirer par le tourbillon argenté, disparaître dans le flux.
Et les armure formèrent une haie d'honneur; et chacun leva sa baguette; et la chaise s'avança silencieusement dans les air;et le corps de Minerva McGonagall disparut au-delà du voile.
« For auld lang syne, my dear »
« For auld lang syne »
Albane suivit la procession jusqu'au parc, plus par obligation que par volonté propre. Elle voulait s'enfuire, disparaître, comme elle savait si bien le faire. Elle ne supportait pas toute cette tristesse dans l'air, elle ne supportait pas tous les regards accablés de ses compagnons d'arme. Mais elle se força à suivre le mouvement, il le fallait, elle lui devait bien ça à celle qui l'avait aidé à se relever. Albane se plaça près de Lee qui passa un bras autour de ses épaules. Elle vit une larme couler sur la joue de son ami. Une nouvelle fois, elle aurait voulu trouver quelque chose à lui dire, quelque chose d'aussi réconfortant que ce qu'il aurait dit si c'était elle qui pleurait. Mais elle ne trouva rien alors elle se contenta de serrer sa main dans la sienne; et si pour sa part elle ne pleurait pas, son cœur était quand même bien trop lourds dans sa poitrine.
Elle observa les souvenirs de chacun, avec une pointe au cœur certes; mais aussi avec quelques sourires, voir même quelques rires. Ils n'avaient gardé que le meilleur. Ils avaient choisi la femme forte, la femme droite, la femme loyal et sage. Celle qui était toujours juste et qui malgré la raideur de son chignon et la sévérité de son visage était capable d'une tendresse infini à l'égard de ses élèves. Ils avaient gardé celle qui soutenait et remettait dans le droit chemin, celle qui avait cru en chacun d'eux, du début à la fin ; même quand eux-même ne croyaient plus en rien.
« Oswell. Restez ici un instant. » Albane jeta un regard renfrogné à la professeur de métamorphose, mais son ton était sans appel. Elle rangeat négligemment ses affaires dans son sac qu'elle balança tout aussi négligemment sur son épaule et s'approcha du bureau professoral. « Vous allez bien Oswell ? » Mon meilleur ami est mort. Voulut répliquer l'adolescente, mais elle se contenta d'un haussement de sourcil en guise de réponse. « Vos résultats sont très décevants, vous m'avez habitué à mieux dans cette classe. Sans parler de votre attitude. » Albane pinça les lèvres et baisse les yeux. Encore une fois elle ne répondit pas. Il n'y avait rien à dire, le professeur McGonagall avait parfaitement raison, elle le savait, elle était devenue imbuvable. « Regardez-moi, Oswell. » Pourquoi faire ? Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire qu'elle la regarde ? Ça ne changerai rien. Ça serait peut-être même pire. Mais elle le fit quand même, levant les yeux vers son professeur avec cette lueur de défit qu'elle avait adopté depuis les trois derniers mois, comme une armure, comme pour renier son chagrin. « Vous êtes en colère. » dit le professeur McGonagall. Oui. « Vous êtes malheureuse. » Non. Albane inspira profondément. Oui. Elle sentait une vague de rage l'envahir. La colère c'était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour gérer tout ça, parce qu'elle refusait d'être la pauvre et malheureuse meilleure amie de celui qui était mort. Pourtant, c'était bien ce qu'elle était. « Ce qui est arrivé à Cédric Diggory est une tragédie... » commença McGonagall, mais Albane la coupa, ouvrant enfin la bouche. « Non taisez-vous. Si vous voulez me dire combien il était aimé, combien... sa mort est triste... tragique ; si vous voulez me dire que ce n'était qu'un malheureux accident et que vous me soutenez dans cette épreuve de deuil, que le chagrin que je ressens finira pas s'estompe avec les temps et que je dois être forte ; taisez-vous. Vous fatiguez pas, Ombrage est déjà passé par là. » Elle avait prononcé ces mots d'une voix calme, froide, sans tenter de dissimuler ni sa colère ni l'insolence de ses propos. Les retenus de McGonagall ne serait jamais pires que celles d'Ombrage de toute façon. La professeur de métamorphose soutaint fermement le regard d'Albane. « Ne faites pas ça Oswell. » dit-elle d'un ton sec. « Ne vous mettez pas à dos vos alliés. » Elle avait envie de rire Albane. Des alliés ? Quels alliés ? Il n'y avait personne. Elle était seule. Cédric était mort et elle était seule. « Vous n'êtes pas seule. » Ajouta McGonagall comme si elle avait lu dans ses pensées. « Ha oui ? Et qui est avec moi ? Ceux qui prétendent que tout va bien ? Que tout ceci n'est qu'un "triste accident" ? Ou celui qui a survécu, peut-être ? Tout va bien après tout si Potter est vivant.» Sa voix était glacée, amer. Elle en voulait au monde entier Albane. McGonagall lui lança un regard sévère. « Vous êtes plus intelligente que ça, Oswell. Vous connaissez la vérité, vous êtes juste aveuglé par la colère. Ne faites pas l'erreur de croire que personne n'est de votre côté. Cédric Diggory est mort et c'est une tragédie.» Albane sentit son cœur se liquéfier en entendant de nouveau le prénom de son ami. Elle voulut ouvrir la bouche pour dire quelque chose, la couper, ne pas entendre la vérité, mais McGonagalle enchaîna. « Mais c'est une guerre qui a tué votre ami Oswell. Alors ne tournez pas le dos à vos alliés. Parce que le monde devra s'unir pour survivre à ce qui a tué Cédric Diggory. » Une larme roula sur la joue d'Albane. Le professeur se leva alors de son bureau et se pencha pour attraper sa main et la serrer dans la sienne. Toute trace de sévérité avait disparu de son visage, on y lisait plus que tristesse et compassion. « Et c'est maintenant que je vous dis que je vous soutiens et que votre chagrin finira par s'estomper avec le temps et que vous devez être forte. Vous n'êtes pas seule. »
Quand tout fut fini et que chacun se dispersa aux quatre coins du château, Albane s'attarda un moment près de la tombe blanche. Huits ans avaient passés ; le message lui, était toujours le même. Mais elle, elle avait changé. Elle n'était plus sûr de vraiment croire à cet idéal, ni même de croire à l'issue de cette guerre. Mais elle resterait fidèle à ses valeurs, coûte que coûte, peut-être un peu aveuglément, mais puisqu'il fallait survivre elle préférait avoir cette ligne de conduite à la quelle se raccrocher, jusqu'ici ça avait marché. Elle pensa à la petite pensine qui attendait la-bas chez Tiago, elle pensa à la vie qu'elle avait prise pour ça. Le nœud dans son estomac se serra un peu plus. Et puis elle pensa à la précieuse fiole contenant le souvenir de Tim, qui attendait elle aussi, patiemment, d'être versé dans la pensine pour être vue. Elle continuerait à encaisser encore, toujours, jusqu'à ce que tout cela cesse, d'une façon ou d'une autre. Elle se raccrochait à ses derniers espoirs, Albane : trouver son frère, survivre encore, devenir plus forts et peut-être avec de la chance, s'en sortir pour de vrai.
|
| | | |
HERO • we saved the world Emily Callaghan | note ; la première partie permet de resituer tout ce qui s'est passé ces derniers mois dans le monde d'Emily, mais ils ne sont pas nécessairement à lire, vous pouvez commencer au 22 mai !
31 mars On est enfermés. On arrive à reprendre Poudlard, ma maison, mon refuge, et on se retrouve pris au piège à l’intérieur … Quelle ironie ! Assise dans un coin sombre, uniquement éclairée par la lumière de sa baguette, Emily se remémorait ses années passées à Poudlard sans réussir à ressentir quoi que ce soit. Emmurée dans cette bulle qu’elle avait créée autour d’elle, elle n’avait pas pu rejoindre les autres dans les dortoirs et faire comme si rien ne s’était passé. Elle était incapable d’oublier, oublier les tortures qu’elle avait subies, les mauvaises nouvelles qu’on lui avait annoncées, tout et rien à la fois … Son cerveau était quasiment déconnecté, observant ces souvenirs comme si elle était omnisciente, comme si elle n’avait rien vécu de tout cela personnellement. On l’avait éteinte, on l’avait réduit au silence, elle n’était plus que pierre et mutisme, et cet enfermement forcé à Poudlard n’arrangerait rien, absolument rien … Sortant un petit sachet de sa robe, elle attrapa du bout des doigts la petite capsule de Navitas qu’elle avait réussi à obtenir avant leur coup de force à Poudlard. La faisant tourner entre son pouce et son index, elle l’observait et la manipulait avec beaucoup de minutie. Quatre. Le nombre de fois où elle avait déjà consommé ce genre de drogue. Deux. Le nombre de capsules qu’il lui restait. Un. Le nombre de jour d’enfermement. Indéterminé. Le nombre de jour avant qu’ils soient libérés. Elle n’avait pas le choix, elle allait devoir se rationner. Glissant la drogue dans son paquet, elle dissimula soigneusement son trésor dans son étui à poignard. Elle y arriverait.
6 avril Cinq. Le nombre de capsules déjà consommées. Un. Le nombre de capsules qu’il lui restait. Sept. Le nombre de jour d’enfermement. Rien n’avait évolué et les autres faisaient déjà leur vie dans ce nouveau campement. Les tâches sont réparties mais Emily est incapable de se mêler aux autres. Elle préfère le confort des cachots. Elle avait pris possession de la salle de torture d’Alecto après avoir désamorcé tous les pièges qu’elle avait pu y laisser. Elle ne sortait de son antre que pour manger, se faisait discrète, ne dérangeait personne. Pas même Ginny, pas même Sansa, pas même Lavande, pas même Harry ou Ron, pas même Marie … Elle était seule avec elle-même. Seule avec ce monstre de marbre qu’elle était devenue.
20 avril Six. Le nombre de capsules consommées. Zéro. Le contenu de sa réserve. Vingt-et-un. Le nombre de jour depuis la reprise de Poudlard. Les insurgés se sont fait à cette vie. Emily a dû s’adapter. Elle s’est mêlée à l’équipe de Sentinelles qui patrouillait autour de Poudlard pour assurer leur sécurité. Elle mettait en pratique ses connaissances rudimentaires en magie, reprenait ses marques, réapprenait à se défendre. C’était un moyen pour elle de se distraire, d’oublier les images qui la rongeaient de l’intérieur. Le Navitas l’aidait, tout du moins, elle y croyait. Mais elle avait pris sa dernière capsule. C’était fini, elle allait devoir faire sans. Je ne suis pas dépendante, j’en prends à l’occasion seulement, tentait-elle de se convaincre. Pourtant, les tremblements dus au manque, les nausées et la fatigue, tout semblait lui rappeler ce besoin physiologique. Elle en avait besoin, pour oublier, pour ne plus penser. Les flashs qui apparaissaient et disparaissaient de son esprit la rendaient folles. Elle devenait folle.
25 avril Vingt-cinq ? Ou est-ce vingt-six. Le nombre de jour d’enfermement. Recroquevillée dans son coin de cachot, elle était en sueur, tremblait et pleurait. Oui, elle pleurait. Ses émotions revenaient peu à peu et elle n’avait plus rien pour s’y soustraire. Elle avait mal, partout, comme des courbatures, comme si elle était malade. Mais elle ne l’était pas. « Est-ce que tu peux prendre ma ronde ? » avait-elle soufflé à l’oreille de Lavande avant de fuir vers les sous-sols. Dormir. Dormir. Oublier. Son cerveau tournait à plein régime mais son esprit était ailleurs. Elle voulait mourir pour ne plus ressentir la douleur. Tels des coups de poignard qu’on lui assenait avec sa propre arme, tels des marteaux qui frappaient sur son crâne à chaque fois qu’elle voulait bouger. Il fallait que ça s’arrête. Ses mains arrachaient ses cheveux, son corps tout entier était en sueur, mais elle avait froid, terriblement froid. « Taisez-vous ! » disait-elle au vide. « Laissez-moi ! » soufflait-elle désespérément. « Je veux mourir. » La fatigue l’emporterait.
26 avril Elle se réveille. Un œil, puis l’autre. Elle rêve. Non, elle hallucine. Des chaînes sont à ses poignets, des barreaux autour d’elle. Alecto assise à son bureau lui lance un regard qui veut tout dire. Elle allait y avoir droit, aux tortures, à la douleur. Y penser lui faisait déjà suffisamment mal. Elle croise ses bras sur la poitrine en espérant se protéger. Elle voulait se défendre. Elle se défendrait … Et puis elle se frotte les yeux, il n’y a plus que l’image floue des grandes tables, des chaînes et de la chaise de torture des Carrow. Elle est à Poudlard. Elle est en sécurité. Elle se redresse, se recroqueville un peu plus dans le coin et observe. Ils ne lui feraient plus de mal. Plus jamais. Sa main se porta à son épaule, là où les reliques de magie noire aux sceaux des Carrow lui rappelaient tout ce qu’elle avait subi … Tout ce qu’elle ne pouvait pas oublier …
17 mai Un mois et demi qu’ils étaient enfermés à Poudlard. Des bruits couraient qu’ils avaient enfin trouvé la solution, qu’ils étaient enfin libres. Emily n’en savait pas plus, mais au fond, cela lui importait peu. Elle avait la tête en vrac, se sentait fatiguée et le moindre effort la faisait grimacer. Elle ne s’était jamais sentie aussi faible. Pourtant, le vent avait tourné. Mourir n’était plus une option. Elle vivait pour un seul et unique objectif : sortir de cette guerre pour retrouver son frère. Alors elle travaillait, s’exerçait, prenait place dans ce nouveau camp pour se l’approprier. Elle restait encore à l’écart, encore plus qu’avant, mais certaines personnes ne pouvaient rester loin d’elle bien longtemps sans qu’elle ne ressente un vide, une absence. Elle avait besoin de Sansa, Ginny et Lavande, elle avait besoin de se sentir aimée et soutenue. Mais elle avait aussi besoin d’espace. Certains le comprenaient, d’autres non. Ce paradoxe l’avait exclue de certains regroupements, mais au moins, elle ne se sentait pas observée ou jugée. Personne ne lui posait de questions. Elle avait pris l’habitude de faire ses rondes de surveillance à des moments où elle ne croiserait personne. Elle s’arrangeait toujours pour s’attribuer une zone reculée où elle pourrait travailler en silence sans être dérangée. Ces instants, elle les passait à puiser dans sa mémoire afin d’y retrouver l’aisance qu’elle avait avec sa baguette. Elle lançait des sortilèges dans le vide, s’exerçait et tentait de faire évoluer ses connaissances. Peu à peu, les bases étaient revenues, et elle prenait de plus en plus d’assurance à effectuer ses rondes. Elle se sentait utile, nécessaire, elle avait trouvé sa place … « Hey, t’es au courant ? Ils l’ont annoncé au dîner, si on veut, on peut sortir. Il faut juste avoir la permission … » Emily voulait sortir, mais elle n’avait rien à faire dehors, alors elle ne répondit pas, à quoi bon … Elle resterait ici tant qu’ils auraient besoin d’elle, et si un jour, quelqu’un voulait d’elle dehors, elle sortirait ; parce qu’elle était ainsi, elle vivait pour les autres … « Tu peux rentrer tu sais ? C’est l’heure de la relève. » Elle hocha la tête. Elle n’était pas fatiguée, n’avait pas envie de rentrer. Cela dit, elle n’avait pas non plus envie de rester ici accompagnée d’une pipelette, alors elle tenta. « Tu peux aller te coucher si tu veux, je peux continuer pour aujourd’hui. Je suis bien là. » L’autre posa la main sur son épaule. Emily recula doucement pour ne pas la froisser, elle ne supportait pas qu’on la touche. « Si tu veux rester, je vais te tenir compagnie, tu ne devrais pas rester seule. » Exactement la réponse qu’elle ne voulait pas entendre. Elle força un sourire. « Non mais tu dois avoir raison, je vais me coucher, il vaut mieux … Bon courage ! » Elle était déjà à plusieurs mètres lorsque la fille lui répondit, cependant elle n’écoutait plus. Elle s’éloignait, retournait dans son abri, dans son cachot. C’était sa maison.
22 mai Tout le monde était rassemblé dans la Grande Salle. Emily se tenait en retrait du groupe, écoutant avec attention tout ce qu’il s’organisait. Demain, le professeur McGonagall pourrait enfin trouver la paix loin de ce monde sordide qui l’avait laissée tomber. Anciens et nouveaux élèves, tous les volontaires étaient présents pour transformer ce jour en un hommage mémorable. Après que les tâches à réaliser eurent été définies, les gens avaient commencé à se regrouper autour d’un objectif. Peu à peu, elle avait regardé la salle se vider et les actions commencer. Mais elle, où se plaçait-elle ? Ancienne de l’AD, amie de la plupart des personnes de ce noyau central, elle aurait dû s’associer au rassemblement qui devait s’occuper du corps de McGonagall. Pourtant une part d’elle refusait de perturber l’équilibre qu’il existait dans leur groupe. L’ancienne Emily n’aurait sans doute pas hésité, mais la nouvelle avait la sensation que réintégrer ce groupe serait voler la place d’une fille qu’elle n’était plus. Alors elle avait décidé d’aider à la collecte des souvenirs, parce que cette femme qui avait tant donné à ses élèves le méritait, parce qu’elle n’avait pas la force de faire plus.
Déambulant dans les couloirs, elle tenait dans ses mains des petites fioles qu’elle donnait à qui le voulait afin qu’ils partagent avec les autres, leur plus beau souvenir du professeur de métamorphose. Parfois, elle s’arrêtait et tapotait l’épaule de ses camarades en tentant de les réconforter. A chaque instant, elle retenait sa respiration et contractait sa gorge pour ne pas fondre en larmes elle aussi. Doucement, ses pas l’avaient menée jusqu’à la chambre dans laquelle reposait McGonagall. Elle voulait la voir, une dernière fois, lui dire à quel point elle était désolée pour ce qui lui était arrivé, lui dire tout l’amour et l’admiration qu’elle avait toujours eus pour elle. Arrivant devant la porte pourtant, elle n’avait pas pu entrer à l’intérieur. Marie, cette jeune française qui lui rappelait tant l’une de ses anciennes amies bloquait le passage. Elle semblait perdue, dépaysée. Emily interpréta cette réaction comme une réponse naturelle à ce qui se préparait. Aussi, Marie se sentait-elle peut-être un peu exclue de ces préparatifs … Pas tout à fait à sa place … Face à ce désarroi et cette détresse, elle remit son recueillement à plus tard et prit délicatement dans sa main les doigts fins et fragiles de la française. « Viens, on va continuer la récolte des souvenirs … ça nous occupera et nous fera penser à autre chose. » Pressant tendrement la main de l’insurgée, Emily l’emmena dans les couloirs à la rencontre des autres. Se mêler aux autres, elle n’aimait plus … Mais pour le professeur McGonagall, elle ferait tout … Comme cette dernière avait toujours tout fait pour elle.
« Quel est ton plus beau souvenir avec elle ? » Elle leva la tête de l’alignement de fioles qu’elle était en train de former et fixa Marie quelques instants sans savoir quoi répondre. Quel était son plus beau souvenir avec elle ? Un souvenir. N’importe lequel qui avait un tant soit peu d’intérêt. Un seul qui ne faisait pas d’elle un monstre et qui mettait en valeur les qualités qu’avait toujours eu McGonagall.
« Callaghan, Emily ! » Elle tremblait de peur, incapable de détacher son regard du Choixpeau magique. Elle tressaillit quand le professeur McGonagall posa l’objet sur sa tête. « Gryffondor ! » C’est tout ce qu’elle entendit. Elle tourna la tête vers la directrice de la maison comme si elle lui demandait la permission et contre toute attente, elle crut percevoir un petit sourire sur ses lèvres, elle que tout le monde disait rigide et froide. Elle pouvait y aller sereine. Ses jambes la portèrent jusqu’à la table des braves et elle s’assit pour attendre la fin de la répartition. Elle avait trouvé sa seconde famille … + « Miss Callaghan, n’en avez-vous pas assez de faire perdre des points à votre maison ? J’ai entendu dire que le professeur Rogue avait été très déçu par votre comportement avec l’un de vos camarades de Serpentard. A ce rythme, vous arriverez à mener Gryffondor jusqu’à un score négatif. Tenez-vous donc droite et transformez-moi cet animal en verre à pied plutôt que de bavarder. » Elle avait baissé les yeux vers sa table en bois pour s’empêcher de répliquer. Elle avait déjà fait assez de bêtises pour la journée et savait qu’Aidan ne serait pas content s’il l’apprenait alors elle se tassa sur sa chaise. « Oui professeur McGonagall. Excusez-moi. » + « Furoncle, Bubobulb et Géranium Dentu … Je commence à me dire que la magie ne vous aime pas miss Callaghan. Allez donc à l’infirmerie ! Je n’aimerai pas que vous attrapiez une infection ! Votre voix cristalline manquerait à mes cours ! » Le professeur McGonagall se moquait d’elle ou était-elle sérieuse ? Emily préféra se dire qu’on lui faisait un compliment. Elle se leva de sa chaise, attrapa ses affaires et sortit de la salle de métamorphose sur la pointe des pieds. Elle avait peut-être raison McGonagall, peut-être que la magie ne l’aimait pas. + « Auror. Je veux devenir auror. » Le regard de sa directrice de maison était dur tout en laissant transparaître une pointe de perplexité. « Êtes-vous vraiment sûre que ce métier soit fait pour vous ? Vous semblez être un aimant à problèmes. » Bien droite sur sa chaise, les mains sur les genoux, elle maintint le regard du professeur avec beaucoup d’obstination. « Oui j’en suis sûre ! » Un petit rictus apparut sur les lèvres de McGonagall. On l’aurait fait remarquer, elle aurait démenti, mais Emily, elle, savait remarquer les petits détails et elle était convaincue que son professeur de métamorphose avait souri. Ces sourires constituaient toujours une petite victoire pour elle. « Dans ce cas, je pense que vos résultats sont suffisamment bons pour que vous poursuiviez dans cette voie. Continuez à vous battre pour ça. Il faut toujours se battre pour ses rêves. » + Elle n’aurait jamais cru un jour se retrouver dans les bras du professeur McGonagall pourtant, elle y était à présent et ses larmes n’arrivaient pas à se sécher. Les gouttes d’eau commençaient à forcer une tâche sur la robe émeraude de la directrice de Gryffondor mais elle ne disait rien, trop affectée par le mal qui touchait la jeune Callaghan en ce jour. « Vous ne serez jamais seule, jeune demoiselle. Poudlard sera toujours votre maison, et il vous protégera toujours. Je m’en assurerai, vous verrez. Votre seconde famille est grande et vous arriverez à remonter la pente. Parce que vous êtes forte. » Versant une petite larme, elle renifla bruyamment. « Il y a tant de souvenirs, que je ne saurais choisir. Elle a toujours été là pour moi, pour tout le monde. Lorsque j’étais la pire élève au monde, lorsque je rêvais de l’impossible, lorsque j’ai perdu ma famille … Il n’y a pas de plus beau … Il n’y a qu’une belle personne qui se dévouait pour les autres, qui a donné sa vie pour les autres. J’aimerais être aussi forte qu’elle l’était … » Elle posa une autre petite fiole à côté des autres et soupira. J’aimerais qu’elle soit encore là.
23 mai Assise dans un coin de la pièce qui servait de dortoirs aux Audacieux, Emily n’avait pas réussi à fermer l’œil de la nuit. Après tous les préparatifs pour la cérémonie d’hommage au professeur McGonagall, elle avait décidé qu’il était temps pour elle de se faire une place parmi les siens. Elle était allée chercher ses affaires dans son petit cachot et s’était installée dans leur zone d’habitations. S’allongeant à même le sol, elle avait forcé ses paupières à s’éteindre sur son regard rougi de fatigue. Cependant, après de nombreux essais, elle fut forcée d’admettre que malgré l’asthénie dans laquelle elle se trouvait, le sommeil ne viendrait pas, quoi qu’elle fasse. Elle avait alors sorti de son sac le morceau de parchemin magique que lui avait fourni les frères Weasley afin de réaliser les cartes qui devaient leur servir lors de leurs missions extérieures, dans les lieux que les insurgés visitaient souvent pour trouver du ravitaillement ou récupérer des sympathisants. Mais depuis qu’ils étaient à Poudlard, son travail était devenu quasiment inutile. Harry gardait toujours soigneusement la Carte du Maraudeur et la plupart des habitants actuels du château étaient des anciens élèves alors ils n’avaient pas besoin de plan pour s’y retrouver. Du coup, elle avait gardé les deux parchemins qu’il lui restait et avait commencé à redessiner les contours du château. Lors de ses rondes, elle observait avec minutie les limites de cette forteresse et les dépeignait du mieux qu’elle le pouvait. Les lieux avaient quelque peu changé en leur absence. Le château avait été détruit et reconstruit après la bataille de Poudlard, quelques passages secrets n’étaient plus accessibles alors que d’autres avaient été ouverts … Tout du moins, c’est ce qu’elle avait entendu dire. Curieuse, elle aurait bien voulu se faire sa propre idée des lieux, mais n’avait pas encore trouvé le temps de s’y consacrer. Alors elle avait passé la nuit à préciser les traits qu’elle avait déjà tracé, s’imaginant à l’extérieur de ces limites. Elle aurait pu profiter du calme de cette nuit pour se promener dans les couloirs, mais sa morosité l’en dissuada. Ainsi, lorsque le dortoir se réveilla, elle fit mine d’être l’une des premières à se lever. Elle quitta l’espace exigu qui lui servait de lit et alla se préparer. Cette journée était à la fois un début et une fin … Mais surtout, un début …
Aux côtés de quelques amies, Emily s’était postée à l’entrée de la Salle sur demande pour récupérer les petites fioles de souvenirs qu’elle avait distribuées la veille. Les posant soigneusement sur la table, elle échangeait ces mémoires contre un tartan avec lequel tous les participants étaient invités à recouvrir leur miroir. Emily avait déjà entouré le sien de ce morceau de tissu et vérifiait parfois qu’aucun bout de son miroir ne dépassait. Elle qui avait toujours tout fait n’importe comment et avait toujours été réprimandée par le professeur McGonagall voulait, pour une fois – la dernière – faire les choses correctement. Nerveuse et triste, elle passait parfois la main dans ses cheveux noués en chignon, afin de jouer avec le ruban émeraude bordé de rouge et or qu’elle avait attaché autour en l’honneur de son professeur préféré. Peu à peu, la salle fut complètement remplie et bien que la taille fût adaptable, Emily comprit que la cérémonie n’allait pas tarder à commencer. Vérifiant pour la énième fois son miroir, elle prit l’initiative de jeter un dernier coup d’œil dans les couloirs pour vérifier que personne n’arrivait et se posta à côté de Marie. L’hommage commençait, Minerva McGonagall pourrait bientôt reposer en paix. Après toutes les horreurs qu’elle avait vues, elle méritait de rentrer chez elle. Des baguettes s’élevèrent pour soulever le corps de l’ancienne directrice adjointe, directrice de Gryffondor, professeur de métamorphose … Elle était tout ça, mais elle était bien plus, elle était une Grande Dame, une mère pour tous ces élèves, une femme qui ne méritait pas ce qui lui était arrivé, une personne qu’Emily n’oublierait jamais … Les armures se murent dans des cliquetis familiers et sa main droite attrapa instinctivement celle de Marie qu’elle invita à s’approcher du groupe. Une façon de lui dire qu’elles étaient là ensemble, qu’elles étaient là avec les autres et que leur union autour de cet événement, aussi triste pouvait-il être, ne serait que le début de grandes victoires face à l’horreur de la vie. Parce qu’aujourd’hui, une Grande Dame s’effaçait, mais elle livrait à chacune des âmes présentes autour d’elle une part de sa bonté et de sa gentillesse, une part de sa force et de son caractère … Ils sortiraient enrichis de ce jour. Elle sent un bras s’accrocher au sien. Ses yeux se tournent vers Lavande qui venait de la rejoindre. Elles arboraient toutes les deux ce même regard triste, mais entourée de Marie et Lavande, elle se sentait plus forte. Les baguettes se soulevèrent lentement et une voix s’éleva. « For auld lang syne, my dear » Elle répondit dans un murmure « For auld lang syne » et ses yeux se voilèrent doucement d’un film brillant de larmes. Parce que vous êtes forte. Elle pleurerait, parce qu’elle devait pleurer, mais demain elle serait forte, parce que le professeur McGonagall lui avait dit de l’être, parce qu’elle lui devait bien ça …
Les autres rejoignaient lentement le passage qui avait été ouvert depuis la Salle sur Demande jusqu’au parc. Emily, elle, resta parmi les filles qui avaient préparé les souvenirs pour l’hommage. Les rassemblant soigneusement dans un panier, elles emportèrent ensemble toutes ces fioles ainsi que la Pensine jusqu’au lieu de recueillement. Puis, fiole après fiole, les souvenirs furent versés et les images affichées dans un voile de fumée afin qu’elles puissent être partagées à tous. La jeune irlandaise agissait machinalement, ouvrant les fioles, versant le contenu dans la Pensine et tournant son regard vers les souvenirs qui semblaient si réels. L’apathie l’avait emportée, durant ces quelques instants, et lorsque le dernier souvenir s’effaça et que la baguette fut mise sous terre, elle réalisa qu’elle avait enfin une raison de pleurer et qu’elle y avait droit. Les élèves quittèrent les uns après les autres le parc, Emily, elle, s’éloigna un peu.
Un mélange d’émotions la parcourait, et parmi eux, se détachaient la mélancolie et la tristesse. Vous ne serez jamais seule, jeune demoiselle. Ces paroles se répétaient encore et encore dans son crâne. Elle avait raison. Emily ne sera jamais vraiment seule, parce que chacune des personnes qu’elle aimait et qui l’avait quittée, chacune des personnes qui vivaient encore autour d’elle et pour elle, chacune des personnes qui n’attendaient qu’une chose pour l’aimer, eux, ils seraient toujours là … Dans son cœur. Elle plaqua son poing contre sa poitrine et prit de profondes inspirations. Se laissant tomber au bord du Lac Noir, elle se mit à sangloter. Les minutes passèrent et les larmes coulaient toujours à flot le long de ses joues. Sa famille était là et le resterait à jamais … Elle devait simplement les laisser vivre à l’intérieur d’elle. De ses mains tremblantes, elle dénoua le ruban qui ornait ses cheveux. Le posant délicatement sur ses genoux, elle l’observa avec douceur et reconnaissance. Puis de sa baguette, elle fit léviter l’objet et le déposa au milieu du lac. « Merci pour tout professeur … For auld lang syne. » |
| | | | MINI-EVENT 8 ⊹ AULD LANG SYNE | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
|
|
|