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sujet; MINI-EVENT 9 ⊹ wrong place, wrong time |
FONDA • tomorrow's a mystery Oblivion | Mini Event Ste-Mangouste wrong place, wrong time DIMANCHE 22 MAI 2003 « Falco, tout est en place ? » « Vue dégagée sur Face de Serpent. Prêts à passer à l’action. » Ils étaient invisibles, inaudibles, tapissant le toit de maléfices destructeurs sous couvert de sortilèges de Désillusion qui assuraient leur discrétion. Les traits défigurés par la haine ou arborant des sourires goguenards, satisfaits du carnage à venir, les Belliqueux éparpillés sur leur perchoir se tapirent contre les briques inégales, attendant un signal qui ne tarderait plus. ___________________________ L’ultime monstruosité issue des esprits cruels œuvrant pour le gouvernement ouvrait aujourd’hui ses portes au grand public. Du haut de l’estrade dominant l’imposant hall d'accueil flambant neuf que la communauté sorcière avait été conviée à découvrir, le Magister achevait son discours d’introduction, à l’occasion de l’inauguration de l’aile spécialisée en Médicomagie Alternative. Son regard rubis se tourna vers Oswald Bonham, directeur de l’hôpital sorcier fondé par son ancêtre, Mangouste. L'homme dodelinait sur place en frisant du bout des doigts les extrémités de sa moustache, attendant frénétiquement son tour de parole, et d’un ample mouvement de bras, le Mage Noir lui céda l’estrade avant de rejoindre sa place d’honneur, escorté par deux membres de la Brigade de la Police Magique. Bonham rajusta son chapeau, se raclant grossièrement la gorge avant de prendre la parole à son tour, sa voix extatique amplifiée par un Sonorus : « Sorciers, sorcières ! A l’occasion de l’ouverture de la nouvelle aile de l’hôpital, nous sommes ravis de vous présenter les innovations médicomagiques sur lesquelles un groupe de médi-expérimages chevronnés a travaillé d’arrache-pied des mois durant. » Il s’accorda une brève pause, s'assurant d'avoir capté l’attention de son auditoire avant de se lancer dans de plus amples explications. « Nous connaissons tous les affinités des Vélanes avec la guérison par apposition des mains – c'est sur ce don que notre équipe a concentré ses recherches, afin de trouver un remède aux maladies diagnostiquées à un stade trop avancé, sans possibilité de guérison. Et puisqu'une image vaut mille mots, je vous propose de constater vous-même le potentiel de ce nouveau traitement à travers une démonstration. » Un quinquagénaire à l'aspect maladif, cloîtré dans un fauteuil flottant, avait été installé sur l'estrade et avec lui, une Vélane dont le regard vitreux et les gestes mécaniques reflétaient l' Imperium auquel elle s'était vue soumise. Face à eux, le public sembla retenir son souffle. « Très chère, gratifiez notre patient-témoin de vos remarquables capacités », offrit-il avec une cordialité trompeuse - la Vélane ne résista pas à l'ordre, instaurant un contact sous force de massage ; mouvements précis et efficaces qui tirèrent au patient un râle de soulagement. Au départ, seuls ses gestes semblèrent importer ; mais l'échange magique en cours devint rapidement évident, alors que le teint éclatant de la Créature virait progressivement au gris et que ses traits hagards laissaient filtrer la douleur qui entamait de lui ronger les membres. A ses côtés, Bonham poursuivait son palabre sans la moindre inquiétude pour elle. « Comme vous le constatez », marmonna-t-il pensivement en joignant ses mains dans son dos, se tournant vers les deux protagonistes ; la superbe créature ne cessait de faner, blêmissant et tremblant sous les centaines de regards qui demeuraient rivés sur elle. « la magie de notre malade se nourrit de celle de la Créature afin de se régénérer. Plus le patient absorbe la force vitale de la Vélane, mieux il se porte- » A peine eut-il achevé le constat que la sacrifiée s'écroula dans un entremêlement de membres et de mèches immaculées. Une infirmière, visiblement rodée à l'exercice, s'empressa de transporter le corps inerte hors de l'estrade et le Directeur émit de nouveau ce son grotesque, raclement de gorge déplaisant. « Il est, bien sûr, question d'une maladie grave, mortelle. Les pertes sont donc inévitables. Ce n'est toutefois que la première étape. Une fois celle-ci achevée notre quinquagénaire sera en grande partie soulagé de ses douleurs, mais pas complètement guéri. Il se verra ensuite prescrire un traitement sur plusieurs mois : une potion à base de cheveux et de sang de Vélane combinés à des plantes curatives, dont le dosage est fixé selon la gravité de son état (...) » Imperturbable, Bonham continuait de parler sans relâche, désignant le patient semblait à présent en bien meilleure forme, ventant les mérites des stades suivantes... Lorsque brusquement, sans crier gare, sans prévenir cette foule captivée par le spectacle se déroulant devant ses yeux ébaubis, le bâtiment s’effondra dans un fracas monstrueux. Déjà, des débris écrasaient les personnes présentes dans la salle, tuant et blessant civils et organisateurs, tous coincés comme des rats de laboratoire dans les décombres, tous inhalant des vapeurs toxiques émanant des gravats. Dans les cris, dans la confusion, dans le brouhaha de l’humanité trébuchant sur elle-même, il n’y avait plus que destruction et peur, plus qu’une singulière odeur de mort prenant à la gorge ceux qui cherchaient à s’extirper de ce cloaque.
Dernière édition par Oblivion le Dim 22 Mai 2016 - 4:55, édité 5 fois |
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FONDA • tomorrow's a mystery Oblivion | Mini Event 9 explications & organisation Ci-dessous se trouve un petit récapitulatif des événements afin de vous y retrouver et de savoir quoi poster à la suite du message. Le mini-event se jouera uniquement en un tour chacun. ► Contexte
Vos personnages se sont rendus à la cérémonie d'inauguration de la nouvelle aile de soins de Sainte Mangouste. Plusieurs semaines en arrière, on avait annoncé, dans les journaux, que la médicomagie était alternative mais révolutionnaire. De nombreuses rumeurs ont couru pendant plusieurs semaines sur le sujet ; et nombreux sont les curieux à s'être rendu à la cérémonie pour cette unique raison. Au programme des réjouissances, on trouvait ; ☇ Cérémonie d'ouverture, discours du Magister (ouvert à tous)☇ Démonstrations publiques (ouvert à tous)☇ Séance de questions-réponses et tables rondes avec journalistes et médicomages/guérisseurs (ouvert à tous)☇ Concert des Rotten Apple (ouvert à tous)☇ Gala de charité, dîner de bienfaisance (sur invitation)Malheureusement, le programme a été interrompu par une série d'explosions qui ont provoqué l' effondrement du bâtiment , mais aussi la libération de substances toxiques , l'éboulement et les explosions ayant aussi touché les laboratoires. Aussitôt après la stabilisation de la situation, des secours sont intervenus, notamment les personnels médicomagiques et de sécurité travaillant dans les autres ailes de l'hôpital - et ceux en repos. Cependant, l'évacuation étant priorisée pour certains sorciers (notamment sorciers fragiles, enfants, femmes enceintes) afin de les éloigner au plus vite de la zone à risque, d'autres blessés ont passé de plusieurs heures à plusieurs jours dans les décombres , coincés, blessés et obligés s'entraider pour survivre. Vous pouvez poster à la suite ce qui est arrivé à votre personnage, son ressenti et ses blessures, comment il a été secouru ou s'il a aidé d'autres personnages. Ce moment pourra ensuite être ajouté à vos chronologies. |
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C'est arrivé en une seconde. Pas plus. Pas moins. Il se tenait en retrait. Derrière un groupe de chercheurs du niveau 9 qui commentaient sans vergogne l'air fat et auto-satisfait de ces incapables de Sainte Mangouste, trop heureux de montrer leur nouveau jouet et leurs nouvelles petites découvertes quand eux s'esquintaient sur des problèmes autrement plus sombres dans les caves du ministère. Il n'avait pas apporté sa pierre à l'édifice bancal de cette conversation inintéressante. C'était certes une médecine...révolutionnaire. Nouvelle. Incroyable. Trop coûteuses cependant, et bien trop rudimentaire. Mais la science ferait son chemin elle le faisait toujours. Il n'avait regardé que d'un oeil distrait la démonstration d'expérience, trop occupé à en corriger les défauts intérieurement et à se demander quand il pourrait sortir afin de reprendre son travail, puis c'était arrivé.
Ca avait sauté. Tout, tout avait volé en éclat dans un concert de verre brisé, de béton défoncé, la poussière envahissant les moindres recoins du bâtiment, des gaz à l'odeur âcre et menaçante rampant sur chaque centimètre carré du sol. Ce dernier avait tremblé. Et puis plus rien. Juste le noir.
Il a repris connaissance depuis...plusieurs heures. Il a cessé de compter au bout de la neuvième. Maintenant, il économise ses respirations, méthodiquement. Une inspiration...la poussière mêlée d'émanations toxiques lui entre dans la gorge, lui brûle la trachée. Une expiration...et une quinte de toux lui fait cracher un mélange de débris plâtreux et de sang. Il le sent couler. Il ne peut pas bouger. Une poutre métallique est plaquée contre son torse, ses côtes brisées lui interdisent même le plus petit geste et une de ses jambes le lance. Mais le pire c'est le côté gauche de son visage. Il sent qu'il ne voit plus. Et ça le brûle plus férocement que de l'acide. Il sait, alors même que personne ne l'a examiné, que quelque chose s'est fiché dans son oeil. Un éclat de pierre. Un éclat de métal. Et il sait qu'il l'a perdu, cet oeil, tout comme il sait que sans les secours, il s'infectera vite et deviendra purulent, le laissant lentement mourir d'une infection et de la perte de sang dans cet endroit exigu ou même une tentative de secourisme pourrait l'écraser plus encore sous la poutre et lui broyer les os.
Inspirer. Expirer. Tousser. Recommencer.
Il ne peut pas appeler à l'aide, les gazs lui ont brulé la gorge et il redoute de s'étouffer dans son sang, s'il sollicite trop des chairs déchirées et irritées. Alors il se tait, et il attends, serrant les dents pour ne pas hurler alors que ce qui doit être un reste d'oeil continue de le torturer sans relâche.
Le temps s'écoule. Lentement. Et soudain un rayon de lumière le frappe.
"Il y en a un là dessous!" "sortez le de là!"
Il ne suit pas ce qui se passe, malgré son sens de l'attention d'ordinaire acéré. Il écoute juste ce qu'il peut suivre. Il comprend juste ce qu'il peut saisir dans leur anglais plus rapide et maché que jamais, alors qu'on l'allonge sur une civière.
"Merlin tout puissant...il faut retirer cet éclat. "A quelle profondeur est-il enfoncé?" "Dur à dire. Il va falloir faire ça prudemment." "On opère tout de suite." "Reste du corps" "Côtes brisées, fracture ouverte du bras et du poignet gauches, plaies, contusions...la gorge est atteinte. Les cordes vocales ont l'air presque intactes mais la peau est brûlée." "Endormez le, on lance les procédures maintenant"
Il se sent partir. Il veut leur dire de le lâcher, et que s'ils l'opèrent comme ils procèdent avec leurs vélanes et leurs....lutins, ils préfère encore retourner sous ces pierres. Mais les mots s'emmellent, ses pensées aussi et le noir se fait.
"...dormez...le..."
"...dormez..."
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| Le discours tirait un peu en longueur : Eithne bailla à s’en décrocher la mâchoire, sans se soucier des regards en coin que ses voisins lui adressaient. S’ils avaient quelque chose à dire, qu’ils le disent, elle saurait les remettre à leur place. Par Lug… elle se souvenait d’un temps où la voix de Tom était plus agréable à entendre, même s’il débitait le même genre de débilité. Il avait été aussi plus agréable à regarder… Elle eut un très très léger sourire en repensant à un évènement de leur sixième année. Elle toussota, ce n’était pas le moment de penser à ça. Et alors qu’elle menaçait très franchement de s’endormir, Tom appelez-moi-Magister Jedusor passa la parole au Directeur de l’hôpital. Bien, espérons que la rhétorique de ce dernier soit plus inspirée… « Sorciers, sorcières ! A l’occasion de l’ouverture de la nouvelle aile de l’hôpital, nous sommes ravis de vous présenter les innovations médicomagiques sur lesquelles un groupe de médi-expérimages chevronnés a travaillé d’arrache-pied des mois durant. » Bien, visiblement Lug n’avait pas décidé de la seconder aujourd’hui et s’était évertué à arracher l’âme de tous les prestataires de cette journée ; le pauvre homme — Bonham ? c’était ça ? avait beau mettre toutes les formes du monde dans son blabla, il n’en restait pas moins ennuyeux comme une mort cérébrale. Elle se retourna pour admirer la foule derrière elle, à la recherche peut être d’une âme qu’elle connaissait et surtout avec qui il aurait pu être intéressant de parler mais rien… Tout comme les paroles du directeur le hall était remplie de personne, peut être gentille mais toutes ennuyeuses. Et dire qu’elle avait donné de l’argent pour ça ! Elle se remit en place en levant les yeux au ciel. Comme pour rompre la monotonie qui risquait de la faire sombrer dans une éternelle léthargie, le brave Oswald décida de faire une petite démonstration de sa nouvelle forme de médecine en faisant rappliquer un homme qui était encore dans la force de l’âge mais qui paradoxalement semblait prêt à expirer son ultime souffle et une Vélane. Guère besoin d’être dans une quelconque confidence ou bien d’être un génie de la magie pour comprendre que si cette dernière avait eu le moindre choix elle ne se serait pas trouvé. Et alors qu’Oswald baratinait comme un vendeur de tapis, toute l’assemblée pouvait assister au sacrifice de la Vélane. « Mais qu’est-ce que ?... » Cette fois un homme devant elle se tourna pour lui lancer un regard un peu plus appuyé, ce qui lui fit se souvenir que oui, mieux valait se la fermer. De toute manière, si elle parlait elle serait bien la seule. Toute Eithne qu’elle était contre une masse de mouton et contre un Tom en forme ce n’était pas un pari gagnant. Et surtout elle ne pouvait pas penser qu’à elle dans cette histoire. Comme toujours elle devait se la fermer. Pour Ascleus, pour Ardal. Pour Lorcan ( ?) elle serra les lèvres dans un faux sourire acide et tandis que l’homme se retournait elle porta son poing à son cœur, comme si elle avait envie de se l’arracher. Elle ne pouvait pas regarder ça, la pauvre créature se vider pour aider un agonisant. À quoi bon ? Qu’on le laisse mourir le pauvre bougre enfin ! Pour ne pas avoir à soutenir le spectacle qui ne lui rappelait que trop à quel point cette époque pouvait violer la magie elle scruta une nouvelle fois la salle, son regard s’attachant aux visages qu’elle reconnaissait parmi les Mangemorts. Une belle petite brochette de ratés, voilà tout ce qu’il était. Elle n’était pas bien loin d’eux, en tant que donnatrice elle avait l’extrême honneur de se tenir assez prêt de l’estrade. Son regard vagabond glissa sur Lestrange le deuxième du nom, le beau père d’Eudoxie ; un crétin. Elle aperçut également Avery : un crétin lui aussi. Pas un pour rattraper l’autre. Puis ses yeux accrochèrent brièvement ceux de Rookwood. Elle se glaça un moment. Plissa les paupières. Hocha la tête sur la gauche en étirant ses lèvres dans un sourire faussement poli. Alors lui… c’était presque le meilleur de tous. Un gueux qui tentait de frayer avec les riches et de prendre leurs habitudes. Un mêlé qui prônait la suprématie des purs. Ça l’aurait fait rire s’il ne le dégoûtait pas autant. C’est ça Augustus mon petit, prend bien soin de garder ta tête droite et de parler correctement ; tu fais bien de t’appliquer à imiter l’aristocratie puisqu’elle ne voudra jamais complètement de toi. La certitude de mieux valoir que les autres, qui étaient innés chez bon nombre de Sangs Purs marqués présents ici ne l’était pas chez ce pauvre Rookwood issu d’une famille encore plus tarée que les plus consanguines d’Angleterre. À la loterie de la vie, il avait clairement tiré le jackpot du perdant. Son sourire s’agrandit. Elle ne comptait pas vraiment ciller, de toute manière qu’avait-elle de mieux à faire à part observer Rookwood ? Écouter les débilités de Bonham ? Admirer la ligne svelte et élancé du bien aimé Magister ? Ennuyer Lestrange en lui lançant des sourires en coin de façon à lui rappeler que elle avait pu assister au mariage d’Eudoxie et de son Lestrange de marmot ? Même si la tentation était grande, Augustus représentait une cible trop intéressante pour ses yeux clairs et ses pensées acerbes. N’était-il pas legilimens lui aussi ? Allez, viens voir ce que je pense de toi. Et c’est à ce moment exact, alors que cette pensée lui traversait l’esprit qu’elle entendit le craquement. L’explosion. Qu’en savait-elle ? Explosion ? Craquement ? Un véritable grondement. Elle leva les yeux, c’était le bâtiment, les murs… tout s’effondrait. Sa baguette était levée avant qu’elle n’ai même eu le temps d’y penser et d’un sort elle empêcha un immense morceau de plafond de s’écrouler sur elle ainsi que sur les personnes qui l’entouraient, évitant ainsi de finir en pancake. « Courez. Courez vers la sortie ! » hurla-t-elle aux personnes proches d’elle. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien recommander d’autre ? Autour d’eux, c’était une tempête de gravat et qui continuait de s’écrouler. Un deuxième morceau de plafond tomba en forçant sur celui qu’elle tenait déjà en équilibre. Le choc la fit trébucher et tomber à genoux. « Madame Ollivander… » « Mais par Lug partez ! Mettez vous à l’abri je ne vais pas tenir ça toute ma v- » une quinte de toux lui déchira la gorge. Visiblement avec l’écroulement des vapeurs s’étaient libérées. Elle plaça sa main libre sur sa bouche, ses jambes tremblaient. Finalement dans un dernier élan physique elle fit léviter les deux énormes morceaux de plafond un peu plus loin, là où le hall était déjà trop dévasté pour qu’un débris de plus ou de moins ne fasse grande différence. « Mada- kof kof Olliv- » elle entendit quelqu’un répéter son nom encore une fois, mais ne voyait plus cette personne. C’était un brouhaha incroyable, elle entendait les gens crier, des personnes pleurer, entendait des pas courir près d’elle et parfois s’arrêter lorsqu’un craquement retentissait. Des personnes étaient en train de mourir, là, autour d’elle ? Et elle ? « Garrick… » Était-ce comme ça qu’il était mort ? Entouré par le chaos et les cris ? Sans elle pour lui tenir la main. Elle sentit des larmes monter dans ses yeux. « Garrick. » Elle tomba sur le dos, près d’elle un autre morceau de bâtiment venait de chuter, emprisonnant plusieurs personnes sous son poids. Elle toussait encore plus, l’air lui brûlait la gorge. Elle baissa les yeux, vit un accroc sur sa robe. C’était une robe de cérémonie. Une belle robe. Une robe chère. Une robe qui valait plus que tout. Parce que c’était Garrick qui la lui avait offert. C’était la dernière qu’il lui avait acheté et c’était la dernière qu’elle portait lorsqu’elle avait partagé avec lui une dernière danse. Un onguent magique qu’elle avait mis au point et qu’elle avait appliqué sur le tissu avait permis de conserver l’odeur du disparu. Une odeur qui la consolait dans ce monde hostile à la beauté. Mais la chute lui avait fait faire un accroc à sa robe. Et les vapeurs étaient en train de dissimuler l’odeur de Garrick. Mais… pardon ? Pour qui se prenaient-ils tous ? Elle se redressa, vacillante sur ses talons, les jambes mal assurées après les différents chocs. Elle était Eithne Morrígan MacAnnadh Ollivander par Lug ! Et elle ne comptait pas se laisser ensevelir par les murs d’un bâtiment qu’elle avait financé ! La chance avait voulu qu’elle ne soit pas trop éloigné de l’estrade et donc de la sortie. Tout paraissait n’être qu’un champ de ruine, elle n’eut le temps de faire qu’un pas avant d’un gravat en équilibre précaire ne bascule de son coté. Ses réflexes de batteuse avait la vie dure et elle se glissa le plus possible sur le coté, de telle sorte à ce le bout de plafond la recouvre sans l’écraser. Bien, un sort de têtenbulle primaire plus tard elle avait la gorge à l’abri des substances toxiques. Doucement, avec la prudence la plus élémentaire elle fit léviter le débris qui la coinçait : il était lourd et cela demandait une force magique assez importante. Mais la baguette que lui avait fabriqué Garrick ne faiblissait pas devant la tâche, et elle non plus. Elle fit glisser lentement le morceau ; combien de temps cela lui prit ? Peut être une heure, peut être deux. Elle avait extrêmement chaud. Finalement elle put s’extriper. Sur place, il y avait des équipes de secours qui s’activaient. Une de ces personnes la vit : « Là bas, il y a quelqu’un. Vite c’est une vieille dame. » Eithne, toujours la tête coincée dans son sort de têtenbulle dut avoir une des expressions les plus comique au monde. Comme elle constata que les secouristes paraissaient bien respirer elle ôta le sort et put réprimander le sorcier quand il fut devant elle : « La vieille dame se porte très bien et vient de soulever un bloc de plusieurs centaines de kilos merci. » Une quinte de toux la secoua, elle n’aurait pas du parler, c’était idiot. « Madame, on va vous escorter dehors et prendre soin de vous. » « Occupez vous plutôt de ceux qui sont encore là-dessous. Je les ai vu se faire ensevelir c’était un vra- » nouvelle quinte de toux. « Madame, vous avez du vous cognez à la tête, vous avez une très grande blessure. Vous ne pouvez pas penser clair. Venez avec moi. » Elle tâta ses cheveux qui en effet paraissait poisseux sous ses doigts : est-ce que non content d’abîmer sa robe on lui avait détruit son brushing ? Elle écarta la main du secouriste et eut une moue de hargne, chose qui n’arrivait pas très souvent chez elle. « Occupez vous de tous les autres qui se sont fait écraser et qui ont plus besoin de votre aide que moi. Laissez moi gérer ma tête toute seule. » Elle regarda de nouveau autour d’elle, avec toutes ces pierres on aurait dit un cimetière. Son sang se glaça : et son fils ? était-il seulement présent ? Ardal ? Lorcan ? … Eudoxie ? Elle l’avait vu. Avec son nouvel époux. Et eux alors hein ? Par Lug que Tom crève mais eux… elle avait soizante quinze ans. Lui aussi, ils pouvaient bien crever. Mais des gosses. Même pas la trentaine. « Lug, par pitié, je ne te le demande pas souvent mais soit miséricordieux. Aies pitié d’eux. » « Pardon madame ? » Elle l’ignora. Partit d’elle-même pour s’éloigner de ce lieu morbide. Elle croisait d’autres rescapés qui comme elle n’avait pas eu à subir grand-chose. Elle fut vite évacuée. Mais une ombre restait planer au dessus d’elle. Un hôpital. Un hôpital et des civils. Il y avait des enfants. Qu’est-ce qui leur prenait à eux tous ? Elle jeta un coup d’œil à l’accroc de sa robe. Bien. On ne l’appelait pas la vieille dragonne pour rien. Et elle sentait que quelque chose de griffu en elle se réveillait. |
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| Quelle idée aussi lui avait pris de s’éloigner des autres, de partir un peu plus en avant dans la foule. Il avait simplement juger que rester près du Magister pendant la démonstration du directeur n’était guère utile, il avait sa propre garde. Il pouvait bien… marcher. Pas que le discours était chiant hein ? Quoique… Mais enfin Rabastan voulait juste… marcher un peu. Quelle idée ! Il était loin de tout, loin de ses collègues, loin de l’Élite et surtout très loin de la sortie lorsque le bâtiment décida de s’écrouler sur lui-même. tic tac, tic tac Il ne sait pas combien de temps s’est écoulé avant qu’il ne reprenne enfin conscience. tic tac, tic tac Il ne sait plus rien, son prénom, son âge, qui il est… boum boum, boum boum Juste son cœur qui bat. Sourd, contre sa poitrine. À lui briser les côtes. boum boum, boum boum Qui bat comme s’il voulait s’échapper. boum boum, boum boum Et de vieilles habitudes qui reviennent, encore plus vite que son identité : un deux trois, inspiration, quatre cinq six, expiration. Qui es-tu ? Je suis… Rabastan Lestrange. Rabastan Lestrange. Né le 1er novembre 1958. Mangemort. Directeur de la Justice Magique. Je suis Rabastan Lestrange. Je suis Rabastan Lestrange.Où il se trouvait était une toute autre question. Il ouvre les yeux, lentement et difficilement. Sa tête lui fait mal, si mal. Comme si un marteau lui avait arraché une partie de l’arrière de son crâne d’un coup sec. Mais il arrive à ouvrir ses paupières. Et ne voit rien. Aveugle ? Non pas aveugle. Un long moment d’accomodation et il aperçoit un mince filet de lumière, loin… trop loin. Mais c’est de la lumière et il la voit. Toujours voyant donc. Oui, c’était juste qu’il n’y avait plus rien à voir. Il était étendu sur le dos, sur quelque chose de dur et d’irrégulier, il sentait l’arrête de quelque chose s’enfoncer dans sa colonne vertébrale. Au dessus de sa tête, à quelques centimètres à peine un immense pan de mur menaçait de l’écraser et n’était retenu que par les gravats qui l’entouraient. Autour de lui, des débris. Trop proche de lui pour qu’il puisse rien faire. Il était prisonnier. Mais pourquoi ? De quoi ? Prisonnier ? Sa respiration s’accéléra soudain, se fit sifflante. Comment ça prisonnier ? Pourquoi ? POURQUOI ? Il ferma les yeux. Où était-il ? Non, il n’avait pas rêvé, il était bel et bien sorti n’est-ce pas ? Il s’en était sorti ? Il leva un bras et voulut déplacer le pan de mur qui l’enfermait aussi sûrement que le couvercle d’un cercueil. Aussi sûrement qu’une porte de cellule. Oh non, non, non… Je suis Rabastan Lestrange.Né le 1er novembre 1958. Mangemort. Directeur de la Justice Magique.Prisonnier qui n’était plus qu’un matricule en lieu et place de nom. Est-ce que tout ça avait été un rêve ? Un délire pour se réveiller maintenant, enfermé de nouveau ? Pour le restant de ses jours ? Avait-il rêvé sa liberté. Sa respiration se bloqua complètement, étendu sur le dos n’était pas la position idéale pour respirer convenablement. Il toussa, s’arracha la gorge, finalement récupéra un peu d’air. Mais un air sale, vicié. Un air qui brûlait son nez quand il inspirait, qui déchirait sa trachée, ses poumons et sa gorge quand il le recrachait, à bout de souffle. L’air d’Azkaban. Ça ne sent pas comme Azkaban.Non, c’était vrai, la prison puait le sel. Puait la mer. Puait le froid. Suintait le vent par toutes ses fissures. Et là, juste un air acide. Pas un air de mer de grand large. Un air pollué. Et ce n’est pas ta cellule ça. Il ne pouvait pas bouger. Alors qu’en général il se roulait toujours en boule quelque part. Contre un coin de mur. Est-ce qu’on l’aurait transféré ailleurs ? Dans un autre endroit. Oh bordel, est-ce que c’était pour aujourd’hui ? Ses deux mains levées il frappa de toutes ses forces contre la paroi qui le bloquait en hurlant. Bientôt la peau de ses jointures s’arrachèrent et du sang teinta le mur, glissa sur ses doigts. « Je vous en prie, je vous en prie. Par pitié laissez moi. » Il continuait de frapper, sans que rien ne bouge, le mur devait faire plusieurs centaines de kilos. Il continuait de frapper et de crier sans que rien ne lui réponde. Mais ses mains étaient habitués à cet exercice, il pouvait continuer longtemps. Il pouvait juste leur dire, leur expliquer, il serait calme, il ne hurlerait plus, ne pleurerait plus, ne supplierait plus après. Juste qu’on le laisse rentrer dans sa cellule et qu’on l’y laisse. Qu’on ne l’embrasse pas. Pas ça. Il ferait tout ce qu’on lui demande, n’importe quoi si on lui épargnait ça. Ils pourraient comprendre n’est-ce pas ? Il devait les persuader. BAM BAM BAM Il ne sentait plus ses phalanges maintenant. Il sentait juste sa tête. Sa jambe. Sa jambe ? Non, non il fallait qu’il sorte, pas qu’il se concentre sur sa jambe. BAM BAM BAM « Y… a quel- kof kof quelqu’un ? » Rabastan s’arrêta. Est-ce qu’il avait… halluciner ? Ce ne serait pas la première fois. Mais la voix se répéta, réelle : « S’il vous plaît j’ai p-kof kof peur. » C’était une voix d’enfant. Une voix de petite fille. Mais qu’est-ce qu’une petite fille faisait ?... à Azkaban ? « S’il vous plait ? Est-ce que vous êtes là ? » Attends voir… Attends voir.Il était Rabastan Lestrange. Né le 1er novembre 1958. Mangemort. Directeur de la Justice Magique. Et prisonnier. Prisonnier sous les décombres de St Mangouste. Suite à l’explosion. Ce qui signifiait… qu’il avait une baguette. Que sa baguette se trouvait quelque part, près de lui, dans sa poche, glissée à sa ceinture. Fatalement, nécessairement. Il ne sortait jamais sans elle bien évidemment. « S’il vous plait ? » La voix résonna encore, la petite ne devait pas être bien loin de lui. Mais il devait trouver sa baguette. Sa main se glissa à son coté gauche là où il la portait toujours. Où était-elle ? Elle aurait pu glisser… dans ce cas elle était sur le sol. « S’il vous p- » la voix se brisa en sanglot. Rabastan eut une grimace. Elle devait être si proche, il l’entendait comme si elle était couchée à coté de lui. « Hey… petite ? » murmura-t-il, doucement comme s’il avait peur de réveiller quelque chose. « Monsieur ? Monsieur je suis là ! Venez m’aidez je suis coincée ! » Elle le prenait pour un secouriste visiblement. Ça lui coûtait de lui dire la vérité. « Petite je suis désolé… je suis un peu coincé moi aussi. On va devoir attendre encore un peu. Tu viens de te réveiller ? » Étonnant comment les paroles coulaient fluidement. Il entendit les sanglots de la fillette reprendre : « Oh mais je veux sortir. J’ai peur, j’ai mal. » Oh merde, il avait bien besoin de ça : « Nan mais… il ne faut pas pleurer. Ils vont arriver. Tu- tu as mal où ? » « À la jambe. Et au coté. Je crois… je crois que je suis coincée. » « Est-ce que tu peux respirer correctement ? » C’était le plus urgent. « O-oui mais l’air est… il… » « Il brûle, oui. Mais on est un peu protégé. Tu vois ce gros mur au dessus de nous ? » Il l’entend renifler, puis murmurer doucement : « Oui je le vois. Il va nous écraser. » Il tente un petit rire, comme si elle venait de lui en dire une bien bonne : « Nous écraser ? mais non. C’est comme le toit de notre maison. C’est ce qui nous protège d’accord ? Il ne peut pas nous écraser. » Il y avait neuf chances sur dix pour que ce machin là les écrase, mais la petite n’avait pas besoin de le savoir n’est-ce pas ? Étrangement lui parler lui permettait de ne pas réfléchir à sa propre posture, à ses propres craintes. « Tu sais quoi petiote, je vais tenter d’attraper ma baguette et après je pourrais essayer de nous dégager d’accord ? » « D’accord. » Une fois qu’il aura mis la main sur son arme, il n’aura plus de soucis à se faire, ça lui prendra certes un peu de temps pour faire bien attention à ne pas pousser la masse sur eux, mais il avait confiance dans ses capacités pour réussir. Sa main continuait de tâtonner, il finit par mettre la main sur la manche, il tira doucement sa baguette à lui : « Et voilà petite, je l’ai. Ne pleure plus on va vite pouvoir… » Ce n’était pas pour se répéter mais la baguette de Rabastan Lestrange faisait 33.9 centimètres. C’était une longue baguette. Il avait l’habitude de l’avoir en main, de sentir son poids, sa longueur. Il fallait la manier avec précaution. Il savait tout ça. Et là il savait aussi qu’il n’avait pas 33.9 centimètres dans sa main. Une vingtaine tout au plus. Ce n’était pas sa baguette. Ou plutôt si. C’était un bout de sa baguette. L’autre morceau reposait un peu plus loin, le bois d’if sectionné en deux et le ventricule de dragon déchiré. « Oh Merlin je vous en prie… » murmura-t-il en touchant de son autre main l’extrémité brisée de son arme « Non, s’il vous plait, s’il vous plait. Lumos. » Il n’y eut aucun effet évidemment, pas même un crachotis de lumière. Il était là, coincé et sans magie. Prisonnier. Comme dans un tombeau. Prêt à crever. Parce que sans magie, il ne pouvait qu’attendre. Et est-ce que les secours allaient venir ? Il y avait peut être quoi, plusieurs centaines de personnes à sauver. Pourquoi serait-il parmis les heureux élus ? Qui savait où il était enterré ? Depuis combien de temps ? Si le mur ne finissait pas pas l’écraser il finirait par mourir asphyxié. Ou crever de soif, de faim… « Monsieur, vous avez votre baguette ? » Et puis la gamine. Merde, qu’est-ce qu’elle avait bien pu faire elle pour mériter ça ? Au moins il pouvait peut être l’empêcher d’angoisser. « Non je- je ne l’ai pas. Parce que… tu vois je m’en suis servi pour marquer l’endroit où nous sommes. Tu sais pour que les secours nous trouvent. Plus vite. Je viens de m’en souvenir. » « Mais… on ne peut plus sortir du coup ? » il sentait que sa voix redevenait tremblante, prête à pleurer. « Non mais les secours viendront plus vite, d’accord ? Ils vont vite arriver et puis ils pourront t’emmener dehors. N’ais pas peur, ils sont habitués. » « Ça… ça vous ai déjà arrivé ? » Encore une fois il essaya de rire, pour montrer que ce n’était pas une grosse affaire. « Oh, plein de fois. Ça peut arriver de temps en temps. Dans des nouveaux bâtiments. Mais ce n’est pas grave. On va attendre là, bien au chaud. Ils sont habitués. Ça va aller. » « C’était une explosion, quelqu’un a fait exploser l’hôpital. Pour nous tuer. » Elle avait l’air très déterminé. « Mais non petiote, qui voudrait te tuer toi ? Est-ce que tu as déjà fait du mal à quelqu’un ? » Elle prit le temps de réfléchir « Non… » « Bon, eh bien alors tu vois. Il n’y aucune raison pour que… » Il toussa, sa gorge le brûla de nouveau. Par mimétisme, la petite l’imita. Puis elle se mit à geindre : « Ma gorge, mon nez… j’ai mal. Ma jambe… » Elle devait être si proche de lui, si proche. Il tourna la tête sur le coté, il y avait plusieurs débris entassés là, mais une sorte de trou entre eux. En serrant les dents il déploya le maximum de sa force pour se tourner sur le coté et faire face au trou : « Petite, petite. Est-ce que tu es là ? » Il fit passer sa main dans le trou : « Dis moi, est-ce que tu peux voir ma main ? Est-ce que tu peux l’attraper ? » Il l’entend tousser, elle tousse longtemps. Ça l’inquiète. « Petite ? » « Oui… » finit-elle par répondre « Oui je la vois. » Et il sent soudain des doigts gelés serrer sa paume. Il resserre sa prise : par Merlin elle a trop froid. Elle toussa encore une fois, lui aussi. Ils étaient peut être protégé de certaines vapeurs ici, emmitouflés dans toutes cette pierre, mais c’était loin d’être l’idéal. « Petite, hey… dis-moi, comment tu t’appelles ? » « Clara. » Elle avait dit ça avec une tendresse et une habitude touchante, c’était un prénom qui sonnait rond, qui sonnait clair. « C’est un très beau prénom. Tu sais que ça veut dire… euh célèbre ? en latin ? » Elle eut un très léger rire : « Illuste. Oui je sais. Mon papa me le répétait souvent. » Elle se tut un instant : « Et vous monsieur, vous vous appelez comment ? » Il ferma les paupières, serra les dents de nouveau. Il ne pouvait pas prendre le risque de l’effrayer davantage : « Tu peux m’appeler Rab. » « C’est bizarre comme prénom. » Il rit, un faux rire forcé mais elle ne peut pas sentir la différence. « Et… tu n’as pas de baguette Clara ? » Peut être qu’il y avait encore un moyen, il lui suffisait qu’on lui donne une baguette et ils pourraient s’en sortir. « J’ai dix ans… » « Je vois, non mais ne t’inquiète pas ce n’est pas grave. Dis regarde autour de toi, est-ce que tu vois une baguette ? » Il l’entend se tourner et gémir : « Je ne peux pas bouger, ça fait mal. » geint-elle. « Essaie, s’il te plait Clara. C’est très important. » Quelques minutes d’efforts plus tard elle finit par murmurer, légèrement excitée : « J’en vois une. Un peu plus loin et… oh ! Oh… Rab… » Elle avait pris rapidement le pli avec son surnom, mais l’espoir de mettre la main sur une putain de baguette lui faisait totalement oublier ça : « Oui ? Qu’est-ce qu’il y a Clara ? » « Il y a quelqu’un qui la tient. Je… je crois que la personne est… est morte. » Elle se met de nouveau à pleurer, mais cette fois avec plus de force, et il entend à sa respiration qu’elle panique véritablement. Merde, il avait fallu qu’il la fasse regarder un cadavre. Quel imbécile ! Mais ils avaient besoin de cette baguette : « Allons, mort… mais non, c’est très certainement qu’il dort. » « Ses yeux sont grands ouverts. » « Les adultes dorment les yeux ouverts » mentit-il avec une aisance qui le stupéfiait « Toi tu dors les yeux fermés parce que tu es encore un petit bout de chou. » Il avait pris une voix plus aiguë pour dire la fin de sa phrase, une petite voix comme s’il récitait une comptine. « Il a du dormir parce qu’il n’avait personne à qui parler. Tu dormais toi avant que je te réveille non ? » Elle dut admettre qu’il disait vrai. « Mais je ne peux pas l’atteindre. C’est trop loin. » « Allez, essaye. Tu verras, tu es une fille très forte. Qu’est-ce que tu veux devenir plus tard ma chérie ? » « Auror, comme mon papa. » Apparemment elle n’était pas très au courant de l’actualité. Mais c’était le cadet de ses soucis : « Eh bien tu sais quoi, moi je travaille au gouvernement. Je pourrais leur dire comme tu as été courageuse. Et tu pourras devenir Auror, d’accord. Mais tu dois essayer. Les Aurors sont des sorciers très courageux. » Elle renifla : « Oui, ils aident à arrêter les méchants. » Ben tiens… « Exactement, du courage et la volonté d’aider. Allez, tends ton bras, tu vas pouvoir le faire. » Il l’entend haleter et gémir de nouveau, puis finalement, dans un pleurs : « Je ne peux pas, je vais me casser le bras. » Ça le dégoûtait d’avoir à faire ça, d'avoir à la forcer… mais il devait essayer. Il fallait qu’il tente : « Écoute Clara, on va jouer à un jeu, d’accord ? » « Oui… » « Le premier qui arrive à attraper une baguette a gagné. » « Gagné quoi ? » Il ferme de nouveau les yeux, respire entre ses dents, il voudrait juste… qu’elle l’attrape cette putain de baguette ! « Qu’est-ce que tu désires le plus au monde Clara ? » « Revoir mon papa… » sa voix est de nouveau teintée par des larmes, mais ce n’était pas de la panique. « Ma maman m’a dit qu’il avait été emmené par les nouveaux chefs. Parce qu’il était Auror. Du coup il a été ailleurs. Maman me dit que c’est près de la mer. » Ah ben tiens, il ne lui fallait pas plus d’explications pour comprendre. Cinq étoiles avec vu sur la mer ? Pension complète ? Ouais, il connaissait le délire. Suite royale, individuelle et tout. « Eh bien si tu gagnes, je te ramène ton papa d’accord ? Je peux faire ça. Je te le promets Clara. Si tu gagnes, tu reverras ton papa. » Il lui devais au moins ça si elle pouvait lui dégoter une baguette non ? « Et si vous gagnez, vous ? Qu’est-ce que je vous dois ? » « Qu’est-ce que tu veux que… je ne sais pas moi… un dessin. Un beau dessin de toi, signé d’accord, que je puisses savoir à quoi tu ressembles. » C’est vrai qu’il n’entendait que sa voix, il ne savait même pas quelle tête elle pouvait bien avoir. « C’est de la triche. Ce n’est pas ça votre rêve le plus cher. Dites moi. Je vous ai dis le mien. » ATTRAPE CETTE PUTAIN DE BORDEL DE MERLIN DE BAGUETTE ON VA CREVER ICI SINON ! Il respire, siffle entre ses dents toujours serrées : « Clara, ce n’est pas important, c’est toi qui va gagner, je suis certain que tu es plus forte que moi… » « Dites moi ! Sinon je ne joue pas ! » Les yeux ouverts, il visualisait cette tombe qui les étouffait. Ils allaient peut être mourir ici. Il allait mourir comme un rat. Dans un espace encore plus petit que celui dans lequel il avait vécu pendant quinze ans. Et cette gamine aussi. Elle n’avait pas mérité ça. Et son papa, qui lui était bel et bien en prison et qui ne se doutait pas que sa fille était en train d’étouffer sous un pan de mur, à coté de l’homme qui l’avait très certainement envoyé sous les verrous. Putain de destin et putain de karma. Combien de personnes étaient en train de crever en ce moment ? Combien de personnes étaient-elles mortes instantanément, écraser par les rocs. Oh Merlin… Il dut fermer les yeux, sentit des larmes rouler sur ses joues. Son souffel s’étrangla dans sa gorge : « Tu pleures Rab ? » Amusant comment le simple fait de pleurer réduisait les barrières à néant, déjà la fille le tutoyait. « Tu as peur ?... » « N-non… » mentit-il « Je n’ai pas peur pour toi, ou pour moi mais… Mes enfants. Ils sont quelque part et je ne… » Il dut s’arrêter de parler, les pleurs rendait son élocution trop difficile, mais Clara comprit : « Tu voudrais être avec tes enfants ? » Oui… il voulait être avec ses enfants. Être certain qu’Arsenius, Aramis et sa femme, Gwen soient en sécurité. Peut être qu’ils étaient morts maintenant, peut être qu’il ne les reverraient plus. Et c’était ainsi que ses deux fils seraient morts, en le détestant. Et Gwen… Il n’y avait personne pour le voir, hormis Clara, alors il laissa ses pleurs couler. « Je suis sûre qu’ils vont bien, ils ont peut être trouvé quelqu’un pour les aider, comme toi tu m’aides. » Elle devait penser qu’ils avaient son âge. « Je suis sûre qu’ils vont bien et qu’ils vont être heureux de te retrouver Rab. Allez, essaye aussi de trouver une baguette, pour tes enfants. » Mais lui n’avait pas de baguette hormis les débris de la sienne à proximité. Mais apparemment Clara avait retrouvé du courage et il l’entendit se démener, puis au bout d’un moment : « Je crois que je l’ai mais… mais je crois que j’ai entendu un craquement. » Il ferma les yeux, adressant une prière muette à Merlin, Morgane, Viviane et tous les Mages du monde. Il sentit la petite fourrer un bout de bois dans sa main et il rétracta son bras vers lui. Elle était petite, mais elle paraissait intacte. Pourtant en la regardant un peu mieux, l’extrémité était sectionnée, mais pas tout à fait en entier, un brin de plume rattachait les deux morceaux de bois. Ce n’était pas désespéré encore. « Lumos » La baguette illumina très faiblement les décombres avant de s’éteindre. « Oh bravo ! » s’extasia la petite. Inutile de lui dire que ça tenait plus du ratage de la réussite. Bon, visiblement la baguette allait rendre son dernier soupir dans ses mains, inutile de songer à soulever un mur. Mais il pouvait réduire les dégâts. « Clara… tu as soif ? » « Oui… » « Alors je vais lancer un sort, il va y avoir de l’eau qui va couler, tu vas la boire d’accord, je tente de me rapprocher de toi. » Il rampa un peu plus près encore de l’endroit où se trouvait la petite, puis il lança le sort et un mince filet d’eau s’écoula de l’extrémité de la baguette. A peine quinze secondes plus tard, il s’était tari. Merde… putain, baguette de merde qui se cassaient pour un oui ou pour un non ! « Ça va Clara ? Tu as pu boire ? Je crois qu’on en aura plus avant… un petit moment. » « Oui. Et toi ? » « Aussi. Ça va ne t’inquiète pas… » Lui n’avait pas besoin de boire et de manger, il savait qu’il pouvait survivre à des conditions extrêmes. Une gamine de dix ans par contre… Et l’air finirait par devenir de plus en plus rare. « Bon, écoute Clara. Maintenant tu vas fermer les yeux et essayer de dormir d’accord. Comme ça tu seras en pleine forme quand les secouristes vont venir nous chercher hein ? » « Je ne suis pas fatiguée… Je ne veux pas dormir, je veux parler. » Sauf que plus elle parlait plus elle utiliserait de l’oxygène alors que dormir… était plus efficace pour conserver l’air. « Non, tu sais il faut dormir. Alors je vais chanter une chanson et tu vas respirer calmement en pensant… à ton papa que tu vas très vite revoir puisque tu as trouvé la baguette. Il faut que tu dormes pour être en forme pour ton papa d’accord ? » Il lui reprit sa main dans la sienne et commença à chantonner une berceuse qu’il chantait à ses enfants, avant. Il ne lui fallut pas plus de quelques minutes pour entendre à sa respiration régulière qu’elle s’était endormie, abrutie de fatigue. Il cessa aussitôt de chanter, et calma à son tour sa respiration. Maintenant il fallait juste attendre. Et espérer. « AH AAAH RAB RAB ! » Il se réveilla comme dans un sursaut, surpris d’avoir pu réussir à dormir dans un instant pareil. Mais cela faisait combien de temps qu’ils étaient là-dessous ? Putain il faisait trop chaud. Pourquoi criait-elle ? Elle ne devait pas crier, elle allait bouffer tout l’air : « Chut, chut Clara, ne crie pas, tout va bien, je suis là… » Il avait toujours sa main dans la sienne, sa circulation s’était coupé et il avait l’impression que son bras tout entier lui était étranger, il ne répondait plus à aucune commande. Mais il tenta de serrer sa paume autour de ses doigts un peu plus fort. « Ça s’effondre, Rab, ça s’effondre. S’il te plait. Arrête ça. S’il te plait ! » Le mur qui les recouvrait avait du se fissurer et commençait à s’affaisser du coté de Clara. Rab vérifia du sien, mais il semblait tenir. Pourquoi par Merlin ? Pourquoi de son coté à elle ? A cette pauvre gamine qui n’avait rien demandé à personne et qui était très certainement ici parce que sa maman faisait partie du personnel de St Mangouste ? « S’il te plait ! AAAH ! ÇA VA M’ECRASER RAB ÇA VA M’ECRASER S’IL TE PLAIT S’IL TE PLAIT AIDE MOI ! » Et que pouvait-il faire ? Hein ? Rien putain ! Strictement rien ! Juste l’entendre, ses cris et le crissement de la pierre qui s’abaisse doucement. Il serra sa main le plus fort qu’il pouvait : « Clara, pense à ton papa. D’accord. CLARA ECOUTE MOI ET PENSE A TON PAPA. Quel est ton meilleur souvenir avec lui ? CLARA TU M’ENTENDS ? QUEL EST TON MEILLEUR SOUVENIR. » Il paniquait autant qu’elle. Il ne voulait pas l’entendre mourir à coté de lui. Pitié, par pitié… « Il… il me… portait sur ses… épaules et on… courrait… puis il me faisait… sauter dans… les airs. Rab s’il te plait ! S’il te plait ! » Il poussa un long cri alors qu’il se tourna totalement sur le coté, et força de sa main libre sur une partie des débris qui le séparait de Clara. Il ne pourrait pas l’amener à lui, mais là il pouvait voir ses yeux : « Regarde moi ma chérie, regarde moi mon cœur. Tourne toi vers moi. » Même dans l’obscurité il pouvait voir ses pupilles. Et voir le bout de mur tomber, il était presque sur elle. Il avait quoi ? Quelques secondes ? Alors qu’elle le regardait droit dans les yeux, il s’engouffra. Doucement, il ne voulait pas la blesser et il cherchait juste… un souvenir précis. Il la voyait, une petite fille sur les épaules d’un grand dadais de père. Il pris le souvenir, le fit remonter, l’éclaircit, le fit plus fort. Si elle devait mourir, mieux valait qu’elle voit son père et le soleil plutôt qu’une pierre sombre qui l’écraserait sans pitié. Il soutint le souvenir à bout de bras, jusqu’à ce que finalement un hurlement le transperce, et qu’un vide comme un gouffre ne l’expulse. Il rouvrit les yeux et devant lui il n’y avait plus qu’une pierre. Et une main qu’il serrait. « Merlin, Merlin, Merlin… » Il n’avait encore jamais utilisé de légilimancie sur quelqu’un qui allait mourir et il comprenait pourquoi les gens devaient éviter ce genre de pratique. Un sentiment d’horreur, de vide, de mort le submergea tout entier. Il manqua de s’étrangler et s’il avait mangé il aurait recraché ses tripes. Mais il n’avait ni mangé ni bu depuis… depuis combien de temps ? Il tenta de bouger mais son bras était maintenant emprisonné dans la fissure et sa main dans celle de Clara. La douleur de sa jambe qui devait être brisée décida d’en profiter pour se faire mieux connaître. Un craquement plus tard et le mur de son coté s’abaissa. Et s’arrêta quelques milimètres au dessus de lui. Je suis Rabastan Lestrange.Il pleurait, maintenant il n’y avait vraiment plus personne pour l’entendre. Je suis Rabastan Lestrange.S’il vous plaît, que quelqu’un vienne. Je ne veux pas mourir comme ça. Je ne veux pas mourir ici. Je serais sage, je le promets. Je ne pleurerais plus. Je ne crierais plus. Je vous le promets. Je suis Rabastan Lestrange.Je suis rien du tout. Je suis tout ce que vous voulez, si vous me sortez d’ici. S’il vous plait. Ou bien tuez moi, mais faites les vivre eux. Clara. Arsenius, Aramis, Gwen. La femme d’Aramis. Vous pouvez bien faire ça non ? HEIN MERLIN TU POURRAIS BIEN FAIRE ÇA ET BOUGER TON CUL POUR UNE FOIS NON ? Son cri se perd complètement, s’enfuit dans un souffle court et bref. Il ferme les yeux. Il a mal. Il a peur. Il pleure, silencieusement. Ne peut même pas essuyer les larmes qui glissent sur ses joues. Il veut se libérer, il veut sortir. Mais il va étouffer. Il va étouffer. Il faut qu’il dorme. Mais comment dormir dans cet état ? Sa jambe… lui fait mal. Il la bouge. Un craquement sec lui répond alors qu’un hurlement passe ses lèvres. Pas encore assez. Il la bouge encore un peu plus. Puis un troisième coup, jusqu’à ce que finalement la douleur le fasse s’évanouir.
Ce n’est pas un cri qui le réveille, mais de l’air. Une bouffée d’air. Il entrouvre les yeux. De la lumière. Des visages. Flous. « Là ! Il… y en a un là ! » Cette voix… il la… connaissait ? Il sentait qu’on le tirait. Sa main restait accroché à celle de Clara. « Non… » marmonne-t-il faiblement. « Non je… Clara. Il y a encore… » « Ok lui aussi, on le transfère tout de suite. Vite, vite. » Il sent les doigts inertes de la petite fille lui échapper, il sent sa jambe se torde et un cri lui échappe. « N’oubliez pas C- » Il n’arrive pas vraiment à en dire plus. Et c’était sans doute trop. Il attrape un bras qui se trouve à coté de lui. Le bras de celle qui la trouvé. Hé… Hécate. Il voudrait lui dire quelque chose, de prendre soin de Clara mais il n’a plus de force. Alors ses doigts relâchent la pression et son bras tombe sur le coté alors qu’il sent qu’on l’emmène. Il ferme les yeux. Putain de Merlin. Tu es vraiment le dernier des connards. Alors je te jure que si mes enfants… mes enfants sont morts…
Dernière édition par Rabastan Lestrange le Dim 19 Juin 2016 - 9:57, édité 2 fois |
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| Augustus aurait bien aimé pouvoir amener Adelaïde dans ce lieu où toute la population sorcière se rapprochait pour découvrir ensemble les progrès de la science. Ou en tout cas le seul progrès de la science que l'on pouvait se permettre de montrer au public sans choquer leurs pauvres âmes. C'était, après tout, tout le sens du métier des Langue de Plomb, et il approuvait sans aucun doute ce choix de ne pas dire à tous les progrès de la magie. Mais bref. Ainsi donc, cela aurait été le genre de spectacle qu'il aurait bien aimé montrer à Adelaïde. Avec une tenue digne d'être portée en public et en lui interdisant de parler trop, il aurait peut-être même eu une chance de la faire rencontrer des jeunes hommes respectables. Mais non, mademoiselle avait eu de meilleures choses à faire, alors Augustus avait du se trouver une remplaçante. Elle fut vite choisie. Eirene Mayfair, une délicieuse jeune femme, sa nouvelle disciple, brillante, jolie, pleine de mérite et de volonté de grandeur. Typiquement le genre de femme qui correspondait au caractère d'Augustus et ses besoins en chair fraiche. Après quelques courbettes, sourires et jolies formulations, la jeune femme avait accepté de l'accompagner. Bien entendu, cela n'était pas un rendez-vous galant. C'était plutôt l'occasion pour Augustus de montrer qui était dans ses faveurs en ce moment, qui avait son attention, ses sourires, sa préoccupation. Il n'était pas homme à se montrer avec n'importe qui.
Sur place, il fut enchanté de découvrir le fin gratin de la population magique. Bien entendu, il fit son tri dans ses salutations, et choisit bien vite de présenter Mlle Mayfair avec son très cher M. Nott. « Je crois pouvoir affirmer qu'une entente, voire même une amitié, entre vos deux personnes pourraient se révéler bénéfique à la fois pour vous deux, mais aussi pour le monde de la magie. » Augustus était un homme à hyperbole, et part le monde de la magie il entendait son petit monde à lui. En effet, Mlle Mayfair avait l'ambition nécessaire pour inspirer à M. Nott le désir de faire mieux qu'impressionner son supérieur, et M. Nott avait la dévotion nécessaire pour inspirer à Mlle Mayfair le désir d’impressionner son supérieur. Bref, c'était tout gagnant. Il se félicita intérieurement de cette merveilleuse union durant une bonne partie du discours et de la démonstration sur scène. Cela faisait longtemps qu'il ne s'intéressait plus aux vélanes, lorsque celles-ci ne s'occupaient pas de son casier médical. Il préférait donc sourire intérieurement de ses talents de marieuse. Et remarquer avec un petit air assez indéfinissable que le Murdock s'était trouvé, lui aussi, une demoiselle avec qui passer l'événement. Elle n'était ni aussi fraiche ni aussi fine que sa protégée, mais le fait qu'il arrive à communiquer avec quelqu'un du sexe opposé devait forcer l'admiration. Ce fut en détournant le regard de son chien que le regard d'Augustus croisa, inévitablement, celui de cet étrange dinosaure qu'était Mme. Eithne Ollivander. Il lui offrit un sourire fade avant de faire glisser son regard de nouveau vers l'estrade, dans une attention toute feinte. Cette charmante vieille femme le laissait de marbre. Il n'arrivait pas à avoir véritablement peur d'une femme qui avait l'âge d'être arrière-grand-mère, mais qui, concrètement à leur Lord, n'avait pas encore eu la jugeote de trouver le remède pour l'immortalité. Elle était là, avec ses grands airs offusqués de grande dame du bien, mais au fond elle restait là, comme les autres, à bailler aux corneilles pendant que sa famille se faisait décimer. Qu'est-ce qu'il aurait payé cher pour pouvoir admirer l'expression sur son visage en entendant Lorcan émettre le vœu de devenir Mangemort, tout comme un enfant de cinq ans déclare à ses parents qu'il veut devenir médecin ou Harry Potter.
Bref. Il était grand temps qu'ils arrivent à la fin de ce discours, il n'avait pas que cela à faire et Murdock ne -
Passons sous silence l'habituelle incompréhension qui vient après le choc d'un immeuble qui vous tombe dessus. Supposons qu'Augustus comprit assez vite ce qu'il se passait, comme tout homme doit se sentir prêt à toute situation. Admettons tout de même qu'il n'eut pas le temps de voir filer Nott et qu'il eu à peine l'occasion d'entre la Mayfair lui dire qu'elle avait quelqu'un à retrouver (il n'attrapa pas distinctement le nom, vite désintéressé). Augustus se retrouva donc seul, heureusement assez proche de la sortie. Une fois ce moment d'absence que nous interpréterons comme un moment de méditation, afin de garder l'honneur, il se mit donc à calmer les personnes autour de lui et à organiser la sortie des femmes, des enfants, et des personnes mentalement instables comme les civils et les pleurnichards. Il essaya d'amener à lui les personnes qui n'avaient pas été trop amochés ou qui n'avaient pas besoin d'une psychanalyse de dix ans pour se remettre de quelques bouts de plâtre dans la figure pour aider les personnes en danger. On aurait presque pu croire qu'il était un saint homme, s'il n'avait pas effectué tout cela avec son dédain habituel, et s'il n'avait pas à un seul instant montré la moindre compassion pour les victimes, ou la moindre émotion face aux cadavres. Tout cela pour vous dire que lorsqu'un énième morceau de plafond lui tomba dessus, il était terriblement occupé, et qu'il n'avait pas que cela à faire que de gérer ce genre de genre alors il : « Mur- » Murdock, occupez-vous de ça. La phrase resta bloquée dans sa gorge, car le Murdock n'était pas là, et qu'il du se remettre à ses réflexes pour éviter un choc trop puissant avec la pierre.
Il resta inconscient quelques secondes, à peine, lui sembla-t-il. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il n'y avait aucune personne attentionnée et inquiète pour lui demander comment il se portait. Il n'était pas véritablement le genre d'homme à qui on posait ce genre de question. Sauf lorsqu'il y a Murdock. Il fut donc seul à faire le bilan des dégâts sur sa personne. Il avait légèrement mal à la tête. En se touchant le front, il sentit un peu de sang, mais plutôt le genre de sang qui vous cachait la vision que le genre qui vous handicapait à vie. Ses jambes, son torse, tout allait bien. Son bras gauche, cependant.... D'un sort, puisque Murdock n'est pas là, il envoya au loin le morceau de l'immeuble qui avait jugé bon de lui écraser le membre. Une luxation, quelques os cassés, bref, il avait le bras bien amoché, mais rien qu'une bonne nuit à St-Mangouste et un peu de repos ne saurait réparer. Cependant, lorsqu'il commença à se relever, il réalisa qu'il avait quand même profondément mal. Le bras pendouillait, assez inutile pour l'instant, même s'il arrivait quand même à bouger les doigts, et chaque mouvement était une torture. Elle arracha même une grimace, ou plutôt un spasme, sur le visage d'acier du mangemort. D'un autre sortilège, il immobilisa sommairement le bras, juste de quoi ne plus se retrouver quasi handicapé quand il y avait tant de choses à faire. Ce n'était pas son bras à baguette, après tout, et si cela allait se montrer gênant pour allumer ses cigarettes, il n'allait pas faire toute une scène de ce genre d'accident. Il prit donc soin de se passer une main sur le visage pour chasser du sang et des cheveux entravant sa bonne vision du périmètre. Il déplaça encore quelques débris, découvrant les victimes. Où se trouvait Rabastan Lestrange en cette période de crise ? Augustus ne pouvait pas tout gérer, surtout avec un bras en moins. Où était-il ? Et où est Bacchus ?
On lui demanda s'il ne devait pas aller se faire soigner. « Plus tard. » Les heures furent longues par la suite. Heureusement il ne perdait pas trop de sang, mais les véritables secours, ceux qui étaient efficaces et véritablement compétents, tardaient à venir. « Plus tard, je vais bien. » Il ne se sentait jamais véritablement près à laisser la situation à qui que ce soit. Il espérait un visage connu, professionnel, qui pourrait venir lui dire en face que c'était bon, il pouvait rentrer, il pouvait se charger de lui, de ses proches. « Je peux me permettre de vous assister encore un peu, il y a des priorités dans ce genre de situation. » Il avait souvenir d'avoir vu M. Motchaline, comment allait-il ? Les deux avec lui étaient proches de la sortie quand tout avait commencé, ils avaient du s'en sortir. « Plus tard. » Heureusement qu'Adelaïde n'était pas là. Et Bacchus ?
On finit par lui faire comprendre qu'il n'était plus nécessaire, pas avec son tournis, pas avec son bras en moins. « Si vous insistez. » Et puis, ce qu'on ne pouvait pas lui dire, parce qu'on ne pouvait pas mettre le doigt dessus, c'était qu'il manquait une ombre dans son dos, quelqu'un pour obéir à chacun de ses mouvements, et qu'il manquait un allongement à son bras, comme une seconde baguette. Son chien n'était pas avec lui, et cela l'empêchait d'être véritablement efficace. Il réussit à s'en faire la réflexion, en soulevant une énième colonne, qu'il avait un peu trop laissé cet homme près de lui, et que l'habitude était une chose terrible. Et il se retint de se demander une énième fois où il était. Ainsi donc, il se rendit enfin à l'équipe médicale, heureusement assez proches de sa position, vu le lieu du carnage. Il remercia d'ailleurs silencieusement les insurgés d'avoir choisi une telle localisation pour leur attentat. Ils n'auraient même pas besoin de mentir, cette fois-ci, pour se poser en temps que victimes et les dénoncer en temps que bourreau. On lui répondit que, n'étant pas en situation critique, il n'avait qu'à attendre dans une des chambres. De toute manière il comptait bien récupérer le meilleur traitement possible. Augustus Rookwood n'était pas le genre d'homme à se laisser aller à ne pas se faire soigner, bien que les hôpitaux soient loin d'être ses lieux favoris. Il profiterait pleinement de ce service, il était hors de question qu'il garde la moindre cicatrice de ce malheureux accident. Sur le chemin vers la chambre qu'on lui indiqua, il prit la peine d'envoyer un hibou au ministère, espérant que quelqu'un s'y trouvant, peut-être même sa secrétaire, trouverait le temps de lui faire parvenir de quoi travailler. Le temps aux urgences pouvait facilement s'allonger de façon quasiment surnaturelle, et il ne se sentait pas d'humeur à s'endormir de sitôt.
Et où diable se cachait donc cet incapable de Bacchus Murdock ? |
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‹ dialogues : sienna.
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rolf ft. ryan gosling, astoria ft. lily collins, theodore ft. dylan o'brien, édouard ft. bob morley, neville ft. daniel sharman, elijah ft. chris evans, ambroise ft. sen mitsuji, alexander ft. alfie enoch, olivia ft. emeraude toubia, brienne ft. natalia dyer, dean ft. john boyega, gregory ft. alden ehrenreich, priscilla ft. daria sidorchuk, charles ft. james norton, hwan ft. vernon choi, jay ft. gong yoo, hiram ft. abel tesfaye, adidja ft. reece king.
‹ âge : vingt-quatre ans. (21/06)
‹ occupation : un ancien langue-de-plomb, désormais un Mangemort en fuite.
‹ maison : serpentard
‹ scolarité : 1991 et 1998.
‹ baguette : m'a été rendue par Mafalda. Vingt-deux centimètres virgule trois, ventricule de dragon (boutefeu chinois) et bois de chêne rouge.
‹ gallions (ʛ) : 4348
‹ réputation : je suis un déchet, un étudiant qui a un jour été prometteur, et n'est plus que l'ombre de lui-même.
‹ faits : j'étais un Mangemort défectueux, déterminé mais sans passion. J'ai été capturé par Blaise et Draco peu avant la Bataille et ai passé deux mois dans les cachots de Poudlard à additionner les crises de manque et quelques crises cardiaques sympathiques, dues à mon addiction à l'Orviétan (Excess).
J'ai été condamné au Baiser du Détraqueur quelques jours avant l'abolition de la peine de mort. J'ai été condamné à perpétuité à la place. Je me suis évadé d'Azkaban avec Penelope Clearwater, avec l'aide extérieure de Percy Weasley et vit désormais la vie du parfait moldu.
‹ résidence : dans un petit cottage sorcier posé.
‹ patronus : impossible à invoquer
‹ épouvantard : des milliers frelons qui tournent autour de lui et l'achèvent; la résurrection de Voldemort; le cadavre de sa filleule Cat.
‹ risèd : l'indépendance, une vie paisible et sans remous, aux côtés de Nephtys.
| C'est la curiosité qui a mené Theodore à Sainte Mangouste, tout d'abord, et il a décidé de rester sur l'impulsion de sa cousine qui l'accompagne. Margaret Mulciber est étrangement enthousiaste: il n'y a rien qu'elle aime tant que les galas de charité où la bonne nourriture s'empile sur toutes les assiettes, et les apparitions du Magister. Elle le regarde avec des étoiles dans les yeux, un grand sourire étendu sur les lèvres, tandis que Theodore garde une moue presque désintéressée. Rien ne semble vraiment le surprendre, le Nott, à part peut-être l'apparition inattendue de monsieur Rookwood, son supérieur direct, devant lui, alors qu'il lui présente une dénommée Eirene Mayfair avec des termes tant élogieux que... douceureux, peut-être? Mais Theodore commence a être habitué à toutes les sortes de couleuvres qui sortent d'entre les lèvres du directeur du niveau neuf, alors c'est avec une politesse guindée et cérémonieuse qu'il salue mademoiselle Mayfair sans se poser de question, lui serrant fermement la main. “ Enchanté de faire votre connaissance, mademoiselle Mayfair, ” assène-t-il. Il introduit sa cousine qui se tient à ses côtés et le duo Nott-Mulciber fait poliment la conversation, comme on l'attend d'eux. Mais ils se taisent rapidement quand le Seigneur commence son discours, entretenant un silence respectueux pour l'écouter. Il ne manque pas un mot et observe le directeur de Sainte Mangouste et sa petite performance avec une horreur grandissante. Les médicomages et leurs idées abracadabranquesques... franchement, ce serait plus vers le niveau neuf du Ministère qu'il faudrait se tourner pour trouver des solutions durables et franchement utiles. Même s'ils ne méritent pas mieux, à ce rythme, les hybrides vont finir par disparaître et quelles répercussions cela aura-t-il sur l'écosystème? C'est sur ce genre de considérations que Theodore réfléchit, sans vraiment suivre ce qui se passe sur l'estrade une fois la Vélane ramenée en coulisses, et il n'est sorti de ses pensées que par Margaret qui enfonce un coude dans son flanc. “ Eh, Theo, t'as vu- - ” Elle est interrompue par une explosion formidable, suivie d'une chute du plafond, entraînant le répandage d'une dizaine de satanés produits magicochimiques. Le silence pendant un instant et puis, des hurlements de douleur. Et puis, quand Theodore tourne les yeux vers sa jambe qu'il ne sent plus, et qu'il voit tout ce sang, et les muscles, et l'os, il perd conscience et ses pensées s'envolent vers ce pauvre cinquagénaire sur l'estrade, qui était pourtant sur la voie de rétablissement et qui doit maintenant être enterré sous quelques dizaines de livres de béton.
“ Theo? Theo! ” Non, pas maintenant, pas tout de suite, il a juste envie de dormir, de fermer les yeux et de s'abandonner à la douce délivrance de l'inconscience. “ Theo! Theo, pour l'amour de Merlin, je t'en prie, ne sois pas mort, s'il te plaît, c'est- Theo! ” Elle va bien se taire, oui? Theodore veut juste lui montrer, d'un regard noir, qu'il préfère dormir pour l'instant; mais Maggie en profite pour lui tapoter brusquement les joues, sans aucune forme de pitié. Il papillonne des yeux, rage, grogne et puis se met à tousser. L'air est épais, l'air est brûlant, il y a quelque chose dans l'air. Ses yeux roulent dans leurs orbites sans parvenir à se focaliser pendant quelques secondes, puis ils se vrillent dans ceux de sa cousine qui l'observe d'un air inquiet. “ T-tout va bien? demande-t-il. Oh oui, évidemment, tout va bien. Elle a juste le visage en sang. Qu'est-ce qui s'est passé? ” Il balaie de nouveau les morceaux de murs qui sont tombés. L'air a véritablement une consistance étrange. Theodore le sent lui piquer le nez, il sent aussi quelque chose d'autre... une odeur de brûlé? Non. Plus une odeur d'oeuf pourri. Maggie s'apprête à répondre mais s'interrompt en entendant la respiration de Nott se coincer dans sa gorge alors qu'il tourne de nouveau les yeux vers sa jambe. “ Ma jambe. ” Il le dit d'un ton un peu inutile, un peu factuel, un peu douloureux. Les yeux de Maggie se glissent vers sa jambe. “ Theodore, est-ce que tu as ta baguette? — Ma jambe. — Theodore? Ta baguette? Theo? — Je- Maggie, ma jambe. ” Le pire, c'est que ça ne lui fait même pas particulièrement mal. Il regarde juste cette jambe et a l'impression que ce n'est pas la sienne jusqu'à se rendre compte qu'il vient effectivement de ruiner son dernier pantalon de costume beige et qu'en plus de ça, il venait de l'emmener au pressing. Un gaspillage monétaire du début à la fin. Et ça va le rendre encore tellement en retard sur le dossier actuel, de passer du temps à Sainte Mangouste pour réparer tout ça. À moins qu'il ne meure de la gangrène, oh, dans ce cas-là- - “ Theodore? Ta baguette? ” Pas le temps de penser à tout ça. Machinalement, Theodore tapote ses flancs (il a l'impression que l'une de ses côtes brisées est sa baguette), ses poches, ses manches, l'espace autour de lui jusqu'à ce que ses doigts se referment autour de l'artefact magique. Elle est intacte. Pourquoi elle est intacte? C'est injuste. “ Je vais essayer de retirer ce morceau de mur, d'accord? Passe-la moi. — Je crois que c'est mieux si on laisse ça là pour le moment. Pour empêcher une hémorragie. — Euh... d'accord. Je fais quoi, alors? ” Theodore ne sait pas quoi dire, quoi faire, quoi lui dire de faire. Il n'arrête pas de regarder sa jambe, essaie de faire un diagnostic, en vain. Il ne la sent plus et il ne la voit qu'à moitié. Cassée? Non. Il voit- - Il y a des bruits, il y a ce foutu air brûlant que Theodore sent s'infiltrer dans ses poumons douloureusement, il y a ce pan de mur et cette absence glaçante de douleur mais il n'y a qu'eux. Il se rend compte seulement à ce moment-là à quel point Margaret est si proche de lui, combien ils ont si peu d'espace. Si peu d'oxygène à eux d'eux. Le reste n'est que poussière et sang. Il se concentre sur les yeux verts d'eau de sa cousine. “ Tu crois que le Lord va bien? ” demande cette fanatique de Maggie et tout d'un coup, l'évocation du Magister la réveille. “ Il faut qu'on Le trouve. Theodore, passe-moi ta baguette, je vais nous frayer un chemin jusqu'à Lui. On sera ceux qui Le sauveront. — Margaret, je peux pas bouger et si jamais tu te foires- - — Non, non, Theo, fais moi confiance, passe moi ta baguette. — Maggie... — Theo! Ta baguette! ” Elle tend la main pour la lui arracher du poing mais il arrive à se contorsionner pour l'en empêcher. “ Tu vas nous tuer. Arrête! Maggie- tu- - — Tu ne comprends pas! Theodore, il faut- - — Margaret, je- Impero! Impero! ”
Les yeux de sa cousine de voilent, puis se ferment alors qu'elle retombe lourdement sur lui, lui écrasant ses côtes encore décemment en bonne santé. Theodore enfonce le nez de la jeune femme dans le col de sa cape et fait de même pour lui, espérant sans trop y croire que cela leur évitera de mourir les poumons brûlés. Il ferme difficilement les yeux à son tour, ses lèvres articulant silencieusement les principales runes anciennes dans l'ordre, des formules compliquées d'arithmancie, des noms d'étoiles alambiqués, tout ça pour rester éveillé, pour rester conscient, pour ne pas dormir, pour ne pas mourir, il ne peut pas se le permettre, pas ici, pas maintenant, pas comme ça et si il se met à penser à Margaret inconsciente de force à côté de lui, à monsieur Rookwood, à mademoiselle Mayfair, à Nephtys ou même à Draco qui a beaucoup de chances de se trouver ici, alors il va devenir dingue, et il n'a pas le droit de devenir dingue. “ Fehu, uruz, thurisaz, ansuz, raidho (...) ” C'est ainsi qu'on le trouve, quelques heures plus tard. Ou quelques jours. Quelques éternités. Theodore ne sait pas exactement. Theodore ne compte pas les secondes, juste les battements de son coeur, et la respiration étrangement calme de Margaret — c'est ce calme qui lui permet de ne pas devenir fou, sa poitrine qui se soulève posément qui le rassure, son visage tranquillement assoupi qui le rassénère alors qu'il tient toujours fermement sa baguette dans la main, sans jamais laisser son attention se défaire de l'Imperium constant auquel il la soumet. On dirait un homme fou, prêt à se faire enterrer, alors qu'il a les yeux fermés et que ses lèvres s'ouvrent et se ferment pour marmonner quelques paroles sous cape, tout doucement, presque sereinement. “ Antarès, Shaula, Sargas, Dschubba, Wei, Girtab, ” continue-t-il sans jamais s'arrêter, les yeux fermés mais tous les sens exacerbés par le silence, par ces maux de tête, par cette magie brûlante qui lui fait toujours froncer le nez et qui, il a l'impression, lui picore la peau, la ronge lentement. “ Monsieur? Monsieur? ” entend-t-il et aussitôt, il se redresse. “ Là! Ici! ” Sa voix est cassée. Pourquoi est-ce que sa voix est cassée? D'un mouvement de baguette qui lui arrache un froncement de sourcils, il fait se réveiller Margaret qui se redresse brutalement, allant vers la source de la voix, les yeux voilés, l'air rêveur. “ Vous allez bien? Ne bougez pas, on arrive! Reculez-vous, madame! ” Ils sont sauvés. Nott ferme les yeux. La douleur vient, finalement, progressivement, alors que son corps se laisse aller au soulagement; et puis elle devient brûlante, consumante, insupportable; et puis il n'y a que le vide, et le noir, et le silence; enfin. |
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Vous vous teniez mutuellement compagnie avec Imogene. Tu ne comptais pas particulièrement y aller, même si tu avais reçu ton invitation, comme tout bon sang-pur qui se respecte. L’enveloppe avait fini dans la poussière, puis entre les pattes du chat et t’avais dû guerroyer contre la sale bestiole pour la lui arracher. Tu n’y avais pas certes laissé un bras, mais on ne pouvait pas en dire autant de ta dignité. Pour l’occasion, qui s’avérait exceptionnelle, au vu du raffinement du cachet de l’enveloppe, t’avais troqué ta parka contre un manteau en gros cuir, sur les bons conseils –ou du moins, moins désastreux que les tiens- de la jeune femme, qui t’avait épargné un nouveau fiasco en kilt, sous prétexte que le tartan était pas symétrique.
On te retrouve donc flanqué de la jeune Rowle, au fond du hall, pas trop loin de l’entrée, mais suffisamment pour éviter les courants d’air –ou l’art de bien se placer quand on n’a aucune idée de ce qu’il se passe et de ce qu’on fait là. T’as eu vite fait de retrouver Rookwood dans la foule, impeccable comme à son habitude, une gamine du Ministère pendue à son bras, et le jeune Nott à ses lèvres, ce qui eut aussitôt le don de te mettre dans une humeur de dogue. Tandis que le Magister entamait son discours, vous vous étiez mis en tête de compter le nombre de chaussettes jaunes dans l’assemblée, mais t’as vite laissé tomber, sous prétexte que c’était trop facile pour elle, vu qu’elle était plus petite que toi, et donc plus proche du sol. Lorsqu’il était sur le point de l’achever, la jeune fille avait mis la main sur le dépliant du programme des festivités qu’elle déchirait consciencieusement en petits morceaux pour que vous les balanciez sur les chapeaux et dans les décolletés des grandes dames. Quand la Vélane est apparue sur scène, vous en étiez à vous pincer les côtes en essayant de rester le plus de marbre possible. De tous, il avait fallu que ce soit elle qui découvre ton point faible. Imogene en était à présent à attendre que tu pivotes la tête pour t’interpeler, l’index à quelques millimètres de ta joue pour que tu te le prennes dans la tronche en te retournant vers elle, ce qui avait eu aussitôt le don de te mettre hors de toi –un peu comme lorsqu’on laisse un concombre à proximité d’un chat. T’allais pour riposter, sauf que « c’est pas drôle quand c’est toi qui le fais » « ah ouais ? et bah t’arrêtes, sinon je- », lorsqu’il y a eu un craquement. T’as à peine eu le temps de lever les yeux, une main ramassée contre ton ceinturon, et l’autre attrapant celle de-
Un nuage blanc de poussière qui bouche les yeux et la gorge. Des décombres qui sont tombés en craquant, faisant craquer les os dans ton dos. Le sifflement dans les oreilles de quand y’a beaucoup de bruit d’un coup. Les gens qui sifflent parce qu’ils ont peur. L’air qui siffle à cause de l’explosion. Explosion de gens. Et parmi ces gens. Rookwood. Il est où le patron ? Il était avec les plus grands, près de l’estrade, parmi ceux qui peuvent voir si le Magister porte des chaussettes jaunes. Il faut que je le rejoigne, que je sorte de là-dessous, et que j’aille le voir, si tout va bien, j’espère qu’il va bien, je sais pas trop si je vais bien, mes jambes peuvent bouger un peu, ‘faut que je trouve ma baguette ah j’ai un doigt cassé et ma baguette elle est pas cassée j’espère, moi j’m’en fous mais c’est pour le travail. Patron, vous êtes où, Rookwood, dites-moi ce que je dois faire, vous allez bien ? Putain vous avez intérêt à aller bien, je donne pas d’ordre mais là si c’est quoi déjà la formule pour faire léviter les choses ? Je veux pas que les gens me marchent dessus, qu’ils me piétinent parce que je suis sous les gravats je suis pas mort les gars pas mort mes jambes elles répondent, j’ai au moins deux doigts cassés à la main droite et une main dans ma main Imogene
« Imogene » tes doigts, cassés ou pas, se resserrent très fort autour des siens. T’as l’air tout cassé mais ça va toute la charpente tient en place, alors, comme tu sais pas prendre soin de toi, il t’en faut pas plus pour te redresser sur tes pattes. Tu sais pas prendre soin de toi, ni des autres, et ça, ça t’ennuie déjà un peu plus. C’est tout tiède sur le côté gauche de ton visage, et ta main gauche tient fermement celle d’Imogene, ensevelie sous les décombres. Et si toi t’as un dos de taureau et une résistance de buffle, tu pouvais pas en dire autant de la demoiselle, malgré tes entraînements sportifs exemplaires. Voilà, tu sais déjà plus où t’as foutu ta baguette, tu la sentais pas à cause de tes doigts morts, et c’est tout tiède sur ton visage, t’as du mal à te mettre debout, alors c’est à genoux que tu repousses les gravats, les soulevant avec ton épaule que ça fait très mal mais elle doit avoir encore plus mal Imogene serre ma main aussi, s’il-tE-PLAIT. Son autre main à elle est en compote, et sa jambe aussi on dirait, de la compote d’Imogene, avec du sucre de plâtre partout sur son visage d’albâtre et sur sa robe noire qui du coup a l’air grise. Ça te va pas au teint. « Imogene » Tu tapotes sa joue, avec l’index là, comme tu m’as fait tout à l’heure, c’est chiant hein, « réveille-toi, ma grande » pourquoi elle répond pas ? C’est pas comme les jouets cassés Bacchus, c’est pas si simple que ça « Imogene, ‘faut qu’on s’en aille » elle est où ta baguette, si t’avais plus de sorts dans ta tête, tu aurais pu faire attention et empêcher le plafond de s’effondrer sur vous, Imogene, réveille-toi et je te promets d’apprendre plein de sorts, allez, là, c’était très rigolo comme blague –quoique de mauvais goût, dans de telles circonstances-, mais maintenant ‘faut partir, le discours est fini Imogene, on peut rent- « sinon tu feras quoi ? » T’y croyais plus, tu croyais plus en rien, quand son filet de voix s’élève à peine jusqu’à ton visage tiède et cauchemardesque de rouge et de blanc. Ton pouce et ton index lui pincent les lèvres « chut ma grande, c’est tout c’que j’voulais savoir » il faut qu’on y aille, il faut qu’on aille le chercher « me laisse pas » j’te laisserai pas ma grande, il faut juste qu’on s’en aille. Le cuir de ton manteau craque sur tes plaies quand tu l’enlèves avec une grimace de douleur. Tu l’enroules dedans, serres fort les nœuds pour l’immobiliser.
Tu t’es levé, la jeune fille dans les bras. Elle pèse rien, mais t’as un mal fou à rester en équilibre sur tes deux jambes, pourtant pas bien longues. Un pas, le pied qui dérape sur des gravats de gens et de bâtiment. Du sang qui roule sur ton œil que tu dois avoir l’air d’un diable. C’est tout tiède du côté gauche de ton visage, tu touches un peu, c’est comme si y’avait plus de côté gauche, tellement ça saigne, ça va, c’est surtout du sang, peut-être même pas le tien, et du plâtre un peu, dans ta barbe et là, ça fait mal, dans ton cou, sous ton oreille, dans ton oreille gauche. Tu ne sens plus la petite cicatrice boursoufflée dont Rookwood t’avait gratifié lors de votre première renc- Patron. T’as tout ton sang qui descend dans tes chaussettes pas jaunes. T’as tout ton sang qui se carapate dans tes pompes. Ton sang-froid. Parce que y’a des gravats de gens. Et qu’Imogene a grand peine à respirer, alors qu’elle veut savoir ce qu’il s’est passé. T’en as pas la moindre idée. Elle doit sentir contre toi que ça s’affole là-dedans, que ça pompe dur, que ça tourne sec, et que tu tournes pas rond à tourner en rond, sans le trouver, lui. Parce que tu viens de formuler dans ta tête de piaf l’inenvisageable. Et s’il lui était arrivé quelque chose ? Il te le pardonnerait jamais, tu lui pardonnerais jamais, tu te le pardonnerais jamais patron ‘faut qu’vous alliez bien Rookwood vous allez toujours bien, vous vous en êtes sorti c’est sûr Augustus où êtes-vous ? ‘faut qu’vous m’disiez c’que j’dois faire, Imogene elle va pas bien et j’ai pas de magie pour la faire aller mieux dites moi comment on fait si vous me dites pas c’que j’dois faire, je sais pluS RIEN FAIRE PATRON. C’EST TERRIFIANT DE SE DIRE QU’ON DEPEND DE SI PEU DE CHOSES. Un homme, Bacchus. Mortel, nuisible, vulnérable. Et sans lui, plus rien. Tu serais plus rien. C’EST PAS POSSIBLE BACCHUS ON PEUT PAS VIVRE COMME CA « on va se calmer ? » Imogene qui gigote dans son paquetage de miettes d’elle. Tu peux pas continuer tes recherches, ou tu vas la perdre elle aussi. PATRON REPONDEZ MOI ‘faut que tu l’évacues, la poussière retombe, le reste de l’hôpital a l’air encore là MAIS LUI IL EST PAS LA PATRON JE VOUS EN SUPPLIE Imogene, ‘faut que tu l’évacues dans le reste de l’hôpital a l’air encore là MAIS LUI IL EST PAS LA oh je vous en supplie, Rookwood, dev’nez pas mort, s’il-vous-plaît, dev’nez pas m-
T’as l’air d’un diable qui parle tout seul et enlève les enfants quand des secours te tombent dessus et que tu manques de leur tomber dessus, parce que tu lâcheras Imogene sous aucun prétexte. Ils t’assurent qu’ils vont s’en occuper mais c’est faux, taisez-vous, elle a dit de pas la laisser je la laisse pas. Ils t’assurent qu’elle est entre de bonnes mains, et que les tiennes sont dangereuses tellement tu serres fort. Taisez-vous. Suivez-nous, monsieur, on va vous soigner aussi me soigner mais j’ai pas besoin regardez j’essuie là, ça pique, ça s’ouvre, mais ça va. Patron, vous allez bien ? Evidemment que vous l’avez pas vu, vous voyez rien, vous êtes que d’entre de bonnes mains. Un sortilège d’engourdissement pour te calmer et te faire lâcher prise. Tu peux pas riposter, t’as laissé ta baguette dans les décombres. Un genou à terre, y’en a un qui essaye de te relever. Ahah. Rookwood c’est drôle ça, Imogene j’vous en supplie le gars là, j’ai tellement peur il a des chaussettes jaunes.
Dernière édition par Bacchus A. Murdock le Jeu 26 Mai 2016 - 11:24, édité 2 fois |
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Eirene Mayfair ‹ inscription : 16/04/2016
‹ messages : 392
‹ crédits : AILAHOZ
‹ dialogues : #rosybrown
‹ âge : 30
‹ occupation : enfermée à azkaban pour 50 ans, elle est persuadée qu'elle n'en sortira pas vivante
‹ maison : serdaigle
‹ scolarité : 1984 et 1991.
‹ baguette : est en bois d'acajou ; elle mesure vingt-six centimètres et possède en son coeur un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 3581
‹ réputation : je suis un simple objet à la merci des mangemorts, prête à tout pour atteindre ses objectifs. A cela s'ajoute nouvellement l'appellation de criminelle de guerre; vivement recherchée par le gouvernement, je me suis rendue aux autorités début mars 2004
‹ particularité : métamorphomage.
‹ faits : que je suis devenue mangemort peu de temps avant la bataille finale mais que je ne soutiens pas les idéologies du Lord. C'est seulement une étape -indispensable- de plus pour faire mes preuves. L'utilisation de mon don m'épuise et il m'est impossible d'oublier les horreurs commises. Avec les blessures de l'attaque de Sainte-Mangouste et les dérèglements magiques qui s'ajoutent, garder le contrôle devient plus compliqué. L'orviétan (fabuleo) a été le seul moyen efficace pour supporter la douleur et reprendre vite le travail, une absence longue mettant en péril ma place dans le système et toutes les années de dur labeur qui vont avec.
‹ résidence : auparavant dans un minuscule appartement à Canterbury, du côté moldu, cachée de tous sous une fausse identité (Susie Marshall) avec Elizabeth Atkins (Leanne Marshall), je réside désormais dans l'une des nombreuses cellules d'Azkaban, toujours en compagnie d'Elizabeth
‹ patronus : une hirondelle, mais impossible d'en produire un depuis l'apposition de la Marque sur son avant-bras.
‹ épouvantard : mon corps vieilli par l'utilisation excessive de mon don. Plus récemment, il prendrait plutôt la forme de Matteo ensanglanté, allongé au sol et laissé pour mort.
‹ risèd : la liberté, un monde où je pourrais rester moi-même sans mettre ma vie en danger ou celle des personnes que j'aime. Matteo vivant, pas uniquement dans ses souvenirs.
| Eirene ne pouvait se permettre de manquer un événement d’une telle envergure, encore moins lorsque son supérieur, Augustus Rookwood, l’y invitait en personne. Alors que l’annonce avait été faite depuis plusieurs semaines déjà, Eirene était bien curieuse de découvrir cette forme de médicomagie révolutionnaire dont ils vantaient tant les mérites. De toutes façons, elle n’avait pas grand-chose de mieux à faire de ses journées, retrouvant chaque nuit un appartement totalement vide. Rester animée lui permettait de s’occuper l’esprit, oublier quelques instants ce qui lui pesait beaucoup trop sur la conscience. Elle se rendit donc à l’hôpital Sainte-Mangouste pour l’inauguration de la nouvelle aile, apprêtée d’une petite robe simple et élégante. Ne jamais en faire trop ou pas assez. L’appel du Magister avait été entendu et Eirene allait pouvoir profiter d’une soirée agréable en la compagnie de Monsieur Rookwood tout en faisant la connaissance de quelques sorciers de l’Elite. Peut-être serait-elle à leur place dans quelques mois, quelques années. « Je crois pouvoir affirmer qu'une entente, voire même une amitié, entre vos deux personnes pourraient se révéler bénéfique à la fois pour vous deux, mais aussi pour le monde de la magie. » Eirene buvait les paroles du mangemort comme elle croirait en un livre saint. Les quelques attentions de ce dernier avaient suffi pour qu’elle ne baisse sa garde, ou du moins qu’elle n’ait un semblant de sécurité. Tout le contraire d’Avery, qui se fichait bien de ce qu’elle pouvait penser. « Enchanté de faire votre connaissance, mademoiselle Mayfair. » Theodore était si… jeune. La simple évocation de son nom expliquait le pourquoi du comment. Nott, sang-pur. Toujours la même histoire. Si elle avait débuté sa carrière avec les mêmes chances que ce jeune homme, Eirene aurait très certainement atteint son poste actuel beaucoup plus tôt. Mais ce simple détail ne l’empêchera pas de s’élever aussi haut, voire même plus. « De même, enchantée de faire votre connaissance monsieur Nott… » qu’elle répondit avec un sourire poli tout en serrant légèrement leur poignée de main. Puis elle se tourna vers la cousine de Theodore. « … et mademoiselle Mulciber. » Mulciber… Ce nom lui rappelait quelques souvenirs, et pas les meilleurs. Elle glissa quelques mots à Augustus, le remerciant une nouvelle fois pour la soirée et se tut pour écouter le discours. C’était un spectacle d’horreur qui se déroulait sous ses yeux, alors que l’on exploitait ouvertement cette pauvre vélane, simplement parce qu’elle avait un don. Elle jeta un œil rapide sur la foule et remarqua principalement des regards ébahis, impressionnés par ce qui lui semblait pourtant monstrueux. Voilà le sort que l’on réservait aux personnes comme elle, les hybrides ou les sorciers dotés de particularités magiques, elles finissaient toujours par être exploitées jusqu’à ce qu’elles n’aient plus assez de force pour continuer. Elle aperçut brièvement Anna, qui semblait toute aussi sceptique qu’elle ne l’était. La rejoindre était beaucoup trop tentant, mais elle ne pouvait ni planter son supérieur ni espérer ne serait-ce qu’un petit sourire de la part de la Grimaldi vu leur dernière discussion. Eirene se contenta donc de suivre le reste du discours tout en gardant son calme et ignorant ce sentiment grandissant de dégoût jusqu’à ce qu’un bruit ne vienne interrompre la cérémonie. L’instant d’après, c’était le chaos.
« Eirene, tu m’entends ? » Au début, elle n’entendit que des tonalités, des bruits qui n’avaient aucun sens. C’était comme écouter un disque rayé. Les minutes s’écoulèrent et la voix se fit plus insistance. Elle finit même par entendre son prénom. « Eirene ? » Cette voix réussit à la sortir de son sommeil. Elle dormait pourtant si bien pourtant, paisiblement, perdue dans une dimension où elle n’avait aucune conscience des événements qui venaient de se produire. « Eirene ! » Elle aurait bien attrapé un objet, une chaussure, un livre, n’importe quoi pour le balancer vers cette source qui ne cessait de la déranger. Mais elle semblait vidée de toute force, incapable de faire le moindre mouvement. Après un temps de concentration, elle parvint difficilement à ouvrir les yeux sans reconnaître pour autant les lieux. Il faisait sombre, des minces filets de lumière semblaient s’échapper de… fissures et sa vision était beaucoup trop altérée encore pour relever les détails. Seule l’atmosphère lourde et brûlante lui fit comprendre que cette situation n’avait rien d’ordinaire. A chaque inspiration, c’était une douleur de plus. Sa gorge, ses poumons, tout lui faisait affreusement mal, comme si on lui transperçait le thorax de mille couteaux tout en s’amusant à lui cogner la tête de manière répétée. « Allez, réveille-toi. C’est important, tu ne dois pas dormir. » Elle plissa les yeux, tenta une nouvelle fois de comprendre où elle se trouvait mais en vain. Un indice ne serait pas de refus d’ailleurs. Elle ne se souvenait même plus de l’heure, ou même du jour, qu’il était. Elle eut l’impression de reconnaître son interlocuteur. Cette voix lui semblait beaucoup trop familière mais il lui était incapable de savoir qui. « Qui-qui êtes-vous ? » qu’elle parvint difficilement à demander d’une voix anormalement rauque, brisée, avant de tousser à plusieurs reprises. Là n’était pas la question. Parmi les milles qui se formulaient dans son esprit, elle avait choisi la plus banale. Elle entendit ensuite des bruits de pas s’approcher avant qu’ils ne s’arrêtent tout près d’elle. Les sens toujours brouillés, cette personne prit place à ses côtés. « Chut. N’essaye pas de parler, ok ? Eirene, tu vas devoir me faire confiance. » Elle acquiesce. Elle obéit sans vraiment savoir pourquoi. Peut-être parce qu’elle se sentait en sécurité, alors qu’elle ne le devrait pas. Mais ce silence l’angoissait. C’était beaucoup, beaucoup trop calme. Je- Où est-ce que je suis ? Et l’instant d’après, ce fut une vague de panique qui l’envahit toute entière. « Calme-toi, tu as besoin de rester calme. Je suis là, ne t’en fais pas. » Il passa une main dans les cheveux bruns de la sorcière puis sur son visage tâché de sang. « Je vais tout t’expliquer, d’accord ? Mais tu as besoin de respirer, calmement. C’est tout. » Tant bien que mal, Eirene essaye de contrôler sa respiration alors qu’elle se sent brûler de l’intérieur au moindre mouvement. Elle ferme les yeux quelques instants pour essayer de supporter la douleur, pour ne pas hurler et tente de lutter contre cette fatigue qui lui fait… perdre totalement le… contrôle. « Hé ! Interdiction de t’endormir. » Une main vint lui tapoter le visage à plusieurs reprises, d’une manière assez douce mais suffisante pour la faire revenir à la réalité. « Il y a eu une explosion à Sainte-Mangouste… » Qu-quoi ? « … pendant le discours de l’inauguration de la nouvelle aile. Médecine alternative, avancées importantes, tu vois le genre. Toutes ces histoires que la Magister cherche à nous faire avaler. » Elle ne suit que d’une oreille distraite ces paroles, toujours à cause de cette fatigue qui l’empêche de se concentrer plus d’une minute. « Oh ! C’est pas le moment de dormir, tu te souviens ? » Non, non, bien-sûr que non, je ne me souviens pas ! Pourquoi, dis-moi pourquoi devrais-je t’écouter, te faire confiance, rester éveillée ? Pourquoi ne pourrais-je pas tout simplement céder, fermer les yeux et enfin dormir ? Au bout de plusieurs minutes complètement immobile, elle réussit à porter une main sur son front, le massant doucement pour chasser cette douleur grandissante. Une substance, un liquide à l’aspect chaud coulait le long de son visage, juste derrière son oreille gauche jusqu’au cou. Je... je… « … comprends… pas. » Je ne comprends pas. Un chuchotement, un murmure presque inaudible. Une voix qui n’était pas la sienne, beaucoup trop grave, enrouée, sifflante. Respirer devenait une corvée, elle avait si mal. Elle aimerait seulement fermer les yeux et dormir. « Beaucoup de personnes sont mortes, tu le sais ? Et on ne compte même plus les blessés. Tout s’est passé tellement vite. Une simple seconde a suffi pour tout détruire. » Elle devait rêver. Oui, c’était ça. Eirene était en train de rêver et elle allait bientôt se réveiller maintenant qu’elle le savait. Tout ceci n’était que le fruit de son imagination débordante et de son angoisse grandissante. « Tu as eu beaucoup de chance. Un coup sur la tête. Ça se soigne pas trop mal. » Vraiment ? Tu crois vraiment ça ? Elle lui règlerait bien son compte, à coup de paroles bien placées si seulement elle parvenait à émettre un son sans tousser toute la minute suivante. Il hocha la tête, sans qu’elle ne puisse le voir. Lorsqu’elle parvint à bouger un peu plus, elle vit une robe tâchée de sang. C’était peut-être trop flou encore, mais difficile de ne pas remarquer ces teintes rouge vif sur un tissu clair alors qu’autour tout était trop gris.
Un éclair de lucidité lui vint à l’esprit, ce qui eut le mérite d’amplifier un peu plus son mal de crâne. Anna, où était-elle ? L’image du ventre rebondi, le doux visage de sa belle-sœur suffirent à lui redonner un peu de force. Assez pour essayer de s’asseoir, appuyée contre un morceau de mur peut-être, avant de se hisser sur ses deux jambes. Vu d’ici, elle avait l’air d’être entière. Mais Eirene ne réalisait pas encore la gravité de la situation. Elle n’y arrivait pas. « Tu devrais rester ici, je t’assure. Ton amie est certainement en sécurité. » Comment pouvait-il le savoir ? Il l’avait peut-être aidé bien-sûr ? Non ! Alors elle s’obstine, elle avance en s’accrochant à ce qu’elle pouvait. Le silence lui pesait, elle n’entendait absolument rien. Les minutes défilaient et sa vision devint plus claire, plus nette. La poussière avait envahi les lieux et il ne restait plus que des gravats de cette nouvelle aile de l’hôpital. « Eirene ! » Qu’il essaye de l’arrêter, il n’y arriverait pas. Des petits bruits lointains vinrent finalement briser le silence, devenant de plus en plus intenses. Elle entendait désormais ses pieds claquer au sol, le bruit des cailloux rouler sous ses chaussures, des craquements trop insignifiants pour l’alerter. Vinrent ensuite quelques cris, des appels au secours, des larmes. Instinctivement, elle essaya de dégager le passage pour les rejoindre au plus vite mais ses bras ne voulaient pas. Ils ne voulaient plus. Elle arrivait difficilement à tenir debout, ce n’était pas pour soulever des blocs de pierre. Même en tapotant le côté de sa robe, elle n’arrivait pas à atteindre sa baguette. Elle essaya à de nombreuses reprises, mais elle semblait s’éloigner un peu plus chaque fois. L’avait-elle perdue ? Possible, mais elle était persuadée du contraire. Elle sentait sa présence, dans la poche de sa robe. Elle toussa de nouveau, un peu plus fort tout en titubant. Sa tête lui faisait toujours aussi mal et les vertiges allaient bientôt avoir raison d’elle. Sa vision se trouble, les paupières se ferment et se rouvrent et les jambes s’entremêlent. Il n’en fallait pas plus pour qu’elle ne perde l’équilibre. Dans sa chute, elle s’était raccrochée à quelque chose d’instable, qui menaçait de s’écrouler à tout moment. Et c’est ce qui finit par arriver. Sauf que cette fois-ci, Eirene était parfaitement consciente. Allongée à même le sol, un gros bloc de pierre et de ferraille lui recouvrait l’abdomen presque tout entier et s’étendait jusqu’aux membres inférieurs. Ses bras avaient été épargnés et elle tenta de repousser ce qui lui était tombé dessus de toutes ses forces. Mais chaque fois, elle s’arrêtait immédiatement. Chaque centimètre déplacé valait un nouveau cri de douleur. Elle n’avait plus la force de se battre. Elle ne pouvait plus. C’était trop difficile et sans espoir. L’espace d’un instant, elle songea à abandonner. A quoi bon résister ? Pourquoi devrait-elle se battre alors qu’elle n’avait fait que ça dans sa vie. N’avait-elle pas le droit de se reposer, elle aussi ? Elle le méritait. Elle le méritait tellement. « Je t’avais dit de rester immobile. » Alors qu’elle se sentait sombrer dans un sommeil libérateur, une voix l’en empêcha. La même que celle qui l’avait réveillée. « Si seulement tu m’avais écouté, t’en serais pas là. Tu sais que j’ai raison. » Dans un élan de curiosité, elle fit tourner sa tête, à la recherche du compagnon mystère. Elle n’arrivait plus à distinguer le réel du faux. Elle devait probablement délirer, ce qui n’était pas forcément bon signe mais sur l’instant, c’était vraiment le dernier de ses soucis. « T’as pas le droit d’abandonner. » J’abandonne si je veux. Personne ne t’a rien demandé. « Fais-le pour moi, allez. Un petit effort, Renny. » Renny… Renny ? Ce surnom, ils n’étaient que très peu à l’utiliser. Mais ça remontait à beaucoup trop loin encore. « Encore… un petit… effort ! » Le ton de la voix devint plus forte, à la limite de l’agressivité. On sentait la colère, voire même la peur. De quoi avait-elle donc peur ? Pour la énième fois, Eirene essaye de réfléchir, de comprendre, de chercher une explication logique à ce qu’elle vivait. Mais elle ne parvenait pas à trouver de réponse. Rien n’avait de sens à ses yeux. Elle ne voyait qu’un simple visage. Un visage de plus en plus net et précis.
Renny ! Mais bien-sûr, cette voix, ce visage, ce sourire, ces traits… Elle ne les connaissait que trop bien. « Wes ? » Rien de plus qu’un chuchotement. Pitié, dis-moi que c’est toi. Dis-le moi. Elle voulait y croire. Elle voulait se dire que son frère l’avait aidée, qu’il était resté à ses côtés du début jusqu’à la fin. Elle y croyait fermement. C’était un peu la vérité, en quelque sorte. Wes ne l’avait jamais quittée, il était toujours resté dans un coin de son cœur. Elle avait peut-être essayé de l’oublier, pour se sentir mieux, pour aller de l’avant mais aujourd’hui, c’est cet amour qui l’avait sauvée. Des larmes coulèrent le long de ses joues. C’était un mélange de tout, l’émotion, la douleur qui ne s’atténuait pas, le manque. Le manque de Wes, de ses parents, de Matteo, d’Anna, de tout le monde. Elle avait tellement de choses à lui dire. Mais elle n’en avait pas eu l’occasion avant. « W… » « Ne sois pas désolée. C’est la vie. Et la tienne se termine pas aujourd’hui. » Un sourire venait de s’afficher sur ses lèvres puis il caressa doucement sa joue. « Ne… » pars pas, reste avec moi. Je t’en prie. Une nouvelle série de toux interminable accompagnée des mêmes sensations désagréables, un râle, un éclair de douleur. Et puis des voix. D’autres voix. « Venez par ici. Allez ! » Elle visualisa une dernière fois le visage rieur de son frère et ferma les yeux, se laissant finalement emporter par la fatigue et tout le reste. Désormais entre de bonnes mains, elle n’était peut-être pas totalement saine, mais au moins elle était sauve. |
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| HORS-JEU : passez la souris sur les dialogues russes pour lire la traduction.« Постарайтесь, чтобы по крайней мере выглядеть счастливым быть здесь Даша . Ты смотришь хмуро баба-яга на хороший день.[/font] Essayes au moins d’avoir l’air heureuse d’être ici Dasha. Tu as l’air aussi morne que Baba Yaga dans ses bons jours. » La voix d’Alekseï, troublante et d’une suavité calculée, coula le long de l’oreille de la jeune héritière pour l’extirper de sa torpeur, telle l’argenterie venant s’accorder au cristal pour en extirper le son de l’attention. Elle n’avait pas envie d’être ici, à la merci de la société sorcière, pas plus qu’elle n’avait envie d’être au bras de son frère aîné, cependant, son devoir ne lui laissait de choix, que celui de choisir le visage qu’elle pouvait arborer en présence de tous les bons sorciers du coin, ou des plus tolérés, à défaut d’être dotés de bienveillance. « К сожалению, я был потерян в моих мыслях. Désolée, j'étais perdue dans mes pensées. » La main glissant le long de sa colonne vertébrale se voulut rassurante, mais le corps tragiquement fragile le vit comme une menace, incitant la jeune femme à se raidir sous le tactile. Ce n’était pas tant qu’elle détestait son frère, bien au contraire, toutefois, les récents évènements, et plus encore la découverte qu’elle venait de faire, la poussaient à se tenir à l’écart de son frère aîné et chef de clan au même titre que le reste des membres de sa famille afin que son secret ne soit pas découvert. « остается сосредоточенным. Reste concentrée. » Le signe de tête fut rapide mais ne fut que mensonge, tandis que son esprit coulait de nouveau dans des pensées qui lui semblait bien plus importantes, tourné vers des suppositions d’avenir qui ne se présentaient pas de façon des plus sereines. Incapable de définir les sentiments qu’elle portait à l’égard de la petite créature grandissant en elle, inquiète face à la situation dans laquelle elle évoluait, et tant de questions qui se bousculaient qu’elle ne parvenait à en attraper une pour y répondre. Quelques régulières se manifestaient plus souvent que d’autres, concernant le responsable de la situation dans laquelle elle se trouvait, la réaction et les actes de son propre père, la réaction des siens, son devenir… En ces jours sombres, était-il bien sage de mettre un enfant au monde ? La décision lui appartenait, à elle seule, cependant, la lucidité était une harpie sournoise : elle n’avait pas créé cette chose seule, un autre avis était à prendre en compte, l’avis d’un fantôme dont elle n’avait plus de nouvelles, qu’elle n’avait plus vu depuis quelques temps. Elle n’avait pourtant que très peu de temps à consacrer à sa recherche, prise entre le ministère et l’activité à laquelle elle était liée par le sceau du mage noir, une marque qu’elle détestait au moins autant que la situation dans laquelle elle se trouvait.
Le soupir fut intérieur, autant que le mouvement de tête pour chasser les pensées assourdissantes, retournant à l’instant présent, à la présentation d’un programme innovant. Autour d’elle, la foule est toute ouïe, son frère présente une mine fière, absorbée, cela ne serait-guère étonnant qu’il ait prit part à ces dites recherches. N’a t’il pas toujours trouvé les créatures fascinantes ? Ladáh observe la suite du programme, discrètement, compte mentalement les heures qui la séparent de sa chambre et de l’isolement dont elle a besoin. Son regard de glace accroche un visage connu : Bacchus, son petit rival, effroyablement libre de faire ce que bon lui semble, perdu ailleurs, mais certainement pas ici. S’il est dans les parages, Augustus Rookwood n’est certainement pas loin, mais elle n’a pas le temps de le chercher, captive du spectacle qui s’offre à son regard. Son regard se fait grave sous le constat terrible de l’expérience, une vie pour une autre. « Это бесчеловечно… C'est inhumain…» murmure-t'elle, mesurant pourtant toute l'ironie à laquelle elle fait face : vaut-elle mieux, elle qui joue de nécromancie dès lors que le soleil n’est plus témoin. Son visage offusqué se tourne vers celui de son frère aîné, l’observe, le dévisage. « As-tu pris part à cela ? » En fond, le discours du directeur d’hôpital continue, et quelques murmures s’élèvent dans la foule. Est-ce admirable ou inadmissible ? Ladáh n’entend pas, totalement absorbée par ce que son frère pourrait déclarer pour défendre la mine satisfaite qu’il arbore. « Ce n’est qu’un début, il y a toujours des ratés dans les commencements d’une expérience. » Voilà qu’elle fronce les sourcils, peine quelque peu à digérer les mots qui franchissent les lèvres de son chef de clan. « Разве ты не поклялся заботиться любого существа или мастера ? Вы клятвопреступный брат. N’as-tu pas fait serment de prendre soin de tout sorcier ou créature ? Tu t’es parjuré mon frère. » La sentence est sans appel aux yeux de la jeune héritière, tandis qu’elle s’éloigne en direction d’un serveur, prétextant par le geste avoir besoin de boire quelque chose pour digérer l’information. Pourtant, à peine les phalanges se sont-elles emparées d’un verre de cidre rosé, qu’un fracas épouvantable se fait entendre, craquement sinistre au dessus de la tête, l’incite à lever les yeux vers le ciel pour mieux apercevoir les débris tomber. « LADÁH ! »
L’ouverture des yeux est difficile, et il lui semble qu’elle n’entend plus rien. Même respirer semble être un effort surhumain. Quelque chose de poisseux lui colle au visage, et l’odeur ferreuse ne manque pas de lui indiquer de quoi il s’agit. Du sang. Son sang ? Elle essaie de se redresser, mais rien que l’effort lui arrache une douleur qui lui vrille chaque parcelle de son corps. Elle tousse, recrache la poussière qu’elle semble inhaler. À quelques centimètres d’elle, un visage aux yeux grands ouverts, inertes : le serveur vers lequel elle s’était dirigée. Il est mort. Pour côtoyer ces derniers, l’état ne la choque pas, seule la situation la dérange, tend la main pour lui clore les paupières. Le bougre n’a pas eu de chance. La peau commence à peine à refroidir, la texture de la chair sous ses doigts lui paraît familière et à la fois étrangère. Elle tousse de nouveau, et la douleur revient à la charge. Elle cherche à bouger son autre bras, mais quelque chose de lourd l’en empêche, et la protestation qui s’extirpe de sa bouche lui indique que celui-ci est peut-être cassé. Est-elle brisée ailleurs ? Elle ne sent rien, la douleur est partout, et bientôt, la peur s’empare de son esprit : la créature qui grandit en elle, comment va t’elle ? Elle se remémore du geste de protection contre son ventre lorsque les débris lui sont tombés dessus, c’est pour cela que son bras est coincé. Elle ne veut pas que cette chose meure, elle ne veut pas la voir disparaître maintenant, inaperçue parmi d’autres blessures qu’elle ne parvient à comptabiliser. Ce serait injuste. Son cœur s’accélère, sa respiration se fait plus courte. Crise de panique. C’est la première fois depuis des années. Elle sent comme un étau se resserrer autour d’elle, l’air lui paraît difficile à attraper, irrespirable. La douleur s’en mêle et c’est un glapissement qui franchit ses lèvres, qu’elle entend de loin. La peur est une ennemie résolue, et Ladáh est sa nouvelle victime : elle ne veut pas rester un instant de plus sous ces gravats, sa main libre essaie de repousser le béton qui semble se refermer sur elle. Seule. Tu es seule. Ça la nargue, joue avec ses pensées. Elle entend des voix étouffées de l’autre côté de sa tombe, mais elles sont trop lointaines pour y faire plus attention. Respire. Petites goulées, le cœur suit, le calme semble revenir, mais tout n’est que chaos qui ne demande qu’à réapparaître. Patience. Il faut faire preuve de patience, quelqu’un viendra la trouver. Son frère peut-être ? La lucidité lui vrille l’esprit : comment va t’il ? Est-il lui aussi enseveli sous les décombres ? Que s’est-il passé ? Trop d’informations, l’esprit lâche en même temps que le corps.
Le temps semble s’écouler trop lentement. Elle s’est évanouie, s’est réveillée, mais la notion de durée lui est inconnue. Tout lui semble être une éternité. La douleur lui paraît insoutenable. Alors elle s’occupe en attendant qu’on la sorte de là. Ses phalanges écartent les quelques débris à sa portée, et de temps en temps, elle parle. Elle parle au mort, son unique compagnon. Puis elle parle à l’inconnu, à cette chose qu’elle protège comme elle peut, à cette incertitude pour laquelle elle prie de demeurer. « Me laisse pas несчастливый… C’est pas génial comme endroit ici, c’est triste, pluvieux et chaotique, mais de temps en temps, c’est beau et chaud, comme un rayon de soleil. » Elle divague, n’en peut plus. La frustration la gagne. « Ladáh ! » Quelque part, quelqu’un crie son nom, c’est peut-être une hallucination. « Ladáh ! » un petit halo de lumière, des débris qui glissent près d’elle, puis une main qui tente d’attraper la sienne. « Ladáh, je suis là ! » Alekseï ? Raspoutine soit loué, On la sort avec précaution, mais même cela n’est pas assez pour empêcher la douleur, elle lâche un glapissement net avant de finalement se tourner vers le médicomage qui l’ausculte, l’incite à approcher son oreille de sa bouche. Il faut qu’elle sache. Il faut qu’elle sache si son enfant est toujours là, il faut qu’elle sache si sa vengeance doit-être terrible. Elle a entendu les mots, elle sait qui est responsable de ce chaos. Mais elle a besoin de savoir si elle doit compter une victime personnelle. Elle a peur Ladáh, et elle souffre. Le bras cassé, les côtes fêlées, les égratignures, le sang, ce n’est rien à côté de la souffrance qu’elle ressentira si la chose n’est plus là. Elle ne savait pas qu’on pouvait aimer l’inconnu à ce point. |
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