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sujet; MINI-EVENT 9 ⊹ wrong place, wrong time |
| Crystal était venue. Elle avait dit à sa mère qu’elle voulait s’éloigner de la noblesse, qu’elle voulait aller affronter le monde, le vrai, pour être mieux préparée, pour que l’expérience qu’elle avait vécue ne se répète pas. Pourtant elle était venue. Parce que c’était Ste Mangouste, parce que son père travaillait là. Parce que là était sa place, au moins pour une dernière fois avant de partir à l’aventure, peut-être de rejoindre son frère. Alors elle s’était nettoyée, avait passé sur son corps des onguents de sa conception pour apaiser les marbrures que sa délicate carnation portaient encore, pour calmer les tressautements de ses muscles qui la surprenaient parfois, comme un rappel de l’endoloris qu’elle avait subi. Elle avait revêtu l’une de ses plus belles robes, une de celles qu’elle n’avait encore jamais portées. Autant faire les choses bien, pour la dernière fois. Elle avait ourlé son regard clair de noir et d’argent, sa bouche d’un rouge carmin. Elle avait passé une crème sur ses mèches blondes, les rendant telles de l’or filé et discipliné. Elle était sublime, magnifique, plus qu’elle ne l’avait jamais été au cours de sa courte existence. Partir en beauté. Sa mère aurait été fière d’elle, si elle ne rechignait pas tant à la voir partir, quitter le giron, la protection que son nom offrait, que son sang offrait. Mais peu importait. Un dernier tour de piste et elle partirait. Pour apprendre le monde, pour être digne de la marque qu’elle porterait un jour.
Si elle avait su. Si elle avait su, elle serait partie avant l’inauguration. Elle aurait tout envoyé paitre, bouclant ses valises pour rejoindre son frère, peu importait où il était. Au fond des Carpates, dans un village perdu en Chine ou sous le soleil harassant du Mexique. Il avait toujours été le seul à l’accepter comme elle était, même si son père n’était pas le pire non plus. Elle aurait du partir avant. Mais elle voulait être là pour lui. Ses découvertes sur les animaux magiques pourraient enfin être utilisées au grand-chose. C’était une bonne chose. Elle s’efforçait de sourire au monde, aux gens qu’elle connaissait, à ses clientes qu’elle croisait. Ce masque parfait sur son visage alors qu’elle déambulait entre les personnes présentes, cherchant son paternel des yeux. Le directeur de l’hôpital était en train de faire son joli discours, mais elle savait tout cela, elle voulait juste retrouver Basel. Mais soudain, un tremblement la fit vaciller sur ses escarpins. Un morceau de plafond se détacha et se dirigea vers elle. Un nuage de poussière lui tira une toux douloureuse. Elle chercha à reculer, mais sa robe ne lui offrait qu’une piètre marge de manœuvre. Les gens autour d’elle s’affolèrent, pour ceux qui n’étaient pas déjà écrasés sous la masse de pierre. Une bouffée de panique l’étouffa un peu plus encore que la poussière dans l’air ambiant et elle glissa sur une flaque dont elle ne voulait pas savoir le contenu. Ses genoux heurtèrent le sol. Elle chercha à s’échapper à quatre pattes, incapable de savoir par où elle devait aller pour retrouver un peu de calme. Une personne qui courait la heurta de plein fouet, l’envoyant rouler plus loin. Son échine gémit alors qu’elle passait sur des débris acérés. Elle sentit un liquide chaud imbibé sa robe. Elle ne pouvait entendre que les battements acharnés de son cœur, occultant jusqu’aux cris de détresse et de douleur. Elle tenta d’avaler de l’air, mais sa gorge se tapissait de poussière et elle goûtait dans l’atmosphère des vapeurs qu’elle connaissait si bien pour s’en protéger lors de ses expériences.
Ses yeux se mirent à pleurer. Ses ongles raclèrent le sol alors qu’elle cherchait à avancer toujours. Elle avait mal. La poussière rendait ses avancées aveugles. Une nouvelle personne passa devant elle et heurta sa tempe, l’envoyant de nouveau au sol, sur le carrelage fissuré. Un nouveau grondement retentit au-dessus d’elle mais elle était trop sonnée pour bouger. Elle savait que ça n’augurait rien de bon. Rien du tout. Elle poussa un gémissement plaintif. – Papa… – appela-t-elle misérablement. Ses larmes redoublèrent alors que ses mains se posaient dans une flaque de sang. Le grondement fut remplacé par un craquement sinistre et une ombre, au-delà de la poussière, se profila au-dessus de son corps. Au-dessus des autres autour d’elle. Et un nouveau morceau de plafond – ou était-ce un mur ? – s’effondra.
Un hurlement lui échappa, déchirant, faisant pénétrer encore un peu plus les vapeurs toxiques dans ses poumons. Pourtant la douleur avait été plus que brève. Elle n’osait pas se retourner pour voir ce qu’il était advenu de son corps. Elle savait pourtant. Le bloc devait avoir sectionné sa colonne vertébrale. C’était la seule raison qui expliquerait l’absence de douleur. Elle ne pouvait pas se retourner. Appuyée sur ses coudes, elle était coincée. Les larmes redoublèrent sur son visage. Si elle se retournait, elle ouvrirait la plaie qui devait certainement être colmatée par le bloc qui lui était tombé sur la partie inférieure du corps. Si elle se retournait, elle se viderait de son sang. Pourtant, ça ne servait à rien de lutter. Même s’ils la trouvaient, ils ne pourraient rien faire. Elle était condamnée. Alors elle hurla, à s’en déchirer les poumons. Elle appela son père, encore et encore, espérant le revoir une dernière fois avant de sombrer dans la nuit éternelle, de se faire happer dans l’étreinte glaciale de la mort. Elle aurait du partir avant cette fichue inauguration.
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| Qu'est-ce qu'elle fait là, déjà ? C'est tellement long. Elle pousse un soupir. Plusieurs sorciers se retournent et la regardent d'un air méprisant. Oui, c'est bon, elle n'a pas votre patience. Il faut sans doute être aussi ennuyeux soi-même pour supporter un tel discours. Et encore, elle n'est pas au premier rang, elle plaint ceux qui doivent faire semblant d'être intéressés. Elle ne voulait pas venir, mais bien sûr, ce n'est pas comme si elle avait eu le choix. Ses parents comptaient sur elle. Et par-dessus le marché, Bacchus comptait sur elle. Il ne voulait pas y aller tout seul. Et le voilà, déguisé en homme civilisé, à côté d'elle, on ne peut plus quelconque. Il ne dit rien. En fait, cela fait bien dix minutes qu'il ne parle plus d'ailleurs, et il a l'air contrarié. Il ne peut pas rester comme ça. Elle lui lance un défi pour lui changer les idées. Compter le nombre de paires de chaussettes jaunes dans la foule. C'est une idée complètement absurde, mais elle a juste envie qu'il reprenne son air normal. Il la suit dans ce petit jeu immature sans poser de questions. Comme il n'y arrive pas et commence à grogner, elle tente autre chose. Elle se met à jeter des boulettes de papier au hasard dans la foule avec sa baguette.« Dans les décolletés, ça vaut 1000 points. »Ils s'amusent quelques minutes, avant de manquer se faire prendre par une de leurs victimes. Soit dit en passant, cette expérience avec cette Vélane n'est pas jolie à regarder. C'est plutôt tordu. Mais si Bacchus ne dit rien, c'est que ça devrait aller. Comme des enfants, ils se pincent mutuellement les côtes pour rester éveillés. Bacchus se recroqueville sur le côté. Vexé, il lui demande de bien se tenir. Comme il ne veut plus jouer, elle décide de l'embêter. Elle a des tas d'idées pour ça. Elle pointe son doigt à un centimètre de sa joue et l'appelle. Le pauvre bougre ne peut s'empêcher de se tourner vers elle, et se prend le doigt dans la figure. Ça marche à tous les coups. Il essaie de lui jouer le même tour, mais elle lui jette un regard noir. « Ce n'est pas drôle quand c'est toi qui le fais. »Il prend ce petit air outré qui lui donne envie de l'énerver encore plus.« Ah ouais ? Et bah t'arrêtes, sinon je- »Il lève les yeux. Un craquement. Le tonnerre. Bacchus lui agrippe la main. Qu'est-ce qui se pas-Quand Imogene reprend ses esprits, il fait tout noir. Est-ce qu'elle a les yeux ouverts, au moins ? Pourquoi il fait noir ? Pourquoi elle a mal à la tête ? Pourquoi elle ne peut pas bouger ? Qu'est-ce que c'était que tout ça ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Et où est Bacchus ? Elle a du mal à respirer, chaque inspiration lui brûle les poumons. Ses yeux piquent et sa langue est sèche. Elle voudrait d'atteindre sa baguette mais elle ne sait même pas où sont ses bras. Elle est ensevelie sous les débris. Elle n'entend rien. Elle a froid, elle a chaud, elle a peur, et elle est toute seule. Où est Bacchus ? Elle a mal partout. Ses os sont cassés, c'est sûr. Elle n'arrive pas à élever la voix pour appeler à l'aide. Elle se raccroche à son seul espoir. Où est Bacchus ? Elle ne veut pas mourir ici. Elle ne veut pas mourir maintenant. Elle ne veut pas mourir toute seule. Où est Bacchus ?...
Elle sent quelque chose lui serrer les doigts très fort. C'est lui. Elle soupire imperceptiblement. Il est vivant. Il serre fort. Elle a mal. Mais elle ne lâcherais cette main pour rien au monde. Elle n'arrive pas à bouger. Elle n'arrive pas à donner signe de vie. Elle n'arrive pas. On la sort des ténèbres.« Imogene ? »C'est Bacchus. Elle murmure son nom. Il ne l'entend pas. Bacchus, sors moi de là. C'est ce qu'elle a envie de lui dire. Mais les mots ne franchissent pas ses lèvres meurtries. Il lui tapote la joue avec le doigt. Même dans les pires moments, il reste un peu crétin. Elle l'entend l'appeler une seconde fois. Sa voix trahit l'inquiétude. Si seulement elle pouvait bouger. Ou parler. Elle toussote faiblement et crache un peu de poussière.« Et donc ? Sinon tu feras quoi ? »Elle aussi, dans les pires moments, tient à avoir le dernier mot. Elle ouvre un peu les yeux et voit le visage ensanglanté du Rafleur s'éclairer. Elle veut dire autre chose – une blague, peut-être, pour qu'il arrête de s'inquiéter – mais il la fait taire en pinçant sa bouche. Elle déteste quand il fait ça d'habitude. Pas là. Elle sent ses doigts rugueux sur sa peau. Ça prouve qu'elle est en vie. Ça prouve que lui aussi est en vie.
Il regarde brusquement autour de lui. A l’affût. Il cherche des yeux quelque chose. Ou quelqu'un. Il veut partir. Mais où ça ? Non, ne t'en vas pas.« Ne me laisse pas. »J'ai besoin de toi. Sans toi je vais crever ici. Personne ne viendra si tu n'es pas là. Est-ce qu'elle a dit ça tout haut ? Le pauvre a l'air tout penaud. Quelle égoïste elle fait. Elle pourrait lui dire de partir, mais elle n'en a pas envie. Elle a peur. Elle a envie de pleurer. Elle a envie de crier parce qu'elle est pleine de poussière. Doucement, Bacchus enlève son manteau avec une grimace de douleur et l'enveloppe délicatement à l'intérieur. La triste couverture est sale mais cela lui importe peu. Elle sent encore la chaleur de son corps. C'est tout chaud. Il se relève avec peine. Il a mal lui aussi. Il a mauvaise mine. Il a le visage en sang et il est tout sale. Pourtant c'est toujours lui. Si seulement elle pouvait bouger et attraper sa baguette pour le soulager ne serait-ce qu'un petit peu. Elle voudrait ne pas se sentir inutile. Mais pourquoi c'est si agréable de se laisser bercer dans ses bras ?
Tandis qu'il marche à travers les décombres, elle lui pose tout un tas de questions dont elle sait qu'il n'a pas les réponses.« Qu'est-ce qui s'est passé ? » « Qui a fait ça ? » « Pourquoi ? »La preuve, il ne répond pas. A moins que ce soit parce qu'il s'agite tout à coup. Il tremble, il a les yeux écarquillés et elle peut presque voir la fumée de son cerveau qui tourne à cent à l'heure. Et Merlin, ça doit être une première. Elle gigote comme un ver de terre.« On va se calmer? »Évidemment, ses paroles ont peu d'effet, mais c'est comme s'il avait repris conscience qu'elle était là. Il la regarde avec des yeux dépités. Shhhh. Elle se blottit encore un peu plus contre lui.Puis elle entend des pas précipités, des voix lointaines. Elle sent Bacchus qui s'affole. Il ne veut pas la lâcher. Elle ne veut pas le quitter. Une petite larme roule sur la joue de la jeune femme. Il est barjot, mais elle l'aime bien quand même. Il la serre de toutes ses forces. Bacchus, serre-moi encore un peu plus fort. Ça me fait mal partout, mais c'est la première fois qu'on me serre aussi fort. Ça doit vouloir dire qu'elle compte au moins pour quelqu'un.
On le presse de la laisser entre leurs mains. Il refuse. Il secoue la tête comme un gamin. Ne t'inquiète pas, Bacchus. Ça ira. Elle ne peut plus bouger. Elle a mal partout. Elle a envie de pleurer. Mais là, juste là. Dans sa poitrine.
C'est tout chaud. |
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I can't stand not being able to do anything anymore. (musique o1)« Maintenant que nous savons qu’ils peuvent survivre, autant en profiter, n’est-ce pas ? » « Shhh, ça va aller, Eudoxie, ma petite chérie. » « Il n’y a pas de quoi être fière, ce n’est qu’une fille. » « Arrête de pleurer, Eudoxie, s’il te plaît. » « Ascleus et sa soeur ont fait bien mieux que ça. » « Tu n’es qu’une fille ! Si tu avais été un garçon, si tu avais été ce qu’on attendait. » « Elle n’est pas très bavarde, est-ce qu’elle est simple d’esprit ? » « Les Ollivander servent la Magie et tu sers les Ollivander. » « Je te présente Draco, Eudoxie. » « Puisque tu es incapable, tu l’apprendras par cœur pour la leçon de demain. » « Arrête de pleurer, tu me tapes sur les nerfs, Eudoxie ! » « Les enfants doivent être aimés. » « Tu es une déception perpétuelle. » « Au moins, elle est jolie. » « On refait du gâteau ? C’est Gwen qui réclame, tu sais. » « Tu devrais écouter Père et Mère, Eudoxie. » « On joue aux échecs encore, aujourd’hui, Nyss ? » « Non, je n’essaie pas de ressembler à Père, tu imagines des choses. » « Tu ne sers à rien. » « Tu ne peux pas détester la Magie, Eudoxie – c’est notre devoir de l’honorer. »
« Tu es certaine de ne pas vouloir Ravenclaw ? Ta curiosité t’y prédispose … Bien, dans ce cas, Hufflepuff ! » « Nyssandra ? Bon, d’accord … si tu préfères. » « Qu’est-ce qu’on va faire de toi, Eudoxie ? » « Regarde, Nyssandra, la nouvelle édition de Weekly Witch ! » « Miss Ollivander, peut-être devriez-vous vous mettre au travail ? » « On joue ensemble ? Aux cartes ? » « Eh, Ollivander, tu veux venir avec nous à Pré-au-Lard ? » « Ne me touche pas ! Je ne veux plus te parler, tu es une menteuse ! » « Tu es une sorcière médiocre, Eudoxie » « La collection de cette saison est vraiment ennuyeuse. » « Vous ne ferez rien de votre vie si vous continuez ainsi, Miss Ollivander. » « Je sors avec Nyssandra, oui. » « Vous me faites perdre mon temps si vous ne savez pas répondre à cette question basique, miss. » « Plus tard, je veux voir le monde. L'explorer. » « Regarde, il te fixe tout le temps – je pense que tu lui plais. » « Vous n’avez pas la moindre idée de ce que vous voulez faire plus tard, n’est-ce pas ? » « On s’embrasse ? » « Tu t’es encore disputé avec Lestrange ? On vous a attendu dans tout le couloir. » « Tu veux faire quoi, plus tard ? » « Montre toi digne de la famille, Eudoxie ! »
« Tu n’es pas une Ollivander, tu n’es qu’une déception. » « Le portoloin pour Boston est par ici, miss. » « Tu te plais ? Tu aimes ton travail ? Tu souris, tu as l’air mieux, Nyss. » « Ian, enchanté. On dîne ensemble, ce soir ? » « Encore un bouquet de fleurs ? Tu devrais dire oui, Ackermann n’est pas un sale type. Il est même sympa. » « Les dîners chics dans des restaurants chics, c’est cliché. Alors qu’ici, on a la plus belle vue de Boston. » « Pourquoi tu sors avec elle ? Elle est jolie, mais regarde les torchons mondains qu’elle écrit. Tu mérites mieux que ça. » « Eh, n’écoute pas Jeremiah. Il ne te connait pas comme je te connais. » « Tu veux participer à l’association ? Toi ? » « On devrait s’installer ensemble. » « Je t’aime, Nyss. » « Papa m’a offert cette paire de Miroirs Double-Sens à pied. Le deuxième est pour toi, c’est plus pratique que la cheminée, tout de même ! » « Ton gâteau est vraiment trop cuit, tu sais ? » « Tu as de la chance de pouvoir assister aux défiles de New-York ! » « Tu acceptes de m’épouser ? » « Oh la la, tu as tellement de chance ! » « Ce sont ta famille et tes amis, tu n’as pas besoin de stresser autant, Nyssandra – tout va bien se passer. » « On ne peut pas s’attendre à mieux de la part d’Eudoxie, c’est tout à fait elle d’épouser un Américain. » « Nous sommes contents de te revoir. N’est-ce pas Lucius ? » « Nyss ! » « Tu es toujours aussi petite, en revanche, Ollivander. » « Et si on essayait un bar moldu pour voir ? Gwen, tu viens, n'est-ce pas? » « Trois … machins-là. Des … bières ? » « Il ne te mérite pas, Ollivander. Il ne te connait pas. Tu lui mens. » « Nyss, ça va ? On dirait que tu vas pleurer … » « Je le déteste. Et je te déteste. » « Je vais épouser la femme la plus parfaite du monde. Qui aurait cru que tu existais quelque part ? » « Miss ? Il est … il est vraiment mal au point. C’est rare mais il arrive que cette maladie dégénère de façon incontrôlable. Est-ce que vous voulez le voir ? » « Eh … ne pleure pas. La Nyssandra que je connais ne pleure jamais … » « C’était bien la peine de faire tout ce tapage et de nous déranger avec tes fiançailles alors qu’il est mort. » « C’est déjà la deuxième fois que tu déménages ce mois-ci – la dernière fois, c’était la vue qui ne te plaisait plus et cette fois, trop de bruit dans le quartier ? Est-ce que tu es sûre que ça va ? » « Ian ne voudrait pas te voir dans cet état, il voudrait voir la femme forte qu’il aime. » « Tu reviens, finalement ? »
« Pourquoi tu n’es pas revenue pour la disparition de Grand-Père ? Tu es toujours aussi égoïste. » « Très bon papier, Ollivander. » « Tu … tu vas bien, Nyssandra ? » « Ce soir, on va boire des mojitos pour fêter ton nouveau poste ! » « C’est la famille, Eudoxie ! Tu as un devoir envers notre nom. » « La guerre fait vraiment rage partout, pas vrai ? » « Est-ce que tu accepterais d’être sa marraine ? » « Tu dois épouser Travers pour assurer la tranquillité des Ollivander. Pense à ta famille pour une fois. » « Marraine, peut-être que tu devrais vivre avec moi. Comme ça, tu pourrais t’occuper de moi tout le temps. » « Tu acceptes ? … mais Nyss … » « Il veut t’amener à la chasse d’Halloween ? C’est dégoûtant. » « Je t'apporte de la lecture, les derniers magazines - et aussi des chocolats. C'est de mon frère. Tu ne lui diras pas ? Il m'a fait promettre. » « C’est affreux, vous avez entendu ? Il paraît qu’elle est devenue stérile. Oh, pas tout à fait ? C’est du pareil au même, Travers n’en veut plus et personne n’en voudra. » « Je répare le cœur de Marraine ! » « Tu ne sers vraiment à rien, Eudoxie. » « Je ne voulais pas vous … vous blesser. » « Ollivander, c’est un Mangemort, tu ne peux pas le démolir dans un article, même si sa peinture est hideuse. » « Je vous le promets. » « A nous, à notre force de caractère pour supporter une vie de fiente pareil ! » « Tu aurais pu choisir n'importe qui. N'importe qui ! Mais pas lui. » « Tu as l’air fatiguée, est-ce que tu dors au moins ?[/color] » « C'est de ta faute. Ah Nyss, qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ? » « Qu'elle est difficile avec toi, la société, Ollivander. » « Je veux venir. Je peux, ce soir ? J'apporterai du gâteau au chocolat. » « Nyssandra … »
« Tu plieras ou tu crèveras, rebut. Crucio. » « Elle ? Il paraît que c’est une des poupées de l’Elite – Rookwood qui l’a ramassée. C’est fragile, ces machins. Ça se brise pour trois fois rien. » « Je ferais gaffe, si tu fais gaffe. Tu me promets ? » « Tu veux savoir ce qui me tracasse ? Alors lis-le. Décrypte-moi. » « Epouse-moi. Sois mienne. Je ne vais plus t'abandonner. » « Nyss ? Je t’aime, tu sais ? » « Marraine … il prend soin de toi, Monsieur Aramis ? … mais c’est quand même moi qui répare le mieux ton cœur, non ? » « Donc maintenant, tu bosses avec moi et t’arrêtes de faire chier. » « Bienvenue à Witch Weekly, Nyssandra. » « Je te veux toi. » « Espèce de garce ! » « Un des objets que vous avez touché était probablement maudit, il va nous falloir du temps pour vous puissiez parler de nouveau. » « Je n’ai rien à te prouver. Tu n’aurais même pas du savoir que j’étais là. » « Peut-être que la fête est annulée et que tu restes avec moi au lieu de voir Monsieur Lestrange, hein, marraine ? » « Je te promets de te protéger du pire, de toujours veiller sur toi. » « Vous êtes donc une animagi à présent ? Je comprends mieux pourquoi je vous voyais moins dernièrement. » « Tu pues le chat mouillé. » « Miss Ollivander ? Mr Lestrange est dans la troisième chambre sur la gauche mais vous ne pouvez pas entrer, le Médicomage Carrow est en train de lui prodiguer des soins. Miss Ollivander ! » « Ne pleure pas, je suis là, je suis vivant. » « Six semaines, sérieusement ? Nyssandra, tu ne peux pas avancer un mariage comme ça. ... Bien évidemment, le meilleur - je ne fais que le meilleur. » « Félicitations. » « Félicitations ! » « Nyssandra Lestrange, j’aime comme ça sonne … Nys-san-dra-Les-tran-ge ~ »
Nyssandra Nyssandra Nyssandra Nyssandra ❝ Day One ❞ (musique o2)« -ssandra ! Nyssandra ! » Les yeux fauves papillonnent, et l’incompréhension s’y lit alors qu’elle tousse, recrache la poussière dans laquelle elle était vautrée. « Je … » La vue a du mal à s’adapter à l’obscurité ambiante. Au-dessus d’elle, il y a la grande silhouette d’Aramis, étrangement voûtée. Contre sa joue, elle sent la rugosité du sol et des gravats. Sous sa main, il y a comme une substance étrange, un peu froide. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? « Est-ce que ça va ? Est-ce que tu as mal quelque part ? » La presse la voix d’Aramis, en contre-haut. Nyssandra acquiesce mais ne dit rien. Lentement, elle prend le temps de vérifier que tout fonctionne, qu’elle peut bouger bras et jambes, qu’elle peut respirer. « Je vais bien … » Et discrètement, elle tourne la tête vers Aramis, expose une oreille plus que l’autre, espère qu’il ne verra pas le liquide poisseux qu’elle sent couler sur son cou, sous les longues mèches brunes. Elle n’ose pas dire qu’elle n’entend plus rien d’un côté, que ça siffle contre ses tympans. Parce qu’au même moment, elle remarque l’angle bizarre de l’épaule entre deux ombres. « Aramis, tu es blessé. Je- est-ce que … » -je peux faire quelque chose ? Les doigts sont déjà enroulés autour de sa baguette (Merlin merci, celle-ci aura survécu). Mais la question est avortée, fauchée en vol par la réalité qui la frappe. Elle ne peut rien faire, elle ne sait rien aux sorts de soin. « Est-ce que tu peux bouger ? » Elle voit la jambe, et elle sait déjà que rien ne va. Il faut qu’ils sortent d’ici. ( il le faut il le faut il le faut) « Je-je peux lancer un sort … pour déplacer la dalle avec toi. » Il faut qu’ils sortent d’ici. ( avant d'étouffer, de mourir, de manquer d'air) Mais Aramis fait non de la tête, soudainement, et dans une quinte de toux, il proteste : « Ça risque de s'écraser si jamais tu bouges quelque chose. » Un Lumos pressé et tremblant plus tard, une lumière faible emplit l’espace étroit, révèle le château de cartes branlant sous lequel ils sont abrités. Piégés. Autour d’eux, tout n’est que pierres massacrées, colonnes et murs effondrés. Et aussitôt, Nox éteint tout, cache l'horreur. « Amour ? » Mais le mot vacille, la voix déraille. Nyssandra sent déjà le souffle qui s'affole, elle se force à le fixer, à ne voir que lui. « J'ai - » peur. Et elle a peur d'avoir peur. Peur de ce que ça entraînerait si elle panique, si elle n'aide pas Aramis. « S'il te plaît ... parle-moi. » « Je vais bien. Tout va bien. Tu n'as pas à avoir peur, Nyss. » « Mais - » « On s'est promis, non ? Sur la magie ? » Dans l'obscurité, il y a comme un sourire qui se trace sur le visage d'Aramis ; dans les graves de sa voix, il y a toutes ces certitudes qui apaisent le coeur. Le regard fauve hésite, il glisse et s'éloigne un peu, puis revient vers Aramis et repart - cherche quelque chose ; échappatoire ou occupation, peu importe. « Jamais toi sans moi. Jamais moi sans toi, d'accord ? » Elle acquiesce, ils ont promis. « Et on manquerait trop aux deux idiots aussi ? » « ... d'accord. » L’air filtre des ouvertures, apporte comme un courant d'air chaud, mais charrie avec lui d’étranges odeurs, piquantes et désagréables. Un vieux conseil de Gwen lui revient, et dans le doute, elle lance un sort de pluie – le sort s’épuise à mi-chemin deux fois, avant de réussir – pour les protéger des vapeurs, peut-être toxiques. Et brusquement, elle réalise que le liquide sur ses mains commence à gratter, attaquant la peau fragile qui rougit et s’assèche. « Merde, merde, merde. » Marmonne-t-elle le plus doucement possible alors que, frénétiquement, elle frotte ses mains contre le tissu précieux de sa cape jusqu’à les nettoyer totalement et plus encore. « Il y a de la place avec toi ? Je peux me transformer et te rejoindre ? » « Sois prudente. » La presse-t-il, l’inquiétude au bord des lèvres jusqu’au creux des mots. Elle acquiesce, son geste à peine visible dans ces demi-ombres, avant de déchirer d’un coup de baguette la partie de cape souillée par l’étrange liquide. La transformation fait à peine frémir le silence, et les alentours prennent une autre dimension, se dévoilent soudainement avec plus de clarté autour d’elle. Contre ses tympans, le monde s'anime de roches qui craquent et grinçent ; de gens qui appellent à l'aide, geignent et meurent. Et elle entend la voix de Gwen, celle d’Arsenius aussi, plus loin d’eux ; mais elle n'a pas le temps d'y attarder, d'assimiler les mots (elle retient surtout qu'ils respirent, que l'homme a l'air agacé) car l’air fait éternuer le chat, secouer la tête, mécontent, avant que les muscles ne se bandent, esquissant quelques bonds agiles sur les bords étroits, la menant juste à côté d’Aramis. « J’ai entendu la voix de Gwen et d’Arsenius. » souffle-t-elle, une fois redevenue humaine, et elle ignore la douleur aiguë qui lui a tordu le ventre quand elle s’est retransformée, elle se dit que c’est un muscle froissé, quelque chose qui, dans sa précipitation, s’est replacé un peu trop vite – rien de grave. Aramis, en revanche … « Est-ce que ça va ? Ta jambe et ton bras ... » Mais il l’interrompt, l’attrapant de son bras valide ; et il a juste le temps de la rassurer d’un baiser avant que le mur glisse, avant que le mur grince et couine. Un grognement s’échappe quand il essaie de nouveau de tout stabiliser. Et sans doute que Nyssandra a son inquiétude pour lui écrite partout sur le visage, des yeux fauves jusqu’à la bouche rose parce qu’il ajoute : « Deux trois os cassés, rien qui ne puisse se réparer. Toi ? Et Arsenius ? Et Gwen ? » Elle fronce les sourcils quand il évoque les os brisés ; cache une quinte de toux qui veut ponctuer sa question. « Je n’ai rien de douloureux, elle esquive la question et continue après s’être raclé la gorge irritée par la poussière, sans doute : J’ai cru entendre ton frère se plaindre à ta soeur. » As usual, semblent dire ses yeux. « Ca doit signifier qu’ils vont bien tous les deux. » Elle essaie de blaguer pour le rassurer, mais sa voix tremble, ses doigts aussi, autour de sa baguette – elle aussi est inquiète pour Gwen, et pour Arsenius aussi. (Et ses frères, par Merlin ; et son père, sa mère, sa grand-mère – elle est presque certaine d’avoir vu sa grand-mère ici, est-ce que ça veut dire que ses parents sont là aussi ? et ses frères ? et Pansy ? et Cersei, Jeremiah ? et Draco ? Merlin, Scorpius, où est Scorpius ?) De sa bouche, il y a comme un râle d'anxiété qui s'échappe. Les paniques dérapent à nouveau, et elle ferme les yeux, se plie en deux pour essayer de se contrôler. « Je-je ... ça va aller. » Couine-t-elle, un peu piteuse, en s'essayant un peu au courage - et l'exercice est difficile. « On a promis. » Il y a comme une question dans sa phrase. « Je ... je vais vérifier que Gwen et Arsenius vont bien, d'accord ? » Propose-t-elle. S'occuper et devenir le chat - sinon elle va paniquer (elle va étouffer, manquer d'air, crever ; et elle ne peut pas, elle a promis à Aramis). (musique o3)« Vous, l'inspiration est tremblante sous le contrôle quand elle essaie de les détailler, déstabilisée par l'obscurité qui enveloppe sa forme désormais humaine : vous allez bien ? » Gwen est par terre, Arsenius assis - ils parlaient de pantalon à brûler, c'est que Nyssandra croit avoir compris. Elle espère que ça veut dire qu' ils vont bien. « Ca va. » Annonce Gwen, et la chroniqueuse veut insister : tu es sûre ? je t'ai trouvée pâle. Mais son beau-frère la coupe, elle voit bouger ses lèvres et elle tourne la tête juste à temps pour capter les derniers mots (les plus importants) : « -est vivant. » Bien. Bien bien. Un instant, elle se demande si elle doit expliquer à Arsenius pourquoi il l'a vue se transformer en chat, puis elle décide que ça peut attendre plus tard. En toute honnêteté, elle ne sait pas si plus tard arrivera un jour (la cavité est minuscule, elle se sent déjà manquer d'air à nouveau), mais peu importe parce que « Aramis est blessé. La voix est un peu paniquée, il n'y a rien de vraiment maîtrisé chez Nyssandra sous l'apparent calme qu'elle s'efforce de maintenir : Il faut que tu m'aides, s'il te plaît. » Je ne sais pas quoi faire, aide-moi à l'aider. Quinte de toux pour soulager la gorge irritée. Et le regard glisse sur la silhouette étendue de Gwen, puis elle se penche vers l'oreille de son amie : « Tu me promets que, Nyssandra déglutit, n'ose pas souffler le mot : -ce n'est pas grave ? » Hochement de tête, et Nyssandra l'accepte, elle s'y accroche parce qu'elle ne peut pas retourner là-bas et dire à Aramis que sa sœur est gravement blessée ou mourante. « Pour Aramis, même chose que pour Arsenius. » Chemise, pantalon. De l'eau, fraîche. Un Têtenbulle pour l'isoler des vapeurs. « Il saigne aussi, je crois bien. Il me faut le sort de transfusion sanguine. » Du bout des lèvres, Gwen accepte, lui livre la formule - lui fait promettre de ne pas exagérer. Elle lui dit que, plutôt que de se vider de son propre sang, ce sera plus utile de regarder ce qui saigne exactement et revenir après pour le décrire à son amie (et elle saura quoi faire, elle saura lui dire quoi faire - Nyss n'est pas certaine pour pouvoir le faire correctement en revanche). « Fais en sorte de ne pas le tuer, il peut se montrer utile parfois » Ajoute Arsenius quand la brune hoche la tête à la dernière instruction de Gwen. Malgré les mots, la voix d'Arsenius charrie toute son affection pour Aramis ; ça ne fait qu'augmenter sa propre nervosité - elle a presque l'air de fuir quand elle se glisse dans la peau du chat et s'échappe par une des ouvertures. Quand elle le revoit, la pupille féline dilatée à l'extrême, elle ne manque pas la fatigue sur ses traits, la pâleur effrayante de son teint. « Aramis. » Inquiète, elle se précipite dans le noir, son pied tape contre un caillou, abîmant le soulier et lui arrachant un juron. « Aramis, ils vont bien mais tu dois boire ... » Doucement, elle pointe la baguette vers lui et un filet d'eau tremblant jaillit près de sa bouche. « Reste avec moi, demande-t-elle entre l'ordre et la supplique : Tu as promis. » Les lèvres s’entrouvrent, laissent passer le liquide clair dans la gorge ; et quand il fait signe qu'il a assez bu, la brune lance le Têtenbulle pour l'isoler des vapeurs. « Bois aussi, s'il te plait » Demande-t-il, signalant en passant qu'il tient toujours ses promesses lui. « Je vais le faire, je le promets - mais avant je dois déboutonner ta chemise et ton pantalon. » Aramis la fixe, surpris, et elle se demande pourquoi jusqu'à ce qu'il ouvre de nouveau la bouche : « Tu veux le faire ? Ici ? » C'est à tour à elle d'écarquiller les yeux, de rougir dans le noir devant ce qu'il suggère. « Mais bien sûr que non, idiot ! » De justesse, la main se retient d'aller le taper à l'épaule ; mais le cri est déjà parti, échappé de sa bouche qui trace une moue indignée. « Gwen m'a dit de vérifier tes blessures, elle marmonne, boudeuse, prête à lui faire la guerre comme toujours - puis elle réalise qu'il veut juste la détendre et calmer son stress : tu dis encore des bêtises ... » « Tu aimes mes bêtises, sinon tu ne serais pas Madame Lestrange. » Tout ce qu'elle peut faire, c'est de sourire et de souffler un « c'est vrai » Contre la chemise d'Aramis, les doigts tremblent moins quand elle cherche les blessures - le pantalon est déjà reboutonné, elle a vite vérifié, l'a engueulé à chaque blague incorrecte qu'il a faite pour la distraire. Doucement, ils effleurent la fracture ouverte, reculant dès qu'ils voient les muscles se crisper et se rétracter. « Désolée ... » marmonne-t-elle, en dégageant mieux la plaie. Ça l'inquiète, la peau est trop froide sous ses doigts. « Il faut que je demande à Gwen comment faire. » Pourtant, elle ne repart pas tout de suite et du creux de son coude à elle jusqu'à l'épaule, la baguette trace un fil de magie rouge. « Nyss, qu'est-ce que tu fais ? » « C'est ... ce n'est rien, nos magies liées vont aider à la compatibilité. » Explique-t-elle très vite quand le sang commence à passer de l'un à l'autre, à le réchauffer un peu. « Nyss, non. » L'ordre claque et elle tremble mais maintient le sort, compte tout bas. « S'il te plaît, encore un peu. Juste pour t'aider. » Elle secoue la tête, levant un regard à la fois déterminé et suppliant vers Aramis. (27, 28, 29) Laisse-moi t'aider. Elle ne peut pas le laisser souffrir et dépérir sans rien faire ; et si pour une fois, c'était un peu à elle de le sauver ? Si, de temps en temps, elle le protégeait ? Après tout, elle a promis, elle aussi, de ne plus jamais le laisser partir. « Nyss, arrête ça. » (41, 42, 43) Rien qu'une minute. Gwen a dit une minute suffit. « Nyss, arrête ça tout de suite. » (59, 60) Et le sort lâche aussitôt, le lien se rompt. Les doigts frôlent la peau plus chaude, un soupir traduit son soulagement d'un instant. « Ton oreille ... Nyss, tu m'avais dit. » Les yeux fauves clignent, trahissent la culpabilité et l'omission. « Ca ne fait pas mal. » Ca ne fait plus mal, ça a cassé de bourdonner. C'est le silence radio de ce côté. « Ça a saigné. » Ses doigts frottent contre le cou, effacent les évidences - geste puérile d'un enfant pris en flagrant délit. « C'est sûrement juste le souffle de l'explosion, ça ne faisait plus mal quand je me suis réveillée ... c'est juste que, elle se mord la lèvre avant d'annoncer prudemment : Je n'entends plus vraiment .. » « Plus vraiment ? Ou plus du tout ? » Son regard inquiet la cruxifie de culpabilité ( idiote, tu l'as encore inquiété). « J'ai encore ma baguette je peux peut-être t'aider. » Elle secoue la tête. « Je n'entends plus de ce côté, mais un seul côté, ça suffit, je t'assure. » D'un pas, Nyssandra s'approche de lui pour quémander un peu de réconfort dans un baiser léger. « C'est tout ce dont elle a besoin. Garde tes forces. » Demande-t-elle avant de s'éloigner pour rejoindre Gwen, décrire la blessure d'Aramis qui l'inquiète tant. « Tu promets de garder un peu de tes forces aussi ? Je voudrais t'emmener à ce défilé. » Un sourire plie la bouche de tendresse, d'amour ; elle acquiesce, elle fait la promesse. « Je reviens vite, il faut soigner ta blessure. » Elle fera attention, elle le protégera et tout ira bien. (musique o4)Continue, ne t’arrête pas. Elle se transforme, elle revient, elle le soigne, elle repart demander les conseils et les instructions de Gwen. Elle ne s’arrête pas. Pas même quand la respiration se met à siffler. (« Respire, concentre-toi. » l'encourage Gwen pour la calmer) Pas même quand ses mains tremblent. (« Arrête Nyss » ordonne Aramis) Dans son ventre, ça fait de plus en plus mal ; ça s’attarde même quand elle est humaine, elle a l'impression d'être déchirée à chaque transformation, à chaque mouvement. Ses mains tremblent plus fort, elle serre les dents d’autant plus fort. A un moment, elle croit qu'elle tombe, elle sent une douleur dans les genoux et les mains. « Nyss ! » Elle tousse, il y a un goût de sang, sa langue est douloureuse. « Ca-ça va, elle balbutie pour le rassurer - mais elle a la tête qui tourne, les yeux qui brûlent : Je dois juste- juste reprendre mon souffle. » Elle n'a pas l'habitude de transformer autant son corps, c'est fatigant - ce n'est que de la fatigue. « ... je dois juste vérifier une chose av-avec Gwen. » Et elle continue. Elle ne s’arrête pas, et la magie coule, encore et encore – elle s’épuise. A la fin, elle ne prend même plus la peine de lancer les Têtenbulles pour se protéger des vapeurs inconnues quand elle redevient humaine, perte de temps, perte de magie. Nyssandra n’a pas le temps, elle n’a pas l’énergie, ou la magie - elle gâche trop en transformations hâtives, en sorts pressés, en angoisses à museler. Mais elle en a assez de perdre toujours, de devoir sacrifier des choses. (Elle ne le sacrifiera pas, pas lui – jamais ; c'est hors de question). ❝ Day Two ❞ (musique o5)Lentement, le petit corps gigote, essaie de sortir de sa torpeur sans déranger Aramis contre lequel elle est appuyée, serrée dans l'espace étroit qu'ils sont parvenus à s'aménager, calant le pan de mur en équilibre sur les gravas tout autour. A son annulaire, l'alliance pulse le mal être d'Aramis, cette fatigue et cette douleur qu'elle voit gravées sur ses traits, et doucement, et tendrement, elle s'assure qu'il boive, que les bandages magiques tiennent. Nyssandra ne sait plus depuis combien de temps ils sont ici - tout s'étiole dans le noir et même les angoisses se dissolvent doucement avec sa conscience. Alors elle ne se concentre que sur lui, uniquement sur lui - la chaleur de sa peau contre elle, son cœur qui bat sous sa main, les frissons sous les souffles qu'elle perd dans son cou. Ses émotions qui sont désormais les seules que l'empathe, perdue entre éveil et conscience, parvient à capturer. Et sa voix fatiguée lui murmure les beautés de ce qu'ils feront après. Après avoir été sauvés, après être guéris, après la guerre ; elle ne sait plus vraiment, les frontières deviennent un peu floues pour son esprit qui dérive au gré des fantasmes d'un futur plus doux. « On ira à la mer, en Irlande, elle a dans le nez toutes les senteurs fraîches et herbeuses du pays de sa grand-mère : Loin des gens - rien qu'eux, tous les deux, sans la guerre et sans la misère tout autour - j'apprendrai à faire des crêpes, on mettra la glace au chocolat que tu aimes dedans et ce sera bien. » Un soupir doux qu'elle lui souffle au creux de l'oreille, sur des airs tendres. « On fera l'amour, tous les jours. Et le soir aussi. » Elle le noiera d'affection, d'amour à ne plus savoir quoi en faire, à en crever s'il le faut. « Je te dirais je t'aime tout le temps. » Sans plus jamais s'arrêter, parce qu'elle se rend compte qu'elle ne le lui dit pas assez, qu'elle a encore tellement d'amour à exprimer, à lui donner. « Ils diront que je suis trop expressive, que je montre trop que j'aime mon mari - et je leur rirai au nez, tu sais. Ca te plairait ? » La question est rhétorique, elle sait bien qu'il aime ça, qu'elle le clame, qu'elle affiche l'appartenance. Elle le sait, elle sent bien. Et elle rit, doucement, dans son cou de ce rire chargé de tendresse, quand elle le voit rougir un peu, marmonner qu'elle exagère à le séduire comme ça, à lui donner envie de toutes ces choses. « Moi, j'ai envie de chocolat. » Souffle-t-elle d'une voix rêveuse, un peu endormie. « Ce chocolat noir en forme de pivoines que tu m'as offert. Je pourrais en avoir ? » « ... tu ne devais pas savoir que je te les avais offerts. » Contre l'empathie engourdie de fatigue, elle le sent : Aramis est contrarié par l'anecdote, cette preuve d'affection qui s'inscrit dans l' avant, à l'époque des guerres d'enfants, des jeux cruels qui leurs blessaient le cœur. Et ça l'amuse un peu entre les yeux mi-clos. « Mais oui tout ce que tu veux. » « Tout ce que je veux ? » Elle dépose un baiser paresseux au creux du cou, appuie son front sur l'épaule. Tout est si lourd dans son petit corps, tout est si fatigué. « Je veux t'aimer pour toute ma vie - ce serait bien, ça. » Ce serait vraiment bien. De rester contre lui, toujours, et l'aimer, l'aimer, l'aimer. « Je t'aime depuis tellement tellement longtemps, je voudrais bien continuer encore. » Même rien qu'un peu, c'est tout ce qu'elle demande. Mais les paupières papillonnent, c'est difficile de rester réveillée, et de plus en plus, elle se sent glisser dans l'inconscience. Elle a déjà froid aux pieds, aux mains ; elle ne sent plus vraiment son corps, elle n'a plus tellement mal. « Je suis un peu fatiguée, Amour, avoue-t-elle dans un murmure pour la première fois en recroquevillant son corps plus près de lui : mais je veux encore t'aimer, tu sais. Et je- » « Ici ! Je vois quelqu'un ! » Une voix, des bruits de pas ; et soudain, la lumière explose, l'air frais les enlace. Contre Aramis, c'est tout son corps qui se détend, abandonne la partie quand le soulagement lui agrippe le cœur. « Je fais de mon mieux, ne sois pas fâché, s'il te plaît. » Les yeux se ferment. La main retombe, et elle s'effondre. Je suis vraiment vraiment fatiguée.
Dernière édition par Nyssandra Lestrange le Ven 27 Mai 2016 - 12:35, édité 2 fois |
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| Je la regarde survivre.
Elle est là parce qu’elle n’a pas vraiment d’autres endroits où aller. Elle ne fait que naviguer entre son lieu de travail et l’appartement de Caleb, les bras de Caleb. Elle n’a trouvé que ces endroits pour se sentir un peu utile, un peu aimée, un peu vivante. Elle est là parce qu’elle a été invité par ses collègues, sommé de venir au discours du Magister et qu’elle doit participer aux tables rondes ainsi qu’au gala de charité. Mais ce soir elle rejoindra Caleb qui doit travailler aujourd’hui, elle se sentira un peu entière entre ses bras. Bien sûr que ça l’intéresse d’en apprendre plus sur la médicomagie, en général, pas sur l’utilisation abusive des dons des vélanes comme celle qui disparait à petit feu sur l’estrade. Elle est là et elle observe les gens autour d’elle avec envie, eux savent qui ils sont. Ça n’est plus son cas depuis plusieurs semaines maintenant. Alors son regard bleu ou gris qu’importe passe d’une tête à l’autre mettant un nom, ou pas sur les visages, des « amis » qu’elle éloigne d’elle, des mangemorts auxquels elle n’accorde que peu d’attention, Rabastan qui lui accorde un frémissement de sourire jusqu’à ce qu’elle croise le regard de Nyssandra accompagnée d’Aramis. Ils se rapprochent, « elle doit le tirer par la main pour qu’il m’approche» voilà ce qui effleure son esprit alors qu’elle reconnait Arsenius lui aussi à seulement quelques pas. Il ne manque plus que Rabastan pour que la « famille » soit réunie.
Il manque juste quelques pas. Quelques secondes.
Mais tout s’effondre.
Comme toujours.
Elle a un réflexe, elle ne sait ni comment ni pourquoi mais entre les cris, les pleurs et le son des explosions elle a vu ce bloc se diriger droit sur son frère et elle s’est jeté sur lui. Comme si son corps trop petit, trop menu pourrait l’empêcher d’être blessé. Comme si elle était capable de l’aider en quoi que ce soit. Elle n’a pas réfléchi, elle n’a imaginé aucune suite à son action, elle a juste agit, bêtement, d’instinct. Hurler son prénom, son surnom, Arsi, est la dernière chose dont elle se souvient.
Après les cris, le silence, pesant. Le vide. Aucune image, aucun souvenir qui ressurgit pour qu’elle s’y attache. Ça doit ressembler à ça l’enfer. C’est étouffant… asphyxiant et quelqu’un vous hurle dessus. Une grimace avant de papillonner des yeux, de faire le point sur un visage connu, un visage aimé. Et ça bourdonne dans sa tête, il y a de l’éccho dans son esprit et il continu, il continu d’hurler son prénom. N’a-t-il pas vu qu’elle avait ouvert les yeux ? Qu’elle tentait toujours de les ouvrir d’avantage ? Ne peut-il pas lui laisser une minute ? Alors elle tremble un peu et ouvre enfin les yeux correctement. Pourtant il faut quelques secondes de plus pour s’acclimater à l’obscurité, quelques larmes pour que la poussière ne quitte ses yeux. Arsi…je…tu n’as rien ? Elle a la bouche pâteuse et sa gorge la brûle. Elle tente de bouger ses membres, de se relever mais il y a comme un pincement dans le dos qui l’empêche de bouger et comme un poids sur son bras, des gravats. Elle semble incapable de se dépêtrer seule des décombres qui lui sont tombés dessus. Ils sont bloqués, il n’y a aucune issue possible, ça elle l’a rapidement compris. De visible il n’y a que quelques égratignures, des hématomes et son pied qui ne forme pas un angle correct. D’invisible, elle l’ignore encore mais il n’y a pas de grandes douleurs et… quand elle regarde son pied ça la terrifie. Sa main droite cherche celle de son frère qui continu de crier sur elle. Elle s’en fou, s’il va bien elle recommencera encore et encore. Malgré tout, elle tente de le rassurer en souriant un peu, en toussant beaucoup. Elle ne s’en rend pas compte, elle ne le sent pas mais ça ne fait qu’aggraver son cas, quelque chose s’enfonce dans son dos. ça va aller… tu n’as rien ? Dis-moi si tu veux que je reste éveillé… Parce que son instinct de future médicomage est en marche et qu’elle ne parvient pas à savoir, à voir. Il a mal, ses traits sont tendus et elle se sent impuissante. Aramis et Nyssandra étaient près de nous, tu… tu les a vu ?? Elle grimace de nouveau et tente de retirer un bloc, en vain. Arsenius dégage son poignet gauche et elle le bouge. C’est douloureux mais pas assez pour être cassé. Il les a entendu, ils sont en vie, un poids s’est ôté. Et les autres ? Tous les autres ? Elle ne doit pas paniquer, elle le sait, elle transmettrait sa peur à son frère et elle s’y refuse. Ma baguette ? Bois un peu Arsenius ça calmera ta toux, ouvre ton col, enlève le bouton de ton pantalon et jette toi un sort de têtenbulle. Pour lui permettre de mieux respirer il fallait prendre les choses une par une. Elle a peur, elle a froid et elle tente de ne rien montrer alors quand il lui tend sa baguette et qu’elle remarque qu’il ne l’écoute qu’à moitié, n’a pas touché à son pantalon elle le menace. Parce que ça lui évite de trop penser. Parce que sa survie à lui, lui importe bien plus que la sienne. Si tu ne le fais pas tout seul je brûle ton précieux pantalon. Une nouvelle quinte de toux alors qu’il jette sur elle un sort de têtenbulle. Ne pas s’inquiéter, comment faire ? Il lui demande l’impossible. Elle ne peut pas paraitre plus calme que maintenant… et les choses s’enveniment. Nyssandra apparait dans son champ de vision, Aramis est blessé et elle a besoin d’aide, elle a besoin d’elle. La jambe de son frère retient tout un bloc imposant, s’il est déplacé ils seront écrasés, tous les quatre. Elle lui donne les mêmes conseils qu’à Arsenius puis ferme les yeux quelques secondes et tente de bouger ses pieds. Rien. Elle ne ressent rien aucune douleur mais elle sait que rien ne bouge plus. Elle ne peut pas se transformer en serpent pour rejoindre son frère dans la cavité voisine, elle est bloquée là et elle va sans doute y rester alors une larme coule, elle tremble. Elle ne veut rien leur dire mais elle sait. Elle sent bien la main d’Arsenius dans la sienne qui se resserre un peu, il voit que quelque chose cloche mais Nyssandra revient déjà pour savoir comment soigner Aramis, comment éviter qu’il ne perde tout son sang. Ne pas voir, ne pas pouvoir agir est frustrant, angoissant. Elle repart et Arsenius profite de cette occasion pour se pencher vers elle, il lui demande encore une fois si tout va bien. Aide-moi à rester éveillé… ils ont besoin de nous. Parce que s’il n’était pas là elle ne se serait sans doute même pas réveillée. Sans sa main elle aurait fini par s’endormir doucement pour ne jamais plus revenir. S’ils n’étaient pas là, elle n’avait aucune raison de se battre. Elle sent ses mains sur ses épaules, il veut la redresser, un peu. Elle lui attrape une main et son regard paniqué ne ment pas et bien sûr il veut comprendre. Tu ne dois pas me bouger… je ne sens plus mes jambes Arsenius, quelque chose doit… comprimer ma moelle épinière. Tu ne peux rien faire, pas ici… Il n’y a rien qu’il puisse faire ici et même ailleurs il n’était pas médicomage. Une fois la compression ôtée il fallait se montrer réactif, expérimenté et prier pour avoir un peu de chance et la chance et elle… Elle a du mal à lui dire, c’est compliqué de mettre des mots sur la réalité et sur ses peurs sans l’effrayer.. On ne leur dit rien d’accord, ils ont assez de problème. Elle sait pertinemment ce qu’il se passe. Que c’est l’adrénaline qui lui permet de rester éveillée, que c’est l’action qui la maintient consciente mais elle sent déjà qu’elle ne tiendra pas éternellement, déjà sa vue est un peu plus trouble et son sourire à disparu. Elle se raccroche à la main de son frère, elle sent ses doigts dans ses cheveux, il est là, il veille sur elle. Ils n’ont peut être jamais été aussi proche, en tout cas il n’a jamais été aussi tactile avec elle. Nyssandra revient et elle lui explique les procédures d’urgence, elle tente de lui enseigner ce qui pourra le faire patienter dans l’espoir que son amie parvienne à intervenir sur son frère. Elle tente de se montrer patiente mais elle serre les dents, non pas parce qu’elle a mal, non mais elle commence doucement à partir, elle est transi de froid, elle veut juste que Nyssandra lui dise qu’il va bien, qu’il est épuisé mais qu’il va bien. Nyss se débrouille bien, Aramis lui devra sans doute la vie, elle s’use, abuse des métamorphose et de la magie mais elle agit, elle réagit et elle l’en remercie en silence, avec quelques encouragements et toute la confiance qu’elle a en elle. Nyssandra y arrivera. Gwen attend un énième départ de Nyssandra pour fermer les yeux, pour se reposer juste une seconde mais la main d’Arsenius la réveille. Ca va aller Arsi... ils vont nous retrouver n’est ce pas? Parce que son courage venait de s’évanouir au même titre que ses forces et qu’elle avait besoin de son grand frère. Et Arsenius tousse, encore et elle perçoit les grimaces de douleur malgré la pénombre et sa vue qui diminue. Il n’a rien dit, il ne lui a rien dit pour qu’Aramis soit soigné, le premier. Il a tu sa douleur et ne s’est concentré que sur elle. Tu as sans doute des côtes de cassées. Enlève ta veste et ta chemise... Elle respire, ferme les yeux pour se concentrer, elle sait qu’elle n’aura qu’une chance, qu’elle ne pourra pas faire plus. Ca va faire mal mais le bandage te permettra de ne pas faire de mauvais geste. Parce qu’elle n’a aucune potion à lui donner pour apaiser ses maux qu’elle doit le faire “a chaud”, comme elle a déjà pu le faire aux Urgences. J’y vais. Et les bandages apparaissent et enserre son torse, bloquant ses côtes. Tout devient sombre, sa main tombe lourdement au sol et sa baguette roule. Elle est inconsciente.
Il y a cette voix lointaine, cette berceuse tant entendu, tant chanté quand tout allait mal quand les gifles étaient tombées. Elle ignore depuis combien de temps ils sont là, combien de temps elle a “dormi” et d’une voix un peu faible elle termine la comptine avec lui et serre la main qu’il a laissé dans la sienne. J’ai peur Arsi... Il répond avec humour, elle sait bien qu’il essai de la rassurer et ça la fait rire un peu, tousser un peu aussi. Je suis désolée tu sais... je suis loin d’être la soeur idéale, je vous ai fait beaucoup de mal à Aramis et à toi. Il va sans doute se dire que qu’elle a prit un coup sur la tête mais elle est sincère, elle ne l’a jamais tant été. Elle est consciente de tout le mal que sa présence en engendré dans la famille Lestrange. Ne dis pas ça. Aramis t’aime et... et moi aussi. Ils n’ont qu’un Arsenius. Elle sait qu’elle n’est pas responsable de la mort de Cedrella mais qu’en arrivant comme elle l’avait fait Elena, leur mère, n’avait pas pu faire correctement son deuil et ça l’avait gangréné. Elle était devenue instable, violente, surprotectrice avec ses fils. Et de ça elle se sentait responsable tout comme de la mort de cette femme. Elle ne voulait pas lui mentir, elle ne s’excuserait jamais de sa mort parce si Rabastan ne l’avait pas tué, elle l’aurait fait ça n’était qu’une question de temps. Arsenius avait fermé les yeux, sa mère lui avait effacé la mémoire quand elle était allée trop loin et plus tard il était parti, il avait fui et... elle le comprenait. Elle tousse encore un peu et sens un liquide chaud quitter ses lèvres, quelques gouttes de sang provenant vraisemblablement de ses poumons en feu à moins que ce ne soit autre chose. Je veux que tu sois heureux et je sais que c’est possible loin de moi, je comprends que tu te sois éloigné. Je t’ai déçu, je n’ai pas pu rester droite et forte comme tu me le répétais. Elle a essayé pourtant, longtemps, mais chaque coups lui faisait courbé l’échine et la vie s’est chargé du reste pour la faire tomber une fois pour toute. Elle secoue la tête légèrement. Tu ne peux pas dire le contraire, c’est pareil pour Aramis, il est plus heureux depuis qu’il s’est éloigné. Elle ferme les yeux, retient un sanglot mais son corps la lâche et ses dents claquent. si froid... Elle le sent se rapprocher d’elle, elle sent sa veste sur ses bras et elle l’entend fredonner de nouveau, juste le début, juste qu’il lui souhaite bonne nuit et de nouveau elle sombre dans l’inconscience.
C’est peut être a cause du sang dans sa bouche mais un souvenir lui revient. Elle à 6 ans, et elle entre en courant dans la chambre de son frère. Elle grimpe sur le lit et ses petites mains secoue son grand frère qui dormait profondément. Aramis Aramis, regarde j’ai perdu une dent. Elle a la bouche grande ouverte alors qu’il peine à ouvrir les yeux. Elle a ce trou sur le devant de la bouche qu’elle lui montre fièrement, elle a la dent de lait dans la main. Tu crois que la fée des dents va passer? J’ai été bien sage moi. Elle va forcément passé tu as été super sage! Il se frottait les yeux. Et puis tu as même pas voulu faire de bêtises avec Arsy et moi. Si c’est une pièce j’achèterai du chocolat. Tout le monde aime le chocolat. Elle hausse les épaules et s’allonge à côté de son frère. Même mère elle aime le chocolat hein Aramis. Elle a longtemps voulu lui plaire à cette mère qui la haïssait. Le bruit a dû le réveiller, la chambre de l’aîné n’est pas loin et il arrive dans la chambre. Il ne porte qu’un chausson et se frotte les yeux lui aussi. Vous faites quoi? J’ai perdu une dent regarde, elle est toute petite ! C’est parce que toi aussi t’es toute petite. Il vient lui aussi dans le lit et elle se retrouve allongée entre ses deux frères, elle aime cette place. C’est même pas vrai d’abord. Elle ne boudera pas bien longtemps et ils se rendormiront tous les trois dans ce lit... Mais de ce souvenirs il n’y a que Gwen qui en conserve une trace. Les garçons n’ont jamais entendu leur petite soeur parler de la perte de ses dents. La fée des dents s’appelait Elena, elle était arrivée pour réveiller ses fils et avait découvert les trois enfants dans le même lit. Elle avait empoigné la petite fille assez fort pour laisser une trace sur son petit bras et l’avait envoyé dans sa chambre dont elle n’a pu sortir durant plusieurs jours, elle était “malade”, encore. Et elle avait rassuré ses fils avant de soigneusement retiré ce souvenir de leur mémoire d’enfant. Elle se souvient aussi d’Aramis qui dit à chat, l’elfe de maison, que quelqu’un a perdu une dent dans son lit et elle se souvient qu’elle en a pleurer, en silence. Elle lui a volé sa vie, elle leur a volé leurs souvenirs. Le monstre de ses cauchemars, c’est elle et elle ne veut pas la retrouver. Elle a peur et elle tremble. Elle a peur et les larmes coulent le long de ses joues. Elle a peur et en ouvrant les yeux de nouveau, ils sont toujours là. Toujours coincé, toujours sous terre.
Il est toujours près d’elle et plus aucun souvenir ne lui sera retiré. Ca va? Aramis? Nyssandra? Tout le monde tient le coup. Le silence s’est fait mais parfois on entend des voix un peu plus forte, juste pour se rassurer les uns les autres. Arsenius prend soin d’elle, lui donne à boire et n’a jamais lâché sa main, pas une seconde. Elle lui a dit qu’elle l’aimait, elle lui a aussi dit de dire à Aramis qu’elle l’aimait, qu’elle s’excusait, elle a parlé de Nyssandra, de Rabastan, de Draco et de Severus. Elle a fini par lui demander de dire à Caleb qu’elle l’avait aimer, sincèrement. Bien sur il n’a rien voulu entendre et lui a ordonner de ne plus parler comme si elle allait crever. Elle s’en souvient, un peu... entre deux pertes de conscience. La berceuse est fredonné, souvent, pour se soutenir l’un l’autre, pour apaiser une toux, des tremblements. Elle l’a vu faiblir, elle l’a vu lutter contre la fatigue, elle a même tenter de veiller, un peu sur son sommeil. Et c’est lui qui a hurler quand le silence à laisser place aux cris. Quand ils les ont retrouvés. “Y’a quatre survivants la dedans”. C’est lui qui a ordonner aux sauveteurs de faire attention à son frère, lui qui a interdit aux médicomage de la toucher avant qu’ils ne soient bien au courant pour ses jambes, pour son dos. Et elle se souvient de ce visage au dessus d’elle alors qu’elle est transporté rapidement au service des urgences. C’est Caleb, Caleb qui faisait partie d’une des équipes de secours et qui la cherchait depuis près de 48 heures maintenant. 48 heures sous terre. 48 heures à crever à petit feu. Elle les a tous revu et ça n’est qu’après 48 heures qu’elle se laisse partir et que ses mains lâchent celles d’Arsenius qui n’a pas voulu la quitter et celle de Caleb qui ne veut plus jamais la quitter.
48 heures qu’elle sait qu’au mieux elle ne retrouvera peut être plus jamais l’usage de ses jambes mais elle les a tous revu alors elle peut partir.
Dernière édition par C. Guenièvre Lestrange le Ven 27 Mai 2016 - 12:48, édité 1 fois |
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WIZARD • always the first casuality Astoria Greengrass ‹ inscription : 29/10/2015
‹ messages : 966
‹ crédits : whorecrux, tumblr, skam.
‹ dialogues : indianred.
‹ liens utiles :
rolf ft. ryan gosling, astoria ft. lily collins, theodore ft. dylan o'brien, édouard ft. bob morley, neville ft. daniel sharman, elijah ft. chris evans, ambroise ft. sen mitsuji, alexander ft. alfie enoch, olivia ft. emeraude toubia, brienne ft. natalia dyer, dean ft. john boyega, gregory ft. alden ehrenreich, priscilla ft. daria sidorchuk, charles ft. james norton, hwan ft. vernon choi, jay ft. gong yoo, hiram ft. abel tesfaye, adidja ft. reece king.
‹ âge : vingt-trois (03/07)
‹ occupation : volontaire à Saint-Mangouste (TIG) et créatrice de mode, co-fondatrice de la marque OXOX, premier et populaire prêt-à-porter sorcier.
‹ maison : serpentard
‹ scolarité : 1992 à avril 98.
‹ baguette : est neuve et capricieuse. Elle mesure vingt-trois centimètres virgule six, est faite de bois d'érable et continent un crin de licorne.
‹ gallions (ʛ) : 3984
‹ réputation : je suis une petite bitch écervelée qui ne mérite pas la miséricorde avec laquelle on la traite.
‹ particularité : soigneuse, capable de guérir (presque) tous les maux.
‹ faits : j'ai été enlevée par ma propre soeur et utilisée comme otage par les insurgés pendant quatre ans Je suis aussi la mère du petit Scorpius Malfoy. J'ai été en procès parce que j'ai été Adhérente pendant la Guerre, mais j'ai été innocentée ou du moins, condamnée à plusieurs mois de TIG notamment à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans un petit appartement du Chemin de Traverse avec ma mère et ma soeur, loué par les soins de ma tante.
‹ patronus : impossible pour moi à invoquer
‹ épouvantard : Frank Hudson, un ancien leader Belliqueux désormais mort, tenant la main de Daphne et m'observant d'un air cruel.
‹ risèd : Scorpius, heureux et épanoui.
| Wyatt Greengrass était un homme d'honneur. Un homme fidèle, digne et loyal. Il savait quand certaines choses devaient être faites et s'exécutait sans jamais rechigner. C'était un parieur précautionneux pourtant, toujours à prendre ses distances, à retirer son épingle du jeu avec délicatesse et intellect: Wyatt Greengrass ne prenait pas de risque, jamais. Chaque situation était détaillée, analysée, décortiquée pour en exploiter toutes ses faiblesses et tous ses avantages; chaque choix était longuement réfléchi, chaque décision prise au terme d'une succession presque maladive de réflexions alambiquées. Wyatt disait qu'il faisait toujours le choix de la raison. Il avait épousé Hortense parce que la fortune de sa famille était indéniable et parce qu'il en relevait de son honneur, son frère aîné ayant été fiancé à la jeune femme avant lui; il avait fiancé ses deux filles à Draco Malfoy pour être sûr de se rapprocher de cette famille noble complice du Seigneur; il avait essayé d'exterminer la vermine engendrée par Astoria et Draco parce que c'était la chose à faire. Après tout, ils n'étaient même pas mariés! Wyatt n'aimait pas les choses qui faisaient mauvais genre et surtout, Wyatt n'aimait pas quand les choses n'allaient pas comme elles étaient sensées aller. Sur une autre note, Wyatt Greengrass était aussi un irascible personnage ayant décidé de s'afficher le plus possible en société en compagnie de sa petite famille parfaite pour demeurer dans les bonnes grâces du Seigneur et s'assurer que sa petite toile de relations était toujours aussi étroite. On dardait le patriarche des Greengrass avec un dégoût latent, un mépris suspicieux. Il avait l'air particulièrement lugubre aujourd'hui, avec son sourire froid, ses yeux trop clairs et son costume trop sombre. En serrant la main des autres hommes dignes de lui présents, il semblait faire l'inventaire des secrets et rumeurs et objets à chantage qu'il possédait sur eux, comme un notaire un peu trop zélé. Putain de Greengrass. C'est ce miel insupportable de sa voix qui fait tourner la tête d'Astoria. Elle s'occupe en observant la foule, cherchant une tête connue suffisamment respectable aux yeux de son père pour lui permettre de s'éclipser sans se faire rabrouer; en vain. Oh, comme elle aimerait qu'Ariane ou Tracey soient là... mais Astoria ne les voit pas, ou alors elles sont trop loin pour qu'elle les reconnaisse. Elle voit vaguement Nyssandra Ollivander dans un coin, mademoiselle Mayfair et Nott, quelque figure importante du Ministère, des collègues de son père ainsi que d'autres connaissances sans intérêt. Mais voilà, son père qui insiste pour que les femmes Greengrass le suivent comme son ombre partout où il va quand ils sortent tous ensemble (tels des fidèles petits chiens), dit les mots magiques: “ Malfoy Junior. Et Astoria tourne la tête, comme une idiote. Quel... plaisir de te croiser ici, vraiment. ” C'est Draco. Elle l'observe sans rien dire, son ancien fiancé, son ancien amant, le père de son fils. Il est beau, comme toujours, sérieux et rigoureusement courtois envers celui qui aurait pu être son beau-père. La mention de Scorpius fait se crisper Astoria et Daphne lui jette un regard en coin. Quand la courte interaction se finit enfin et que Wyatt se remet en marche, Draco l'arrête, elle, en l'empêchant de tomber bêtement quand on la bouscule; il est proche, tout d'un coup. Trop proche. Sa cologne infeste ses narines, elle remarque quelques détails comme un cil sur sa joue et un tic sous son oeil. Et son souffle dans son cou quand il lui murmure à l'oreille: « Tu n'aurais pas dû venir. — Ça ne te concerne pas. Lâche-moi. — On s'attend à essuyer une attaque. Reste calme, mais... fais attention à toi. — Je suis une grande fille. ” Il rit, elle pince des lèvres. Et se détache tout à fait, reporte son attention autre part et Astoria peut enfin respirer. Putain de Malfoy. Les minutes suivantes s'égrènent trop lentement à son goût. Elle écoute le Seigneur avec désintérêt, observe le début de la performance avec ennui jusqu'à comprendre, lentement, de quoi il en retourne. La vision de ce vieux croûlant se faisant soigner par la Vélane lui glace les sangs alors qu'elle sent ses doigts s'agiter, ses ongles doucement s'enfoncer dans sa paume. Les souvenirs explosent à la surface de ses pensées, s'imposent sur sa rétine: toutes ces heures, tous ces jours passés à soigner les Insurgés, à passer ses mains délicates de soigneuse sur leurs plaies. Et puis le vide, aussi, de quand elle avait sauvé Boris dans un miracle, le tirant des bras d'une Mort avide. Machinalement, elle cherche le Bagshot du regard dans la foule mais il n'est nulle part, nulle part pour l'aider à respirer, à penser, à vivre, à faire quelque chose. Elle se sent particulièrement inutile, Astoria, tempêtant intérieurement, se battant en duel avec les souvenirs traumatiques et les impressions fantômatiques; elle revoit les plaies, toutes ces blessures, tous ces visages figés par la Mort. Et puis ses mains qui volent sur les corps, qui préparent des Potions qu'elle aurait bien été incapable de concocter à Poudlard, qui s'occupent des herbes médicinales comme si elles l'avaient fait toute leur vie. Et puis sa vie qui s'étiole, ses respirations trop courtes, ses cernes qui deviennent violacés, ses traits qui se tirent. Elle repense à tout ça en regardant la Vélane se faire traîner hors de l'estrade. Elle repense à tout ça et il n'y a que la main de Daphne qui se glisse dans la sienne qui lui permet de rester sur terre et de ne pas s'écrouler au sol en position foetale. Inutile, inutile, inutile.
Et puis le monde tremble. Et ils tombent.
Astoria ne perd même pas conscience. C'est sans doute ça, le pire: tout sentir, tout voir, tout ressentir aussi. Elle sent juste son estomac faire un bond dans son abdomen et le sol se dérober sous ses pieds alors que tout explose autour d'elle. Elle entend vaguement son père hurler quelque chose — son prénom? non, certainement pas, autre chose — et faire un mouvement pour sortir sa baguette mais il n'est pas assez rapide: le ciel s'effondre sur eux. En un instant, les deux filles Greengrass sont parterre, comme des pantins désartibulés, leurs mains douloureusement jointes. Astoria se rend compte que le poids sur son abdomen est la tête inconsciente de sa mère, qui ne bouge pas, et que son père est là aussi. Elle ne voit pas tout son corps. Comme si il était avalé par l'obscurité. Personne ne parle. Personne ne respire, personne ne dit rien. Astoria déteste quand son père rit parce que ça veut toujours dire qu'il a pensé à quelque chose de bêtement cruel; elle déteste quand sa mère fait ce petit son, “ tsk, ” qu'elle leur réserve tout le temps quand elle est agacée; elle déteste quand Daphne fait passer sa respiration entre ses dents par nervosité parce qu'elle déteste encore plus les bruits de succion répétitifs. Mais en cet instant précis, Astoria aimerait bien les entendre faire tous ces trucs énervants et agaçants. Juste une seconde. Astoria se dit: ils sont morts.
Et puis Daphne gémit lentement de douleur et le monde reprend brusquement des couleurs. Astoria entend d'autres respirations, d'autres voix, d'autres cris, d'autres pleurs. Elle sent la tête de sa mère remuer lentement alors qu'elle reprend ses esprits, elle entend quelqu'un de proche — certainement son père — gémir dans un son étouffé et Daphne qui gargouille à côté d'elle, comme si elle avait la bouche pleine d'eau. Astoria n'arrive pas à y croire. Faut toujours qu'elle fasse des bruits agaçants pour se faire remarquer. Elle tourne la tête pour lui dire d'arrêter ses bêtises, sauf que la bouche de Daphne est pleine de sang. “ Daphne? DAPHNE? ” Elle lâche sa main, repousse doucement sa mère et prend le visage de sa soeur entre ses mains avant de sentir une douleur caractéristique se glisser dans ses os, lui refroidir la moelle; elle la relâche précipitamment. Elle ne peut pas, elle ne peut pas, elle ne peut pas. Elle ne peut pas soigner, elle ne peut pas s'en occuper, Daphne, je suis désolée mais- - “ As... to... ria... Hor- Hor- - ” c'est la voix étouffée de son père. Cela semble réveiller Hortense son épouse car elle branle du chef, se redresse difficilement et se traîne jusqu'à lui avant de voir que c'est effectivement un pan de mur — non, un pan du sol qui s'est affaissé sur son mari. Elle lève les yeux et voit le trou béant dans leur ancien sol, dans leur nouveau plafond. Un autre morceau de pierre pend dangeureusement à des fils de fer tordus. Qui a eu l'idée de faire des sols si lourds? Et pourquoi ne sont-ils pas plus amochés par la chute? Wyatt Greengrass est un homme d'honneur. Évidemment que la dernière chose qu'il a fait avant qu'elle ne soit brisée a été de protéger sa famille avec sa baguette. “ Hor- Hortense, ” souffle l'homme et aussitôt, la mère d'Astoria se redresse et se rapproche, essaye de soulever — en perte, évidemment — la masse rocheuse qui écrase son mari. Astoria se reconcentre sur le visage livide de Daphne, alors qu'elle crache du sang, que ses dents se teintent de carmin. Elle pleure, remarque Astoria, entre les dégoulinées de sang qui lui tapissent le menton. Et Astoria ne parvient pas à bouger (inutile, inutile, inutile), ne peut que regarder (inutile, inutile, inutile) et que souffrir, comme toujours (inutile, inutile, inutile). “ As- Astra- j't'en supplie, ” hoquète difficilement sa soeur en se tenant les côtes et c'est comme une piqûre de rappel. (“ Tu pourrais être utile à la cause, Tori, tu sais? Tu es résiliente et avec ton don... lui a un jour dit Tracey. — Tu le penses vraiment? — Oui, évidemment. Nous avons besoin de gens comme toi. Des gens qui font la chose à faire. ”) “ Allonge-toi, Daph, je vais- je vais m'en occuper, je vais faire la chose à faire, ça ira, tu verras, tu as mal où? — Mes cô- côtes. Je- Astoria, je crache du sang. — Ça ira, je vais te soigner, tu vas voir, et ce sera comme avant, comme toujours, juste toi et moi et une tasse de thé, juste toi et moi et la tranquilité, tu vas voir, allez, allonge-toi que je regarde. ” Ça lui fait bizarre, de s'occuper de sa soeur. Normalement, c'est toujours Daphne qui s'occupe d'elle et la protège. Daphne qui passe un bras protecteur autour de ses épaules, Daphne qui s'impose entre elle et autrui pour faire rempart de son corps, Daphne qui met son poing dans la gueule des autres Insurgés quand ils voulaient abuser de la particuliarité d'Astoria. Toujours Daphne. Mais cette fois, c'est Astoria qui doit s'en charger. Sinon ils vont tous mourir. “ Oh Wyatt, oh Wyatt, oh Wyatt- Wingardium Leviosa... Wingardium Leviosa! WINGARDIUM LEVIOSA! ” Astoria essaie de bloquer le son de la voix de sa mère, sa respiration erratique alors que son père essaie de rester conscient. Elle se concentre sur sa soeur, le sang qui ne cesse de couler entre ses lèvres, sa respiration difficile, sa grimace à chaque fois que sa poitrine se soulève. Astoria ne s'embarasse de rien en déchirant la partie supérieure de la robe que Daphne porte (note distraitement qu'elle lui a volé un soutien-gorge, la peste) avant de poser ses mains sur ses côtes où déjà s'étale un hématome trop grand, trop imposant, trop noir sur la peau pâle de sa soeur. “ Tout va bien, tout va bien, Daphne, tu vas- - — Qu'est-ce- qu'est-ce qui m'arrive, Tori? Dis-dis-moi- - — Rien de grave, Daphne, ça te fait mal quand tu respires? — Oui, j'ai- — Hor... tense... la petite... — -très mal l-là- - — Ok, c'est bien ce qui me semblait, je contrôle, d'accord? Je comprends, je sais, je vais te soigner, tout ira bien, tu pourras courir un marathon après, pas de soucis, ok, t'es prête? Parce que- — Amène- amène-la moi- Astra- soigneuse- — -ça arrive allez, hop. ” Astoria dépose ses mains sur les côtes de sa soeur et ferme les yeux.
“ MAIS VOUS ÊTES COMPLÈTEMENT DINGUES? REGARDEZ-LA, ELLE TIENT À PEINE DEBOUT! — Oh, ça va, Daph, putain, je te dis qu'on avait pas le choix, Rory était super blessé et- - — NON MAIS TU VAS M'ÉCOUTER, HUDSON! TU TRAITES PAS MA SOEUR COMME ÇA, T'ES DEVENU COMPLÈTEMENT STUPIDE? TU VEUX QU'ELLE MEURE, C'EST ÇA? T'ES EN TRAIN D'ASPIRER LA VIE D'ELLE À PETIT FEU ET ELLE VA CREVER, BORDEL. VA FALLOIR ME PASSER SUR LE CORPS D'ABORD, TU M'ENTENDS, ESPÈCE DE- - — ESPÈCE DE QUOI? VAS-Y, GREENGRASS, DIS-MOI, ESPÈCE DE QUOI? — ESPÈCE DE GROS EN- - — Da-Daphne, j'te dis, ça va... j'ai juste besoin de me reposer, arrêtez de hurler- - — TOI TU TE TAIS SAUF QUE JE T'ADRESSE LA PAROLE! ALORS, GREENGARCE, T'AS PERDU TA LANGUE? — Dégage. DÉGAGE, HUDSON, J'TE DIS! Tu vas la tuer, à ce rythme, bordel de merde, et on a besoin d'elle. ” Elle ne sait pas pourquoi elle pense à ça. Ça lui fait un peu mal. Besoin d'elle. Pas envie. “ Tori? Astoria? ” Elle rouvre les yeux et croise ceux, d'un bleu dérangeant, de Daphne qui est en train de la secouer doucement, avec précaution, comme si elle était une poupée de porcelaine sur le point de se briser. Les paupières de la cadette papillonnent partout, puis son regard cherche un repère, un point d'accroche. “ Oh par Merlin, elle est réveillée, entend-t-elle confusément. Sa mère. — Pas trop tôt. Son père. Daphne, redresse-la. Astoria, tu m'entends? ” On la manipule, on la bouge, on l'assied; elle se laisse faire. Elle a si froid, elle a si mal. Ses os lui font mal, ses muscles lui font mal, ses respirations lui font mal. Mais Daphne respire doucement à côté d'elle et même si son visage est recouvert de sang, elle ne saigne plus. “ Ou-oui, ” murmure doucement Astoria en regardant son père. “ Ton épaule... — Démise. Occupe t'en, je souffre. ” Moi aussi. Il s'approche, elle tend les mains. “ Non, elle est cassée. Je peux pas- - — Fais-le, Astoria. Pour l'amour de Merlin, pourquoi est-ce que tu dois toujours être si faible? Soigne-moi! ” Alors Astoria ferme les yeux, et s'exécute.
“ Hudson, je ne peux pas- - — Parce que tu penses que je te laisse le choix? Allez, princesse, au boulot, j'ai pas toute la journée et ça fait un mal de chien. — Je ne peux pas. — Pardon? Tu peux répéter, s'il te plaît? Ouais, c'est bien ce qui me semblait, c'est ça, rapproche-toi. Voilà, pose tes mains, allez, ferme les yeux- ah, tu vois, quand tu veux? Petite idiote. Bah quoi, je te dégoûte? Je suis pas assez bien pour toi, Greengarce? — Arrête, je- - — Tu m'donnes pas d'ordres ici, princesse. Allez. Soigne-moi. ” Elle ne sait pas pourquoi elle pense à ça. Soigne-moi. Ils avaient que ce mot à la bouche, les Insurgés. Soigne-moi, soigne-moi, soigne-moi. “ Astra? Astra, ma petite Astra, tu aimais tant quand je te chantais des chansons françaises jusqu'à ce que tu t'endormes, tu te souviens? C'était l'histoire d'une princesse dans une tour, une tour dans une vallée, une vallée dans le plus beau pays du monde, c'était l'histoire d'une princesse à la longue chevelure dorée- tu te souviens? c'était ta préférée, la princesse avec les cheveux blonds, tu te- - — Oh par Merlin, Hortense, tu vas la fermer? On va bientôt étouffer dans cet enfer et toi tu veux lui chanter des chansons? ” Elle ne se souvient pas de quand, tout à fait, sa mère l'a tenue dans ses bras pour la dernière fois. C'est plus agréable que dans son souvenir. Chaud, confortable, réconfortant. Elle garde les yeux fermés, en imaginant que ce moment s'étire pour l'éternité- - “ Wyatt, elle est réveillée, ” chuchote sa mère et elle sent son père s'approcher, curieux. “ Enfin, soupire-t-il. Astra? ” Elle ouvre les yeux difficilement, observe le visage ravagé de son père. Elle ne voit presque rien. Pourquoi il fait si noir? Il y a juste la lueur d'un Lumos sur le sol, non loin, oh, et puis un autre, et un autre. Quand elle balaie la petite scène des yeux, elle se rend compte qu'il y a des gens qu'elle ne connait pas dans le lot. Daphne, enveloppée dans une cape inconnue, s'occupe d'un sorcier blessé à la jambe alors que d'autres silhouettes bougent lentement, difficilement, dans le clair-obscur du laboratoire souterrain où ils sont perdus. Ils sont entourés de gravats. Et de cadavres. “ Je- j'peux pas- - — Je ne peux pas, la corrige son père et elle pince des lèvres. — Je ne peux pas soigner- je- je suis trop faible- j'arrive pas- - ” Son père renifle et elle s'interrompt. “ Ça me tuera. ” Wyatt est deux doigts de dire: et alors? Quel intérêt, pour lui, une fille inutile comme elle? Inutile, inutile, inutile. C'est devenu une ritournelle avec les ans. Peut-être qu'Aramis avait raison, peut-être qu'elle ne servira jamais à rien... et pourquoi elle refuse de les aider, là où ils ont le plus besoin d'elle? Inutile parce qu'égoïste. Elle remue un peu et se dégage des bras d'Hortense, qui se recule, consternée. “ Que s'est-il passé? — Encore ces fous d'Insurgés, grommelle son père. Ça fait des heures qu'on est là et personne n'est venu. — Vingt heures, laisse tristement tomber un homme inconnu qui s'est rapproché des Greengrass. Il a toute une partie du visage en sang, indiscernable dans l'obscurité. — Vingt heures? Mais- les secours- - — Les secours ne sont pas là, Tori. On est seuls. ”
Le monde tangue un peu quand elle parvient à se relever. Elle est fatiguée, tellement fatiguée. Les souvenirs s'imposent toujours à elle, s'inscrivent toujours sur sa rétine et elle doit faire quelque chose pour s'occuper, sinon elle va devenir folle. Ils ont un peu d'espace, ici, peuvent tourner en rond sans même pouvoir tenter essayer de remonter à l'étage principal. Certains ont essayé de transplaner, d'autres de creuser un passage... en vain. Magie capricieuse, magie faible. Alors Astoria tourne en rond alors qu'on se prend dans les bras, qu'on se rassénère, qu'on se parle à mi-voix. “ Ça va aller, ça va aller, ça va aller, ” sont les mots sur toutes les lèvres. “ Ils vont venir, ils vont venir, ils vont venir. ” L'espoir est une denrée rare. Mais l'espoir demeure. Astoria Greengrass est un jeune femme d'honneur. Elle se penche dès qu'il y a un corps, vérifie si il est en vie. “ Ça va aller, ” lâche-t-elle aux inconscients, aux sonnés, en les ramenant vers le reste de sa famille et les quelques autres blessés qui se sont rassemblés en cercle. “ Ils vont venir. ” Mais ils sont tellement nombreux, à être morts. À ne pas réagir quand elle passe sa main sur leur épaule, sur leur visage. “ Tori? Tori, viens, ” murmure Daphne, non loin, éclairée par un petit Lumos faiblard et Astoria s'approche, enjambe un corps qui ne réagit plus comme si il n'était pas là. “ Ai-aidez-moi, ” souffle une petite voix et Astoria se rend compte que ce qu'elle prenait pour une tige de fer dans les gravats, est en fait une main tendue recouverte de poussière. Elle se laisse tomber à genoux, fouille, cherche, prend la main un instant avant de brusquement la lâcher en sentant d'ores et déjà son don en vrac aller vers la douleur, la magie de la pauvre sorcière coincée essayer d'aspirer son énergie vitale. “ Je vais- je vais vous aider, tout va bien, tout va bien, ” murmure-t-elle toujours en déblayant, à la lumière de la baguette de Daphne, jusqu'à discerner un bras, une épaule, un cou, une tête, un corps. “ Hestia? — Flora. tout va bien, on va te- - — A-Astoria? — Daph', je- - — Re-regarde. ” Astoria suit le regard de Daphne vers le plafond. Le morceau de sol. Celui qui est en équilibre depuis des heures, retenus par quelques tiges de fer dont la composition échappe à Astoria. Le morceau de sol. Il tangue. Au-dessus d'elles. “ Astoria, viens! — Non, attends, je- - — Mais qu'est-ce que tu fais? Viens! — Mais sa jambe- elle repousse les morceaux de pierres, un bureau qui s'est renversé, un corps mort -sa jambe est coincée, aide-moi, Daphne! ” Quelques sortilèges, les mains Greengrass qui s'affairent et puis: “ laisse-la, on peut pas rester là. — Les filles? ASTORIA, SORS DE LÀ! — ASTRA! ” Les cris se mélangent, sont confus. Astoria serre Flora contre elle. Elle ne la laissera pas mourir écrasée par un bout de sol. elle ne la laissera pas mourir. “ Ça va aller, murmure-t-elle. Ils arrivent, d'accord, Carrow? Aide-moi, pousse un peu sur ta jambe- - — Je ne sens pas ma jambe, indique-t-elle d'un ton très factuel. — L'autre jambe, allez, Flora, j't'en prie, il faut- - — Comment t'arrives toujours à nous différencier? Hestia et moi. ” Est-ce que c'est vraiment le moment de poser ce genre de questions? Astoria plonge ses yeux dans ceux de Flora. “ ASTORIA, DÉPÈCHE-TOI, JE POURRAIS PAS TENIR PLUS LONGTEMPS! Mère, s'il vous plaît! ” Les baguettes sont tendues, retiennent le plafond de s'effondrer sur eux. “ Au petit bonheur la chance. ” Flora sourit et pousse sur sa jambe, un peu. Astoria la serre contre elle et la traîne jusqu'à leur petit cercle de survivants; le plafond s'effondre; tout le monde soupire. “ Ça va aller, murmure-t-elle à l'oreille de Flora, en s'assurant qu'elle est bien installée. Ils arrivent, d'accord? ”
Ils viennent une autre dizaine d'heures plus tard. Astoria se laisse guider quand on passe un bras autour de ses épaules, quand on s'étonne de son corps fragile presque intact malgré la chute et les gravats, quand on s'enquiert de son silence borné. Elle ne lâche pas un mot. Elle ne peut pas, elle n'y arrive pas; et quand elle voit Boris, son Boris, presqu'intact lui aussi, tout blême dans un lit d'hôpital avec un médicomage qui s'affaire nerveusement autour de lui, les premières larmes coulent alors que leurs regards se croisent. Ils ont survécu à ça. Ils survivront à tout. Putains d'Insurgés. |
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WIZARD • always the first casuality Flora Carrow ‹ disponibilité : hold that thought
‹ inscription : 11/12/2015
‹ messages : 1109
‹ crédits : MUDBLOØD. (avatar), sovereign (gif)
‹ dialogues : #336699.
‹ âge : vingt-deux ans (04/02)
‹ occupation : pour le monde, je suis une ancienne médicomage légiste (en réalité, l'ancienne assistante personnelle de l'Ambassadeur).
‹ maison : ravenclaw
‹ scolarité : 1993 et 2000.
‹ baguette : est toute neuve, taillée dans un délicat bois d'aubépine renfermant un ventricule de dragon, elle mesure trente centimètres et des poussières dépassant ainsi de loin celle que j'ai perdu dans l'attentat de saint-mangouste.
‹ gallions (ʛ) : 5130
‹ réputation : je suis Hestia Carrow, une fille bizarre, porte-malheurs, instable et incestueuse qui ferait tout pour sa sœur.
‹ particularité : clairvoyante.
‹ faits : je n'étais pas maîtresse de mes actions pendant la guerre, mon cerveau ayant été lavé après l'exécution des rebuts. J'ai fuit la bataille finale bien avant sa fin et je hais la marque à mon bras. Retrouver le contrôle de mon esprit n'est pas si aisé que ça et je fais encore de nombreux cauchemars. En fuite avec ma jumelle et mon niffleur albinos, Idris, logeant chez des moldus j'ai fini par me rendre en espérant rendre à ma sœur une vie normale, sauf que par un procédé qui m'est inconnu elle a réussi à échanger nos corps.
‹ résidence : bonne question.
‹ patronus : inexistant
‹ épouvantard : moi-même, ou Hestia qui sait, restreinte par une camisole de force.
‹ risèd : moi-même de nouveau identique à Hestia.
| Flora n’aime pas les évènement mondains. Elle n’aime pas sentir la foule autour d’elle, les coudes d’inconnus qui lui entrent dans les côtes, leur haleine fétide embourbant ses narines. Elle n’aime pas les petites conversations, les fausses politesses échangées autour d’une coupe et les longs discours vaseux. Mais Flora est venue, parce qu’on - son père, Lucius, Alecto - lui a dit que ça serait bon qu’elle vienne. Parce que Lorcàn s’y rend lui aussi et qu’il lui propose de venir à son bras. Et puis, surtout, parce que c’est à Sainte-Mangouste et que c’est le lieu de travail d’Hestia. Flora a énervé Hestia, elle l’a rendue malade en participant à une attaque de serviteurs du Lord et en finissant sur un lit d’hôpital. Elle ne regrette pas son acte, elle ne regrette pas son allégeance, mais elle regrette d’avoir blessé son double, d’avoir fait saigner son cœur. Et elle veut se faire pardonner, elle veut la soutenir, elle veut venir la voir là où elle brille par son talent. Peu importe que les festivités n’aient rien avoir avec elle en particulier, elle spécialisée en médicomagie légiste tandis que la cérémonie à laquelle la Carrow doit assister concerne l’ouverture d’une aile spécialisée en médicomagie alternative. Ça reste le territoire d’Hestia, son univers à elle dont est exclue Flora qui a décidé de son propre chef de ne pas opter pour la même carrière que sa sœur. Elle n’a pas sa passion morbide, elle n’a pas vécu la même chose à la naissance. La gémellité est presque parfaite; pas exactement. Pourtant elle est là, pour Hestia, elle tolère. Et lorsque la présentation commence elle écoute attentivement, elle qui n’a pas de passion pour la matière, est piquée par la curiosité, amusée par le culot de Bonham. Elle boit ses paroles nauséabondes, sourit de ses horribles propositions et soudain le monde s’écroule.
Elle perd pied et la vue avec, son souffle est coupé alors qu’elle tente de se relever. En vain, elle ne voit rien, mais elle est bloquée, ses doigts ne répondent que peu à ses appels, mais finissent par tâtonner le morceau de meuble qui l’empêche de s’asseoir et d’essayer de faire sens du chaos. Les débris sont partout sur elle, c'est un miracle qu'elle soit encore en vie. À défaut de le voir elle l’entend le chaos, dans les cris des autres victimes tout aussi surprises qu’elle. Elle tend l’oreille, ne reconnaît nul part la voix grave d’Hestia si similaire, identique même, à la sienne. Elle ne sait pas si elle est rassurée ou non, si elle doit se réjouir de ne pas entendre sa souffrance, ou craindre le fait qu’elle n’appelle pas à l’aide. Flora pousse sur la planche, de toute ses forces sans parvenir à la faire bouger. Sa main cherche sa baguette, elle est forcément quelque part parmi les débris si elle n’est pas dans sa poche. « À l’aide. » se résout-elle à appeler finalement, lorsqu’elle sent quelque chose bouger près d’elle. Elle n’a pas le temps de répéter son aveu de faiblesse qu’une odeur de souffre s’empare de ses narines et sa gorge se rétrécit, son corps se convulse. Elle toussote tourne la tête pour échapper aux toxines dans l’air et protège sa bouche de son avant bras. C’est là qu’elle se rend compte de la présence du liquide poisseux, du carmin qui teinte sa peau d’albâtre, c’est au goût de fer sur ses lèvres qu’elle le reconnaît. Elle saigne du bras, d'ailleurs sûrement aussi. Nouveau soubresaut, elle perd le contrôle de son propre corps toussote encore. C'est la fin sûrement. « Aidez-moi. »
Il y a du bruit non loin pourtant, des voix. Elle ne sent plus son auriculaire droit et il lui semble que les os des autres sont brisés. Pas simplement cassés, tordus, mais brisés absolument, écrabouillés comme l’est certainement la côte sur laquelle repose la fichue poutre. Pourtant elle force cette main ruinée entre les débris, sent les morceaux les plus coupants lui déchirer la peau, mais force cette main à traverser le mur à se faire voir peut-être. Et elle appelle à nouveau. « Aidez-moi. » La tentative lui semble vaine, à nouveau, jusqu'à ce que quelque chose échoue dans la paume de sa main, des doigts, fins, féminins certainement. « Je vais- je vais vous aider, tout va bien, tout va bien » Elle croit connaître la voix, mais en cet instant, elle n'est plus sûre de rien. Un simple toussotement répond à la demoiselle qui s’approche à quatre pattes d’elle, elle la sent, toujours incapable de voir, ses yeux papillonnant en vain. Et puis le poids sur son bras et son épaule disparaît et, enfin ses yeux reprennent vit, deux visages apparaissant à quelques centimètres du sien. « Hestia ? » « Flora. Tout va bien on va te - » Elle a ce don, la puînée Greengrass, d’être capable de reconnaître les jumelles Carrow d’un coup d’œil, de ne pas être flouée par leurs jeux, de voir à travers leur synchronisation pourtant parfaite et de savoir détecter la différence. Et par la même, elle a su avoir une préférence entre les deux, ignorant l’une pour mieux martyriser l’autre. Le visage de Flora se ferme, veut-elle recevoir l’aide de celle qui a fait souffrir sa sœur à Poudlard ? De celle dont elle a en secret comploté la chute ? Pas vraiment. Mais a-t-elle seulement le choix ? « A-Astoria? — Daphne, je- — Re-regarde. » Ce n'est pas à elle que l'on s'adresse, mais Flora aussi lève son regard mordoré vers le plafond, qui n'était que le sol avant l'effondrement, un craquement se fait entendre, une pièce tangue, elle va s'en détacher et tomber…sur elles. Les sœurs Greengrass se disputent, l'une veut partir, elle a raison pense Flora, mais l'autre insiste. Et elle lie le geste à la parole, elle déblaie, elle repousse, arrache, allège le poids qui repose sur le corps fébrile de la Carrow. « -sa jambe est coincée, aide-moi, Daphne! » Elle assimile l'information, comme si ça n'était pas d'elle dont il s'agissait, comme si Astoria parlait d'une autre. Sa jambe est coincée; mais sa jambe elle ne la sent même pas. Les Greengrass font un effort, mais d'autre voix se font entendre, Flora ferme les yeux, elle va être abandonnée, elle le sait, elle le sent. Ça n'est que naturel, de sauver sa propre peau avant celle des autres. Et pour Astoria et Daphné, elle n'est rien. Pourtant la première la serre contre elle, déterminée, à croire qu'elles sont amies. « Ça va aller, ils arrivent, d'accord, Carrow? Aide-moi, pousse un peu sur ta jambe- Flora cligne des yeux. « Je sens pas ma jambe. » fait-elle platement. Elle n'a pas peur. Encore faudrait-il qu'elle pense pouvoir survivre pour craindre de perdre l'usage de sa jambe. « L'autre jambe, allez, Flora, j't'en prie, il faut » « Comment t'arrives toujours à nous différencier ? Hestia et moi. » Elle veut savoir avant qu'elle abandonne, elle veut comprendre à quoi Astoria sait faire la différence. Mais pas seulement, il faut qu'elle sache pourquoi elle est plus clémente avec elle. Elle a l'impression de trahir Hestia en acceptant l'aide de son bourreau. Mais c'est la faute de la rouquine aussi, pourquoi lui proposer son aide, pourquoi lui offrir un traitement meilleur que celui qu'elle offre à Hestia, pourquoi ne pas les traiter toutes les deux de la même manière ? Que lui veut-elle ?
Elle ne voit pas qui les aide, qui leur offre le moment de répit nécessaire pour réussir à s'extirper. Mais Flora fait ce qu'on lui demande et pousse sur la jambe qu'elle sent encore et se laisse traîner par Astoria. Flora réalise enfin le trou dans lequel ils sont tous tombés. Elle croyait être sauvée en se débarrassant de la pile de débris qui s'était afaissée sur elle, mais autours d’elle il n’y a que des ruines et au moindre mouvement de leur part, un nuage de fumée opaque s’élève et menace de les étouffer. Flora a chaud, très chaud, elle bout dans ses vêtements; c'est la douleur qui lui bouffe le crâne. Et ses yeux suintes, en même temps que son front, d’avoir à reposer la moitié de son poids sur Astoria, son ennemie, pour marcher. Que s’est-il passé ? Elle ne pose pas la question, elle ne voit pas comment la Greengrass pourrait savoir. Après tout si elle avait été au courant de la chose elle ne serait certainement pas venue à l’hôpital pour y risquer sa vie. À moins d’être parfaitement stupide, ce que Flora ne croit pas qu’elle soit. Les rebelles sont responsables, réalise-t-elle la mâchoire serré. Peut-être même l’un de ceux à qui elle a, si bêtement, si follement donné des informations par le passé, a-t-il eu une main dans l’affaire. Ces fous. S’en prendre à un hôpital, s’en prendre à la population quand ils osent ensuite prétendre faire montre de plus de moralité que le Magister. Qu'importe la nature de l'exposition, ça ne justifie pas le fait de chercher à enterrer vivante toute la foule. Flora rage. Elle marche sans faire attention à où elle va, elle se laisse guider par l’ancienne vipère qui promet dans son souffle qu’elle va la sortir de là. « Ça va aller. » lui murmure-t-elle à l'oreille, en l'aidant à s'asseoir. « Ils arrivent, d'accord ? » Mais Flora n’écoute pas. Le regard alerte, même si elle est incapable de voir à plus d’un mètre devant elle - et ce uniquement grâce à la lumière s'échappant de la baguette de la seconde Greengrass -, elle cherche activement sa copie. Hestia Hestia Hestia scande son esprit mortifié à l'idée, qu'elle n'ose même formuler, qu'elle ait pu survivre seule. L'idée même est contre-nature. Venues au monde ensemble, elles sont destinées à le quitter main dans la main. Elle commence à comprendre réellement ce que sa moitié a ressenti quand elle a disparu un soir pour réapparaître à Sainte-Mangouste le lendemain. Elle commence à saisir la crainte qui a du enserrer son cœur. Et elle panique. Sa gorge est en feu et son front est brûlant. Hestia. Si le lien était sevré, si elle avait été amputée d'un membre aussi essentiel à sa survie, elle le saurait n'est-ce pas ? Elle le sentirait au fin fond de son être, elle n'aurait pas de doute. Des ses doigts rendus inutiles elle tente de tirer sur le col de sa robe, pour se permettre d'aspirer plus d'air, mais l'air n'est pas pur et chaque bouffée n'entraîne que plus de suffocation. Elle étouffe et la douleur la fait trembler. Elle ne veut pas pleurer devant tous ses inconnus, mais l'absence du visage de sa jumelle la rend folle. Elle se cogne la tête contre les ruines du meuble qui lui sert de soutient et ferme les yeux. Ils arrivent. Elle s'en moque, mais elle n'a d'autre choix que d'attendre. Elle croit entendre la voix d'Hestia, elle esquisse un sourire, la douleur disparaît et puis, plus rien. Le noir la happe. Elle n'a même pas dit merci. |
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy |
I've been in the right world but it seems wrong wrong wrong 02 JUIN 2003 & EVENT #9 & SIACO « C'mon mate, I just bought tons of muggle vodka... » (...) Il a replongé après la prétendue mort de sa mère, Draco. Et après avoir découvert que sa prétendue cousine était une usurpatrice. Et aussi- damn, il y a tant de raison qu'il a cessé de les compter. Lorsque les souvenirs se font trop infects, polluant son esprit irrémédiablement, il n'y a que la compagnie de Simon et ses délires arrosés pour noyer les démons dont la vie les a tous deux affublés. « By the way my ex is pregnant, but that’s okay i’m fine, except I'm not, anyway what’s up ? » Bouteilles qui s'enchaînent, se déchaînent et s'empilent. Verres délaissés, loques humaines, goulots portés directement aux lèvres- JOUR 1 — Et c’est ce qui les a menés à cette situation grotesque ; oppressés, pressés au cœur d’un attroupement étouffant, assignés à la sécurité tandis que le Magister et ses génies maléfiques exécutent leur dernier show, mais les tempes martelées par une gueule de bois infernale. « Malfoy Junior. Quel... plaisir de te croiser ici, vraiment. » La voix lui hérisse l'échine et Draco se retourne lentement, les traits détendus avec soin, inexpressifs. Wyatt Greengrass le sonde de son regard pernicieux, semblant comme toujours détenir la désagréable faculté de percer sa carapace. Draco l'imagine deviner les cernes que masquent pourtant brièvement la tonne de Glamours dont il a fait usage, il l'imagine déceler le rouge de ses globes derrière l'illusion de blanc qu'offrent les sorts. Il l'imagine et, comme de fait, le rictus du père Greengrass s'étend, mauvais, moqueur. « Et où se trouve donc mon petit-fils ? » a-t-il le culot de demander, mais au bout de presque cinq ans à subir subir ses outrages Draco est apte à lui retourner un sourire policé. « En sécurité. Les rassemblements tels que celui-ci sont souvent l'occasion de mouvements de foules, un enfant n'y a pas sa place. » Il jette un coup d’œil par-dessus son épaule, s'assure de la position de Simon ; il serait pénible de le perdre juste avant que ne sonne l'heure de la ronde qu'on leur a imposée, pour s'assurer qu'aucun indésirable ne rode dans le bâtiment. Hortense affiche un air affecté, battant des cils et détournant rapidement le regard, incapable de soutenir bien longtemps son attention. Garce, qu'il pense sans le dire, agacé cette fois de s'apercevoir que cette attitude venant d'elle n'a pas cessé de le toucher, même après toutes ces années. « Je me dois de vous fausser compagnie — le devoir m'appelle. » D'un mouvement de tête il fait mine de s'éclipser, attend que le couple infernal l'ait dépassé, suivi de leur fille aînée, avant de freiner Astoria, qui évolue dans leur sillage. Un homme les bouscule et machinalement, il pose un main sur sa taille, à la fois pour la stabiliser et l'attirer de façon à lui souffler à l'oreille à travers le bruit ambiant : « Tu n'aurais pas dû venir. » Son ton est désagréable, insatisfait, sa mâchoire crispée et son front plissé, son regard accusateur. Il est inquiet. Et elle surprise, prise de cours, avant de se braquer, son attention allant sans cesse à son père. « Ça ne te concerne pas. Lâche-moi. » Il se contente d'arquer un sourcil dubitatif, mais s'exécute, s'assure à son tour que Wyatt soit encore concentré sur un nouvel interlocuteur avant d'ajouter : « On s'attend à essuyer une attaque. Reste calme, mais... fais attention à toi. » Et Merlin sait qu'il en a assez de toujours compter au nombre des sorciers malchanceux, chargés de surveiller les alentours et les insurgés infernaux qui pourrissent l'existence de la communauté. « Je suis une grande fille », qu'elle réplique, posée, mais lui intimant de ne pas s'ingérer. Le rire bref par lequel il réplique en dit long sur ce qu'il pense de sa capacité à se défendre ; mais elle est prévenue. Son message transmis, il se détache d'elle et se mêle à la foule, trainant son mal de tête lancinant comme éternel compagnon.
à cet instant précis, ils devraient être captivés par leur devoir. Des bribes du discours de Bonham leur parviennent de temps à autres, lorsqu’il martèle quelques mots plus que d’autres, mais Draco n’y prête pas grande attention. Il a saisi l’idée – sacrifice de vélanes. Pas de quoi nourrir toute une diatribe, selon lui, mais le directeur de l’hôpital a de la ressource, à moins que ce soit le fait d’être enfin sous les feux des projecteurs qui l’inspire. Sacrifice de vélanes, ça lui parle méchamment, au blond. Il a vu quelques sorciers de l’assistance grincer des dents, d’autres écarquiller les yeux d’étonnement, d’autres encore se frotter les mains. Disons qu’il se situerait parmi ceux-là – un sourire sombre lui étire les commissures sans atteindre ses yeux, tandis qu’il pense à Beatrix Melville, pauvre demi-vélane sacrifiée sur l’autel de la guérison de sa jambe quelques mois plus tôt, après une malencontreuse rencontre avec une épée maudite. La blessure avait déchiré son épiderme et rugit de sombres relents magiques au moment de mordre la chair, disparaissant au même rythme de la jambe de Draco et ne laissant derrière elle qu’une trace un peu plus pâle, comme si elle n’était pas passée à deux doigts de le condamner à finir amputé. Définitivement, il n’est donc pas contre l’exploitation de créatures au profit des sorciers, moins encore quand l’efficacité se révèle si drastique. Mais il n’a pas spécialement la tête à y penser. Ou à penser tout court. Il ne sait plus vraiment quand Simon et lui ont cessé de prétendre qu’ils ne se traînent pas lamentablement – sans doute précisément à l’instant où ils ont quitté le hall pour inspecter les couloirs. Là, personne pour les épier. Ils ont tout de même parcouru quelques dizaines de couloirs, s’éloignant sans déplaisir du bruit, mais n’ayant pas que peu l’énergie de jouer leur jeu de braves mangemorts. C’est plus calme ici – ils sont à une porte des laboratoires d’expérimentation. Mais d’une manière ou d’une autre, Rosier a fini la tête au-dessus de l’un des bacs réservés aux futurs patients, à dégueuler l’excédent des consommations de la veille, tandis que Draco s’est avachi sur une chaise pour l’attendre, concentré à faire tourner sa baguette entre ses doigts. Le mouvement a quelque chose de fascinant (non ?) mais de légèrement bouleversant et il finit par arrêter pour appuyer l’arrière de son crâne contre le mur. Oh il déteste le travail mal fait. « Move it wanker », qu’il annone mollement, d’une voix pâteusee ; mi-exaspéré mi-moqueur – mais sans oser parler trop fort, tant le moindre son lui martèle douloureusement la tête. Les rôles ont été inversés ce matin, avant qu’ils ne ramènent leurs carcasses à l’inauguration, et Rosier s’est joyeusement fendu la poire en regrettant de ne pouvoir immortaliser son mal être sur une photo. Un doigt d’honneur lui répond, mais le brun émerge enfin, visage creusé et cernes de deux pieds de long, et Draco grimace. « J’espère ne pas tirer la même tronche de déterré… » Il se redresse péniblement, irrésistiblement attiré par la porte du fond, l'Atelier ; curieux de découvrir ce qu'il masque - les médi-expérimages sont-ils mieux lotis que les LDP ? Rivalité qui le titille bêtement, il plisse les yeux en poussant le panneau de bois. Derrière, du matériel flambant neuf exposé sur des tables vernies, surfaces ensorcelées pour résister aux chocs et brûlures, sorts échoués et autres accidents inévitables ; des chaudrons autotouilleurs à l'intérieur desquels fument des préparation portés à ébullition, des flacons soigneusement bouchés et étiquetés- « Didyouherethat ? » « Gnh ? » Ils s’immobilisent tous les deux, baguette au poing, tournés vers le plafond, mais l’étage du dessus semble calme. « ‘Here’ what ? » « Dunno, I thought- » Mais il n’achève jamais sa phrase. Car à cet instant la structure du bâtiment s’ébranle sans raison apparente et- et s’ effondre sur elle-même, engloutissant goulument les pauvres ères figés dans ses entrailles.
« Getoffme- » Ça pèse en travers de ses jambes et il s’agace, s’étire, étend les bras pour pousser sur cette masse envahissante, accablante qui le scie en deux. Des sensations déplaisantes vrillent ses membres dont la sensibilité s’éveille, au fur et à mesure qu’il reprend conscience de son corps, de sa position, des derniers évènements. Groggy, les paupières lourdes et la gorge sèche, il s’arque en arrière, extrayant sa joue du sol poussiéreux, maculé de flaques de potions – tout autour de lui, un amas de débris, de décoctions expulsées de leurs contenants, saturant l’air de leurs effluves toxiques qui se mêlent et s’entremêlent et qui le prennent à la gorge. Une odeur écœurante plane dans l’air, quelque chose- quelque chose comme de la viande animale cramée ? Draco serre les dents, compte silencieusement, s’oblige à garder son calme en compartimentant chaque élément constituant cette situation désastreuse. Ses lèvres exsudent malgré lui un râle douloureux cependant, lorsqu’il plante la main dans des débris de verre et de cristal qui lui ouvrent la paume – fioles explosées dont les restes tapissent désormais le sol et son corps, font déborder des filets chaud et poisseux le long des entailles creusées dans sa tempe sa joue et son arcade sourcilière. C’est passé près, trop près de l’œil et il déglutit difficilement en s’en rendant compte. Mais il ne sait pas ce qui est pire entre ça et l’agonie qui coure le long de sa jambe gauche, mordant impitoyablement l’épiderme. « Rosier ? » Son timbre est rauque et bas, ses cordes vocales agressées par la poussière et les fumées ingérées ; il tente de les expier dans une toux sèche qui ne fait que l’irriter un peu plus, s’efforce de se redresser mais est arrêté par une main. Et cette odeur de-de chair brûlée positivement encore qui se dissocie distinctement des relents des expérimentations échouées au sol, et qui lui retournent l’estomac... « I wouldn’t, if I were in your shoes… » Il sursaute et se retourne à moitié, gesticulant pour regarder par-dessus son épaule en dépit de ce qui le cloue au sol – une poutre, visiblement. « ‘you okay ? » L’extrémité qui le bloque prend appui tant sur lui que sur un amoncellement de débris, mais la colonne de bois se prolonge en direction de l’endroit d’où Simon le fixe d’un œil explosé, flou, fou – et repose en un équilibre précaire à quelques centimètres à peine de sa tête. « Seriously Malfoy, you can’t move that leg, I mean, look at it- no, you know what ? Don’t look, it’s pretty disgusting. » « What are you on about ? » « Trust me- » « Well, I don’t. » Il est sur la défensive et alarmé et s’oblige à regarder par-delà la barre horizontale, lève tout de même les yeux au ciel pour donner le change. « I’m not a bloody child, I can handle-oh. Oh- » « See, I told you- » « Oh fuck- » « No need to panic- » Il voudrait lâcher une remarque sarcastique mais n’y parvient pas, pris d’un vertige alors qu’une fascination malsaine l’empêche de détourner le regard du cafouillis de tissu et de chair brûlés exhalant un fumet nauséabond. La bile afflue à ses lèvres, acide lorsqu’il la ravale en déglutissant par réflexe. Il finit par s’arracher à ce spectacle immonde, non sans remarquer que l’une des mains de Simon (celle qui n’est pas crispée autour de sa baguette) se trouve dans un état similaire, brûlée en longueur, de l'auriculaire à la moitié de l'avant-bras. « How can you be so placid, are you mad ? » « I’m, ah, high, guess that helps ? » Draco se tourne une nouvelle fois pour se retrouver confronté à ses prunelles – extrêmement dilatées, en effet – mais ne tient pas longtemps avant de devoir fermer les yeux et se concentrer pour respirer par la bouche plutôt que par le nez, incapable de supporter cette puanteur après l’avoir vue. « It can’t be this bad, the pain’s not eating me alive so- », qu’il tente de relativiser, alors même qu'elle le dévore bel et bien de l'intérieur, mais « Numbing spells. » Simon insiste sur le pluriel en fermant les paupières, semblant à bout. « O-ok. Ok. » Et il n’y a pas grand-chose de plus à ajouter, vraiment. Il ne peut s’empêcher de se demander ce qui s’est précisément passé, mais les déductions sont plutôt évidentes : potions qui se rencontrent et s’enflamment, corps amorphes au mauvais endroit, au mauvais moment – ou pas ? Après tout, si le feu avait pris ailleurs, il aurait gagné en puissance et en intensité pour finir par les roussir vivants. Rosier lui a sans doute sauvé la peau en maîtrisant les flammes naissantes et les dégâts sont… moindres, comparé à ce qu’ils auraient pu être. Un rire nerveux secoue la cage thoracique de Draco (il tousse encore) et Simon expose de nouveau son globe injecté de sang pour le fixer, dubitatif. « Quand on y pense, ça tombe bien, on pourra » – tousse – « tester les soins à base d’extraits de vélanes », casual. Simon ricane brièvement, exténué. […] « Wha- ? » Draco est à moitié inconscient, à moitié délirant ; son esprit dérive loin de son corps, son nez coincé dans le creux de son bras pour filtrer un tant soit peu les vapeurs toxiques. Ils se sont essayés aux Têtenbulle, mais ils ne cessent de perdre connaissance et les effets des sorts de se dissiper, et l’air pollué le plonge dans un semi-cauchemar éreintant. « -py biiiirthdaaay toooo mee, hap- » Malfoy cligne des yeux, se raccroche à une brève lucidité. « It’s in four days, shut it already », grogne-t-il en interrompant son cousin. « You’re just jealous 'cause someone lit fireworks for me… » Il y a de bref éclairs de magie qui crépitent autour d’eux, indeed, électrisant leurs tignasses et approchant parfois dangereusement avant de s’éteindre, et de se manifester plus loin (Draco songe que Simon est idiot et que ce ne sont pas des feux d’artifices, mais un essaim de Billiwigs fluorescents, et il se tasse sur lui-même pour passer inaperçu). L’un d’eux lui brûle le bout des doigts – ça dure un quart de seconde, juste assez long pour être désagréable et entailler la peau. Il étire son bras en arrière d’un mouvement brusque pour y échapper. « Ow, it stung me ! », geint Draco, raclant du verre en laissant son membre retomber au sol derrière lui. « Too many dugbogs in my bed, I can’t stay here- » Il doit aller retrouver Scorpius, et où sont ses cousins, ses cousines, ses proches ? Ça le tue de ne pas savoir, il faut- Il tente de se lever, dérape en échouant à trouver une prise stable ; l’arrière de sa tête heurte un pan de mur écroulé et il retombe raide au sol, assommé. […] « Gimmeyourwand », exige-t-il d’une voix pâteuse en tendant la main, agitant les doigts impatiemment. « Gnh ? M’kay, if you insist… » Et une main se glisse dans la sienne. Draco fronce les sourcils et siffle d’agacement en rompant le contact. « Wand not hand ! » Simon baragouine quelque chose comme quoi il aurait pu le dire plus tôt, mais lui passe l’objet, un brin réticent. C’est la troisième fois qu’ils tentent d’envoyer des signaux de détresse ; mais comme précédemment, leurs efforts restent vains.
JOUR 3 — Ça jaillit comme ça, sans crier gare. Out of the blue. « The hell is paternity ? » « Why would you want to know ? » « Because I’m about to- don’t make me say it ok ? » « ??? » Le silence de Draco est éloquent et Simon essaye de sembler exaspéré, mais l’effet est quelque peu annihilé par ses yeux encore larmoyants des crises de panique de la veille. Pendant un instant ils font juste ça – échanger regards appuyés-mouillés-style-chien-battu pour l’un et perplexes-paumés-abrutis pour l’autre, avant que la référence tacite ne fasse tilt. By the way my ex is pregnant, pregnant, pregnant. « I actually forgot about that… I can’t believe it’s true- how is it even possible ? » Simon gronde d’impatience, torturé par le temps que met Draco à assimiler. « When a grown up woman has sex with a fine, handsome guy », commence-t-il en s’exprimant lentement, comme s’il s’adressait à un attardé. Le blond l’interrompt avec un claquement de langue agacé. « That's not what i meant. I wasn’t ready ok ? That’s weird. You, a father ? You’re such a boy in a man’s body. » « You’re one to talk. » « … fair point. » Le silence s’installe un moment, tandis que Draco ressasse l’idée, le temps de se faire au concept, même si son esprit ne cesse de décrocher. « J’arrête pas d’y penser… c’est con, il est peut-être déjà mort pour c’que j’en sais. » Ça sonne blasé, mais sa tension est palpable et Malfoy comprend sa préoccupation. Ils en sont au même point : torturés par l’éventualité que leurs proches puissent être morts ici. Draco pense à Scorpius et à ses premiers pas en tant que père… Il pense à ses innombrables erreurs, à commencer par son refus de l’assumer au départ. Il pense à son fils au creux de son bras, s’essayant à sa première bouchée de purée, grimaçant au goût à la fois inhabituel, curieux, intéressant. Allongé sur le ventre, âgé de quelques mois, sur le tapis du salon privé à Malfoy Manor, à s’égosiller en battant furieusement des bras et des pieds tandis que Sue et lui qu’il l’enjoignait à pousser sur ses mains et ses pieds pour se hisser à quatre pattes. Il pense à ses premières bêtises et aux colères froides de Lucius qui jugeait les réprimandes trop molles, les punitions trop laxistes, trop vite levées. Il pense au visage poupon qui faisait fondre son cœur qui se voulait pourtant de glace, à l’attachement qui s’est consolidé malgré lui au fil des années. A Briar-Rose, avec qui il a fait de son mieux pour commettre moins d’impairs. « C'est pénible, les gosses », entame-t-il en toute honnêteté. « Crevant. Ça geint, ça bave, ça régurgite, ça réclame de l'attention, ça attrape toutes sortes de maladies sorcières. Ça cause de l’inquiétude en pagaille, du choix des parrains aux questions d’avenir... Et il n’y a pas de retour en arrière. Tu ne peux pas juste le rendre une fois lancé, c’est une responsabilité pour laquelle tu signes à vie. Mais si tu l’acceptes, si tu passes par-dessus tes appréhensions, si tu leur laisse une chance... la paternité peut-être la plus belle des expériences. Être présent dès le début est nettement moins déstabilisant que d’arriver, bouche en cœur, quelques années plus tard. » Euphémisme, et il parle d’expérience, sur la base des difficultés rencontrées par Astoria et lui vis-à-vis d’un Scorpius déstabilisé et marqué par des années d’absence. « Ta vie peut changer, certes – mais en mieux. Parce que les sentiments que nos parents ont toujours jugés indignes – les gosses les offrent sans retenue, sans concessions. C'est effrayant, parfois, d’avoir la responsabilité d'une jeune vie. Mais être le centre du monde de quelqu'un, le voir évoluer, l'aider à le faire – c’est indescriptible. » Il se racle la gorge, tente de changer quelque peu sa position pour apaiser ses respirations laborieuses, bien qu’il ne puisse aller bien loin ; son front est en feu, brûlant d’une fièvre qui ne cesse de s’intensifier depuis le premier jour, et il commence à douter de pouvoir un jour s’extirper de ce tombeau de ruines. Il doute- et ça le mine, lorsqu’il pense aux actes manqués et à tous les mots qu’il n’a pas su dire, à Scorpius qui souffrira d’un nouvel abandon sans comprendre combien Draco aurait souhaité pouvoir se battre pour le retrouver. « Et bien sûr les erreurs sont inévitables. Mais on apprend à pardonner, à se pardonner, à se dépasser, jusqu’à donner le meilleur de soi-même. Et mine de rien, une fois qu'on s'y essaye, on ne peut simplement plus s'en passer. » Sa voix s’éteint et il appuie son front contre le sol, léthargique et nauséeux. « Y’a rien de plus réconfortant que d'avoir quelqu'un pour qui se battre, quelqu'un à retrouver. Un point d'ancrage, même lorsqu’autour le monde déraille. Je devrais dire- dire que seuls comptent le devoir, les bons mariages, les héritiers aptes à perpétuer la ligne. Mais je n'échangerais mon bâtard de fils contre aucun autre, alors... » Il hausse maladroitement les épaules. Englobant dans ce mouvement les galères et les médisances, l'acharnement des médias et la fureur des parents ; les enroulant en un tas de déchets jetés nonchalamment par-dessus son épaule. Quantité négligeable.
DELIVRANCE (JOUR 4) — D’après son compte, on est encore mardi lorsque des sorts fusent autour d’eux et que des voix résonnent, appels inespérés. « Rosier... Rosier ! » Il étire le bras au possible, ébouriffe à tâtons les mèches brunes entremêlées, secoue, pressant pour le tirer des limbes. Simon est dans un état horrible, les yeux injectés de sang, l’air hagard, les lèvres desséchées en dépit des sorts dont ils ont usés pour se désaltérer. Il tremble encore sous l’effet du manque et Draco sait pertinemment qu’il se trouve dans un état similaire, misérable, défait, méconnaissable, vivant. « Wand- … hurry up- » Il peine à parler, à respirer, à penser, mais il est vivant. Mais il ne parle pas assez fort pour se faire entendre dans ce fatras et sa baguette, attirée grâce à un Accio le premier jour, dysfonctionne. Son cousin, hagard, fait rouler la sienne vers lui du bout des doigts, sous ses incitations murmurées à répétition, et Draco s’en saisit presque hystériquement. « P-periculum », formule-t-il aussitôt, deux fois, trois fois, quatre fois. Le sortilège de détresse fuse enfin, projetant des étincelles rouges qui attirent l’attention des secours, et le soulagement qu’il enfle en lui est indicible. « Il y a quelqu’un ici ! » Ça brasse, ça lévite, montagne de décombres manipulés avec soin ; une pluie de pierres échappe pourtant au contrôle des sorciers et s’écroule, se déverse en une pluie douloureuse dont Draco se protège de son mieux en érigeant un bras en lambeaux devant son visage – ses yeux surtout. « Hey- cousin… » On leur beugle de tenir bon, de ne pas paniquer, qu’ils seront bientôt tirés d’affaire, et le blond se raccroche à ces voix indistinctes, angoissé malgré lui par le mutisme persistant de Simon. « C’mon mate, don’t give up on m-me », force-t-il, presque inaudible, au moment où des mains les saisissent, manipulant avec prudence leurs corps malmenés, en vrac. « You're going to be a- a father… a good o-one… » Ses ongles ras raclent l’épiderme moite, gris de poussière, cherchant un sursaut d’énergie le long du bras inerte. Mais bientôt les brancards flottants sont éloignés l’un de l’autre, et il a tout juste la présence d'esprit de sortir le dangereux miroir qu'il a en poche - lien direct entre des ennemies et lui - pour le briser. Un toucher inconnu le palpe, des sorts de diagnostic l’assaillent de toutes parts, tandis qu’en fond sonore Bonham jubile, scande une promesse d’une voix forte : « Pas d’inquiétude, nous avons le traitement qu’il vous faut. »
Dernière édition par Draco Malfoy le Lun 20 Juin 2016 - 21:02, édité 1 fois |
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HUNTED • running man Adele Bones | Destiny is not a matter of chance; it is a matter of choice. It is not a thing to be waited for, it is a thing to be achieved. 25th may, 7:54 a.m. « C'est d'accord. » Bones ne bougea pas, resta complètement immobile. L'ambre terni était la seule chose qui prouvait encore qu'elle n'était ni morte, ni même endormie. « Je les entends, Léthé. Je ne veux pas finir comme ça. » Le sang d'Adele bouillonnait dans ses veines et la même douleur lancinante, qui n'avait de cesse de lui marteler le crâne lorsqu'elle s'apprêtait à aller à l'encontre de la Vie, la prenait à chaque fois qu'elle pénétrait cette partie précise de Sainte-Mangouste. Autour d'elle, des femmes, quelques dizaines de Vélanes, étaient toutes parquées ici dans une attente sombre et interminable. Droguées par des potions pour la plupart, seules les plus jeunes – les inaptes à se servir de leurs pouvoirs – la fixaient toujours de leur regard le plus noir. Haine, trahison, impure, tels étaient les sentiments, les émotions, qu'elles lui renvoyaient toutes à chaque fois qu'elle venait ici. Elle avait de plus en plus de mal à les supporter. C'était intolérable... « Alors… C'est d'accord. – Très bien. » D'un mouvement de baguette, la guérisseuse en chef inscrivit le numéro dont était affublé la Vélane sur une liste obscure avant de la faire à nouveau disparaître, dans un murmure brisé. Sans un regard, elle s'apprêtait à quitter l'enceinte perfide de la zone de stockage des plus abominables (magnifiques) femmes qui lui avait jamais été donné de voir lorsque la rousse, cette Vélane bien plus âgée, bien plus distinguée, que les autres, l'interpella une dernière fois. « Tu sais comment on appelle ça, Léthé ? » Bones se raidit toute entière en entendant le prénom maudit ; s'efforçait d'oublier de façon définitive la familiarité avec laquelle la créature la considérait depuis qu'elle l'avait rencontrée. S'obligeait à faire preuve de toutes les politesses, les bonnes manières, possibles et inimaginables pour se distancer le plus loin possible d'elle. « Je n'ai pas été élevée comme vous alors non, je ne sais pas. » Un rire dénué de joie résonna jusqu'à ses oreilles. « Tu n'as peut-être pas été élevée comme nous mais tu t'apprêtes à réaliser l'une de nos coutumes les plus anciennes, l'une des plus sacrées. – Je me fiche complètement de... – Bien sûr. Va-t-en, tes semblables risquent de s'inquiéter s'ils te voient encore une fois parler à des créatures impures telles que nous... » Elle voulut se retourner, Adele, lui cracher des ignominies en plein visage, rendre caduc leur marché pour lui prouver à quel point elle se fichait totalement de la vermine qui résidait ici, qu'elle se fichait complètement d'elle. Elle voulut se retourner pour lui demander ce que la coutume était, aussi, et… Non. Adele se contenta de refermer son porte-baguette argenté avant de sortir de l'aile provisoire qu'ils avaient installés pour la production massive des traitements expérimentaux de Bonham. Elle avait des protocoles à mettre en place, des tournées à effectuer, des patients particuliers à visiter. Elle n'avait pas le temps se préoccuper de Léthé.
22th may. Elle avait écouté d'une oreille distraite le discours du Magister. D'une oreille totalement sourde celui du directeur de Ste-Mangouste, Oswald Bonham. Cette médicomagie alternative, elle la connaissait déjà par cœur : son service tout entier était assiégé depuis des mois par les expérimages et les tests effectués sur les Vélanes. La partie traitement, en particulier. Incorporer le sang et les cheveux viciés de ces créatures étaient du ressort du personnel de son service. Bones savait ce qu'il se tramait en coulisse, avait même participé aux recherches lorsque les regards de ses collaborateurs s'étaient faits plus lourds qu'à l'accoutumée : quoi ? Attendaient-ils réellement qu'elle s'effondre, ne blâme ces pauvres petites créatures sans défense que l'on utilisait pour sauver toute une flopée de sorciers condamnés ? Attendaient-ils vraiment qu'elle exécute un faux-pas et s'insurge, aille libérer toutes les créatures dans un sursaut de conscience originelle ? Elle jubilait, Bones, de les voir ainsi traitées, toutes ces bêtes qui se pensaient hors de danger juste parce qu'elles ne faisaient pas parties de leur monde (elle les voulait toutes mortes, depuis tellement de temps, qu'elle oscillait entre fantasme et réalité). Mais elle hurlait, Adele, de les voir ainsi traitées, toutes ces sœurs inconnues qu'elle jetait elle-même en pâture en refusant seulement de les considérer comme ce qu'elles étaient vraiment (elles étaient comme elle, elles étaient elle). « Très chère, gratifiez notre patient-témoin de vos remarquables capacités. »
Bones s'était éloignée à ce moment-là, la tête haute, les robes de guérisseur justifiant seules son déplacement inopiné dans la foule. Elle n'avait pas besoin de voir ce qu'il se passait sur l'estrade pour savoir ce qui allait se passer : elle avait déjà assisté au spectacle, durant les trop nombreuses répétitions de ce dernier. Elle s'éloignait juste pour ne pas avoir à supporter les nouvelles récriminations de l'hybride, qu'elle allait lui envoyer en s'apercevant une nouvelle fois qu'elle n'allait pas agir pour les sauver. Pour sauver les vies les plus sacrées, répétait encore et encore ce qu'elle maintenait enfermé au plus profond d'elle-même. Le patient retrouvait des couleurs alors que la Vélane, elle, commençait lentement à perdre de son énergie. Une caresse. Elle n'eut pas besoin de se retourner pour vérifier l'identité de celui qui venait tout juste de lui effleurer furtivement l'avant-bras en passant près d'elle. Avant même qu'elle n'ait eu le temps de lui jeter un regard, Avery s'était de nouveau éloigné, certainement assigné à la sécurité de la cérémonie plus qu'à celle du Magister. Adele ne sut pas très bien ce qui lui fit le plus mal en cet instant : la lente agonie de la Vélane ou bien le fait qu'Owen soit venu la seconder, la réconforter, à cet instant. Elle les voulait toutes mortes, non ? Alors, pourquoi avait-elle aussi mal ? Pourquoi, pourquoi, pourq…
23th may, 9:52 p.m. Qu'elles se vident de leur sang, toutes. Qu'elles se fassent rasées, jeunes et vieilles, petites et grandes. Adele Bones se moquait des regards sombres qu'elles lui jetaient minutieusement depuis la veille. Depuis qu'elle s'était elle-même ajoutée à l'équipe en charge des traitements expérimentaux, celle-là même qui voguait telle une seule et même abeille dans la zone où les Vélanes étaient installées. Pour produire massivement des soins curatifs destinés aux trop nombreuses victimes des traîtres au gouvernement, de ces insurgés qui venaient tout juste de faire sauter une aile entière de l'hôpital sorcier. Ils venaient tout juste de les poignarder dans le dos et les laissaient douloureusement choir à terre. Qu'elles lui donnent de quoi sauver les êtres qui lui étaient chers. Qu'elles meurent toutes, jusqu'à la dernière, pour seulement leur permettre à eux de rester en vie. Rabastan et ses enfants. Le fils de Myrcella qui, lui aussi, avait été piégé sous les gravats de l'aile à peine terminée. Une grande partie de l'élite, Rosier, Rookwood, les siens, qu'ils restent en vie grâce à elles. Le nom des victimes dansait toujours sous ses yeux, s'étirait parfois pour brusquement perdre quelques noms en chemin, avant d'être remplacés par de nouvelles lettres – ils en sortaient toujours de sous les décombres mais jamais celui qu'elle attendait. Peut-être était-ce à cause de la fatigue ou de l'empoisonnement, mais son nom à lui restait toujours hors de portée, ne parvenait jamais jusqu'à la conscience troublée d'Adele. Lui n'était toujours pas sorti.
Où était-il, où était-il, où était…
« Je… je reconnaîtrais ces yeux... n'importe où... », une voix chevrotante la tira de sa léthargie et de ses automatismes médicomagiques. Adele, à peine sortie des gravas, bourrée par un traitement lourd qui avait pour seul but d'éloigner les effets néfastes de l'unique journée passée sous les dalles bétonnées, à seulement respirer les effluves traîtres des gaz toxiques, mit un certain temps avant de comprendre que la vieille chimère rousse s'adressait à elle. Ferme-là, tu n'as pas le droit de m'adresser la parole, je ne veux pas t'aider… « Lé… Léthé ? Tu as tellement grandi... – Vous feriez mieux de vous taire. Je n'ai pas de temps à perdre avec de la racaille comme vous. », cracha-t-elle tant bien que mal tout en examinant l'une de ses congénères endormie par des potions anesthésiantes. Ses poumons ne cessaient de s'enflammer à chaque fois qu'elle parlait, l'obligeaient à adopter une voix si basse qu'elle-même ne reconnaissait pas ses propres murmures. Alors même si elle avait envie de lui hurler quelque chose, n'importe quoi, pour seulement la faire taire, elle n'aurait pas eu assez de souffle pour le faire. De toute manière, elle n'avait pas envie d'user de sa respiration, ni même de sa salive, pour une créature maudite comme elle… « Je vois que le sang-mêlé a bien prit soin de toi... », persifla-t-elle d'abord avant de planter à l'arrière de la nuque d'Adele un regard mauvais. « Angus n'a donc toujours pas jugé bon de quitter ce monde, je me trompe ? » La baguette en bois d'If atterrit subitement dans la paume de la guérisseuse pour aller se planter contre la carotide de la créature, qui ferma instinctivement des yeux dans un ultime sursaut défensif. Juste avant de laisser un rictus lui étirer les lèvres. Des lèvres qui, si elles n'avaient pas été aussi blafardes, auraient été sublimes selon les standards de la semi-Vélane. « Je n'éprouverais aucun remord à te tuer avant de m'emparer de ton sang, Vélane. Ose prononcer encore une fois le nom de mon père et je te jure que... – Lui aussi nous a menacé avec de telles paroles, tu sais ? Sauf que c'est ta mère qui a bien failli manquer d'air ce jour-là. Tu ne souviens pas, petite Léthé ? C'était un grand jour… pourtant… c'était celui où tu es venue au monde. » Adele raffermit sa prise autour du bras de la Vélane avant d'enfoncer un peu plus loin sa baguette contre le point vital. Elle rouvrit les yeux alors, la Vélane, et Adele eut un brusque mouvement de recul, permettant ainsi à l'air de circuler à nouveau librement dans le système de la créature. Elle toussa, difficilement ; souffrait, indubitablement. Mais le rictus fier et hautain qu'elle arborait ne quittait pas ses traits, aggravait l'irréalité de son masque chimérique. Un grain de beauté lui graciait la joue gauche ; un regard flamboyant et ambré lui faisait luire les iris malgré les veinules éclatées qui en parcouraient le blanc grisonnant. Bones eut l'impression de perdre complètement la tête face à elle. Cette Vélane là était une créature sortie tout droit des enfers. « Aide-nous... », lui demanda-t-elle dans un murmure, plaintive, d'un ton si bas qu'Adele aurait préféré être assourdie durant l'explosion plutôt que quasi-muette. Juste pour ne pas plus entendre la douleur qui transpirait du moindre octave qu'elle avait vocalisé. Cette Vélane là n'aurait jamais dû croiser le chemin d'Adele, jamais. Pas ici, pas au beau milieu de la ville, pas au beau milieu d'un gouvernement pour lequel elle aurait dédié toute son existence si seulement cela lui permettait de rester en vie… Jamais Adele n'aurait dû croiser son passé, ni avant, ni maintenant. Jamais. « Aide-nous, Léthé. » Elle fit la seule chose qu'elle fut capable de penser, Adele. Jamais Bones ne s'était ainsi précipitée en dehors des murs de l'hôpital, auparavant. Jamais.
22th may. Boum. Elle avait juste eu le temps de fermer les yeux. Sans qu'elle ne comprenne comment, elle s'était retrouvée à des lieues de l'endroit où elle s'était postée durant le discours de Bonham. Elle avait entendu un bruit sourd, le sol avait tremblé et puis… plus rien. Des cris continuaient de résonner à l'orée de son esprit embrûmé. Elle ne comprenait pas l'enchevêtrement de matières (du béton, du fer) qui la surplombait mais elle reconnaissait toutes les odeurs qui continuaient de se diffuser tout autour d'elle. Appelez ça de la déformation professionnelle : elle reconnaissait les ingrédients, les potions, la moindre décoction produite dans son service et qui lentement, étouffaient les sorciers inconscients. Elle reconnaissait aussi l'odeur métallique caractéristique qui embaumait alors l'air. Les chairs réduites en poussière tout autour d'elle. Un sentiment de panique s'emparait d'elle. Elle ne le sentait pas lui. Elle sombrait et revenait, Bones. Avait tout juste le temps d'activer le sortilège implanté dans son porte-baguette pour que les secours la repèrent. Elle revenait et sombrait, se faisait bercer par les inconsciences dans lesquelles les gaz des laboratoires la plongeaient, bien malgré elle. Elle respirait mal, fabulait à moitié ; avait assez d'esprit pourtant pour réactiver les Tétenbulles salvateurs qui la maintenaient en vie. Elle ne voulait plus invoquer de Lumos. Non loin d'elle, des visages tordus par la douleur et des chairs à vif la narguaient dans l'ombre depuis des heures. Elle se concentrait sur autre chose, sur les personnes présentes dans l'assemblée. Faisait un inventaire mental de tous ceux qu'elle avait pu croiser. Soudainement, elle ressentit du soulagement en remarquant la présence d'esprit qu'elle avait eu en cédant pas au caprice du petit brun aux yeux perçants qui était dorénavant à sa charge. Elle espérait juste que Fizzy s'en occuperait bien le temps qu'elle revienne…
Elle continuait de lister mentalement les personnes aperçues durant l'assemblée et espérait, priait même dorénavant, qu'ils soient tous aussi bien (voir mieux) lotis qu'elle sous les gravats effrités, déchiquetés, et brisés qui leur servaient de sépulture abominable. Des murmures accompagnaient ses délires – les lamentations des autres prisonniers fortuits – , endormaient doucement mais sûrement l'angoisse qui l'étreignait pernicieusement. Peut-être, peut-être, que jamais plus elle n'en reverrait un seul en vie. Elle se concentrait sur autre chose, pour ne pas commencer à imaginer un monde sans lui. Elle s'imaginait, se jurait même, que c'était lui, Owen, qui l'avait propulsée hors de la trajectoire de la colonne en marbre qui s'était effondrée durant la débâcle. Celle-là même qui s'étalait désormais seulement à quelques mètres d'elle et qui écrasait des visages qu'elle ne parvenait plus à reconnaître. Elle se concentrait sur autre chose pour ne pas l'imaginer loin d'elle. Elle devait se concentrer sur autre chose pour ne pas… Où est-il ? Où est-il ? Où est-il ?
24th may, 6:18 a.m. « Elles souffrent. – Je n'en ai rien à faire. Dites-moi qui est Artur ? – Fais-moi sortir d'ici et je te le dirais peut-être... – Qui. Est. Artur ? – Ton neveu. Angus a toujours eu le dernier mot. Et dire que toute ta vie, tu auras fait confiance à un homme bercé par ses propres illusions. C'est pathétique. » Un silence et puis. « Que cela te fait-il, Léthé ? – Rien. Comment s'appelle-t-elle ? – Wilhemlila. Notre petite Lila s'appelait Wilhemlila Castle. – Est-elle morte ? – Nous ne savons pas. Nous ne l'avons jamais su. Elle s'est volatilisée, un jour, et Lena… elle a totalement disparue le jour où cette femme austère est venue chercher ta petite sœur… – Amelia savait ? – Elle a toujours su. Je n'ai rien fait, je n'ai rien dit. Elle aussi haïssait ton père alors je l'ai laissée faire. – Et Lena ? Ma… m... – … Ta mère était aussi éprise d'Angus que lui ne l'était d'elle. Un Mangemort, vraiment, c'est pathétique… oh. – Quoi encore ? – Tu nous hais peut-être, tu nous renies de toute ton âme et de tout ton être… mais... tu as commit la même erreur qu'elle… pas vrai, Léthé ? – La ferme. »
24th may, 8:57 p.m. « Tu vas me sortir de là, je le vois bien. – Pas comme vous l'aimeriez, je le crains. – Alors comment ? – Je vous offre un choix, ni plus ni moins. » Les deux regards ambrés se jaugeaient sévèrement, l'une comme l'autre refusant de briser un seul instant le contact visuel, profond, qui s'était établi entre elles en ces dernières heures obscures. Bones n'avait pas le temps de se préoccuper de Léthé. Alors elle l'avait laissée la posséder entièrement pour ne pas provoquer sa colère et son ire, celle-là même qui l'avait habitée toute une nuit sur le domaine des Abercrombie. « Quel est-il ? » Bones prit une profonde (brûlante, déchirante) respiration avant de reprendre la parole, tout en continuant de l'examiner pour ne pas attirer plus que de raison l'attention de ses collègues vers elles. « Vous allez mourir, je ne peux rien faire contre ça. Tout ce que je puisse vous offrir, c'est la façon dont cela se déroulera. – Tu me demandes de choisir entre deux solutions intolérables, donc ? – Je vous demande seulement si vous préférez partir paisiblement ou... comme les autres. – C'est étrange... – Qu'est-ce qui est étrange ? – Il n'a pas réussi à faire de toi ce qu'il voulait que tu sois... – Très bien, ça suffit. Vous avez jusqu'à demain pour vous décider. Je ne pourrais plus rien pour vous après cette limite. »
25th may, 9:26 p.m. « De quelle coutume me parliez-vous, ce matin ? – Le Passage. Nos croyances, aussi abstraites puissent-elles te paraître, nous ont amenées à créer le rituel du Passage. – Quel est-il, encore, ce rituel barbare ? – Il est toujours beaucoup plus simple d'entrer dans une nouvelle vie lorsqu'une certaine condition, une condition bien particulière, est remplie. – Quelle est-elle ? – Je t'ai amenée dans cette vie-ci, Léthé. Il est donc juste que ce soit toi qui me conduise jusqu'à ma prochaine existence. »
Dernière édition par Adele Bones le Ven 22 Juil 2016 - 16:40, édité 4 fois |
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| Les premières lueurs de l'aurore avaient commencé à embraser le ciel. Une pile de coussins calée dans le dos, elle se souvenait que ses yeux avaient dévié vers la fenêtre, accrochant les nuages rosés et les volutes orangées s'effilochant dans le bleu de l'azur alors que le soleil perçait à l'horizon. Elle se souvenait aussi avoir trouvé cela beau, et que le temps avait brièvement semblé suspendre son cours avant qu'une nouvelle contraction ne la fasse se redresser brutalement dans son lit, ses doigts étranglant les draps sous elle. You're almost there ! The head went through already and we can see the shoulders. Last pushes, come on ! La sueur perlait sur son front et elle avait sifflé comme un chat sauvage. Les traits déformés par la douleur, une lueur farouche s'était pourtant allumée dans son regard et elle avait poussé. Elle avait poussé de toutes ses forces, un cri dans la gorge et la volonté au cœur. Elle avait poussé jusqu'à ce qu'elle sente son enfant quitter ses entrailles et s'était alors laissée retomber en arrière. Pantelante, épuisée, son corps était pourtant resté tendu. Elle avait tourné la tête vers les deux médicomages et avait tenté de se redresser, de tendre le cou. Is he all right ? Is he... Mais ils ne l'écoutaient pas, s'affairaient en lui tournant le dos. Elle entendit le son d'une claque, puis d'une deuxième. Les battements de son cœur s'accélérèrent. La peur commença à s'insinuer en elle, jusqu'à ce que les cris et les pleurs du nourrisson ne viennent enfin la délivrer de l'angoisse. Congratulations. It's a little boy. Ses mains tremblaient lorsqu'elle avait saisi entre ses bras le petit être emmailloté qu'on lui tendait. Elle l'avait posé sur sa poitrine, incapable de s'empêcher de sourire, et était doucement venue caresser le duvet sombre de son crâne. Hi there. Et il avait battu furieusement l'air de ses jambes, ouvrant pour la première fois de sa vie ses grands yeux bleus sur le monde. Les mêmes que ceux de son père.
_ Leo...
Le son de sa voix était rauque quand il franchit ses lèvres. Un murmure à peine, qui lui donna pourtant l'impression de lui râper la gorge comme si elle s'était mise à cracher du verre pilé. Gillian toussa alors à plusieurs reprises, ses épaules se soulevant nerveusement tandis que ses poumons expectoraient toute la poussière qu'elle avait avalé. Chaque soubresaut de son corps ravivait la douleur lancinante qui lui vrillait l’arrière du crâne et mettait en feu chaque centimètre carré de sa peau. Elle ne comprenait pas ce qu'il s'était passé. Son être tout entier lui donnait l'impression de n'être plus qu'une blessure. Elle dut faire un effort considérable pour passer outre et forcer son esprit à se concentrer sur les circonstances qui l'avaient menée là. Une image se forma alors lentement. Elle se revit dans le nouveau hall de Ste-Mangouste qui devait être inauguré ce jour-ci, vêtue d'une robe jaune canari à col mao, serrer les mains de Rookwood, Lestrange et d'autres officiels. Elle se souvint également avoir repéré Eithne Ollivander parmi la foule, et l'avoir vu détourner les yeux quand leurs regards s'étaient croisés. Un gémissement blessé lui échappa alors, et Gillian sentit soudain une peur panique l'envahir. Il y avait quelque-chose qu'elle oubliait. Quelque-chose sur lequel elle ne parvenait pas à remettre le doigt mais qui venait de la terroriser. Qu'est-ce qu'elle avait tenté de dire déjà, quand elle avait repris connaissance ?
C'était une magnifique journée d'octobre, par un de ces rares étés indiens que comptait l'Angleterre. Le soleil brillait haut dans le ciel et Gillian avait étendu une large couverture dans l'herbe, à l'ombre d'un chêne centenaire et de son épaisse ramure. Un sourire tendre adoucissait les traits de son visage alors qu'elle regardait son fils aîné jouer un peu plus loin avec un bâton. Elle n'avait pas remarqué que le petit Leopole, alors âgé de presque six mois, s'était éveillé de sa longue sieste de l'après-midi, quand il se mit soudain à rire aux éclats et à battre des bras comme un oiseau. Alors qu'elle tournait la tête vers lui, le bébé lui attrapa le petit doigt et le serra dans sa main chaude et humide de bave avant d'émettre une série de gazouillements absolument charmants. Waking up already ? Pour toute réponse, il la lâcha et fourra de nouveau son poing dans sa bouche tout en se trémoussant et en laissant entendre de grands bruits de sussions. Gillian laissa alors échapper un petit rire et entreprit à nouveau de jeter un œil à Athelstan ; mais elle avait à peine détourné les yeux que Leopole fit entendre de légers hoquets annonciateurs d'une crise de larmes, l'obligeant à revenir en arrière. Look at you, you want all the attention, don't you ? Elle soupira doucement, un rire dans la voix malgré tout, et se laissa alors glisser sur la couverture jusqu'à ce que sa tête se pose à côté de celle de son fils. Elle posa une main sur son ventre avant de murmurer à son oreille. I love you.
Leo. C'était ce qu'elle avait dit, non ? Elle avait voulu appeler son fils. Gillian se crispa alors qu'une bribe de souvenir venait la percuter de plein fouet. Elle était en train de regarder Eithne fuir son regard quand elle avait senti une petite main s'agripper à sa robe et tirer doucement dessus par à coups réguliers. Une petite main qui l'avait tout droit mené aux grands yeux bleus de Leopole et des boucles noisettes encadrant son visage. Mum, aren't we suppose to go sit over there ? Son cœur battait si vite et si fort contre sa poitrine qu'elle crut qu'il allait jaillir hors de sa cage thoracique. Sa main se mit à tâtonner fébrilement autour d'elle, à travers l'obscurité victorieuse, mais un poids inhabituel l'écrasait, l'empêchant de remuer. Elle força. Ignorant les cris de protestations de ses membres meurtris, elle poussa sur ses jambes de toutes ses forces, se tortilla, jura entre ses dents, mais rien n'y fit. Tout ce qu'elle y gagna fut de faire rouler une pierre sous son dos, dont l'une des extrémités alla sournoisement se loger dans un creux de sa colonne vertébrale. Un sentiment d'impuissance terrifiant s'empara alors d'elle. Sa respiration s'accéléra. Elle suffoquait presque à présent. Ses entrailles n'étaient plus que de l'eau et de la lave. Et elle un rat piégé au milieu, se débattant en vain, se noyant dans sa propre terreur. Leo. Mon petit Leo. Je vous en supplie. Pas lui. Ne me prenez pas mon fils. Des larmes coulaient maintenant le long de ses joues. Des larmes de rage. Des larmes de douleur. Elle ne savait plus. Elle se débattait encore et encore. Ses forces s'amenuisaient mais elle continuait. Jusqu'à ce que la tête lui tourne. Jusqu'à s'écorcher les ongles contre le bitume. Jusqu'à ce que sa tête heurte enfin le sol et que le noir l'envahisse.
_ Leo...
Dernière édition par Gillian Lufkin le Mar 28 Juin 2016 - 9:30, édité 1 fois |
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I can't stand not being able to do anything anymore. Lentement, ta main paresse dans le dos exposé de Nyssandra. « On devrait rentrer à la maison, un sourire explose contre son oreille. Je t'enlèverai cette robe – Tu la déchiras, impatient, amant un peu trop aimant. Et on ne le dira pas à ton mari. ». La plaisanterie a des airs de douceur, de candeur entre tes lèvres. Elle est saisissante d'une douce innocence, de celle qu'ont les jeunes mariés. Et dans l'océan bleu, tumultueux de tes yeux, les vagues d'amour l'écrasent, la terrassent. La magie mêlée tranquillise tes pensées ; Elle est si près, tellement près que rien ne peut lui arriver, que tu peux la protéger. La main se noue à la sienne, les doigts s'entremêlent dans un baiser contre sa peau. Il y a des goûts de toujours tissés dans les éternités au coin de tes yeux. Il y a la certitude d'un amour indélébile, indestructible. Et tu joues encore un peu sous la cape, le regard plein de délice, de malice. Une moue boudeuse fleurit sur ses lèvres & elle susurre, faussement contrariée, tiraillée ; « Ça risque d'embêter mon mari si je pars loin de lui. ». Il y a des sourires qui s'étirent, des rires étouffées, mordillées entre les lèvres serrées. « Je suppose que je n'ai plus qu'à te voler à lui. ». Ce n'est un secret pour personne que tu n'es pas tellement partageur, pas tellement préteur. Enfant déjà, tu chérissais tes amis, refusant de les céder à d'autres que toi de peur de les voir se briser, t'abandonner. On t'a toujours dit que tu n'étais pas vraiment, pas tellement important. Sinon, Papa ne serait pas parti, n'est-ce pas ? Et la voix grave & tonitruante d'Arsenius résonne à tes oreilles ; « J'envie les aveugles qui évitent de voir cette décoration aviliss - par Merlin, tenez-vous tranquilles, nous sommes en public ! Vous repeuplerez le monde plus tard, je suis en train de perdre la vue, là. ». Nyss lève les yeux au ciel, comme pour supplier tous les saints moldus & sorciers de le faire taire. Une moue douce explose & tu te retournes vers ton aîné, « Jaloux. », cales-tu, craches-tu avec néanmoins un fond de tendresse, de délicatesse. Et le rire de Nyss retentit. C'est un peu nouveau cette paix entre vous. C'est un peu branlant encore sur vos cœurs désaccordés, pas habitués à vraiment s'aimer. Un sourire s'attarde au coin de tes lèvres alors que tu attrapes le bras d'Arsenius ; « Fais gaffe, froncer les sourcils, ça apporte des rides. ». Le rire pétille, sublime, le goût de l'enfance est là, à deux pas. Et pourtant au trois mousquetaires, il manque Gwen. Et pourtant au trois sorciers, il manque la sorcière. Et il y a comme un vide qui jamais ne sera comblé. Le manque & l'absence s'étirent lorsque le bleu se pose sur la silhouette délicate de Gwen. Tu recules déjà et Nyss avance, te devance. « On va la saluer. », cale-t-elle & tu fronces les sourcils, cédant à la jolie brune. Les dents s'enfoncent dans ta lèvre inférieure. « J'ai pas envie. », murmures-tu comme un petit garçon forcé de coller un baiser sur la verrue d'une tante aussi laide qu’infâme. « J'ai vraiment pas envie. ». Tu mens toujours un peu. Ce n'est pas que tu n'as pas envie, c'est que tu ne sais plus comment lui parler, t'exprimer sans tout bousiller, sans tout rater. Tu l'as tellement blessé, tellement abandonné. Tu ne pourras jamais te faire pardonner, hein ? Et il y a un grondement, un grognement du ciment. Et la terre tressaille. Les yeux clairs se lèvent, se soulèvent vers le plafond qui se fendille. « Merde, craches-tu, tu enlaces aussitôt Nyssandra, la protégeant de ta grande taille. La baguette est soulevée alors qu'un lourd morceau se précipite sur vous. Expelliarmus ! Et tu vois le morceau se précipiter vers Rookwood, fauchant sur son passage quelques inconnus dont tu n'as que faire. Un sourire se peint alors qu'un autre morceau tombe sur toi. Et la pluie de décombres s'abattent sur vous, vous ensevelissant dans un cri. Merde, merde, merde. ». Contre toi, tu écrases Nyssandra. Les dents serrés, tu tiens, retiens l'enfer. Et tu sais, tu promet ; Elle est si près, tellement près que rien ne peut lui arriver, que tu peux la protéger, même si tu dois te sacrifier, même si tu dois en crever. ❝ Day One ❞
Les yeux s'habituent à l'obscurité et de toute ta taille, tu soutiens le mur prêt à s'effondrer. Dans le noir, tu comptes les inspirations & les expirations pour te calmer, comme quand Papa est parti & que Maman a sombré dans la folie, quand les cris ont retentis. Un. Deux. Trois. Le sang coule, l'os est ressorti, la courbe de l'épaule au bras est brisée, pulsant de douleur et d'horreur. Et plus tu y penses, plus tu sens la cruauté d'un monstre de souffrance te piétiner, te dévaler. Quatre. Cinq. Six. La jambe te lance & si tu parviens à la bouger, ce n'est qu'au pris d'un effort immense, ce n'est qu'au prix de la douleur qui crépite, s'agite. Huit. Neuf. Dix. Et le plus horrible c'est que ton autre bras est vide, l'inquiétude te creuse, peureuse & malheureuse ; Où est Nyss? « Nyssandra ? Nyssandra ? Pousses-tu sur tes cordes vocales dans une toux immonde. La crainte te ronge de ses doigts crochus, farfouillant dans ton coeur exposé, explosé. Nyssandra ! Nyssandra ! ». Et la petite forme en contrebas s'agite doucement, tranquillement. La toux l'habite et tu crèves de descendre pour la serrer plus fort, la pousser dans l'étau de tes bras avec une myriade de baisers. « Je … » , un couinement déchire la pénombre & tu grondes, grognes. « Est-ce que ça va ? Est-ce que tu as mal quelque part ? » , un murmure qui la presse. Et le silence te répond, t'étreint. Et soudain, tu as peur qu'elle soit bloquée dans ce trou sans fond. Tu as peur qu'elle soit écrasée par quelque chose. Merde, tu as promis et tu n'es pas foutu de l'aider, de la protéger, de l'aimer. « Je vais bien … » , et tu te détends brutalement, soudainement. Elle va bien, tout va bien. Tu as tellement, tellement, tellement besoin d'elle en vie. « Aramis, tu es blessé. Je- est-ce que … » . Et tu sens la panique fait vibrer sa voix, la dominer, la ravager. Ce n'est pas si grave pour toi, tu iras bien quoiqu'il arrive. Tu as déjà vécu bien pire, tellement pire. Les cris de Gwen battue sous les sorts, crevée sous la douleurs. L'impression qu'elle allait être tuée par Weasley, pulvérisée par le sort qui a ouvert sur son corps des millions d'entailles. Tu en as encore la carte dressée sur ta peau. « Est-ce que tu peux bouger ? » . La lèvre se mord, tu as tous les tords. Et tu ne peux pas lui dire que chaque geste te coûte, te fait monter les larmes aux yeux. Tu ne peux rien dire. « Je-je peux lancer un sort … pour déplacer la dalle avec toi. » . Non, non, non ! Surtout pas ! La tête s'agite, crevant l'air d'un non puissant & pourtant si impuissant. La toux sèche t'agrippe, te quitte ; « Ça risque de s'écraser si jamais tu bouges quelque chose. » Et la lumière explose, vive & aveuglante. Tu ne voulais pas qu'elle voit le château de cartes sous laquelle vous reposez. Tu ne voulais pas qu'elle se sente prisonnière, encerclée de part en part. La lumière s'éteint. Et tu l'observes. Même un peu ébréchée, abîmée, elle reste si belle, tellement belle. « Amour ? » , le mot te presse de toute son inquiétude, de toute son absence de quiétude. « J'ai - » Et tu sens le mot s'attarder comme sur de vieilles blessures. Elle a toujours eu peur des espaces clos qui sont synonyme de tombaux. Enfant déjà, les craintes ont sonnés, résonné quand vous vous étiez enfermés dans ce foutu placard. Et tu l'as supplié de te pardonner. Tu l'as supplié de tes yeux trop bleu. Et encore une fois, tu es tellement désolé, tellement effrayé de la voir se briser sans pouvoir la tenir, la retenir, la ressentir. « S'il te plaît ... parle-moi. » « Je vais bien. Tout va bien. Tu n'as pas à avoir peur, Nyss. » Les mots s’enchaînent, en ricochets contre les pans de mur. Tu veux étouffer, assassiner, ses inquiétudes. « Mais - » « On s'est promis, non ? Sur la magie ? » Et le sourire se trace, se retrace. Toi, tu tiens toujours tes promesses sous les caresses, les tendresses. Toi, tu ne la laisseras pas. Plus jamais. Et tu la vois reculer, s'agiter, se tourner & se retourner, à la recherche de quelque chose, n'importe quoi. Il faut que tu parles. Il faut continuer pour elle, juste pour elle. Et même si contre toi, le poids pèse, menace de t'écraser, il faut que tu restes un peu, juste un peu. . « Jamais toi sans moi. Jamais moi sans toi, d'accord ? » , tu sais qu'elle acquiesce. Et la morsure de l'alliance est plus vive, plus indélébile. Tu la sens, la ressens ; Vous irez bien. « Et on manquerait trop aux deux idiots aussi ? » , il y a un rire qui court dans ta voix. Il y a des sourires dans l'obscurité. « ... d'accord. » , un souffle & tu te tranquillises. Un souffle & tout va mieux. Mais, elle cherche toujours. Et tu sens la brûlure de l'air dans tes poumons comme ses bombes qu'ils ont déversés sur vous, comme sur l'acide qu'ils ont lâchés. Et tu la vois essayer à deux reprises un sort & à la troisième réussir, laissant l'eau tomber & l'air se vider de sa toxicité. Et pourtant il y a quelque chose qui gratte, qui t'échappe. « Merde, merde, merde. » , la peau est frottée et tu la vois s'agiter. Tu te dévisse le cou à essayer de voir. « Nyss ? », souffles-tu, mortellement inquiet, terriblement suspicieux. Mais elle ne t'entendra pas, elle ne te répondra pas non plus. « Il y a de la place avec toi ? Je peux me transformer et te rejoindre ? » « Sois prudente. » , souffles-tu. Tu as pu voir quand la lumière s'est précipitée sur les murs de votre refuge improvisé que rien n'était solide, tout était branlant comme prêt à se casser, à vous terrasser. Et tu ne veux pas la voir louper son saut. Tu ne veux pas la voir s'effondrer, se briser, crever. Tu ne pourras jamais le supporter. Tu entends à peine un petit éternuement, et tu la vois, forme animale que tu as tant caresser, qui t'a exposé son ventre tellement de fois. « J’ai entendu la voix de Gwen et d’Arsenius. » , et tu es bien content qu'elle en soit au point de réapparaître avec ses vêtements. Les yeux l'observent, la capturent & tu es un peu mieux assuré, rassuré. « Est-ce que ça va ? Ta jambe et ton bras ... » . Tellement que tu veux la toucher. Le bras se tend, l'attrapant pour la ramener à toi pour la capturer dans un de ses baisers secrets, dans un de ses goûts d'éternité. C'est bien ta Nyss sous tes lèvres. C'est toujours elle. Et tu ne regrettes pas même si dans un grognement, tu te forces à replacer le mur, étouffant sous son poids, sentant la douleur pulser, s'écraser dans tout ton corps. « Deux trois os cassés, rien qui ne puisse se réparer. Toi ? Et Arsenius ? Et Gwen ? » . Tu n'as pas le droit de plus l'inquiéter, de plus la charger. Et tu veux voir disparaître de ses yeux fauves, les éclats d'horreur, de douleur. Tu caches la toux un peu gauchement, pas vraiment. Et il y a pourtant toutes tes peurs qui t'enlacent & te crevassent. « Je n’ai rien de douloureux, souffle-t-elle. En silence, tu te promets de l'explorer de tes doigts, de fouiller chaque centimètre de sa peau, de compter les bleus, les maux. Tu te promets de refermer ce qui n'est pas de toi. Et de tous les traquer, les enfermer & les torturer, ces connards qui te font tout risqués, trop risqués. J’ai cru entendre ton frère se plaindre à ta soeur. » Un sourire s'esquisse dans une autre toux. « Ca doit signifier qu’ils vont bien tous les deux. » Et elle s'essaie à l'humour la princesse tissé, enroulé dans tes mots d'amour, elle fait fleurir le rire. La voix a beau tremblé, se designer sous les terreurs, tu aimes ce qu'elle susurre, murmure. Et pourtant, elle se fige dans la peur, dans un râle d'anxiété & tes yeux brillent un peu plus, toujours plus. Les yeux se ferment & les paniques l'enserrent dans leur serres. Et tu te tends pour la frôler un peu, rien qu'un peu, quand elle se plie en deux. « Nyss ? Tu as mal? veux-tu demander, souffler. Nyss ne me quitte pas, s'il te plait, veux-tu ajouter, graver dans la pierre. Je-je ... ça va aller. , et tu ne sais pas vraiment si tu peux la croire. ( Elle t'a tellement menti, comment ne pas soupçonner, penser qu'elle va le refaire?) On a promis. Tu fais oui, de la tête. Pour toujours & à jamais. Les alliances le prouvent, la magie qui vous lie vous le susurre, le murmure. Je ... je vais vérifier que Gwen et Arsenius vont bien, d'accord ? » Et tu veux lui dire que tu l'aimes, tu veux lui dire de revenir quand le petit corps disparaît. Tu veux lui dire de leur dire que tu les aimes aussi, que tu les aimeras pour toujours. Et dans le noir, les secondes s'égrainent, t’enchaînent. Et tu te remets à compter, à inspirer, expirer. Résister. Et tu sens le sommeil s'égarer, s’aggraver sur tes traits. ( Ne pas s'endormir. Ne pas s'endormir. Ne pas s'endormir.) Tu sais que tu ne dois pas céder, pas lâcher. Tu sais que tu ne dois pas faire attention à ce liquide poisseux qui se glisse sur ta peau, entrelace tes muscles. ( Ne pas s'endormir. Ne pas s'endormir. Ne pas s'endormir.) D'un miaulement, elle apparaît, se glissant dans une ouverture. « Aramis. » , craque-t-elle en se retransformant, en se précipitant. Et tu claques la langue, agacé. « Fais attention, gourmandes-tu, en douceur, en lenteur en la voyant trébucher dans le noir. Je ne veux pas que tu te fasses mal. ». Toi, tu peux tout prendre, tout supporter mais elle, Merlin, protégez-la, gardez-la. « Aramis, ils vont bien mais tu dois boire ... » Tu n'as pourtant pas soif. Et une moue boudeuse, orageuse s'étire, s'expire. L'eau gicle pourtant, fraîche & douce à l’orée de tes lèvres. « Reste avec moi, Dans un sursaut, sur sa voix, tu te fendilles, t'éparpilles. Tu as promis. ». Un grondement, c'est vrai & tu acceptes de boire, tu sens l'eau glisser dans ta gorge, étancher tes peurs & les horreurs. Et elle a raison, ça te fait du bien, tu crois bien. Tu fais signe que ça suffit, tu n'as pas besoin de plus. Tu n'as besoin que d'elle. La Têtenbulle te permet de mieux respirer, de résister. Et l'air est déjà plus agréable. « Bois aussi, s'il te plaît. Et il y a un silence. Je tiens toujours mes promesses, moi ». Et les jeux d'enfants courent encore entre maladresse & refus de céder, entre les vieilles guerres enterrés dans les coups de rein & l'amour vivant, brûlant. « Je vais le faire, je le promets - mais avant je dois déboutonner ta chemise et ton pantalon. » , et un sourire s'étire, l'éclat de tes yeux flirte entre surprise & amusement. Tu captes un moyen pour la détendre, la défendre dans l'absurdité de cette situation, dans l'enfer qui vous condamne, qui vous damne. « Tu veux le faire ? Ici ? » , et elle ouvre grands les yeux & tu perçois le rougissement alors que tu lâches un ricanement. « Mais bien sûr que non, idiot ! » . Et elle cris & tu n'es pas peu fier de ta suggestion, de cette hésitation. « Gwen m'a dit de vérifier tes blessures, Gwen, bien sûre. Et ses nouveaux talents de médicomage & de ses mains tremblantes d'une magie protectrice, salvatrice. Et tu veux embrasser, mordiller ces lèvres boudeuses, baiser cette moue orageuse. Tu dis encore des bêtises ... » « Tu aimes mes bêtises, sinon tu ne serais pas Madame Lestrange. » et tu sais que tu as raison, tu devines presque son sourire dans un « c'est vrai » doucement lâché, à peine égratigné. Et elle s'attaque à ton pantalon & tu lui demandes si elle ne veut pas vérifier dans ton boxer, si elle ne veut vraiment pas toucher cette bosse dure. Il te semblait pourtant que tu avais un peu mal par là. Et tu aimes l'entendre râler, s'égosiller dans le noir puisque c'est comme ça que tu l'aimes. Aussi douce & pétillante qu'une bulle de champagne qu'elle égare dans sa bouche. Aussi dangereuse & vertigineuse qu'une plume contre le papier. Aussi douce qu'aimante dans l'intimité après lui avoir volé un million de baiser. Tu l'aimes ainsi ; Vivante & brûlante. Et puis les doigts effleurent la fracture ouverte, là où les os ont percés au travers de la chemise, ne laissant qu'un amas de tissu trempé de sang. Tu te crispes, les dents serrés. . « Désolée ... » , si elle savait qu'Hestia aime y glisser ses doigts, élargir pour mieux détailler, refermer. Et le but du jeu est de, bien sûr, ne pas crier, hurler. « Il faut que je demande à Gwen comment faire. » alors qu'elle dégage un peu mieux la paix & d'un œil bleu tu l'observes tracer un fil rouge. Oh non, ce n'est pas ce que tu crois. Elle n'a pas intérêt … « Nyss, qu'est-ce que tu fais ? » « C'est ... ce n'est rien, nos magies liées vont aider à la compatibilité. » Tu vas la tuer. Tu vas vraiment les tuer, elle & ta débile de sœur. Et le sang passe à toi, glissant en souffle nouveau de vie, dans ton corps. « Nyss, non. » , grognes-tu, claques-tu dans un ordre brutal. Tu ne veux pas de ça, tu iras bien, tu promets. « S'il te plaît, encore un peu. Juste pour t'aider. » , souffle-t-elle & tu déglutis difficilement, violemment. Ne comprend-t-elle pas ? Tu ne veux pas d'aide. Tu veux qu'elle, elle reste en vie. Tu veux qu'elle soit là, encore. Tu ne veux pas la voir s'étioler disparaître pour un peu de sang. Et tu sens ta propre magie crépiter, frustrée, ronger déjà le lien. « Nyss, arrête ça. » , craques-tu. Tu n'en veux pas. Tu refuses ça. « Nyss, arrête ça tout de suite. » , craches-tu, à bout. Et le lien se rompt, s'échappe & pourtant Nyss est si pâle, tellement pâle. Et tu veux lui ordonner de reprendre son maudit sang. Tu veux lui cracher que tu ne veux pas de ça, que tu ne peux pas faire ça. Elle frôle ta peau & ton épaule se dégage brutalement, fuyant son contact, les yeux bleus sont électriques. Et tu le vois, tu le remarques, la longue traînée de sang séchée dans son cou. « Ton oreille ... Nyss, tu m'avais dit. » « Ca ne fait pas mal. » , et tes yeux accusent le coup. Tu vois, elle t'a encore menti. « Ça a saigné. » et tu sais qu'elle culpabilise quand elle frotte le sang dans son cou, comme une enfant prise sur le fait. La bouche s'emplit d'amertume, de sel. « C'est sûrement juste le souffle de l'explosion, ça ne faisait plus mal quand je me suis réveillée ... c'est juste que, Et elle annonce doucement, lentement comme si elle avait peur de ta réaction, de tes actions. Je n'entends plus vraiment. Plus vraiment ? Ou plus du tout ? Claques-tu, crevant d'inquiétude. J'ai encore ma baguette je peux peut-être t'aider. » , claques-tu, en refaisant l'inverse de ce stupide sort. Et elle fait non de la tête et tu ne peux que céder, que rompre. « Je n'entends plus de ce côté, mais un seul côté, ça suffit, je t'assure. » et elle comble la distance pour t'arracher, te voler un baiser. Et tu ne peux rien lui refuser tout contre elle, tout contre sa chaleur. La colère s'évanouit presque en vent doux & lent. « C'est tout ce dont elle a besoin. Garde tes forces. » , et elle s'éloigne & il y a comme des cendres sur ta langue. « Tu promets de garder un peu de tes forces aussi ? Je voudrais t'emmener à ce défilé. » et elle sourit, en promettant. « Je reviens vite, il faut soigner ta blessure. » et tu ne veux pas soigner la blessure. Tu ne veux plus d'aide, tu veux juste la tenir un peu plus, tellement plus. Mais elle t'a promis, hein ? Vous irez à ce défilé, promis ? Et tu as peur. Tu as atrocement peur. A chaque nouvelle transformation, elle semble s’essouffler, t'abandonner. Et à chaque seconde, tu as peur de voir s'effondrer le petit tunnel qu'elle emprunte. Et tu la martèles de tes « Arrête Nyss », mais elle refuse, ne cédant pas, ne te cédant jamais. Et tu sens la frustration s'écraser contre toi, lambeaux & morceaux d'horreur. Tu sens toute ton impuissance te sacrifier, te précipiter dans l'horreur. ( Tu ne peux pas la perdre. Tu ne peux pas la perdre. Tu ne peux pas la perdre.). Et elle s'effondre & le cri la percute, te terrifie. « Ca-ça va, Arrête de me mentir ! Craches-tu. Et elle n'écoute pas et elle crache, elle crache le sang & merlin que tu as peur & merlin que tu sens un million de douleur te crucifier. Je dois juste- juste reprendre mon souffle. » . Elle doit cesser, elle doit arrêter. Tu dois l'arrêter, la garder, la protéger. Ce n'est pas grave si tu saignes – tu te blesses toujours. C'est ton métier, tu l'as choisi. Pas elle, putain, pas elle. « ... je dois juste vérifier une chose av-avec Gwen. » « Nyss ! Je t'interdis ... ». Mais il est trop tard, elle s'est déjà évaporée, petit chat brun & un peu lent. Elle t'a déjà laissé & dans le noir, tu te sens tellement abandonné. « Merlin, prenez-moi mais pas elle. » Toi mais pas elle.❝ Day Two ❞
Et tu la sens s'agiter un peu, se glisser contre tes blessures. Et tu glapis, douloureux, dans le sommeil. Tu murmures des choses incompréhensibles, quelque chose comme « encore un peu », « pars pas », « besoin de toi ». Et tu veux juste continuer à la serrer contre toi. Elle a cessé de se transformer, elle a cessé de te laisser. Vous vous êtes recroquevillés l'un contre l'autre, le mur loin en équilibre au-dessus de vous deux. Tu bailles contre son oreille, lui murmure de cesser de s'agiter en dégageant ton épaule douloureuse. Tu veux juste dormir contre elle. Tu veux juste être près d'elle. « On ira à la mer, en Irlande, susurre-t-elle doucement & tu ouvres tes grands yeux bleus sur elle, rieurs & plein de douceurs. Tu l'imagines bien, là, entre les vagues. Le maillot de bain s'en irait dans la houle assassine & ses tout petits seins seraient redressés par la fraîcheur de l'eau froide, par la douceur de tes mains. Elle aurait un peu bronzé, elle serait de cette couleur un peu café au lait qui embaume le nez. Elle aurait des odeurs de soleil & d'été. Loin des gens . Un grognement de satisfaction résonne. Pas d'Eris, de Magister mégalo à servir. Pas de famille, pas de doutes, pas de disputes. Juste vous deux & le sable. j'apprendrai à faire des crêpes, on mettra la glace au chocolat que tu aimes dedans et ce sera bien. » Le ventre gargouille, le coeur frémit ; tu veux ces choses là. Et lentement, tes doigts tracent des cercles de feu paresseux sur son bras, sous la cape ; Elle a tellement froid. « On fera l'amour, tous les jours. Et le soir aussi. » . Un râle bas & rauque s'étire de ta gorge, vient creuser votre refuge d'une envie d'elle, d'un désir d'elle. « Je te dirais je t'aime tout le temps. » . Et tu rougis doucement, lentement. Toi aussi, tu veux lui dire, lui hurler. Toi aussi, tu n'as pas eu assez de temps pour l'aimer. « Ils diront que je suis trop expressive, que je montre trop que j'aime mon mari - et je leur rirai au nez, tu sais. Ca te plairait ? » . Et tu frémis d'envie. Et tu sais que tu rougis en marmonnant ; « Tu exagères à me séduire comme ça, et le rire pétille contre ta peau, tu sens son souffle un peu doux, un peu saccadé. Et aussi en me donnant envie de tout ça. ». Et tu sais qu'elle te suffit. Tu sais que tu n'as besoin que d'elle pour combler les absences & le manque. « Moi, j'ai envie de chocolat. » souffle-t-elle comme ces princesses capricieuses, un peu trop amoureuses & heureuses. « Ce chocolat noir en forme de pivoines que tu m'as offert. Je pourrais en avoir ? » « ... tu ne devais pas savoir que je te les avais offerts. et tu pulses d'une colère douce, tu sais que tu devras crever l'abcès avec Gwen, lui souffler qu'elle n'avait pas vraiment le droit de faire tout ça. Tu sais que tu devras aussi lui dire que tu l'aimes à ta débile de sœur. Mais oui tout ce que tu veux. » « Tout ce que je veux ? » Tu fais oui de la tête, en sentant la chaleur du baiser dérapé, te faire trembler. Et elle pose son front contre ton épaule & tu l'entoures de ta grande main valide. « Je veux t'aimer pour toute ma vie - ce serait bien, ça. » « Tu sais que tu peux. Je ne vais pas partir. Un soupir. J'ai promis. », mais les mots s'enroulent aux siens. « Je t'aime depuis tellement tellement longtemps, je voudrais bien continuer encore. » et tu ne comprends pas trop, abruti par la fatigue, abruti par ce déluge immonde d'horreur. Et tu la serres un peu plus, tournant un peu la tête ; Elle a les yeux qui papillonnent & elle s'étiole. Un bond du coeur de travers & brutalement ton bras s'enroule à sa taille. « Nyss ? Il y a un vent de panique dans ton être. Je suis un peu fatiguée, Amour, Non, non, non. Nyss, tu ne dois pas dormir. Nyss, regarde-moi. Son beau visage est pris en coupe dans tes grandes mains. L'alliance brille à ton doigt. Nyss, Nyss, Nyss ! Mais je veux encore t'aimer, tu sais. Et je- Et quelque chose bourdonne dans ta tête, une pure pulsion animale. Continue ! Tu as promis. Il y a des bruits de pas, la lumière aveuglante & dans tes bras, Nyss se détend. Je fais de mon mieux, ne sois pas fâché, s'il te plaît. » Et Nyss meurt.« Monsieur Lestrange ! La ferme. Tu l'écrases contre ton torse, plus près, encore plus près. Le sang boue. Ma femme, maintenant ! Mais- Maintenant ! Qu'une vélane crève pour elle, je m'en fiche mais sauvez-la ! », tes dents se crispent et toi qui a cru que si elle était près, tellement près que rien ne pourrait lui arriver, que tu pourrais la protéger, même si tu devais te sacrifier, même si tu devais en crever. « Ramenez-la-moi », et c'est un cri de détresse, un SOS jeté au médicomage. « Je vous en supplie, elle est tout ce que j'ai. » et tout ce que tu n'auras jamais. |
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