Should old acquaintance be forgot, and never brought to mind ?
La tradition voulait qu’en Ecosse, on ouvre les fenêtres au moment d’un décès afin d’aider l’esprit du défunt à quitter les lieux. Il ne savait pas si c’était le courant d’air qui faisait à présent bouger le voile accrochée à une arche en pierre, située au milieu de la pièce, ou bien si c’était un hommage supplémentaire produit par la mystérieuse magie de la salle sur demande, conjurant un vent d’Helm pour emmener au loin la victime. Il était persuadé de pouvoir sentir l’herbe et les embruns dans chaque à-coup de la brise faisant trembler la flemme des chandelles mais c’était peut-être son imagination qui lui jouait des tours. Après tout, ils n’étaient plus à ça prêt.
Les préparatifs les avaient tenus occupés, pour la plupart du moins, empêchant de trop penser aux tristes circonstances les amenant à travailler ensemble. On avait envoyé les hommes restaurer la tombe de l’ancien directeur, tombé quelques années plus tôt, pendant que d’autres d'entre eux s’étaient affairés à préparer une sépulture digne de ce nom pour elle. Elle. Les sorcières s’étaient d’abord un peu offusquées, déclarant que la vaillante directrice de Gryffondor, celle qui avait connu un destin sordide sous la main des Mangemorts, n’aurait pas accepté une telle répartition des tâches, l'ensemble des responsabilités réservées à la gent masculine. On avait souligné pourtant que c’était la façon de faire, en Ecosse et que s’ils pouvaient plier certaines règles, il fallait en respecter d’autres. Les femmes, alors, avaient préparé la Salle sur Demande, préparé McGonagall, préparé la première partie de ces funérailles qui avaient jeté un froid monumental sur le château et ce même si les barrières étaient levés, même si l’espoir voulait renaître.
Ils la connaissaient tous. Ils l’avaient tous croisée, avaient tous été terrorisés par sa voix stricte et son accent terrible, ou bien ils avaient simplement entendu parler d’elle. Toujours des éloges, toujours de l’admiration. Minerva, comme celle dont elle tenait son nom, était une femme digne, une femme pleine de sagesse et de force, à la fois redoutable et incroyablement attachée aux élèves, à ses collègues, aux causes lui étant chères. Personne ne pouvait rester de marbre, qu’ils fussent glacés par la vision horrifique qu’elle présentait encore pour quelques instant ou poussés au silence par sa présence.
Chacun avait été invité à partager un souvenir et on avait conjuré une Pensine dans la Salle sur Demande pour collecter toutes les bribes de passé. Un par un, à leur entrée dans la salle, ils étaient venus poser des fioles de souvenirs pour lui rendre hommage, recevant en échange un bout de tissu tartan pour couvrir leur miroir avant de prendre place, comme le voulait la tradition afin d’éviter que l’esprit ne se perde en chemin. Un par un, ils s’étaient placés en arc de cercle, baguette à la main et à présent un silence de pierre pesait sur l’assemblée jusqu’à ce qu’on murmure « For auld lang syne, my dear » et qu’à l’unisson, ils répondent : « For auld lang syne ». Bientôt, la chaise sur laquelle elle avait été enchainée si longtemps devant les portes du Hall, et dont on avait remplacé les liens métalliques par des attaches magiques plus délicates, s’éleva. Trois baguettes étaient braquées sur elle pour la faire léviter, les autres pointaient vers les parois de la salle, quelques « Piertotum Locomotor » se faisant entendre afin de déplacer les armures taillées dans la pierre se trouvant là. Une à une, les statues se déplacèrent allant former, de part et d’autre de l’arche, une haie d’honneur pour la guider. Ils étaient tous là, silencieux, pour l’emmener jusqu’au sombre arte-fact qui, disait-on, était une réplique de celle qui avait emporté Sirius Black quelques années plus tôt. Une fin miséricordieuse, rapide et indolore, le Voile venant lécher son visage avant de l’attirer, bougeant à présent plus par sa propre volonté que par le vent d’Helm qui parcourait la salle. Une fin miséricordieuse, un sort décent, un adieu chargé d’orgueil avant qu’ils n’aillent enterrer la baguette de Minerva McGonagall au côté d’Albus Dumbledore, au cœur du domaine de Poudlard, cette école qu’elle avait considéré comme sa maison pendant bien longtemps et qui devenait alors sa dernière demeure.La Salle sur Demande avait conjuré un passage direct jusqu'au parc et un par un, formant une longue procession, ils s'étaient avancé jusqu'au Lac Noir, ouvrant la marche pour la baguette de l'ainée tant appréciée. Ils s'étaient regroupés, tenant leur baguette, autour de la bouche béante creusée à la main dans la terre malléable d'Ecosse, et avait regardé les jeunes filles qui s'étaient chargées de collecter les souvenir verser les fioles dans la pensine de fortune qu'elles avaient ensorcelé pour la lier magiquement à un écran de fumée. Déjà, des images dansaient, se mêlaient aux volutes âpres, formaient des reliquats entiers de moments révolus mais chéris et petit à petit, ils levèrent leur baguette en signe d'hommage tandis qu'on projetait les instants choisis, ceux dont on voulait se souvenir en pensant à l'ancienne directrice de Poudlard, tombée pour les mêmes idéaux qu'eux.
Dernière édition par Oblivion le Dim 22 Mai 2016 - 4:02, édité 1 fois
Ci-dessous se trouve un petit récapitulatif des événements afin de vous y retrouver et de savoir quoi poster à la suite du message Auld Lang Syne. Le mini-event se jouera uniquement en un tour chacun et nous vous demandons d'ores et déjà pardon pour les feels
►LE 22 MAI 2003Vos personnages ont pu participer à certains aspects de l’organisation des funérailles :
☇ Rénovation de la tombe de Dumbledore (groupe d’hommes)☇ Préparation de la sépulture de McGonagall (groupe d’hommes)☇ Préparation de la Salle sur Demande (groupe mixte)☇ Organisation de la récolte des souvenirs (groupe de femmes)☇ Préparation de McGonagall (groupe issu de l’ancienne AD)
►LE 23 MAI 2003
En fin d’après-midi, les insurgés se sont rassemblés au niveau de la Salle sur Demande pour faire passer le corps de McGonagall à travers un voile similaire à celui ayant causé la mort de Sirius Black, méthode jugée comme étant la moins brutale.
En arrivant dans la salle, ils ont été invités à remettre un souvenir et à couvrir leur miroir afin de respecter la tradition Ecossaise visant à aider les esprits à voyager sereinement.
Après le passage de McGonagall de l’autre côté du voile, les insurgés se sont rendus en bas du parc, près des tombes, afin d’enterrer symboliquement la baguette de Minerva après que les souvenirs aient été diffusés pour créer une cérémonie d’hommage.
Vous pouvez poster à la suite le ressenti de votre personnage, ainsi que le souvenir qu’il a partagé (l’ordre de projection sera l’ordre dans lequel vous posterez dans le sujet). Ce moment pourra ensuite être ajouté à vos chronologies.
Les insurgés bloqués en dehors de Poudlard auront été prévenu par miroir et grâce à un point de rendez-vous, ils auront pu transplaner via Elfe de Maison à l’intérieur de l’école.
Ses mains… Ses mains me semblaient tellement fragiles… Si fragiles… Je posais les miennes avec douceur dessus avant de le retirer précipitamment. Ce n’était pas le contact qui me posait soucis mais plutôt le fait d’avoir l’impression de lui faire mal. C’était ridicule je le savais mais je ne pouvais m’empêcher d’y penser et je regardais de nouveau ma directrice les yeux mouillés de larmes. C’était tellement difficile de la voir ainsi, tellement difficile d’imaginer ce qu’elle avait ressenti lors du baiser du détraqueur et tellement impossible de savoir si elle était encore là… Je lui adressais un doux sourire même si rien ne pouvait plus bouger sur son corps désormais avant de couvrir de nouveau ses mains des miennes. Elles étaient tellement froides… Je gardais les miennes dessus un instant comme si je pouvais les réchauffer et faire qu’elle se sente mieux. C’était ridicule, je le savais, mais je n’y pouvais rien c’était plus fort que moi. Quand je la voyais, je voyais ma seconde maison figée dans une inconscience douloureuse et je me revoyais en train d’essayer de me frayer un chemin jusqu’a Georges alors qu’un sort l’atteignait en pleine poitrine, me débattant comme un fou car je pensais pouvoir encore le sauver. Longtemps j’aurais voulu pouvoir lui dire au revoir et non pas le voir disparaitre sans pouvoir rien y faire et aujourd’hui que je me retrouvais face à McGonagall figée et je me disais que c'était encore pire...
…
××× Lee Junior Jordan ××× Oui Professeur ? ××× Je fermais les yeux et serrais les dents en me disant que j’allais encore prendre cher mais, quand je me retournais enfin vers ma directrice de maison, c’était avec un grand sourire sur les lèvres, l’air le plus innocent possible. Les bras croisés sur sa poitrine elle avait les lèvres pincées comme à chaque fois qu’elle me faisait une réflexion. ××× Etiez-vous vraiment obligé de faire tous ces commentaires désobligeants pendant le match Lee. ××× Ce n’était pas désobligeant professeur c’était sportif ! Oui c’est ça ! Des commentaires juste sportifs fait pour… pour encourager les équipes a donner le meilleur d’elle-même. ××× Le haussement de sourcil me fit dire que peut être je n’avais pas été assez convaincant sur ce coup là alors que bon… J’avais juste un peu secoué l’équipe des serpentards qui, comme souvent, avait été assez lamentable face à l’équipe des gryffondors. Moi chauvin ? Absolument pas ce n’était pas du tout mon genre ! ××× Et donc traiter les serpentards de sangsues incapable de su… ××× Purement sportif professeur ! Absolument ! ××× Sa bouche se pinça un peu plus….
…
Sa bouche. Aujourd’hui elle ne prendrait plus jamais ce petit rictus qui me faisait tellement peur à une époque alors qu’aujourd’hui j’aimerais encore la voir le faire. Et c’était bien la seule qui utilisait mon second prénom « Junior » quand elle avait un reproche à me faire et cela me faisait froid dans le dos mais jamais elle avait été injuste, elle était droite et nous aimait. A sa façon mais elle avait donné sa vie pour nous et j’aimerais qu’on s’en souvienne tous car elle nous aimait tous… Nous tous… Sans distinction de sang, de classe ou bien de caractère. Elle était un roc… Elle était une seconde mère… A cette pensée j’essuyais d’un revers de manche les larmes qui montaient dans mes yeux et laissais mon bras couvrir mes yeux encore un moment le temps de me reprendre. J’adressais un sourire douloureux a ceux qui étaient autour de moi aussi et essayais de reprendre ce que je faisais. J’enlevais le lien métallique qui tenait sa main pour y passer un lien qui arrêterait t’entamer sa chair et serait plus digne de la femme qu'elle était. On prit ensuite le temps de la rendre de nouveau présentable, comme elle aurait aimé être pour pouvoir enfin aller vers la mort.
Digne Fière Forte Juste elle et nous tous… Car pour une fois on était tous ensemble, réunis pour prendre soin d’elle comme elle avait pris soin de nous et pour lui donner une sépulture honorable
…
××× Il serait mieux de mettre autant de volonté dans vos cours que vous en mettez dans vos commentaires « sportifs » ××× Là j’étais pris en faute. Les cours ne m’avaient jamais intéressés et je faisais vraiment juste le minimum pour ne pas avoir de soucis mais sinon je vivais plus pour faire des larcins avec mes frères et pour le quidditch qu’autre chose. ××× Si vous passiez autant d’heures a travailler que d’heures en retenue Lee, vous auriez de meilleures notes. Ne désirez-vous pas faire quelque chose de votre vie ? ××× C'est-à-dire que… ××× Oui ? Allez y Lee ××× Je regardais mon professeur avec une confiance aveugle dans les yeux et décidais de me livrer à elle. ××× Les études c’est bien ça permet d’avoir un métier Professeur mais… ××× Je ne savais comment exprimer ça correctement et je ne voulais pas paraitre idiot. ××× Je pense qu’il ne faut pas oublier qui nous sommes. Je sais que je trouverais de toute façon quelque chose à faire en sortant de Poudlard et je trouve ça plus intéressant ici d’apprendre à connaitre les gens, à partager les idées de tout le monde, a faire sourire, a oublier les naissances, les barrières et les idéaux. Je ne suis qu’un enfant alors peut être que je suis trop naïf mais je pense que c’est ici que tout se joue alors je me dis qu’un métier… J’ai le temps d’en trouver un mais apprendre à vivre, à comprendre et a faire sourire… Bah c’est plus important… ××× Mais elle allait certainement trouver ça totalement ridicule c’était sur… Elle ne dit rien et passa à côté de moi avant de poser une main sur mon épaule. Je sursautais à ce contact et elle se pencha à mon oreille. ××× Continuez ainsi. ××× Je la regardais surpris de ce murmure et elle m’adressa un léger sourire avant de se redresser et reprendre son attitude habituelle. Elle s’éloigna légèrement avant de rajouter fort. ××× Oh ! Et les sangsues, appelées aussi Hirudinea, sucent en effet le sang de leur proie, ce qui n’est pas le cas des serpents. Je pense donc que votre commentaire « sportif » n’avait rien de très « fairplay ». J’attends donc pour demain un devoir sur les sangsues, leurs origines, habitats, habitudes. Et aucun retard ne sera accepté. ××× FAIL…
….
Ce souvenir en main je déposais un baiser sur la fiole avant de la confier à Albane, lui serrant la main quelques secondes avant de prendre le morceau de tartan qu’elle me confiait et de couvrir mon miroir. Je pris place à côté de gens que je connaissais plus ou moins, adressant mon éternel sourire à mes amis car je devais continuer n’est-ce-pas ? Le silence se fit dans la salle alors que chaque baguette était braquée devant nous.
« For auld lang syne »
Je suivis du regard le passage de ma seconde maman à travers le miroir, celui-ci lui accordant enfin le repos qu’elle aurait du avoir des années auparavant et murmurais... ××× Je continuerais toujours Professeur… Au revoir… Embrassez Georges pour moi. ××× Et cette fois je ne retenais pas mes larmes alors que la salle sur demande nous ouvrait un passage vers le Lac Noir pour aller enterrer sa baguette près de celle de notre directeur bien aimé et nous permettre de regarder les souvenirs que nous avions tous d’elle… Elle… Elle…
En procession je laissais l’air caresser mon visage, jouer avec mes dreads et j’avais l’impression de sentir encore sa main sur mon épaule. Les larmes coulaient toujours mais j’étais bien… Heureux de pouvoir partager ce moment avec tout le monde. Je regardais les insurgés qui cheminaient devant ou derrière moi. Plus d’audacieux, plus de belliqueux, plus de pacifistes… Nos larmes avaient toutes le même gout et nous partagions tous la même tristesse : celle d’avoir perdu une des plus grandes dames de ce siècle. Plus de barrières, plus de ressentis, une simple et douce union. Elle aurait été tellement fière de ce moment et elle aurait tellement voulu que cela continue. Une union de tous les insurgés mais cela viendrait un jour je le savais… Cela ne pouvait que venir et même si je restais trop utopiste je voulais y croire comme j’y avais toujours cru. Une fois les souvenirs déposés Albane vint se placer à mes côtés et je serrais fort sa main dans la mienne avant de la prendre par l’épaule et de commencer à regarder les souvenirs. Un sourire naquit de nouveau sur mes lèvres. La voir souriante, la voir dure mais avec le regard qui pétillait… Nous avions tous nos souvenirs… Et tous nous montraient une femme tellement belle…
Tellement belle… Et désormais avec son plus vieil ami, côte a côte… Tu me manques tellement… Mother
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10432
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
auld lang syne
For auld lang syne, my dear.
Ce soir, tout serait fini. Elle n'arrivait pas à se faire à l'idée. Enfin, pas vraiment. Elle savait que ce jour allait arriver, elle l'avait toujours su. Elle avait juste du mal à se faire l'idée que Marie ne serait plus là pour la protéger. Elle avait du mal à accepter l'idée que ce soir, elle reviendrait définitivement à la vie. C'était trop tôt, elle ne voulait pas les affronter aussi tôt. Non, ce n'était pas trop tôt : elle avait eu le temps de mourir, de renaître, de se reconstruire. D'avoir peur, de haïr, d'oublier, d'aimer. Elle avait eu le temps de réapprendre à vivre. Ce soir, tout serait fini. Elle savait qu'il était temps de vivre.
« Je suis perdue – Avez-vous vu ma fille ? – C'est calme. – Pourquoi as-tu peur ? – Le parfum des fleurs me manquent. – Je suis bien. – Je vais là-bas. – C'est calme. – Vous êtes des êtres magiques... – C'est calme. – Je m'appelle Clara. – … pourquoi vous battez-vous encore ? – J'ai croisé Eliza ce matin – Le club des sexagénaire s'agrandit ! – Rab' était avec moi… je crois… je crois qu'il m'a menti. – Je vais mal. – J'ai retrouvé Maman, je suis heureux. – Je suis partie sereinement. – Je ne suis pas sortie. Rabastan m'a menti. Mais il m'a montré mon Papa. – C'est calme. – Il m'a montré mon Papa. – Je suis bien ici. Je n'ai plus peur de rien. Je vais vivre une nouvelle vie. – Et je ne lui en veux pas de m'avoir menti. – Avez-vous vu mon chien ? – Il m'a montré mon Papa. Il… Est-ce que quelqu'un m'entend ? – Pourquoi ont-ils fait ça ? Pourquoi ont-ils détruit Ste-Mangouste ? – Elle m'a fait partir sereinement. – Est-ce que quelqu'un m'entend ? – C'est beau et doux et serein ici. – Je suis bien ici. Mais ils ne doivent pas venir. Ils doivent vivre leur vie. – Je suis à la maison. – C'est calme. – Est-ce que quelqu'un m'entend ? »
23th may. Elle ne s'était rendormie qu'une trentaine de minutes. Les membres engourdis, la nuque douloureuse, c'est une sensation de vertige qui l'empêcha de se relever immédiatement. Inspiration, expiration. Inspiration, expiration. Elle porta deux mains tremblantes à son visage pour défroisser l'expression fatiguée qui lui gravait les traits. La veille avait été éprouvante ; avait recouvert d'un rideau lourd et douloureux le château tout entier. Jetant un coup d’œil en direction du tic-tac lancinant qui crevait régulièrement le silence de son dortoir, la sorcière décréta qu'il était temps de rejoindre la grande salle afin d'y attendre quelques visages familiers, pour tromper le froid qui lui étreignait de plus en plus le cœur ces derniers temps. Un mouvement, une grimace. C'était étrange mais ses muscles avaient beaucoup de mal à se réadapter au confort d'un lit. Elle n'avait jamais vraiment aimé les matelas, Luna. Passait une grande partie de ses nuits ici à faire des allées et venues entre son lit à baldaquin et les couloirs de l'école magique. Mais depuis presque deux mois, elle ensorcelait les rideaux de celui-ci pour s'empêcher de sortir. Être enfermée, avec les autres, à Poudlard avait été étrange : redoubler d'attention pour ne pas laisser Luna apparaître avait été un challenge de tous les instants. Pire encore que le temps passé dans les camps. Depuis qu'elle était à Poudlard, elle ne supportait pas vraiment les breuvages préparés par le directeur de l'école. C'était bizarre. Ses traits s'étaient souvent brouillés, emmêlés. Elle avait tout le temps l'impression d'imploser. Peut-être était-ce à cause de l'enfermement, ou de la confiance indéfectible qu'elle avait placé en Draco et ses potions mais à Poudlard, elle avait très rapidement regretté ses prises journalières de Polynectar. Pourtant, ces sept derniers jours s'étaient déroulés bien plus sereinement que tout le reste du temps passé enfermée entre les murs bien gardés de l'école. Elle n'avait pas eu le moindre problème lorsqu'elle avait attaqué les dernières réserves éphémères de Malfoy, celles qu'elle avait précieusement gardé dans sa besace en cuir en se terrant loin des campements rebelles au cas où les approvisionnements seraient réellement venus à manquer. Cette ère était arrivée lorsque la solution de Snape s'était définitivement envolée de son système. Les potions de Draco manquaient. Il lui manquait. Et elle voulait cruellement voir l'expression énervée de son ami se refléter dans son miroir.
Mais elle sait que son jumeau vibre une nouvelle fois dans le vide : le reflet reste désespérément terne et le blond ne répond toujours pas. Ce n'est pas de la colère qu'elle ressent en fixant son reflet éthéré dans le miroir à double-sens azuré, elle sait qu'il ne la trahirait jamais. Ce n'est pas non plus un sentiment d'inachevé qui l'amène à fourrer la main dans sa fidèle besace pour en attraper la dernière fiole de Polynectar qu'elle possède. Sa dernière dose. Elle sent que tout se finit… Une nausée la prend tandis que l'angoisse lui saute à la gorge. Tout est bientôt fini, fini, fini. De nulle part, l'intuition l'enveloppe, l'effraie, la paralyse complètement des secondes durant. Elle sait, quelque part, que cette dose de Polynectar est la toute dernière qu'elle boirait de sa vie. Marie s'en ira, Marie partira. Marie ne la protégera plus jamais. Et l'idée lui tord brusquement les tripes, la rend malade très vite, violemment ; rien ne passe la barrière de ses lèvres mais de la bile acide lui brûle l’œsophage tandis qu'elle tente de respirer ; renforce le sentiment d'angoisse qui l'imprègne, qui la possède, entièrement. Elle a peur. Des souvenirs, une ribambelle de souvenirs, la prennent d'assaut, parasitent encore plus ses pensées entremêlées. Elle voit Xenophilius et sa folie ; elle voit Pandora et son sortilège raté ; elle voit tous les visages des élèves, passés et présents, de Poudlard défilés dans sa tête. Elle voit des elfes qui s'activent tout autour d'elle, en même temps qu'elle ; elle voit Octave et Bill et Ariane lui murmurer qu'elle a ce quelque chose d'irréel et d'éternel en elle ; elle voit Lucius Malfoy et ses Doloris ; elle voit les Rafleurs et les Mangemorts qui ne cessent jamais de les poursuivre ; elle voit le froid, la faim, les pertes, l'enfermement et l'incertitude les étouffer un peu plus, toujours plus, au fil des saisons. Elle tremble, tremble, tremble, derrière les rideaux de son lit et elle ne parvient pas à déterminer la raison (de la drôle d'ambiance qui plombe, surplombe, toute l'école ou Minerva qui a les yeux vides ou les souvenirs en demi-teinte qui l'assaillent) qui distille ce sentiment de panique en elle, qui l'étouffe férocement. Elle ne parvient pas à isoler, à savoir, ce qui lui fait le plus mal, ce qui lui plombe le ventre, réduit son esprit en miettes, pour réussir à en repousser efficacement les effets. Néfastes, traîtres, vertigineux. Alors elle invoque des visages pour apaiser tant bien que mal le malaise général qui vient violemment de la prendre, juste parce qu'elle sent, pressent, sait, que Marie ne sera bientôt plus là pour la protéger du reste du monde.
Elle se dépeint mentalement Ginny, Harry, Neville, Ron, le regard azuré de Rolf. Mais rien ne marche. Rien, rien, rien… Elle voit Hermione. Elle veut Hermione, Hermione, Hermione… Elle a dû souffler son prénom car lorsqu'elle rouvre les yeux, elle l'entend l'appeler à travers les rideaux fermés. Du bout des doigts, elle touche le tissu et entrouvre les pans pour annuler les effets des sortilèges. Hermione est là, la rejoint dans le lit pour la veiller, la protéger. Comme avant, comme toujours. Elle la surplombe et l'apaise, prend ses mains dans les siennes pour calmer les tremblements désastreux qui les secouent frénétiquement, terriblement. Elle lui sourit. La serre un peu plus fort dans ses bras. Lui souffle que tout ira bien. Tout ira bien. Marie la serre à son tour contre elle, se calme seulement en inspirant le parfum floral qui émane de sa chevelure ondulée. Marie s'apaise mais c'est la voix de Luna qui s'échappe désormais de ses lèvres, lui murmure un merci dans le dortoir vide. Merci pour tout. Elle lui dit aussi que tout ira bien maintenant, pour elle-même, pour eux, pour les autres, pour elle aussi. Elle est apaisée, et elle est sereine, à nouveau. Le malaise est parti. Plus aucune tristesse, plus aucune angoisse, plus aucune inquiétude, ne lui étreint le cœur désormais. L'impression étouffante s'est effilochée et s'est envolée aussi rapidement qu'elle n'était apparue. Tout ira bien. C'est sa dernière ration qu'elle boit une fois que les traits de Luna sont effectivement réapparus sur son visage. Et le miroir restera toujours aussi terne.
L'idée la prend et plutôt que de la jeter, elle range la fiole vide dans sa besace, bien décidée à la garder pour toujours avec elle. Pour se rappeler de l'instant. Elle attend que Marie s'affirme une dernière fois, une ultime fois, à sa place avant de se lever pour rejoindre le silence lourd et pesant de la Grande Salle. Dans les couloirs, aux côtés d'Hermione, elle ne peut s'empêcher de remarquer que le Hasard est vraiment bizarre, lui aussi. C'était sa dernière ration, aujourd'hui. Minerva part le jour où Luna sent, pressent, sait qu'elle reviendra de façon définitive. C'est sa dernière ration. En grignotant ce matin là, malgré les cernes, malgré son mal-être, malgré la tristesse qu'elle ressent tout autour d'elle, elle reste sereine. Elle s'inquiète un peu pour Matteo et sa sœur Anna, dont elle n'a plus aucune nouvelle. Elle s'inquiète un peu pour Draco, qui ne lui répondra sans doute pas d'ici son départ de Poudlard. Elle s'inquiète pour Rolf, elle s'inquiète surtout pour lui. Elle a entendu parlé des coups d'éclats provoqués par les Belliqueux restés dehors, la veille. Elle a une drôle d'impression. C'est sa dernière ration. Elle s'inquiète seulement… elle n'a plus le temps d'avoir peur.
22th may. Ce matin-là, au réveil, la première chose qu'elle avait faite avait été de joindre Draco Malfoy via le miroir à double-sens qu'ils partageaient tous les deux. Encore. Et elle n'avait pas eu de réponse. Encore. En rangeant son miroir désespérément muet, elle avait décrété que les Joncheruines lui avaient très certainement envahi la tête, avaient embrouillé son esprit pour qu'il ne se rende pas seulement compte que, depuis des jours, son morceau de miroir s'était régulièrement mis à vibrer et à chauffer lors de ses appels. Oui, les Joncheruines étaient les seuls fautifs dans cette histoire. C'était ce qu'elle se disait, Luna, juste pour s'empêcher de penser à mal. C'est forcément la faute des Joncheruines, se dit-elle une première fois en débouchant la troisième fiole de Polynectar qu'il lui reste. C'est toujours la faute des Joncheruines, s'asséna-t-elle encore et encore tout en ingurgitant d'une traite le breuvage de métamorphose qu'elle venait de préparer à l'aveugle. Elle n'aurait pas le temps de le recontacter aujourd'hui. Alors elle se répéterait toute la journée durant, en silence, en murmurant parfois, que les Joncheruines étaient le plus grand fléau de la communauté sorcière.
Ce matin-la, dans la Grande Salle, Marie ne s'était pas insurgée face à la répartition des tâches. Elle s'était seulement proposée pour s'occuper de la Salle sur Demande et d'annoncer à tous ceux qui se présenteraient sur son chemin que, s'ils le souhaitaient, ils pouvaient préparer leur plus précieux souvenir pour le départ de Minerva McGonagall. Elle ne pensait à rien d'autre qu'à cela : elle part demain. Lorsqu'une fenêtre se présentait sur son passage, elle jetait systématiquement un coup d’œil au-travers des vitres, même si elle savait pertinemment (et logiquement) que les couloirs dans lesquels elle voguait ne permettaient pas d'avoir une vue imprenable sur le Grand Lac Noir. Du bout de sa baguette en bois de sorbier, les sortilèges fusaient pour préparer la Salle sur Demande. Ses pas l'avaient même portée jusqu'à la chambre où le professeur McGonagall avait été placée, ces dernières semaines. Elle n'était pas entrée. Elle n'avait pas osé entrer. Elle n'aurait pas pu entrer. Ses deux grands yeux vides l'avaient rendue morose. L'avaient effrayée. Elle savait qu'il n'y avait plus personne à sauver derrière ce visage austère et tendre. Une dizaine de minutes durant, elle avait fixé le bois de la porte clôturée, espérant sans doute entendre la voix du professeur de métamorphose s'élever pour lui permettre de regagner son cours, après s'être emportée au sujet d'une énième discussion improbable. Elle avait fixé le bois de la porte en espérant de tout cœur qu'elle n'était pas coincée dans une prison faite de chair et de sang. Les geôles faites de pierres étaient terribles. Elle n'osait pas imaginer ce que c'était que d'être prisonnier, vraiment prisonnier, de son propre corps. Emily Callaghan l'avait interceptée à ce moment-là et l'avait emmenée loin d'ici. Tout le restant de la journée, elle l'avait passée avec elle. Elles n'avaient pas beaucoup parlé, toutes deux transportées par les missions communes dans lesquelles elles s'étaient enrôlées en même temps. Préparation de la Salle sur Demande, préparation des souvenirs. Elles s'arrêtaient seulement pour que l'une, ou l'autre, puisse porter une main réconfortante sur les épaules affaissées en chemin. « Quel est ton plus beau souvenir avec elle ? », lui avait-elle demandé, au beau milieu de la journée. Et en écoutant sa réponse, le regard perdu dans le lointain, se remémorant une Callaghan plus jeune et moins corrosive, elle s'imaginait le questionner lui. Qui était-elle pour toi ?
Il était tard, ce soir-là, lorsqu'elle retrouva la chaleur de son dortoir. Le moindre ses gestes était ralenti par la sensation de lourdeur que lui imposait invariablement la fatigue une fois la nuit tombée. Elle avait du mal à se remettre de l'hiver, cette année. Elle avait du mal à se faire à la sécurité bénéfique de l'école. Bien emmitouflée sous le capuchon de sa cape, c'était une chevelure blonde parfaitement tressée qu'elle avait caché, de peur que d'hypothétiques regards éveillés ne la surprennent dans ce dortoir de septième année qu'elle pénétrait alors à pas feutrés. Une bonne partie de la soirée, à l'extérieur du château, le cœur souvent au bord des lèvres, elle avait régulièrement porté le sifflet enchanté jusqu'à sa bouche, juste pour voir si Erlkönig, l'hybride de Scamander, réussirait à l'atteindre malgré les barrières magiques de l'école. À chaque fois, une étrange sensation, une présence fantasque, l'avait toujours empêchée d'aller jusqu'au bout de son geste. Elle n'avait jamais réussi à expirer le moindre souffle au-travers du sifflet, se contentant juste d'explorer de son regard rêveur la voûte étoilée. C'était Bill Weasley qui l'avait retrouvée à l'orée de la Forêt Interdite. Comme des mois auparavant, il l'avait emmitouflée sous sa cape, s'était assuré que personne ne décèlerait son véritable visage sous les pans du capuchon sombre, avant de passer son bras autour de ses épaules pour la raccompagner jusqu'au château, en sécurité. Dans le plus grand silence. Lui aussi, il avait le cœur lourd. Lui aussi était meurtri. Elle l'avait vu avec le groupe d'hommes chargés des tombes, aujourd'hui. Quelque part près de la Grande Salle, elle lui avait dit bonne nuit, retourna seule jusqu'à sa nouvelle maison d'adoption en rasant les murs. Elle avait eu juste assez d'énergie pour tirer et ensorceler les rideaux de son lit avant que sa tête n'aille heurter son oreiller trop rembourré (et qu'elle rejetait systématiquement au beau milieu de la nuit tant il s’insupportait). Morphée l'avait emportée dés l'instant où elle avait porté le sifflet et la montre dans le creux de sa paume, dés l'instant où elle avait passé ses longs doigts fins dans les alliances accrochées à la longue chaine dorée.
17th may. Poudlard est libre. Ils sont libres. Ils peuvent enfin sortir. Elle ne dit rien, se lève de sa place dans la Grande Salle pour s'en aller. Elle évitait scrupuleusement le regard d'Harry et celui de Ginny, les deux trop occupés à seconder les quatre gardiens officiels de l'école pour seulement la remarquer. Ils l'avaient vue quelques jours auparavant et aujourd'hui, elle ne réussit plus à les regarder dans les yeux. Même si elle se doutait qu'ils n'y avaient pas réellement crû… Elle l'espérait, en tout cas. Bientôt tout serait fini. Elle n'avait rien mangé. N'avait rien réussi à avaler après l'annonce. Si elle s'était mise à manger maintenant, elle savait qu'elle n'aurait rien pu retenir. Tout était bientôt fini. Elle s'accrochait à la chaine de Rolf, ne voulait jamais la laisser partir. Elle ne mangeait rien parce que la culpabilité lui tordait de plus en plus les tripes. Elle tenta d'appeler Malfoy pour la première fois aujourd'hui. Il n'avait pas répondu. La fin de tout était proche, elle le voyait venir. Poudlard est libre.
Elle ne sait pas trop si elle a envie de sortir.
23th may. Ce soir, tout se finit.
Aux côtés de quelques unes, elle accueille les insurgés venus rendre leur dernier hommage à la dame au regard de chat. Un à un, les souvenirs sont récoltés, soigneusement collectés, autour de la grande Pensine cérémoniale. Et un à un, les tartans recouvrent les derniers miroirs libres de Poudlard : les leurs. Chacun leur tour, chacun à leur manière, ils enrobent les reflets multicolores des motifs caractéristiques de l’Écosse. Le sien, elle l'a conjuré, modifié, pour qu'il revête les couleurs des Rouges Dorés. Soit teinté par les couleur de sa maison, de son foyer. Elle aimait tout Poudlard, McGonagall, la sorcière le savait. Mais aucune maison n'avait jamais réussi à faire scintiller les yeux de Minerva aussi bien que la maison des fiers et courageux et bornés de Gryffondor. Elle était fière et courageuse et bornée, la sorcière au regard de chat. Et c'était sans doute ça qui l'avait le plus fascinée, Luna. Sa force de caractère. Ça plus que tout le reste. En y pensant, son estomac se noue, ses tripes se tordent. Et même si les fenêtres sont ouvertes, même si la Salle sur Demande elle-même offre à la grande Dame ses propres adieux, l'insurgée à l'impression de manquer d'air encore une fois. Parce que le Voile se mouve de plus en plus frénétiquement, parce que les Voix s'étiolent avec le temps... Même elles se préparent à accueillir la directrice de Gryffondor et encore une fois, elle se demande si le corps inerte de l'Ecossaise est réellement vide. Elle déglutit difficilement jusqu'à ce que le vent d'Helm lui caresse le visage et l'apaise. Elle ne doit pas penser à ça. Alors elle se redresse, accueille avec un sourire paisible, subtilement rêveur, les derniers arrivants. Elle n'a même pas eu le temps de se rendre compte que toute l'école était arrivée, tous déjà réunis autour de l'Arche et du Voile. Elle est extirpée de ses songes lorsque résonne le tintement des armures contre les pierres, au-dessus du silence de mort qui les tient tous en alerte. Une main l'attrape et c'est Emily elle-même qui l'attire dans la foule appesantie, par la présence d'une Minerva silencieuse, par la présence du Voile. Baguette dans la main droite, la main d'Emily dans la main gauche, elle attend en silence, comme les autres. Son cœur bat, comme les autres. « For auld lang syne, my dear. », et comme une seule et même personne, sorciers et sorcières inspirent pour répondre à l'appel. « For auld lang syne. » Elle ne baisse pas la tête lorsque la haie métallique est traversée par la chaise sur laquelle la Grande Dame repose depuis des années. Elle ne baisse pas la tête au passage de la dame au regard de chat. Les murmures du Voile se réunissent, ne forme plus qu'une seule et même Voix. Ils se taisent et...
Le Voile inspire. Son regard scintille. Elle la remercie. Elle l'admire une dernière fois. Et le Voile expire.
Elle sait que maintenant, présente ou pas, Minerva McGonagall venait finalement de trouver la paix. Elles sont l'un des derniers groupes à sortir, les sorcières en charge des souvenirs. Un sortilège fait léviter Pensine et mémoires jusqu'aux tombes près du grand Lac Noir, là où les sorciers, jeunes et vieux, forment un nouvel arc autour de la tombe rénovée de Dumbledore et du trou destiné à la baguette du professeur McGonagall. L'écran brumeux s'élève et d'un nouveau sortilège, les fioles sont ensorcelées pour se déverser les unes après les autres dans le réceptacle de fortune. Elle observe très attentivement, sourit joyeusement en voyant Lee se faire maternellement remonter les bretelles par l’Écossaise. Elle sourit respectueusement lorsque c'est son souvenir à elle qui succède aux dreads du Gryffondor. On ne voit pas rien tant il y a de choses à remarquer, à analyser, à décortiquer dans cette scène. Les élèves de l'école sont tous réunis dans une foule toute aussi compacte que celle d'aujourd'hui. Ce n'était pas parce qu'elle était Marie qu'elle l'avait choisi, ni parce qu'elle avait honte et avait préféré noyer son visage poupin et lunaire dans la foule. Elle avait choisi cet instant parce que c'était l'image la plus forte qu'elle ait de la directrice de Gryffondor. Malgré les temps sombres que son souvenir dépeignait, malgré les peines, malgré la douleur, malgré l'incertitude et les drames, la dame au regard de chat restait invariablement la même. Elle restait droite, elle restait digne, elle restait fière, elle restait forte. Minerva McGonagall était sa définition même du courage à l'état pur. La grande dame parfaitement redressée, draée dans sa longue cape émeraude, jette soudainement un dernier regard à la foule. Il est assuré, il est doux, il est rieur, il est stoïque, il est invincible. Et le souvenir s'efface tandis que la longue silhouette de Minerva se détourne. Les autres souvenirs se succèdent et la foule se resserre à mesure que le temps passe. Se resserre lorsque la baguette est mise en terre. Elle sourit lorsque, de concert, toutes les baguettes s'élèvent et s'illuminent pour rendre un dernier hommage à l'Ecossaise. Elle n'était pas morte, Minerva McGonagall. Elle est juste partie de l'autre côté du Voile. Elle est juste partie rejoindre l'Après et les autres personnes qui se tenaient derrière. Elle est partie vers sa nouvelle vie. Et cette pensée la fait sourire. Merci.
24th may. C'est maintenant, c'est tout de suite. C'est ici que tout se termine.
La nuit recouvre tout le domaine de l'école, berce et panse les cœurs meurtris. La salle sur demande est vide désormais et étrangement, en passant devant la porte invisible, elle avait pensé à la cérémonie. Elle n'est plus inquiète, elle n'est plus angoissée. Elle ne veut plus avoir peur. Le Voile se dresse toujours au beau milieu de la pièce et c'est de son regard le plus curieux, le plus bleu, qu'elle l'observe pensivement. Les armures sont retournées contre les murs et les fenêtres s'étaient toutes refermées une fois la procession funéraire volatilisée. Un instant, elle se demande si le Voile serait retiré de cette version de la Salle sur Demande. Une fois la réalité de la guerre revenue dans les esprits de tous.
De nulle part et dans un craquement significatif, un elfe apparaît à ses côtés, semble étonné de voir des mèches blondes éparpillées tout autour de cette silhouette drapée par une cape sombre. « Miss Hermione m'envoie pour vous escorter, Miss. Êtes-vous prête à partir ? ». Ses doigts se resserre autour de la anse de sa besace, les autres cherchent les maillons de la chaine qui lui gracient le cou. L'elfe écarquille les yeux en la voyant s'y rependre à deux fois avant de pouvoir sortir les pendentifs de sous les couches de tissus qui l'enveloppent. Elle sourit en direction du petit être, hausse curieusement une épaule : elle mettrait un temps avant de pouvoir évoluer à nouveau gracieusement. Elle sent, pressent, sait qu'elle devait désormais se réhabituer à son corps, à ses formes, à tout. Elle se sent, pressent, sait, qu'aujourd'hui était la dernière apparition de Marie. Elle tend la main vers l'elfe de maison quand soudain, la Voix unique s'élève de nouveau du le Voile, se divisent pour former les centaines, les milliers de murmures incompréhensibles. Seules quelques voix s'élèvent plus que les autres et parviennent à se faire entendre par elle. Elle les écoute puis, après avoir adressé un regard désolé vers l'elfe, elle range la chaine sous sa cape, lui tend de nouveau la main. Sa silhouette se redresse, son regard se teinte d'assurance.
Son miroir était toujours recouvert par le tartan rouge doré. Elle n'avait plus essayé de joindre Draco Malfoy. Les Joncheruines n'y étaient pour rien. Elle avait eu un drôle de pressentiment. Elle était bien décidée à le retrouver. Elle n'avait pas fait tout ça pour ne pas savoir, pour l'abandonner maintenant.
Un dernier regard vers le Voile et un sourire lui étire à nouveau les lèvres. La main de l'elfe s'empare de la sienne puis, dans un craquement sourd, il les fait disparaître. Elle est prête à partir. Elle a l'impression d'avoir entendu la voix de Marie rejoindre les murmures du Voile.
« Quelqu'un m'entend ? – J'ai peur. – C'est calme ici. – Veillez les uns sur les autres. – Je n'ai pas peur, il ne faut pas avoir peur. – Je vais bien. – Ils me manquent. – Quelqu'un m'entend ? Est-ce que quelqu'un peut remercier Rab' pour moi ? – C'est calme ici. – C'est étrange là-bas. – Sont-ils toujours en guerre. – Il ne faut pas avoir peur. – … pour lui dire merci. J'espère qu'il aura pu retrouver ses enfants. – Je ne veux plus avoir peur. »
For auld lang syne.
Dernière édition par Luna Lovegood le Mar 7 Juin 2016 - 14:49, édité 1 fois
Fleur avait toujours admiré Minerva McGonagall. Il était difficile de rester indifférente face au monument qu'elle représentait. Élégante, autoritaire, elle avait un charisme froid et une intelligence vive qui impressionnaient autant qu'ils effrayaient. Il n'était jamais agréable de se retrouver victime de son regard perçant et de ses commentaires agacés, mais il n'en allait pas de même de ses compliments – rares mais toujours donnés de manière juste et impartiale. Jamais la jeune femme ne s'était sentie aussi fière qu'en se trouvant réceptrice d'une de ses éloges. « J'ignore qui est votre professeur à Beauxbatons » lui avait un jour déclaré Minerva, un air appréciateur illuminant son visage d'ordinaire austère « Mais il ou elle doit être fier de vos prouesses. ». Et cet éclat dans ses yeux, à jamais éteint en ce cadavre si frêle, si pâle. Si froid.
Difficile de retrouver en ce corps, en cette absence de mouvement, en ce vide, la femme qui fut. La femme qui vécut et enseigna à des générations d'élèves à Poudlard.
Fleur l'avait peu connue. Un an, est-ce suffisant ? La valeur n'a pas besoin de temps.
Elle marche dans le parc, apprécie l'air frais sur son visage. Le vent, doux, chante avec les arbres de la forêt interdite. On entend au loin les conversations, les abeilles affairées, les papillons travailleurs, les oiseaux enjoués. Elle est seule, la solitude lui fait peur pourtant. Mais pas aujourd'hui. À quoi bon vivre dans la crainte. Fleur ne veut plus avoir peur.
Le château paraît bien vide sans les centaines d'élèves qui se promènent dans les couloirs. Elle se dirige vers la Salle sur demande, d'un pas mesuré, sans se presser. À quoi bon, plus rien n'a de sens de nos jours. Les lieux sont bondés, est-ce vraiment curieux ? Tous les résistants admiraient le Professeur McGonagall. Elle reconnaît la tête rousse de son époux et se place derrière lui.
En cette terrible soirée, face aux conséquences d'une guerre qui semble éternelle, Fleur ressent au plus profond d'elle le manque de ces êtres, de ces soldats, tombés sur le champ de bataille. Et ce n'est plus Minerva McGonagall devant elle, mais l'allégorie funèbre de centaines de voix révolutionnaires qui au même instant se sont tues.
L'enveloppe, la chair, traverse le voile de l'arche. Rejoint enfin l'âme et l'esprit, du moins Fleur l'espère-t'elle. C'est une mort paisible, douce, une exécution miséricordieuse pour quelqu'un qui méritait plus que ces dés hâtivement jetés par un destin malfaisant.
Il fait beau, aujourd'hui.
Elle tend une main, attrape de ses doigts glacés ceux de Bill à côté d'elle. Détourne un instant le regard, cette scène qui se déroule dans un silence religieux lui alourdit le cœur, la met mal à l'aise. La puanteur semble emplir ses narines, mais elle sait imaginer l'odeur lourde qui lui donne la nausée.
Elle n'a laissé qu'un souvenir, bref mais important. Le souvenir d'une femme venue consoler la jeune fille qu'elle était alors qu'elle pleurait dans un couloir de l'école. La mémoire d'un être qui ne voyait ni compétition, ni plaisir dans la souffrance d'un autre. La réminiscence de Minerva McGonagall, femme de caractère et de cœur, qui n'avait pas hésité à l'écouter parler pendant des heures d'inanités d'enfant. Car c'est ce qu'elle était alors, n'est-ce pas ? Une enfant, une enfant insensée, déraisonnable.
Elle pense à Espérance qu'elle n'a pas vu depuis quelques semaines déjà, et sa peine décuple. Elle pose sa tempe contre l'épaule de Bill.
Espérance, voilà pourquoi ils se battaient. Voilà pourquoi mourir perdait son amertume. À la pensée de sa fille, elle se sent déjà plus fort, plus déterminée. Un monde pour elle valait tout sacrifice.
Un grand combat fut mené dans ce grand édifice fait de pierres et de magie. Ce qui fut leur maison à tous et qui se transforma en prison redevenait leur foyer adoré. Pourtant le doux climat de cette fin de mois de mai n'arrivait pas à réchauffer les cœurs de ceux qui avaient repris leur maison aux mains des forces du mal. Des dératiseurs de l'extrême, voilà ce qu'ils étaient.
Une grande victoire fut arrachée à ces mains de sombre engeance, ces sang soit disant purs qui souillaient non seulement sa belle Angleterre, mais la verdoyante terre d’Écosse sur laquelle ce château était posé, monument érigé en l'honneur de la magie, quelle qu'en soit la provenance. Hommage à la tolérance et à l'amour d'un apprentissage réservé seulement à ceux touchés par cette force qui fait fantasmer les moldu tout autant qu'elle les effraie. Hommage perverti par les enseignements corrompus qu'avaient ajouté ces tordus de mangemort.
Cette victoire cependant, les guerriers et insurgés qui formaient la communauté des hommes libres ne l'avaient pas célébrée pas en festin tel que le château n'en avait jamais connu, même lors des meilleures fin d'année de l'école. Ils ne l'avaient pas non plus célébré en débouchant les meilleures bouteilles cachées dans les réserves du directeur. Cette victoire, ils l'avaient vécu dans le deuil et l'affliction, comme en témoignait le morceau de tissu qui recouvrait le miroir du grand belliqueux en ce jour. Cette victoire ils l'avaient passée à redresser des torts, à réparer des erreurs.
Cette victoire était assombrie par l'indignation et la colère que les combattant de la justice ressentaient envers ce qu'on avait fait d'un des symboles de leur époque. Néanmoins, un sentiment dépassait pour une fois la colère que l'insurgé ressentait. C'était l'affliction profonde qu'il ressentait à la perte d'un pilier qu'il pensait immuable dans la vie, comme un roc qui se fissurait et s'écroulait sous leurs yeux. Qui pouvait être assez malade pour voler l'âme d'une personne ? Pour forcer ses proches ou les gens qui l'admirent à mettre fin à une existence dénuée de sens pour une grande figure ?
Il ne s'était pas insurgé contre l'idée de la tuer. C'était un sort plus honorable que de laisser vivre ce qu'il restait d'elle, mais c'était un sort encore trop cruel pour une telle femme. Avec d'autres, il s'était abroger le droit de préparer une sépulture décente pour cette dame et sa colère n'était revenue que le temps de participer à la dispute sur le sexisme de la répartition des tâches.
-Arrêtez de faire des histoires pour des gamineries ! On prépare pas une putain de sortie en camping, on vous demande pas de faire des sandwichs, on prépare des putain de funérailles alors si vous avez ne serait-ce qu'un tant soit peu de respect pour le professeur McGonagall, vous allez respecter ses coutumes et ses traditions et arrêter de créer des débats que personne ne le temps ni l'envie d'avoir. Vous avez l'honneur de vous occuper d'elle. Montrez-vous en digne.
Cependant cette altercation était dans le passé désormais et c'est dans un silence chargé d'émotion et de tristesse que le grand belliqueux regarda cette femme si forte passer à travers le voile meurtrier qui symbolisait l'entrée du royaume des morts. Minerva McGonagall était désormais perdue pour eux, corps et âme et cette idée chassa la passion brûlante qui brillait sans cesse dans les yeux du chef belliqueux pour n'y laisser qu'un vide immense et éteint.
La tête basse et après un instant de recueillement silencieux troublé uniquement par les sanglots de quelques uns, ils se mirent en mouvement pour rejoindre le lac ou chacun allait pouvoir profiter des souvenirs que les uns et les autres avaient partagé en ce triste jour. Silencieux comme une ombre, toute son explosibilité effacée, l'insurgé observa gravement les souvenirs des premiers, découvrant ce que ce professeur iconique de Poudlard était devenu après son départ, voulant se souvenir d'elle de cette façon tout autant que la dernière image qu'il avait eu d'elle, disparaissant derrière le voile.
Puis, sa propre pierre à l'édifice mémorial arriva et Alan pu assister comme tous les autres au premier cours de métamorphose d'une classe de jeunes novices en magie, leur étonnement de ne voir qu'un chat tigré assis avec raideur sur le bureau de leur professeur, puis leurs exclamations surprises lorsque ce chat se transforma en une femme de quarante-cinq ans aux traits sévères, mais absolument pas dénués de bonté, ni de beauté que le temps avait à peine commencé à altérer. Ce souvenir il le partageait pour rappeler à tous l'émerveillement de ce premier contact avec la métamorphose, à une époque ou McGonagall n'était pas celle qui accueillait les plus jeunes élèves, mais déjà celle qui imposait le respect et l'admiration dès les premières minutes de cours.
Voici quel était son dernier hommage à une femme qui avait su inspirer des générations d'étudiant. Un hommage fait de paix dans cette boule de violence qu'il était devenu. Un hommage simple d'un temps où le professeur McGonagall semblait indestructible.
-For auld lang syne.
Et pour une fois sa voix n'essaya pas de dominer les autres, mais de se fondre en elles, tout comme la lumière de sa baguette qui s'élevait vers le ciel.
Reprendre Poudlard? L’idée du siècle jusqu’à ce qu’on se rende compte que nous étions bloqués à l’intérieur. Bloquer, enfermer, isoler, coincer, immobiliser, fait comme des rats et encercler par des fans du théâtre Nô et de ses masques ridicules. Autant dire que j’avais vite déchanté et que sans ma louve, mes amis et la présence d’autres lycans, surtout un, j’aurai frappé longtemps sur cette barrière invisible qui nous protégeait et nous empêchait de partir également -Non cela ne signifie pas que je n’avais pas longuement essayé, oui, je suis têtue-. La « victoire » avait donc un goût amer. Mais nous avions tous eu de quoi nous occuper. Et les jours, semaines avaient filés et aujourd’hui nous devions préparer l’enterrement de l’ancienne Directrice des Gryffondor, un modèle de droiture, une guerrière que personne ne pouvait oublier. Loin des batailles féministes de certaines je m’étais contenté d’agir au moment opportun. J’avais choisi de participer à la récolte des souvenirs, cela me permettait d’y réfléchir moi-même. Mes études, Poudlard, ma première maison « magique ». Je me souvenais de tout cela avec une certaine nostalgie, les barques, le château, les escaliers, les hiboux… tout était nouveau pour moi. Extraordinaire, magique au sens premier du terme. Je n’avais pas dormi deux semaines durant, trop curieuse de tout et de tous à commencer par mon Directeur de maison dont un ancêtre n’était autre qu’un gobelin ! Mais me remémorer ses souvenirs ne faisait que raviver des braises encore douloureuses. Reaghan. -Traitre- Un ami, mon ami d’enfance. –Il t’a conduit derrière les barreaux- Et à partir de cet instant tout avait basculer… Oui mais aujourd’hui c’était bien des souvenirs avec le professeur de Métamorphose que je tentais de faire remonter à la surface et plus je cherchais plus je multipliais les sourire amusés de mes bêtises. Des souvenirs heureux, avec mon ami. Des souvenirs précieux. Comme ce tout premier cours ou j’arrivais presque en courant devant la salle de classe, j’avais passé une partie du mois qui précédait la rentrée à dévorer les livres de cours. D’ailleurs c’est exactement ce que je disais à Reggy ce jour-là. C’est métamorphose après, tu sais j’ai dévoré le bouquin, c’est juste dingue ce qu’on peut faire avec un bout de bois! A l’époque tout était nouveau et incroyablement attrayant. Nous étions entré dans la salle et avions rapidement découvert un chat installé sur le bureau.Han regarde y’a un minou qui veut participer aux cours, faut s’étonner de rien ici ! Après tout les tableaux discutaient bien avec moi alors pourquoi pas un chat qui suit les cours ! En trottinant je m’étais approché du chat et l’avait gratouillé derrière les oreilles sans avoir le droit a aucun ronronnement de sa part, l’ingrat. Il est marrant on dirait qu’il a des lunettes, par contre t’as vu il bouge pas, ‘doit plus être tout jeune ! Et, bien sûr, elle était apparu, juste devant moi. Ben merde, alors ça c’est trop class ! Je ne vous le fait pas dire. Vous allez nous apprendre à faire ça professeur ? C’est une possibilité miss Brain, une possibilité. J’y arriverai professeur, j’y arriverai ! Je n’en doute pas, la persévérance paie toujours. Retournez à votre place. J’apprenais quelques heures après qu’elle faisait le même coup à toutes les premières années, drôlement efficace pour nous mettre dans le bain en tout cas moi, ça m’avait scotché et ça n’avait fait que confirmer mon engouement pour sa matière. En bonne Serdaigle je profitais de chaque cours pour parfaire mes connaissances et elle s’était toujours montré très à l’écoute malgré la mauvaise volonté que je pouvais parfois démontrer. Vous viendrez me voir à la fin du cours miss Brain. Mais j’ai… A la fin du cours, merci. Je m’en souviens bien, pour une fois que je n’avais rien fait je trouvais ça dégueulasse de devoir rester alors que tous les autres allaient se rendre dans la grande salle pour le déjeuner. Mais j’étais resté, bien sûr, qui désobéirait à Minerva McGonagall ? Un problème miss Brain? Non, pas que je sache professeur. Et encore je m’étais retenue de lui dire « j’ai rien fait, c’est pas moi » ça sonnait vraiment trop coupable.Des devoirs moins complets, une participation devenue presque inexistante. Où est passé votre entrain pour la métamorphose ? j’sais pas… Je le savais très bien, et elle aussi. J’avais haussé les épaules et m’était mordu la lèvre inférieure avant d’avouer. Je deviendrais jamais animagus vous savez. J’avais 14 ans et j’étais devenue un loup-garou, elle le savait, les professeurs étaient au courant de ce qu’il m’était arrivé durant l’été et ils m’avaient tout de même accepté entre ces murs. Je sens encore sa main sur mon épaule et le ton de sa voix à la fois doux, chaleureux et toujours aussi sûr, rassurant, bienveillant bien que strict. En devenir un n’est pas une fin en soi. Vous ferez de grandes choses, vous en êtes parfaitement capable. J’serai jamais un chat à lunette alors. Non, vous serez plus que ça. Plus que ça, elle était une éternelle optimiste. Elle avait parfaitement conscience que ma vie serait sans aucun doute un peu plus compliqué que la normale mais elle avait confiance en moi tout comme Filius et ça c’était important, crucial. Merci professeur McGonagall. Vous me rapporterez donc deux parchemins sur les trois leçons que vous avez négligé depuis votre rentrée. Hein ? Mais… Oui? Seulement deux? Filez avant que je ne change d’avis ! Et j’étais parti en courant sentant sur moi son regard sévère et son mince sourire amusé aux lèvres. Elle aimait ses élèves, elle aimait tous les élèves. Oui, voilà les deux souvenirs que je voulais partager, que je voulais lui offrir pour son départ vers l’au-delà, vers un monde meilleur, je l’espérais même si je n’y croyais pas vraiment.-Le sang nourrit la terre- Oui, c’était aussi l’idée que je me faisais de la mort. J’avais assisté à sa mort, je l’avais vu passé au travers de cette arche, au travers du voile. Baguette levée nous répondions d’une seule voix, accompagnant son départ.
~ For auld lang syne ~
Nous nous étions tous rapidement retrouvés près du lac et comme convenu je versais les souvenirs dans la pensine de fortune afin que tout le monde puisse lui rendre un dernier hommage. Etrangement, un sourire flottait sur mes lèvres. Je m’étais légèrement éloigné du groupe, juste à quelques pas. Je fermais les yeux. La mort n’était pas une fin, tout juste un changement de page. En réouvrant les yeux je découvrais des petits groupes, tout le monde s’était instinctivement rapproché, des amis, des amants, des couples mariés. Même les loups s’étaient rapprochés de moi alors que je n’avais pas bougé. Parce que quand mon instinct cherchait vers qui me tourner pour trouver du soutien, ma tête, elle, savait qu’il n’était pas là. –Fenris- Octave. Oh, il n’était pas loin, je pouvais le trouver. Je sentais presque son odeur sur ma peau, ou celle de son fichu cigare dans l’air. Il devait observer, de loin, analyser la situation, compter ses hommes… Ou qu’il soit je savais que je pouvais le retrouver. –Facilement-. Alors je reste là encore quelques minutes, le sourire aux lèvres, sourire qui semblait rassurer les loups-garous les plus jeunes. Tout irait bien. McGonagall était un modèle et aujourd’hui elle nous envoyait un message d’unité. Une vie s’éloigne et d’autres naissent, c’est ainsi que le monde tourne et tournera toujours.
Les deux têtes s'écartent avec vivacité. Sur les visages adolescents s'étalent des taches écarlates et malgré la jeunesse, Merlin, malgré les années qui ont passé, qui ont usé, qui ont brisé, on ne peut pas ne pas le reconnaître. Les reconnaître. Devant les deux adolescents, quel âge ont-ils?, seize ans?, oh, à peine, une McGonagall plus jeune que celle que la majorité de ceux rassemblés ont connu. Pourtant, toujours la même. « Je suppose que vous avez une excellente raison de ne pas être d'ores et déjà dans votre Salle Commune, alors que le couvre-feu est dépassé depuis déjà deux minutes. Nous... nous étions en route, professeur, réussit à articuler Jillian, rejetant ses cheveux défaits dans son dos. Je dois avouer que j'en attendais plus de votre part, miss Hennessy, rétorque la voix sévère. Rejoignez votre salle commune. Llewellyn, restez. Bien professeur. » Le bruit des talons de Jillian s'éloigne, alors que le souvenir de sa main serrant la sienne déjà s'estompe. L'uniforme n'est pas aussi en ordre qu'il pourrait l'être, les cheveux rebiquent dans tous les sens, le regard bleu est pourtant respectueux. Humble, devant cette femme qu'il admire. Comme tous, n'est-ce pas ? « Le professeur Chourave m'a dit que vous pensiez devenir Auror. Oui. C'est... mon objectif, depuis un moment. Ce n'est pas vraiment un secret et s'il hésite avec le métier de duelliste, c'est la noble profession d'Auror qui se profile de plus en plus. Alors je compte sur vous pour améliorer encore vos capacités en Métamorphose. Votre Effort Exceptionnel à votre BUSE mériterait de devenir un Optimal. »
Et il y a quelque chose, dans ce regard qui se fait fier, quelques secondes. Dans cette bouche pincée, qui devient un infime sourire. Ce quelque chose qui remplit également de fierté le cœur et l'esprit d'un jeune homme de seize ans.
« For auld lang syne, professeur. »
(I'm just a soul whose intentions are good)
Il essuie les larmes de ses paumes râpeuses, se détachant de la foule rassemblée. Il a creusé cette tombe de ses mains nues – il a restauré celle de Dumbledore avec le plus grand des respects. Davius a été incapable de regarder le souvenir qu'il a donné à la Pensine, incapable de revoir le visage de Jillian, incapable d'assumer cette exposition de sa vie privée, tous ces regards pouvant le voir lui, la voir elle, les voir eux. Incapable de les entendre, comme il les entend toujours.
(il aurait tellement aimé qu'elle soit là, avec lui)
Son pas lourd l'emmène plus loin, jusqu'à ce qu'il voit uniquement le dos de ses amis, de ses alliés et des... des autres. Il doit aller en chercher d'autres. Des alliés, des ennemis. Ste-Mangouste, par tous les vénérables sorciers que Minerva McGonagall est enfin allée rejoindre derrière ce voile affreux, ils ont fait tomber une aile entière de Ste-Mangouste. Il doit aller les chercher. Ils ont besoin d'eux. Il ne sait pas encore qu'il se dirige directement dans la gueule du loup. Des loups. Il a prévenu Fred et Vincianne. Il a été incapable de rejoindre Keziah. Brice. June. C'est assez. Un elfe de maison l'attend, prêt à le faire transplaner hors des limites du château. « Merci. En avant pour... Il hésite. Il ne sait pas où aller. ... n'importe où. » Il trouvera bien.
Every new beginning comes from some other beginning's end
May 22th
Lavande, elle riait trop bruyamment, pleurait pour tout et n’importe quoi, s’égosillait plus qu’elle ne parlait, et même ses chuchotements parvenaient à grimper dans les aigus. Elle était exaspérante, indiscrète, comédienne, insupportable, mais elle était. À travers ses émotions un rien exagérées, ses états d’âme qu’elle baladait d’un couloir à l’autre, elle s’exposait sans retenue et sans pudeur, incroyablement humaine et terriblement vivante ; même ses remarques hypocrites, ses messes basses de harpie, sa façon de toiser, de juger, sa superficialité, cette façade maquillée, manucurée, coiffée, soignée, son orgueil souvent mal placé, tous ses défauts, elle les assumait avec une légèreté sidérante, qui semblait presque la pardonner. Elle aimait que ce soit cette image, que le professeur McGonagall ait gardé d’elle. Oui, c’était bien. C’était mieux.
« Il faudrait lui limer les ongles, » elle murmure, plus pour elle-même qu’à l’attention des autres. Au début, elle a hésité, à rejoindre ses anciens camarades de classe, convaincue qu’elle ne supporterait pas longtemps ce terrible spectacle. (Mais elle était moins sensible. Fondre en larmes, comme ça, au beau milieu d’une foule, ce n’était plus elle. Ça se bloquait là, dans sa gorge, et ça lui broyait le cœur, sans pour autant déchaîner ses émotions, autrefois à fleur de peau.) La lèvre inférieure prise en otage entre ses incisives, Lavande s’agenouille près de l’ancienne directrice de Gryffondor et s’empare doucement de l’une de ses mains, armée de sa lime. Le geste est délicat, précis, sans être lent – elle fait toujours preuve d’une efficacité redoutable, lorsqu’il s’agit de se pomponner. Et elle veut que Minerva McGonagall soit belle. Apprêtée. Car quoiqu’on en dise, ses robes de sorcière, son chapeau, jusqu’à son chignon serré, ne manquaient jamais d’élégance. Pour son dernier voyage, elle souhaiterait la voir aussi irréprochable que dans ses souvenirs, aussi fière et digne, en dépit de ce qu’ils lui ont fait. Une douleur familière lui vrille la poitrine, et d’un revers de main, elle prévient des sanglots imaginaires – non, elle n’y arrive pas. Lavande ne pleure pas. Elle continue de limer les ongles. De toute façon, McGonagall n’aurait pas toléré une hémorragie lacrymale en sa présence – ou du moins, l’une des siennes, « miss Brown, ne vous mettez pas dans tous vos états enfin ! ». L’ombre d’un sourire faiblard passe sur son visage impassible, trouble pendant une seconde sa concentration, et instinctivement, elle cherche le regard du professeur, s’égare un instant de trop – et rencontre le vide, si dévorant qu’elle baisse ses billes. Un début de colère s’immisce en elle, si bien qu’elle sent obligée de s’éloigner, une fois sa tâche accomplie. Elle ne retient pas ses larmes mais des cris, une violence mal maîtrisée, muselée, battant contre ses tempes jusqu’à la pulpe de ses doigts. Pourquoi ? Ce mot, ce seul mot, tournoie dans son esprit, phagocyte la plus insignifiante de ses pensées pour l’abrutir complètement – pourquoi ? Pourquoi eux et pourquoi elle ? (Et elle sait qu’il n’y a pas de réponse. Elle le sait, mais ne l’accepte pas.)
Le soir, plutôt que de retourner aux dortoirs, elle a erré dans le château, paumée. L’atmosphère a de nouveau changé depuis qu’ils ont réclamé Poudlard, sans redevenir celle dans laquelle elle avait grandi. Les corridors, les tableaux, les vitraux, cette myriade de petits détails étrangers, ne lui évoquent finalement rien, sinon un vide singulier. Comme si elle n’avait jamais étudié ici, ou qu’elle redécouvrait les lieux à travers un regard moins pétillant (innocent). Ses doigts frôlent les fissures des murs, se promènent sur les tapisseries, et bientôt, elle trouve refuge sous les arcades de la cour intérieure – ou plutôt, elle s’incruste sans mot dire face à Elias Rosier, qui termine une cigarette. Il n’y a pas grand-chose à dire, vraiment, mais sa présence la réconforte. « T’as pas l’impression que le temps s’est suspendu ? » elle lance, adossée contre une colonne. Le regard vagabonde vers le firmament où scintillent faiblement deux ou trois étoiles égarées. « Un peu, » il répond. Un peu. Elle n’a jamais vu Poudlard si vide, même la fois où elle était restée pendant les vacances de Noël. C’était exceptionnel, et sans Parvati, elle s’était ennuyée à mourir. Elle avait cependant appris à Fay Dunbar à s’appliquer correctement son eyeliner et ensemble, elles avaient passé des jours entiers à contacter les esprits avec une boule de cristal empruntée au professeur Trelawney (sans succès, bien sûr, sauf pour cette porte qui avait claqué sans raison). « On dirait– elle pointe son index vers le ciel noir, la Grande Ourse. — Mmh ? Elias lève le nez à son tour, plisse les yeux, je suis pas sûr… » Ils inclinent simultanément la tête, et à Lavande de secouer la sienne, « je te jure que si. J’étais douée en astronomie. — Mais il en manque une partie… » Et au moins, ça leur a occupé l’esprit une bonne heure, de se chamailler.
May 23rd
Aujourd’hui, ce n’est pas un jour comme les autres. L’angoisse a cessé de lui grignoter les tripes, comme engloutie par le trou béant qui lui déchire le ventre, et elle croit renouer avec un passé qui lui paraît trop lointain pour être le sien, alors qu’elle tend à quelqu’un un morceau de tartare en échange de la fiole qui contient son souvenir. Elle a du mal à y croire, que le professeur McGonagall ne soit pas avec eux. Elle a du mal à y croire, que cette guerre se terminera sans elle. Elle a du mal à y croire, que son enterrement se prépare à quelques mètres de là. Soudainement, l’ambiance était devenue pesante, mais d’une manière différente ; ce n’était plus la fatigue, l’impression de protéger un fort, d’ériger un rempart contre leurs ennemis ou l’enfermement. On ne se disputait plus dans les dortoirs, on ne murmurait plus ses inquiétudes au détour d’un corridor, on n’osait plus élever la voix. Ses doigts frappent nerveusement le tas de tartans qui se trouve devant elle. Ses gestes sont machinaux, tandis qu’elle aligne les fioles, glisse ici et là des merci à peine audibles, des c’est pour couvrir ton miroir n’oublie pas. Les conversations deviennent si dérisoires, et les mots si inutiles. Il n’y a rien à dire, songe-t-elle. Elle n’a toujours pas choisi son souvenir, Lavande. Elle cherche, fouille les tréfonds de sa mémoire, et ça la blesse, de se rappeler ; mais elle y réfléchit, intensément. Les cours de métamorphose, les longs parchemins à rédiger (pourquoi s’y prenait-elle si tard à chaque fois), ce regard sévère qui pourtant les dardait avec une bienveillance voilée, le chapeau pointu qu’elle pouvait distinguer dans une foule d’étudiants se pressant dans les couloirs. Cette admiration sans borne qu’elle avait pour cette grande dame — c’était au moins quelque chose que tous partageaient, l’honneur d’avoir été son élève et le respect infini qu’ils lui vouaient. Lavande n’était pas la meilleure, en métamorphose. Elle brillait davantage en sortilèges et en botanique. À une époque, la matière l’ennuyait, elle rechignait à se traîner en cours, se cachait au fond de la classe avec Parvati et bavardait — encore insouciante, profondément ancrée dans le présent, et trop préoccupée par le dernier petit ami de Sally Ann Perks pour se concentrer sur la définition du sortilège d’apparition. Des « miss Brown ! », elle en avait entendu plus qu’à son tour, dans la salle de classe du professeur McGonagall. Elle voudrait les entendre de nouveau. Juste un, encore une fois. Avoir seize ans, se sentir protégée, pouvoir courir dans son bureau si quelque chose la tracassait, lui demander conseil, parce qu’elle pensait devenir guérisseuse, pendant un moment (mais ça, évidemment, personne ne s’en serait douté, c’était trop sérieux pour elle, une carrière pareille).
« Miss Brown, revenez ici ! » Interrompues dans ses cancans, Lavande se retourna en même temps que Parvati vers le professeur McGonagall, dont la démarche pressée n’augurait rien de bon pour elle — et le regard mi-inquiet mi-agacé qu’elle jeta à sa meilleure amie n’échappa pas à la directrice de Gryffondor. « Je suis certaine que vous n’aurez pas besoin d’un témoin ou, elle ajouta, un brin sarcastique, d’un avocat. Vous pouvez partir Miss Patil. » La mine déconfite, les inséparables échangèrent une œillade dubitative mais Parvati s’exécuta sans se faire prier davantage, et ne restèrent qu’elles deux, dans un couloir qui s’était vidé d’élèves. (Mince. Elle arriverait encore en retard aux serres… et le professeur Chourave ne se montrerait peut-être pas aussi indulgente que d’habitude.) « Vous n’avez pas repris métamorphose cette année ? » Ah. C’était donc ça. Les billes un rien fuyantes, Lavande osa mollement les épaules, penaude. Elle ne savait pas vraiment quoi dire, ni comment se justifier, mais elle était persuadée que cette décision coulait de source. Non ? « Vous avez validé votre BUSE pourtant. — Oui, qu’elle lâcha péniblement, mais… (elle avait travaillé, et ça avait été un coup de chance, de tomber sur le sortilège de disparition à l’épreuve pratique) je ne pense pas être capable de suivre le programme de cette année… » McGonagall leva les yeux au ciel et échappa un « tsk ». « Miss Brown, vous allez avoir besoin de la métamorphose pour vos ASPICS, Sainte-Mangouste ne- — J’ai changé d’avis, » elle l’avait coupée d’un ton nerveux, et le regretta aussitôt. Il fallait décrocher un Effort Exceptionnel, et elle ne l’obtiendrait pas avec un coup de pouce du destin, celui-là. Son professeur arqua un sourcil. « Vous devriez arrêter de vous faire plus bête que vous ne l’êtes et prendre confiance en vos capacités. » Était-elle agacée ? À en juger par l’inflexion de ses sourcils et sa lèvre retrouvée, elle se doutait que… oui. Pour la première fois depuis qu’elle était à Poudlard, Lavande Brown ne s’était pas attirée les foudres de Minerva McGonagall parce qu’elle était pipelette ou de mauvaise foi (surtout lorsqu’elle tentait de négocier un délai pour ses parchemins à rendre), mais parce qu’elle s’avouait vaincue. « J’espère vous voir demain matin, à dix heures. — Mais professeur… — Dix heures, Miss Brown. Dépêchez-vous d’envoyer un hibou à Fleury & Bott pour obtenir les livres du programme dans les meilleurs délais. »
À l’époque, elle avait seulement entendu l’ordre, et pas le conseil implicite – et Merlin, ce qu’elle avait morflé, avant de se hisser au niveau du reste de la classe. Elle s’éloigne alors du groupe, une fiole à la main, et y glisse son propre souvenir, non sans un pincement au cœur – déjà fêlé par endroit. Elle déglutit aussi. A la vague sensation d’avoir été frappée dans l’estomac. Elle cadenasse son bras autour de celui d’Emily, et sa baguette tremble, dans sa main. Elle peine à distinguer les visages, les armures de pierre, comprendre, réellement, ce qu’il se passe autour d’elle, figée dans le brouillard. Elle évite l’arche, le voile, les voix qui s’en échappent quand il se soulève. Tout. « For auld lang syne. » Lorsqu’elle disparaît, la grande dame, avalée par, elle l’espérait, un monde meilleur, et qu’ils s’avancent en cortège silencieux vers le Lac Noir, Lavande réalise qu’elle sanglote. Des hoquets se cognent dans sa gorge, et quelques gouttelettes saumâtres roulent contre ses joues. Elle ne les essuie pas. Et au contraire, à travers ses larmes germe un sourire éclatant, tandis que le voile brumeux de leurs souvenirs se joue sous leurs yeux. Peut-être parce qu’il y a encore un peu d’espoir. Peut-être parce que Minera McGonagall n’a pas disparu pour qu’ils se lamentent sur son sort – peut-être parce qu’il y a encore quelque chose à faire. Alors dès la fin du service, elle se rue sur Neville, « ce dont tu m’as parlé, elle halète, je suis d’accord. Je viens avec toi. »
C’est dans un geste las qu’elle se pose lourdement sur le lit improvisé. Avant d’être un fatras de draps, il était un banc miteux, un banc dans le vestiaire destiné aux joueurs de Quidditch - Quidditch auquel elle ne jouait qu’occasionnellement, Quidditch pour lequel elle ne s’est jamais passionnée, bien qu’elle se souvienne de l’euphorie des matchs et des commentaires de Lee Jordan. Un vestiaire, c’est tout ce qu’il leur faut, ça leur suffit, à eux, les Belliqueux. C’est trop petit, elle se sent oppressée, comme en manque d’air. Elle doit partager son espace vital avec un Alan qu’elle abhorre à présent ; avec Davius, Elli, Hazel dont elle essaye de faciliter le quotidien mais qui sonnent toujours comme des étrangers malgré les batailles menées sur le même front ; avec Elias et Kid, enfin, éternelles sources de réconfort dans le chaos qu’est devenue sa vie.
Etendue, les yeux rivés au plafond, désoeuvrée, elle attend quelque chose mais sans trop savoir de quoi il s’agit. Elle est tellement fatiguée que ses pensées ne parviennent plus à s’organiser (si jamais elles ont su un jour). « Fauve » lance une voix en guise de salut, alors qu’une présence passe la porte d’un pas trainant. Présence étrangement familière, d’ailleurs ; la sorcière relève les yeux pour croiser ceux d’Elias. Ils sont si semblables, regards miroirs, regards océans, bleu pénétrant, couleur profondeurs. La Rosier tente une ébauche de sourire à l’adresse de son cousin, elle se souvient comment il faut faire : les commissures des lèvres doivent se relever, et ensuite… et ensuite ? Ah oui, il faut que ça sonne vrai, que ça ait l’air sincère.
Elle se force, elle s’escrime, se bat avec elle-même et ses traits de visage qui refusent le calme, refusent le bonheur, refusent la sérénité et l’épanouissement. « T’as entendu la nouvelle ? » qu’il demande finalement, en s’asseyant sur le lit d’à côté. Il a les genoux écartés, les coudes posés dessus, la tête en équilibre sur ses poignets. Il a l’air détendu, l’air de savoir ce qu’il fait, son mentor. « Laquelle ? » balbutie Sansa, l’air désintéressé, tout en jouant avec un pendentif cassé qu’elle a trouvé dans un couloir, le triturant entre ses ongles trop longs (ses griffes en devenir). Ses jambes sont croisées, pleines de raideur, elle bat une mesure inconnue avec l’un de ses pieds, qui tressaute nerveusement au gré de cette mélodie que personne n’est capable d’entendre. « Les protections ont été fixées, à ce qu’on m’a dit. Les défauts résorbés. On va pouvoir sortir. » Fauve bondit, soudainement redressée, brutalement alerte. Sortir, qu’il a dit.
Partir. Oh, partir, elle en a rêvé. Pouvoir quitter le château et laisser derrière elle cette immonde impression d’être une bête sauvage en cage. Ce château, pourtant, elle l’aime. Ou plutôt, l’aimait. C’est différent maintenant. Elle ne saurait pas dire clairement ce qui l’angoisse quand elle déambule dans les couloirs, quand elle passe devant les armures (ces mêmes armures qui, animées par des sorts vicieux, ont essayé de les tuer, Kid et elle, à leur arrivée). Mais elle sursaute au moindre bruit, évite les conversations, fuit les visages. Elle s’isole dans des recoins, se noie dans le travail. Sansa, elle s’est proposée pour s’occuper des otages, ça lui prend un temps fou, mais ça lui fait du bien, ça l’occupe, l’empêche de réfléchir. Elle s’est découverte plus douce qu’elle ne le pensait, s’est mise à parler avec certains détenus. Au début, l’impression détestable de sympathiser avec l’ennemi s’est imposée à elle, mais elle a finalement été capable de voir les nuances, découvrir les motivations cachées derrière les actes de ces inconnus. Inconnus qu’elle connait presque mieux, finalement, que ces propres collègues insurgés. Drôle de pensée que celle-ci.
« Sansa ? » Chacune de ses journées a été passée dans les souterrains, dans l’ombre humide et rampante, cachée de la lumière du soleil, par choix. Au milieu des pierres ancestrales, elle s’est laissée mourir à petit feu, s’est efforcée de faire taire le fauve, de le laisser prendre de la distance, de l’affaiblir. « Sansa, je te parle. » Chacune de ses nuits a été passée ici, d’abord le sommeil lourd et soudain provoqué par la fatigue, presque comateux, dénué de rêves et de cauchemars, dénué d’odeurs et de sensations ; puis le réveil, trop tôt, alors que les autres dorment encore, le réveil et l’insomnie inévitable, mais pas entière, celle qui alterne avec des phases de presque nuit. « Désolée » s’excuse Sansa, alors qu’Elias s’impatiente. « Où est-ce qu’on va aller ? » Où est-ce qu’on va aller maintenant que le repaire a été saccagé ? Elle est au courant, elle en a entendu parler, c’est toujours comme ça qu’elle sait les choses, par des non-dits et des rumeurs de couloir. Elle ne cherche pas les informations par elle-même, elle laisse couler, attend que ça lui tombe dessus, se laisse vivoter au gré des annonces faites par les autres. Elle est curieuse mais lasse, intelligente mais détruite.
Il lui semble que plus rien n’a d’importance.
Cet asile, de toute manière, cette planque glauque où les Belliqueux logeaient, elle n’a jamais pu le supporter. Il aurait du être sa maison, pourtant ; il a été l’endroit où elle est rentrée régulièrement, et ce pendant de longs mois. Elle y a discuté avec Elias, pendant de nombreuses soirées. A tenu tête à Alan, souvent. A laissé Emily venir dans son lit pour veiller son sommeil torturé, quelques fois. S’est glissée contre le dos de Kid pour s’endormir dans sa chaleur, chaque nuit où elle s’est sentie sur le point de se briser. Mais ce n’était pas chez elle pour autant ; chez elle, c’est les bourrasques salées de la mer, les falaises piquantes, l’eau déchainée, et la maison familiale des Rosier qui trône au milieu de ce merveilleux chaos, cette maison oubliée des autres, chérie par eux (Simon). « Où est-ce qu’on va ? » répète Elias, perdu. Elle hoche la tête, déterminée, le regard un peu fou. Il faut qu’elle parte. Elle a envie de partir. Elle a besoin de partir. Partir partir partir. Elle va s’étioler sinon. S’étioler et disparaître hors du monde.
May 22th
Les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. Forcément, Sansa fait partie de ceux qui rechignent un peu. Ses dents (ses crocs) grincent d’agacement froid. Foutu fossé qui les sépare. Elle ne dit rien mais elle n’en pense pas moins ; elle se contente de lever les yeux au ciel, ils ne veulent pas redescendre, ils restent bloqués sur le plafond de la Grande Salle. Ce plafond, il fait partie des choses qui l’ont fascinée lorsqu’elle est arrivée en première année, minuscule mais déjà impulsive, les effluves de l’enfance dorée des sangs-purs encore accrochées à sa peau, cette enfance faite de privilèges mais gribouillée par les deuils. Tandis qu’Alan se lance dans un discours moralisateur entrecoupé de jurons, elle se remémore la répartition, sa répartition, l’hésitation palpable du Choixpeau entre Serdaigle et Serpentard, puis enfin son entrée chez les vert et argent. Drôle d’évènement que de préparer l’enterrement de l’une des Gryffondor les plus emblématiques, sans subir en toile de fond l’éternelle rivalité opposant le serpent et le lion. Sansa, elle s’en souvient comme si c’était hier, l’accession à son statut d’animagus, elle se souvient des heures de travail acharné qui la plongeaient dans un état second, de la pratique et de l’entrainement solitaires pour parvenir à un métamorphose complète, puis des conseils qu’elle allait demander à McGonagall d’une voix minime, de celle qui ont peur de déranger, contrastant avec le regard fougueux et enflammé qui la composait déjà à l’époque. C’était pour se canaliser, qu’elle faisait ça, qu’elle voulait se transformer. Donner un corps au monstre au fond d’elle, pouvoir dissocier la partie humaine de la partie animale qui la rongeait de l’intérieur. A l’époque, elle pensait que ce serait pour le mieux. Plus simple. Plus confortable.
Maintenant elle le sait. Que c’était peine perdue. (Tellement vain). Elle s’en est rendue compte.
« Tais toi » qu’elle marmonne à son leader en se détournant. Il ne l’entend pas, tant mieux. Sansa, elle sait ce qui la dérange : elle voudrait le voir mort. Douce ironie que d’avoir ce genre de pensées en préparant le départ d’une âme pour l’autre monde. Mort comme elle a vu Morgana, la précédente chef des Belliqueux avant l’arrivée au pouvoir d’Alan, mourir lors de l’offensive mangemorte sur Godric’s Hollow. Elle a quelque chose, Sansa, quelque chose qui semble porter la poisse à ses dirigeants, une haine de l’autorité tellement brulante que les têtes en haut de la hiérarchie ont tendance à dégringoler (au bas de l’échelle, sur le sol). Par respect pour celle qu’ils sont tous venus honorer, elle ne dit pas un mot de plus, ne fait pas d’esclandre, se contente de baisser la tête (geste inhabituel) et de courber l’échine en se mordant la lèvre de rage. La rage, elle est perpétuelle. Elle la tient vivante.
Des visages connus se succèdent tout au long de la journée : Hermione, qu’elle détestait sans véritable raison apparente à Poudlard mais qu’elle estime à présent ; Harry, qui lui remémore ses échecs amoureux cuisants ; Marie, qui propose de récolter des souvenirs pour la pensine. Lorsqu’elle s’approche, Sansa commence un geste de négation, puis la culpabilité se peint sur son visage. Elle a l’impression de contrevenir aux usages, d’être égoïste, de ne pas honorer l’ancienne professeure comme il se doit. « J’suis désolée, c’est que… j’en ai pas à donner. » C’est faux ; elle en a, forcément ; comment une animagus pourrait-elle n’avoir rien partagé avec le professeur de métamorphose ? (Et la surprise de voir qu’elles étaient toutes les deux des félins, et le manque de contrôle de la blonde, et la façon si surprenante dont McGonagall parvenait à la canaliser chaque fois). Mais ils sont siens, ancrés tout au fond, là où ils resteront pour toujours sans jamais être dépoussiérés. Et elle est trop bloquée pour se permettre de les laisser sortir devant tout le monde. Les morts, c’est tabou. C’est secret. On en parle pas, on en fait rien, on les montre pas.
Saigne en silence et c’est tout.
Alors elle fait ce qu’elle fait le mieux : elle travaille en silence à la préparation de la Salle sur Demande, sans s’arrêter pour reposer ses muscles endoloris, sans chercher à respirer cet air qui empoisonne ses poumons mais qui reste tout juste assez bon pour la maintenir en vie. Puis vient une nouvelle annonce : l’hôpital Sainte Mangouste est retourné à l’état de poussière. L’attentat organisé par les Belliqueux l’a réduit à néant. Des murmures indignés se font entendre : c’est horrible, dit-on, tant de victimes. Mais c’est la guerre, à quoi s’attendaient-ils tous ? Les victimes nourrissent l’engrenage, il en faut, c’est le but, le principe, et les enfants ne sont que de pauvres dommages collatéraux dont la vie n’aurait de toute façon pas été heureuse. Elle est monstrueuse, peut-être bien qu’elle cautionne. Elle n’est pas sure, il lui semble qu’elle est un peu vide. Certains se tournent vers elle, le regard lourd de reproches et hérissé de piquants corrosifs, comme si elle avait aidé à commanditer cette opération échouée (elle ne l’a pas fait, pourtant). La seule chose qui l’atterre réellement, cela étant, c’est l’inefficacité dont son groupe a fait preuve : les victimes n’ont pas été celles qui étaient escomptées.
Tant pis. Il faudra recommencer une autre fois.
May 23th
L’envie de vomir refuse de la quitter. Pourtant, elle s’est promis de ne rien montrer. Des enterrements, elle en a (trop) vu. Il y a eu son frère, tué par Maugrey, mais elle était trop jeune, elle ne le compte pas vraiment. Il y a eu sa mère, qui s’est suicidée à cause de son troisième oeil ; mais elle était trop jeune, elle ne la compte pas vraiment. Il y a eu son père, mort de chagrin peu après (il était la preuve que l’amour existe et il en a crevé), mais elle était trop jeune et… et puis il y a eu Yselia et Yselia, sa frangine, elle s’en souvient. Aujourd’hui, elle couvre son miroir rougeoyant comme le veut la tradition en se disant avec amertume que ce n’est que la suite des évènements. Les gens naissent et les gens s’éteignent, c’est tout. Elle aurait aimé, pourtant, une mort différente pour McGonagall. Autre chose que cette enveloppe sans vie (sans vie apparente tout du moins, car toujours réside au fond de la blonde la peur, ou peut-être bien l’espoir, qu’elle ne soit pas totalement morte), cette peau décharnée enchainée. Se dresse le voile, au milieu de la salle, aussi resplendissant qu’imposant. Les voix chuchotent, murmurent, Fauve se ferme. Qu’ils se taisent. Tous. Qu’ils. Se. Taisent. Tous.
Elle n’a rien à dire, elle n’a pas de mots.
L’arc de cercle humain est rapidement formé, terrible dans sa perfection. Toutes les mains triturent le bois des baguettes. Sansa entend un sanglot, elle se mord l’intérieur des joues pour ne pas suivre. « For auld lang syne » clame l’assemblée ; mais les mots restent piteusement bloqués dans la gorge de la belliqueuse qui se retrouve condamnée à simplement serrer les dents. A côté d’elle, Kassidy se tient droit, l’air aussi revêche qu’elle, comme prêt à tout encaisser. Mais elle le connait, fruit de multiples missions, de journées éreintantes et de nuits passées sous des étoiles angoissées. Elle sait déchiffrer les marques de la tristesse qui se cachent sous ses traits. Il préserve les apparences. La plupart s’efforcent de le faire. Lorsque la chaise s’élève avec délicatesse, la sorcière baisse les yeux. Elle en a trop vu, ses rétines brulent, réclament les larmes salvatrices qui refusent pourtant de couler, trop têtues pour bien vouloir se laisser glisser. Alors que McGonagall passe le voile, Fauve fixe ses doigts trop fins, trop blancs, semblables à des branches mortes chahutées par le vent, à l’image de dix petits cadavres qui convulsent (parce qu’ils tremblent, oh, ils tremblent tellement).
Elle trébuche alors qu’ils se remettent en mouvement vers le lac noir ; Kid rattrape son bras d’une main douce pour l’empêcher de tomber. Un remerciement par les yeux, puis la descente, interminable, jusqu’au trou destiné à accueillir la baguette de Minerva. Les souvenirs défilent sur l’écran de fumée, diffèrent selon les points de vue, mais tous relatent ce savant mélange de fermeté et de douceur, cet air strict tempéré par des bonnes actions, cet accent bien distinct et capable de prononcer des bénédictions.
Partir, partir, partir. Pitié, partir, pitié.
Une fois toutes les baguettes dressées vers le ciel en guise de dernier hommage, toutes les baguettes sont contraintes de se baisser. Et soudainement, Sansa est incapable de savoir quoi faire. Tout lui semble lointain, vain, relégué au second plan. Elle n’a que ses yeux pour pleurer, mais les voilà qui se contentent de rester désespérément secs. Rien ne lui fait envie et la détermination qui la maintenait en vie s’est comme étiolée, comme envolée au travers du voile, elle aussi. Certains sorciers se rapprochent, des groupes de réconfort se forment ; mais elle, elle s’éloigne. La sensation d’être isolée au sein même d’une résistance qu’elle s’est pourtant acharnée à construire avec les autres refuse de la quitter. Quelques secondes de vague, de vide, de battement avant qu’elle n’entende un souffle s’approcher. Kid et elle restent côte à côte en silence pendant quelques minutes, sans oser se regarder. D’un geste absent, elle gratte le tatouage floral qui lui dévore à présent tout le bras droit, une rose s’ajoutant régulièrement à la branche déjà bien garnie. Elle a pris soin, pour l’occasion, de muer les couleurs en variations de noir et de gris. « Faut que j’me tire. » J’crois que j’explose, y’a que ça qui pourrait me sauver, j’arrive plus à respirer. Enfin, elle parvient à affronter ses yeux. « Tu voudrais… tu pourrais… » Venir avec moi. « Venir ? » Inspirer, expirer, ne pas laisser la boule horrible qui loge dans la gorge gagner. Ne pas pleurer, cesser de trembler. La blonde lève les yeux au ciel avec un rictus moqueur, agacée par sa propre faiblesse. Elle se sent tomber en lambeaux, et c’est tout naturellement qu’elle s’agrippe aux vêtements de Kassidy, se rapprochant de lui pour se laisser aller contre son torse, lovant sa tête dans son cou. Trop longtemps qu’elle résiste au moindre rapprochement, trop longtemps qu’elle lui résiste, à lui, tout ça pour ouvrir les yeux au bord du lac noir.
« S’il te plait ? »
Emmène moi loin, on ira où tu veux, on a qu’à tout plaquer le temps d’aller mieux. Moi j’te suivrais là où tu te sentiras heureux parce que j’ai l’espoir fou de m’y sentir heureuse aussi.
Dernière édition par Sansa Rosier le Lun 8 Aoû 2016 - 1:38, édité 1 fois
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