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sujet; [Janvier 1979] Big bad wolves + Augustan |
| Maintenant qu’il avait suffisamment acquis son petit serviteur à sa cause à grand coup de biberon d’amour simili-paternel, de perfusion d’estime et d’intraveineuse de compliments, il fallait commencer à le sevrer. Vrai, on ne faisait pas grand-chose d’un gosse perdu en manque de reconnaissance, on ne faisait pas non plus des exploits avec un sbire pourri d’éloge. Il fallait trouver le juste milieu, et cela faisait longtemps que Voldemort avait mis le doigt dessus, sur cette bonne mesure. On lui donne ce qu’il n’a jamais eu, jusqu’à ce qu’il devienne complètement accroc — ce qui n’était jamais bien dur. Ensuite on le lâchait, période de sevrage. Il reviendrait toujours les oreilles rabattues prêt à n’importe quoi pour une flatterie. Ce prêt à n’importe quoi c’était exactement ce qu’il recherchait. Prêt à terroriser, prêt à tuer, prêt à obéir aux moindres de ses ordres : parfait. Mais avant fallait le lâcher. « Je n’ai plus rien à t’apprendre, quant à la legilimancie Rabastan. » le jeune sorcier se tient droit devant lui, il a cette posture particulière qu’il adoptait machinalement dès qu’il se trouvait face à une personne qu’il estimait supérieure à lui (à juste titre) : droit, les mains dans le dos, les yeux qui vous fixaient et un air d’attente de d’écoute savamment travaillé. Son père l’avait bien dressé, ça ne lui faisait que moins de travail pour lui. « Je vais te donner le nom d’un de mes… partisans » il sourit légèrement en disant ces mots. Il se sait séduisant, il se sait charmeur. Rabastan a presque les yeux qui brillent. C’est si simple qu’il en rirait bien. « Tu iras le voir, lui dire que c’est moi qui t’envoies. Il saura quoi faire de toi. » Le jeune Lestrange hoche la tête, toujours silencieux. « Augustus Rookwood. Ça te dit quelque chose ? » Et comme toujours quand on lui posait une question directement, il répondait automatiquement, d’un ton d’une neutralité toute calculée. C’est si drôle, il pouvait voir absolument tous les mécanismes de son cerveau se mettre en marche. « J’en ai entendu parlé Maître. Mais je ne le connais pas personnellement. » Nouveau sourire à demi reptilien. « Je suis certain que vous vous entendrez… à merveille. Allez. Va. » Une courbette, moins fluide que le reste de ses actions — son père ne l’avait pas habitué à s’incliner, une unique erreur dans une éducation sinon irréprochable — et le garçon s’en va. Il ne lui donnait pas trois mois avant qu’il ne vienne ramper devant lui pour lui prouver l’étendue de ses capacités, la force de sa loyauté et son incommensurable désir de le servir. Un rire froid. C’était si simple.
Rabasta se tenait devant la porte d’un appartement, dans Londres. Là où logeait le dénommé Augustus Rookwood. Très franchement, Rabastan n’avait aucune attente. Il avait appris ça, au fil des années, à ne pas s’attendre à grand-chose. Mais ce n’était pas une raison pour mal se tenir ou que sais-je. Planté devant la porte, avec la sensation d’être tout autant à sa place qu’un palmier en Alaska, il scruta ses vêtements plusieurs fois de suite avant de passer sa main dans ses cheveux, pour les rabattre un peu plus sur le cotés. Il ne devait pas faire mauvaise impression — surtout pas. Il n’y avait pas que son père qu’il risquait de décevoir dans cette affaire, il y avait aussi le Maître. Et Rabastan préférait encore se prendre une raclée paternelle plutôt que de devoir essuyer un regard déçu du Lord. Il tire sur ses manches, mécaniquement, et toque à la porte. Trois coups secs, espacés juste comme il fallait. Il inspire. Expire. Se tient droit, les mains dans le dos, le menton légèrement relevé. Quand la porte s’ouvre finalement il retient un instant son souffle. Alors donc c’était lui Monsieur Rookwood ? Rabastan se souvenait de l’avoir vu… peut être en compagnie de son frère et de sa belle sœur — ce n’était clairement pas à exclure. Ils devaient faire approximativement la même taille mais il lui semblait que le Mangemort était plus grand que lui. Il déglutit avant de prendre la parole, pour ne pas laisser à l’homme le temps de trop longtemps s’interroger sur la présence à son pallier d’un jeune inconnu (à moins qu’il ne sache déjà qui était Rabastan… ce qui n’était pas non plus complètement improbable) : « Bonjour Monsieur. Je m’excuse de vous dérangez, je suis Rabastan Lestrange et on m’a demandé de venir vous retrouver. » Il hésite un bref moment sur comment mettre les formes, il n’avait pas de Marque sur son avant bras à brandir pour prouver sa bonne foi, ou même sa provenance, parce qu’il fallait avouer que pour le moment il était plutôt vague. « Il m’a assuré que vous sauriez me guider et m’instruire. » Bon, à ce niveau là le brave homme devait se douter qu’il ne parlait pas du concierge de l’immeuble. Et puis son nom de famille jouait pour lui ; on associait facilement Lestrange et magie noire. |
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| When you're rolling like a stone, When you're shaking in your bones, I'll be waiting here for you. When you're running from your ghost, And there's nowhere left to go, Don't you go. I'll take you to Salvation.
Augustus alluma sa cigarette avec une précision religieuse, inspirant la première bouffée de nicotine avec un sourire de contentement, reposant bientôt le zippo sur la table basse lui faisant face. Il ne se souvenait plus à qui cela appartenait, mais dans ces dimanches matins où il se réveillait avant tout le monde, il considérait toujours les affaires de ses invités comme les siennes. Il regarda un instant la fumée s'échapper de ses lèvres et s'évaporer devant lui, avant de s'attarder un instant sur le spectacle sous ses yeux. Affalé sur son canapé, ayant vue sur sa chambre depuis le salon, il observait les divers corps nus et endormis dans son appartement. Il se doutait qu'il devait il y en avoir d'autres dans son bureau, sans qu'il puisse se souvenir exactement de qui cela pouvait bien être. Il prenait toujours soin d'inviter des personnages absoluments insignifiantes et incapables de lui faire le moindre mal social dans ces nuits où il pouvait enfin se détendre. Les fesses parfaites d'un de ses amants de la veille étaient dans son parfait angle de vue, et cela le fit sourire. Augustus Rookwood était un employé parfait. Il arrivait à l'heure, repartait tout juste quinze minutes en retard, était sérieux, poli, aimable, chaleureux, toujours prêt à soutenir les nouveaux dont tout le monde se lassait. Malgré ses lourdes attentes, sa haine des retards et ses rares colères – toujours justifiées – il était un homme largement apprécié, reconnu, mais bien peu célèbre. Il se fondait dans la masse, sans que l'on puisse véritablement l'oublier. Il avait cette allure de charisme négligé qui le rendait quasiment invisible, juste le temps de revenir quémander doucement quelque service oublié. Augustus Rookwood était un homme modèle, en semaine on pouvait les voir aux soirées mondaines, souvent bien accompagné, la discussion aisée, toujours d'accord avec les personnes qu'il fallait, terriblement politiquement correct, avec ce petit quelque chose dans le regard qui les empêchait de le juger trop sérieux, ou trop coincé. Peut-être parce qu'il faisait un point d'honneur à ne jamais parler du travail en dehors de celui-ci. Car, et ce malgré toutes ses qualités, Augustus Rookwood n'était pas du genre à finir marié à son travail. Il était là pour être accepté, qu'on l'oublie, qu'il puisse faire son affaire et, surtout, qu'il puisse passer ses week-end à tranquillement abuser du corps des hommes, des plaisirs de l'orviétan et des abysses de l'alcool. Sans oublier les meurtres et missions qu'il accomplissait au nom du Lord, ce qui ne manquait pas de le détendre. Il était en train de se demander ce qu'il pourrait bien se cuisiner avant de commencer à renvoyer tout ce beau monde chez eux lorsque quelqu'un toqua à la porte. Et cette façon de toquer, si propre, si soignée, ne venait certainement pas d'un de ses voisins. Ils n'oseraient pas venir se plaindre du bruit de la veille. La Langue-de-Plomb avisa de son horloge, qui lui indiqua qu'il était en effet pas loin de onze heures. Il n'avait dormi que trois heures, heureusement qu'il pourrait rattraper tout cela en semaine. Il se leva tranquillement, avisant de son reflet dans le miroir, complètement nu, et détermina qu'il serait sûrement une mauvaise idée d'aller accueillir ainsi l'imbécile qui venait le déranger un dimanche matin. Dans un soupir, il fit son chemin jusqu'à son dressing, enjambant un corps et quelques bouteilles, maudissant intérieurement tout ce bazard de ne pas être capable de se ranger tout seul. Même si, en vérité, il adorait l'immense désordre qui régnait dans son appartement londonien ces lendemains d'orgie. Cela changeait du terrible vide ordonné de son manoir familial. Quelques minutes à peine plus tard, il était coiffé, habillé – en civil, il ne sortait pas de costume si cela n'était pas nécessaire, cela lui rappelait trop le travail – et prêt à renvoyer l'intru chez lui, s'il n'avait pas déjà renoncé. En tout cas, il n'avait pas insisté, et pour cela il devait être bien éduqué. La porte enfin poussée, Augustus se retrouva face à Rabastan Lestrange. Et, Merlin merci, il avait assez d'expérience en comportement sociopathique pour ne pas laisser paraître le profond dégoût qu'il ressenti à la vue de ce petit suceur, le nouveau jouet du Lord, dont tout le monde devait supporter les histoires. Encore un sang pur qui jouait les puritains, suivait le Lord en léchant le sol derrière lui, et semblait incapable de faire autre chose que suivre le chemin tracé par le Papa adoré. S'il n'avait pas fini sa cigarette depuis longtemps, il aurait bien été tenté de brûler le front du gamin juste pour le voir crier et retourner dans les jupes de sa mère. Et bien sûr, effectivement, Augustus avait été chargé de la formation de ce petit bien-né. « Bonjour Monsieur. Je m’excuse de vous dérangez, je suis Rabastan Lestrange et on m’a demandé de venir vous retrouver. » Oui oui, je sais qui tu es. Et on ne dit pas "je m'excuse" lorsqu'on a bien été éduqué. Il aimerait pouvoir lui claquer la porte au nez et lui dire de repasser à une heure plus indue, mais il ne le peut pas, exactement pour la raison citée plus tard : « Il m’a assuré que vous sauriez me guider et m’instruire. » Et il ne saurait décevoir le Lord, malgré la force de la tentation. Le sourire poli d'Augustus se transforma en véritable aura de chaleur à la fin de la présentation du chiard. « Mais oui bien sûr, tu es Rabastan ! Nous n'avons jamais été vraiment présentés, je suis Augustus Rookwood, comme tu dois le savoir. » Il lui serra la main avec un air entendu, véritable icône de bienséance et de cordialité, à cela près qu'il était toujours dans l'entrebâillement de sa porte, visiblement peu enclin à laisser l'individu passer. « J'ai été prévenu de tout cela, mais je dois avouer que je ne t'attendais pas aussi tôt. Je dois t'avouer que mon appartement est loin d'être présentable actuellement, laisse-moi prendre mon manteau, veux-tu ? » Et sur ces mots, il referma la porte, levant les yeux aux ciel une fois cela fait, maudissant les gens en avance. La ponctualité, était-ce si compliqué ? Ni trop en retard, ni trop en avance, juste le bon rythme. Il avait autre chose à faire que s'adapter aux caprices de nobliaux aux grands yeux niais. Un manteau, une écharpe, et une cigarette plus tard, il repasse le battant de la porte, souriant aimablement. « Excuse-moi pour l'attente, nous pouvons un peu marcher, je connais un café non loin où nous pourrons être tranquille. » Et sur ces mots il prit le chemin des escaliers, le puceau derrière lui. Augustus était un marcheur. Il ne supportait ni les ascenseurs, ni les escaliers magiques, et mettait toujours un point d'honneur à descendre à pieds les cinq étages menant à son appartement. « J'ai beaucoup entendu parler de toi, que ce soit par Lui ou d'autres. Je dois t'avouer que tu as fait une bonne impression pour l'instant, c'est assez rare. J'essayerai de ne pas te décevoir. » Et, suite à ce beau tissu de mensonge, il eu un petit rire modeste. |
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| Une longue habitude, commandée par son instinct de survie, avait poussé le cadet Lestrange a très tôt apprendre à repérer les différentes émotions qui animaient les personnes autour de lui ; tous ces petits tics qui sur un visage laissait filtrer l’indifférence, l’ennui, l’énervement, la rage. Un repérage nécessaire, un homme énervé était autrement plus dangereux qu’un homme simplement ennuyé et un Rabastan avertit en valait deux, c’était plus facile d’esquiver un coup qu’on voyait venir plutôt qu’une gifle envoyée à l’improviste. Là, il scrutait le visage de Rookwood, sans y voir autre chose qu’une lisse façade de politesse, avec ce petit sourire classique qui ne voulait rien dire et qu’on sortait au facteur qui venait livrer un colis ou au livreur de sushi. C’était… encourageant non ? Mais lorsque le Mangemort prit la parole, tous les voyants du cerveau de Rabastan s’était activé, totalement en alerte. « Mais oui bien sûr, tu es Rabastan ! » Ça c’était pas normal. Et la façon qu’avait eu son visage de complètement s’épanouir comme s’il venait brusquement de trouver un lingot d’or devant sa porte, c’était pas normal non plus. Rabastan plissa légèrement ses yeux en luttant pour ne pas faire un pas en arrière. … Non non, les gens ne réagissaient pas avec un Mais oui bien sûr quand il le voyait, et encore moins avec un air de sympathie scotché sur leur visage. Il n’avait affaire qu’à un spectre d’émotion quand ça concernait les réactions des gens à son égard et ça allait de la méfiance craintive à la méchanceté rageuse. La sympathie n’était pas incluse là dedans, sauf en ce qui concernait son frère et sa mère. Or Rookwood n’était ni l’un, ni l’autre — il songea vaguement que c’était heureux, puisqu’il avait la vague impression que la pureté d’hémoglobine de l’individu n’était pas ce qu’il y avait de plus certain. « Nous n’avons jamais été présentés, je suis Augustus Rookwood, comme tu dois le savoir. » Et il lui prend la main pour la serrer, il a une bonne poigne, c’est assez agréable. Rabastan hoche la tête quand il se présente, oui il savait qui il était. Comme il l’avait dit au Lord, il avait déjà entendu son nom (ainsi que son prénom) plusieurs fois, avec toujours cette persistante impression que c’était souvent dans la bouche de sa belle-sœur. « J'ai été prévenu de tout cela, mais je dois avouer que je ne t'attendais pas aussi tôt. Je dois t'avouer que mon appartement est loin d'être présentable actuellement, laisse-moi prendre mon manteau, veux-tu ? » Vu comment il se tenait dans l’embrasure de la porte à la manière d’un gobelin devant une pile d’argent, ce n’était en effet pas très difficile d’imaginer que ce devait être le bordel là dedans (Rabastan ne se doutait pas à quel point il avait raison, sans métaphore aucune) mais évidemment faire une remarque aurait été une erreur — lui faire remarquer qu’il n’était pas tôt aurait été aussi une faute. Il se contenta donc de hocher la tête avec un sourire tout au poli que celui que Rookwood lui servait pour lui indiquer que oui bien entendu il pouvait prendre un manteau. Rabastan se voyait mal lui dire non de toute manière. Le Mangemort disparut derrière la porte et Rabastan poussa un long soupir. Il passa plusieurs fois sa main dans ses cheveux : je ne t’attendais pas si tôt qu’il avait dit. On lui avait pas donné d’heure, ils étaient mignons. Lui il s’était pointé à ce qu’il estimait être une heure honnête. Onze heure, faut pas se foutre de la gueule du monde non plus. Son cœur battait un poil trop rapidement à son goût : ça l’avait mis mal à l’aise, vraiment, cette façon qu’avait eu son visage de changer. C’était… stressant. Rabastan se méfiait des personnes changeantes, elles étaient bien plus difficile à cerner que les autres. Elles pouvaient vous sourire pour juste après vous tomber dessus à bras raccourcis. Bon, une longue inspiration, une longue expiration. Il n’avait aucune raison de donner à Rookwood le loisir de lui hurler dessus, Rabastan savait très bien se débrouiller dans le rôle du petit garçon qui ne fait pas un pas de travers. Et mine de rien… c’était plutôt agréable de voir quelqu’un lui sourire. C’était étrange, à n’en pas douter, mais pas désagréable. La porte se rouvre et le monsieur ressort, cette fois couvert. Après s’être excusé (ce qui poussa Rabastan à faire un vague geste de la tête pour assurer que non non très franchement il aurait pu encore plus prendre son temps, poireauter devant des portes closes faisaient partis de ses habitude) et lui avoir proposé de prendre place dans un café (un café ? Rabastan doutait d’avoir déjà mis les pieds dans un café. Son père s’étoufferait s’il apprenait que son fils allait dans un café. Bien trop peuple.) il avança vers les escaliers et Rabastan reprit en sens inverse les marches qu’il avait grimpé quelques minutes auparavant. « J'ai beaucoup entendu parler de toi, que ce soit par Lui ou d'autres. Je dois t'avouer que tu as fait une bonne impression pour l'instant, c'est assez rare. J'essayerai de ne pas te décevoir. » Et là-dessus il se met à rire. Rabastan lui lança un regard qu’il n’espérait pas trop visiblement méfiant. Dehors, il faisait froid, Londres en janvier était rarement un endroit conseillé aux rhumatisants, le vent soufflait et les trottoirs étaient encore trempés de l’averse de la nuit. Il suivait les pas du Mangemort qui devait le conduire dans son café, conscient qu’il ne devait pas rester silencieux trop longtemps (ça mettait les gens mal à l’aise et mettre mal à l’aise des personnes éventuelles instables n’étaient pas ce qu’il recherchait) pourtant il tentait déjà d’analyser ce qu’il venait d’entendre. Des trois phrases débités, pas une ne lui plaisait. Qu’il ait entendu parler de lui n’était pas une bonne chose parce qu’à part le Lord et sa mère il se demandait qui pourrait bien aller dire du bien de lui (et quelques camarades d’école mais qui ne devaient pas fréquenter Rookwood). La suite aurait pu être appréciable s’il n’avait pas rit immédiatement après. Faire la différence entre les rires, ce n’était pas dans ses cordes, il n’en connaissait qu’un seul et c’était le moqueur. Il se foutait de lui alors ? Il serra les lèvres, où alors il était simplement trop stressé pour juste apprécié la gentillesse du brave homme (?) tout était possible. De toute manière lui demander clairement : « Vous vous foutez de ma gueule ? » n’était pas vraiment une solution pour éviter le conflit, et Rabastan n’était pas là pour préserver son égo, il était là pour apprendre des trucs. Alors celui d’en face pouvait bien lui exploser ce qu’il avait de fierté et même se foutre ouvertement de lui, ce n’était pas son rôle de réagir. Merlin merci, là dedans il avait une sacré expérience. Alors il sourit. Ils étaient mignons sans doute, à se sourire l’un l’autre. On aurait pu croire à des frangins. Ou a des amants : le maître et son petit mignon encore non expérimenté. À marcher tranquillement, presque bras dessus, bras dessous dans les rues froides de la capitale. Ça devait réchauffer le cœur des clochards tiens. « Je ne suis pas inquiet. » qu’il finit par lâcher, presque du bout des lèvres (alors que si justement il était plutôt inquiet) « S’il m’a envoyé vers vous c’est qu’il vous fait confiance. Je ne vois pas pourquoi vous le décevriez. » Il regarde celui qu’il pouvait très certainement appelé supérieur dans les yeux, toujours avec le sourire le plus poli et le plus lisse qu’un humain peut possiblement produire. « C’est à moi de ne pas vous décevoir Monsieur. » On se posait là, Rabastan préférait mettre la situation au clair dès le commencement : pas la peine de cogner, pas la peine de hurler, pas la peine de m’humilier, c’est toi le boss, je le sais, je ne conteste pas. Ils devaient être arrivé à destination, c’était en effet… un café (il ne s’en remettrait pas), il n’y avait pas grand monde et un serveur (qui selon le badge épinglé à son uniforme s’appelait Arnold — nom de plébeen serveur de demi-crème dans des cafés tiens) les accueillit avant de les laisser s’asseoir à une table. Rabastan lança un regard à la carte et commanda le café qui coûtait le plus cher avant de laisser Rookwood passer sa commande. Puis il finit par dire, toujours doucement, comme s’il avait très franchement peur de réveiller un putain de Magyar à Pointes (mais en articulant parfaitement parce que cesse de marmonner Rabastan) : « Je suis désolé pour tout à l’heure, de vous avoir dérangé aussi tôt. » Puisqu’apparemment ça l’avait un peu ennuyé, je ne t’attendais pas aussi tôt qu’il avait dit. En cas de doute mieux valait toujours demander pardon, c’était une stratégie défensive comme une autre. |
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| Big Bad Wolves When you're rolling like a stone, When you're shaking in your bones, I'll be waiting here for you. When you're running from your ghost, And there's nowhere left to go, Don't you go. I'll take you to Salvation.Le puceau était fade. Augustus avait hate de titiller un peu dans ce calme princier, ce sourire de premier, cette délicate politesse. Il était lisse, le Lestrange, et même Augustus avait réussi à simuler un sourire plus chaleureux que les platitudes que l'autre incapable pouvait marmonner. « Je ne suis pas inquiet. » Comme s'il ne pouvait pas sentir l'inquiétude débordante qui émanait de l'apprenti mangemort. Ou alors il confondait juste le balais enfoncé dans son postérieur avec de la nervosité ? Augustus n'était pas le meilleur juge des comportements des autres, ils l'ennuyaient bien trop, le plus souvent, surtout lorsqu'il n'avait pas à jouer le petit rôle niais qu'il se devait de conserver au Niveau 9. Tout en l'écoutant, il s'alluma une énième cigarette, espérant finir de se réveiller avant que les réflexions sans intérêt du Lestrange ne le fasse replonger dans le sommeil. « S’il m’a envoyé vers vous c’est qu’il vous fait confiance. Je ne vois pas pourquoi vous le décevriez. C’est à moi de ne pas vous décevoir Monsieur. » Mais quel suceur ils lui avaient mis aux basques... S'il ne se révélait pas un minimum de saveur avant la fin de la journée, il se ferait un plaisir de le transférer à quelqu'un d'autre. Si le Lord le laissait faire, bien entendu... Merlin qu'il pouvait détester, parfois, les caprices de son Maître. Augustus éclata de rire, visiblement hilare de la réflexion de son petit apprenti. Il lui lança un regard presque attendri, et lui répondit avec douceur alors qu'ils approchaient de leur destination : « Tu me flattes, mais crois-moi, je suis bien moins précieux pour lui qu'un Lestrange aussi prometteur que toi. » Après tout, il ne faisait pas partie des 28 sacrées, et s'il s'en formalisait assez peu, au final, il savait à quel point pouvait cela pouvait influencer sa place parmi les Mangemorts. De la même manière, cela lui permettait d'être particulièrement discret : pourquoi aurait-il rejoint ce genre d'organisation si lui-même était sang-mêlé ? Comme l'esprit des gens pouvait être étriqué, parfois... Il ne laissa pas Rabastan lui lancer une autre niaiserie à la figure, déjà fatigué de devoir jouer la fausse modestie devant quelqu'un qui ne méritait visiblement pas son attention : « Nous arrivons, ne t'inquiète pas, nous serons parfaitement à notre aise ici. » Ce qui signifiait, en somme, qu'ils étaient en territoire allié, ou au moins acheté, vu tout l'argent qu'Augustus avait déboursé pour entretenir le café et acheter quasi tout le personnel.
Ils s'installèrent à sa table habituelle (malgré les apparences, Augustus avait ses petites manies), et tandis que Rabastan se commandait un café, Augustus offrit son plus beau sourire au serveur : « Bien le bonjour Arnold, vous avez bien bonne mine aujourd'hui ! Dites-moi, est-ce que vous pourriez me ramener le brunch habituel, avec un petit supplément bacon, je vous prie ? Et si vous pourriez faire en sorte que mon ami et mois ne soyons pas dérangés ? » On acquiesça à ses demandes, et il revint vite à son affable interlocuteur : « Notre table va être insonorisée, il serait malheureux que qui que ce soit comprenne de quoi nous parlons,, n'est-ce pas ? » Il eu un autre rire, visiblement véritablement amusé de l'idée que qui que ce soit puisse comprendre ce qu'il faisait. Le Rookwood était un animal bien trop prudent pour se laisser prendre à ce genre de jeu. Il attendit d'ailleurs qu'on amène le café et la première partie de son brunch (viennoiseries, confiture, gelée et thé), pour entrer dans le vif du sujet, balayant d'un geste la réflexion sur son avance. Il n'était pas du genre à se formaliser pour ce genre de chose, n'est-ce pas ? « Je suppose que si vous en êtes arrivé jusqu'à moi, c'est que vous devez être prêt à commencer de véritables missions. Je vous préviens d'avance que je ne suis pas dans la partie la plus violente de notre organisation. Je m'occupe principalement de trafiquer les informations que je récupère au Niveau 9 avant de les utiliser à meilleur escient. » Il commença, tranquillement, à manger, lui parlant entre deux bouchées. Il était toujours terriblement affamé, le Rookwood, et le brunch était un repas sacré du dimanche matin. « J'espère cependant que vous ne vous formaliserez pas de quelque torture, meurtre ou autre méthode pour réduire au silence ou faire parler un individu. » Il expliquait cela avec une étrange joie, comme on pouvait énumérer les étapes du pique-nique prévu quelques jours plus tard. Il n'avait pas vraiment envie de préserver les sentiments du puceau au delà du nécessaire, et il ne comptait certainement pas s'alourdir d'un point plein de conscience et de morale mal placée. « J'aurai principalement besoin de vous pour utiliser votre legilimencie afin de soutirer direction les informations confidentielles de mon esprit. Il y a, bien sûr, quelques autres techniques, mais elle sera la plus simple pour le moment. Elles vous permettra d'extraire les informations sur certaines cibles, et nous pourront nous en occuper ensuite. » Il s'arrêta, s'essuyant doucement la bouche qui n'avait été salie à aucun moment de son repas, et offrit un sourire poli à Arnold qui revenait pour lui déposer ses haricots, son bacon, ses œufs et une espèce de porridge. Une fois éloigné, il reporta un sourire et un regard bienveillant vers son bouffon.
« Mais avant cela, je pense qu'il faudrait d'abord que je mesure vos qualités de legilimens. » Lorsqu'il laisserait ce pauvre innocent fouiller dans son esprit, il voulait être sûr de ne le laisser voir que ce qu'il devait lui faire voir, pas plus. Il n'y avait rien de plus irritable que quelqu'un qui se permettait de fouiller dans son esprit. Seul le Lord en était sorti sans gêne et sans mouvement de recul. Il avait, apparemment, une vision trop distanciée du monde. Il ne s'en était jamais formalisé, considérant la majorité de ses interlocuteurs comme de sombres imbéciles. Il bu un peu de son thé puis, avec un sourire, l'invita à commencer : « Je vous prie, tentez de pénétrer mon esprit, je voudrais voir à quel point vous arriverez à tenir. » Et il le regarda dans les yeux, tranquille, presque curieux. |
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