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sujet; (fin août 2003) who let the dogs out? - bacchate

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(fin août 2003) who let the dogs out? - bacchate Empty
hecate shacklebolt
I started a joke which started the whole world crying But I didn’t see that the joke was on me I started to cry which started the whole world laughing
Ta courte excursion dans le passé ne t’avait rien appris de nouveau sur l’affaire Lukombo. Tu en étais d’ailleurs revenu bien plus exténué et effondré que quand tu avais décidé sur un coup de sang d’acheter un retourneur de temps douteux et on ne peut plus onéreux pour y aller. Parce que jamais le Ministère n’aurait accepté de financer pareil caprice, sachant qu’en plus, officiellement, tu avais été retiré de l’affaire, sous prétexte que tu étais trop proche de la suspecte –et heureusement pour toi que ta réputation de simple d’esprit te précédait, ainsi, tu ne pouvais pas être accusé de complicité.
Cela dit, même si ton voyage était resté secret, tu avais pris trois ans et demi dans la tronche en moins d’une heure et ça, pour sûr, c’était épuisant.  
Face à ton état de décomposition avancé, tes collègues t’avaient sommé de prendre au moins un jour de repos. Ils en étaient arrivés au point où ils te connaissaient si bien qu’ils avaient mis l’argument « si t’es trop crevé, Rookwood te trouvera beaucoup moins efficace » sur la table. A ceci près que suite à l’incident à ste-Mangouste avec le susnommé, t’avais pas eu besoin de plus que l’évocation de son nom pour être pris d’une irrésistible envie de te noyer dans une bassine et de disparaître aux yeux du monde –ou du temps, ce que tu avais fait un court instant trop long. Incident qui en aurait fait mourir de rire plus d’un.
Qu’il en soit ainsi. Puisque c’est ce qu’ils voulaient –et allez savoir quelle mystérieuse masse on incorporait dans cet énigmatique « ils »-, tu te remettrais d’aplomb vite fait bien fait… mais pas trop vite, histoire d’être sûr et certain que Rookwood t’ait oublié, c’est ça ? comme tu peux être naïf.

En terme de sommeil, tu étais encore loin du stade des Mangemorts ayant fait un petit tour par Azkaban et qui se retrouvaient de fait dans l’incapacité de dormir plus de quelques heures d’affilée. Cela ne faisait aucun doute puisque te voilà à t’effondrer comme une masse sur le sofa défoncé à cause de cette sale habitude, la rangers encore au bout du pied et la ceinture défaite.
Ton retour dans les ruines de ste-Mangouste était prévisible. En rêve, cette fois-ci. À la recherche d’Imogene, de Rookwood, de ta baguette, de Lufkin, de son gamin même s’il n’avait pas de visage. Un long sifflement comme de l’eau qu’on aurait mise à chauffer et oublier, ou comme un animal qui geigne ou des gens qui crient tellement fort que ça fait des ultra-sons. Tu te diriges vers la source du bruit –laquelle ?- mais tu es comme éjecté de ton rêve et de ton sommeil lorsque tu découvres que celui que t’étais en train de dégager des décombres, c’était toi. Mais toi, du coup, je suis qui ?
L’ennui, c’est que tu es très fatigué, alors non content de te réveiller, tu te rendors presque aussi sec, juste le temps de ahaner bruyamment, les draps malmenés et trempés sous ton dos.
Même décor mais pas même point de vue. Puisque cette fois-ci, c’est toi qui reposes et t’agites sous les décombres. Ça te compresse, ça presse si fort que t’as l’impression que bientôt, tu feras partie des ruines. C’est comme quand la pression de l’eau est trop grande, quand t’es descendu trop profond et trop vite, et que ton corps s’est pas mis en veille et que tu vas bientôt manquer d’air.

En fait, c’est le chat qui te piétine l’estomac, sans parvenir à se décider s’il allait s’y installer pour faire la sieste –ce qui était hors de question, depuis que tu le soupçonnais de ronfler, alors qu’il n’y avait qu’un moteur de camion ici, et ce n’était certainement pas lui- ou simplement continuer à planter ses griffes dans ton bide, par pur sadisme –et au vu de son maître, on pouvait être certain que c’était pas toi qui lui avait appris ce concept, le coupable ne pouvant donc être que son ancien propriétaire…
D’un autre côté, tu aurais pu naïvement croire qu’il tentait de te réveiller, voyant que tu avais arrêté de respirer. Rien de bien grave, si ce n’était qu’une énième mauvaise habitude que tu avais de tomber en apnée du sommeil, quand tu en avais trop gros sur la conscience. Autant dire que récemment, et dans les jours à venir, ça n’était pas ça qui allait manquer.

Tu le dégages d’un coup de patte à laquelle il s’accroche. Heureusement pour lui que t’es censé avoir la tête dans le mal et plus de pansements que de neurones. Il commence à bouffer le bout de tes doigts et les compresses, comme si ce charognard te prenait pour une carcasse de gros poisson crevant d’une poubelle…
Ouais, franchement, à peu de choses près, on aurait pu se demander si Rookwood ne projetait pas son esprit dans ce sale matou.
C’est la seule résistance que tu lui opposes, puisque la fatigue te rattrape comme une maîtresse capricieuse qui te clouerait aux draps. Tu t’y laisses replonger, comme on te maintiendrait la tête sous l’eau, comme si cette maîtresse était en fait un maître. Tu laisses pendre ta main dans la gueule du félin, respirant très lentement comme si tu venais tout juste de l’apprendre. Appliquant ta main libre sur ton ventre un peu déchiré de griffures. T’es pas sous l’eau, mon grand. T’es pas sous les décombres, mon grand. Mais y’en a plein qui y était. Y’en a plein qui y seront encore. Et tu leur marcheras dessus, parce que pas le temps. Pas ton travail. ‘Faut bien qu’il y en ait qui meurt, pour que d’autres vivent. C’est à ça que tu sers, au départ. Chien de garde du corps.
Dors tranquille, mon grand, tu sers à quelque chose. Tu sers à l-

Un bruit sourd. Simplement quelqu’un qui frappe à la porte. Sauf qu’avec la déformation du rêve et des souvenirs, ça fait comme des explosions et tu vas te retrouver enseveli sous les décombres et tu pourras plus rien faire et tu serviras plus à rien tu serviras plus à l-.
« Deux s’condes, j’arrive ! » Voix d’outre-tombe, plus que d’habitude comme un coup du grisou dans les galeries sous la terre. Ta jambe reste coincée dans les draps, un œil en direction de la lucarne, incapable de deviner quelle heure il était de quel jour. Et pas le temps de le deviner puisque tu trébuches dans ton propre ensommeillement, à moins que ça ne soit dans le chat qui s’emmêlait entre tes pattes, comme pour t’empêcher d’aller ouvrir. Comme s’il avait deviné la nature des nouveaux arrivants.
Toi, par contre, à voir ton air décomposé de poisson baillant sur le rivage, tu ne t’imaginais pas une seule seconde découvrir « Shacklebolt ? » sur ton paillasson –ou plus précisément sur le paillasson que t’avais subtilement chipé au voisin après qu’il ait compris que tu pesais quatre fois son poids.
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Bon dieu de Merlin, escaliers de merde, et immeuble de merde.
Bien évidemment, habiter au rez-de-chaussée n'aurait pas été possible. Non il fallait qu'il se soit foutu au septième ciel made in England c'est à dire sous les toits de cette masure. Hécate avait déjà suffisamment de problèmes à surmonter l'empilement de problèmes qu'était devenu sa vie, sans en plus qu'on l'épuise dans ce colimaçon du diable.

Tout allait mal. Et de mal en pis.

L'attentat.
Rabastan.
Sa propre crise de magie, déclarée au début de l'été et dont elle se remettait mal.
Son père.
Sa grand mère.

...surtout sa grand mère. La garce l'avait abandonnée. Après tout ce qu'elle avait donné, tout le sang qu'elle avait versé, la sueur et les larmes, elle l'avait abandonée."Tu as fais le choix de rejoindre l'Angleterre, eh bien restes-y", voilà ses mots. La situation était devenue "trop tendue", elle avait "manqué à ses devoirs en ne tentant pas d'établir un pont entre ce pays et le leur", elle "se plaisait visiblement plus chez les blancs que parmi les siens"...une ribambelle d'accusations qui avaient menées à sa sentence : la Louisiane ne l'aiderait pas. Ni maintenant -à rapatrier Virgile- ni dans le futur. Elle était devenu un poids mort, et les poids morts étaient sectionnés.

Soudain terrassée par une vague de colère, Hécate dut s'adosser au mur, sentant le sang pulser dans son cou. Non. Non. Elle était à peine sortie de sa fièvre rouge, elle ne devait pas y replonger maintenant et certainement pas à proximité de Murdock. Il avait assez payé ses soucis de gestion de colère.

Inspirant profondément Hécate ajusta sa besace remplie à craquer et le souvenir de leur dernière entrevue, mêlée à ses crises des jours passés la frappa comme une balle de baseball de béton frappée par un champion en titre du Superbowl. Elle était pourrie de culpabilité jusqu'à la moëlle des os. La dernière fois qu'elle avait vu Murdock, elle avait perdu les pédales avec une telle intensité qu'elle avait failli lui exploser le crâne -le crâne par Merlin- avec un presse papier en métal. Et elle l'aurait fait sans se préoccuper des conséquences, ni de son identité. Elle avait juste eu un accès de fièvre rouge. Juste.
Elle avait failli le tuer, bordel. Et si tuer n'était plus une nouveauté pour elle, elle s'était crue sevrée de ce mal, de ce traumatisme qui à la moindre goutte en trop de violence dans son vase déjà partait en vrille et la replongeait dans des moments qui n'existaient plus. Avec des gens décomposés depuis bien longtemps. Et au coeur d'une guerre qu'elle avait quitté pour en trouver une autre.

Hécate s'était fait peur. Et elle n'avait pas cessé d'y penser en sourdine, pendant qu'elle prenait ses marques chez Rabastan et l'aidait à remonter une pente qui semblait parfois beaucoup trop raide pour elle, mais à laquelle elle s'accrochait. Elle avait besoin qu'il remonte et elle aussi. Mais l'image de Murdock, ce crétin, ce demeuré totalement incapable de faire quelque chose sans le saloper et sans lui mettre les nerfs en pelotte continuait de l'obséder. Bordel, elle n'avait pas besoin de se poser des questions sur la santé de cet imbécile bourrin, impulsif, mal dégrossi et dangereusement loyal au point que ça le rendait complètement c...

Wait.


Super. Elle était en train de gravir les dernières marches avec la conviction de plus en plus affirmée d'aller voir son jumeau ayant manqué d'air à la naissance et en ayant retiré un sérieux trauma psychomoteur. Thanks Shacklebolt. Elle sortit de sa poche l'adresse rapidement griffonnée par un de ses collègues et chercha la bonne porte. Ah. Celle avec le paillasson..."oh happy day."

Bien. La plongée dans la quatrième dimension continuait, donc.

Elle toqua, ou plutôt frappa du plat du poing, convaincue que si Murdock était aussi sourd qu'il était lent à la détente, il ne l'entendrait pas. Et ce qui lui répondit fut un vacarme digne d'un rhinocérus en rut. Elle le réveillait visiblement. Puis la porte s'ouvrit et elle découvrit Murdock qui visiblement avait oublié son peigne, ses vêtements et sa tête des beaux jours, puisqu'il avait surtout l'air de s'être fait marcher dessus par un troupeau de majorettes.

"Shacklebolt?"

Elle afficha quelque chose qui aurait de loin pu ressembler à un demi sourire et lâcha:

-Salut Murdock. T'as une sale gueule.

Voyant qu'il restait à la regarder, complètement interdit, en boxer, sur le pas de sa porte, elle ajouta:

-Je dérange? Parce que si ce n'est pas le cas, je veux bien rentrer, le sac pèse lourd.

Et sans attendre, elle passa sous son bras pour entrer dans le dépotoir que constituait l'appartement de Bacchus. En d'autre circonstances elle aurait voulu ranger, mais ce joyeux bordel était exactement ce qu'elle recherchait. Elle voulait un endroit qui vivait, un endroit sans jeunes à gérer -désolé Virgile- , destiné aux gens comme elle c'est à dire démontés, cassés, épuisés.

-J'ai demandé aux autres du niveau comment tu allais depuis l'attentat. Personne ne savait. C'est quand même dingue que ce soit moi qui m'en inquiète, fit-elle en s'asseyant dans le canapé, posant délicatement sa besace à côté d'elle.

Puis, elle le regarda.

-Tu sais, je trouve ton anatomie super, vraiment, mais si tu veux t'habiller, fais comme chez toi.


Murdock était canon, avec sa tête de mercenaire à la dérive et son pack de six, elle l'avait toujours mentalement accepté et reconnu, mais son tempérament avait la capacité de doucher n'importe quelle autre qualité jouant en sa faveur, et c'était fort dommage pour lui. Mais là silencieux et un peu abasourdi, il était presque mignon, autant continuer sur cette lancée, ça faisait des vacances.

-J'ai finit par demander à Mulkins où tu habitais. Je me suis dit que tu devais tourner en rond, sans personne à emmerder. Et visiblement j'ai eu raison.


Elle ne précisa pas qu'elle avait été inquiète de ne pas le voir revenir, lui l'emmerdeur de service, et qu'elle s'en serait voulue si elle avait appris qu'il était mort, et que la dernière chose qu'elle aurait fait en sa présence était une crise de fièvre rouge. Elle posa la main sur sa besace, puis écarta le pan de tissus qui servait à la fermer, avant de jeter un oeil et de finir:

-Je me suis dit qu'en plus tu pourrais me rendre un service, si tu n'as rien à faire...et vu que tu parais sérieusement désoeuvré...


Disant cela, elle l'invita à venir regarder dans le sac.


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Tu restes comme deux ronds de flan à détailler la jeune femme s’impatientant sur le pas de ta porte, si bien que si t’avais pas eu trente kilos de pansements sur les doigts, tu te serais frotté les yeux pour t’assurer que tu rêvais pas.
Tu t’estimais pas suffisamment pour qu’on vienne te rendre visite. Et, si t’avais peut-être fantasmé quelques fois sur une visite inattendue de Rookwood –quoique, pour le coup, on ne peut plus attendue-, pour rien au monde tu aurais imaginé que Shacklebolt se dérange un jour pour venir te tenir compagnie. Parce que vos échanges au Ministère restaient assez succincts et se composaient aux trois-quarts de bourrades et d’injures. Parce que la dernière fois que vous étiez restés plus de quelques minutes dans la même pièce, ça avait explosé dans ses yeux à elle et sur ta tête à toi. Depuis, tu évitais de lui chercher des noises. En y repensant, déjà à l’époque, il t’était impossible de simplement l’éviter. Parce qu’une Hecate ça prend de la place dans la vie. De fait, même si vous étiez pas les meilleurs amis du monde, elle était de ces présences dont on remarquait tout de suite l’absence.
Et apparemment, ça lui faisait la même de son côté.

N’attendant pas que tu reviennes de là où t’étais perché pour entrer, elle se faufile sous ton bras appuyé contre le chambranle de la porte. Eberlué, tu la suis des yeux jusqu’au sofa. Le retourneur de temps est en plein milieu de la table, et tu espères qu’elle serait trop occupée à trouver une excuse afin de justifier sa visite pour le remarquer. Parce qu’au départ, ce petit voyage dans le temps n’était pas légal. Et qu’en plus de ça, t’avais fait ça pour Nannie. Et, si tu te mêlais pas trop des affaires des deux jeunes femmes, elles t’avaient bien vite fait comprendre qu’elles étaient encore plus comme chien et chat que toi et Hecate.
A sa place, tu te serais autant empêtré dans un tas de raisons bidons. Tu décides donc de lui laisser au moins ça –il s’agirait pas que vous vous preniez le bec alors que t’étais absolument pas en état d’en découdre. Parce que depuis cette fois-là, tu l’avais un peu mise en veilleuse avec elle.

Tu finis par te décider à ouvrir le bec, histoire qu’elle te pense pas complètement out, tandis que tu enfiles un pantalon –dans le mauvais sens d’ailleurs, ce qui t’oblige à recommencer. « Ils exagèrent bordel, ch’uis quand même rev’nu au boulot après les attentats » que tu grommelles, à croire que tu serais vexé qu’on n’en sache si peu sur toi, alors que toi-même tu prenais soin d’entretenir le mystère mal emballé qui pesait sur ta double vie au Ministère. C’est juste qu’à force, tu savais plus si tu passais davantage de temps dans les pattes de Rookwood ou dans les Ruches.
Ah bah non, au temps pour toi, dernièrement, c’était après Nannie que tu courais. Et t’avais tellement couru que t’avais même reculé. Pas étonnant qu’on ait perdu ta trace ces derniers jours.
« Par contre, ça, pour savoir dans quel taudis j’crèche, ‘sont au courant » que tu remarques, amèrement, une pensée pour tes factures de loyer qui s’empilaient dans un recoin oublié de la pièce.

T’étais en train de boucler ta ceinture en même temps que d’ouvrir la fenêtre lorsqu’elle finit par ouvrir ce sac qui t’intriguait depuis le début. T’avais bêtement pensé que c’était de simples bières histoire de se détendre. Mais au vu du regard félin et particulièrement sûr de son coup qu’elle glisse vers toi, t’avais pas vu assez grand pour la Shacklebolt.
Méfiant comme un dragon arménien, tu avances sur la pointe des pieds comme si t’avais peur de réveiller quelque atroce créature. C’est pas comme si l’un des derniers souvenirs en date que tu conservais d’elle était cette monstrueuse crise de magie de sang –non, tu ne parlais pas de ses règles, à bon entendeur - qu’elle avait tourné vers toi, juste parce que t’étais allé lui chercher des poux au mauvais endroit et au mauvais moment.
Tu tends le cou avant de poser un genou sur l’accoudoir du sofa.

Au départ, tu ne discernes que deux boules de poils : l’une brune, l’autre blanche et maculée de boue. Elle a quand même pas chassé deux lapins pour le déjeuner ? C’est pas que t’aimais pas ça, bien au contraire, mais t’étais pas forcément suffisamment dans ton assiette pour les dépecer sans risquer d’en avoir la nausée.
Rassure-toi, ici, pas question de dépecer l’adorable tête blanche de chiot qui s’extirpe en sentant la lumière du jour sur son dos, ses babines refermées sur l’oreille de ce qui semblerait en être un deuxième.
Ton regard s’est agrandi, pour ne pas dire illuminé, à mesure que le museau perce à travers le sac vers l’extérieur. Et c’était déconcertant de voir ton visage si dur et buriné fondre comme neige au soleil face à ces deux petits gigots se mettant peu à peu en branle à grands renforts d’hasardeux coups de pattes.
N’y tenant plus, tu les pioches tous les deux d’une seule main, la glissant sous leur ventre rond et tiède.

Tu les soulèves à bout de bras, d’une lenteur presque religieuse. « Shacklebolt… c’est quoi ça ? » question tout à fait inappropriée puisque tu savais on ne peut mieux que tu avais présentement deux bébés bull terrier se roulant comme des petits sacs de farine entre tes doigts abimés. « ‘fin… tu les as trouvés où ? » Tu détaches enfin ton regard gris troublé d’une soudaine inquiétude des deux bébés. « Tu les as pas volés j’espère ? » Loin de toi l’idée de lui faire une quelconque remontrance. A ton air, on comprend clairement que si tu lui demandes ça, c’est uniquement pour savoir si vous alliez pouvoir les garder.
Et au final, même si elle les avait effectivement volés, tu mettais au défi quiconque viendrait essayer de vous les confisquer.
« Z’êtes bien sales, mes loustics » ça y est, on t’a perdu, y’a plus que toi et eux et plus d’ennuis, plus de plus de thunes, plus de trahison. « va falloir décrotter tout ça si vous voulez v’z’installer ici, hein ? »


Dernière édition par Bacchus A. Murdock le Dim 18 Sep 2016 - 21:29, édité 1 fois
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Hécate le regarda faire, plus ravie qu'elle ne l'aurait pensé elle même de voir sa réaction. C'était exactement ce qu'elle avait subodoré : il adorait les chiens. Pas difficile de le deviner, mais tout de même, elle se serait bien accordé un bon point pour cet instinct. Elle observa le visage de Bacchus se détende et sa méfiance fondre comme neige au soleil alors qu'il les prenait contre lui, véritable gamin le jour de Noël. Un gamin qui visiblement n'osait pas croire à sa chance.

"Tu les as pas volés j'espère?"


-Volés non. Confisqués, oui.

Les sorciers, face à la la régulation de plus en plus drastique -pour ne pas dire fascisante- de leurs loisirs, se tournaient vers les passe-temps coupables de leurs frères ennemis les moldus: les combats de chiens. Et il appartenait aussi au niveau deux de couper l'herbe sous le pied à tous ces caïds de quartier qui pensaient faire fortune sur le dos d'animaux dressés à coups d'endoloris et bourrés de sortilèges de rage avant chaque combat.
Elle avait été sur l'une de ces affaires la semaine passée, par désir de quitter le bureau, par envie aussi de recommencer le travail avec un cas au sein duquel elle savait exactement où se trouvaient le bien et le mal. Pas de raison de tergiverser quand ils avaient défoncé la porte de l'entrepôt où se trouvaient les malfrats, et pas de raison de philosopher quand ils avaient progressé dans la paille constellée d'excréments, de sang et de vieux viscères. Hécate avait fait son job, avec un peu plus de brutalité que le bon sens l'aurait voulu, mais après tout elle n'était qu'une humaine et nul n'était parfait. C'était sans doute ce qu'elle enverrait sur une carte au suspect dont elle avait cassé les deux membres inférieurs, si du moins il se réveillait du coma artificiel dans lequel on l'avait plongé à Sainte-Mangouste. Il n'aurait pas du lever sa baguette. Elle n'aurait pas répliqué. Et il n'aurait pas atteri dans la cage de ses propres bêtes féroces. La loi de la causalité, ma bonne dame.
Elle avait trouvé les deux bouts de choux dans une caisse en plastique, à côté d'un troisième, mort. Ils étaient faméliques, et les dresseurs tentaient visiblement de "séparer le grain de l'ivraie" à grands renforts de darwinisme sauvage. Elle les avait pris, et personne ne l'en avait empêché. Elle aurait bien aimé que quelqu'un essaie tiens, mais les hurlements du suspect dans la cage aux chiens avaient surement découragé les plus intrépides.

Et les voilà. Ronds et dodus, déjà passés au dessus de leur mauvais départ dans la vie. Bonne gens, amis et voisins, qu'on se le dise : les chiens étaient meilleurs que les hommes.

-Il va falloir leur donner un bon bain oui, je les ai fait jouer dans un parc tout à l'heure et la petite blanche a foncé dans une mare de boue pour patauger gaiement. Faut bien que jeunesse se passe hein. Gaffe au mâle, il mordille tout ce qu'il choppe.

Elle se leva et s'approcha de Bacchus avant de caresser la tête des deux chiots avec amour. Elle adorait ces boules de poil, elle était tombée amoureuse à la seconde où leurs petites queues s'étaient mises à fouetter l'air depuis le fond de cette caisse puante.

-Il va falloir vous débarbouiller mes mignons, oui. Qui est un gentil petit pépère prêt à passer à la bassine?


Les chiots semblaient au bord de l'implosion de bonheur et Hécate éclata de rire:

-Vous ne comprenez rien de ce que je dit hein! ce que vous aimez, c'est que maman vous accorde toute son attention!


Puis, elle se détourna et passa dans la cuisine de l'appartement, qui était une sorte de reproduction à échelle minuscule de Beyrouth. Il y avait des restes de...choses, des assiettes, des verres, des sacs de fast-food sorcier et elle passa bien cinq minutes à chercher une bassine, trésor qu'elle finit par dénicher sous un tas de paquets de chips saveur viande séchée. La tirant du foutoir que Murdock osait appeler une cuisine, Hécate fonça dans la salle de bain et colla la bassine sous le robinet, agitant sa baguette pour faire tourner l'eau et la mélanger au savon magique dont elle avait amené une pipette, certaine que Bacchus n'aurait rien se rapprochant d'un produit de toilette, et encore moins pour animaux. On pouvait dire ce qu'on voulait, mais Hécate savait faire des cadeaux, et elle ne les faisait jamais à moitié. Lorsque la mousse eut pris une couleur rose bonbon -conformément à ce que préconisait l'étiquette de Magical pets and bros. - elle ramena la bassine dans le salon et délesta Bacchus de ses deux nouveaux amis. Elle eut d'ailleurs du mal, Bacchus ayant presque la même attitude qu'une mère koala aggripée à son petit. C'est quasiment avec un jappement de tristesse qu'il accepta de lâcher les deux chiots. Hécate le gratifia d'un sourire amusé:

-Ils ne vont nulle part, arrêtes ton char Murdock.

Puis, elle les plaça dans l'eau tiède.
Théoriquement, cela aurait du être un bon calcul, le genre dont on se vante, le genre qu'on prenait en photo pour le poster sur le réseau sorcier avec un petit mot doucement sirupeux du style "tellement heureuse d'avoir ces deux là dans ma vie!" petit coeur, petit coeur, paillettes, licorne. Mais la pratique différant souvent de la théorie, Hécate réalisa immédiatement que les chiots avaient de nombreux plans et que se laver n'en faisait pas partie. Avant qu'ils ne puissent comprendre leur malheur, Murdock et elle se retrouvèrent trempés, inondés par la révolte canine, dressée contre l'oppression aqueuse et l'hygiène nazie.

La mousse rose vola sur le canapé, l'eau déborda, trempant le tapis plein de poussière et Hécate vit avec horreur le récipient se renverser par terre, trempant son jean, tandis que les chiots s'ébrouaient violemment et partaient consacrer leur évasion en caracolant sur le parquet dans un cliquetis de griffes.

La jeune femme leva des yeux un peu incrédules et même un tantinet désolé sur Murdock puis haussa les épaules.

-J'ai jamais dit que c'était simple la paternité hein.

Elle essora le bout de ses boucles, couvertes de mousse, puis ôta sa veste et son tee-shirt avec un soupir, avant de les jeter sur le canapé.

-Murdock. Cette fois c'est la guerre. Mets toi dans la tête que c'est eux ou nous. C'est eux ou nous. Même si tu souffres, que tu pleures, tu n'abandonne pas, et si je deviens un poids, laisse moi derrière.

Elle se redressa. Les chiens avaient compris leur manège et se tenaient maintenant à l'autre bout du salon, l'arrière train en l'air, la queue battante, d'un air chafouin qui disait clairement "viens me chercher si tu l'oses".

-L'ennemi est en position. Dès que tu le chopes, c'est bassine et aguamenti.

Le premier chiot, le petit brun, machouilla le bord du tapis, et poussa un aboiement de jeu, sautant à demi, visiblement très excité de pouvoir semer le carnage et le chaos dans tout son nouveau terrain de jeu.

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A cet instant précis, on avait du mal à croire qu’on avait à faire à deux des pires bêtes sauvages –et par là, on vous désignait vous et pas les chiots- de la BPM. Parce qu’on était loin de se douter, en vous observant devenir complètement gaga face à ces petites truffes frémissantes, que vous gagniez votre pain en l’ôtant de la bouche des autres, et avec les dents et les tripes en prime. C’est que les forces de l’ordre avaient jamais vraiment le vent en poupe, d’autant plus en ces temps difficiles, où l’ordre avait du mal à s’imposer autrement qu’à coups d’impardonnables.

Tu tends le cou pour la regarder disparaître dans la cuisine, le sourcil plissé à l’idée de ce qu’elle pourrait y trouver. Bon, c’était toujours mieux que si elle faisait un tour dans la salle de bain, mais on n’est jamais trop prudent –c’était que t’avais tendance à pas avoir les yeux en face des trous quand tu rentrais à pas d’heure de chez Rookwood…
Toutefois, Hecate ne pousse aucun cri d’horreur ; tu reprends ta respiration, estimant que ça ne devait pas être si terrible que ça. Un bruit de fracas plus tard et elle revient, avec une bassine sous le bras –depuis quand t’avais une bassine, d’ailleurs ? ah ! oui, c’est vrai, ça s’était montré indispensable quand il avait fallu laver le sang de tes gants à l’arrache… Hé mais, c’est qu’elle repart pour la salle de bain, cette fois ! Tu manques de lâcher les chiots pour la retenir mais te ravises en constatant que t’avais justement le petit mâle au bout d’un doigt. Et puis m*rde, hein, elle vivait avec le boss après tout, elle avait p’t’être même fait un tour chez lui, elle devait savoir ce que c’était, une salle de bain de célibataire… ou pas. Alors tu restes sur le tapis, tout contrit et l’oreille tendue, histoire d’épier si elle tombait pas sur un…
La bassine de tout à l’heure atterrit sous ton museau, coiffée d’une mousse d’un rose dégueulasse mais parfumé. T’en es à te demander où est-ce qu’elle avait pu dénicher un truc pareil chez toi lorsqu’elle t’attrape les deux chiots. On ne sait pas qui d’eux ou de toi vient de laisser échapper un glapissement plaintif –et on ne préfère pas savoir, en fait.

Tu la laisses faire sans quitter des yeux les deux asticots qui battaient des pattes dans l’air comme pour chasser la mousse.
T’avais encore jamais eu de chien, donc tu ne pouvais pas compter sur ton expérience en la matière, mais t’avais comme un mauvais pressentiment…
T’avais encore jamais eu de chien, mais en avais sensiblement le comportement. Et, si dans ton enfance, tu avais aimé batifoler dans l’eau marécageuse du lac artificiel chez tes parents, t’avais jamais apprécié quand on t’attrapait en traître pour te forcer à prendre un bain. Tu te rappelles même que ça finissait toujours en… en comme ça, précisément.
Tu tombes sur le derrière alors que les deux chiots se carapatent, de la mousse plein la tronche faisant gonfler tes compresses. La bassine roule sur tes cuisses, tandis que les bougres disparaissent derrière le mobilier. « Ah ouais, vous voulez la jouer comme ça » grinces-tu et, en écho à Hecate qui fait tomber le haut, tu te défais avec hargne de ton pantalon tout collant qui n’avait pas tenu plus de dix minutes sur ton fessier de gueux –il ne manquerait plus que ça devienne une mauvaise habitude.

Toutefois, si la Shacklebolt enchaîne aussitôt à la manière d’un chef des armées, t’as le regard qui traîne un peu sur sa gorge qui te rappelle un peu comme une claque qu’au départ, Hecate était une femme. Et pas un spécimen ordinaire, comme toutes les secrétaires de votre étage. Le genre de spécimen pour qui ça vaudrait la peine de se faire crever les yeux, si Lestrange avait à passer par là alors que tu matais sa dulcinée.
Tu te ressaisis, refermes ton clapet, chopes son discours en cours de route et te redresses à ton tour sur tes pattes, comme une version géante et grossière des deux autres petits chiens, prêt à relever le défi. « Bien r’çu, Shacklebolt ; compte pas sur moi pour t’ménager ; j’compte bien m’en tirer avec tous les honneurs » que tu grinces, tournant le dos au duo de rondelles rebelles, alors que tu fais le tour du canapé, l’air de rien.
‘Fallait pas non plus t’en demander trop en terme de stratégie et de bluff. T’avances donc à pas de loup –autant que faire se peut quand on pèse ton poids et sur un parquet si vieux- en direction du petit mâle qui bouffait le tapis –ou ce qui en restait. « Pitit, pitit, pitit, viens voir papa » –autant dire qu’on aurait pu te coffrer pour détournement de mineur, si t’avais vraiment parlé à ton fils comme ça. C’est qu’il n’est pas bien futé non plus, alors tu l’atteindrais presque quand tout à coup, des cliquetis déferlent dans ton dos, et la petite blanche de te rentrer dedans, la tête la première. T’as un ricanement parce qu’il était pas encore né, celui qui te ferait tomber, mais apparemment si, il l’était, et depuis peu, puisqu’un pas en arrière et tu te vautres sur le sol glissant de savon dans un bruit d’éléphant mort.
« Par les hémorroïdes de Merlin, c’est qu’ils en ont à r’vendre, les saligauds ! » que tu grognes en te massant le crâne « ‘tendez un peu que j’vous chope par la peau des fesses ! » et voilà que tu progresses dans leur direction, ventre contre terre, histoire de ne pas tomber plus bas, comme un alligator dans la gadoue. La petite femelle a l’audace de te trotter dessus avant de détaler pour rejoindre son frangin. Stupéfait, tu balances le bras dans leur direction, ne faisant qu’aggraver ton cas puisque tu t’étales de la mousse plein la barbe.
« Shacklebolt, coince-les ! ‘faut pas qu’ils entrent dans la cuisine ! » C’est que tu garantissais pas leur survie dans cette zone-là, minée de couteaux et de bouffe périmée, voire ensorcelée. « Dans le coin, là, rabats-les dans l’coin ! » C’est que c’est compliqué de donner des directives en remuant les bras dans tous les sens tout en avançant sur les genoux. « et fais gaffe à la l-… ! Ah, t’en as un entre les j-… » et, dans le feu de l’action, tu te jettes dans ses jambes pour mettre la main sur l’un des fugitifs qui t’échappe de justesse en bifurquant brusquement, te laissant t’empêtrer comme il se doit dans les pattes de ta collègue.
Vraiment, on avait du mal à croire qu’on avait à faire là à deux graines de la pire espèce de la BPM.
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C'est à peine si Hécate pu retenir le cri paniqué qui lui échappa alors que ce yak de Bacchus fonçait entre ses jambes, mastodonte mousseux et dépenaillé. Elle se sentit déraper, décoller, et s'écrouler, tout ça par dessus Murdock, ce crétin de Murdock, qui était à présent étalé comme un baleineau échoué, à patauger dans un minuscule marigot d'eau rosâtre. Elle poussa un rugissement d'exaspération et finit par se remettre sur ses propres pattes, cherchant des yeux les deux quenelles sans cervelle qui arrivaient à leur tenir la dragée haute.

Et les voilà. Les deux chiots étaient à présent sur le canapé, leur queue battant l'air plus vite qu'une pale d'hélicoptère, alors qu'ils sautaient sur place, trop heureux. Leur souriant en retour d'un air carnassier, la jeune femme attrapa Bacchus par le bras, le forçant à se mettre debout.

-Le saut de l'ange, Murdock. Le saut de l'ange.

Et sous ses yeux ébahis, elle se jeta sur le canapé, les bras en avant, attrapant les chiots qui se mirent à lui mordiller les mains avec tout l'amour du monde, s'attaquant aussi à ses cheveux et à son nez. Hécate roula sur le dos, et serra les deux chiots contre ses seins, où ils se blottirent avec bonheur, puis profita de leur enthousiasme vis à vis du vallonement de sa poitrine pour tourner sa baguette.

-Wingardium Leviosa

Les petites pattes commencèrent à battre dans les airs et la jeune femme se redressa avant de regarder Bacchus de l'air du soldat ayant perdu toute pitié.

-Fais pleuvoir les Aguamenti Murdock. Ces rebelles ont trop abusé de la générosité du régime.

C'était assez drôle de le voir là, en...boxer, à courir après des chiots, parce qu'il était étrangement attendrissant, ce crétin de murdock. Bizarrement mignon, avec ses compresses sur les doigts, son air de gros molosse pas trop au fait des actualités et ses cheveux en pagaille. Pour un peu, on aurait presque pu le prendre pour un gentil colosse, mais Hécate savait très bien que la gentillesse n'était pas exactement le point surligné dans son CV, pas plus que la compassion, l'empathie ou tout simplement, la vision à long terme.

Alors pourquoi est ce qu'elle lui avait offert à chiot, à l'abruti patenté du niveau 2 ?

Parce que sous ses airs de grosse brute, la vérité était qu'elle...ne le détestait pas. Elle le voyait souvent rentrer, complètement déboulonné et transpirant la colère par tous les pores de la peau, et au début de leur "relation" ou plutôt de leur vie commune au sein du niveau, cette attitude l'avait exaspérée. Sans doute à juste titre. Sans doute. Jusqu'à ce qu'elle se souvienne et lui montre à lui, que la colère était une chose qu'elle possédait aussi, mais en sourdine, enfouie sous des couches sédimentaires de déni et de traumatismes. Les émotions négatives peuvent lier deux personnes tout autant que les moments de joie, mais pas selon les mêmes modalités, et Hécate avait l'impression qu'il avait vu un peu trop d'elle, de ce qu'elle dissimulait, pour qu'il demeure un étranger.

Alors dans sa finesse, son tact, et sa maîtrise, elle lui avait offert un chiot, peut être parce qu'elle avait instinctivement senti que Bacchus offrait aux animaux ce qu'il refusait aux hommes, c'est à dire un peu de gentillesse, et un peu de vulnérabilité. Cat n'avait-elle pas eu pour meilleurs amis les crocodiles et les poupées ensorcelées durant des années, de peur de se lier aux autres?

Murdock semblait du même cru. Ce crétin de Murdock, qui n'en était pas tellement un. Cet imbécile, cet abruti, qui était capable de la faire monter dans les tours plus rapidement qu'une voiture de course moldue, mais dont l'absence avait été remarquée au sein du niveau au point qu'elle aille demander son adresse. Et au point qu'elle pique une souveraine gueulante à propos du fait que ses collègues rafleurs n'avaient pas cherchés à s'enquérir de la santé du meilleur d'entre eux, quand ce dernier avait sauvé leurs culs à tous au moins une fois. Ils l'avaient tous regardés comme si elle était folle, et elle était sortie en claquant la porte comme une furie de l'Ancien temps, tout en plumes et en serres et en venin.

Puis elle s'était ramenée là, avec les deux boules de poils. Murdock était une boule de poils, lui aussi. Elle était juste étrangement contente de ne pas avoir eu à se séparer de celle là.

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A croire qu’entre vous, tout était destiné à finir dans le sang et les larmes. Même quand vous ne vous battiez pas, ça finissait l’un sur l’autre, bras et jambes entremêlés. Le temps que tu te remettes de tes émotions -bah ouais, c’est pas souvent qu’une nana en sous-vêtements te tombe dans les bras. Cependant, Hecate ne perd pas de vue votre objectif et, tentant le tout pour le tout, elle se jette à corps perdu sur les deux petits sacs qui croyaient l’avoir remporté. C’était mal vous connaître ; vous étiez les plus terribles du niveau deux, on ne pouvait pas vous échapper. Et pas de pitié pour les deux petits canidés ; à croire que votre réputation était en jeu.
Et elle l’était : parce que s’ils continuaient de vous mener ainsi par le bout du nez dès le début de votre adoption, ils ne se gêneraient pas pour le faire par la suite, s’autoproclamant maître. De fait, quand ils commencent à s’envoler en battant des boudins, tu fourrages dans le bazar environnant de ta piaule pour extirper ta baguette de sous un tas de vêtements. Tu n’as jamais été aussi prompt à formuler un sortilège, comme quoi, quand la motivation était au rendez-vous, on pouvait compter sur toi, n’en déplaisent à tes ASPICs obtenus au deuxième coup.

Les aguamenti pleuvent, aussi bien sur les chiots que sur Hecate, parce qu’il ne faut pas trop t’en demander non plus, hein, ce serait dommage de ne pas en profiter, sans rancune, Lestrange. « Sache que ton sacrifice n’aura pas été vain, Shacklebolt » que tu ricanes, en déviant un jet exprès dans sa figure. Tu chopes la bassine par les orteils, et la pousse jusqu’à ses pieds. « Tiens, livraison express, j’pense qu’ils vont moins faire les fiers » elle les guide magiquement jusqu’à la bassine dans laquelle vous faites monter la mousse, manquant par la même occasion de les y perdre.
Tu y plonges les mains jusqu’aux coudes, battant dans l’eau pour en ramasser un. Une douleur à l’index t’arrache un grognement et quand tu relèves la patte, c’est pour y découvrir la petite femelle qui y pendouille, le pelage rendu rose par le savon. « Je crois qu’il a un truc à régler avec moi, celui-c- » Le sourcil froncé, tu la hisses encore un peu plus haut, observant son bedon rebondi garni de maigres mamelles. « Celle-la, tiens. Mes hommages, madame. » que tu la salues en la coiffant d’un nuage de mousse.

Les deux chiots se calment un peu, la langue pendouillante par la fatigue. Tu comptais bien lui apprendre l’endurance, aussi, parce que tu te voyais déjà briller sur le terrain avec le chien dans les pattes, quoiqu’il t’en coûte.
Vous parvenez donc enfin à les laver un tant soit peu. « J’propose qu’on répète pas trop qu’on a eu quand même plus de mal à laver des chiots qu’à courser la moitié du Chemin de Traverse… » Tu hausses une épaule, penaud.
Tu t’absentes un court instant dans la salle de bain pour en ramener une paire de serviettes. En constatant les traces que tu y laisses avant de sécher le petit chien, tu la désignes du menton. « He, s’tu veux, tu peux t’rincer aussi » En effet, vous aviez roulé dans la pellicule de poussière suintant de ton plancher, si bien que vous aviez le teint un peu boueux. « J’ai pas d’rechange pour femme mais… c’pas comme si tu t’habillais beaucoup en fille… » Tu fais la grimace en relevant les bras en signe de défense, au cas où elle ait l’ingénieuse idée de se venger en te balançant la bassine dessus. Tu te ravises et tends le chiot en guise de bouclier, sans vergogne. « Tu ne t’attaquerais tout de même pas ça~ » minaudes-tu en arborant une tête de chien battu.
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