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sujet; ROLFLUNA#2 — SHE WAS THE MISSING KINGDOM, THE UNBRUISED PART OF MYSELF.

HERO • we saved the world
Rolf Scamander
Rolf Scamander
‹ disponibilité : always.
‹ inscription : 27/09/2015
‹ messages : 876
‹ crédits : flightless bird, les gifs à tumblr et à maggie stiefvater pour la signature.
‹ dialogues : seagreen.
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‹ liens utiles :
rolf ft. ryan gosling, astoria ft. lily collins, theodore ft. dylan o'brien, édouard ft. bob morley, neville ft. daniel sharman, elijah ft. chris evans, ambroise ft. sen mitsuji, alexander ft. alfie enoch, olivia ft. emeraude toubia, brienne ft. natalia dyer, dean ft. john boyega, gregory ft. alden ehrenreich, priscilla ft. daria sidorchuk, charles ft. james norton, hwan ft. vernon choi, jay ft. gong yoo, hiram ft. abel tesfaye, adidja ft. reece king.


‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4349
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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luna lovegoodYou will always go into that cottage. You will see her scar and wonder where she got it. You will always be amazed at how one woman can have so much blonde hair. You will always fall in love, and it will always be like having your throat cut, just that fast. You will always run away with her. You will always lose her. You will always be a fool. You will always be dead, in a school of stone and lies, sunlight blinding your eyes. You have already done all of this and will do it again.
Ils étaient restés quelques jours à l'endroit qu'Amelia appelait Storm's End, un cottage au sud des Highlands d'Écosse, avant que June leur explique comment atteindre Poudlard. Ils s'y étaient rendus en sa compagnie, manquant presque de se faire attraper par les Mangemorts vigilants qui surveillaient les alentours avec zèle. Quand un individu que Rolf ne connaissait pas lui avait permis d'entrer dans le château, il avait eu l'impression que le ciel lui tombait sur la tête. Pendant un instant, il était incapable de bouger. Incapable de respirer, de penser, de quoique ce soit. Il était à Poudlard. Poudlard. Poudlard. Il n'y avait pas mis les pieds depuis presque dix ans maintenant, et se retrouver dans les murs de l'école à nouveau... Rolf avait la gorge nouée, le coeur qui battait à cent à l'heure, le sang qui rugissait à ses oreilles. Ses doigts tremblaient et il ne répondait pas aux regards en coin que lui adressait Amelia, l'air inquiète et un peu franchement surprise de ses réactions même si elle-même semblait étrangement... stupéfaite aussi, de se retrouver à l'école. C'était presque irréel, d'avoir vingt-huit ans et d'arpenter à nouveau le Hall de l'école et de voir que celle-ci était pleine de monde, des gamins, des adultes et les autres, concentrés sur leurs occupations et jetant parfois des regards curieux au deux nouveaux arrivants. June semblait y être comme chez elle. Elle les laissa aux mains d'une autre Insurgée, qui les conduisit à la salle commune des Serpentard, dans les sous-sols du château. Amelia faisait poliment la conversation à l'Insurgée mais Rolf n'écoutait pas, ne pouvait même pas se résoudre à joindre la conversation: il était à Poudlard.
Il allait revoir et retrouver Marie.
Son coeur était bloqué dans sa gorge, il allait s'étouffer dessus. Comme toujours dans les nouveaux endroits qu'il fréquentait, Rolf laissa ses doigts effleurer les murs en les longeant, machinalement. Ah, Poudlard! Quand il était jeune, encore étudiant ici, le moindre contact avec le château le rendait fou. Certains objets chargés d'émotions pouvaient faire ressurgir lesdites émotions au contact d'empathes; et les murs de Poudlard... well. Ils étaient des bombes à ressentis.
Mais il y avait autre chose. Rolf se souvenait de la joie, de la stupéfaction, du bonheur des murs de Poudlard; et lui-même, même si sa scolarité avait été difficile, devait avouer que les sept années qu'il avait passé entre ses murs avaient été... heureuses, oui, presque. Avec le temps, il pouvait apprécier ce que Poudlard lui avait offert: une éducation parfaite, un tremplin pour la vie mais aussi... un sentiment d'appartenance à la maison Serpentard, le plaisir de faire du Quidditch, de s'entendre ou de se prendre le bec avec des garçons de son âge, la rencontre de gens horribles et de gens extraordinaires. Tout le monde qui parlait de Poudlard avait des étoiles dans les yeux. Ses murs étaient empreints de cette énergie, de cette joie.
Mais il y avait autre chose. Une... obscurité, une douleur aussi. De la magie noire, qui teintait tout étrangement. De la souffrance. De la peur. De la cruauté. Tellement de souffrance. “ Je pensais pas que je finirai par dormir dans un lit appartenant à un Serpentard, ” grommela Amelia quand l'Insurgé les quitta. Ils étaient dans la chambre des garçons de première année, ce qui était franchement déplaisant, où se trouvaient apparemment les deux derniers lits libres. Rolf se jeta sur le lit le plus proche de la fenêtre après avoir déposé son sac parterre. La lumière verdâtre habituelle le rassurait plus qu'il n'aurait jamais pu l'imaginer. “ Je pensais pas que je finirai par dormir dans un lit. Enfin! ” soupira-t-il en fermant les yeux, croisant les bras derrière la tête. “ J'ai l'impression d'être à l'hôtel. C'est tellement... weird. ” Amelia s'était rapprochée des imposantes fenêtres du bout de la pièce, tapant du doigt sur la vitre. Les poissons, curieux des deux silhouettes humaines ayant investi la chambre durant l'heure creuse de la journée, disparurent dans les profondeurs du lac en moins d'une seconde. “ Weird, ” commenta-t-elle à nouveau avant de se laisser tomber lourdement sur son lit dans un grognement de satisfaction.
Ils restèrent longuement silencieux.
June a dit de la retrouver aux cuisines dans une heure. ” Rolf grogna. “ J'ai faim. Moi aussi. ” Ils restèrent silencieux.
On y est arrivé. ” Rolf avait l'impression que son coeur allait exploser dans sa poitrine. Oui. On y est arrivé. J'y suis arrivé. On est à... Poudlard. Enfin. Enfin. Enfin. Il tourna la tête vers Amelia, qui l'observait déjà. Il tendit le poing vers elle, à la manière moldue qu'elle lui avait apprise, et avec un petit sourire, elle entrechoqua son poing contre le sien. “ Bien joué, Cartwright. Bien joué, Scamander. Allez, j'ai la dalle et j'ai bien envie de voir à quoi ressemble le château maintenant. Me dis pas que t'étais le genre nerd dont la meilleure amie était un tableau du troisième étage. Bien sûr que non. ” Elle s'assit dans son lit, s'étira et se releva. “ Mon meilleur pote était le tableau de Jack l'Éventreur. No way, shut the fuck up! ” Et ils éclatèrent de rire, soulagés et heureux d'en être enfin arrivés là.

Marie était... autre part. June n'avait pas voulu lui dire. En mission pour les Insurgés, apparemment. Rolf n'avait pas très bien compris, mais il avait accepté simplement quand la rousse lui avait dit qu'elle reviendrait bientôt. Bientôt, bientôt, bientôt. Ce mot écorchait Rolf. Quelques jours passèrent ainsi: il passait le plus clair de son temps à essayer de se rendre utile, maladroitement. Il y avait des otages avec lesquels il discutait, des anciennes connaissances qu'il retrouvait, des gens qu'il aidait. Et puis, parfois, il s'asseyait dans les jardins de Poudlard, il sortait le carnet de Marie et pour la énième fois, il en parcourait les pages comme un fou. Il aurait pu aller trouver... n'importe qui. Quelqu'un qui la connaissait, pour lui demander des informations, si elle allait bien, si tout allait bien... il n'avait pas entendu parler d'elle depuis mars. Erlkönig l'avait quitté en toute hâte, comme si Marie l'avait sifflé, fin mai, le jour où il avait rencontré Amelia: ça coïncidait avec la date de la fin de l'isolement de Poudlard, d'après ce que lui avait dit June. Mais il n'avait pas entendu parler de Marie... ou d'Erlkönig depuis ce moment-là. Il avait pensé que Marie l'avait gardé auprès d'elle pour le protéger, parce qu'il aurait été trop dangereux de le renvoyer, mais Rolf était allé à la Volière, avait demandé autour de lui et personne, personne n'avait vu son hybride.
Sans doute l'avait-elle emmené avec elle en mission. Tout le monde était très mystérieux sur ces missions.
Rolf s'en fichait. Il lisait le carnet de Marie, encore et encore, et essayait d'imaginer à quoi elle ressemblerait maintenant. Et de quoi elle aurait l'air en le voyant.
Il a dû s'endormir dans l'herbe. “ Hm... mate? ” Le ciel est trop bleu, trop clair et l'air est trop chaud, presque étouffant. Rolf n'a jamais passé l'été en Écosse mais apparemment, c'est à peu près la même chose que dans le Devon: des journées trop chaudes pendant une semaine et puis un froid terrible pendant des semaines. Classique. Rolf papillonne des yeux jusqu'à se concentrer sur la silhouette penchée vers lui. Elle lui est vaguement familière, à cet angle-là, mais il est tout aussi persuadé qu'il n'a jamais vu cette homme de sa vie. Rolf se redresse lentement, se passant machinalement une main dans les cheveux en détaillant l'autre de plus près. Il est un peu plus jeune que lui, de l'âge de Potter et ses amis, des cheveux bouclés et un air gentil et un peu timide. Rolf sent dans on Bruit de la retenue, de l'angoisse et un peu de... il ne sait pas trop. Soulagement, peut-être, mais pas pour lui. “ Tout va bien? Je peux t'aider? ” demande-t-il poliment en regardant autour d'eux pour voir si l'autre Insurgé est venu pour lui demander un coup de main — mais ils sont les seuls dans le coin. Le jeune homme se passe une main dans les cheveux, l'air gêné, alors que Rolf se lève en ramassant le carnet de Marie qui traînait à côté de lui. Les yeux noisette de l'autre sont collés dessus. “ Rolf... c'est ça? C'est ça. Je m'appelle Neville. ” Le nom s'impose à lui. Neville Londubat. Il avait vu l'esquisse de son visage sur le plafond de Luna. Pincement au coeur. “ Enchanté, Neville. ” Ça le frappe, soudainement, que Neville a plus de vingt ans. Luna aurait eu plus de vingt ans. Ça fait presque sept ans qu'il ne l'a pas vu. Cette pensée semble complètement absurde. Dans sa tête, Luna sera toujours la gamin de quatorze ans avec la chambre en bordel et les traces de graphite sur la joue.
Je peux t'aider?Ah- euh- oui- enfin... ” Rolf arque un sourcil. “ T'es un ami de Marie, c'est ça? ” Rolf sent tout de suite que quelque chose ne va pas. Le Bruit de Neville se teinte de quelque chose d'étrange, sur lequel il n'arrive pas à mettre le doigt. Sa gorge se serre. “ Elle va bien? Elle est rentrée de... de mission? ” Le mot lui écorche les lèvres. Lui fait mal. “ Oui, elle va bien. Juste- -Quoi? Elle est où? ” Neville a l'air misérable. Rolf regard autour d'eux comme si elle était là, juste là. “ Sois pas trop dur avec elle. Elle va bien ou elle va pas bien? ” Son coeur bat trop vite. “ Elle va bien. Elle- elle est près du lac. ” Rolf n'écoute pas la suite et tourne les talons.
Son coeur bat trop vite. Trop, trop vite. Marie. Marie. Marie. Le Bruit de Neville l'accompagne mais il ne l'écoute pas: il n'entend que le sang qui bat à ses tempes, le tremblement de ses doigts, son autre main refermée comme des serres autour du carnet. Il ne pense plus à June, Amelia, Poudlard, Neville, Erlkönig, Luna, non, rien, juste Marie.
Marie.
Quelque chose le retient en arrière et s'accroche quand il essaye de se dégager. Ce n'est pas le moment. “ Mate. ” La voix de Neville est de l'acier, comme son emprise sur son bras. Rolf se retourne avec humeur. “ Quoi? aboie-t-il presque agressivement. — Promets. Quoi? Lâche-moi. ” Il essaie de se dégager, en vain. Les doigts de Neville s'enfoncent dans son bras. “ Ne lui fais pas de mal. Promets-le.What the hell? Lâche-moi, Neville. Promets. ” Nouvelle ruade: cette fois, le plus jeune des deux lâche prise. “ Je ne lui ferai jamais de mal, ” grogne Rolf entre ses dents, excédé, en tournant les talons.

De l'autre côté du lac, Rolf voit la silhouette sur la petite plage de galets où il a révisé ses ASPICs, près de la Forêt Interdite mais pas trop. Il sait que c'est Marie. Ce doit être Marie. Il court presque en longeant le lac. Il court, il court, il court, ses bottes écrasant les branches, les feuilles, les galets, la terre et la boue: il court jusqu'à ce que ses poumons crient de douleur, jusqu'à ce que son coeur noie tous les autres bruits qui l'entourent, jusqu'à ce que n'existe qu'une seule chose dans le monde. Marie. Marie. Il l'a trouvée, elle est là. Il l'emmènera en France et en sécurité et dans ses bras. Ils riront de leurs malheurs et de ces mois passés loin l'un de l'autre et ils riront du fait qu'il ne lui ait pas demandé de venir avec elle et il rira nerveusement, il l'embrassera, elle rira un peu et l'embrassera en retour. Il lui parlera de Coco, d'Amelia, il lui parlera de ce qu'il a vu et de ce qu'il a aimé, il lui parlera d'Erlkönig et il lui demandera ce qu'elle a fait, ce qu'elle a vu, si il lui a manqué. Il lui demandera si elle aussi ça l'a rendue folle, ces journées trop longues, ces nuits trop froides. Il lui demandera si elle a écouté les cassettes et si elle a pensé à lui, si elle a mangé des s'mores et pensé à lui, si elle a goûté des glaces et pensé à lui, il lui demandera si elle a pensé à lui, un peu, souvent? parce que lui il a beaucoup pensé à elle, il a imaginé son visage et son regard et
Ce n'est pas Marie.

La personne sur la plage de galets l'a entendue venir et s'est retournée. Ce n'est pas Marie. Après tout, ils sont tellement à Poudlard. Peut-être que Marie est plus loin. Autre part. Pas là. Est-ce qu'elle pense à lui? Cette idée lui fait tourner la tête. En tout cas, Marie n'est pas là. Il n'y a pas de Marie.
Juste un fantôme.
Il y a tellement de choses qui se passent en un instant, en une seconde, un battement de coeur. Rolf sent qu'il s'est figé douloureusement en plein mouvement, et ça lui fait mal mais il ne peut pas bouger, si il bouge, le fantôme disparaîtra.
Le fantôme a les traits de Luna Lovegood, sept ans trop vieille. C'est elle: Rolf n'a même pas à en douter. C'est elle, elle a les mêmes cheveux blonds quoiqu'ils sont moins clairs qu'avant; elle a les mêmes yeux bleus, quoiqu'ils sont moins brillants qu'avant; le même nez, la même bouche, le même visage. C'est Luna Lovegood, qu'il a sous les yeux, son fantôme, son spectre.
Il s'est endormi sous le soleil. Ce doit être ça. Pas de Neville, pas de Luna, pas de Marie: juste son cerveau malade d'inquiétude et d'amour.
Mais il finit le pas qu'il était en train d'amorcer quand il s'est figé, et le fantôme de Luna est toujours là, lui rend son regard.
Il n'y a plus d'air dans le monde. Rolf a les poumons désespérément vides et le coeur qui sonne creux. Sa gorge est serrée, serrée, serrée à lui faire mal: Luna. Le nom s'articule presque sur ses lèvres, se forme presque sur son visage; mais aucun son ne sort de sa bouche entr'ouverte et ses traits se ferment, confrontés à un problème, à quelque chose d'impossible, à un fantôme.

Contre toute attente, les syllabes filent à travers le silence. “ Luna? ” C'est la voix du gamin qui n'a jamais pu la supporter, le gamin qui n'a jamais pu la comprendre, le gamin qui n'a pas versé une larme quand elle est morte. Pas parce qu'il n'était pas triste, mais parce qu'il se sentait vide, vide, vide de savoir qu'on avait volé Luna, qu'on avait éteint le soleil, qu'on avait arraché ça à la vie. La blessure s'était refermée avec le temps. C'était impossible pour Rolf de démêler Luna Lovegood de sa vie: impossible d'oublier Xenophilius son père, Pandora sa mère, impossible d'oublier la Chine ou d'oublier leur dernière rencontre et la tour branlante de ses meubles. Il repense à elle avec amertume et colère, parce qu'il n'a jamais pu s'excuser de son comportement, jamais pu honorer sa mémoire, et il repense à Marie et comment il a parlé d'elle à Saint Michael et
Où est Marie? “ Est-ce que tu as vu- - ” Il s'interrompt. Il fait face à un fantôme et il n'arrête pas de penser à Marie. Il a vraiment un caractère obsessionnel, son grand-père le lui disait souvent.
Il fait un pas vers elle, sa botte crisse sur les galets, et il la voit se crisper. Qu'est-ce qu'il ne va pas? Les yeux de Luna — c'est elle, n'est-ce pas? et non un mensonge d'un Polynectar mesquin? — sont un feu bleu.
Là, il voit le pendentif autour de son cou.
Chaîne en or, deux alliances, un sifflet, une montre à gousset.
Ce pendentif lui appartient.
Il l'a donné à Marie.
Où est Marie? Est-ce qu'elle va bien? Elle est blessée? Morte? Où est-elle? Elle est toujours en mission? Neville m'a menti? Luna? Luna, qu'est-ce que tu fais là? Je ne comprends pas, tu es morte, qu'est-ce que tu fais là? Est-ce que tu as vu Marie? Est-ce que tu me pardonneras un jour? Pourquoi t'es pas morte? Pourquoi tu m'as pas dit? Pourquoi j'ai pas su? Pourquoi t'as son pendentif, je lui ai offert, pour qu'elle ne m'oublie pas, ça veut dire qu'elle m'a oublié? Qu'elle ne pense pas à moi, qu'elle ne m'aime pas, qu'elle s'en fiche de moi? Luna, explique-moi, je t'en prie, je n'y comprends rien.
Où est Marie?
Est-ce que- est-ce qu'elle- ” Il s'approche d'elle à grands pas, anxieux, les yeux rivés sur le collier. “ Je pensais- --que tu étais morte. Il lève les yeux vers elle. Feu bleu qui le gèle jusqu'à la moelle. “ Ma-Marie? Elle va bien? Pourquoi tu lui as pris son collier? Qu'est-ce que tu fais là? Pourquoi- - ” Il se tait brusquement. Il y a quelque chose dans son regard. Une vérité, peut-être. À moins que Rolf l'ait su depuis le début.


Dernière édition par Rolf Scamander le Sam 17 Sep 2016 - 21:10, édité 1 fois
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Luna Lovegood
Luna Lovegood
‹ inscription : 31/05/2015
‹ messages : 5660
‹ crédits : LUX AETERNA (avatar), TUMBLR + MATHY LA BEST (gifs), KAZUO ISHIGURO (quote).
‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
ROLFLUNA#2 — SHE WAS THE MISSING KINGDOM, THE UNBRUISED PART OF MYSELF. C9rrp50

‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10432
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
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rolf scamander
when someone comes around at that dreary moment, when all hope was lost, and thorns emerged. And that girl, walks on that thorn just to cross to your side, to bear the pains for your sake, to bleed, to self-destroy herself, just to protect you. She places you above her priorities, and doesn't give a damn whatsoever taunt she receives, her foremost desire is to make sure you are save, feel loved and cared for. that's her true definition of love.

june ; Pour la première fois en une semaine, elle se retrouvait seule. En franchissant les barrières magiques  de Poudlard, elle avait affronté coup sur coup le visage de ses amis, de ses connaissances. De tous ceux qui, de près ou de loin, ne pensaient plus jamais la revoir autrement que dans leurs rêves. Tour à tour, elle avait affronté la surprise, le heurt, la colère, la tristesse, la joie, la haine, l'incompréhension, le soulagement, la vexation, l'admiration, le ressentiment, l'apaisement, l'amitié, la haine, le réconfort, l'amitié, l'amour, la haine, l'amour, la haine, l'amour. Mais surtout, surtout, elle avait ressenti leur peur. La présence de Draco lui manquait déjà cruellement.  

Luna ne saurait dire qui avait essayé de la rassurer, un soir où elle s'était réfugiée loin de tout ce tumulte, juste pour relâcher une partie de la tension emmagasinée en seulement quelques jours. Ce n'est pas tous les jours qu'on voit un être cher revenir d'entre les morts. Il lui semblait reconnaître la voix d'Albane mais elle n'en était pas sûre. Cette voix se confondait avec toutes les autres voix : celles du présent, celles du passé, celles qui résidaient dans le Silence. Mais elle s'était sentie mieux après ça, en percevant le réconfort qui se terrait bien sagement entre les lignes. Ils reviendront tous, un jour ou un autre. Ça lui avait rappelé ce que Mama lui disait quand elle était petite : on retrouve toujours ce que l'on a perdu même si parfois, ce n'était pas de la façon qu'on l'espérait. Ces quelques mots, ça l'avait rassurée, bien plus qu'elle n'avait pu le penser, au premier abord. Il ne lui avait fallu qu'une dizaine de minutes pour ressortir des toilettes de Mimi Geignarde, le visage recomposé comme avant, l'irréalité et la rêverie plus puissantes encore qu'avant. Elle se devait juste d'attendre la fin de la tempête puisque la colère s'étiolait toujours en même temps qu'elle. À partir de ce moment, elle avait cessé de se trouver des excuses. À partir de ce moment, la sorcière au visage lunaire avait décrété qu'elle en avait assez de se faire passer pour ce qu'elle n'était pas. Ce qu'elle ne serait jamais. Elle avait tout fait pour rester Marie, elle s'était ensevelie sous des tonnes et des tonnes de normes, de conventions et de règles pour la faire vivre. Elle s'était assez conditionnée pour toute une vie. Oui, c'est à partir de ce moment-là qu'elle avait pleinement abandonné Marie puisque quoiqu'elle dirait, quoiqu'elle ferait, tout se passerait comme avant : personne n'essaierait de la comprendre elle, complètement. Et paradoxalement, c'est à partir de ce moment-là qu'ils avaient commencé à revenir vers elle. En la voyant agir comme avant, comme toujours. Ils s'étaient rendus compte que Luna n'était pas morte lorsqu'elle s'était remise à être elle-même, véritablement.      

Cela faisait une semaine qu'elle était revenue.
Une semaine qu'elle avait abandonné Draco Malfoy dans sa propre course à la survie.
Quatre jours qu'on ne l'évitait plus comme la dragoncelle.
Deux jours que le serment inviolable du nouvel ordre du phénix était gravé dans sa chair.
Et seulement une heure que la seule voix résonnant aux quatre coins de son esprit était la seule qu'elle voulait entendre, la seule qu'elle espérait de tout son être : la sienne à lui. C'était la première fois en une semaine qu'elle ne pouvait penser à rien d'autre qu'à Rolf Scamander.

Où est-il? Que fait-il? A-t-il réussi à passer la frontière? Elle espérait qu'il ait réussi : c'était son but ultime, d'après lui ; son unique porte de sortie, selon elle. Si avant, elle le savait neutre, n’appréciant ni les Mangemorts ni les Insurgés, tout ce qu'elle espérait maintenant c'était qu'il n'avait choisi aucun camp. Qu'il ait mis autant de distance que possible entre lui et cette guerre qui enflait démesurément. Elle le voulait loin d'ici pour que ses grand-parents restent en vie. Elle le voulait loin d'ici pour qu'il continue d'offrir au monde toutes les facettes incroyables qu'il avait profondément enterré en lui. Elle le voulait loin d'ici pour qu'il continue de sourire ; qu'il ne connaisse plus les heures interminables passées seul dans un sous-bois, à ne pas savoir s'il allait vivre ou mourir. Elle ne voulait pas le savoir seul, elle ne voulait pas qu'il ait froid, qu'il devienne froid. Elle ne voulait pas le savoir  parti derrière le Voile. Pas parce qu'elle craignait de ne plus jamais le revoir si tel était le cas, non. Elle savait qu'elle le reverrait un jour. Comme tous ceux qui étaient déjà partis là-bas. Mais parce qu'elle craignait de ne pas pouvoir lui dire tout ce qu'elle avait sur le cœur de vive voix. Parce qu'en une semaine, il lui avait offert bien plus que tout ce que Marie avait pu grappiller ça et là, deux années durant, pour reconstruire Luna. Rolf lui avait offert bien plus qu'un monde en cinq jours : il lui avait offert une partie de son univers. Et même si il ne l'avait voulu, si elle ne l'avait pas prévu, ils avaient tous les deux créé un nouvel espace que ni l'un ni l'autre ne pourrait jamais ternir par leurs fêlures, qu'ils ne pourraient pas détruire avec leurs peurs. Elle voulait le tenir dans ses bras, elle voulait l'embrasser, elle voulait pouvoir s'endormir à ses côtés et sentir son cœur battre sous ses doigts. Elle voulait qu'il veille sur elle. Elle voulait lui dire qu'elle l'aime. Mais surtout, elle voulait le remercier pour tout ce qu'il avait fait en une semaine. Elle le voulait loin parce qu'elle ne voulait plus le voir blessé. Démonté. Torturé. Elle ne supporterait pas que sa route croise celle de Lucius Malfoy. Lui plus que n'importe qui d'autre. Si telle chose devait se produire, si elle pouvait choisir, elle échangerait sans la moindre hésitation sa place avec lui. Elle préférait faire de nouveau face au patriarche Malfoy plutôt que de laisser Rolf à sa merci. Et rien que ça, ça voulait tout dire. Merlin seul savait qu'elle préférait mourir plutôt que de retomber sous le joug du Mangemort. Elle le voulait proche et loin d'elle en même temps parce qu'elle ne voulait pas qu'il se blesse, se démonte, se torture à cause d'elle. En imaginant que ce qu'ils avaient vécu, ça avait été comme Marie : du vent. Que ce qu'elle ressentait pour lui n'était que du vent. Elle voulait qu'il sache que ça, eux, n'avait pas été qu'un odieux mensonge. Que si c'était à refaire, elle recommencerait, avec le visage de Marie ou celui d'une nouvelle inconnue, peu importait. Elle voulait qu'il sache tout ça parce que tout ce qu'elle lui avait donné, c'était vrai. Elle voulait le revoir pour s'assurer qu'elle ne verrait pas se refléter dans son regard la même émotion qui avait traversé celui de Neville lorsqu'elle lui avait expliqué tout cela la veille. Elle ne voulait pas voir le doute se réverbérer dans les yeux de Scamander.

C'était la première fois qu'elle se retrouvait seule en une semaine.
C'était la première fois en une semaine qu'elle acceptait finalement le fait qu'il avait dû réussir à passer la frontière.
Après tout, c'était la première fois en une semaine qu'elle acceptait de ne pas avoir revu Erlkönig depuis le jour fatidique où Malfoy et Pansy étaient apparus au cottage.
C'est la première fois qu'elle n'a jamais eu autant besoin de l'avoir auprès d'elle.



july ; Elle avait offert son visage au vent. Observant l'infinie surface plane du Grand Lac Noir, la sorcière comparait les milliers d'éclats qui en surmontait sa longue robe sombre à la voûte céleste parée de ses habits nocturnes. Elle s'était souvent retrouvée ici, Luna, à imaginer que l'étendue d'eau graciant le domaine de Poudlard n'était rien de plus qu'une reconstitution de l'espace. Elle s'était souvent retrouvée ici, Lovegood, pour s'isoler du monde réel. Surtout lorsque ce dernier échappait totalement à sa compréhension. Les normes, les conventions, les règles avaient toujours été des concepts bien trop nébuleux et opaques pour qu'elle cherche à tout prix de les comprendre entièrement. Ils étaient bien trop rationnels pour qu'elle s'essaie de vivre harmonieusement en les suivant docilement. Elle ne les comprenait pas, c'était aussi simple que ça. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle ne les respectait pas.
Au fil du temps, les rares personnes qui s'étaient assez approchées d'elle avaient souvent essayé de lui demander si elle supportait de toujours devoir subir moqueries et insultes, de façon systématique. Ces rares personnes, elle les avait toutes regardées de la même manière : comme si ils leur avaient poussée une deuxième tête au beau milieu de la nuit. Elle n'avait jamais rien dit même si rétrospectivement, Luna avait le sentiment qu'elle aurait dû leur répondre. Leur demander à tous si c'était si gênant pour eux qu'elle ne mente jamais ; si gênant pour eux de la voir vivre parmi eux, en même temps qu'eux, mais à sa manière ; si gênant pour eux qu'elle se sente bien en voyant le monde différemment d'eux ?
Ses amis, eux, le lui avaient vraiment demandé si elle ne souffrait pas de la situation. Non, non, pas vraiment. Et de là, elle partait dans des explications qui n'avaient ni début, ni milieu, ni fin : sa logique pouvait même s'apparenter à celle de l'économat. Elle préférait ne rien dire parce qu'elle savait qu'ils ne la comprendraient pas, qu'elle ne les comprendrait pas, et que ce genre d'entreprise était lui voué à l'échec. Elle avait connu la souffrance avec la perte de sa mère : vivre des expériences vouées à l'échec ne pouvait que lui refaire vivre ce maelstrom d'émotions terrible ; alors, pourquoi les vivre ? Elle préférait vivre en décalage avec les autres puisqu'elle, elle n'était pas gênée de les voir évoluer différemment d'elle. Elle préférait recréer le monde réel à sa manière, développer des univers alternatifs meilleurs, où elle était certaine de ne jamais souffrir. Celui-ci l'avait bousculée avant le cours de potions, c'était peut-être parce qu'il avait fait un cauchemars après que les Nargles lui ait embrouillé l'esprit. Celle-là avait accompagné sa démarche bondissante par des loony répétitifs : peut-être essayait-elle de composer une mélodie au rythme rapide qui apporterait de la joie pendant des décennies.
Elle préférait ne rien dire et vivre dans ses rêveries parce que c'était bien moins douloureux ainsi.
Parce qu'elle savait que le jour où elle serait véritablement projetée dans le monde réel, elle ne parviendrait sans doute pas à s'en relever véritablement.  
Rétrospectivement, Luna Lovegood trouvait sa logique d'antan parfaitement utopique. Elle continuait de la suivre pourtant, trouvant un réconfort certain en divaguant plutôt qu'en ressassant sans cesse les heures sombres de la guerre. N'avait-elle pas vécu une autre vie pour s'éviter de souffrir une fois libérée des cachots de Malfoy's Manor ?

Un mouvement et son champ de vision abandonna le point imaginaire sur lequel il s'était fixé, une heure durant. Elle parut surprise de voir Neville à ses côtés avant de se souvenir que depuis son retour, il ne l'avait pratiquement pas lâchée d'une semelle. Elle souriait encore mystérieusement en se rappelant lui avoir demandé ce qu'il faisait. Tu cherches à trouver un moyen de confondre les ombres entre elles ? - Non, juste la tienne avec la mienne : je veux être certain qu'il ne te viendra jamais plus l'idée de disparaître. « Neville ? », le sorcier jeta un galet à la surface du lac, ne lâchant les ondulations que lorsqu'il l'entendit prononcer son nom une seconde fois. « T'es prête? » Lovegood garda le silence avant de hocher la tête d'un petit mouvement ferme. « C'est le moment, oui. » L'ancien Gryffondor l'attira dans ses bras, mettant tout le réconfort dont il était capable dans son étreinte avant de lui embrasser la tempe. « On se revoit au dîner ?On se revoit au dîner. » Il lui pressa une dernière fois l'épaule avant de quitter les abords du rivage, d'un pas tranquille et déterminé. Mais Luna pouvait dire au regard de Neville qu'il était tout sauf tranquille et déterminé en cet instant. Dans son regard, elle avait pu lire toute l'inquiétude qui l'habitait, la hantise certaine qu'il ressentait pour elle.
L'air confiant, elle l'avait rassuré, lui promettant que tout allait bien se passer. Qu'elle se devait de dire la vérité à Rolf comme elle l'avait avec lui et les autres, en revenant à Poudlard sous sa véritable forme. Qu'elle lui devait ça à lui aussi, parce qu'elle le connaissait depuis longtemps. Parce qu'elle le respectait, parce qu'il comptait énormément pour elle. Elle n'avait pas eu besoin de le dire mais Neville avait très rapidement compris que Luna tenait beaucoup à Scamander. Qu'elle le portait dans son cœur tout autant que ses amis mais d'une manière inassimilable à la leur. Il n'avait pas eu besoin qu'elle le lui dise parce que c'était lui qui s'occupait d'elle depuis son retour, c'était lui qui recueillait ses pensées lorsque Hermione n'était pas là pour la soutenir. Il savait aussi que si elle avait eu le choix, elle serait restée aux côtés de Malfoy plus longtemps avant de revenir parmi eux, parce que c'était plus simple ; parce que lui aussi, elle le considérait comme son ami, malgré les camps opposés qu'ils occupaient tous les deux. Neville savait exactement quelle était la place qu'occupait Rolf Scamander dans le cœur de son amie rien qu'en la regardant effleurer cette drôle de chaine qui lui graciait le cou de jour comme de nuit.

Luna se devait de rassurer son ami parce qu'elle pouvait lire toutes ces appréhensions se refléter dans son regard sombre et qu'il ne méritait pas d'en supporter plus. Après tout ce qu'elle lui avait plus ou moins fait subir, il était hors de question qu'il s'inquiète davantage pour elle. Un. Elle l'observa longtemps s'éloigner du rivage, le visage toujours figé dans cette expression sereine et contemplative qu'elle arborait naturellement depuis leur retour de mission, ce matin-même. Deux. Depuis qu'ils avaient appris la présence inespérée de Rolf dans l'enceinte de l'école ; depuis qu'on lui avait avoué à mi-voix qu'il cherchait l'autre, qu'il cherchait Marie. Trois. Dès l'instant où la silhouette de Neville se volatilisa, son masque éthéré se fissura. Seul le clapotis de l'eau parvenait à sa conscience, la renvoyant fatalement au jour fatidique où elle avait quitté Scamander.

Son dernier masque s'était fissuré. Elle n'essayait pas de comprendre le monde parce que tout au fond d'elle, elle était certaine que le Monde ne la comprendrait jamais. Le monde voulait qu'elle soit autre chose que ce qu'elle était, que ce qu'elle voulait être. Rolf l'avait écrit : c'était Marie qu'il voulait, pas Luna. Certainement pas toi. Elle n'avait sans doute pas beaucoup de temps, juste celui que prendrait Neville pour retrouver Rolf et lui dire qu'elle l'attendait ici. Elle n'avait sans doute pas assez de temps mais elle s'octroya cette liberté-ci : elle laissa les pleins pouvoirs à la pierre qui la plombait depuis ce matin ; elle laissa tous les pouvoirs à ce poids qui lui écrasait l'estomac et lui tordait le cœur dans tous les sens. Menteuse, menteuse, menteuse. Elle le laissa la contrôler tant qu'elle était seule, ;tant qu'elle était certaine de pouvoir la contrôler totalement. Son dernier masque venait de tomber parce qu'elle se souvenait, aujourd'hui, que pour éviter de souffrir, elle avait rapidement abandonné l'idée de vouloir à tout prix comprendre le monde. Son dernier masque était tombé parce que la seule personne qu'elle ait jamais essayé d'appréhender  n'avait jamais essayé de faire de même pour elle avant.
Luna Lovegood douta que Rolf essaie seulement de vouloir après tout ça.



Vingt minutes, peut-être plus. Elle avait perdu le compte en offrant son visage au vent et immergées ses chevilles dans le lac. Dire qu'elle s'était seulement figée en l'entendant venir à toute vitesse n'était pas suffisant car son esprit lança systématiquement des ordres contraire à la sorcière : retourne-toi, ne bouge pas. Peut-être s'était-elle retournée trop rapidement, ou trop lentement, selon le point de vue par lequel on se plaçait. Si elle avait été plus réactive, elle n'aurait sans doute pas relâché stupidement les longs voilages fleuris qui lui recouvraient les jambes dans les eaux sombres ; si elle avait été plus lente, elle ne l'aurait pas vu ralentir, puis s'arrêter, pour seulement se décomposer comme neige fondait au soleil. Elle ressentit un pincement au cœur en le voyant changer de couleur ; de voir la joie, le désir et la bienveillance subitement détruites par l'effroi le plus naturel. Si elle n'avait pas déjà vu cette expression se refléter sur les visages de ses amis, Luna aurait pu jurer que Rolf avait tout juste vu un revenant.
Pire, elle savait ce qu'il pouvait bien ressentir : elle avait cette même expression heurtée sur son visage les rares fois où elle osait se regarder dans un miroir. Elle avait beau avoir abandonné définitivement Marie, il y avait encore des choses que son esprit ne parvenait pas encore à assimiler, à encaisser, à accepter.

Lovegood balaya vite cette pensée en se retournant complètement vers lui, ne fixant plus le même point invisible qu'elle jaugeait depuis plus d'une heure mais ses yeux à lui. Ils étaient toujours aussi bleus. Il était toujours le même. Néanmoins, elle le trouva plus grand que la dernière fois où ils avaient été réunis. Encore une chose que le Polynectar lui avait pris : tous les repères physiques qu'elle avait établi en étant Marie. La pensée s'étiola lorsque Luna se concentra de nouveau sur l'essentiel. Il était là, bel et bien là, entier, vivant. Son coeur battait le même rythme frénétique qu'avant, injectait dans son système une telle sensation de bien-être qu'elle sentit tous les doutes se dissiper en un instant. Elle retrouvait les mêmes émotions qu'il avait distillé en elle depuis St Michael, depuis les lettres, depuis le cottage, depuis la semaine qu'ils avaient passé ensemble. Elle voulait le revoir sourire, elle voulait le voir rire, elle voulait lui dire qu'elle était heureuse qu'il n'ait pas suivi son idée stupide de quitter le pays ; elle voulait tout lui dire, tout lui raconter, depuis son enfance jusqu'à maintenant, juste parce qu'elle voulait qu'il la comprenne ; elle voulait le voir sourire, elle voulait le revoir rire, elle voulait lui dire que la seule chose qui l'avait faite tenir, c'était sa chaine, qu'elle ne l'avait jamais ôtée parce que c'était la seule chose qui l'avait aidée à supporter le fait qu'il n'était pas avec elle. Elle voulait lui dire qu'elle regrettait de ne pas lui avoir demandé de venir, de rejoindre les insurgés plutôt que de le laisser errer sans elle.
Elle savait que son choix était légitime sur le moment mais aujourd'hui, elle n'en était plus si certaine. Connaître l'issue de la reprise de Poudlard avait cet effet de lui faire oublier pourquoi elle avait préféré ne pas l'avoir près d'elle... Elle sentait déjà les picotements caractéristiques d'un sourire s'installer sur ses joues lorsque Rolf sortit finalement sa stupeur : « Luna ? », elle ne sut pas très bien, quid du prénom ou du ton employé, l'ennuya (la blessa) le plus mais elle eut beaucoup de mal à déglutir après ça. La simple salutation restait bloquée contre le nœud qui s'était suspendu en-travers de sa gorge. Elle donnerait cher pour avoir son talisman contre les Nargles autour du cou, ou un œil de Bandimon dans la paume, maintenant. « Est-ce que tu as vu- », en voyant le regard troublé de Rolf, elle se demanda si elle n'avait pas fait une monumentale erreur, pour la première fois de sa vie. Peut-être... peut-être aurait-elle dû venir sous polynectar. Elle avait encore le cheveu originel dans sa besace, flottant dans les dizaines d'enchantements pour ne pas le laisser se dégrader au fil du temps. Peut-être qu'ainsi, ça aurait été plus simple de lui expliquer qu'elle n'existait pas, que Marie n'existait pas. Scamander amorce un nouveau pas, brusque et imprévu, avant que son regard son regard n'amorce sa descente le long de son visage et de son cou. Idée stupide. Elle n'était même pas certaine de supporter une seule dose de Polynectar dorénavant.

Elle se fige, Luna, et la curieuse envie de plonger tête la première dans le Lac Noir la prend, sans espérer un seul instant remonter à la surface dans qu'il serait là. Elle avait du mal à supporter les allées et venues de ses yeux azurés entre son visage et la chaine qui reposait tout le long de son buste. Et au lieu de la rassurer comme d'habitude, la longue chaine dorée se mit soudainement à lui peser, elle aussi. Comment allait-elle lui dire ? Cela faisait des mois qu'elle savait que ce moment arriverait, un jour ou l'autre. Pour ses amis, elle avait imaginé des dizaines et des dizaines de scénarios où elle avait mis en scène son retour et leurs possibles réactions. En contrepartie, ils lui en avaient offert des dizaines et des dizaines d'autres, toutes aussi bonnes que mauvaises et surtout, imprévues.
Mais pour Rolf ? Elle n'avait jamais rien prévu. Jamais. Elle ne se l'expliquait pas, d'ailleurs. Après tout, elle n'avait jamais pensé qu'elle le reverrait un jour. Elle ne savait pas qu'il ne serait pas le même sorcier froid et étriqué qu'il était avant. Elle n'avait pas prévu non plus de l'aimer. Il était capable de tout, de s'emporter, de s'effondrer, de fuir le plus loin possible comme de passer les prochaines heures à jeter rageusement des pierres dans l'eau. Il ne lui ferait pas de mal. Il ne lui ferait jamais de mal, ça, elle en était certaine. Mais elle ne savait pas comment lui réagirait à l'intérieur et c'était sans doute pour ça qu'elle se sentit soudainement mal de n'avoir rien planifié pour lui, de ne pas avoir trouvé la meilleure façon de lui dire. Il l'avait complètement prise au dépourvu et aujourd'hui, elle se retrouvait perdue face à lui. Sans lui. Avec lui... Finalement, peu importe la façon dont elle le dirait et se comporterait avec Scamander, elle pressentait que ça n'irait jamais plus après ça.

Non, vraiment. Elle ne cherchait pas à comprendre le monde parce qu'elle savait qu'il pouvait frapper à tout moment, blesser jusqu'à ce que vous gisiez face contre terre ; Luna le savait parce que c'était exactement ce qu'il s'était passé le jour où sa mère était morte. Elle n'avait jamais eu envie de réessayer après ça. Jusqu'à revoir Rolf. Il avait été la seule chose que son esprit ait jamais voulu avoir de toute sa vie. Elle n'aurait pas dû penser qu'il était différent du reste du monde : il réagissait déjà comme tous ceux qui l'avait vue revenir à Poudlard.

Elle avait une drôle d'impression, en détaillant les traits de ce visage qu'elle avait vu détendus plus d'une fois, qu'elle avait toujours senti aimants sous ses doigts. Comme la sorte de pressentiment gênant que provoquait une situation déjà vue, déjà vécue. C'était là mais elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus... « Est-ce que- est-ce qu'elle- », elle ne bouge toujours pas et bien que l'eau soit aussi froide qu'avant, elle avait l'impression que ses pieds brassaient une eau bouillante. Elle n'aime pas le regard qu'il garde rivé sur la chaine. Elle n'aime pas entendre ce soupçon d'accusation dans sa voix. « Je pensais- », il ne finissait aucune de ses phrases et ça la rendait folle. Pas parce qu'elle ne réussissait pas à l’interpréter mais parce que lui commençait à ne plus raisonner logiquement. Elle avait appris que lorsque Rolf Scamander ne raisonnait plus, c'était qu'il s'offrait à elle, aux autres, au monde ; c'était lorsqu'il devenait vulnérable. Lovegood détestait ça. Elle n'aimait pas le voir vulnérable. Elle voulait l'apaiser en le serrant contre elle. Elle voulait le toucher pour aspirer tous les pensées sombres qui le secouaient au plus profond de son être. « Ma-Marie? Elle va bien? Pourquoi tu lui as pris son collier? Qu'est-ce que tu fais là? Pourquoi- » Elle voulait s'excuser de ne pas lui rendre Marie. Il n'y avait pas de Marie, il n'y en avait jamais eu. Il n'y avait qu'elle. Il a dû le voir dans son regard parce que soudain, elle perçoit dans les yeux de Scamander un vide total et une fissure qui se forme ; elle voit un avant et un après se dessiner sans qu'elle ne sache comment faire pour l'empêcher de percer définitivement. La sorcière baisse son regard, tombe sur les pendants posés sur son t-shirt trop grand, observe les voilages fleuris de sa robe se confondre dans l'eau sombre du lac avant de faire à nouveau face à Scamander. « Elle va bien. », lâche-t-elle dans un souffle et soudain, elle se demande bien à quel moment elle a elle-même commencé à considérer Marie comme une tierce personne. Elle a envie de se secouer comme un prunier, Luna, tellement elle s'exaspère à cet instant. À la place, ses poings attrapent les pans en mousseline de ses jupes pour revenir sur la terre ferme du rivage. Quelques pas de plus et Luna se retrouve à moins de deux mètres de Scamander. Mais la sensation de manque avec laquelle elle évolue depuis mars dernier se fait plus violente que jamais auparavant. Le moindre pore, le moindre centimètre de peau, le moindre muscle de Lovegood la font souffrir abominablement de cette proximité retrouvée. Elle sait que le seul moyen pour apaisé ce corps qui commence à la meurtrir de toutes les parts est là, juste là, qu'il suffit juste de le toucher, de l'enlacer. Elle le sait. À la place, elle enfonce un peu plus ses doigts et ses ongles dans les voilages, révélant deux converses noires imbibées d'eau au bout de ses jambes trop pâles. Elle sent déjà le tissu fragile s'effriter sous ses doigts, trop occupée qu'elle était à se contenir et à garder son expression tranquille.

C'était comme ça qu'elle avait commencé à l'expliquer pour les autres. En ne leur offrant rien d'autre qu'une page vierge sur laquelle ils pourraient déposer toutes leurs réactions, toutes leurs émotions. Elle n'avait rien de mieux à faire que de commencer avec lui comme elle l'avait fait avec les autres. « Je n'ai pas pris le collier. Il ne m'a jamais quitté.», et c'est là qu'elle sait, au final, il n'y avait jamais eu trente-six manières pour révéler sa vérité. Elle l'avait déjà fait avant. Vas-y, qu'est-ce que tu attends? Elle avait juste mal en sachant que pour lui, les mots s'entrechoquaient, ne parvenant pas à sortir de sa bouche qu'en l'écorchant cruellement. « Ce que je vais te dire va te paraître complètement... Étrange... » , elle se mordille la lèvre avant de s'éloigner un peu pour revenir à nouveau, les jointures ses mains de plus en plus blanches à force de serrer de plus en plus fort le tissu entre ses doigts. « Et idiot, et insensé, et improbable, et... Je divague encore. Je te l'ai dit, ça, que je n'aimais pas les plans A?, l'explication en demie-teinte qu'elle lui avait déjà fournie sort des limbes, s'impose comme la seule formulation possible pour lui, « Parce qu'ils menaient aux plans B, et aux C et aux autres? , comme seule base assez solide pour réussir à lui expliquer sans trembler davantage Marie, la chimère qu'elle avait invoqué pour s'en sortir, comme on invoquerait un Patronus pour se garder du pouvoir glacial et effrayant des Detraqueurs. Luna s'arrête de marcher sur les galets, ressentant leurs contours dans leurs moindres incurvations, à cause des semelles affinées par l'usure. C'est bizarre, qu'elle se dise maintenant que ses chaussures lui faisaient mal.

Elle se trouve ridicule. Elle n'avait jamais cherché ses mots. Elle n'avait jamais eu peur de parler franchement. Elle se trouvait ridicule de ne pas trouver le courage nécessaire pour lui dire d'arrêter de chercher du vent. « C'est moi, Rolf, » C'est moi, Marie « , c'est pour ça que je te disais haïr les plans de secours. », qu'elle détestait le plan Marie même si elle ne l'avait jamais clairement dit. Parce qu'au bout du compte, ils finissent toujours par avoir de terribles conséquences. Lentement, Luna tourne vers lui un regard trouble, incertain, ambivalent. Mais pas désolé, pas complètement. Ses lèvres s'entrouvrent encore une une fois mais aucun son ne sort. La pierre la paralyse. Un sentiment étrange la paralyse. Le silence de son regard la mortifie. Elle ne comprend pas pourquoi elle ne retrouve pas l'aisance avec laquelle elle communiquait avec lui, avant. Luna ne comprend pas que ce qu'elle ressent, c'est le sentiment atroce, écœurant et abjecte de la culpabilité. Elle qui se voulait être une page blanche, elle trouvait le concept intolérable en observant seulement Rolf. Avait-elle vraiment fait subir ça aux autres ?  Elle sent le froid l'envahir entièrement et la geler jusqu'aux os. « Marie, c'était mon plan de secours... » après Malfoy. Marie, c'était le seul moyen pour moi d'oublier tout ce qu'il m'avait fait subir. Marie, c'était la seule chose qui m'ait permise de rester en vie. Elle a envie de lui dire tout ça avec des mots mais elle ne parvient à traduire cette logique impossible qu'avec son regard. Les mots restent bloqués dans sa gorge et lui tordent les tripes parce qu'elle se rend compte qu'elle n'a finalement pas réussi à bannir la pire des émotions de son système. Elle a encore peur, Luna, mais plus des angoisses primaires qui la soulevaient avant.
Elle a n'a plus qu'une peur, Luna Lovegood, et cette dernière commence à prendre la forme d'une prophétie ayant des airs de malédiction. Elle a peur d'être seule. Elle a peur de perdre Rolf Scamander.


Dernière édition par Luna Lovegood le Mer 14 Sep 2016 - 20:52, édité 6 fois
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HERO • we saved the world
Rolf Scamander
Rolf Scamander
‹ disponibilité : always.
‹ inscription : 27/09/2015
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‹ crédits : flightless bird, les gifs à tumblr et à maggie stiefvater pour la signature.
‹ dialogues : seagreen.
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‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4349
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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Les gens sont comme des bêtes. Ils peuvent être tués, nourris, apprivoisés, conditionnés, manipulés, torturés, aimés. Newt traite les gens comme des bêtes, parce que les gens sont comme des bêtes. Ils hurlent quand ils ont mal, ils gémissent quand ils ont faim, ils se terrent quand ils ont peur.
Rolf observait les gens comme des animaux quand il était petit. Il les rangeait en petites catégories. Les embêtants, les stupides, les inutiles, les vaguement intéressants, les gros, les menteurs, les bizarres, les désagréables, les incompréhensibles, les attirants. Il les rangeait dans des petites catégories qu'il nommait joliment dans sa tête. Il se remémorait des caractéristiques physiques comme on se souvient de la couleur du plumage d'un oiseau ou de la robe d'un cheval: un nez cassé, une bouche tordue, une mâchoire trop carrée, des épaules faiblardes, un front fuyant, une transpiration facile, des cheveux graisseux au bout de deux jours, des doigts nerveux.
Il les rangeait dans des petites catégories et il pensait les comprendre. Rolf avait un avantage, et cet avantage lui avait appris que les gens n'étaient pas tout à fait comme des bêtes. Les bêtes agissaient à l'instinct. Elles faisaient telle ou telle chose pour survivre et pour aider l'espèce à survivre: tout n'était qu'instinct et ses conséquences. Les oiseaux migraient, les ours hibernaient, les phénix renaissaient et les sirènes chantaient parce qu'ils étaient codés et faits ainsi par la nature. Mais les gens. Les gens étaient heureux, tristes, torturés, jaloux. Ils rêvaient, ils hurlaient, ils riaient, ils pleuraient. Ils connaissaient la douleur et la tristesse et l'euphorie et l'excitation et la nostalgie et l'incompréhension et la frustration et la détermination.
Rolf était particulièrement doué pour trouver, analyser et décortiquer ces petites choses comme des insectes. Le Bruit, le nom que donnait Rolf à ce maëlstrom bouillonnant d'émotions qui définissait chacun auquel le jeune sorcier était particulièrement sensible, des gens étaient une chose que Rolf savait. Il ne l'entendait pas, ne le ressentait pas, ne le sentait pas: il le savait ce Bruit s'entrechoquait à ses propres émotions avec violence. Il avait appris, avec le temps, à contrôler les limites de ses propres émotions, à tout ranger dans des petites catégories joliment nommées, à repousser les autres pour éviter de se faire contaminer. Ce qui avait été une solitude forcée et douloureuse était devenue une froideur de préservation, d'instinct. Les oiseaux migraient, les ours hibernaient et Rolf restait en arrière, cartographiant le Bruit des autres en restant froid et cruellement distant.
Il y avait plusieurs sortes de gens, et de Bruits.
Il y avait ceux qui n'avaient aucun contrôle. C'était les pires. Leurs émotions infestaient l'espace et se faufilaient partout, insidieuses et traîtresses, pour venir contaminer Rolf. Il n'aimait pas trop ces gens-là.
Il y avait ceux qui avaient un contrôle presque maniaque sur leurs émotions. Qui les gardaient dans des catégories joliment nommées et rien ne dépassait. Ces gens-là étaient étranges. Comme si ils refusaient de ressentir quoique ce soit.
Il y avait ceux qui étaient plats comme des raie manta.
Ceux qui avaient des pics émotionnels saugrenus.
Ceux qui ne savaient jamais ce qu'ils ressentaient.
Et ceux qui utilisaient leurs émotions comme des couches de protection. Une couche de tristesse, une couche de douleur, une couche de bonheur, deux couche de bonheurs, trois couches de bonheurs et tout va bien. Ces gens-là étaient des menteurs-né. Rolf ne leur en voulait pas. Ils se cachaient derrière des mots et des émotions, tout comme lui, et passaient parfois d'un extrême à un autre sans raison ni logique: joie, tristesse, bonheur, mélancolie, incompréhension, excitation, and so on.
Luna Lovegood avait toujours fait partie de cette dernière catégorie de gens. Impossibles à cerner, incompréhensibles à étudier. Différents.
Celui de Marie était un calme plat. Rolf s'était dit qu'elle lui mentait sur quelque chose, mais c'était la seule question qu'il ne lui avait pas posée. Elle devait bien avoir une raison pour avoir quitté la France, n'est-ce pas? Et puis dans sa tête, ils avaient tout le temps du monde. Il aurait le temps de lui demander, et ils riraient du fait qu'il n'ait jamais osé avant.
Celui de Luna avait toujours été indécis. Incompréhensible. Rolf n'avait jamais essayé de la comprendre, après tout.

Celui de l'Être qui lui fait face est incomparable.
Il est violent. Rolf se demande combien de temps il a été abandonné, malaimé.
Il est triste. Il est douloureux. Il est apeuré. Tellement apeuré. Et il est aimant. Irrémédiablement, face à Rolf, cet Être ressent de l'amour. Évidemment, l'amour n'est pas tout à fait une émotion: c'est aussi, et surtout, un sentiment. Une sensation. C'est de l'acceptation, de la sérénité, de la joie, de la confiance, de l'extase et de la tendresse et de l'attachement et-
Tellement de choses encore, que cet Être ressent, en regardant Rolf. Rolf se fait la réflexion qu'il aurait aimé que Marie ressente ça pour lui. Peut-être qu'elle le ressent pour lui. Mais il aurait aimé l'entendre, son Bruit, le chercher, l'envelopper dans ses pensées et le garder près de lui.
L'Être n'a pas le droit de lui lancer ça à la figure. Il ne le connait pas, ne le reconnait pas. C'est un monstre, c'est un postiche, un masque, un mensonge.
Luna est morte. Elle a été tuée par les Malfoy, par la guerre, par tout ça. Elle a été tuée et elle ne peut pas se tenir là. C'est impossible.
Rolf est un cartésien. Quelqu'un de réfléchi et de logique. Action, réaction. Cause, conséquence. Interrogation, explication. Luna est morte. Alors elle ne peut pas se tenir devant lui. Alors on lui ment. Alors c'est un mensonge. Ou une manipulation de cet Être. Ou alors sans doute une hallucination. Il aimerait se frotter les yeux, plonger dans le Lac, se cogner la tête contre un tronc d'arbre mas il ne parvient pas à bouger, ses yeux font des allers-retours, collier visage collier visage colliervisage colliervisagecolliervisagecolliervisage.
Marie. Marie. Il espère qu'elle va bien. Que lui a fait l'Être? Et pourquoi se jouer de lui ainsi? Luna Lovegood est morte et son souvenir a été enterré il y a bien longtemps. Elle n'a pas le droit d'être ici.
« Elle va bien. » Marie, pas Luna. Rolf parvient à respirer, lentement, difficilement. Sa poitrine se dégonfle millimètre par millimètre et il baisse enfin les yeux, avec l'impression que des lumières s'allument dans son crâne. Elle va bien. Elle va bien. Où est-elle?
Elle s'approche et se retrouve si près. C'est étrange. On dirait vraiment Luna Lovegood. Rolf n'a jamais emmagasiné des détails à son propos mais il se souvient, bien évidemment, de ses traits les plus évidents. Les yeux bleus trop clairs tout d'abord, semblables à ceux de son père. Le nez. Droit, long. Les cils trop longs. Les cheveux ne sont pas assez blonds, pas assez clairs, pas assez blancs: l'Être s'est trompé. Et puis, Luna Lovegood est bien plus jeune que ça, dans le souvenir de Rolf. Pour Rolf, elle est encore en train de peindre son plafond, s'en fiche complètement de lui et est surprise d'apprendre qu'il ne vit pas pleinement sa vie.
Le grimage est presque parfait. Mais pas suffisant. On ne l'aura pas comme ça.

« Je n'ai pas pris le collier. Il ne m'a jamais quitté. » Mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge, mensonge.
« Ce que je vais te dire va te paraître complètement... Étrange... » Et menteur. Et stupide. Et illogique. Et décousu. Rolf ne sait même pas quoi dire. Il est complètement démuni, complètement, complètement perdu. Elle ment, évidemment qu'elle ment, mais il n'y a aucun des sentiments pernicieux qui ternissent les mensonges dans son Bruit: aucune malice, aucun effroi d'être découvert, aucune culpabilité. « Et idiot, et insensé, et improbable, et... Je divague encore. Je te l'ai dit, ça, que je n'aimais pas les plans A? Parce qu'ils menaient aux plans B, et aux C et aux autres? »
Il est de retour dans la pièce à vie d'un petit cottage perdu dont il ignore l'emplacement. Son corps tout entier lui fait mal, son visage est en feu et il a envie de dormir pendant un siècle mais dans son souvenir, c'est un moment agréable qui va entraîner beaucoup de moments plus agréables encore. Il est assis contre le dossier du lit et Marie Talesco est en face de lui. Ses mains parcourent ses bras, ses plaies, ses mains et les soignent posément, sans faillir ni faiblir, alors que ses yeux à lui cherchent avidement son visage, essaient d'y trouver... quelque chose. N'importe quoi, mais quelque chose. Et puis il détourne le regard pour ne pas qu'elle le surprenne en train de l'observer.
Il est de retour dans la pièce à vie d'un petit cottage perdu dont il ignore l'emplacement et Marie Talesco lui parle de plans B et d'Insurgés et de plans C, D, E. Elle lui parle de ça mais elle lui parle aussi d'oubli et de douleur, de bonheur et de danses. Elle l'embrasse timidement et il l'embrasse avidement, comme si il voulait l'avaler toute entière pour être sûre qu'elle ne partira pas, parce qu'il ne sait pas aimer autrement. Il la serre contre elle et elle ferme les yeux en cherchant son pouls, un geste qui deviendra une habitude et un besoin alors qu'il profite juste de son odeur, sa présence, sa chaleur. Elle lui parle de la peur, des Insurgés et de la douleur. Elle lui parle de choses qui n'appartiennent qu'à eux, qui n'appartiennent qu'à la pièce à vie d'un petit cottage perdu dont il ignore l'emplacement.
Rolf a l'impression que quelque chose se brise quelque part. Il y a toujours quelque chose qui se brise quelque part. Des verres contre des carrelages, des os contre des objets, des rêves contre des réalités, des coeurs. Juste: des coeurs. Rolf a l'impression, non, sait que quelque chose se brise quelque part mais il ne sait pas où et il ne sait pas quoi mais il sait, aussi sûrement qu'il sait que le Bruit de cet Être le terrifie et aussi sûrement qu'il sait que le monde est en train de s'arrêter de tourner pour leur permettre de se regarder indéfiniment, que ça fait mal.
Ça fait putain de mal et il ne sait même pas pourquoi.
Oui. Peut-être qu'il le savait depuis le début. Peut-être qu'il l'ignorait depuis le début. Peut-être que c'est le genre de choses que l'on comprend seulement quand on embrasse la femme qu'on aime et le genre de choses qu'on préfère oublier pour l'aimer encore.

Avec Marie, ils se sont construits un monde de lumière et d'amour. Et maintenant, quelqu'un a éteint toutes les lumières. « C'est moi, Rolf. » Luna? Marie? Qui? Non. Non. Tu es un Être. Tu me trompes. Tu me mens. Tu n'es rien ni personne et tu me mens. « C'est pour ça que je te disais haïr les plans de secours. » Rolf a envie de poser ses mains sur ses oreilles comme un gamin et se mettre à hurler, hurler, chanter, courir dans tous les sens, se frapper la tête contre un arbre mais en même temps, il a envie de rester immobile pour toujours, fermer les yeux, oublier le temps. Il voudrait disparaître sous terre, s'envoler dans les airs, se faire foudroyer par un dieu dément (ou un dieu clément, il n'arrive pas à faire la différence en cet instant précis).
Pourquoi est-ce qu'il a si mal? D'où ça vient?
« Marie, c'était mon plan de secours... » Son plan de secours? Pour quoi? Pour qui? Ça ne fait aucun sens. Luna est morte. Marie est Marie. Marie porte son collier. Marie l'aime. Marie l'Aime. Marie n'a pas de Bruit et le Bruit de Luna n'a jamais ressemblé à ça. Luna est morte, terriblement morte, mais Marie va bien et il ne sait pas où il est et il doit la trouver, tu comprends? Il doit lui dire tout ce qu'il ressent, tout ce qu'il n'a jamais eu l'occasion de lui dire, tout ce qu'il a été trop lâche et qu'il a ravalé de travers.
Il aimerait torturer cet Être et comprendre. Il aimerait lui arracher les solutions, les questions, les réponses, les idées. Il aimerait utiliser un Doloris, un Legilimens, lui ouvrir le crâne, en sortir tous ses souvenirs. Comprendre, comprendre, comprendre. Parce que rien ne fait de sens et tout est mensonges et Rolf a un goût acide sur la langue, dans le fond de la gorge, qu'il a du mal à reconnaître tant il déteste cette sensation: il a été trompé. Il a été trompé, on lui a menti et il a été trahi.
Et ils parlent des Poufsouffles loyaux jusqu'à la mort. Ils parlent des alliances stratégiques et dépendantes des Serdaigles. Ils parlent des Gryffondors prêts à crever pour leurs cercles d'amis.
Mais ils ne parlent pas des serpents floués pour toujours. Ceux qui placent leur confiance dans des personnes utiles et parfois se laissent prendre au jeu. Ceux qui se perdent entre ambition et désir et compagnie.
Et ceux qui se font trahir, et sont même incapables d'associer ce qui a été et ce qui ne sera plus jamais.
Rolf s'approche. C'est une guerre en marche, Rolf, quand il s'approche comme ça. Une merveille de muscles et de tendons et de tension, surtout, et de colère, aussi. Il fait un pas mais il a l'impression d'avoir couru un marathon. Il s'approche d'un pas et l'Être se crispe, dans l'attente d'un coup ou d'une étreinte, mais Rolf ne fait que lever la main.
Une chose étrange, cette colère qui commence à vrombir dans ses oreilles, à trembler dans ses muscles, à grandir dans sa poitrine. Il ne sait pas d'où elle vient, il ne sait pas de quoi elle se nourrit mais il sait très bien que c'est aussi ça qui le rend aussi immobile, aussi sévère et impavide alors qu'il croise le regard avec un Être éthéré qui ne peut exister et alors qu'il repousse toutes les explications et réponses et possibilités imaginables. Si il s'autorise à penser, il va s'effondrer et sa colère est la seule chose de réelle dans le monde.

Il lève la main, donc, tend le doigt et l'approche de l'Être jusqu'à toucher sa clavicule. Il s'attendrait presque à ce qu'une myriade d'étincelles lui remonte le long du bras jusqu'au coeur mais rien rien rien. C'est du mensonge et du costume qu'il touche, rien d'autre. Son doigt trace une ligne jusqu'à la chaîne et se glisse dessous et tire, lentement, très lentement, jusqu'à ce que l'index remonte jusqu'aux pendentifs.
Deux alliances. Une montre à gousset. Un sifflet.
Rolf les connait par coeur.
Il ferme les quatre objets dans sa main, serre les doigts jusqu'à ce que ses phalanges blanchissent et ignore complètement le fait que l'Être soit obligé de faire un pas en avant quand il raccourcit la chaîne. Il ferme les yeux.
Les objets nous touchent et nous touchons les objets. Une alliance transporte l'amour, la fidélité, la passion d'un couple. Cette montre transporte l'angoisse, l'incompréhension, la peur et la douleur d'un enfant paumé et sauvé de justesse. Ce siffle transporte le doute, l'affection et la réelle complicité d'un adulte paumé et son piaf empaffé.
Mais il y a autre chose. Évidemment qu'il y a autre chose.
Il y a le doute de la gamine et de l'adulte et de la femme entre les deux. Le regret et la souffrance. Il y a l'attente et l'espoir. Il y a la mélancolie et le désir, l'impatience et le rejet, la nostalgie et la tendresse. Et l'amour.
C'est un peu comme le Bruit de l'Être. C'est douloureux et ça s'entrechoque de partout. Mais il y a toujours cet amour en ligne directrice. Une émotion qui a grandi et grossi et brise quelque chose entre les côtes de Rolf et allume des feux brûlants dans les yeux de Luna.
C'est un peu comme le nouveau Bruit de Luna.

Il serre tellement fort les pendentifs dans ses mains que tout son bras tremble et il relâche peu à peu la pression, difficilement, en rouvrant les yeux. Il a l'impression qu'il va pleurer mais ce n'est pas le cas: ses yeux son secs, ses traits figés. C'est un enfant cruel qui fait face à Luna Lovegood, le même qui se moquait gentiment de ses nattes asymétriques, le même qui refusait d'être vu à ses côtés et le même qui a failli rentrer à nouveau dans sa chambre pour lui demander de le regarder et essayer de devenir son ami, la dernière fois qu'ils se sont vus.
Il ne l'a jamais fait et maintenant ils sont là, et elle lui a menti et Rolf ne sait pas quoi faire de tout ça. D'elle, et son Bruit, et son pendentif, et ses mensonges, et Marie, et l'impression qu'on lui déchire les entrailles à coups de griffes et qu'il ne peut rien faire si ce n'est subir.
Est-ce que j'étais ton plan de secours aussi? ” Le connard dont t'as fait un con? Le salaud que t'as salopé? Luna a toujours un plan. Bizarrement. À sa manière. Avait-elle prévu qu'il tombe amoureux d'elle? Qu'il crève d'apprendre son mensonge? Est-ce que c'est sa manière étrange de le punir de son orgueil, de son indifférence, de sa méchanceté toute enfantine?
Phalange par phalange, il rouvre la main et laisse cruellement tomber le collier, le laissant rebondir sur le torse de Luna sans rien dire. Il garde son regard vissé dans le sien, ses traits figés sauf pour ses sourcils, qui se froncent froncent froncent et ses yeux, qui s'assombrissent comme un ciel d'orage. “ Comment? ” ordonne-t-il, se faisant inquisiteur. Il convoque les pires dieux, les magies les plus noires, les plus grands froids, les océans les plus calmes, les histoires les plus apaisantes, les remparts les plus épais, les murs les plus solides. Il les érige un à un, brique par brique, derrière les yeux, autour du coeur, à fleur de peau, sur ses nerfs. Il les construit, les rénove, s'assure de leur solidité pour ne pas que sa voix faiblisse, pour ne pas perdre une couleur de plus, pour ne pas s'énerver et pour ne pas s'effondrer.
Et il lève la main à nouveau mais cette fois, il a la paume tournée vers le ciel et les yeux, toujours, fièrement plantés dans les siens. “ Rends-le, ” fait-il, et sa voix claque comme un fouet et sur les murs, derrière les remparts, dans les détails des histoires, sous la surface des océans, entre les lames de grands froids, au plus profond des magies et dans le coeur des dieux, il y a une colère, une rage, bouillante et rageuse, violente et terrible.
Quand il était petit, Rolf s'énervait.
Parce que personne ne comprenait et personne ne voulait comprendre. Il avait quatre ans quand ses parents étaient morts et quatre ans quand son don d'empathie, sa malédiction personnelle, s'était révélée au grand jour après de longues heures passées dans le coma suite à un cruel sortilège Doloris. Il avait quatre ans, et entre ce moment fatal et son entrée à Poudlard, il avait été en colère. Certains s'en souvenaient même. Des nez cassés sur le pitch de Quidditch. Des corps pressés durement contre les murs dans les couloirs de Poudlard. Des plans de travail brusquement renversés par frustration en cours de potions. Des plumes brisées en deux, en trois, en mille. Bomb Rolf, riait-on parfois, parce qu'il fallait en rire. Bomb Rolf, imprévisible, explosif et ridicule.
Ce n'était rien comparé aux crises avant Poudlard. Les salles entières saccagés. Les vases brisés entre ses propres mains. Les heures passées à se faire mal, parce que c'est la pire forme de contrôle, mais c'était la seule forme de contrôle qu'il connaissait. Les hurlements à n'en plus finir, pour se dépenser, pour attirer l'attention, pour noyer les bruits et les Bruits. Les conséquences magiques invariables, les vitres qui se brisent, les livres qui quittent les étagères, les casseroles qui débordent. L'impression d'être plus grand que sa peau. L'impression que son sang est en feu. L'impression que rien n'a de sens et que n'existe qu'une seule chose: une rage terrible qui infeste et qui rampe et qui s'insinue et qui prend contrôle de tout, et ne laisse derrière que des cendres.
C'est ce genre de colère qu'il ressent, au plus profond de lui, en cet instant précis, et qui l'étouffe, et qu'il étouffe.  
Il claque des doigts, ses yeux se baissent une dernière fois sur le collier avant de se planter dans les siens. “ Il ne t'appartient pas. ” Mais pas à lui non plus. À Marie. Juste à Marie.
Alors si elle n'a jamais existé, peut-être qu'il n'a plus besoin de ce collier pour respirer.
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Luna Lovegood
Luna Lovegood
‹ inscription : 31/05/2015
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‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
ROLFLUNA#2 — SHE WAS THE MISSING KINGDOM, THE UNBRUISED PART OF MYSELF. C9rrp50

‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10432
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
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Elle ne sait pas pourquoi elle a peur mais elle a peur. Luna s'était pourtant dévoilée aux autres, quelques semaines auparavant. Mais là où les autres avaient provoqué un vague sentiment d'appréhension, de la honte parfois, Luna ressentait de la peur, ici et maintenant.  
Jusqu'à présent, elle était persuadée qu'il n'existait qu'une sorte de peur dans le monde. Celle qui la faisait se réveiller en sursaut au beau milieu de la nuit, celle qui la faisait sursauter en plein jour au moindre bruit étrange. D'un point de vue pratique, la peur revêtait parfois le visage du rebelle O'Faoláin et d'autre, le visage squelettique d'un homme dont elle ne connaissait pas le nom ; le plus généralement, c'était un Râfleur sans visage, portant juste l'uniforme de la milice du Magister. D'un point de vue tantôt abstrait, tantôt réel, la peur était Lucius Malfoy, ni plus ni moins. Où qu'elle aille, quoiqu'elle fasse, sous Polynectar ou à visage découvert, Lovegood craignait toujours de voir apparaître au coin d'une rue, au détour d'un arbre, le visage terrifiant de Lucius Malfoy. Plus jeune, elle n'avait jamais craint cet homme. Ni sur le Chemin de Traverse et encore moins au détour d'une galerie bien spécifique du département des mystères. Mais passer des semaines et des mois sous les dalles de ses cachots avait eu de quoi l'effrayer à tout jamais. Elle ne saurait décider, quid des sortilèges ou de l'image cadavérique dans laquelle Hermione l'avait retrouvée, l'effrayait le plus. Mais pour Luna Lovegood, la peur avait toujours bel et bien pris le visage, le masque, la marque, de Lucius Malfoy depuis le jour fatidique où elle était morte. Jusqu'à aujourd'hui. La réaction de Rolf provoquait déjà les esquisses d'une peur panique et elle se retrouvait démunie de finalement comprendre que la peur était comme un kaléidoscope : elle possédait de multiples facettes qui n'avait jamais de cesse de réverbérer à l'infinie ses émotions sombres. Oui, la peur avait plusieurs facettes et ce simple constat suffisait à tétaniser Luna des pieds à la tête. C'était là, juste là, dans le regard de Scamander. Elle voyait une myriade d'éclats lui parsemer les iris, des teintes étranges dans le bleu naturel de son regard. Elle voyait aussi des dizaines d'émotions défiler sans qu'aucune ne s'y ancre assez longtemps pour qu'elle puisse les capter. Pour la première fois depuis longtemps, Luna voyait sur le visage de Rolf quelque chose qu'elle ne parvenait pas à comprendre. Faux. Elle observait quelque chose qu'elle pensait ne plus jamais voir se refléter dans les yeux de Scamander. Ce simple constat fut suffisant pour lui retourner les tripes, lui tordre le cœur ; suffisant pour remplir ce nouvel espace, vidé de toutes les douces sensations qui l'habitaient jusqu'à présent. Elle avait juste l'impression qu'il la regardait comme avant, avec indifférence. Soudainement, elle a froid : ni le soleil sur sa peau ni la proximité de Scamander ne paraissent suffisants pour réchauffer ce qui était en train de geler en elle : son cœur ou son esprit, Luna ne parvenait pas à déterminer lequel se figeait le plus vite.

Il la touche : ô combien elle avait rêvé de ce moment, Lovegood. Mais là où elle avait imaginé un sourire, elle ne perçoit rien d'autre qu'une froide neutralité qui se construit. Deux tiraillements : l'un en plein cœur, l'autre dans son ventre. Elle se pince si fort les lèvres à cet instant parce qu'elle sait que si elle ne se maîtrise pas, elle risquerait d'éclater comme elle le faisait toujours lorsque quelque chose ne lui plaisait pas, lorsqu'une personne ne l'écoutait pas. Elle ne sait pas trop quoi penser de le voir aussi... inerte. Une part d'elle aimerait se déchirer le crâne, vider entièrement sa mémoire, pour lui offrir ses précieux souvenirs, pour lui faire comprendre qu'elle ne ment pas, qu'elle ne joue pas. Pour lui faire comprendre que ce n'est pas un fantôme qui se tient devant lui. De l'autre, elle ne veut rien prouver, elle veut juste parler sans discontinuer, de cette voix sèche et cruelle qu'elle utilise parfois pour rappeler aux autres qu'elle n'est pas uniquement cette sorcière que rien ne pouvait ébranler. Sérénité, plénitude et mystère : Luna Lovegood, ce n'était pas que ça et si elle avait souvent été dans l'incapacité de l'expliquer, elle s'en faisait bien souvent la remarque. Elle veut qu'il la prenne dans ses bras. Jamais elle n'avait rien attendu de quiconque, des autres, des sorciers, de ses amis lorsqu'elle leur avait conté son histoire, celle où le Polynectar l'avait transformée en Marie, cette étrangère bienveillante mais bien trop secrète pour être normale. Jamais elle n'avait espéré un sourire ou un geste d'eux. Attendre le rejet avait grandement faciliter le processus des aveux. Mais là, devant Rolf, devant sa main qui l'attire sans la moindre aménité à lui en tirant sur sa chaine, elle espère ne pas être obligée de s'expliquer, souhaite ne pas le voir la juger, demande à ne pas subir son incompréhension, sa colère, sa haine. Elle veut juste qu'il la prenne dans ses bras, comme avant. Qu'il la fasse vibrer, comme avant. Qu'il l'embrasse, comme avant. Qu'il l'accepte, comme avant. Avant existait-il seulement ? Maintenant qu'elle ne s'appelait plus Marie Talesco ?

Luna baisse le visage vers les maillons dorés tendus et soudain, se souvient des mots de Scamander lorsqu'elle remarque les jointures de ses doigts pâlir, pâlir, pâlir. L'écriture élégante quoique nerveuse lui rappelle qu'il peut sentir ce qu'elle a tout au fond d'elle, qu'il peut découvrir les secrets que recèlent les pendentifs, eux qui n'ont jamais quittés son cou, sa poitrine, son être, des mois durant. Il saurait alors, Rolf, qu'elle ne mentait avec lui ? Qu'elle n'avait pas joué avec lui ? Par cette lecture, il saurait qu'elle l'aimait du profond de son être et que jamais elle n'avait voulu lui mentir ? Ment-on vraiment lorsqu'on essaie de protéger les autres, lui ? Luna lui avait offert la version la plus neutre de Marie, celle où le moins d'informations possibles avaient été modifiées. Si ce n'était pour répondre en l'entendant utiliser le saint prénom, jamais elle ne s'était vraiment fait passée pour son double avec lui... Déni. Elle savait qu'elle avait du en détourner, des réponses, et qu'elle n'avait jamais répondu à ses rares interrogations muettes. Elle n'avait jamais répondu lorsque, dans son regard, elle avait vu se refléter la question traître : qui es-tu? Il ne l'avait jamais prononcée. Il ne l'avait même pas vraiment pensée. Mais toujours, en déambulant à ses côtés, Luna avait senti cette épée de Damoclès planer au-dessus de sa tête, venir alourdir d'une ombre plus obscure que celle de leurs deux silhouettes entrelacées sur les sols foulés. Déni. Jamais elle n'avait répondu à cette interrogation avortée, silencieuse, menaçante et elle le savait parfaitement. Peut-être aurait-elle dû y répondre tant qu'il était temps. Il serre, serre, serre, si fort le collier que Luna sent la peur s'envoler un peu, juste un peu. Elle le regarde, Rolf, lui et ses paupières closes, lui et ses cheveux blonds, lui et son souffle court. Elle se demande ce qu'il peut bien se passer sous son crâne lorsqu'il ressent les choses. L'interrogation est suffisante pour lui faire oublier qu'elle ne doit pas essayer de le prendre dans ses bras maintenant. Qu'elle se doit d'arrêter de penser qu'il sentirait? Il verrait ? Il comprendrait... pas vrai ? Il saurait qu'elle n'avait pas fait tout ça pour lui faire du tort mais bel et bien pour se protéger elle de Malfoy senior, pour les protéger tous, hein ? Que ce qu'elle montrait au monde en temps de guerre n'était pas ce qu'elle était vraiment, tout au fond d'elle ? S'il-te-plaît, Rolf, s'il-te-plaît... Ne me juge pas, ne me déteste pas. Ne m'ignore pas. Les médaillons rebondissent sur sa poitrine mais elle ne les sent pas revenir contre elle : le regard à la fois impavide et électrique de Rolf la cloue sur place, lui coupe la respiration en une seconde. Elle ne sait pas du tout à quoi s'attendre, Lovegood, et ce manque d'anticipation l'angoisse. Colère, pardon, colère, pardon... « Est-ce que j'étais ton plan de secours aussi ? » lâche-t-il, finalement. Colère. C'est la colère qu'il choisit, la colère que Luna redoute, craint, déteste de tout son être. Elle veut s'enfuir. Retourner aux côtés de Neville, retourner en arrière, lui demander de ne pas la laisser faire. S'il-te-plaît, Nev, reviens. Je ne veux pas vivre ça, reviens. « Non. », lâche-t-elle immédiatement d'une voix éthérée qu'elle ne reconnaît pas. C'est pourtant la sienne mais Luna ne parvient pas à l'identifier vraiment : elle n'est pas ferme, elle n'est pas sûre. De son point de vue, Luna est certaine de n'avoir jamais trahi Rolf intentionnellement mais désormais, elle se doute qu'il ne l'écoutera pas. « Tu es arrivé comme ça, Rolf- » et sur le 'ça', un claquement de doigts s'invite brusquement, sèchement. Elle n'avait jamais prévu de le croiser sur la digue de St-Michael ce jour où elle échappait aux Rafleurs. Elle n'avait jamais prévu que siffler dans son pendentif sculpté aurait conduit Erlkönig jusqu'à elle. Elle n'avait jamais prévu qu'il réponde à toutes ses lettres (après tout, qui l'avait déjà fait ?). Elle n'avait jamais prévu de le retrouver en sang, un jour, à moitié mort, au beau milieu d'une forêt. Elle n'avait jamais prévu qu'un jour, elle aurait dû veiller sur comme Hermione avait bien pu le faire avec elle. Elle n'avait pas non plus prévu de s'inquiéter pour lui ou de ressentir en manque les jours où elle était sans nouvelle de lui.

Elle n'avait pas prévu de l'embrasser en le voyant danser au cottage, son habituelle assurance absente. Elle n'avait prévu qu'il l'embrasse en retour et qu'après ça, il emporte tout ce qu'il restait de plus précieux en elle. Elle n'avait pas prévu de l'aimer tout comme elle n'avait pas prévu qu'il la regarde comme si elle n'était rien d'autre qu'une étrangère aujourd'hui. Comment pouvait-on se sentir plus étrangère que Marie, d'ailleurs ? Elle n'avait rien prévu de tout ça. Elle n'avait pas non plus prévu d'avoir aussi mal.

Autant rester dans cette fosse commune si vivre voulait dire que Marie avait été meilleure que Luna Lovegood. «  - comme ça. Je n'ai jamais voulu que...Comment ? » réclame-t-il d'un ton sec et cassant, sans lui laisser le temps de lui faire comprendre n'avait jamais été 'un plan'. Luna ne s'aperçoit du regard noir de Rolf que maintenant. Il n'est pas neutre. Il n'est pas en colère. Il n'est que haine, elle le sait parce que bien d'autres personnes lui ont jeté ce regard avant. D'un pas, Luna recule, fébrile. La peur revient aussi vite qu'elle s'était calmée, elle l'assaille de part en part, continue de lui demander de fuir alors que dans le fond, tout ce qu'elle veut, c'est rester près de lui, continuer de lui expliquer, essayer de lui faire comprendre. Elle n'avait pas voulu faire comprendre les autres. Elle n'avait pas voulu se faire accepter des autres. Mais de lui, sa passerelle d'avec le monde, elle voulait tout. Elle ferait tout. Ne peut-il pas au moins comprendre ça? Brusquement, la gorge se noue et la main gauche de Lovegood s'agrippe à la chaine, la parcourt d'un geste tremblant pour aller serrer les pendentifs. Mais pour la première fois depuis le jour où elle les avait ramassé de la terre meuble de St Michael, Luna a l'impression que ce collier n'est pas à elle. « Polynectar... », répond Lovegood, sur un demi-ton, d'une voix cassée et fêlée par l'aveu brut trop vite donné. Les paupières se ferment, les lèvres se pincent à nouveau. Elle ne sait pas pourquoi les remords s'invitent à la fête. Ils sont mieux que les regrets, pourtant, non ? Alors pourquoi a-t-elle mal en sentant ceux-ci lui envahir les veines ? Thump-thump. Thump-thump. Thump. Pour la première fois, elle ressent cet être qui l'habite en vie. Elle a envie de pleurer en se rendant compte que c'est la peur, sa douleur à elle, qui l'anime. Elle ne comprend pas grand chose aux émotions, Luna, lorsqu'elle se penche véritablement sur elles. Elle les ressent, les comprend bizarrement , mais elles restent toujours aussi illisibles, incompréhensibles, lorsqu'elle tente vraiment de les lire. Elle y parvenait sans grand mal avec Rolf. Aujourd'hui, ils ne ressemblaient à d'autre qu'à des runes bien trop anciennes pour se laisser déchiffrer. Elles avaient un goût de cendre.

La main tant adorée s'élève de nouveau et elle n'a pas besoin de son « Rend-le. » pour comprendre ce qu'il attend d'elle. Un. Rends ce qui ne t'appartient pas. Deux. Ne le souille pas plus longtemps de ta personne. Trois. De tes mensonges. Cette main, Luna la regarde avec des yeux écarquillés et suspicieux. Si désormais, elle ne perçoit plus le collier comme une part entière d'elle, elle ne le voit pas non plus comme un corps étranger. Il fait partie d'elle, comme ce drôle d'être bafoué qui vit en elle. Ni à elle, ni à lui. Elle ne veut pas le rendre parce que ça voudrait dire abandonner une part d'elle-même, même si elle ne parvient pas à déterminer laquelle. Elle ne sait pas, Luna, mais ce qu'elle sait, c'est qu'elle ne veut pas obéir. 'Une rébellion de rebut?' lui aurait soufflé gentiment Ginny. 'Une rebut rebelle?' lui aurait soufflé malicieusement Lucius Malfoy avant de lui jeter un Doloris. L'idée de désobéir se forme petit à petit et pourtant, tremblantes, ses mains se lèvent pour aller rejoindre sa nuque et le fermoir de la chaine. Elle est bien trop engourdie par la demande, de corps, d'âme, pour vraiment se rendre compte que ce qu'elle fait, à cet instant précis, c'est de lui obéir. « Il ne t'appartient pas. » Au claquement de doigt, à la récrimination, ses doigts se suspendent. Elle obéit. Finalement, l'idée parvient jusqu'à sa conscience. Abruptement, sa conscience infiltre le moindre pan de chair et la révolte gronde. Elle obéit. Elle n'était pas la rebut de Rolf Scamander, pas plus qu'elle n'était celle des autres, pas plus qu'elle n'était celle de Lucius Malfoy. Plus jamais, s'était -elle promis. Elle l'aime. Pourquoi Merlin obéirait-elle à ce genre d'ordre sorti tout droit de l'être qui lui avait fait découvrir l'amour ? Pourquoi Morgane obéirait-elle à un empathe qui ne parvenait pas à lire en elle ? Il ne comprendrait pas, alors ? Non. D'accord. Luna Lovegood n'était plus une rebut, elle essayait de redevenir elle-même. Elle n'obéirait plus jamais à un ordre cruel sans le démonter de toute pièce avant. « Non. », lâche-t-elle tout en laissant retomber ses bras le long de ses flancs. Le collier lui brûlait le cou tant l'idée qu'il ne lui appartenait plus s'infiltrait en elle mais elle ne pouvait pas non plus s'en débarrasser sans faire comprendre à Rolf tout ce que ces maillons dorés avaient bien pu représenter pour elle. « Je ne te le rendrais pas tant que tu n'auras pas écouté ce que j'ai à dire. Tu veux savoir comment tout ça a commencé ? Tu te souviens du cottage ? » questionne-t-elle de façon tout à fait rhétorique. « C'est là-bas qu'on m'a emmené le jour où on m'a sorti du manoir Malfoy. Tu veux savoir l'état dans lequel j'étais ? », Luna a toujours de la douleur lorsqu'il lui arrive d'évoquer à voix haute cette journée infernale. « Morte, laisse-t-elle tomber platement, sous Wiggenweld. Elle ne savait même pas si j'allais me réveiller en m'administrant le remède. » Elle sent son regard se voilé mais Luna tient bon, ses sourcils se froncent autant que ceux de Rolf pour s'empêcher de pleurer. Elle ne pleure plus à cause de cette journée infernale, elle ne pleure plus que dans son sommeil. « Et tu sais quoi ? Aujourd'hui, je ne sais toujours pas ce qui a été le pire : être rebut ou les semaines que j'ai passé dans ce cottage à vouloir que tout s'arrête pour de bon. » Le calme avec lequel elle avait évoqué sa fin possible ou le fait de l'oraliser, Luna s'en retrouve choquée, étonnamment. Le penser était un concept bien moins déroutant que la réalité. C'est définitif, Luna déteste la réalité. « Et Daddy est venu, un jour. C'est en voyant à quel point il avait changé que j'ai cessé d'avoir juste mal. J'ai vu Hermione se démener pour moi, elle avait pris d'énormes risques pour moi. Je n'avais pas le droit d'avoir mal, tu comprends ? » Son regard ne supporte plus Rolf alors Luna se détourne, jauge d'un air éteint l'imposante silhouette de Poudlard. « Marie... Marie, c'était mon plan de secours pour revenir- », à la vie, parmi les insurgés. Juste pour abandonner cette drôle de sorcière qu'on appelait autrefois Loony et qui n'était rien de plus que l'ombre d'elle-même. « -parce que je ne voulais pas rester cachée. Je voulais me battre pour protéger ce qu'on m'avait rendu : ma liberté. Pour couvrir Hermione auprès des autres insurgés, aussi. Que leur aurait-elle dit, à tous ces gens qui cherchaient à libérer leurs amis, leurs familles, des serments rebuts ? 'Vous avez besoin d'une aide, à l'intérieur, qui puisse administrer la goutte-du-mort-vivant une fois que le maître-à-tromper aurait assez passé ses nerfs sur sa chose rebut pour lui faire croire qu'elle est morte et voilà, le tour est joué ! Oh bien sûr, c'est quitte-ou-double, votre ami, votre sœur, votre père risque de mourir durant le processus, je vous souhaite bonne chance' ? » Un silence. « J'ai voulu aussi protéger Draco des autres mangemorts, parce que c'est lui qui m'a sauvé, c'est lui qui m'a sorti de là. Je ne remercie pas mes amis en les condamnant à pire que ce que j'avais vécu. Je protège mes amis, Rolf, je ferais tout pour eux et je ne voulais pas que Malfoy ait une bonne raison de plus de faire du mal aux miens. Marie m'a aidé à faire tout ça. Ni plus ni moins. »

Finalement, ses mains caressent une nouvelle fois la chaine et après avoir tenu une dernière fois les pendentifs, Luna la fait passer par-dessus sa tête. Elle a du mal à déglutir en observant les objets inanimés dans le creux de sa paume, une lourde pierre lui écrasant la tête, et le cœur, et l'estomac et c'est le regard vissé sur eux qu'elle retourne près de Rolf, qui tend sa main à nouveau. Elle ne le regarde pas, elle se contente d'observer la chaine qui coule entre ses doigts lorsqu'il récupère ce qui lui appartient. « Je me suis assez excusée auprès de toi, Rolf. Tu m'as dit de ne pas être désolée et je ne le suis pas. J'ai fait ce que j'ai jugé utile pour protéger les miens, te protéger toi. » Face aux autres, rien ne l'avait perturbé. Face à Rolf, tout ce qu'elle vient de dire résonne faux dans son esprit. Scamander ne l'avait pas juste aidé à mieux comprendre le monde. Elle comprenait aussi pourquoi la différence faisait peur.
Parce que la différence pouvait faire mal.

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HERO • we saved the world
Rolf Scamander
Rolf Scamander
‹ disponibilité : always.
‹ inscription : 27/09/2015
‹ messages : 876
‹ crédits : flightless bird, les gifs à tumblr et à maggie stiefvater pour la signature.
‹ dialogues : seagreen.
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‹ liens utiles :
rolf ft. ryan gosling, astoria ft. lily collins, theodore ft. dylan o'brien, édouard ft. bob morley, neville ft. daniel sharman, elijah ft. chris evans, ambroise ft. sen mitsuji, alexander ft. alfie enoch, olivia ft. emeraude toubia, brienne ft. natalia dyer, dean ft. john boyega, gregory ft. alden ehrenreich, priscilla ft. daria sidorchuk, charles ft. james norton, hwan ft. vernon choi, jay ft. gong yoo, hiram ft. abel tesfaye, adidja ft. reece king.


‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4349
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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RENDS-LE il ne t'appartient pas il était à mes parents à Erlkönig et à ma grand-mère RENDS-LE tu ne le mérites pas tu m'as menti tu m'as aimé tu m'as trompé RENDS-LE je ne supporte pas les mensonges les masques les trahisons RENDS-LE je ne veux plus jamais te voir je ne veux plus jamais voir ce collier je ne veux plus jamais t'entendre RENDS-LE je m'en fiche je m'en fiche complètement tu n'as pas idée j'en ai rien à foutre de toi alors RENDS-LE et qu'on en finisse. JE VEUX QU'ON EN FINISSE.

Il se sent... vide.
Complètement vide.

Elle lui explique. Il comprend. Ça le rend vide, ça bouffe un peu des morceaux de lui à chaque fois qu'elle prononce un mot. Il a l'impression qu'elle emporte des morceaux de lui à chaque fois qu'elle s'arrête, à chaque fois qu'il sent une vague de colère ou de peur ou de tristesse venant d'elle le ravager. Il comprend, évidemment, il comprend. Elle protégeait ses amis, elle revenait à la vie. Il comprend, Rolf, vraiment.
Mais sauf qu'elle a pas le droit de les protéger eux et de l'attaquer lui en même temps. Elle peut pas voir ça?
Pourquoi elle l'a embrassé, en sachant pertinemment qu'il était Rolf Scamander alors qu'elle savait qu'il ignorait qu'elle était Luna Lovegood? Alors qu'elle ne comptait même pas le lui dire?
Il est sensé faire quoi? Lui pardonner? Oui, Rolf le sent dans son Bruit, le lit sur son visage, le comprend à la situation. Il est sensé lui pardonner, parce que c'était elle depuis le début, sous le masque de la française, à la place de la française. Il est sensé lui pardonner parce qu'il n'est pas tombé amoureux de son visage, n'est-ce pas? Mais de sa manière de chanter sans parvenir à suivre le rythme, la manière qu'elle a de toujours vérifier que son coeur bat toujours, son calme placide et sa main un peu petite contre la sienne.
Oui mais.

Elle lui a menti. Et elle n'est pas n'importe qui. Elle est Luna Lovegood. Il la croyait morte. Oh, oh, oh évidemment il comprend: elle protégeait ses amis, elle le protégeait lui, il COMPREND.
MAIS SI ELLE VOULAIT VRAIMENT LE PROTÉGER ELLE N'AVAIT QU'À PAS LE FAIRE TOMBER AMOUREUX D'ELLE? ELLE A PENSÉ À ÇA?? NON, ÉVIDEMMENT! AU FINAL, C'EST DE SA FAUTE À LUI, DE NE PAS SUPPORTER LA REGARDER EN SACHANT QU'ELLE A VU PLEIN DE TRUCS DE LUI QU'IL AURAIT PRÉFÉRÉ QUE LUNA LOVEGOOD NE VOIT PAS, C'EST DE SA FAUTE À LUI, DE NE PAS SUPPORTER L'IDÉE QU'ELLE L'AIT PERCÉ À JOUR SI FACILEMENT, LA GAMINE AVEC LES BOUCLES D'OREILLE EN CANNETTES DE BIÈREAUBEURRE ET LES YEUX RÊVEURS.

Il la déteste, il la déteste pour ça, pour tout, pour les cottages, pour les danses, pour les baisers et surtout pour le reste.

Il la déteste parce qu'évidemment, c'est Luna qu'il a aimé, Luna qui cherchait son pouls dans ses rêves semi-éveillés, Luna qui dansait d'un air pensif sur Stand By Me, Luna qui chaussait ses lunettes pour l'imiter en train de lire, Luna avec ses lettres et ses mots, Luna avec ses baisers et Luna avec- avec Marie.

Mais cette pensée est insupportable, parce que Rolf déteste être dupé, encore plus par quelqu'un à qui il tient. Il prend le collier sans rien dire, referme les doigts dessus et, presque machinalement, l'apporte à ses lèvres, déposant sur les alliances un baiser silencieux tandis que ses paupières tombent sur ses yeux. Il la déteste parce qu'il n'arrive pas à la détester pour ça, pour tout, pour elle.
« Je me suis assez excusée auprès de toi, Rolf. Tu m'as dit de ne pas être désolée et je ne le suis pas. J'ai fait ce que j'ai jugé utile pour protéger les miens, te protéger toi. » Il n'aime pas sa manière de dire Rolf, sa manière de dire toi. Il a mal au ventre et au coeur parce qu'il n'arrête pas de penser à ça: elle devrait être morte, elle était morte et maintenant il parle à un fantôme sauf que ce n'est pas un fantôme. Ce n'est pas un fantôme.
Il rouvre les yeux, finalement. Les totems ont disparu dans son poing fermé, serré, en train de trembler. Il n'y a que le fil d'or qui en dépasse, de ce poing tremblant alors qu'il le baisse, le tient à bout de bras comme si soudainement, en être trop proche lui brisait le coeur.

Ça lui brise le coeur. “ Que veux-tu que je fasse? ” Et là c'est terrible, mais sa voix se brise. Elle se brise comme des millions de rêves, en milliers de fragments. Il y a le poids des larmes derrière cette voix, dans cette gorge et il a envie de faire plein de choses, de lancer le collier aussi loin que possible, de frapper un arbre, de la forcer à le regarder, qu'elle affronte le fantôme de son amour comme lui doit affronter le fantôme de sa vie...! Qu'elle le regarde, qu'elle l'affronte, qu'elle comprenne! “ Dis-moi, insiste-t-il et il en est presque implorant, parce qu'il est perdu, parce qu'il ne sait pas quoi faire et il ne veut pas écouter la colère et la haine qui pulsent dans ses veines aussi sûrement que du sang. Sauf qu'il n'y a rien d'autre, en cet instant précis, rien d'autre dans ce corps pour elle. Juste de la colère et de la haine et du chagrin et du regret. Dis moi ce que tu veux que je fasse? Dis moi ce que je suis SENSÉ FAIRE? À QUOI T'ATTENDAIS-TU? ” Il hurle, mais c'est moins sur elle que sur lui.

À quoi t'attendais-tu en la laissant entrer dans ta vie?
À quoi t'attendais-tu en laissant tomber les murs?
À quoi t'attendais-tu en laissant quiconque entrer dans ta vie?
Tu n'as pas appris ta leçon?
Les coeurs ne seront jamais utiles à moins d'être faits indestructibles.

Qu'est-ce que tu veux?

C'est presque craché, lâché cruellement par un animal blessé qui n'a désormais plus qu'une envie: aller lécher et panser ses plaies.
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Luna Lovegood
Luna Lovegood
‹ inscription : 31/05/2015
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‹ crédits : LUX AETERNA (avatar), TUMBLR + MATHY LA BEST (gifs), KAZUO ISHIGURO (quote).
‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
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‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10432
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
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Son regard ne quitte pas sa main et ne fixe que du vide lorsqu'il la fait disparaitre de son champs de vision. Elle ne veut pas regarder parce que le regarder voudrait dire qu'elle accepterait tout ce qu'il pouvait bien ressentir et... non, elle n'acceptait pas ça. Pas tant qu'il n'avait pas assimilé ce qu'elle venait de dire. Pourtant, elle a mal, Luna, lorsqu'elle voit revenir sa main le long de sa cuisse, le poing fermé, les jointures toujours plus blanches, la colère pulser, pulser, pulser. Pourquoi est-ce si difficile à comprendre ? Pourquoi ne parvient-elle pas à accepter que Rolf soit en colère ? 'Dis quelque chose' martèle une voix dans sa tete ; 'dis quelque chose' lui murmure sa mère. Things we lose have a way to come back to us in the end... Mais elle ne parvient pas à émettre le moindre son. Les mots restent bloqués dans sa gorge et si ce n'est penser tout ce qu'elle veut dire, Luna ne parvient pas à formuler la moindre syllabe. Ferme-la, ferme-la, ferme-la . Elle ne veut pas entendre toutes les voix qui l'habitent, la protègent, depuis longtemps parce qu'elles ne font rien d'autre que lui embrouiller l'esprit à cet instant. Elle veut juste pouvoir formuler quelques mots pour que Rolf desserre le poing, pour qu'il n'ait pas l'idée de la rejeter elle.
Elle ne comprend pas, Luna, c'était elle malgré le visage, le corps, de Marie. Comment un empathe pouvait-il manquer ça ? Comment lui avait-il manqué ça? (pourquoi refusait-elle son heurt à lui?) Il la connaissait depuis qu'elle était toute petite, non ? Pourquoi n'avait-il pas vu ses temps d'hésitation, ses temps de latence, toutes ces petites choses qui filtraient de Marie et qui n'appartenait à personne d'autre qu'à elle ? La colère de Rolf gronde et s'infiltre de plus en plus en elle. Elle ne parvient pas à comprendre comment cet être qui lui avait fait comprendre l'amour, qui lui avait fait presque comprendre le monde, ne parvenait pas à la comprendre elle. Elle n'est pas douée avec les émotions, Luna, et là, ça se voyait cruellement : son visage lui faisait mal tant elle ne parvient plus à maintenir l'expression sereine, calme, éternelle, qu'elle porte toujours, en toute circonstance. Son visage.
L'idée arrive de nulle part et la fige. Aimait-il le visage de Marie ? Aimait-il le corps de Marie? C'était peut-être pour ça, qu'il ne parlait pas, qu'il ne venait pas près d'elle. Pour la première fois, Luna se pose de drôles de questions métaphysiques. Drôles parce qu'on ne se les posait plus, ou presque plus, à son âge. Peut-on aimer un corps sans aimer l'esprit? Aimait-on un esprit sans aimer le corps? Tous les adolescents avaient déjà assimilé ce genre de principes. Tous sauf elle.

Elle lève le regard vers Rolf lorsque et ce qu'elle voit sur ses traits ne lui plait guère : ici, sur sa fossette gauche, et là, entre ses deux sourcils, il y a les prémisses d'une réponse qui ne lui plait guère. Est-ce que ça pouvait expliquer qu'on l'ait toujours évité à Poudlard ? Est-ce que ça pouvait expliquer le fait que personne n'allait plus loin que ses deux grands yeux exubérants et ses paroles incompréhensibles ? La douleur s'invite définitivement sur le visage de Lovegood, alors. Elle a mal parce qu'elle vient de comprendre que la peur ne revêtait pas qu'un seul visage. Elle a mal parce que la colère de Rolf l'effraie. Elle a mal parce que toute sa vie elle n'avait jamais voulu se conformer aux normes sociales et qu'elle se rend compte, maintenant, à quel point elles pouvaient s'avérer utiles. Elle ne les comprenait pas, elle ne comprenait pas la réaction de Rolf et ça l'effrayait bien plus que de voir Lucius Malfoy se pointer au beau milieu du domaine de Poudlard. Elle ne l'a pas vu embrasser les alliances, le collier, pas plus qu'elle n'a vu la souffrance s'étaler sur tous les pourtours de ses iris, sur tous les traits de son visage. Elle n'a relevé la tête que lorsqu'il la fixe d'un œil noir, colérique, définitif. Il la juge. Il ne voit que la petite Luna Lovegood, celle qui le faisait tant grimacer par le passé, celle qu'il a toujours préféré éviter. Elle ne le voit pas souffrir, bien enveloppée par son propre mal.

Elle a mal, elle a mal, elle a mal.

Elle se recule encore lorsqu'elle le voit prendre plus de place, se grandir, lorsqu'il s'immobile, se fige, s'affirme. Il la hait. Elle le voit la haïr et elle a mal, mal, mal. Elle a envie de vomir mais la pierre qui la plombe l'empêche d'essayer seulement de déglutir. Elle a mal et Luna ne peut rien faire pour alléger sa peine et apaiser tout ce qu'elle pouvait bien ressentir. Lorsqu'il rouvre les yeux, Luna a juste envie de partir. Marie n'est pas mieux qu'elle, tente-t-elle de se convaincre. Marie n'était pas mieux que Luna Lovegood, tente-t-elle de se rassurer tandis que le visage de dizaine de sorciers s'impose à elle. Hormis Hermione et Draco, qui a préféré Luna à Marie? Sans mentir?
Marie avait ce brin de naturel en elle. Marie avait cette part d'humanité qui manquait cruellement à Luna en elle. Elle a envie de fermer ses bras autour d'elle, de se tenir pour se bercer jusqu'à ce que tout ça s'arrête. Mais elle n'esquisse aucun geste, se contente de le regarder lui. Elle a mal, mal, mal et elle veut qu'il chasse tout ça, la douleur, la peur, l'incompréhension et les doutes. Elle veut qu'il soit là pour elle. Elle veut qu'il l'aime. Elle veut qu'il chasse ses cauchemars comme du temps où c'était Marie à la place d'elle. Il a mal. Mais elle ne l'a pas regardé alors elle ne le sait pas. Il a mal, mal, mal et elle ne comprend toujours pas pourquoi il la regarde comme ça.

" Que veux-tu que je fasse? " et seulement là, là, quand elle entend sa voix se fendre, qu'elle le perçoit. Elle ne comprend pas mais elle perçoit parce que non, définitivement non, elle n'a jamais rien comprit aux émotions Luna. Elle voit juste son corps affaissé, elle entend juste sa voix brisée. Elle n'entend que le murmure qu'il susurre du bout des lèvres, n'appréhende que maintenant tout le mal qu'elle a pu faire. For the greater good. C'est ce qu'elle s'était toujours dit Lovegood sauf que les sentiments ne sont pas aussi indestructibles qu'elle les pensait. Elle ne les pensait pas moins friables que de la pierre. Elle voit son mal-être, Luna, et elle ressent celui de l'être qui l'habite. Ils se répondent, ô combien Lovegood les sent se répondre. Elle est détruite de sentir que deux êtres chers la haïssaient, du plus profond d'elle-même.

" Dis-moi. " Et si tout ce qu'elle avait pu entr'apercevoir n'était rien d'autre que de la douleur, de la tristesse, Luna s'affaisse, ses jambes ne parvenant plus à soutenir ses genoux tremblants. Elle est à terre, les volants de sa jupe éparpillés autour d'elle, le tissu trempé de ses Converses contre sa peau, les galets sous elle mais tout ce qu'elle perçoit, c'est son visage qui cherche à droite et à gauche une réponse salutaire. Mais elle ne perçoit rien, rien, rien, Luna, autour d'elle ; elle ne voit rien, rien, rien de part et d'autre des jambes de Rolf qui puisse l'aider à répondre. Elle ne sait pas ce qu'elle veut, Luna. Elle a peur. Elle a peur. Peur que le dernier être qu'elle pensait vraiment connaitre ne soit rien d'autre qu'un mirage et qu'elle ne parvienne pas à le rattraper pour lui faire comprendre qu'elle l'aime. " Je ne sais pas... " C'était la première fois qu'elle prononçait ces mots dans une même phrase, Luna. Elle ne sait pas. Elle ne comprenait pas. Elle ne voulait pas que continue comme ça. Sa vision se brouille. Elle ne perçoit pas les larmes qui roulent le long de ses joues. " Dis moi ce que je suis SENSÉ FAIRE? À QUOI T'ATTENDAIS-TU? " Je ne sais pas, je ne sais pas. La pulpe des lèvres se pince, elle se crispe, parce qu'elle déteste l'entendre hurler, il n'avait jamais hurlé sur elle avant et elle déteste ça. Et ce n'est que là, lorsque le liquide salin lui envahit les sens, qu'elle se rend compte qu'elle pleure. Elle ne sait pas vraiment ce qu'elle attendait de lui.

Qu'il lui pardonne? Qu'il l'accepte? Qu'il se rende compte que c'était elle? Elle n'avait pas prévu de tomber amoureuse de lui. Pourquoi lui en veut-il ainsi ? Elle veut expliquer, parler, crier, Luna, mais tout ce qu'elle parvient à faire, c'est le regarder lui. " Qu'est-ce que tu veux? " Elle est à terre. Elle ne veut rien. Elle ne veut rien, rien, rien, juste que ça s'arrête. " Et toi ? " Qu'est-ce que tu voulais d'elle ? Elle se tasse sur elle-même, Luna, le jauge d'un regard embué de travers. Elle voulait juste qu'il comprenne que Marie n'était rien de plus que Luna. Que Luna était Marie. Qu'elle n'avait pas menti parce qu'elle le voulait mais parce qu'elle le devait. Neville, reviens, par pitié. " Ce que j'attendais, moi ? ", lâche-t-elle doucement, finalement. Elle ne savait pas, il ne pouvait pas voir ça. " Je ne sais pas. Rien ? Que tu... Que tu t'en rendes compte, peut-être. Je... Je sais pas. Je... " Elle se rappelle des quelques fois où elle avait été à deux doigts de lui dire, de lui avouer ce que seuls les loups pouvaient sentir. Bill, Octave, June, les autres, ils avaient toujours pressenti que quelque chose n'était pas normal en elle. Elle repense à ces moments, au cottage, dans le jardin de Cara, à Glastonbury, où les mots s'étaient formés dans son esprit mais n'avaient jamais dépassé la barrière de ses lèvres. Elles étaient toujours résolument restées closes. Et elle se demandait bien aujourd'hui ce qui aurait pu être si elle ne s'était pas résolue à se taire. Depuis quand les galets du Lac Noir lui plombaient l'estomac, lui écrasaient coeur, esprits et tripes? Elle n'accepte pas la réaction de Rolf parce que ce n'était pas celle qu'elle espérait. Parce qu'il comptait. Elle n'était ni matérielle, ni possessive, Lovegood. Sauf quand ça comptait. Peu de choses comptait vraiment pour elle mais lui, lui, il comptait. Elle n'était pas égoïste, Luna, mais cette fois, elle se fichait bien de vouloir que les choses se déroulent comme elle le voulait elle. Rien ne se passe comme on le voudrait, pas vrai ? Pour ça, Luna est aussi bien placée qu'un autre pour le savoir. " Je veux retourner en arrière. " C'est ce qu'elle veut, au plus profond d'elle-même. Revenir en mars, retourner au cottage, retrouver le terrain sauvage de Cara et les paysages féériques de Glastonbury. Elle veut retourner sur l'île de St Michael, le jour où Rolf a touché, soigné, la plaie qui s'était ouverte par dessus la marque sombre laissée par le tatouage rebut. Elle veut retourner en janvier 2001, échapper aux Rafleurs, pour ne pas en être là aujourd'hui. Il y a tant de choses qu'elle aimerait modifier mais elle ne peut pas. Elle est impuissante face au temps, elle le sait. Cara le lui avait dit. " Mais je suis là, aujourd'hui. Je suis là, pas Marie. Je suis Marie. J'ai sa marque rebut, j'ai ses souvenirs, je ressens ce qu'elle a ressenti... Je n'ai plus son visage mais tout ce qui était à elle, c'est à moi. " La main droite, celle qui est traversée par la cicatrice d'une rencontre terrible, s'élève, montre l'espace entre Rolf et elle, lentement d'abord puis de plus en plus vite. " Ce qu'on a vécu, ce qu'on a partagé, ce que je ressens, c'est réel, Rolf. Je veux que tu comprennes ça, c'est ce que je veux, tu comprends ? "
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Rolf Scamander
Rolf Scamander
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‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4349
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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Je ne sais pas... ” Il a envie d'hurler ce que Newt lui a répété pendant des années. Si tu ne sais pas, ALORS TAIS-TOI. Tais-toi, tais-toi mille fois, ne dis rien, chut, arrête, tu ne sais pas alors tu te tais! Pourquoi est-ce qu'elle le hante comme ça? Pourquoi il n'arrive pas à se détacher d'elle, à tourner les talons, à partir? Parce qu'il veut des explications, il veut comprendre, il veut qu'elle lui dise, pourquoi, pourquoi elle lui fait ça, il veut comprendre à quoi elle s'attendait, ce qu'elle espérait de lui.
Qu'est-ce que tu veux? Et toi ? ” ET LUI?
Les vieilles réponses lui viennent facilement à l'esprit: il veut le calme, le Bruit à jamais réduit au silence dans ses pensées, le Monstre de la colère disparu pour toujours. Il ne veut plus jamais entendre le prénom de son grand-père, il veut oublier tout ce qui l'a conduit ici, il veut tirer un trait sur tout ça, oublier, oublier, oublier pour de vrai.
Mais ces vieilles réponses n'étaient pas vraies.
Une nouvelle réponse existait, un secret, le genre de secret que l'on se cache à soi-même, que l'on enferme dans une cavité oubliée du myocarde.
Toi. Marie. Je veux Marie.

Il n'arrive pas à croire qu'elle le prenne en revers et en traître comme ça. Il hurle intérieurement ces mots mais il ne peut pas les prononcer, parce qu'ils savent tous les deux que Marie est morte Marie n'a jamais existé. Elle n'était qu'une chimère, une illusion, un masque, un mensonge.
Rolf, il connait les émotions, les sentiments, les ressentis, il les connait mieux que quiconque. Il les comprend, il les ressent, il les garde pour lui parce qu'il n'a pas le choix mais la plupart du temps, il les repousse. C'est une technique comme une autre pour se protéger du Bruit des autres, pour les garder loin de son coeur. Il comprend les émotions, leurs teintes, leurs odeurs, leurs bruits: on ne peut pas lui mentir, on ne peut rien lui cacher, on ne peut pas se mentir à soi-même devant lui.
Et pourtant, pourtant, elle l'a fait.
Et puis surtout. Rolf il les connait, les émotions. Mais il n'a aucune idée de ce qu'il doit ressentir en cet instant précis. Il veut qu'elle lui dise. Il veut qu'elle le prenne dans ses bras pour lui dire: tu dois me pardonner. Tu dois m'aimer. Il veut qu'elle le repousse violemment en lui hurlant de s'énerver. Il veut qu'elle fasse quelque chose, n'importe quoi, qu'elle lui explique ce qu'il doit faire, ce qu'il doit ressentir face à elle.

Il est perdu.

Ce que j'attendais, moi ? Je ne sais pas. Rien ? Que tu... Que tu t'en rendes compte, peut-être. Je... Je sais pas. Je... ” Que tu t'en rendes compte... mentirait-il en disant qu'il a eu des doutes? Oui, certainement. Il ne sait pas, il ne sait plus: pendant des mois, il a chéri les moments passés ensemble, cette semaine parfaite d'amour et de bonheur, il a rejoué dans sa tête tous les moments, toutes les scènes, tout. Il a tout gardé dans ses pensées et dans son coeur.
Mais maintenant qu'il contemple le visage fantomatique de Luna Lovegood, il a l'impression que cette semaine n'a pas existé, que ce ne sont pas des souvenirs, mais des rêves. Des rêves impossibles, qui s'entremêlent de manière impossible, qui n'ont jamais pu arriver de manière possible. Rolf a cette impression étrange du réveil, quand on essaie d'attraper les derniers moments d'un rêve qui a laissé une impression impérissable: sur le bout de la langue, là, une impression, une intuition... et puis ça s'envole.
Son temps avec Marie s'est envolé.

Je veux retourner en arrière.

Elle aurait pu le frapper qu'elle lui aurait fait moins mal.

Rolf ferme les yeux.

Mais je suis là, aujourd'hui. Je suis là, pas Marie. Je suis Marie. J'ai sa marque rebut, j'ai ses souvenirs, je ressens ce qu'elle a ressenti... Je n'ai plus son visage mais tout ce qui était à elle, c'est à moi. Ce qu'on a vécu, ce qu'on a partagé, ce que je ressens, c'est réel, Rolf. Je veux que tu comprennes ça, c'est ce que je veux, tu comprends ?

Tu ne sais pas de quoi tu parles.

Sa voix est un peu dure. Ferme, si ce n'est froide. Il ouvre la main et regarde, dans sa paume, les pendentifs du collier. Les deux alliances, le sifflet, le montre à gousset.
Il a de nouveau vingt-trois ans. Il est de nouveau dans cet horrible hôpital, avec les blessés de Poudlard, avec la terreur et la douleur sur le visage de tout le monde. Il a de nouveau vingt-trois ans et Ma pleure à son chevet, pourquoi pourquoi pourquoi, et Newt le regarde du coin de la pièce avec tous les ouragans du monde dans son regard. Il a de nouveau vingt-trois et on vient de découvrir qu'il utilisait, depuis six ans, un Retourneur de Temps. Il a de nouveau vingt-trois et il apprend une chose, douloureusement, horriblement: c'est qu'on ne peut pas retourner en arrière.
Il a de nouveau sept ans. Il est en colère mais il ne sait pas précisément pourquoi. Confusément, il sait que c'est envers lui; égoïstement, il préfère dire que c'est contre les autres.
Il est de nouveau dans la tente avec Marie. Elle l'embrasse à chaque fois que King reprend le refrain de la chanson qu'ils aiment tous les deux,  mais elle n'y arrive pas et il rit tellement que ça ne l'aide pas.
Il est de retour devant Luna Lovegood, toutes ces années en arrière, et elle lui dit qu'il ne vit pas entièrement sa vie.

Il a fermé les yeux, mais il ne sait plus exactement quand. Il baisse la main et l'enfonce dans la poche de son blouson pour y laisser le collier. Il ne le remettra plus autour de son cou. Il reporte son attention sur Luna. Sur Marie. Sur l'Être.
Sur elle. “ Tu n'as aucun pouvoir sur le temps. Tu ne peux pas changer ce qui a été fait. Tu ne pourras jamais changer ce qui s'est passé entre nous, et moi non plus. J'ai aimé Marie- je t'ai aimée. ” Il pointe le doigt vers elle, puis sur lui, imitant machinalement son geste. “ Mais ce n'était pas réel pour moi. C'était un mensonge. ” Il sent son coeur lui remonter dans la gorge et il le ravale fièrement. “ C'était un mensonge. C'est si compliqué à comprendre? Tu m'as menti, même si c'était par omission. Dis-le! Tu m'as protégé des autres mais pas de toi.
Il serre les poings. Il sent la colère qui revient en ondulations, vagues, en tsunamis. Il la repousse de toutes ses forces pour mettre tout l'acier et toute la glace du monde dans sa voix. “ Tout ce qui était à elle, c'est à toi? Je ne serai jamais à toi. ” Il la défie de rajouter quelque chose du retard et puis sans attendre, tourne les talons et s'enfuit à grandes enjambées furieuses.
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