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sujet; de l'eau pour les combattants - babane

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Albane blackfish Oswell

I cannot take this anymore Saying everything I've said before All these words they make no sense I find bliss in ignorance Less I hear the less you'll say You'll find that out anyway Just like before Everything you say to me Takes me one step closer to the edge And I'm about to break



Le vent siffle dans ton oreille fraîchement guérie. Tu ne portes quasiment plus une trace des attentats de ste-Mangouste, si ce n’était ce petit pansement à l’arcade sourcilière et cette énorme compresse épongeant non sans difficulté tes nerfs à vif et ton palpitant saignant à toutes allures, alors que tu amorces un nouveau virage dans ta course pousuite.

Les boutiques défilent, les vitrines allumées en ce début de soirée, c’est con, parce qu’elles vont bientôt fermer. Tu comprends pas pourquoi on laisse les lumières allumées. Tu comprendrais, à la limite, pour cette animalerie, là, avec ces aquariums fluorescents, si les chouettes ont peur du noir, mais ils allaient pas t’faire avaler que les baguettes magiques avaient b’soin d’une veilleuse, putain !
Les lumières restent imprimées sur ta rétine comme des taches de couleur. Le bleu fluorescent des aquariums. Ça te renvoie dans ta salle de bain tropicale de quand tu étais petit, créée par tes parents et agrémentée de quelques poissons, les combattants noirs aux reflets bleus dont les petits voiles te chatouillaient la plante des pieds. A vrai dire, t’aimais pas trop l’idée qu’il y ait d’autres êtres vivants qui barbotaient avec toi, des ombres qui se glissaient entre tes jambes, rongé que tu étais par la peur enfantine qu’ils ne rentrent dans ton maillot de bain.
De fait, incapable de communication, et refusant d’avouer à tes parents ta puérile frayeur, tu avais décidé de te charger toi-même du sort de ces importuns. Ainsi, si à 11 ans, la Shacklebolt décapitait des mères de famille, la condamnant ainsi à mener une existence de machine de guerre, toi, tu devenais de plus en plus agile à la traque afin de mettre la main sur les petits poissons, avant de les éclater dans tes mains de môme, quand ça n’était pas entre deux pierres. On ne saurait dire s’il y aurait eu meilleur présage pour annoncer le monstre que tu allais devenir, bourreau terrorisé.

La mystérieuse silhouette que tu crois pas si mystérieuse s’enfile toujours plus loin dans d’étroites ruelles. Tu comprends pas ça non plus ; les fugitifs qui fuient la foule, quand elle aurait pu être leur meilleur allié. C’est vrai ça, c’est chiant de pousser les gens sur son passage, surtout s’il avait avisé un minimum ta carrure, t’étais encore plus encombrant que la moyenne et donc plus facilement encombré. A force, tu finirais par connaître les boyaux tordus du Londres sorcier mieux que les couloirs du Ministère.
Mais en attendant, ta précipitation t’empêchait de réellement marquer tous tes repères, et t’étais pas encore assez agile pour grimper sur les toits et jouer à la vigie.
T’avais à plusieurs fois démontré que l’équilibre, c’était pas trop ton truc. Si bien que les premières fois, sur ton balai, ça n’avait pas vraiment été ça. Tu revois de là l’air circonspect de Diggory quand, à force de grands moulinets pour rester à califourchon sur ton balai, t’avais manqué flanquer ta batte dans la figure de sa petite protégée.

Ce fébrile souvenir se retrouve une nouvelle fois écrasé par l’avis de recherche du type que tu crois poursuivre. Un énième rejeton de la résistance, pas forcément un parrain de la rébellion, mais une potentielle mine d’informations à propos des timbrés qui avaient fait sauter l’hôpital. Dans la brigade, vous en étiez réduits à mettre la main sur tous les suspects possibles et imaginables, dans un élan de paranoïa et d’empressement. Au final, pour les rafleurs, ça ne changeait pas grand-chose, que vous vous lanciez à la poursuite du premier venu n’étant pas une nouveauté de la maison.
Ce qui l’était par contre, ou du moins, ce qui ne s’était plus vu depuis tes débuts à la botte en écailles de dragon de Lestrange, c’était l’état de fièvre avancée dans lequel tu pataugeais comme de la gadoue depuis les incidents de ste-Mangouste. Comme si t’étais jamais sorti des décombres, ou que tu les roulais comme Sisyphe son rocher jusqu’au sommet de la montagne.
Pour le faire rouler sur les combattants sur l’autre versant.

Des fois, les rues sont si étroites que, non content d’avoir les pieds trempés, t’as les épaules qui s’éraflent contre les murs et les poubelles que tu renverses. Des chats errants fuient sur ton passage, des rats t’accompagnent sur quelques mètres avant de disparaître. Et bientôt, c’est ton fugitif qui disparaît comme par magie, alors que tu déboules dans un cul-de-sac. Le mur au fond de la ruelle est trop haut pour qu’il ait pu l’escalader avant que tu n’arrives. De frustration, tu éventres une caisse et entreprends de retourner tout ce qui s’entasse au pied du mur, à la recherche d’un indice ou d’un Portoloin caché.
T’en avais ras-le-bol de tous ces gens qui disparaissaient sans prévenir, ces gens qui réapparaissaient sans te prévenir non plus, ces allers-retours regrettables qui bousculaient comme des passants ton quotidien. Tous ces abonnés absents étaient autant de fantômes de poissons combattants qui se glissaient entre tes doigts maladroits alors que tu pensais avoir mis la main dessus. Ils se rendaient pas compte, ces fuyards, que par leur faute, le sort que tu réservais à celles et ceux qui ne t’échappaient pas était d’autant plus impitoyable…
Toutefois, ce souvenir-là, t’aurais tôt fait de le raviver, alors que des craquements trahissent une présence humaine. « Montre-toi, ‘spèce d’ordure »
Tu dégaines ta baguette –bah ouais, après la désobligeante remarque de Moriarty jr, t’avais bien fini par en racheter une, hein- et marmonnes un Lumos qui tapisse ta face d’un halo menaçant, comme la lanterne d’une baudroie abyssale.
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HERO • we saved the world
Albane Oswell
Albane Oswell
‹ inscription : 08/12/2015
‹ messages : 1031
‹ crédits : moi-même (ui, ui).
‹ dialogues : #993366.
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‹ liens utiles :
‹ âge : 25
‹ occupation : héroïne de guerre pour avoir lutté pendant huit ans au sein de l'Ordre du Phénix puis de l'insurrection. On me connait aussi sous le nom de Blackfish, informatrice au coeur d'un réseau particulièrement étendu; co-fondatrice de l'émission Potterwatch et militante active qui n'hésitait pas à dénoncer les manipulations publiques du gouvernement de Voldemort, la collaboration des médias, ainsi que tous ceux qui avaient des choses à se reprocher et dont j'avais déniché les petits secrets. Si j'ai arrêté l'émission, je n'ai cependant pas fini de fouiner dans les affaires des autres et surtout celles du gouvernement. J'ai acquis un statut de journaliste indépendant et le scroll est pour le moment mon seul support, mais ça ne va pas durer, j'y travaille...
‹ maison : Poufsouffle
‹ scolarité : 1989 et 1996
‹ baguette : actuelle n'était à l'origine pas la mienne mais j'ai tué son ancienne propriétaire et quand j'ai ramassé son arme l'utiliser m'a paru la chose la plus logique à faire. Elle mesure aux alentours de 23 cm, il semblerait qu'elle soit en bois de prunellier, probablement contenant du dragon, mais je ne suis pas certaine de sa composition. Elle est bien plus rigide que mon ancienne baguette de cèdre et crin de licorne dont je n'arrive maintenant plus à me servir.
‹ gallions (ʛ) : 4255
‹ réputation : il ne faut pas tenter de me cacher des choses. Que je sais tout et que ce que je ne sais pas encore, je le découvrirai bientôt. Si Blackfish et une figure de la résistance très respectée par la majorité de la population, mes anciens camarade rebelles ont un avis plus mitigés à mon égard... On dit que je serai prête à faire tout ce que je condamne pour arriver à mes fins: mentir, voler, tuer; que j'ai été dévoré par la haine. Après tout je suis une terroriste.
‹ particularité : prête à faire tout ce que je déteste et dénigre pour arriver à mes fins. Au point que j'en viens à me détester moi-même. Voler, mentir, trahir, me servir d'autrui comme un outil, parfois même de mes amis... "La fin justifie les moyens", c'est ce qu'on dit.
‹ faits : je vis avec le poids de mes actes sur la conscience particulièrement ma participation à l'attaque d'Herpo Creek, mais aussi la mort de mon petit frère dont je me considère responsable. Si certain de mais camarades héros de guerre estiment que je ne mérite pas ce titre, qu'ils sachent que je suis bien d'accord avec eux. Mais je suis libre et je travaille d'arrache pied à mes divers enquêtes pour oublier que je ne suis toujours pas capable de marcher sereinement dans la rue.
‹ résidence : dans un appartement pas bien grand sur Diagon Alley, mais il s'agit plus d'une espèce de bureau improvisé, constamment en bordel, que d'un véritable lieu de vie. Le seul endroit que je considère un peu comme chez moi et où je me sens réellement en sécurité c'est chez Tiago.
‹ patronus : Un grand ban de poisson argentés, c'est de la que je tien mon surnom de Black Fish.
‹ épouvantard : Thomas, moldu de dix-huit ans à peine que j'ai envoyé à la mort et qui revient régulièrement me hanter en pensée. Il a le regard vide et me demande constamment pourquoi je l'ai tué lui et pas l'autre.
‹ risèd : Cédric et moi. On boit une bière au beurre sous le porche de la maison de ma mère à Loustry. Mais Cédric est mort, la maison est détruite, ma mère ne reviendra surement jamais, et la Bière-au-Beurre est devenue beaucoup trop cher.
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août 2003 – Albane O. & Bacchus M.


Tout était prêt. Le plan était en route. Elle allait bientôt connaître la vérité.

Plus d'un mois qu'elle avait tournée et retournée cette histoire dans tous les sens; elle s'était trouvée des excuses pour ne pas agir immédiatement. D'abord il y avait eu un les histoires entre Tiago et Rookwood, puis l'affaire Campbell qui lui avait fourni une bonne excuse pour ne pas trop faire de vague. Il y avait eu sa mésaventure avec Lestrange dont elle n'était toujours pas franchement remise, il fallait bien l'avouer. Et pour finir elle s'était cachée derrière la pseudo nécessité d'une conversation avec Edouard. Après cela elle n'avait plus eu d'excuse, elle savait ce qu'il lui restait à faire. Il fallait qu'elle trouve Murdock. Ou du moins, il fallait qu'elle s'arrange pour que lui la trouve.

Très bien Albane, il est temps. Il était temps d'arrêter de fuir et de se cacher. D'arrêter de faire l'autruche et d'aller au bout de cette histoire. Tant pis si c'était difficile, tant pis si les réponses n'étaient pas celle qu'elle voulait entendre, mais bien celles qu'elle redoutait d'entendre. Il était temps d'aller jusqu'au bout de cette histoire, d'en finir une bonne fois pour toute. D'arrêter d'être lâche.

Elle avait quitté l'appartement de Tiago un peu plus tôt, après avoir changé les bandages imbibés d'essence de murlap qu'elle appliquait chaque jour autour de son bras gauche. Le souvenir cuisant de sa rencontre avec Rabasatan Lestrange était loin d'être guéri, même après trois semaines. L'essence n'y changeait pas grand-chose, elle rendait simplement la douleur supportable; la blessure était toujours aussi laide, formant une large trace tout autour de son bras, comme si on l'avait marqué au fer rouge la veille.

Lancer la fausse piste n'avait pas été compliqué. L'avantage quand on a des oreilles qui trainent partout, c'est qu'il est aussi simple d'intercepter des rumeurs que d'en créer. C'était Edouard qui lui avait indirectement soufflé l'idée, elle penserait à le remercier un jour, peut-être. Il avait suffi d'utiliser l'attentat de Sainte Mangouste pour que sa proie morde à l'hameçon, c'était d'une simplicité enfantine. Et Murdock se présenta exactement où il le fallait à l'heure prévue. Le bon chien de garde qu'il était ne serait jamais passé à côté d'une telle occasion et elle s'en félicita quand elle aperçut la mine renfrognée un peu écorchée de Bacchus parmi la foule qui se pressait dans les rues encombrée du Londres sorciers.

Le leurre qu'elle avait invoqué était un sortilège de projection relativement basique mais qu'elle maîtrisait suffisamment pour tromper la vigilance du rafleur -qui, il fallait l'avouer, n'était pas forcément le plus malin de son espèce-. Elle resta en arrière tandis qu'il se mettait à suivre la silhouette qu'elle contrôlait à plusieurs mètres de distance. Il était trop préoccupé par la cible qu'il ne devait pas perdre de vue pour se rendre compte qu'il était suivi de quelques mètres lui aussi. Albane était souple, rapide et discrète. Elle se fondait parmi les ombres, silencieuse et agile, à la poursuite de celui qui pensait être le poursuivant. Elle aurait pu s'amuser de la situation si elle n'était pas plongée dans un état second de concentration pour maintenir son leur en place sans se faire repérer. Surtout qu'elle n'y allait pas de gaité de coeur. Bien sûr pour le moment elle était parfaitement calme mais elle n'était pas sûr de pouvoir se contrôler quand elle devrait entrer dans le vif du sujet. Murdock avait plutôt intérêt à ne pas déconner, mais le connaissant et aux vues des relations qu'ils avaient entretenus autre fois, elle savait qu'il y avait peu de chance pour que cette histoire se règle calmement. Tout dépendrait de lui et de ce qu'il aurait à dire

Elle l'entraîna à travers la foule, se forçant à laisser une distance raisonnable entre lui et le leurre, pour pas qu'il ne le perde de vue, sans qu'il trouve ça étrange pour autant. Elle l'amena jusque dans les ruelles sombres et étroites qu'elle connaissait par coeur, à force de s'y être planqué. Ces coins là pouvaient devenir de vrais labyrinthes pour ceux qui ne les connaissaient pas. Elle fit tourner le leurre dans une dernière rue qui débouchait sur une impasse. Murdock s'y engouffra sans la moindre hésitation. Albane resta un moment en arrière avant de le suivre, le temps qu'il réalise que sa traque n'allait pas se passer comme prévu. Elle l'entendit pousser un juron et frapper dans tout ce qui passe à sa portée. Toujours aussi nerveux le Murdock.

Elle prit une profonde inspiration. Ca y est c'était le moment, elle allait enfin se confronter à celui qui avait capturé son frère. Elle sentit comme une brique qui tombait sur son estomac et son rythme cardiaque accéléra un peu. Elle chassa l'angoisse par la colère, comme on se protège des loup à l'aide du feu. Ce n'était pas le moment d'avoir peur. La peur c'était pour les faibles et pour les lâches. Elle ne devait pas être faible ni lâche, ce soir. Pour Timothy. Elle resserra sa prise autour de sa baguette et s'engagea dans la ruelle. Bacchus Murdock était juste là, planté comme un con devant le mur au fond de l'impasse, il lui tournait le dos. La dernière fois qu'elle l'avait vue d'aussi près c'était dans la pensine et ce souvenir lui donna une violente envie d'envoyer sa grosse carcasse s'écraser contre la pierre froide. Mais à ce jeu là il aurait sûrement l'avantage, alors elle renvoya cette idée dans un coin de sa tête. Il fallait la jouer plus finement que ça.

Elle marcha traîna volontairement des pieds et heurta un reste de caisse en bois abandonnée contre le mur pour signaler sa présence. « Montre-toi, ‘spèce d'ordure » fit la voix bourrue du rafleur. Il se retourna, baguette illuminée.  « C'est l'hôpitale qui se fout de la Charité... » Répondit Albane alors qu'elle entrait dans son champ de vision, baguette pointé vers lui. « J'crois que la plus belle ordure ici c'est toi, Murdock. » Elle se planta devant lui avec l'impression de remonter le temps, jusqu'à l'époque où ils étaient tout deux étudiants.  « Ca faisait longtemps que j'avais pas vue ta vieille gueule de troll. » Ajouta-t-elle en y repensant. Enfin si, elle l'avait pas mal vu en fait quand elle avait fait ses recherches sur Rookwood pour aider Tiago; mais ça, lui n'en savait rien. Elle sourit calmement, un petit sourire en coins légèrement moqueur. « J'veux paspas de problèmes. » Ben tien. En effet, les problèmes étaient déjà bien réel, pas besoin d'en rajouter. « J'ai juste quelques petites questions à te poser. » Inutile de préciser que quelle que soit ses réponses, elle aurait toujours quelque chose à régler avec lui. Il s'en rendrait compte bien assez vite.



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On a jamais su ce qui se passait dans ta cervelle de piaf lorsque tu te retrouvais face à la personne du jour que tu devais buter, ce qui se passait pour que tu l’abattes sans une once d’hésitation, comme on tamponnerait un reçu ou qu’on rendrait la monnaie. En cet instant dérisoire qu’on voit jamais dans les films, quand le héros gagne du temps en cherchant à attiser des cendres de pitié dans l’âtre corrompu du méchant. Parce que toi, tu lui laissais pas le temps d’ouvrir la bouche, quitte à parfois, buter le mauvais.
C’était là tout l’intérêt d’appartenir au camp des méchants. Et accessoirement des vainqueurs.
Elle a eu chaud aux fesses la Oswell, parce que si t’avais pas imprimé son si singulier visage, elle aurait fini au fond d’une poubelle à peine eut-elle ouvert la bouche.
Ouais bon, ok, t’étais sur les nerfs, donc t’avais le sortilège facile.

En même temps, il n’y avait qu’elle pour associer « belle » et « ordure » dans une même phrase pour te qualifier.
Parce qu’à l’époque, elle faisait rimer « cognard » avec « connard » rien que pour tes beaux yeux. Et que c’était toujours à Diggory de vous arracher l’un à l’autre.
C’est avec ces souvenirs en bagages que tu la découvres crevant de la pénombre. Tes yeux se plissent d’incrédulité. Parce que, bien entendu, tu ne te doutais pas que c’était elle que tu étais en train de poursuivre, et encore moins qu’en fait, c’était elle qui te poursuivait.
De fait, tu gonfles le poitrail, prenant un air ridicule d’expert, l’air intelligent de celui qui est con, la main au ceinturon –un peu plus et, si t’en avais eu, t’aurais remonté tes lunettes de soleil ray-ban –, comme un policier qui nettoierait une scène de crime de la foule des badauds bourdonnant comme des mouches autour d’un cadavre au ventre gonflé de boyaux pourris. Y’a rien à voir, m’sieur dame, c’est mon cadavre.
« Oswell, qu’est-c’tu fous là ? » ta question meurt au fond de ta gorge, comme ce nom pas prononcé depuis si longtemps.

Parce que, même si la Albane était la reine de la survie et la princesse du camouflage, elle venait de se vendre, consciemment ou pas.
Parce que si elle n’avait réellement rien à se reprocher, elle ne t’aurait pas suivi –voire conduit- dans une ruelle à l’écart de tous témoins oculaires. A l’écart des mouches qui auraient pu témoigner de la découverte d’un (futur) cadavre dans les environs.
Non, effectivement, elle n’aurait pas fait ça. Vu comment elle furetait déjà à l’époque à Poudlard, elle n’aurait eu qu’à fouiner un peu pour découvrir que tu travaillais au Ministère et, à défaut de prendre rendez-vous avec toi, aurait juste eu à t’attendre à la sortie des bureaux.
Elle aurait pu s’y prendre de mille et une manières. Mais de toutes, c’était la plus trouble qu’elle avait choisie. Et celle qui menait inévitablement au règlement de compte.

« J’veux pas de problème » ; il n’y avait que ceux qui redoutaient de s’en attirer pour sortir un truc pareil.
D’habitude, c’était toi qui grinçais ça, au moment d’interpeller quelqu’un, comme on essaierait d’apprivoiser un sombral fou. Ça marchait jamais, bien entendu ; parce qu’un gros lourdaud qui affirme qu’il veut pas de problème, c’était aussi crédible que Voldemort qui veut tailler la bavette avec Potter. Au moins.  
Si elle voulait pas de problème, elle attendait pas la fin du jour pour venir te voir, aussi surchargé de travail que tu étais.
Si elle voulait pas de problème, elle te coinçait pas entre elle et le mur pour te poser soi-disant quelques questions.
Si elle voulait pas de problème, elle n’aurait pas le visage concentré de celle qui a disparu de la circulation quelques années après Poudlard. Comme si sous ses yeux bruns se déroulaient les innombrables scénarios sur lesquels allait déboucher votre petite entrevue, tous plus périlleux les uns que les autres, comme autant de fins désastreuses d’une histoire dont vous êtes le héros.

Tu n’étais pas forcément au courant de son silence prolongé dans le monde sorcier, puisque diplômé avant elle. Et, sachant qu’à l’époque, vous n’étiez déjà pas les meilleurs amis du monde, tu n’avais pas cherché à garder le contact avec elle, ni avec qui que ce soit d’autres d’ailleurs.
Toutefois, les autres, t’avais eu l’occasion de réentendre leurs noms, de revoir leurs visages un peu vieillis, dans un couloir du Ministère, dans un pub du Chemin de Traverse, voire même trainant leur carcasse dans les égouts de l’Allée des Embrumes.
Mais Albane, avec son visage particulier, son front droit et court, ses yeux lascifs et son nez qui regardait péter les dragons, tu te souvenais pas l’avoir aperçue où que ce soit. La preuve, tu aurais mis ta main à couper qu’à l’école, elle avait pas la même couleur de cheveux.

« Et moi encore plus longtemps qu’j’avais pas senti tes mauvaises ondes me coller amoureusement les bottes. » Tu rabaisses pas ta baguette, sous prétexte d’en faire de la lumière, dont le halo t’éblouissait un peu d’ailleurs, t’empêchant de voir si elle était également armée. Sans aucun doute ; c’est qu’elle avait eu l’occasion de tester sur toi d’innombrables maléfices ingrats à l’époque. Il n’y avait vraiment plus de respect pour les aînés.
« Pas de problèmes ? » que tu répètes, inspectant les environs, les bras ouverts, le sourcil plissé de suspicion. « On est là, tous les deux, dans une ruelle où si l’un de nous crève, personne ne pourrait le trouver avant plusieurs jours, à une heure de la nuit où toutes les raclures de Londres pointent le bout de leur nez » ça te ressemble pas de discourir autant, comme si tes bien-aimés Mangemorts de patrons déteignaient sur toi. Comme si tu tenais à lui faire comprendre que tu faisais partie du camp des méchants, que vous faisiez visiblement pas partie du même camp. « J’vois vraiment pas quel genre de problème il pourrait y avoir » C’est que ça t’irait presque bien de théâtraliser ainsi, père fouettard de pacotille ironisant que t’étais dans ton épais manteau, un sourire d’escroc scintillant sur tes crocs.
Pourtant, d’habitude, tu leur laissais pas une seconde de répit, aucune chance de t’amadouer, comme si t’avais intrinsèquement peur que ça marche ; ou que tu finisses par piger que t’avais à faire à des êtres humains comme toi.

Tu abats de nouveau ton attention sur elle « En quoi j’peux t’aider ma grande ? qu’est-ce qui peut bien être si important pour qu’tu viennes m’dénicher au milieu des miens ? » regard presque attendri pour les poubelles qui empuantissent l’air et la situation « Tu t’rappelles enfin où t’as planqué mon casque de Quidditch ? »
C’est fou ce qu’on peut se rappeler une fois en face de la personne concernée. Presqu’autant que les souvenirs laissés par les absents. C’est fou comme ça se bouscule au portillon alors qu’à l’époque, si on osait supposer que vous étiez amis, vous vous seriez gaussés en chœur, comme on l’aurait attendu de ceux qui se rendent pas compte qu’on garde ses amis proches, et ses ennemis encore plus.
Hé, Murdock, tu vas faire comment, si tu dois la buter, celle-là ? Chut, chaque chose en son temps.
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‹ crédits : moi-même (ui, ui).
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‹ liens utiles :
‹ âge : 25
‹ occupation : héroïne de guerre pour avoir lutté pendant huit ans au sein de l'Ordre du Phénix puis de l'insurrection. On me connait aussi sous le nom de Blackfish, informatrice au coeur d'un réseau particulièrement étendu; co-fondatrice de l'émission Potterwatch et militante active qui n'hésitait pas à dénoncer les manipulations publiques du gouvernement de Voldemort, la collaboration des médias, ainsi que tous ceux qui avaient des choses à se reprocher et dont j'avais déniché les petits secrets. Si j'ai arrêté l'émission, je n'ai cependant pas fini de fouiner dans les affaires des autres et surtout celles du gouvernement. J'ai acquis un statut de journaliste indépendant et le scroll est pour le moment mon seul support, mais ça ne va pas durer, j'y travaille...
‹ maison : Poufsouffle
‹ scolarité : 1989 et 1996
‹ baguette : actuelle n'était à l'origine pas la mienne mais j'ai tué son ancienne propriétaire et quand j'ai ramassé son arme l'utiliser m'a paru la chose la plus logique à faire. Elle mesure aux alentours de 23 cm, il semblerait qu'elle soit en bois de prunellier, probablement contenant du dragon, mais je ne suis pas certaine de sa composition. Elle est bien plus rigide que mon ancienne baguette de cèdre et crin de licorne dont je n'arrive maintenant plus à me servir.
‹ gallions (ʛ) : 4255
‹ réputation : il ne faut pas tenter de me cacher des choses. Que je sais tout et que ce que je ne sais pas encore, je le découvrirai bientôt. Si Blackfish et une figure de la résistance très respectée par la majorité de la population, mes anciens camarade rebelles ont un avis plus mitigés à mon égard... On dit que je serai prête à faire tout ce que je condamne pour arriver à mes fins: mentir, voler, tuer; que j'ai été dévoré par la haine. Après tout je suis une terroriste.
‹ particularité : prête à faire tout ce que je déteste et dénigre pour arriver à mes fins. Au point que j'en viens à me détester moi-même. Voler, mentir, trahir, me servir d'autrui comme un outil, parfois même de mes amis... "La fin justifie les moyens", c'est ce qu'on dit.
‹ faits : je vis avec le poids de mes actes sur la conscience particulièrement ma participation à l'attaque d'Herpo Creek, mais aussi la mort de mon petit frère dont je me considère responsable. Si certain de mais camarades héros de guerre estiment que je ne mérite pas ce titre, qu'ils sachent que je suis bien d'accord avec eux. Mais je suis libre et je travaille d'arrache pied à mes divers enquêtes pour oublier que je ne suis toujours pas capable de marcher sereinement dans la rue.
‹ résidence : dans un appartement pas bien grand sur Diagon Alley, mais il s'agit plus d'une espèce de bureau improvisé, constamment en bordel, que d'un véritable lieu de vie. Le seul endroit que je considère un peu comme chez moi et où je me sens réellement en sécurité c'est chez Tiago.
‹ patronus : Un grand ban de poisson argentés, c'est de la que je tien mon surnom de Black Fish.
‹ épouvantard : Thomas, moldu de dix-huit ans à peine que j'ai envoyé à la mort et qui revient régulièrement me hanter en pensée. Il a le regard vide et me demande constamment pourquoi je l'ai tué lui et pas l'autre.
‹ risèd : Cédric et moi. On boit une bière au beurre sous le porche de la maison de ma mère à Loustry. Mais Cédric est mort, la maison est détruite, ma mère ne reviendra surement jamais, et la Bière-au-Beurre est devenue beaucoup trop cher.
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Pendant un moment, Bacchus la regarda comme s'il avait vu un fantôme. C'était assez drôle, cet air un peu perdu de celui qui comprend pas trop ce qui se passe, sur son visage, ça lui rappelait quand elle lui mettait des coups par surprise dans les couloirs de l'école, et qu'il regardait autour de lui, cherchant d'où venait l'affront; alors qu'elle, elle était déjà loin. Mais là elle n'était pas loin, elle était juste en face et il se reprit assez vite. « Et moi encore plus longtemps qu'j'avais pas senti tes mauvaises ondes me coller amoureusement les bottes. » Elle ne put réprimer un sourire, s'il y avait un jour eu de l'amour entre elle et Bacchus Murdock c'était probablement dans une autre vie. Le Bal de Noël lui-même n'avait rien changé à la haine qu'il se vouaient mutuellement. Il baisse un peu sa baguette, sans doute pour mieux voir son visage à elle. Elle n'en fit pas autant, toujours sur ces gardes, elle ne devait pas oublier pourquoi elle était là. « Pas de problèmes ? On est là, tous les deux, dans une ruelle où si l'un de nous crève, personne ne pourrait le trouver avant plusieurs jours, à une heure de la nuit où toutes les raclures de Londres pointent le bout de leur nez. J'vois vraiment pas quel genre de problème il pourrait y avoir. » Elle laissa échapper un petit ricanement. T'en fais des grandes phrases, dis moi. C'est Rookwood qui te donne des cours ? Il la regarde avec un étrange sourire. « En quoi j'peux t'aider ma grande ? qu'est-ce qui peut bien être si important pour qu'tu viennes m'dénicher au milieu des miens ? Tu t'rappelles enfin où t'as planqué mon casque de Quidditch ? »

Elle fronca les sourcil une seconde, sans comprendre de quoi il parlait. Son casque de Quidditch ? Et tout d'un coup ça lui revient. C'est un souvenir d'un autre temps, d'une autre vie. Quelque par, peut-être en quatrième ou cinquième année, elle lui avait piqué son casque pour le planquer, probablement dans l'espoir qu'un coup de cognard l'achèverait au prochain match. Plus tard elle avait prétexté avoir oublié où elle l'avait mis. En fait maintenant qu'il en parlait, elle s'en souvenait très bien. « Tu l'as jamais retrouvé ? T'es vraiment con. Je l'avais caché sous le lit de Cédric. » Oui, tu sais ? Cédric. Ton pote. Qui s'est fait tué pour rien. Par les gens pour qui tu travailles maintenant. Mais si ça doit bien te rappeler quelque chose, Murdock ! Fais un effort. Cette pensée l'énervé encore pus qu'elle ne l'était déjà. C'était comme si toutes ses années, elle avait attendu de le recroiser pour se rendre compte de la lâcheté, du degré de traitrise et du dégout que Bacchus lui inspirait. Très bien, sa récente expérience avec Lestrange lui avait montré qu'être en colère pouvait largement la maintenir en vie si la situation dégénérait. Et en même temps, elle sentait un petit creux se creuser dans son estomac à mesure que les souvenirs refaisaient surface.

Mais elle ne laissa rien paraître Albane. Et elle n'avait pas changé d'avis pour autant et elle se remémora ce qu'elle avait vu dans la pensine histoire de ses remettre les idées en place. Voilà, maintenant qu'elle avait rétablit le sens de ses priorités, elle allait pouvoir entrer dans le vif du sujet. « T'as bonne mémoire pour te rappeller de ça... » commença-t-elle, tenant toujours sa baguette illuminée tendue dans sa direction. « Ça tombe bien, j'ai besoin que tu fasses marcher un peu ta cervelle, Murdock. » Si tant est que tu en ais une. Elle marqua une pause, histoire d'être sûr qu'il était bien à l'écoute de ce qu'elle allait dire. « Y a quelque mois, en mars, t'as participé à une rafle qui devait te permettre d'attraper Edouard Douglass, n'est-ce pas ? » Nouvelle pose, elle baissa un peu sa baguette pour mieux distinguer l'expression de son visage. « Vous l'avez raté, il s'est enfuit. Il a transplané. Mais y avait quelqu'un d'autre avec lui. » Là elle sentit un énorme nœud se former dans son estomac. Elle avala sa salive un peu trop difficilement. « Un gamin, à peu près dix-huit ans... » Elle se rendit compte qu'elle avait du mal à dissimuler la pointe d'émotion qui perçait dans sa voix alors elle prit une profonde inspiration. « Qu'est ce qu'il est devenu ? »

Son regard était planté dans celui de Bacchus. Elle n'avait absolument plus l'air d'avoir envie de rire, ni de se rappeler du bon vieux temps, ni même de l'insulter rien que pour le plaisir de le voir rager. Non ça c'était avant, c'était fini. La seule chose qu'il pouvait voir c'était cette détermination et cette volonté qui l'avaient mené jusqu'à lui. Elle voulait la vérité. Mais quelque part, tout au fond d'elle, loin, très très loin, elle réalisa qu'elle espérait qu'il lui dirait qu'il ne savait pas. Que ce n'était pas lui qu'elle avait vu dans la pensine. Pour la première fois de sa vie, Albane n'était plus certaine de préférer la vérité. Pour la première fois de sa vie, elle espérait qu'on lui dise qu'elle s'était trompée.

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Ça aurait été tout de suite plus facile si y’avait eu un supérieur avec toi qui t'aurais dit quoi faire ; t’aurais pas eu à réfléchir, juste à marmonner un sort, faire tournoyer une baguette et la regarder s’effondrer à tes pieds –et si t’es sage, tu pourras même la finir aux poings, Murdock. Bon chien.
Ça aurait été tout de suite plus facile, même sans supérieur, si ça n’avait pas été une camarade de classe –ouais, y’a bien une année où vous vous êtes retrouvés dans la même promo, vu que t’avais redoublé quelques fois. Il était pas ici question d’une meilleure amie, encore moins d’une amoureuse ou d’un coup de foudre non assumé. Un coup de pied dans le derrière, dès qu’elle te voyait rouler des mécaniques en direction du terrain de Quidditch. Un coup de main jamais donné en cours, parce que t'avais du mal même avec les leçons des années précédentes. Et parce que la seule fois où elle te demandait de participer à ses devoirs, c'était pour te coller aux fesses un maléfice fraîchement appris.

T’as jamais vraiment eu de bons copains à l’école ; ceux que tu croyais être tes amis étaient en réalité des p’tits bourges au sang-pur qui t’acceptaient seulement parce que t’avais du cachet et des gros bras. Modèle XXL d’un Crabbe ou d’un Goyle, affublé du même tour d’épaules et du même QI ras les mandragores. Et puis y’avait ceux que tu croyais pas être tes amis, et dont tu conservais pourtant le souvenir le plus tendre.
Cédric en faisait effectivement partie. C’est même lui qui s’était acoquiné avec la demoiselle. C’est de sa faute, si ça n’était pas si facile, aujourd’hui. Cédric, un souvenir amer ; à l'époque, t’étais pas son meilleur pote, mais disons qu’à Poufsouffle, tout le monde connaissait Cédric, quand bien même Cédric ne pouvait pas connaître tout le monde. Néanmoins, tu faisais partie de l’équipe de Quidditch –pour ne pas dire son équipe ; de fait, il avait posé un numéro de joueur puis un nom sur ta face burinée et ça, c’était déjà beaucoup. Si t’étais pas de la plus agréable des compagnies, tu faisais un bon batteur, et c’était tout ce qu’il te demandait. Il avait conscience que tu existais ; t’étais un satellite dans la galaxie Diggory.
Cédric, c’était celui que tu deviendrais jamais. Que tu ne cherchais même plus à devenir. Et qui ne deviendra jamais non plus.
On revient souvent sur l’image déchirante de Potter revenant du labyrinthe, accroché au corps sans vie du garçon. On a de la peine à évoquer la petite Chang qui ne s’arrête plus de pleurer. Mais on en savait beaucoup moins sur le vide que le décès de Cédric avait laissé dans le dortoir des Poufsouffle, ou sur le terrain de Quidditch. On n'en parle pas, de la gamine qui s’était débattue comme un diable quand elle avait compris que même s’il était revenu, il ne reviendrait pas. On n’en parle pas, c’était pas la petite amie, ni le père, ni le héros.
Alors c’est pour dire qu’on n'a même pas vu le type un peu lourdaud qui a attrapé la gamine qu’on lui refilait pour l’éloigner du labyrinthe, parce que ça sert à rien de t’agiter comme ça, Oswell, ça le f’ra pas rev’nir. La ferme, Oswell, t’as pas intérêt à pleurer, t’aurais de la morve partout. Oswell, t’aurais vraiment une sale tronche si tu pleures, alors le fais pas. J’aime pas quand tu pleures, Oswell ; j’ai jamais réussi à t’faire pleurer, moi.
« C’tait donc là qu’il était… » te murmures-tu à toi-même –c’est toujours très étrange quand tu parles à voix basse, on dirait un bourdon-, te demandant sincèrement pourquoi t’avais pas eu l’idée à l’époque de regarder en-dessous du lit de Diggory. T'avais peut-être bêtement peur de tomber sur des affaires de garçon pas célibataire.

Bien entendu, la jeune femme n’avait pas fait tout ce chemin et risqué de se montrer pour te parler du bon vieux temps. Entrée en matière certes touchante mais de courte durée. Parce qu’elle avait autre chose derrière la tête. Et ça, quelque soit l’époque, ça n’avait jamais été très bon signe. T’as visé juste ; elle semble mieux renseigner que toi sur tes propres missions. La mission en question est encore plus amère qu’un camarade tué puisque assimilée à un camarade que t’avais pas réussi à tuer. C’est quoi votre problème, les gars ? Pourquoi vous faites toujours ce que j’fais pas ? Voilà que quand j’obéis, vous, vous oBEISSEZ PAS.
« Edouard Douglas… » un peu que tu te souviens de lui. Mais ‘faudrait pas qu’elle croit qu’il te manque, que tout ça te manque. « Douglas… choucroute brûlée et face de macaque… il était pas à Poufsouffle ? » tu claques des doigts, feignant le resituer enfin « mais bien sûr qu’si ! et plutôt deux fois qu’une : notre préfet préféré » c’est que t’as l’air vraiment nostalgique de te remémorer les courses folles dans les couloirs interdits. « et un fugitif maintenant » c’est que t’as l’air vraiment en colère en te rappelant ce qu’il était devenu. « Qui l’eut cru qu’un jour, c’est moi qui lui collerait au train comme une hémorroïde. » t’as presque l’air vexé d’être du côté de l’ordre, quand il était de celui du chaos « La mauvaise graine est vraiment pas celle que l’on croit, hein ? » Tu dois en savoir quelque chose, Oswell ; j’parie que tu tiens tes infos direct’ de notre ami commun.

Qui t’avait filé entre les doigts, quand quelques années plus tôt, c’est toi qui tentais en vain de te faire tout petit pour lui échapper.
« Un garçon, tu dis ? y’a bien eu cette fois où j’ai trébuché et où un avada m’a échappé, mais j’crois bien qu’c’est une gamine qui s’l’est pris… » Tu plisses les sourcils à force de concentration « C’tait au début d’l’été, pendant la chasse aux l… ouais mais nan, elle était plus jeune, beaucoup plus jeune » te voir réfléchir et compter sur tes doigts comme pour savoir combien de week-end par an tu devais t’occuper des enfants d’une garde partagée a quelque chose d’affreux et de dérisoire. C’était rien que du boulot tout ça pour toi, des rapports à remplir à mesure que des corps tombaient. Et, de temps en temps, une figure familière imprimée sur les affiches, la mine hargneuse, fatiguée et maculée de boue.
Une figure qui souffrait et faisait souffrir.
« En tout cas, d'vait pas rester grand-chose pour qu’ça m’r’vienne pas en tête comme ça… »
En vérité, tu restais volontairement vague dans un énième élan de provocation. Tu te doutes bien qu’elle entretenait un lien particulier avec ce gamin de dix-huit ans ; t’avais peut-être même deviné que ça aurait pu être son frère. Et pourtant, tu continues de faire mal, comme dans l’espoir quand vous étiez adolescents de la faire pleurer.
Si elle, elle avait fini de jouer –parce qu’on n’est plus des enfants, Bacchus, c’est pAS UN JEU tout ça, la vie, c’est pas un jeu, surtout pas celle des autres-, toi, tu cherchais encore à la provoquer. C’était un moyen de rester en sécurité, en prenant de la distance, de la distance dans le temps, le remonter, pour retourner dans les couloirs de Poudlard, quand elle te faisait des croche-pieds. C’était pas un gamin de dix-huit ans que tu avais probablement tué de sang-froid. C’était pas le cousin, le copain ou le frère d’Oswell. C’était un fugitif, un rebut si ce n’est un vulgaire moldu.

« D’toutes façons, on a pour ordre de buter les rebuts, donc j’vois pas pourquoi tu t’embêtes avec ça » on, la masse grouillante qui ne fait qu’obéir aux ordres, pour sa propre survie. Ça.
Ton regard se plante dans le sien comme un couteau sous sa gorge. Sa lèvre tremble, imperceptiblement. Elle avait tenu tout ce temps sans aucune nouvelle de ce garçon ? Quel courage. Elle se retenait alors que le souvenir de sa disparition était encore chaud dans sa poitrine, se confondant avec le cœur, palpitant, vrombissant jusqu’à fleur de peau.
Tu pouvais la voir, la sentir palpiter, cette faiblesse. Finalement.
Finalement, tu tenais le petit poisson entre tes doigts maladroits et glissants d’enfant. Et ton regard, si clair, est cruel. Cruellement conscient du pouvoir qu’il possède à cet instant précis. Tu pouvais l’écraser.
Tu devais l’écraser.

Pour la première fois de ta vie, t’as pris un malin plaisir à avouer qu’elle ne s’était pas trompée.
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HERO • we saved the world
Albane Oswell
Albane Oswell
‹ inscription : 08/12/2015
‹ messages : 1031
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‹ liens utiles :
‹ âge : 25
‹ occupation : héroïne de guerre pour avoir lutté pendant huit ans au sein de l'Ordre du Phénix puis de l'insurrection. On me connait aussi sous le nom de Blackfish, informatrice au coeur d'un réseau particulièrement étendu; co-fondatrice de l'émission Potterwatch et militante active qui n'hésitait pas à dénoncer les manipulations publiques du gouvernement de Voldemort, la collaboration des médias, ainsi que tous ceux qui avaient des choses à se reprocher et dont j'avais déniché les petits secrets. Si j'ai arrêté l'émission, je n'ai cependant pas fini de fouiner dans les affaires des autres et surtout celles du gouvernement. J'ai acquis un statut de journaliste indépendant et le scroll est pour le moment mon seul support, mais ça ne va pas durer, j'y travaille...
‹ maison : Poufsouffle
‹ scolarité : 1989 et 1996
‹ baguette : actuelle n'était à l'origine pas la mienne mais j'ai tué son ancienne propriétaire et quand j'ai ramassé son arme l'utiliser m'a paru la chose la plus logique à faire. Elle mesure aux alentours de 23 cm, il semblerait qu'elle soit en bois de prunellier, probablement contenant du dragon, mais je ne suis pas certaine de sa composition. Elle est bien plus rigide que mon ancienne baguette de cèdre et crin de licorne dont je n'arrive maintenant plus à me servir.
‹ gallions (ʛ) : 4255
‹ réputation : il ne faut pas tenter de me cacher des choses. Que je sais tout et que ce que je ne sais pas encore, je le découvrirai bientôt. Si Blackfish et une figure de la résistance très respectée par la majorité de la population, mes anciens camarade rebelles ont un avis plus mitigés à mon égard... On dit que je serai prête à faire tout ce que je condamne pour arriver à mes fins: mentir, voler, tuer; que j'ai été dévoré par la haine. Après tout je suis une terroriste.
‹ particularité : prête à faire tout ce que je déteste et dénigre pour arriver à mes fins. Au point que j'en viens à me détester moi-même. Voler, mentir, trahir, me servir d'autrui comme un outil, parfois même de mes amis... "La fin justifie les moyens", c'est ce qu'on dit.
‹ faits : je vis avec le poids de mes actes sur la conscience particulièrement ma participation à l'attaque d'Herpo Creek, mais aussi la mort de mon petit frère dont je me considère responsable. Si certain de mais camarades héros de guerre estiment que je ne mérite pas ce titre, qu'ils sachent que je suis bien d'accord avec eux. Mais je suis libre et je travaille d'arrache pied à mes divers enquêtes pour oublier que je ne suis toujours pas capable de marcher sereinement dans la rue.
‹ résidence : dans un appartement pas bien grand sur Diagon Alley, mais il s'agit plus d'une espèce de bureau improvisé, constamment en bordel, que d'un véritable lieu de vie. Le seul endroit que je considère un peu comme chez moi et où je me sens réellement en sécurité c'est chez Tiago.
‹ patronus : Un grand ban de poisson argentés, c'est de la que je tien mon surnom de Black Fish.
‹ épouvantard : Thomas, moldu de dix-huit ans à peine que j'ai envoyé à la mort et qui revient régulièrement me hanter en pensée. Il a le regard vide et me demande constamment pourquoi je l'ai tué lui et pas l'autre.
‹ risèd : Cédric et moi. On boit une bière au beurre sous le porche de la maison de ma mère à Loustry. Mais Cédric est mort, la maison est détruite, ma mère ne reviendra surement jamais, et la Bière-au-Beurre est devenue beaucoup trop cher.
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Et elle l'écoutait se perdre dans ses souvenirs qu'il énonce à voix haute, comme si il essayait de se rappeler d'un vieux copain. « La mauvaise graine est vraiment pas celle que l'on croit, hein ? » qu'il jeta d'un ton dédaigneux. Elle ne répondit pas, se contentant de le fixer d'un œil noir. Elle n'aimait pas cette attitude désinvolte, cet air un peu supérieur qu'il prenait. « Abrège Murdock. » Et la ce fut pire, parce qu'il fronça les sourcils et il se mit à éttaler ses exploits meurtrier d'un air songeur, comme s'il parlait du dernier match de Quidditch qu'il avait vue. « C'tait au début d'l'été, pendant la chasse aux l… ouais mais nan, elle était plus jeune, beaucoup plus jeune »

L'expression froide sur le visage d'Albane se transforma peu à peu en un masque de dégout. Plus elle l'écoutait plus il la dégoûtait. Il la dégoûtait plus que Lestrange quand il avait volontairement prit le nom de Franck Longbottom. Plus que Moltchaline qui l'avait regardé comme un spécimen expérimental. Plus qu'Habib, cette vieille ordure, violeur et meurtrier. Bacchus Murdock lui inspirait plus de dégout que toutes les pires ordure qu'elle a pu croiser dans sa vie. Probablement parce qu'elle l'avait connu avant. Oui ça devait être ça. Elle l'avait connu quand il n'était qu'une brute épaisse: pas vraiment méchant, juste un peu con. Et maintenant c'est toujours une brute épaisse, évidemment ; et il est toujours aussi con, bien sûr ; mais il y a cette petite lueur dans son regard, celle de la méchanceté, celle du plaisir que ce qu'il raconte lui inspire. Comme s'il était content de lui. Comme s'il était fier. Fier de n'être devenue qu'un pantin dans les mains du gouvernement, une machine à tuer bien docile et parfaitement fidèle. Et ça la surprenait plus qu'elle ne l'aurait voulu. Au fond, peut-être qu'une part d'elle avait espéré qu'il était resté le mec qui l'avait éloigné du labyrinthe, et qui l'avait laissé lui cogner dessus de désespoir avec ses petits poings inutiles, sans rien dire, quand qu'elle réalisait que son meilleur ami ne reviendrait pas. Peut-être qu'elle avait espéré qu'au moins il serait désolé. Naïve petit Albane.

« En tout cas, d'vait pas rester grand-chose pour qu'ça m'r'vienne pas en tête comme ça… » Il ne se rappelait pas. Et elle passa du dégout à quelque chose qui ressemble à un mélange d'horreur et de désespoir. Il n'avait pas le droit de ne pas s'en rappeler. Qui était assez lâche pour oublier les visages de ceux qu'il avait tué ? Elle avala difficilement sa salive, tentant de se reprendre mais c'était trop tard, il avait vu qu'il avait frappé au bon endroit. Juste comme il fallait pour la déstabiliser. Un petit sourire se dessina sur le visage de Murdock alors qu'Albane sentait sa respiration de hacher et elle resserra sa main autour de sa baguette pour contenir un tremblement. « D'toutes façons, on a pour ordre de buter les rebuts, donc j'vois pas pourquoi tu t'embêtes avec ça » Lacha-t-il, en la regardant droit dans les yeux, l'air soudain un peu plus sérieux. Et c'est comme ça qu'il l'acheva. Buter. Buter les Rebus. Alors c'était donc comme ça qu'il voyait les choses ? On "butte" les gens comme on balance un vieux parchemin à la poubelle. C'était comme ça qu'il joue avec les vies des autres ? C'est vraiment ça que t'es devenue Murdock ?

Albane fut incapable de soutenir son regard plus longtemps, c'était comme si on venait de lui mettre un coup de poing dans le ventre, de lui planter un couteau dans le coeur. "On a ordre de butter les rebus." La phrase raisonnait dans sa tête, les mots s'entrechoquaient les uns contre les autres. C'était ça la fin de l'histoire: il l'avait tué et il ne s'en rappelait même pas... "On a ordre de butter les rebus." Et tout d'un coup ça fait comme une étincelle dans con cerveau. Les rebus. Et une vague de colère se met à faire palpiter son cœur, à faire bouillir son sang dans ses veines. « Je ne l'ai pas dit... » fit-elle a mie-voix en se redressant un peu. Il la regarda avec ce regard un peu vide qu'il a quand il ne comprend pas, quand il est surprit. « ...Que c'était un rebu. Je ne l'ai pas dit. » Et le désespoir a disparu de ses trais, englouti par la rage et la haine. Il sait. Il se rappel. Et elle va tout lui faire cracher à cet enfoiré.

Le sort jaillit de la baguette d'Albane, Murdock fut violemment projeté vers le mur du fond de l'impasse contre le-quel il resta plaqué, bras écartés, il ne pouvait plus bouger. Elle s'avança jusqu'à lui et posa sa baguette contre sa gorge, la colère nourrissant le maléfice qui l'immobilisait. « Tu t'en souviens pas vrai ? » cracha-t-elle. « Alors tu vas me dire ce qu'il s'est passé. Tu vas me dire ce que t'as fais à un gamin même pas armé, même pas capable de se défendre. T'es tellement fière d'être qu'une ordure Murdock... Alors vas y raconte moi tes exploits, maintenant. » Son visage était déformé par la haine, elle ne réfléchissait plus Albane. La machine était en route, insatiable, inépuisable. Ce besoin irrationnel de savoir, de connaitre la vérité. « Dis moi comment t'as tué mon frère. » Il fallait qu'elle sache. Il fallait toujours qu'elle sache. Tant pis si ça devait la bouffer petite a petit, la ronger de l'intérieur, lui dévorer le coeur. Il fallait qu'elle sache. Tant pis si ça faisait mal. Elle encaisserait. Il fallait qu'elle sache, il fallait qu'elle l'entende de sa bouche à lui. Vas y Murdock, donne moi une bonne raison de te faire du mal. Donne moi une bonne raison de te tuer.

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A l’époque, on s’amusait à comparer Albane à un feu follet, le seul être surnaturel qui associait l’eau et le feu ; petite flamme sinueuse qui égarait les passants dans les marais de la rumeur et de la désinformation.
Et aujourd’hui, le passant était de retour, armé d’une douche froide, et regardait flancher et se consumer la petite flamme. Le poisson tiré hors de l’eau qui se tortillait sur le rebord du bassin. Dans ton enfance, tu pouvais passer d’interminables minutes à les observer sans sourciller ; sans les achever ou les remettre à l’eau, comme si tu prenais tout le temps nécessaire pour prendre du recul, te calmer, te dire que c’est pas si grave.
C’était pas si grave, tout ça. Ils avaient pas qu’à te faire peur. Ils l’avaient mérité.
De la même manière, tu contemples la Oswell vaciller, conscient que c’était là ton œuvre. T’as le poitrail qui se gonfle de fierté, et l’œil clair, clair de l’enfant qui observe son cauchemar rentrer au placard. Soulagé.
C’est que t’avais eu peur de pas pouvoir.

« Hm ? » Pour tout avouer, t’avais pas vraiment fais gaffe aux indices que t’avais pu laisser passer. Elle avait l’esprit trop fin pour toi, ça, tu devais le lui accorder. Et la supercherie, c’était pas vraiment ton truc ; cela dit, c’est fou de constater ce à quoi on est prêt à s’essayer, juste pour voir si ça marche, si ça fait du mal à l’autre, comme on changerait régulièrement les crampons de ses chaussures.
Tu vas pour tenter mollement de te justifier « Oh, tu sais, pas b’soin d… » mais elle avorte ta tentative en t’envoyant saluer le mur du fond. Ton dos prend cher, et ta tête s’éclate à son tour, mais ton souffle reste coupé lorsque tu te rends compte qu’elle te maintient immobilisé. Pas de soucis à se faire, mon grand, elle te butera pas ; pas tant qu’elle aura pas les infos qu’elle veut ; mais également parce qu’il n’y avait que dans ton camp qu’on osait user des Impardonnables. Trop facile.

C’était pas si facile que ça, Oswell, que t’aimerais lui avouer. T’es pas simplement devenu une ordure par la force des choses et les mauvaises fréquentations.
Tu étais resté le mec qui l’avait éloigné du labyrinthe et contre qui elle avait déclenché sa rage désespérée. Tu étais toujours autant ce gros lourdaud. Et c’est ça aussi le plus terrible, pour elle ; de devoir se dire que pendant tout ce temps, tout était déjà là, en place, tapi dans l’ombre : la frustration, la terreur, la sauvagerie et le désir intestin d’obéir à une force au-dessus de toi. Parce que ce que tu étais aujourd’hui, tu le devais certes principalement à Rookwood, mais également à tous ceux qui t’avaient construit et détruit depuis que tu étais venu au monde. Et peut-être qu’Albane n’assumait pas d’avoir participé à ce terrible projet-là.
C’était qui tu étais à présent. Ça avait toujours été ça. Parce que c’est plus compliqué de faire face, quand il s’agit pas bêtement d’un type cruel, sans pitié et sans fond. Tout n’était pas tout noir ou tout blanc ; c’était plus subtil que ça, comme les reflets de la lumière sur les écailles d’ébène des petits poissons combattants.
Vingt ans en arrière, salle de bain tropicale ; quand maman parvenait enfin à rentrer « Mais qu’est-ce que c’est que ce capharnaüm ? Bacchus, combien de fois je t’ai dit de ne pas tuer les poissons ? regarde ! tu en as mis partout sur le carrelage ! »
Mais c’est plus compliqué que ça, maman. C’est trop facile de nous accuser de nos crimes ; mais ça l’est tout de suite moins quand il s’agit de savoir pourquoi.

Tu le vois dans ses yeux que, même si elle ne t’a pas encore tué, elle a déjà assassiné le Bacchus qu’elle avait connu à Poudlard. Comme si tu n’étais plus lui. Elle se déresponsabilisait comme tu le faisais en réduisant tes victimes à de simples statistiques.
« C’est bien c’que j’me disais » grommelles-tu en essayant d’arracher ton bras au mur, en vain, elle ne cillait pas. La baguette chauffe contre ta gorge. « J’aimerais vous y voir p*tain ! » que tu grognes avec hargne « c’est facile de demander ‘pourquoi t’as fait ça ?’ » tu prends une voix pleurnicharde « demande-moi plutôt pourquoi j’l’ai pas fait ? »

C’est vrai quoi, t’avais fait que suivre les ordres ; si elle voulait aller se plaindre, ça ne servait à rien de le faire auprès de toi. T’étais pas responsable, tu ne faisais qu’obéir aux ordres, parce que si t’obéissais pas, c’en était fini de toi. Tu sais, Albane, au début, j’obéissais pas non plus, et ça a fait mal. Et puis après est arrivé un moment où ça a fait du bien de faire du mal.
Tu sais, on croit que c’est avilissant d’obéir. Mais en vérité, c’est plus compliqué. Tu sais, Oswell, j’voulais pas obéir avant ; quand on était plus jeunes et qu’on avait l’air de vouloir faire perdre le plus de points à notre maison. C’est fou ce qu’on peut faire pour aller à l’encontre de ce qu’on veut faire vraiment mais qu’on n’assume pas.
Parce que crois-moi, ma grande, j’ai découvert qu’il y avait un truc que je savais mieux faire que désobéir : obéir. Et même que j- patron où êtes-vous, dites-moi c’que j’dois faire, j’ai peur de pas savoir quoi faire de faire n’importe quoi ou pire encore de ne pas faire
j’AI PEUR DE PAS LUI FAIRE DE MAL

Tu halètes, à bout de souffle et sous pression, te forçant à ne pas faire attention à la baguette qu’elle plante dans ta gorge. « M’dévisage pas comme ça, ma grande ; y’t’suffirait d’utiliser un imperium sur ma gueule, et tu l’aurais ta réponse » surtout, ne pas baliser, elle n’oserait pas, tu la laisserais pas- « bah quoi ? t’oses pas ? » ce sourire si cruel ne te va pas, il va à tes supérieurs de mangemorts ; mais pas à toi « c’est ça qu’j’adore chez vous ; en fait, vous nous r’prochez c’que vous êtes pas foutu d’faire, au nom d’je sais quelle morale » tu craches sur le côté « t’as b’soin d’aide peut-être ? » et de derrière ton regard fou, tu la déstabilises, une infime seconde qui te permet de récupérer l’usage de ton bras. Tu tapotes ta baguette contre ta tempe avant de la mettre en joue à ton tour.

Sauf que toi, t’attends aucune réponse.
L’impero formulé de ta bouche est grossier, et son effet ressemble davantage à un stupefix amélioré qu’à l’Impardonnable de départ. Mais le fait était là ; t’avais usé d’un sort maudit à l’encontre d’une camarade. Et y’avait de quoi avoir mal à sa morale.
Dans ta main, le sortilège n’est pas aussi puissant qu’il aurait dû être. De fait, tu parviens à peine à lui faire baisser son arme, afin de te désencastrer du mur. Tu lui fais lever la tête et marches dans sa direction, la baguette posée sous son menton comme un index accusateur. T’as plus vraiment envie de rire –t’as jamais eu envie, en fait-, comme si t’étais mal à l’aise d’utiliser une telle magie noire. « J’vais t’dire un truc ; si Douglas s’était rendu gentiment, ça m’aurait pas mal facilité la chose ; et p’t’être même qu’les rebuts qui gambadaient dans l’coin auraient eu la vie sauve… pour un temps »
C’était pas tant après elle qu’après tous les autres que t’en avais. Parce que t’en avais marre d’être pris pour le méchant. Ça aurait été tellement plus facile de se glisser dans ce rôle. C’est comme si c’était déjà fait. C’est à cause de vous, tout ça, les gars. J’fais que coller à l’image qu’on a de moi.

Regarde, je t’ai donné absolument toutes les raisons de me buter
mais tu le feras pas
hein ? toi non plus tu le feras pas
c’est pas si facile
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HERO • we saved the world
Albane Oswell
Albane Oswell
‹ inscription : 08/12/2015
‹ messages : 1031
‹ crédits : moi-même (ui, ui).
‹ dialogues : #993366.
de l'eau pour les combattants - babane 512664tumblrnsmwv2qHL51sbo0xoo1540

‹ liens utiles :
‹ âge : 25
‹ occupation : héroïne de guerre pour avoir lutté pendant huit ans au sein de l'Ordre du Phénix puis de l'insurrection. On me connait aussi sous le nom de Blackfish, informatrice au coeur d'un réseau particulièrement étendu; co-fondatrice de l'émission Potterwatch et militante active qui n'hésitait pas à dénoncer les manipulations publiques du gouvernement de Voldemort, la collaboration des médias, ainsi que tous ceux qui avaient des choses à se reprocher et dont j'avais déniché les petits secrets. Si j'ai arrêté l'émission, je n'ai cependant pas fini de fouiner dans les affaires des autres et surtout celles du gouvernement. J'ai acquis un statut de journaliste indépendant et le scroll est pour le moment mon seul support, mais ça ne va pas durer, j'y travaille...
‹ maison : Poufsouffle
‹ scolarité : 1989 et 1996
‹ baguette : actuelle n'était à l'origine pas la mienne mais j'ai tué son ancienne propriétaire et quand j'ai ramassé son arme l'utiliser m'a paru la chose la plus logique à faire. Elle mesure aux alentours de 23 cm, il semblerait qu'elle soit en bois de prunellier, probablement contenant du dragon, mais je ne suis pas certaine de sa composition. Elle est bien plus rigide que mon ancienne baguette de cèdre et crin de licorne dont je n'arrive maintenant plus à me servir.
‹ gallions (ʛ) : 4255
‹ réputation : il ne faut pas tenter de me cacher des choses. Que je sais tout et que ce que je ne sais pas encore, je le découvrirai bientôt. Si Blackfish et une figure de la résistance très respectée par la majorité de la population, mes anciens camarade rebelles ont un avis plus mitigés à mon égard... On dit que je serai prête à faire tout ce que je condamne pour arriver à mes fins: mentir, voler, tuer; que j'ai été dévoré par la haine. Après tout je suis une terroriste.
‹ particularité : prête à faire tout ce que je déteste et dénigre pour arriver à mes fins. Au point que j'en viens à me détester moi-même. Voler, mentir, trahir, me servir d'autrui comme un outil, parfois même de mes amis... "La fin justifie les moyens", c'est ce qu'on dit.
‹ faits : je vis avec le poids de mes actes sur la conscience particulièrement ma participation à l'attaque d'Herpo Creek, mais aussi la mort de mon petit frère dont je me considère responsable. Si certain de mais camarades héros de guerre estiment que je ne mérite pas ce titre, qu'ils sachent que je suis bien d'accord avec eux. Mais je suis libre et je travaille d'arrache pied à mes divers enquêtes pour oublier que je ne suis toujours pas capable de marcher sereinement dans la rue.
‹ résidence : dans un appartement pas bien grand sur Diagon Alley, mais il s'agit plus d'une espèce de bureau improvisé, constamment en bordel, que d'un véritable lieu de vie. Le seul endroit que je considère un peu comme chez moi et où je me sens réellement en sécurité c'est chez Tiago.
‹ patronus : Un grand ban de poisson argentés, c'est de la que je tien mon surnom de Black Fish.
‹ épouvantard : Thomas, moldu de dix-huit ans à peine que j'ai envoyé à la mort et qui revient régulièrement me hanter en pensée. Il a le regard vide et me demande constamment pourquoi je l'ai tué lui et pas l'autre.
‹ risèd : Cédric et moi. On boit une bière au beurre sous le porche de la maison de ma mère à Loustry. Mais Cédric est mort, la maison est détruite, ma mère ne reviendra surement jamais, et la Bière-au-Beurre est devenue beaucoup trop cher.
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Elle avait envie de lui cracher au visage tellement il la répugnait, tellement il la dégoûtait. C'était qui ce mec en face d'elle ? C'était qui cet étranger qui la regardait avec un sourire mauvais, qui sortait des excuses minable pour expliquer son geste. « J'aimerais vous y voir p*tain ! C'est facile de demander ‘pourquoi t'as fait ça ?' Demande-moi plutôt pourquoi j'l'ai pas fait ? » Je sais pas, peut-être parce que t'as pas d'honneur ? Ou parce que ça t'amuse d'être un tyran ? Peut-être parce que t'as presque jamais sue faire autre chose que taper sur les gens ? Et puis elle en avait rien à foutre du pourquoi du comment Bacchus était devenue un enfoiré de premier ordre. C'était pas son problème, c'était pas pour ça qu'elle était là, ça n'avait rien à voir avec elle le "pourquoi". À quoi il s'attendait, hein ? À ce qu'elle le plaigne peut-être ? Pauvre Bacchus sa vie a l'air tellement difficile. Butter un né-module le matin et un traitre à son sang l'après-midi... Rentrer tranquillement chez sois le soir et se foutre les pieds sous la table pendant qu'un elfe prépare le diner... Y a pas à dire, la vie est dure !

« M'dévisage pas comme ça, ma grande ; y't'suffirait d'utiliser un imperium sur ma gueule, et tu l'aurais ta réponse »  fit-il avait un sourire mauvais. « Me tente pas Murdock... » Elle enfonça un peu plus sa baguette dans sa gorge, elle pouvait sentir sa rage faire chauffer le manche entre ses doigts, ça devait le bruler. Tant mieux, c'était largement mérité. « bah quoi ? t'oses pas ? » Non elle ne le fera pas, elle ne s'abaissera pas à son niveau. Elle voulait qu'il lui dise de lui-même, en la regardant dans les yeux. Elle voulait qu'il assume ses actes, jusqu'au bout. « c'est ça qu'j'adore chez vous ; en fait, vous nous r'prochez c'que vous êtes pas foutu d'faire, au nom d'je sais quelle morale » Et il eut un rictus mauvais, moqueur. « Ferme ta grande gueule, putain. » Tu sais pas. Tu sais pas ce que je suis capable de faire ou pas. Y a pas de moral pour le type comme toi. Albane était hors d'elle. Elle bouillonnait de rage, il est en train de la pousser dans ses retranchements à force de provoquer, provoquer, encore et encore. Il tournait autour du pot et ça la rendait complètement malade. « t'as b'soin d'aide peut-être ? » Elle était à deux doigts de craquer, de lui exploser le crâne contre le mur. Elle n'avait jamais ressenti autant de colère, autant de haine pour qui que ce soit, Albane. Elle était pas habituée à ça. Elle avait jamais autant eut envie de voir quelqu'un souffrir, elle était pas habituée à ça. Elle était pas habituée à perdre le contrôle, Albane.

Et sa concentration vacilla sous la pression. Juste une seconde. Mais c'était déjà trop. Tout d'un coup elle eut la sensation que son corps se dissociait de son esprit. Un quart de secondes elle se sentit étrangement calme, étrangement légère et plus rien n'avait d'importance. Juste un quart de seconde parce que quand la voix de Bacchus lui ordonna de reculer quelque chose se mit en route dans son cerveau. « J'vais t'dire un truc ; si Douglas s'était rendu gentiment, ça m'aurait pas mal facilité la chose ; et p't'être même qu'les rebuts qui gambadaient dans l'coin auraient eu la vie sauve… pour un temps » Cette voix. Bordel elle haïssait cette voix. Mais elle recula quand même sous l'emprise du sortilège. Concentre toi, libère toi. Et elle le vit s'approcher et coller à son tour sa baguette sous sa gorge. Lâche-moi, Murdock ! Hurlait-elle intérieurement. Lâche-moi !

24 JUIN 1995 - « Lâche-moi Murdock ! Lâche-moi ! » Elle se débat comme un diable, comme elle s'était débattue quand Edouard l'avait retenue sur les gradins avant de la mettre dans le bras de Bacchus. Elle donne des coups de pieds dans tous les sens, mais il ne lâche pas, il tient fermement ses deux poignets dans chaque main et elle a beau ruer avec toute la force dont elle est capable, Bacchus ne bouge pas. C'est comme un moustique qui s'agite sur une toile d'araignée. « Arrêtes de bouger Oswell. » « Mais lâche-moi bordel ! Laisse-moi partir ! Il faut que j'y aille ! Bacchus ! » Elle continue de lutter avec acharnement encore et encore. Il faut qu'il la lâche. Il faut qu'elle retourne au labyrinthe, il faut qu'elle voit Cédric. Mais Bacchus l'entraine irrémédiablement en sens inverser, vers le château « Bacchus ! Arrêtes ! Arrêtes s'il te plait ! Arrêtes, il faut que j'y aille... » Et au fur et à mesure que les lourdes portes du hall d'entrée se rapprochent elle sens sa détermination vaciller et le désespoir pointer dans sa voix. « S'il te plait lâche moi. Il faut que j'y aille... Il faut que j'y retourne... » Il faut que je parle à Cédric. « Laisse tomber, Albane... » Il la force à grimper les marches. Et elle commence à être épuisée, trop épuisée pour résister. « Non... Non, s'il te plait... Bacchus lâche moi, j't'en pries ! » Et elle l'implore presque alors qu'ils entrent dans le grand hall d'entrée désert du Château. Ils sont encore tous là-bas. « Laisse tomber. Ça le ferra pas revenir... » Et ses mots la transpercent de part en part. Tout d'un coup c'est comme si on venait de lui lâcher un tas de brique dans les entrailles et elle s'arrête tout simplement de marcher. Non. Sa lèvre inférieure se met à trembler et elle la mord violemment pour arrêter le tressautement nerveux, mais il n'y pas de moyens de retenir les larmes qu'elle sent naitre dans ses yeux. Dans un ultime effort pour ses libérer elle parvient à s'écarter de lui et elle se retourne pour lui faire face. « Il est mort tu peux rien y changer, Albane ... » À ce moment-là elle ne sait pas trop si c'est quelque chose qui se brise ou qui explose à l'intérieur de son cœur, probablement un peu des deux. « Ferme là, Bacchus. » fait-elle sans le lâcher du regard. Et il a l'air tellement désolé et tellement triste en même temps que ça l'énerve encore plus. Bacchus n'est jamais désolé, il n'est jamais triste. C'est qu'un sale con, un ingrat qui se fout de tout et de tout le monde. Si même lui il fait cette tête là... « Non ! » qu'elle hurle soudain en se jetant sur lui pour le pousser en arrière. « Non putain ! Tais toi ! Tais toi Murdock, ferme ta grande gueule ! Je t'interdis de dire ça ! » Je t’interdis d'avoir l'air aussi malheureux, parce que ça veut dire que t'as raison. Mais t'as pas raison. Il est pas mort. Cédric n'est pas mort. « Ferme là ! » Et elle hurle et elle le cogne tant qu'elle peut avec ses petits poings inutiles. Il sent absolument rien, il bouge à peine, il se défend même pas. À quoi bon ? C'est pas comme si elle allait lui faire mal, hein. « Arrête, Oswell... tu vas finir par te blesser. » Qu'il marmonne dans sa barbe. « Toi arrête ! T'as pas le droit de dire ça ! T'as pas le droit ! Il allait gagner ! » Et sa voix se brise comme un verre qui s'écrase sur le sol. Bacchus attrape les petites mains frêle qui ont soudain arrêter de s'agiter, pour retomber mollement contre son torse. « Il allait gagner... Il devait gagner... » Et les larmes coulent sur les joues d'Albane. « Il devait gagner. » Elle ne peut pas s'arrêter et elle se met à trembler violemment et elle suffoque, elle à chaud tout d'un coup, elle ne comprend pas. Pourquoi elle à tant de mal à respirer et pourquoi elle n'arrive pas à arrêter de pleurer. Bordel qu'est ce qu'il s'est passé ? Et elle sent la main de Bacchus qui se pose sur sa nuque, l'attirant contre lui un peu maladroitement, mais sans une once de brutalité. « Je sais, Oswell, je sais... Respire ça va aller. »


BORDEL DE MERDE DÉGAGE DE MA TÊTE MURDOCK !

Ça tenait à pas grand-chose et Albane c'était le genre de personne qui lâchait pas l'affaire, qui résistait. Elle était inflexible, imperturbable, incontrôlable. Comment avait-il osé faire ça ? Osé faire une chose pareille ? Bacchus Murdock venait de signer son arrêt de mort. Comment avait-il pu croire, ne serait-ce qu'un instant, qu'elle se laisserait manipuler ? Surtout par lui. Pour qui il la prenait bordel ? Alors elle le dégagea de sa tête, aussi vite qu'il y était entré. Il dût sentir le lien se briser parce qu'il cligna des yeux un peu bêtement, une demie seconde qui parut durer une éternité. Il avait l'air de se demander ce qu'elle allait faire. Elle, elle ne se posa pas franchement la question. Elle allait le butter. Elle allait le butter et il allait cracher la vérité, avec la moitié de ses dents s'il le fallait, mais il allait avouer. Elle allait le tuer comme il avait tué Timothy. Elle allait le tuer comme il avait tué tous les autres. Elle allait le tuer comme il avait tué le Bacchus qu'elle avait connu, celui qui au fond, avait pu s'apparenter à un ami. Cet ami qu'on adore détester. Ce pote qu'on frappe sur le haut du crane en passant mais c'est pas méchant, au fond; il sent rien de toute façon. Celui à qui on fait cramer la cape pour tester un nouveau sortilège, mais derrière on a quand même trouvé un moyen de réparer les dégâts; alors c'est pas si grave. Celui dont on se fout s'il se prend un cognard dans la tronche, sauf si il se relève pas dans les dix seconde. Elle allait le tuer comme il avait tué ce gars là.  

Albane avait arrêté de penser, arrêté de réfléchir, arrêté de se contrôler. C'était fini tout ça. Elle n'était plus qu'une boule rage incontrôlable. Jamais elle n'avait été dans un état pareil. Jamais elle n'avait à ce point voulu faire souffrir quelqu'un. Même quand elle avait tué l'autre enfoiré d'Habib ça n'avait pas été aussi facile. Pourtant dieu sait qu'il le méritait...

Le premier sort partit et Murdock fut de nouveau balancer contre le mur, violemment, à plusieurs mètres du sol et il alla finir sa course en s'écrasant sur les pavés. Il n'avait même pas relevé la tête qu'elle était déjà en train de propulser tout ce qui passait à portée de sa baguette sur lui, débris, déchets, vieilles poubelles défoncés, tout y passait, assaillant Bacchus de toute part pour l'empêcher de répliquer. Et quand elle n'eut plus rien sous la main elle le projeta à nouveau contre le mur sur le côté puis à gauche et à droite, comme une vieille balle de ping-pong. Elle en avait profité pour se rapprocher de lui et elle s'arrêta à un bon mettre de sa carcasse qui haletait sur le sol. « Je vais pas me répéter dix fois... » Fait-elle légèrement essoufflé. Et sa voix était étrangement calme, fatiguée, un peu tremblante. « Qu'est-ce que tu lui as fait ? » Répond Murdock. Qu'on en finisse, putain... C'est épuisant toute cette haine. Mais au lieu de ça elle le vit amorcer un geste pour lever sa baguette. Elle croisa son regard un bref instant et sa voix ne trembla plus. « Endoloris. »
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24 juin 1995 Tu n’avais jamais remarqué qu’il pouvait être si difficile de soulever un corps aussi léger que celui d’Oswell. D’habitude, tu y allais d’une main pour la repousser, la pousser dans les hautes herbes ou la maintenir à distance tandis qu’elle faisait des moulinets. D’habitude, d’une pichenette, tu l’envoyais valser dans les robes de Smith ou de Diggory.
Sauf que Diggory ne sera plus jamais là pour essayer de vous séparer.
C’est difficile de soulever un petit corps qui se rue comme un animal apeuré. Elle a peur Albane, peur que Cedric ne se réveille jamais. Il reviendra pas, Oswell. Tu étais rarement de ceux qui raisonnaient les autres. Et tu aurais tout donné pour ne pas le faire à ce moment-là. Ne pas avoir à le faire. A avoir à fêter la victoire de ton capitaine à la place. Parce que oui, bien sûr qu’il allait gagner. Mais il suffisait d’un Elu pour chambouler toutes les certitude. Chaque année, Potter devait mourir, à la bonne heure. Mais jusqu’à présent, personne n’était mort à sa place.
Tout ce qu’on retiendrait de la maison Poufsouffle dans les aventures du garçon, c’était la mort de leur bien-aimé Cedric… à la bonne heure.
Ça sert à rien de t’fatiguer, Oswell.
C’est si fatigant d’essayer de la contrôler que tu en oublierais ta propre peine. C’est toujours mieux de s’occuper des autres pour ne pas avoir à s’occuper de soi. T’aurais jamais réussi à te soulever pour t’éloigner des lieux du drame.
‘Faut bien quelqu’un pour rester planter là, Oswell, tu n’iras nulle part. C’est fou ce que ça peut se débattre, alors que ça tient tout juste dans le creux de ton immense main.

C’est fou ce que-
Elle t’expulse de son crâne : la connexion est aussitôt rompue. C’est jamais évident à gérer comme situation, la magie picotant salement dans ta main engourdie, tu mets un temps à t’en remettre. Temps qu’elle utilise à son avantage pour te projeter contre le mur - décidément, quand elle tenait un filon, elle ne le lâchait plus, tu allais finir par en connaître chacune des briques. Tu en décolles à peine la joue que tu fais face à une pluie de projectiles, puis, quand il te semble qu’elle n’a plus rien sous la main, c’est toi qui sers de projectile contre le mur.
C’est pas que tu dégustes pas, mais disons qu’à force de coups, tu as la peau qui avait durci. C’est pas que tu dégustes pas, mais c’est une saveur plus amère que le fer du sang qui te brûle la gorge.
C’est donc ça les regrets ? Ça a un goût de chiotte ! C’est donc ça que les gamins que tu faisais barboter dans les toilettes des filles sentaient ? Le regret d’avoir croisé ta route dans tes mauvais jours. Tu aurais préféré de pas en avoir !

Tu n’as même pas la décence de voir ta vie défiler devant tes yeux ; seulement ce dernier souvenir. Parce que malgré le temps, il est encore douloureux. Douloureux car jamais extériorisé. Tu pouvais pas dire que tu regrettais cette époque ; parce que c’était l’époque de la mort de Cedric. Peut-être un peu avant, alors, lors du bal, ou chaque soir de victoire d’épreuve. Même pas après, quand ça avait dégénéré sous le régime d’Ombrage. Y’a des professeurs qui ont failli te donner tes ASPICs sans que tu ne les mérites, persuadés que tu n’étais pas en état de passer les examens, à cause de ton deuil. Foutaises. T’avais bien fait gaffe à ne rien laisser paraître, parce que trop de gens laissaient déjà paraître trop de choses ; t’avais jamais vu Oswell aussi malheureuse.

Et t’avais jamais vu Oswell aussi en colère.
Il fallait vraiment qu’elle souffre énormément pour en arriver à de telles extrémités. Par ta faute. Tu n’étais plus celui qui l’éloignait courageusement de la dépouille de Cedric ; tu étais le responsable de sa mort.
C’est pas moi, Oswell ; c’est encore moi. C’est à moi que tu lances l’Impardonnable.

Albane a le droit au spectacle d’un homme qui a souffert de l’Endoloris. Tu es résistant à la douleur physique. De fait, ton Doloris à toi, c’est comme quand Rookwood a pénétré dans ton crâne de force. C’est lui qui le premier t’avait initié au sortilège, élevant la douleur ultime à une souffrance imaginaire et cérébrale ; celle qu’on ne peut soigner. Tu étais fou, certes, mais elle aurait pu te rendre encore plus fou. Elle t’avait rendu plus fou.
Tu t’effondres par terre, te roules dans la poussière, tordu de douleur. On réussit ses Impardonnables quand on y met du sien. Et c’est peut-être ça, aussi, qui fait mal, mais pas dans ta tête ; un peu plus bas. Tout ton visage dégouline de larmes et de bave, comme un chien enragé qu’on refuse de détacher. Tu hurles à pleins poumons, et de temps à autre, on distingue les syllabes du nom « Rook-wood » articulées entre deux gargouillis.

Albane a le droit au spectacle d’un homme qui a été taillé à coups de Doloris. De fait, malgré l’insoutenable douleur, tu te redresses. C’est la douleur qui te fait te traîner jusqu’à elle.
Tu n’as plus envie de rigoler.
Tu n’as plus envie de jouer au méchant machiavélique ; c’est pas ce que tu étais. Toi, t’étais juste le bourreau, celui qui se salit les mains, t’étais bon qu’à exécuter les basses oeuvres ; des mains tellement rouges qu’on ne distinguait plus le sang neuf.
Tu faisais pas ça par plaisir ; c’était ton boulot.
« Qu’est-c’que tu crois qu’j’lui ai fait ?! Qu’est-ce que tu veux que j’lui aie fait d’autre que … » Une nouvelle vague de torture te submerge, te fait trébucher ; mais tu tiens bon, tu tiens mal « A quoi ça te servirait de m’entendre le dire ? T’as besoin d’une bonne raison pour m’faire du mal, c’est ça ? Tu t’encombrais pas d’ce genre de scrupules quand on était à l’école ! Vas-y j’t’en prie, c’est moi le méchant dans l’histoire après tout ; ça l’était déjà à cette époque, alors pourquoi ça changerait ?? » Et il y a quelque chose de triste, de touchant, de te voir si lucide. Tu te faisais pas d’illusion ; tu t’en étais jamais faite. Il reviendra pas, Oswell.

« J’ai pas changé, Oswell ; que tu le veuilles ou non ; j’étais là quand on a dû le buter comme je l’étais le jour où Diggory est mort ! »
Triste ironie quand on réalise que Cédric était un peu comme un grand frère pour la jeune fille, à l’époque. Triste ironie, parce qu’à ce moment-là, c’est toi qu’elle avait désespérément martelé de ses petits poings, comme si tu étais responsable ; le seul qu’elle avait sous la main, coupable de l’avoir éloignée trop tôt, coupable d’avoir brisé l’illusion qu’il se réveillerait. Et maintenant, c’est aussi terrible que si elle t’accusait de l’avoir tué.
T’étais un type assez terre à terre. Tu ne te faisais plus d’illusion sur la vie et la mort depuis ton plus jeune âge. On sait ôter la vie, la créer, mais pas la rendre ; et ceux qui y croyaient étaient encore plus stupides que toi.

Malgré la douleur qui te fait plier l’échine, si bien qu’on dirait que quelque chose va exploser de ton dos à tout moment, tu parviens jusqu’à elle, t’arrêtes juste devant elle, sa baguette plantée dans ton abdomen. Tu as l’impression que tes dents vont se craqueler tellement tu serres les mâchoires, la respiration sifflante et le front suintant. T’as l’impression que ton bras se tord dans tous les sens quand tu le tends vers elle. Il ne s’agrippe pas mortellement, mais toutefois dangereusement à sa gorge.

« T’sais qu’c’est parce qu’il y a des types comme toi qui respecte par les règles qu’on est obligé d’en envoyer des comme moi vous botter l’cul… »
Et cette phrase, ce non-sens total, fait tristement écho au préfet qui vous surprenait après le couvre-feu à vous chamailler derrière les statues ou à vous insulter en vous comparant aux portraits vivants les plus affreux - les empêchant par la même occasion de dormir.
« J’ai pas oublié tout ça... » Tu halètes, sens que le sortilège faiblit, à mesure que ta poigne autour de sa gorge se renforce - tu n’avais besoin plus que d’une impulsion pour lui arracher la carotide ; une méthode très sale mais particulièrement impressionnante que tu avais vu quelques loups-garous faire. « Et toi non plus. » Toutefois, c’est pas comme ça que tu vas la tuer ; tu faisais pas dans la strangulation ; trop long, ça boxait pas assez.
« C’est pour ça qu’ça mènera à rien, c’t’histoire » reconnais-tu, la rage au corps. Et malgré ça, malgré ton état, t’y arrives pas. « Par contre, ch’uis pas sûr qu’mes p’tits camarades s’embarrassent de c’genre d’cas d’conscience. » te forces-tu à ricaner, pour lui faire peur.
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Albane Oswell
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‹ maison : Poufsouffle
‹ scolarité : 1989 et 1996
‹ baguette : actuelle n'était à l'origine pas la mienne mais j'ai tué son ancienne propriétaire et quand j'ai ramassé son arme l'utiliser m'a paru la chose la plus logique à faire. Elle mesure aux alentours de 23 cm, il semblerait qu'elle soit en bois de prunellier, probablement contenant du dragon, mais je ne suis pas certaine de sa composition. Elle est bien plus rigide que mon ancienne baguette de cèdre et crin de licorne dont je n'arrive maintenant plus à me servir.
‹ gallions (ʛ) : 4255
‹ réputation : il ne faut pas tenter de me cacher des choses. Que je sais tout et que ce que je ne sais pas encore, je le découvrirai bientôt. Si Blackfish et une figure de la résistance très respectée par la majorité de la population, mes anciens camarade rebelles ont un avis plus mitigés à mon égard... On dit que je serai prête à faire tout ce que je condamne pour arriver à mes fins: mentir, voler, tuer; que j'ai été dévoré par la haine. Après tout je suis une terroriste.
‹ particularité : prête à faire tout ce que je déteste et dénigre pour arriver à mes fins. Au point que j'en viens à me détester moi-même. Voler, mentir, trahir, me servir d'autrui comme un outil, parfois même de mes amis... "La fin justifie les moyens", c'est ce qu'on dit.
‹ faits : je vis avec le poids de mes actes sur la conscience particulièrement ma participation à l'attaque d'Herpo Creek, mais aussi la mort de mon petit frère dont je me considère responsable. Si certain de mais camarades héros de guerre estiment que je ne mérite pas ce titre, qu'ils sachent que je suis bien d'accord avec eux. Mais je suis libre et je travaille d'arrache pied à mes divers enquêtes pour oublier que je ne suis toujours pas capable de marcher sereinement dans la rue.
‹ résidence : dans un appartement pas bien grand sur Diagon Alley, mais il s'agit plus d'une espèce de bureau improvisé, constamment en bordel, que d'un véritable lieu de vie. Le seul endroit que je considère un peu comme chez moi et où je me sens réellement en sécurité c'est chez Tiago.
‹ patronus : Un grand ban de poisson argentés, c'est de la que je tien mon surnom de Black Fish.
‹ épouvantard : Thomas, moldu de dix-huit ans à peine que j'ai envoyé à la mort et qui revient régulièrement me hanter en pensée. Il a le regard vide et me demande constamment pourquoi je l'ai tué lui et pas l'autre.
‹ risèd : Cédric et moi. On boit une bière au beurre sous le porche de la maison de ma mère à Loustry. Mais Cédric est mort, la maison est détruite, ma mère ne reviendra surement jamais, et la Bière-au-Beurre est devenue beaucoup trop cher.
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Et Murdock s'effondra, s'écrasa, se ratatina sur lui même; misérable petite chose, étendue au sol qu'elle brisait du bout de sa baguette. Elle le sentait se fissurer de part en part; et c'est comme si sa colère à elle se nourrissait de sa douleur à lui. Ça la dégoutait, la répugnait qu'il ait l'air si misérable, si pathétique. Il était si laid à cet instant le Murdock; c'était encore plus facile de le détester comme ça. Qu'il continue de geindre et d'appeler son maitre à l'aide, comme un chien égaré qui hurle à la mort; ça ne le rendait que plus haïssable. Murdock n'était plus rien, il n'existait plus; il avait disparu, dévoré par la bête vautrée aux pieds d'Albane. Il ne méritait pas plus que la poussière dans laquelle elle le forçait à se rouler.

Mais la bête hurlante, haletante, finit par se redresser, effrayante. Ca la frappa avec violence, cet acharnement qu'il mettait à résister, à ne rien céder, à ne pas supplier; et la folie qu'elle lisait dans ses yeux.  Le visage de Bacchus était tordu, déformé, dans une expression de douleur mêlée de rage. Il la regardait avec une hargne trop profonde pour n'être que la conséquence de la torture qu'elle lui infligeait. Il la regardait comme si elle était responsable elle aussi de quelque chose. D'une autre souffrance, plus profonde que celle d'un impardonnable. Il s'avançait vers elle et a chaque pas qu'il faisait dans sa direction elle sentait l'emprise de son sortilège faiblir et une douleur s'insinuer entre des doigts. Il avait toujours été plus fort qu'elle Murdock, avec sa carrure de troll et sa batte de Quidditch, c'était le genre de type qui ne sentait rien ou presque quand on le giflait. Et Albane, elle, elle a toujours été petite et un peu maigrichonne. Alors si on y pense ce n’était  pas si étonnant après tout. Peut-être que c'était dans l'ordre des choses; peut-être qu'elle ne pouvait pas vraiment lui faire mal, que c'était un droit qu'on ne lui accorderait jamais, quelle que soit la raison qu'elle invoquait. C'était injuste. Elle voudrait qu'il retourne s'écrase par terre. Elle voudrait que cette fois ce soit lui qui la supplie d'arrêter, qu'il la supplie de le laisser partir de la même façon qu'elle l'avait suppliée de la laisser retourner près du corps de Cédric. Non, ce n'était pas juste qu'après tout ce qu'il avait fait, il soit encore capable de relever alors qu'elle-même était constamment sur le point de tomber.  

« Qu’est-c’que tu crois qu’j’lui ai fait ?!» Albane le fixait, dent serrée. La voix de Bacchus résonnait dans sa tête, alimentant toute cette colère qu'elle avait puisqu'il ne lui restait que ça. « Qu’est-ce que tu veux que j’lui aie fait d’autre que … » « Dis le ! » Cracha-t-elle, alors qu'il continuait de luter. «A quoi ça te servirait de m’entendre le dire ? T’as besoin d’une bonne raison pour m’faire du mal, c’est ça ? » Pardon de pas  avoir autant de facilité que toi. « Tu t’encombrais pas d’ce genre de scrupules quand on était à l’école !» T'étais juste qu'un gros con, Murdock. « Vas-y j’t’en prie, c’est moi le méchant dans l’histoire après tout. » Mais ça aurait pas du être toi ! « ça l’était déjà à cette époque, alors pourquoi ça changerait ?? » Dis pas de connerie, Murdock putain ! T'étais pas comme ça. Je sais que t'étais pas comme ça.  « J’ai pas changé, Oswell ; que tu le veuilles ou non ; j’étais là quand on a dû le buter comme je l’étais le jour où Diggory est mort ! » T'as pas le droit, putain.

Bacchus se trompait: tout avait changé. Et si à l'époque elle avait déchainé tout son désespoir sur lui parce qu'il était là, parce que c'était facile et parce qu'elle n'avait pas de réel coupable à faire payé, aujourd'hui c'était différent; il était vraiment coupable. Il n'avait pas le droit d'utiliser la mort de Cédric contre elle maintenant. Il n'avait pas le droit de parler de ça, ni de ce qu'ils avaient étaient autre fois comme si ça n'avait pas changé. Comme si elle ne devait pas être surprise qu'il ait fini si mal. Mais t'étais pas comme ça. Non t'étais pas comme ça. Ça l'énervait, Albane, ça la mettait hors d'elle -il avait toujours eu le don de la rendre folle de toute façon, de lui faire péter les plombs, de la faire sortir de ses gonds -, mais plus que tout le reste ça faisait mal. Ça faisait mal de le haïr comme ça. Alors elle sera les dents, ravale ses remords et ses regrets, les noyant dans la colère; et tout ce qu'elle voudrait lui hurler ne franchit pas la barrière de ses lèvres parce que si elle le faisait elle avait peur de finir à pleurer comme une enfant en le frappant de ses petits poings inutiles; parce qu'elle pouvait déjà sentir des larmes brûler son visage et c'était déjà bien plus que ce que ce fantôme de Bacchus ne méritait

Alors elle maintient la pression tant qu'elle peut même elle sent sa main qui se met à trembler et le sortilège devenir de plus en plus instable, envoyant des rafales de haine avant de faiblir l'instant d'après, comme une tempête capricieuse et imprévisible. Et si Murdock continue de se tordre de douleur par instant ça ne l'empêche pas de se frayer un passage entre deux vagues pour venir agripper la gorge d'Albane. « T’sais qu’c’est parce qu’il y a des types comme toi qui respectes par les règles qu’on est obligé d’en envoyer des comme moi vous botter l’cul… » La baguette d'Albane est maintenant plantée sous sa mâchoire et leur visage ne sont qu'à quelques centimètres. « J’ai pas oublié tout ça... » qu'il dit le souffle court. Et elle peut voir avec horreur toute la rancune qui déforme ses traits. il lui en veut au moins autant qu'elle. « Et toi non plus. » Ho non elle a pas oublié. Et c'était bien pour ça qu'elle le haïssait autant. « C’est pour ça qu’ça mènera à rien, c’t’histoire » Il se trompait elle elle savait parfaitement où ça menait tout ça: elle n'était pas du genre à changé d'avis Albane. « Par contre, ch’uis pas sûr qu’mes p’tits camarades s’embarrassent de c’genre d’cas d’conscience. » Elle laissa échapper un rire ironique « Ha ouais ? Et elle était où ta conscience quand tu l'as tué, hein ? » lança-t-elle. Sa voix est basse, glaciale. « Allé vas-y finit le travail toi-même, essaie d'être un peu moins lâche cette fois. C'est toi ou moi de toute façon. » Il ne bouge pas, la pression ne se renforce même pas autour de sa gorge. Il ne l'en croit pas capable, elle le sait. Il a tort. « T'as pas le monopole du monstre, Bacchus; et j'ai plus rien à perdre. » fait-elle avec un rictus. « Ava- »

Elle allait le faire. Elle allait prononcer la formule du dernier impardonnable si une voix ne s'était pas élevée de l'autre bout de la ruelle. « Murdock ? » L'emprise autour de sa gorge se desserra légèrement, il tourna la tête.  « Qu'est ce que tu fous ? »  Et merde ça faisait pas partie du plan ça. Merde, merde, merde. Elle jeta un oeil vers les voix, ils étaient trois et quand elle croisa à nouveau le regard de Bacchus elle vit un sourire étirer ses lèvres. Et merde, il fallait qu'elle dégage de là et vite; elle ne comptait pas mourir ce soir, et si cela devait arriver, c'était lui qui ne devait le faire, pas un de ses collègues. Elle aurait pu s'occuper de Baccus seule, mais pas deux; elle n'était pas Rocket. « C'est qui elle ? » Alors tout se passa très vite. d'un geste vif elle abaissa sa baguette vers le torse de Mudock et lâcha un confringo. Il poussa un cri et elle le sentit tenter de s'agripper à sa gorge en y enfoncent ses ongle, mais l'onde de choc était trop forte et ils furent tous deux projetés en arrière-dans des directions opposées. Albane roula sur le sol et se redressa dans la foulée. Sa main était légèrement brulée, mais elle ne le sentait pas vraiment. Dirigeant sa baguette vers les trois nouveaux venus qui la regardèrent légèrement assourdis elle lança un Aura Terram qui fit trembler le sol sous leur pied avant qu'ils n'aient le temps de réagir.

Puis elle se tourna vers Bacchus. Il avait une main plaquée contre son torse, à l'endroit où le sortilège d'explosion avait frappé, elle vit le sang couler entre ses doigts. Elle croisa son regard. Albane se rappela qu'elle avait eu un ami à Poudlard, un type un peu idiot, complètement borné, parfois un peu impulsif. On disait de lui que c'était juste une brute épaisse; juste bon à mettre des coups de batte dans des cognards. Ils passaient leur temps à se chamailler et se faire des crasses. Et pourtant, sans qu'elle sache bien ni comment ni pourquoi, ils avaient fini par être amis. Et pendant qu'elle le regardait, Albane comprit qu'elle avait perdu beaucoup d'amis pendant la guerre et que Bacchus ne ferait pas exception, même si elle devait le tuer de ses mains. Alors elle transplana, mais elle ne détourna pas le regard avant de disparaitre, promesse silencieuse que si elle n'avait rien oublié de ce qu'il avait été, elle n'oublierait pas non plus ce qu'il était devenu; ce qu'il avait fait et tout ce qu'il lui avait pris.

5 décembre 1994 - Elle est un peu éméché Albane, quand elle entre dans la salle commune en tenant le pendant de sa longue robe noire au reflet doré. Elle retire ses escarpins avant de se laisser tomber dans le premier fauteuil venu. Soudain un bruit de métal qui se fracasse au sol la fait sursauter et elle se redresse vivement pour faire face à Bacchus, l'air un peu hébété alors qu'il vient de faire tomber l'une des précieuses plantes du professeur chourave qui était  accrochée au plafond. « Merlin Murdock tu peux pas faire attention à ta grosse tête de troll ! » Il la regarde avec des yeux exorbité, offusqué, il ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais rien ne sort et il compense sa frustration de ne même pas savoir quoi répondre en faisant des grands moulinés avec ses bras. Elle pince les lèvres avant d'éclater de rire devant sa mine déconfite.

Elle n’imaginait pas passer une aussi bonne soirée avec lui. D’ailleurs, elle n’accepterait probablement jamais qu’elle avait passé une aussi bonne soirée avec lui. C’était un pari. Juste un pari stupide, lancé par Cédric. « Si Potter finit la deuxième tâche, vous allez au bal ensemble. » qu'il avait dit; parce que ni Albane ni Bacchus ne pensait que Potter réussirait, alors que lui, étrangement, était convaincu du contraire. Il avait cette foi indéfectible en l'humanité qu'Albane ne comprenait pas toujours. Et il avait eu raison, Potter avait fini la seconde tâche et avec brio qui plus est. Alors Albane et Bacchus étaient allés au bal ensemble et ce n'était pas de guêtre de coeur, mais tant pis pour eux; c'était le jeu après tout. Et elle doit bien reconnaitre que finalement ça n'a pas été si mal.

L’éclat de rire d’Albane se calme. Elle croise le regard de Bacchus, elle a un petit sourire en coin. « C’était pas une si mauvaise soirée, Murdock. »  Il hausse les sourcils. « C’était même une bonne soirée en fait. » Il est vrai que Murdock est un bien piètre danseur, mais Albane n'est pas beaucoup mieux;  par contre quand s’agit de s’assoir dans un coin après avoir volé un plateau de petit four et quelques bières au beurre, en faisant des commentaires bien sentit sur l’ensemble des invités de la soirée, Albane et Bacchus sont aussi bon l'un que l'autre. Elle fait un pas vers lui et pose ses mains sur ses épaules. Elle a encore envie de rire parce qu'il la regarde avec un air un peu effrayé; à le voir on dirait qu'elle soit sur le point de l'assassiner, ou de le dévorer, au choix. Alors elle se hisse sur la pointe des pieds, et dépose un léger baiser sur sa joue. « Merci. » Puis elle refait un pas en arrière, sourire mesquin aux lèvres. « Par Helga, Murdock ne fait pas cette tête, on dirait que je viens de te lancer un impardonnable ! » Il ne faut pas lui en vouloir à, Albane. Il est presque trois heures du matin et elle ne sait plus si elle le déteste ou si elle l’apprécie; elle se demande tout d’un coup s’ils ne sont pas un peu amis, au fond. Elle ricane un peu à cette idée et se penche pour rattraper ses chaussures abandonnées par terre. Elle se retourne pour se diriger vers la porte du dortoir des filles d'un pas nonchalant, le plantant là comme si de rien n'était. « Sois pas perturbé, rien n’a changé ! » Lance-t-elle à la cantonade avec un vague mouvement de la main. « Et méfis toi de pas te retrouver avec la tête dans ton jus de citrouille demain au petit dej, mes pieds hurlent vengeance pour tout ce que tu leur as fait sur la piste de dens ! Je te jure, pire qu'un cursio...»
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