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sujet; No he can't read my poker face (borhen)

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arhen lambrechtI wanna roll with him a hard pair we will be A little gambling is fun when you're with me Russian Roulette is not the same without a gun And baby when it's love, if it’s not rough it isn't fun
« Non, vraiment, c’est très courageux de votre part de revenir sur ce qui vous est arrivé chez ces rebelles ; à votre place, je n’en pourrais plus de ressasser tout ça à tout bout de champ. » Tu manques de t’étouffer avec l’oeil de mandragore qui flotte comme une olive dans ton verre de cocktail. Tu te rattrapes, charmant dans la main que tu portes à ta bouche, contenant non sans peine ton désarroi. Tu te pares de ton sourire le plus enjoué pour envoyer balader cette idée d’un revers de main. « Je pense que c’est de mon devoir de sensibiliser la population civile sur les réels agissements des rebelles. Et si pour ça, je dois me répéter comme un Jarvey, sachez que je m’y plierai avec ferveur. » Et les voilà qui se remettent à glousser, soit à l’idée de t’imaginer en petit furet malpoli, ou simplement du fait que tu puisses te plier à quelque chose… La soirée s’annonçait interminable.

16 juillet 2002, garden party à Herpo Creek. Bien entendu, Tori et toi aviez reçu votre invitation qui avait en vérité des relents de devoir à accomplir et de corvée à exécuter. A croire qu’Astoria n’avait pas quitté son statut d’otage, mais avait seulement changé de geôlier. Les tiens étaient au nombre de deux, tout en décolleté pigeonnant sur poitrine remontée à coup de sortilège appris par coeur avec le temps.
Et ça promettait de jaser sévère sur toi, puisque tu es alors sur le point de devenir mangemort. Élégamment apprêté dans la collection d’été de Malkin’s, tu te permets de rouler tes manches sur tes avant-bras encore dénués de toute marque de Mangemort.

Mises à part ces absurdes remarques sur ton dernier entretien avec le journal à scandales du moment, l’ambiance est guillerette, arrosée d’alcool très très cher et qui monte d’un coup, genre, seulement à partir d’une certaine heure. Pour l’instant, une discrète musique de chambre étouffent les rires des convives. Il n’y a pas un mot plus que haut que l’autre, mais quels mots : le bourgeois a la langue bien pendue quand il s’agissait de juger et critiquer la mise en pli des autres.
Tu es arrivé au bras d’Astoria en fin d’après-midi, vous sortiez d’une interview concernant ta future accession au titre de Mangemort. A vous lire, on aurait dit que vous veniez d’annoncer un heureux événement, bien plus badin que ton entrée dans le cercle. Parce qu’avant ça, il va falloir que tu prouves ta valeur en y laissant une part d’humanité.

A cette époque-là, vous alterniez entre des journées entières passées à l’ombre des lourds rideaux de vos riches chambres, et des apparitions publiques, bras dessus bras dessous, comme de parfaits tourtereaux, tout à fait remis de leurs mésaventures qui étaient autant de questions croustillantes et rabachées pour les interviews. Deux inséparables qui s’accrochaient l’un à l’autre pour ne pas sombrer.
Vous aviez comméré sur les convives, d’abord timidement puis avec toujours plus de mordant ; vous étiez doués pour ça. Et dans un sens, ça vous permettait de dédramatiser la chose, en soulignant l’absurdité de cette garden party, en attendant que les convives s’imbibent, que la lumière se tamise et que les langues et les moeurs se délient dans les antichambres.

Chemin faisant, Astoria s’était un peu éloignée au fur et à mesure des conversations, prenant un malin plaisir à t’abandonner entre deux vieilles bourgeoises toutes poudrées et engoncées dans les robes d’été de leur jeunesse qu’elles avaient magiquement élargies ; tu reconnaissais le tour de main, on s’adonnait à ce genre d’ajustements sur chacun de tes costumes, maintenant que tu t’étais lancé dans la publicité comme égérie de marque.
Tu la voyais, du coin de l’oeil ; Astoria se gaussait de toi de derrière son verre de punch. Tu la voyais mais ne pouvais rien y faire, à part ouvrir toujours plus grands tes yeux de biche, hochant à intervalles réguliers la tête, feignant prêter une oreille attentive à leurs roucoulements. « Félicitations pour votre ascension fulgurante ! Entrer dans le cercle du Magister si jeune ! C’est qu’ils auraient bien besoin d’un peu de sang neuf ! On en mangerait de ce mangemort ! » Tu étais régulièrement secoué de sueurs froides à l’idée de ne pas réussir à savoir si elles te voulaient pour leurs filles ou pour elles seules. Parce que les mains sont parfois baladeuses, et les blagues définitivement trop de sous la ceinture pour être honnêtes.

C’est dans ces moments-là que tu aimerais assumer ton attirance pour les hommes, afin qu’on te fiche enfin la paix. Tu te consoles en reluquant le derrière des nobliaux qui passent à portée de vue, comme un buffet ambulant. Ils sont plusieurs à se prendre régulièrement les pieds dans les elfes de maison qui font le service, depuis l’exécution des rebuts. Le sujet est d’ailleurs habilement esquivé et, rien que pour voir la figure de tes monstrueuses interlocutrices pâlir, tu avais ramené de temps en temps le sujet sur la table, les yeux grands ouverts, l’âme innocente et la voix haut perchée, comme si tu n’avais aucune idée de ce qui s’était produit, parlez-moi du monde, mesdames, je ressors tout juste de l’obscurantisme insurgé, sous couvert de leur demander des nouvelles de leurs esclaves.
Tu aimes particulièrement les mettre mal à l’aise, sans qu’ils puissent se résoudre à se dire que tu le fais exprès. Qui pourrait croire que le candide jeune damoiseau que tu étais puisse nourrir des intentions si sordides ?

Si ça ne tenait qu’à toi, ils y passeraient tous. Les seuls regards que tu esquives sont ceux de certains de tes comparses d’une nuit qui n’ont pas la décence de faire semblant de ne pas te connaître. Ceux-là, tu les accueilles avec la cordialité qu’on réserve à ceux qu’on n’a absolument jamais vu de sa vie et qu’on compte bien ne jamais revoir, n’est-ce pas ? Ils sont autant d'intrigants que tes deux gallinacés d’interlocutrices zyeutent du coin de l’oeil en roucoulant. « Vraiment, j’ignorais que vous connaissiez monsieur Ferguson ; c’est charmant, il a l’âge d’être votre père ! » Les questions dévient, à croire que ton aimable sourire ne les trompe plus tant que ça. « Comme vous êtes aimable, même avec ce rustre de Shefford ! Vous êtes décidément bon à marier… enfin, pas avec Shefford, je veux dire~ » Tu jettes de plus en plus de coups d’oeil autour de toi, priant pour tomber sur un visage familier, n’importe qui, même cet ahuri de Flint ferait l’affaire. Mais bien entendu, les rafleurs en poste ont déjà dû se défiler dans un coin de jardin pour siffler les fonds de bouteille.

Miracle, tu finis par happer le regard d’un sombre inconnu. Le genre que tu croises à chaque soirée, qui est de toutes les sauteries -à croire que c’est lui qui les organise (et tu ne croyais pas si bien dire). Il ne t’était au final pas si inconnu que ça ; dans ce genre de milieu plein de requins, vous aviez tout intérêt à vous renseigner sur les invités en présence. Lambrecht, un obscur artiste dont tu avais visité une galerie en pouffant discrètement avec Tori. Tu ne jurais que par le surplus musculaire des colosses du classicisme, de fait, le modernisme et l’abstrait te passaient bien au-dessus de la raie sur le côté. Il connaissait son petit succès, mais tu ne voyais en lui qu’un profiteur parmi tant d’autres -son seul mérite étant de faire bon ménage avec Arsenius Lestrange qui, à ton avis, méritait amplement sa seconde place dans le classement des sang-purs les plus séduisants de 2002. Autant dire que, jusqu’à présent, il t’était resté complètement indifférent.
Toutefois, en de pareilles circonstances, tu lui présentais soudain un intérêt total. Tu l’accroches d’un sourire, les yeux grands ouverts pour lui signifier ton appel à l’aide, tellement désespéré que tu préférais la compagnie d’un âârtiste versant dans l’abstrait que de ces deux mégères un peu trop encombrantes. Il t’a vu, tu le sais ; il s’agissait maintenant d’espérer qu’il ne soit pas du genre sadique manipulateur -comme Astoria-, le genre à te laisser mariner dans ton jus de compliments de surface et de sous-entendus libidineux à chaque fois que tu mordais d’impatience ta lèvre rouge.
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WIZARD • always the first casuality
Arhen Lambrecht
Arhen Lambrecht
‹ inscription : 07/12/2016
‹ messages : 27
‹ crédits : goddess Mary et les codes à astra.
‹ dialogues : #10537C
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‹ âge : 34 ans
‹ occupation : artiste peintre, faussaire depuis quelques temps.
‹ gallions (ʛ) : 2960
‹ réputation : je suis un connard gominé.
‹ particularité : empathe (auras, orbes).
‹ patronus : informulé et informulable
‹ épouvantard : un cercle de juges se tenant devant moi, énonçant mes crimes et mes mensonges, me condamnant à une sanction que je fuis depuis toujours.
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boris bagshotI wanna roll with him a hard pair we will be A little gambling is fun when you're with me Russian Roulette is not the same without a gun And baby when it's love, if it’s not rough it isn't fun
Arhen évoluait comme un poisson dans l'eau, ravi d'échapper à l'ambiance pesante des salles d'interrogatoire du Ministère où se produisaient des choses auxquelles il avait bien du mal à penser sans en éprouver un malaise diffus et inexplicable pour quelqu'un comme lui. Il n'avait jamais reculé devant aucun sacrifice, et ne parvenait pas à comprendre pourquoi il s'en trouvait si affecté. Quoi qu'il en soit, il était loin de tout ça aujourd'hui, et il s'abreuvait du soulagement général, s'imprégnait de toutes ces couleurs qui l'entouraient, brillaient de milles feux, aveuglants, envahissants. Tout était mieux que cette douleur palpitante qui se répercutaient sur sa peau et ricochaient contre ses propres émotions ressentie durant les dix derniers jours, aussi longs que des années. Il sentait parfois son esprit céder à une faiblesse qu'il avait du mal à contenir, qui restait là, toujours présente, toujours prête à exploser au moindre signe de relâchement de sa part ; la nuit qui allait suivre allait être pénible, et il aurait besoin de prendre un bain, de s'immerger pendant quelques heures dans la peinture avant de céder enfin à un sommeil entrecoupé de réveils brefs mais épuisants.

Pour l'heure, il distrayait une jeune sorcière qui nourrissait visiblement une franche curiosité à l'égard de tous les invités sans exception, les auras palpitantes de lumières vives et changeantes, piquées d'intérêt. Arhen avait vite compris que celle-ci vivait à travers les autres, s'était moqué avant de réaliser qu'il était semblable à elle, bien que d'une façon différente : il n'existait qu'à travers leurs yeux, ne vivait qu'à travers leurs propos et leur reconnaissance. Ce n'était pas la première fois que le constat le frappait, mais c'était la première fois qu'il le faisait avec tant de violence et de clairvoyance. Il vivait par procuration, il était une sangsue, un vampire. Et il aimait ça.

« Et où est donc votre acolyte, Mr Lestrange ? N'était-il pas invité ? » Arhen haussa les épaules. Difficile à dire, il s'informait assez peu des activités mondaines de son collègue depuis que ce dernier avait accepté de coller son patronyme au sien et d'en faire quelque chose de respectable. Une fois la chose faite, Arhen ne voyait Arsenius que pour les affaires, et ils ne se communiquaient jamais leurs emplois du temps privé, chacun y portant bien peu d'intérêt. Les choses allaient ainsi, mais il était certain que la jeune femme allait être particulièrement déçu d'entendre que le célibataire le plus convoité de l'élite était effectivement absent aujourd'hui. « Oh, il était sûrement invité. Cela dit je doute qu'il vienne aujourd'hui. » fit-il avec un sourire aimable, les yeux rivés au visage enfantin de la sorcière, dont les auras se ternirent de déception. Il s'en amusa, et cela dut se lire sur ses traits tant elle s'efforça ensuite de faire bonne figure, se rappelant sans doute à qui elle s'adressait — quelqu'un capable de lire dans vos pensées à en croire ce que l'on disait des empathes bien qu'il n'en fut rien. « J'ai assisté à votre dernière exposition, remarquable, vraiment. J'ai adoré les dissociations de portraits, j'ai même conseillé à mon père d'acquérir une de ces merveilles. » Et la conversation se poursuivit, déviant sur lesdites dissociations qui n'étaient en fait que des portraits en deux parties, diptyques dont une moitié était le sujet et dont l'autre était ses auras, seules sans leur propriétaire. Parler de sa dernière série lui prit une bonne partie de son temps, et l'occupa plutôt agréablement ; il fut surpris de constater que Miss Mounthope avait une certaine culture artistique et littéraire et qu'il était à la fois aisé et plaisant de discuter avec elle de ces sujets là. Sa concentration  dérivait cependant parfois sur le reste des invités, happée par des émotions parasites qui le tiraient de sa conversation ; parfois par un verre que les elfes distribuaient aux pieds des invités, un plateau porté bien haut à bout de leurs petits bras maigres ; parfois par des regards, des attentions discrètes portées sur lui comme lui en portait sur eux ; parfois par des auras spécialement vivantes et variées. Et parmi celles là, un sorcier semblait tiraillé entre l'ennui et l'exaspération avec tant de force que ses auras se déployaient jusqu'à ses voisines, toutes entourées de fascination et de sensualité à peine masquée — Boris Bagshot. Allons bon.

En un instant, les paroles de Mounthope furent écartées, et Arhen observa plus précisément ce qu'il se passait à deux tables d'ici. Deux rombières aux langues bien pendues accaparaient l'aimable personne de Boris Bagshot, célébrité en plein essor depuis ses récents exploits parmi les insurgés, suscitant la convoitise des filles à marier et de leurs parents. Dommage pour eux, Bagshot, et ils l'annonçaient bruyamment à peu près partout, était sûrement en marge d'être fiancé à Astoria Greengrass, ce n'était plus qu'une question de semaines. Arhen n'avait pu faire autrement que d'être au jus de ces histoires là, malgré le désintérêt total que cela représentait pour lui, les deux tourtereaux n'ayant d'autre cachet que d'être jeunes, beaux, fringants, et appartenant à l'élite. Rien de plus donc, que des connaissances lointaines, rencontrées au détour de meetings comme celui-ci, sans jamais se fendre d'une parole où d'une conversation plus poussée. Il les avait simplement survolés, trouvant son intérêt ailleurs, mais celui-ci était piqué à présent par le contact oculaire instauré par le sorcier, qui s'était tourné vers lui comme s'il avait senti qu'il l'observait avec fixité depuis le coin où il se tenait. « Arhen ? Vous m'écoutez ? » Il fut ramené durement à la réalité par la jeune femme, qui s'était aperçue de son absence momentanée. « Excusez-moi, je viens de me rendre compte que je monopolisais bien trop votre compagnie. Je vois que votre père désapprouve cette attention, nous nous reverrons plus tard dans la soirée ? » Et l'affirmation résonna comme une question, excusant son défilement à peine discret.

Il se faufila entre les invités, en prenant tout son temps, échangeant quelques paroles rapides alors qu'il se focalisait sur les auras ennuyées, presque désespérées, qui émanaient de Bagshot. Arhen songea à la possibilité de se méprendre quant à la signification de son regard, avant de se dire que dans le pire des cas, il passerait pour un énième curieux venu s'informer des dernières nouvelles de sa vie palpitante. Et, si le gamin devait devenir Mangemort un jour, ça pouvait toujours être utile. Cela dit, il doutait de s'être trompé, certain d'avoir vu un appel à l'aide au fond des prunelles pâles, et s'il y répondait c'était moins par altruisme que par pure badinage.

Quand il arriva à sa hauteur, deux paires d'yeux maquillés se levèrent vers lui et les bouches roucoulèrent des bonjour et des comment allez-vous. Bagshot ne suivit le mouvement qu'avec un temps de retard, lorsqu'il prit place et occupa la chaise vide face à eux. « Marietta, Vera, Boris, ravis de vous voir Ha  ! Lambrecht, vous êtes là, bien entendu ! » s'exclama Vera, le décolleté pigeonnant plongé en avant. Il sourit, hocha la tête et répondit avec aisance à tout ce qui dévalaient de leurs bouches bavardes et avides, tandis que Boris demeurait silencieux à sa gauche. Au bout d'un moment, le minimum social afin de ne pas paraître trop impoli, Arhen se redressa et les interrompit : « Bagshot, je viens de me souvenir qu'il y a une chose dont nous n'avons pas discuté la dernière fois, j'aimerais en parler avec vous et conclure l'affaire au plus vite. Si ça ne vous ennuie pas. » Et les deux rombières comprenant qu'elles étaient écartées de la rencontre, les laissèrent s'éloigner à pas lent, comme deux connaissances de longue date désireux d'échanger des nouvelles en toute intimité. La situation avait des allures cocasses qui l'amusaient beaucoup, l'hésitation qui flottait autour de Bagshot n'y étant pas pour rien. Il était difficile de dire ce qu'Arhen pouvait bien lui vouloir, à présent. « J'ai cru comprendre que vous étiez en bien mauvaise posture avec ces dames. Marietta et Vera peuvent se montrer assez envahissantes parfois, je le reconnais, mais il ne faut pas leur en vouloir, il s'avère que votre vie leur paraît diablement plus intéressante que la leur. » Il s'arrêta, à l'ombre d'un arbre qui déployait joliment ses branches au dessus de leurs têtes et tendit les deux mains pour s'emparer de deux coupes pleines avant que l'elfe de maison ne reparte. Les rebuts étaient une perte, une distraction de moins pour les propriétaires et cela se ressentait. « Il faut dire que la perspective de vos fiançailles potentielles avec Miss Greengrass les enchante tout particulièrement, elles ne doivent pas en rater une miette dès que paraît le Witch Weekly. Vous en êtes la coqueluche, ces derniers temps, je me trompe ? » Bien sûr que non, il ne se trompait pas.
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arhen lambrechtI wanna roll with him a hard pair we will be A little gambling is fun when you're with me Russian Roulette is not the same without a gun And baby when it's love, if it’s not rough it isn't fun
Tu cherches à suivre Lambrecht discrètement du regard quand il se met finalement en branle. C’est qu’il prend son temps, le bougre. Voilà qu’il croit bon de flâner entre les convives pour prendre des nouvelles ; de temps en temps, tu le perds de vue, et te résignes à prêter ton entière attention à tes deux interlocutrices qui, fort heureusement, ne comprennent pas le but de ta petite manoeuvre. Ce n’est que lorsqu’il réapparaît et que tu es à présent certain qu’il vient à votre rencontre que tu te plonges de nouveau dans la conversation, si bien que lorsqu’il vous salue, tu as même l’audace de réagir avec un temps de retard, comme s’il ne méritait pas que tu t’y intéresses tout de suite.
A croire que tu n’avais pas encore la main habile à ce jeu-là, puisque que tu aurais eu tout intérêt à faire appel à quelqu’un de ton standing, plus élevé qu’un galeriste profiteur qui ne présentait même pas l’avantage d’être à ton goût. Mais bon, on ferait avec et il y avait fort à penser que malgré son douteux métier, il soit plus enrichissant que les deux mégères qui voulaient tout savoir de ta vie privée.

Tu le laisses remplir la conversation -il est si doué qu’il en va jusqu’à se rappeler le prénom de ces dames dont il n’a pas fini de tirer des roucoulements-, te renfonçant un peu dans ta chaise, le nez et les cils baissés comme une jeune fille polie. Et tu comptes les secondes, puis les minutes avant ta libération, réfléchissant déjà à comment, par la suite, fausser compagnie à ton charmant faussaire. C’est qu’il savait y faire en public -c’est de mondains comme lui que tu t’inspireras par la suite pour être une véritable diva. Tu avais encore des relents de farouche silence, du temps où, chez les insurgés, tu pouvais passer des nuits entières sans ouvrir le bec.
« Bagshot, » tu relèves la tête, l’air faussement surpris mais véritablement soulagé. « Plaît-il ? » « je viens de me souvenir qu'il y a une chose dont nous n'avons pas discuté la dernière fois, j'aimerais en parler avec vous et conclure l'affaire au plus vite. Si ça ne vous ennuie pas. » Et bien, si vous parveniez à vous éclipser avec ça, c’est que ces dames étaient définitivement aussi naïves que tu le craignais -à moins qu’elles soient incapables de réaliser qu’on puisse s’ennuyer de leur présence.

Tu fais mine de rappeler à ta mémoire l’affaire en question, Vera penchée vers toi, dans l’espoir vain que tu révèles quelques indices. « Hm, c’est bien parce que c’est vous, Lambrecht. » Tu couves les deux femmes d’un regard attristé si finement maîtrisé qu’il en tirerait une larme de leurs yeux lourdement maquillés. « Croyez bien que ça me chagrine de vous fausser compagnie, mesdames, mais vous connaissez comme moi la nature fougueuse des germaniques » Il s’en était fallu de peu avant que tu ne te trompes sur ses origines. « et vous comprendrez donc que je m’en vais honorer la requête de ce monsieur, » tu te penches vers elles, leur faisant honneur d’une fausse confidence. « avant qu’il ne me maudisse comme Kriemhild sur des générations. » et hop que je te cale une petite référence mythologique sur l’une des plus grandes sorcières du continent -tu ne prendrais pas la peine d’en vérifier la justesse, puisqu’elle suffit à les laisser pantoises.

Vous vous éclipsez enfin et ce n’est qu’à une distance raisonnable que tu laisses échapper un long soupir. Il vous emmène à l’abri d’un arbre, place stratégique vous permettant d’embrasser tout le jardin d’un regard, de voir plus en étant vu juste ce qu’il faut. Il s’agirait de ne pas rater l’occasion de montrer à tous ces gueux que l’art et le gouvernement pouvaient faire bon ménage.
D’un autre côté, maintenant qu’il t’avait sauvé la mise, tu faisais moins le malin, conscient de ta position d’infériorité. « Je vous en prie, Lambrecht, épargnez-moi cette rengaine. Vous en avez aussi peu à faire de ces fiançailles qu’elles des Nibelungen. » Tu prends la coupe qu’il te tend et vas chercher le reste d’impertinence au fond de ton verre. « Vous savez comme moi que ces dames cherchent à s’attirer notre sympathie en vue d’être invitées à la seconde moitié de la soirée, quand elles sont habituellement rentrées chez elles à border leurs maris impuissants. » Tous n’avaient en effet pas le courage ou plus la fougue de s’adonner aux petites sauteries que des grands noms de la nuit comme Burke et cie organisaient dans les pièces du fond des résidences. « Alors ne me faites pas languir et venez-en aux faits ; un homme comme vous ne rend pas de services désintéressés. Que va me coûter ce sauvetage de dernière minute ? Votre prix sera le mien. »

Généralement, les gens te connaissaient plus que tu ne les connaissais. De fait, si tu savais que cet homme faisait dans la peinture et qu’il venait d’Allemagne -ou de Merlin seul sait quel pays à la langue suffisamment rêche pour pondre pareils patronymes- tu ignorais tout de ses motivations, si ce n’est qu’il devait être sans scrupules vis-à-vis des moyens mis en oeuvre pour y parvenir. Il y a des choses qui ne trompent pas, malgré l’amabilité dans son regard encore plus clair que le tien -tu aurais dû te méfier- il exhalait l’ambition comme toi la superficialité.
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