Les missions solo n’avaient pas ma préférence, j’aimais être seule de temps en temps mais voilà plusieurs jours que je me parlais à moi-même et je commençais sérieusement à manquer de sujet de conversation intéressant et même Raksha en avait assez de m’entendre... C’est dire s’il fallait vraiment que je retourne à Poudlard! Il y avait bien eu ces deux mangemorts qui m’avaient tenu compagnie quelques instants mais leurs conversations n’avaient pas été des plus instructives et il m’avait fallu mettre un terme à leurs babillages de façon définitive. Tuer n’était pas dans mes habitudes mais il fallait se rendre à l’évidence, ils ne m’avaient absolument pas laissé le choix en attaquant les premiers, c’était eux ou moi. Après un duel épuisant et douloureux le sort en était jeté et c’était moi. J’étais parvenue à récupérer le grimoire pour Fred chez les Ollivander et il allait m’en devoir une ne serais-ce que pour ces marques sur mon corps sublime et cette perte de sang qui, bien qu’elle ne soit pas mortelle, n’avait rien d’agréable. Bref il m’en devait une le génie! Grimoire au fond du sac, plaies plus ou moins bien camouflées j’avais presque réussi à me rendre sur le lieu de rendez-vous ou l’elfe de maison devait m’attendre. Mais des murmures, quelques cris m’indiquèrent que la fin de cette foutue mission n’allait pas être aussi simple. Des raffleurs, un petit groupe. Je tentais alors de prendre une rue parallèle afin de les éviter mais je m’éloignais ainsi de mon but. Après avoir remis ma capuche pour ne pas, trop, attiré l'attention, je me rendais compte que tout le village était encerclé par des mangemorts vraisemblablement ennuyés d’avoir perdu deux des leurs... Je n’avais plus qu’un seul choix, me cacher. Des pas rapides me menèrent à un grand manoir tout juste à la sortie du village, non loin de chez les Ollivander d’ailleurs. Une chance pour moi un homme allait attraper la poignée pour entrer. Je posais ma baguette dans son dos, appuyant pour qu’il comprenne que je ne plaisantais pas. Laissez-moi entrer et tout se passera bien.  Je n’avais pas reconnu ni l’endroit ni le sorcier bien trop préoccuper à sauver mon précieux postérieur sur ce coup là.

Je soupire lourdement en entendant ses paroles mais ne lâche pas une seconde la pression sur ma baguette. Il va l’ouvrir cette foutue porte oui ou m*rde? Il avait l’air d’avoir décidé d’être sage et la porte fut ouverte mais au lieu de rentrer et de me laisser entrer -oui me claquer la porte au nez aurait été une très mauvaise idée en plus d’être un très mauvais plan pour moi- il se stoppa. Je levais les yeux au ciel agacée en lui répondant. Entrer, c’est quand même pas si... comp...Neal...?!? Comment sur une dizaine de manoir pour sorciers friqués j’avais pu tomber sur lui? C’était quand même pas de chance, à moins que ça ne soit l’inverse? Les miracles arrivaient. Nous étions visiblement aussi surpris l’un que l’autre et pourtant sa question m’arracha un rire jaune. T’es sérieux? Tu veux que je te rafraichisse la mémoire sur combien d’années??  Dans quel monde vivait il? Et depuis combien de temps? Fini les planqués, il allait devoir faire de vrais choix, du genre de ceux qui comptent. Je secouais légèrement la tête. On entendait les cris provenant du centre du village. Labas les sorts devaient fuser, ils devaient obtenir d’une façon ou d’une autre les informations sur l’identité de la personne responsable du vol et des meurtres chez les Ollivander. Je prenais une profonde inspiration puis baissais ma baguette. Je le regardais sérieusement cette fois ci tentant d’éloigner rancoeur, peur et tous ses potes qui vous polluent la vie. Aujourd’hui t’as le choix Neal. Tu me fais entrer et tu me sauves la mise ou tu refermes cette porte et une fois encore tu fermes les yeux sur ce qu’il se passe autour de toi.  Un choix simple non? Je lui en voulais, c’est vrai mais il avait le droit à une dernière chance... c’est ainsi que je le voyais, je laissais toujours une chance à mes amis, surtout quand ceux ci avaient compter à mes yeux.

Je secouais légèrement la tête, un fin sourire amusé aux lèvres… Neal qui parle du présent… mais bien sûr et la marmotte elle met le chocolat dans le papier d’alu ! Il fallait voir le bon côté des choses, malgré tout, malgré la situation actuelle plutôt tendue pour moi il parvenait à me faire sourire avec ses bêtises ! Même sa demande était risible et c’est d’ailleurs sur le ton tant de l’humour que de la moquerie que je répondais. Bien sûr, faudrait pas qu’ils sachent que tu fricotes avec une mauvaise fille…  ça sera notre petit secret, un amour clandestin, interdit ! - Jamais- Je ne connaissais pas personnellement ses « parents », je savais qu’ils n’étaient pas, vraiment, ses parents mais je n’en savais pas beaucoup plus à leurs sujets. Neal n’était pas très bavard concernant sa famille. Il fermait rapidement la porte et j’étais comme soulagée d’un poids même si je n’étais pas vraiment sorti d’affaire pour autant. Il avait fait un choix et de mon point de vue –je tenais un minimum à mes fesses- Aux nôtres - il avait fait le bon. Sa nounou vint rapidement nous accueillir et c’est avec un sourire un peu trop large pour être honnête que je la saluais. Salut nounou ! En voilà de l’enthousiasme non ? Erf oui, ils ne connaissaient peut être pas la référence, tant pis ! Surtout qu’elle avait l’air moins avenante que dans mes souvenirs. J’avais l’impression d’entendre l’humour, pourri, de mon ami lorsqu’elle annonça tenter trouver une solution pour me faire partir d’ici. J’ajoutais donc à son intention avant qu’elle ne disparaisse. Entière si possible merci ! –Tu aurais pu te faire tuer et tu plaisantes ?- La louve s’agaçait mais je ne voulais pas me montrer faible face à Neal, mes blessures parlaient déjà bien assez comme ça. J’ouvrais un peu ma cape mais ne l’ôtait pas, elle camouflait parfaitement deux trois détails. Je suivais mon ami tout en essuyant le sang qui coulait encore de mon visage et surtout sans m’attarder sur la décoration dont je me foutais comme de ma première culotte. Crois-moi, tu ne veux pas savoir. Mais ta mémé est en pleine forme si c’est ce qui t’inquiète, enfin je dis ça je l’ai même pas vu moi !   En gros si elle avait un problème après mon passage ce n’était pas de mon fait. C’est sympa comme planque, je pourrais presque comprendre pourquoi le choix a été simple pour toi . Puisque des choix en réalité il en avait fait plus d’un. Fermer les yeux en était un de taille et je mentirais si le revoir ne faisait pas naître en moi une certaine colère à son égard ou étais-ce de la déception ? Peut-être un peu des deux mais j’arrivais toujours à lui trouver quelques… circonstances atténuantes après tout il n’avait jamais été taillé pour les duels.

Mon humour ne semble pas faire mouche et si la douleur ne commençait pas à se répandre dans la moindre parcelle de mon corps je continuerai dans cette veine, juste pour l’ennuyer. J’ai toujours aimé ça. -Tu as des jeux étranges avec lui  - Je le suis, observant les fenêtres, portes, tout ce qui pourrait au moment venu me permettre de quitter rapidement ces lieux s’il le fallait. Ma démarche semblait assurer malgré le sang que je sentais couler le long de mon flanc. Je m’adossais à un pan de mur, semblant pour le moins décontracté en dépit de ce qu’il se passait derrière ses murs. En réalité je tentais surtout de camoufler ma faiblesse, le résultat du duel que j’avais remporté avec peine. J’hoche la tête et laisse échapper un soupire lourd de reproche. Eithne, si tu préfères. Je ne l’ai pas touché. Je pensais que tu me connaissais mieux que ça.  Me pensait il également responsable des meurtres pour lesquels j’avais été jugé de façon rapide sans aucun espoir de me défendre? J’assumais pleinement le meurtre des deux mangemorts, mais jamais ô grand jamais je n’avais tué par plaisir et en réalité jamais je n’avais fait couler le sang jusqu’à ce que mort s’en suive avant de quitter les mains dégueulasse de mon “maître” - Cesse de l’appeler comme ça.- Mais c’était eux ou moi à présent et je m’étais juré de ne jamais plus me laisser enfermer. Un sourire, bref et je serre les dents avant de murmurer. C’est sans doute une question de temps, votre magister n’est pas du genre patient et ne rien faire face à ce qu’il se passe dehors c’est déjà faire un choix. Et tout le monde savait que le roi des mangecons aimait à torturer et tuer tout ce qui lui barrait la route, aucun doute que les sorciers, même sa précieuse élite serait bientôt un cailloux sur son chemin.  Désolée de te décevoir, mais ce n’est pas de cette façon que tu les protégeras le mieux. Il n’existait aucune solution qui lui garantirai la survie des siens, mais, de mon point de vue choisir le camp des masqués, c’était se tirer une balle dans le pied!  J’espère que tu en a bien profité. Toi et ta famille.   Profiter d’être du côté doré, faussement dorloté pour être mieux poignardé par la suite, la chute serait rude. - ça n’est pas ton problème- Je riais un peu, essuyant le sang de mon visage du revers de la manche de ma cape. Ouais c’est un début mais pas sûre que ça m’aide pour ça... J’ôtais le pan de ma cape découvrant mon sweat couvert de sang, couvert de mon propre sang. J’ai bien peur de laisser quelques traces sur ton jolis tapis persans, papa et maman vont te gronder.  L’humour pour couvrir la douleur.