‹ baguette : bois d'if, crin de licorne, 28 centimètres 8, souple et rapide, inadaptée mais j'ai la flemme de la changer.
‹ gallions (ʛ) : 3812
‹ réputation : la guerre m'a endurci et changé, que je suis devenu assoiffé de sang et parfois incontrôlable, les longues années de conflit ayant brisé le garçon maladroit et parfois simplet que j'ai été.
‹ particularité : un semi-loup depuis septembre 2003.
‹ faits : je suis très différent du garçon que j'ai été à Poudlard, forgé par des années de guerre, de meurtres et de missions suicidaires. Je suis trop en colère, trop extrême, je n'ai plus rien du garçon timide que j'étais avant même si les blessure d'antan demeurent. La fin de la guerre m'a laissé détruit, et je me suis plongé dans les excès, surtout l'alcool, jusqu'à la naissance de mon neveu James, le fils de Ginny et d'Harry. J'essaie de joindre les deux bouts.
‹ résidence : dans la maison familiale à Blackpool, Angleterre, avec Ginny et son fils James.
‹ patronus : très difficile pour moi à invoquer, mais il a pris la forme d'un lama, une fois.
‹ épouvantard : alternativement le professeur Snape et les cadavres des gens à qui je tiens le plus: ma grand-mère, Luna, Ginny, Hannah, etc.
‹ risèd : une vie heureuse et ennuyante.
ginny weasley & luna lovegood
“ You can be just friends with people, you know, ” his grandma said. “ I think it's crazy how you're in love with these two girls. ” His grandma wasn't wrong, of course. But what she didn't realize about Neville and his girls was that they were all in love with one another. He was no less obsessed with them than they were with him, or one another, analyzing every conversation and gesture, drawing out every joke into a longer and longer running gag, spending each moment either with one another or thinking about when next they would be with one another. Neville was perfectly aware that it was possible to have a friendship that wasn't all-encompassing, that wasn't blinding, deafening, maddening, quickening. It was just that now that he'd had this kind, he didn't want the other.”
Il avait besoin de retourner à Poudlard, il ne pouvait pas rester ici. Déjà, il avait fait quelques allers-retours, accompagnant Elijah en dehors du cottage jusqu'à l'école et puis le retour; il avait été interrogé par le Conseil, avait convaincu Dillinger de venir, avait essayé de calmer les ardeurs de certains et de répondre à leurs questions, et enfin, il s'était assuré que le mythe garde-chasse Hagrid se portait plus ou moins bien. Le demi-géant était gardé à l'infirmerie, ramené par les Sombrals dans les environs du château aux petits lueurs de la journée suivant la pleine lune, ayant été transporté par des elfes jusqu'à l'intérieur des protections magiques de l'école. La dernière fois qu'il l'avait vu, quelques trois jours plus tôt, Hagrid était pleinement conscient et très reconnaissant d'avoir été sauvé, voulait rencontrer ses sauveurs... impossible. Neville n'avait pas pu mettre la main sur Emily, Luna était bien décidée à rester à Storm's End et Ginny... Il refusait de penser à Ginny.
C'était la dernière fois qu'il quittait Storm's End, avait-il décidé. Il n'avait rien à faire ici. Il avait voulu rester pour Luna, il avait voulu rester pour supporter Elijah, il avait voulu... rester pour Ginny, aussi... mais il en était incapable. Le Conseil lui mettait toujours la pression pour savoir tous les détails, les habitants du cottage n'avaient pas encore établi de version officielle, il avait besoin de parler avec sa grand-mère et puis... la douleur. La douleur était constante, lancinante. Son flanc, son torse et une partie de son dos était toujours en feu mais le pire, c'était la douleur entière, la douleur corporelle et interne: les plaies ont cessé de saigner, les blessures ne font plus vraiment mal, mais il y a... autre chose. Un Lien qui le garde à Storm's End, trop puissant pour être réel. Si puissant que les autres loups l'ont remarqué, agissent autour de lui comme des satellites autour d'une planète; Neville a l'impression que tout le monde est sur la pointe des pieds autour de lui, et c'est seulement en comprenant que c'est parce qu'il est constamment d'une humeur massacrante qu'il a décidé de partir. Pour les épargner. Pour ne pas penser à Ginny.
Il a ramené des affaires pour tout le monde de Poudlard, et un sac dans lequel il est en train de rassembler deux pulls, trois chemises et des sous-vêtements, le plus silencieusement possible. Il a rendez-vous avec l'elfe dans deux heures, au lever du soleil, mais il a un peu envie de se dégourdir les jambes et puis il n'arrive pas à dormir. Il dort sur le canapé dans le salon, le canapé où il a été amené à moitié conscient il y a un peu plus de dix jours. Il y a tellement de gens ici, avec des sens surdéveloppés et des routines bien ancrés, ils doivent forcément l'avoir entendu se lever au milieu de la nuit... pourtant, personne ne vient l'empêcher de partir. Il ferme son sac à dos. Il pourrait se promener un peu sur la propriété, Douglas lui en a montré les limites, il pourrait chercher des ingrédients, des racines, des fleurs, c'est toujours utile, il pourrait- Il n'arrête pas de penser à Ginny.
Alors finalement, après une bonne dizaine de minutes à silencieusement arpenter le salon en faisant jouer ses doigts le long de ses flancs, il monte les escaliers et se rend devant la chambre où elle doit dormir. Il doit juste lui dire au revoir, lui souhaiter bon courage et un bon rétablissement. Il doit juste la voir, la retirer de ses pensées, juguler le sentiment de culpabilité qui se mêle à loyauté et affection et confiance et amour profond et éternel qu'il lui voue, pareil pour Luna. Il doit juste arrêter de penser à elle, sinon il va devenir fou.
Il est devant la porte, et il l'ouvre sans réfléchir, sans même vérifier que sa respiration — perceptible désormais, même à travers le battant, grâce à ses nouveaux sens légèrement exacerbés — est calme et sereine, qu'elle est en train de dormir effectivement, non, sa main s'abat sur le battant et il s'apprête à foncer sur le lit, lui toucher la main et lui souhaiter d'aller mieux sans lui quand il est cloué sur place par deux paires d'yeux clairs tant méfiants que sidérants. Évidemment. Sa main se crispe sur la poignée de la porte, il s'immobilise dans l'encadrement, il a les lèvres sèches, le coeur dans la gorge qui bat trop vite, et l'impression qu'il va se liquéfier. Luna lui offre un petit sourire encourageant, l'expression de Ginny est indéchiffrable. “ Je retourne à Poudlard, je voulais juste passer te dire au revoir, ” dit-il avec une certaine rigidité, préférant se murer dans un immobilisme étrange que dans des longues explications émotionelles. Il dodeline de la tête pour prendre congé, rentre la tête dans les épaules et recule d'un pas... quand un oreiller s'écrase sur lui, le prenant tant de court qu'il se plie en deux, la main ne tenant toujours pas fermement la poignée parvenant à jaillir pour s'en emparer avant qu'il ne tombe sur le sol. Il relève le regard pour croiser celui de Luna qui déjà s'est emparée d'un autre coussin, l'air de dire j'ai une arme et je suis prête à m'en servir de nouveau et bien malgré lui, un léger sourire s'invite sur ses lèvres, même si l'agacement et la peur s'entrelacent dans sa poitrine. “ D'accord, ” bougonne-t-il en entrant dans la chambre, refermant enfin la porte, se laissant aller contre le battant en serrant le coussin contre son ventre. Enfin, son regard quitte celui de Luna pour se poser sur celui de Ginny.
C'est pour ça qu'il ne voulait pas penser à elle.
Elle est fatiguée, détruite, pâle et maladive. Il a envie de la prendre dans ses bras mais il a peur de la briser. Il a envie de dire quelque chose mais rien ne lui vient, si ce n'est “ ça va? ” et il en grimace juste après, de douleur et d'embarras parce que bien évidemment que ça ne va pas. Rien n'ira plus jamais.
#friendship: smthg than can survive the test of time and remain unconditional
17 septembre, 4am. Leurs murmures se sont raréfiés peu à peu, la discussion s'est tarie elle ne sait quand — le sommeil s'est manifesté sans crier gare, les fauchant en plein milieu d'une phrase peut-être, elle ne sait plus. Elle est un peu déphasée, Ginny, quand elle se réveille au milieu de la nuit après qu'un faux mouvement ait irrité son dos encore sensible. Au creux de sa gorge, une brûlure ténue, gêne familière que le temps et les soins rendent plus supportable. Reste d'une blessure sévère, mais plus : ce qui coince juste là, c'est aussi de la nostalgie, de la mélancolie. L'instant semble incroyablement normal : le ciel est encore d'encre à travers les voiles de la fenêtre, une brise un peu trop fraîche souffle l'approche de l'automne en faisant tinter le grigri qu'elles ont accroché tout à l'heure pour éloigner quelque créature mystique. Sur l'oreiller partagé, un rideau de cheveux blonds et roux entremêlés. Luna a sombré elle aussi, à ses côtés, le lit qu'elle occupait au début de la nuit déserté depuis longtemps. Ginny se redresse sur un coude, se fige lorsque son dos se manifeste désagréablement, jusqu'à ce que la douleur reflue assez pour lui permettre quelques mouvements précautionneux. Par dessus la forme encore endormie de son amie elle tâte le chevet d'une main aveugle jusqu'à ce que ses doigts heurtent un élastique abandonné, dont elle se sert pour nouer sa tignasse en un chou serré, haut, pour dégager ses cicatrices encore à vif.
C'est incroyable de se sentir réellement propre après des jours et des jours passés pratiquement exhibée jusqu'à la taille, palpée par des inconnus évaluant ses plaies, maculée de sang et de terre et d'onguents souvent malodorants seulement dilués à l'aide d'un gant. Elle se sent vraiment bien, enfin, et légère, après le shampoing de la veille pour lequel Luna l'a aidée, et dans les draps qu'elles ont changés il y a seulement quelques heures. Et elle ne sait pas vraiment ce qui l'a arrachée aux limbes à vrai dire, du moins, elle ne s'en souvient pas avant que ça ne se manifeste de nouveau : il y a de l'agitation en bas. Elle fronce les sourcils en se concentrant sur ses sens aiguisés, qui lui sont encore relativement méconnus.
June l'a prévenue qu'elle aurait une phase d'entre deux ; l'impression de ne pas avoir tant changé au final, concrètement, d'être toujours à l'abri de son enveloppe humaine, l'illusion d'être peut-être passée à travers les mailles de la malédiction. De ne pas avoir été contaminée. Le déni facile et confortable, en soi ; mais trompeur parce que forcément erroné. Elle lui a conseillé de chercher les différences plutôt que de se consoler à l'aide des similitudes. De sentir et d'écouter et de découvrir le monde sous un jour nouveau, de laisser s'épanouir ses nouveaux sens pour ne pas être brutalement submergée plus tard, à l'approche de sa nouvelle Pleine Lune et des altérations physiques plus flagrantes. Et... et elle a raison. Quand elle ne se braque pas, Ginny perçoit ces particularités évoquées, celles que son subconscient a su reconnaitre avant elle.
ça chatouille son ouïe, pas tout à fait distinctement mais de façon trop insistante et prolongée pour qu'elle l'ignore à présent qu'elle y a prêté attention. Ce sont des gestes sporadiques, empressés, et si elle n'est pas encore tout à fait apte à décrypter ses perceptions, la curiosité la pousse à essayer. Bruits de pas dans l'escalier dont quelques marches grincent. Ginny se surprend à analyser l'intensité des plaintes du bois pour déterminer s'il s'agirait plutôt d'un homme ou d'une femme, puis renonce, faute d'élément de comparaison. Un instant plus tard il y a un cœur qui bat un peu trop vite de l'autre côté de la porte de la chambre ; porte qui s'ouvre dans la foulée, pour révéler nul autre qu'un Neville à la tignasse un peu échevelée et aux traits très cernés.
Toute à son exercice, Ginny l'observe, mais pas seulement avec ses yeux. Surtout avec ces sens qui s'imposent désormais avec une acuité perturbante, comme désireux de faire partie de la fête à chacune de ses interactions avec autrui. L'air se teinte d'effluves un peu plus musquées du fait de l'arrivée de Neville ; comme en présence d'Edouard et de Rohan, mais différemment. Rohan sent la forêt même lorsque cloîtré à l'intérieur, dominante boisée et terre humide, feuilles qui craquent sous les pieds, une odeur de nature et de liberté. Edouard sent beaucoup les émotions ; il a quelque chose d'âcre qui lui colle à la peau, de la culpabilité et des doutes que tempèrent résilience et combativité. Et surtout, ils sentent beaucoup la Meute. Elle n'est pas certaine de beaucoup aimer penser ainsi, ça surgit toujours dans ses pensées sans qu'elle ne sache d'où lui viennent les mots parce qu'elle n'est pas un foutu animal, mais c'est un fait : ils sentent la meute et Edouard en particulier lui fait à la fois penser à la mort et à la renaissance ; il a les fragrances des derniers instants et du véritable éveil à la vie.
Luna sent le soleil, comme si elle en emprisonnait les rayons chaleureux entre ses doigts qui tissent le bonheur.
Et dans tout ça, la rouquine s'aperçoit qu'elle n'a pas encore été en état de redécouvrir ce que lui évoque Neville. Il sent les pommades sorcières et les potions de soins et se fond dans la pièce saturée de ces odeurs comme s'il y appartenait. Mais il y a la même âcreté qu'Edouard à la surface, remords et malaise piqués d'amertume. Le regard fuyant qui va avec est lisible avec ou sans aptitudes extrasensorielles : il veut- Je retourne à Poudlard, je voulais juste passer te dire au revoir. -partir. Elle hoche la tête, un peu incertaine. C'est normal, qu'ils veuillent partir — c'est le cas de Lou aussi. C'est normal, qu'ils veuillent reprendre le cours de leur vie, commencer à refermer la parenthèse qu'ont été ces derniers jours de totale perdition. C'est normal.
C'est normal, aussi, qu'elle se sente si perdue à l'idée qu'ils ne soient plus là ?
Ce n'est pas comme si elle serait seule. Mais la séparation lui fait nettement plus peur à présent qu'ils l'ont longuement vécue, entité unique brutalement divisée en trois pièces par la guerre, dispatchées et isolées à la surface du monde sorcier, des années durant. Elle sait pourtant que c'est la chose à faire... qu'elle doit affronter de son côté la perte d'une part de son humanité. Cette fois, c'est Rohan qui le dit : il est capital d'accepter son Loup, de lui offrir une place plutôt que de le brider. Elle est un peu perdue parce que Edouard rejette violemment cette notion et qu'elle ne sait pas encore qui d'eux deux a raison. S'il vaut mieux enterrer le monstre ou lui accorder des parcelles mesurées de liberté pour ne pas être submergée. Et elle devra apprendre ça sans Neville, sans Luna, sans Emily aussi, ou se contenter de seulement les voir à l'occasion. Luna attaque le brun d'un projectile oreiller bien mérité pour l'empêcher de se défiler et il accepte de rentrer, Ginny toujours muette. ça va? Non, ça ne va pas, elle voudrait dire. ça n'ira plus jamais si vous vous éloignez. C'est peut-être ça le fond du problème : elle a si peur qu'ils lui échappent. Parce qu'elle est différente, à présent, et que son âme appelle la Meute, et qu'elle craint que le Loup fasse perdre le reste à l'humaine. Déjà, elle doit dealer avec une famille morcelée et parmi les survivants, il y a maintenant Bill qui lui en veut sous prétexte qu'elle n'a pas accepté de le voir lorsqu'elle avait la gorge tranchée et le corps en lambeaux et sale et brisé. Elle ne veut pas y penser, préfère se concentrer sur ceux qui ne lui reprochent pas tout et n'importe quoi, sur Fred et Ron et Percy qui ont su être là quand elle a été capable d'ouvrir les yeux, de respirer correctement. Mais l'idée de perdre encore d'autres personnes est trop, trop brutale, trop pénible.
Elle a vraiment peur qu'ils ne veuillent plus d'elle. Que les humains la détestent, la méprisent, à présent. Et c'est irrationnel, Merlin, parce qu'il s'agit de Neville et de Luna et qu'ils ne pourraient jamais l'abandonner n'est-ce pas ?
Elle déglutit difficilement, se refuse à céder à un caprice en leur demandant de rester. En guise de réponse, hausse une épaule (celle qui ne lui sert pas d'appui). Ne demande pas et toi parce que honnêtement, non, il n'a pas l'air bien. ça lui fend le cœur. Tu peux approcher, idiot, je ne mords pas, qu'elle lâche d'une voix cassée mais légère, sans tiquer au double sens que prend cette expression à présent qu'elle, eh bien, mord, indeed. Ou son Loup, du moins. Mais les jumeaux, quand il y avait encore Fred et George et pas Fred sans George, disaient qu'il n'y a pas mieux pour dédramatiser le mal que de le tourner en dérision. Luna veut rentrer à Poudlard aussi. Tu pourrais l'attendre, non ? Façon pas tout à fait subtile de repousser un peu l'échéance de la fuite de Neville, mais pas que. Je n'aime pas l'idée que- je veux dire, après tout ça, peut-être qu'il vaut mieux éviter de trop se déplacer seuls... Ginny prudente, c'est un peu du jamais vu. Mais il faut bien apprendre un jour. Il y a eu la capture de Luna, sa quasi mort, l'emprisonnement de Gin', et puis il y a eu l'attaque des Loups, la mort encore qui rode et qui tente avec tant d'acharnement de tous les happer, et Luna est enceinte et- Et puis, j'aurai besoin de vous intacts. Puisque- Ses yeux tombent sur ses mains qui triturent maladroitement la taie. Elle a imaginer mille façons de leur dire, et ce sera finalement abrupt, très elle en somme. puisqu'il me faudra nommer un parrain, c'est la tradition, et aussi une tante de cœur pour contrebalancer les oncles à profusion et éloigner les créatures néfastes. C'est étrange, c'est l'une des premières choses qui l'ont frappée quand Susan lui a dit qu'un humain en préparation poussait quelque part à l'intérieur de son corps. L'une des premières choses qui ont filtré dans ses pensées brumeuses : je n'y arriverai jamais seule, jamais. Elle ne sait pas encore quel genre de mère elle peut être, elle sait juste qu'un enfant doit être très entouré ; c'est ce qu'elle se disait, avant, quand elle voulait être mère. Cocasse : à présent qu'elle est sur le point de l'être, elle n'est plus certaine de le vouloir. C'est terrifiant.
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10433
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
Ginny & Neville
One day you meet someone and for some inexplicable reason, you feel more connected to this stranger than anyone else--closer to them than your closest family. Perhaps these persons carry within them an angel--one sent to you for some higher purpose; to teach you an important lesson or to keep you safe during a perilous time. What you must do is trust in them--even if they come hand in hand with pain or suffering--the reason for their presence will always become clear.
Paisible. Elle s'était sentie paisible, pour la première fois, depuis... Et bien Luna ne savait pas exactement depuis combien de temps. Mais le calme, la sérénité, l'avait drapé si vite qu'elle ne l'avait pas vu venir. Presque come avant. Elle ne se souvenait plus quand ses paupières s'étaient fermées; quand elle avait laissé sa voix se transformer en un murmure puis en silence; quand elle avait réussi à pénétrer le monde des rêves et non pas celui des cauchemars. Hermione, et Rolf, avaient eu cet effet-là sur elle mais sans eux, Luna savait qu'elle ne pénétrait jamais le sommeil sereinement. Cela faisait des années qu'elle essayait de se reposer avec pour seuls compagnons oniriques ses souvenirs ; les rares heures de repos toujours éclipsées par l'intolérable réalité. Elle s'était endormie, Luna, et elle savait qu'à son réveil, cette nuit serait l'une des rares dont elle apprécierait le souvenir, de toute sa vie. Peut-être était-ce à cause de l'air quasi-automnal de la chambre, ou de la douce effluve s'échappant de la chevelure de Ginny, ou des draps propres qui la recouvraient en ce moment. Ou peut-être était-ce juste à cause du fait que la rousse était toujours là, contre elle, qui la berçait aussi tendrement que ne le faisait sa mère lorsqu'elle était enfant. Même sans le confort de Storm's End, Luna savait qu'elle aurait été dans le même état de plénitude que si elle avait dormi au beau milieu de nulle part, à même le sol: malgré les paroles un brin acide qu'elles s'étaient dites, malgré la morsure terrible gravant les chairs de son amie, la future mère se sentait en sécurité, comme dans un foyer, juste à cause de la présence de Ginny à ses côtés. Luna ne parvenait pas à déterminer la véritable raison à l'origine d'une telle situation. Et elle s'en fichait, s'assiérait dessus au réveil, avec pour seule dynamique la gratitude qu'elle ressentirait pour l'ancienne Rouge Dorée. Parce qu'elle lui avait permis de retrouver un peu de son essence passée. Elle sait que rien ne va, Luna. Elle ne sait pas si elle survivrait à la guerre, si son bébé survivrait à la guerre, si Rolf... elle n'est sûre de rien et pourtant, dans le monde de l'inconscience, elle s'en fiche. Elle marche sur un fil, Lovegood, mais pour la première fois depuis longtemps, elle ne s'en soucie vraiment pas et ce, grâce à elle. Par sa simple présence, Ginny avait réussi à effacer toutes les incertitudes la hantant, à réduire à néant éphémèrement les peurs les plus cruelles, à lui faire oublier la guerre, juste en la tenant tout contre elle. Luna s'est sentie bien, Luna s'est sentie sereine. Et pour ça, elle lui serait éternellement reconnaissante. Elle aimerait pouvoir dormir comme ça pour toujours.
Un mouvement, et Luna se réveille. C'est le touché et l'ouïe qui sont alertés les premiers. La courte, mais reposante, nuit qu'elle vient de passer lui a collé les yeux et la blonde a du mal à battre des paupières pour seulement apercevoir le profil de la rousse à-travers l'obscurité relative de la chambre. Le visage de Ginny parait alerte mais Luna, qui laisse ses instincts insurgés prendre le relais, n'entend rien, ne perçoit rien, d'autre que le silence dans la maisonnée. L'idée la trouble et Luna déglutit péniblement: ce sont sûrement ses instincts d'un tout autre genre qui ont reveillé Ginny. « Gin', qu'... » mais les octaves n'ont pas le temps de prendre plus de consistance: la porte s'entrouvre et Luna se redresse à son tour sur la matrice du lit. Sans y prêter attention, Luna pense Lumos et la pointe du bois de sorbier diffuse un léger rayonnement bleuté au bout de quelques secondes. Elle est encore trop ensommeillée pour se rendre compte que c'est la première fois depuis presque trois semaines qu'elle parvient à faire de la magie: les potions de Susan dépassant toutes ses espérances. C'est Neville, à la porte. Et elle ne comprend pas vraiment pourquoi ses sens ne l'ont pas reconnu, comme avant. Elle sourit pourtant, l'encourage, lui fait savoir qu'il est toujours le bienvenu d'un regard... mais il est tellement dans le retrait qu'il ne faut pas être seer, ou loup-garou, pour comprendre ce qui l'anime. Luna a l'impression d'avoir fait un bond en arrière, de plusieurs années. Ils agissent presque comme au début, lorsqu'ils se sont tous rencontrés. Ils agissent de manière incertaine, presque timide... et indubitablement apeurés de laisser l'un ou l'autre vraiment entrer. Et s'en rendre compte lui donne presque envie d'hurler. Elle n'écoute rien de ce qu'il dit, ou de ce que Ginny accepte, elle se contente juste de lui envoyer son édredon à la figure pour le faire réagir. Reste, a-t-elle envie de lui demander, à Neville, à Ginny... à elle-même mais la demande, la supplication, lui reste en-travers de la gorge. Lovegood ne veut pas qu'ils restent ici: elle veut juste qu'ils restent tous les trois amis, comme avant ; des âmes-sœurs, comme avant. Elle veut que tout redevienne comme avant.
Les mains pales se resserrent autour d'un nouvel édredon et ses ongles s'enfoncent dedans. Si son visage parait défiant, joueur, son coeur, lui, bat étrangement: Luna ne parvient pas à démêler la fatigue de l'éclat qui vient fissurer leur miroir, la cassure qu'elle commence seulement à entrevoir entre eux trois. Et ça la touche douloureusement. Au revoir, ça va?, Poudlard ; Luna laisse ses iris céruléennes fixer Neville puis Ginny, et encore Ginny et ensuite Neville. Elle a l'impression de regarder un match de Quidditch: elle se demande bizarrement si elle réussirait un jour à revenir dans le jeu, auprès d'eux, un jour. Elle se contente d'acquiescer fermement lorsque Ginny le prévient qu'elle rentre elle aussi, qu'il pouvait l'attendre, tout en ponctuant d'un 'yeah' (presque) enjoué à chacune de ses paroles. Et pourtant, elle reste silencieuse et réfléchit intensément lorsqu'elle l'entend seulement prononcer le mot sûreté, la sienne, celle de Nev, la leur. C'est étrange et déroutant d'entendre la benjamine Weasley ronger son frein à présent. Elle redoute le jour où il faudrait se rendre à l'évidence: Ginevra ne serait plus jamais elle-même comme Luna avait disparu à tout jamais à cause de la guerre. Elle relègue la donnée dans un coin de sa tête et la fait taire: c'est aussi étonnant qu'écrasant, ce genre de phénomène.
Tout comme le fait d'avoir vu Neville rattraper le coussin sans hésiter, elle est atterrée de voir Ginny choisir la prudence. Luna a l'impression de couler devant les observations qu'elle est en train de faire à cet instant. Elle coule, elle se noie et elle a peur. Elle remonte tant bien que mal ses jambes contre elle, le mouvement stoppé par l'arrondi de plus en plus imposant de son ventre et les fourbures lui parcourant les membres. Ils ne sont plus normaux, essaie-t-elle d'étouffer. Et elle, elle ne correspond plus à leurs standards. Luna dérobe son inquiétude dans le jeu d'ombres et de lumières provoqués par sa baguette ; de quelques millimètres, elle éloigne sa jambe de celle de Ginny. Elle a peur que tout redevienne comme avant. Lorsqu'elle était Loony Lovegood et qu'eux, ils déambulaient sans elle, sans l'autre, dans les couloirs de Poudlard. Elle essaie de ne pas y penser. Elle veut juste...
« Et puis, j'aurai besoin de vous intacts. Puisque- Le profil pâle de la rousse se baisse et Luna voit les doigts de la rouquine trembler. Elle est nerveuse. Ginny avait rarement été nerveuse par le passé (elle pouvait compter ces moments sur les doigts d'une seule main) et ça l'intrigue au-delà de l'entendement. -puisqu'il me faudra nommer un parrain, c'est la tradition, et aussi une tante de cœur pour contrebalancer les oncles à profusion et éloigner les créatures néfastes. » La jambe retourne instinctivement contre celle de Ginny. Le visage rêveur reprend ses droits sur les traits de Luna qui, à mesure que l'information est assimilée, ne peut pas s'empêcher de laisser un air entendu venir sceller les dizaines d'émotions qui la traversent. « Je m'en doutais, un peu, commence-t-elle tout en défaisant la poigne ferme de la rousse de son coussin, entremêlant leurs doigts naturellement. Tu sais que tu brilles dans le noir, depuis quelques temps? » Elle jauge Neville, lui explique ses arrières pensées, plus par habitude qu'autre chose. « She is just... she's glowing, Nev... Il y a quelque chose dans son aura qui scintille, comme les Ronflaks Cornus durant l'été! et elle... Elle... » Luna s'interrompt pour finalement se retourner brusquement vers la rousse. Délicatement, elle porte ses bras autour de Ginny pour la serrer contre elle, sans toujours les plaies qui continuaient de guérir sous ses vêtements: une main derrière la nuque, l'autre passée derrière son dos pour aller placer ses doigts contre sa hanche. Au-delà du bonheur de l'enfant à venir, au-delà de l'horreur vécue, Luna vibre à cet instant pour une seule chose, Ginny. Ginny est enceinte. Ginny attend un bébé comme elle. Luna n'était pas seule, finalement, puisque pour l'instant, Ginny est comme elle. Les lèvres de la blonde cherchent le creux de l'oreille pour y souffler quelque chose, n'importe quoi... mais tout ce qui parvient à sortir, c'est un rire entremêlés à des soubresauts émus. Brilliant. Absolutely brilliant. La main droite de Luna va finalement chercher le menton de sa meilleure amie pour pouvoir la regarder dans les yeux. Son sourire vaut mille paroles, mille félicitations, mille espérances, et elle espère que Ginny réussirait à les voir: elle espère sincèrement que jamais Ginny n'oublierait qu'elle serait toujours là, quoiqu'il arrive. « Les Nargoles et les Vampires des Carpates n'auront qu'à bien se tenir. Je ne laisserais jamais rien lui arriver, Gin. Je te le promets. » Chimères ou réalité, dans ses iris, on pouvait voir Luna et son essence s'illuminer complètement. Elle protégerait bec et ongles l'enfant de Ginny comme s'il était le sien. Le front s'accole au sien un instant et pourtant, lorsqu'elle se remet à parler, ce n'est pas à Ginny qu'elle s'adresse. « Neville Longbottom, je le jure sur Merlin, Morgane et Gryffondor: si tu ne viens pas ici tout de suite, ce n'est pas un coussin que tu recevras la prochaine fois... » Ils avaient eu l'habitude d'établir ce lien là, avant. L'un était l'autre, l'autre était l'autre, et l'autre était l'un. Son regard était noyé dans celui de Ginevra mais c'était bien le jeune Longbottom qu'elle fixait à cet instant. Reste, viens. Ne nous abandonne pas. Certaines rumeurs les disaient trop liés au-delà du raisonnable. Luna n'était pas d'accord avec ces dernières. Parce que Ginny et elle, elles savaient qu'elles ne seraient plus vraiment pareilles sans lui. Elle a envie de lui dire des tonnes de choses, Luna. Reste. Pars. Parle. Tais-toi. Déteste. Aime. Ne fais pas un pas en avant pour en refaire trois en arrière juste derrière. Mais elle choisit finalement de se taire.
Luna revoit leur première rencontre, leurs balades sur le domaine de Poudlard. Les entraînements de l'AD et ceux de Quidditch de Ginny Leur soutien avant et après son enfermement à Malfoy's Manor, la première fois. Elle voyait leurs moments, leurs fuites, leurs défauts. Elles voyaient leurs blessures autant qu'elle se dépeignait leurs forces. Il devait venir. Ce ne serait pas eux s'il ne venait pas. Un mouvement et Luna accole sa tempe à celle de la rousse pour fixer Neville. Viens. Elle espérait que le nouveau sang lycan ne les empêcherait pas d'être de nouveau eux à l'avenir. Elle regarde le plafond avec intensité, imaginant sans doute les portraits qui devaient sans doute encore orner celui de sa chambre, à Loutry. « C'est bizarre, quand même. J'étais persuadée que Neville ne serait pas le parrain de tes enfants mais... Enfin, tu vois. Je suppose qu'être enceinte ressemble à ce que pourrait provoquer les Joncheruines sur moi. » Elle devrait sans doute le modifier, plus tard.
‹ baguette : bois d'if, crin de licorne, 28 centimètres 8, souple et rapide, inadaptée mais j'ai la flemme de la changer.
‹ gallions (ʛ) : 3812
‹ réputation : la guerre m'a endurci et changé, que je suis devenu assoiffé de sang et parfois incontrôlable, les longues années de conflit ayant brisé le garçon maladroit et parfois simplet que j'ai été.
‹ particularité : un semi-loup depuis septembre 2003.
‹ faits : je suis très différent du garçon que j'ai été à Poudlard, forgé par des années de guerre, de meurtres et de missions suicidaires. Je suis trop en colère, trop extrême, je n'ai plus rien du garçon timide que j'étais avant même si les blessure d'antan demeurent. La fin de la guerre m'a laissé détruit, et je me suis plongé dans les excès, surtout l'alcool, jusqu'à la naissance de mon neveu James, le fils de Ginny et d'Harry. J'essaie de joindre les deux bouts.
‹ résidence : dans la maison familiale à Blackpool, Angleterre, avec Ginny et son fils James.
‹ patronus : très difficile pour moi à invoquer, mais il a pris la forme d'un lama, une fois.
‹ épouvantard : alternativement le professeur Snape et les cadavres des gens à qui je tiens le plus: ma grand-mère, Luna, Ginny, Hannah, etc.
‹ risèd : une vie heureuse et ennuyante.
En plus de voir la différence — le sang sur les draps, la transpiration qui perle sur son front, sa mine fatiguée et douloureuse et lasse —, Neville sent que quelque chose ne va pas chez Ginny. Il le sent d'une manière irrationnelle et inhumaine, il le sent parce qu'il n'est plus humain maintenant. Parce qu'elle est comme lui, plus tout à fait humaine, plus tout à fait entière. Parce qu'il sent la Louve, même si elle n'est pas encore tout à fait réveillée et complète, il sent une Meute différente de la sienne... mais que veut dire Meute? Ce sont des mots — non, des sentiments et des émotions — qui lui sont complètement étrangers et aliens et à la fois... qui font douloureusement du sens. Neville sait qu'il y a quelque chose qui se dresse entre Ginny et lui, quelque chose qui ne vient pas d'eux... mais de leurs Créateurs et ça lui fait mal parce qu'elle reste, tout simplement, Ginny. Ginny, sa meilleure amie.
Ginny qui se trouve juste là, dans son lit, et il n'aurait qu'à s'approcher de deux enjambées pour la prendre férocement dans ses bras, pour leur rappeler à tous les deux qu'ils sont en vie, en vie, ils saignent et ils souffrent mais ils sont en vie, et il y a Luna aussi, ils sont tous les trois en vie après tout, malgré tout, pendant la guerre, pendant la mort, en vie. Mais non, il reste immobile et silencieux, presque sentencieux, une main toujours posée sur la poignée de la porte, prêt à l'abaisser d'un mouvement brusque pour disparaître derrière. “ Tu peux approcher, idiot, je ne mords pas, ” fait-elle après avoir haussé une épaule, sous le regard triste et plein d'excuses de Neville. Lui mieux que personne sait que ça ne va pas. Rien n'ira plus jamais, rien, rien, et tout ça, c'est de sa faute.
“ Luna veut rentrer à Poudlard aussi. Tu pourrais l'attendre, non ? — Hm- je- euh-, oui, bien sûr... ” marmonne-t-il, se tendant légèrement en baissant les yeux, se rendant compte qu'il est resté toujours aussi fermement immobile même quand elle lui a proposé de se rapprocher. Oui, définitivement, il y a quelque chose qui l'en empêche, une odeur ou un sentiment... tout l'appelle, tout le tourmente: il aimerait sortir, aller à l'origine du Lien qui s'est tissé entre lui et son Créateur... Mais il ne peut pas abandonner Ginny. “ Je n'aime pas l'idée que- je veux dire, après tout ça, peut-être qu'il vaut mieux éviter de trop se déplacer seuls... — T-T'as sans doute raison... ” Toujours il marmonne dans sa barbe inexistante, les yeux vissés au sol, les phalanges blanches à force de serrer la poignée de la porte et les autres doigts crispés autour de l'oreiller catapulté. Il parle moins à elle qu'à lui-même, commentant par mécanisme plus que par sincérité... parce qu'autant dire que Ginny prudente, on aura tout vu... et peut-être ne parle-t-elle qu'à cause de la fièvre ou de la douleur. Lui-même sent une chaleur désagréable lui monter jusqu'au front, mais c'est sans doute que le malaise.
Et puis quelque chose change. Quelque chose qu'il n'aurait jamais remarqué avant... mais là ça lui parvient, comme une inquiétude ou un malaise. Il lève enfin les yeux vers Ginny, après avoir examiné le sol puis le visage de Luna, mais elle a baissé les siens. “ Et puis, j'aurai besoin de vous intacts. Puisque- puisqu'il me faudra nommer un parrain, c'est la tradition, et aussi une tante de cœur pour contrebalancer les oncles à profusion et éloigner les créatures néfastes. ” Neville fait un très étrange bruit de gorge, entre le gémissement et le grognement.
« Je m'en doutais, un peu. Tu sais que tu brilles dans le noir, depuis quelques temps? » ...Neville a plein de questions. De qui? Mais il trouve rapidement la réponse. D'accord. Évidemment. Depuis combien de temps? A-t-il vraiment envie de savoir? Pourquoi et comment mes deux meilleure amies sont-elles enceintes? Est-ce qu'elle veut le garder? Parrain? BRILLER DANS LE NOIR?
« She is just... she's glowing, Nev... Il y a quelque chose dans son aura qui scintille, comme les Ronflaks Cornus durant l'été! et elle... Elle... » Nouveau bruit de gorge indescriptible qui signifie, dans le langage de Neville, d'accord Luna, bien entendu sans la condescendance qu'on pourrait y déceler pourtant. Elles s'étreignent et Neville ne peut que les observer, crispé contre la porte, incapable de bouger ou de formuler intérieurement une pensée autre que what the hell, what the hell, what the hell. Il n'a pas sa place ici. Pas avec elle... il peut à peine les protéger elle, ou encore lui-même, alors comment s'occuper d'un enfant? Un ENFANT. Ginny va avoir un ENFANT tout comme LUNA... la situation semble juste complètement irréaliste. « Les Nargoles et les Vampires des Carpates n'auront qu'à bien se tenir. Je ne laisserais jamais rien lui arriver, Gin. Je te le promets. » Nouveau bruit de gorge. « Neville Longbottom, en entendant son nom proféré ainsi par Luna, Neville trébuche sur lui-même quand bien même il se tenait rigoureusement immobile jusque là. Il rattrape le coussin au dernier moment, se concentrant confusément sur les paroles de la blonde: je le jure sur Merlin, Morgane et Gryffondor: si tu ne viens pas ici tout de suite, ce n'est pas un coussin que tu recevras la prochaine fois... » Elle va lui envoyer quoi à la tête? Un bébé?
Mais ça le met quand même en marche, Neville. C'est comme si ça détruisait le malheureux Lien avec son Créateur, parce que Neville, il s'en fout de son Créateur, il s'en fout d'être semi-loup, que Luna soit enceinte et que Ginny soit une louve-garou enceinte, lui il veut juste ses deux meilleures amies et, un peu malgré lui, alors qu'il s'avance d'un air hésitant, il sent les larmes lui monter aux yeux. Autant pour le fier Belliqueux qu'il a prétendu être pendant de longs mois... « C'est bizarre, quand même. J'étais persuadée que Neville ne serait pas le parrain de tes enfants mais... Enfin, tu vois. Je suppose qu'être enceinte ressemble à ce que pourrait provoquer les Joncheruines sur moi. » Pas le parrain mais... mais quoi? Il trébuche à nouveau, en marchant cette fois, et se rattrape seulement au pied du lit, après avoir envoyé sur les genoux de Luna l'oreille qu'il a jusque là gardé contre lui comme une armure. “ Je suis tellement, tellement désolé, ” marmonne-t-il en se laissant tomber sur le lit, qui n'a pas vraiment la taille parfaite pour une femme très enceinte, une femme blessée un peu enceinte et un garçon qui a grandi trop vite et possède désormais l'ossature d'un géant; il trouve toutefois un peu d'espace entre Luna et le rebord, la laissant entre lui et Ginny, roulant sur le flanc pour laisser un peu plus d'espace à son ventre et la vie qui y grandit. Il a toujours des larmes aux yeux. C'est pas des larmes tristes, ou heureuses, c'est même pas des vraies larmes; c'est juste ses yeux qui s'en remplissent, à cause de la fatigue, l'émotion et le reste. Il passe un bras autour du corps de Luna, délicatement, son ventre trouvant le creux de son coude et le bout de ses doigts effleurant le bras de Ginny, timidement. “ JPP, marmonne-t-il en enfouissant son nez contre l'épaule de Luna pour pas qu'elles puissent voir ses yeux humides. Je n'en peux plus de vous. Je suis complètement... ” Il ne sait pas ce qu'il est complètement. Il est un peu triste, il est beaucoup fatigué, il est moyennement en train de souffrir de ses plaies à peine refermées, il est très anxieux, il a légèrement peur et ainsi de suite. Neville n'a jamais été quelqu'un d'entier et complet.
“ Je suis tellement, tellement désolé, répète-t-il dans un murmure. On a assez souffert. On ne mérite pas ça... ” Il parle de la morsure et de la griffure, bien évidemment, et du reste... mais se rend seulement compte que Ginny pourrait mal l'interpréter après avoir parlé, se redressant brusquement pour la regarder par-dessus de Luna, l'air nerveux. “ Je veux dire pour- pour la nuit- je... Ses doigts se tendent, effleurent par-delà le bras de Ginny, le ventre, très légèrement... timidement, surtout. Promis, je ferai mieux, je serai mieux... plus fort, et je ferai tout, promis, je ferai tout correctement... je suis tellement désolé, ” marmonne-t-il toujours, revoyant les loups surgir d'entre les buissons, se rappelant avec un frémissement du regard grave de Douglas, des oeillades incertaines de Buckley lorsqu'il lui expliquait que Ginny était dans un entredeux, et de l'angoisse, l'angoisse terrible hantant cette maison... “ On s'est rencontrés il y a un peu plus de dix ans, dit-il brusquement, une pensée qui l'a effleurée plusieurs fois ces derniers mois. Regardez où on en est aujourd'hui... qui aurait pu savoir. ” Certainement pas lui, en tout cas. Il geindrait presque, parce qu'il est heureux, vraiment heureux d'avoir trouvé Luna, que Luna ait connu l'amour et Ginny aussi, qu'ils aient tellement, tellement ri mais aussi... ils ont aussi tellement souffert. Et Neville sait bien que la vie est une succession de mauvaises choses et de bonnes choses et qu'elles ne s'annulent pas... mais parfois, il a vraiment l'impression qu'il y a trop de mauvaises choses dans ce monde. Il sait que c'est impossible, mais il aimerait remonter dans le temps. “ Peut-être que je peux rester ici un peu plus longtemps, ” marmonne-t-il en retournant enfouir son nez contre l'épaule de Luna, timide.
#friendship: smthg than can survive the test of time and remain unconditional
Ils sont tous bourrés de cicatrices. De stigmates qui creusent l'âme et qui déciment les cœurs, tentant d'élargir entre eux un fossé que Ginny abhorre. C'est ce contre quoi elle se braque, ce qui a réduit à néant tous les discours muets qu'elle a pu ruminer et les formulations qu'elle a si longuement répétées, au profit d'une révélation lâchée sans grâce entre un envol de coussin et une porte entrouverte sur une tentative de fuite. Élan d'impulsivité, besoin de créer un nouveau lien, quelque chose, quoi que ce soit qui puisse les rattacher les uns aux autres alors même que rien ne sera plus tout à fait comme avant. Quelque chose de neuf et de stable et de puissant, mais...
Ce sont les réactions qui le lui ont rappelé — irréprochables et terribles à la fois. Elle attend un enfant et ça n'a rien de stable et de certain. Étrangement, vocaliser cette réalité à l'attention de ses amis ne lui cause aucune... euphorie. Les parois du pessimisme tout neuf que son esprit construit et consolide pour cette occasion particulière sont toujours bien en place. A quoi s'attendait-elle ? A ce que leur approbation l'aide à accepter elle-même, probablement. Je m'en doutais, un peu. Venant de Luna le constat n'est pas surprenant. Ginny est un peu amère, elle, de ne pas avoir su. Un peu amère de n'avoir pu le faire disparaître de par la seule force de son déni. L'absence de sa mère a rarement été aussi mordante qu'à cet instant, mais l'étreinte de Luna étouffe les griefs ravivés contre ce monde qui se disloque, les erreurs commises, la perte d'Harry survenue bien trop tôt. Les Nargoles et les Vampires des Carpates n'auront qu'à bien se tenir. Je ne laisserais jamais rien lui arriver, Gin. Je te le promets. Elle force un sourire qui s'avère plus grimaçant qu'amusé et qui retombe aussitôt. Ouais, enfin, si ça nait, déjà, lâche-t-elle avec un haussement d'épaules désabusé. ça. Oups. Je veux dire- il ou... elle, se rattrape-t-elle. Elle a encore du mal à assimiler, à se faire à l'idée... Mais surtout, comment leur avouer que le danger lui semble moins extérieur qu'intestin ? Qu'elle est le danger ? Pourrie de l'intérieur, rongée tant par la haine que par une malédiction qui lentement se propage de son sang contaminé à cet être innocent qu'elle n'aurait jamais dû porter. Le front de Lou s'aligne contre le sien et Ginny s'oblige à ne pas bouger au départ, mais se déplace ensuite, ne gardant que leurs mains liées et masquant aussi subtilement que possible son malaise. La louve tapie en elle gronde sourdement, alerte, toujours curieuse des nouvelles senteurs qui se présentent mais agacée de les sentir très humaines. Il y a des idées qui surgissent dans les pensées de Ginny, abruptement, comme des engueulades intérieure — des (PACTE AVEC DES PROIES) lorsque les contacts avec des humains se prolongent trop à son goût. Elle a si hâte que cette chose se loge profondément en elle et disparaisse les trois-quarts du temps. Elle en a tellement assez de ces premières semaines de cohabitation et du monstre qu'elle sent disparaître puis se manifester sans crier gare tandis que son corps s'y accoutume. Imposant ses avis, ses envies. Elle voudrait l'enterrer l'enterrer l'enterrer très loin au plus profond d'elle-même jusqu'à l'oublier tout à fait, mais le Mal est en elle et ronge ses chairs d'une façon dont rien ne pourra la délivrer. Les lèvres de la rouquine s'ourlent en une moue déterminée et butée lorsque Luna assène Neville Longbottom, je le jure sur Merlin, Morgane et Gryffondor: si tu ne viens pas ici tout de suite, ce n'est pas un coussin que tu recevras la prochaine fois... — alors elle écarte un bras pour inviter à son tour la grande masse qu'est devenu le petit Neville qui lui marchait sur les pied au bal, du temps de Poudlard. Et c'est quand il approche qu'elle se rend compte. Elle visualise presque les oreilles de sa louve qui se dressent d'intérêt — vision brève, flash de réalisation. Neville sent beaucoup les émotions, mais il sent aussi bien d'autres choses. La force animale incontrôlée logée sous l'épiderme, le sang gommé par l'eau mais incrusté dans les pores, il couve un monstre comme elle, ténu, bâillonné, partiel, mais fragrances lupines quand même. Ce constat là accommode l'humaine et sa créature, les réconcilie, et enfin elles sourient en symbiose. Ginevra s'apaise instinctivement à mesure qu'il approche, soulagée comme quand Rohan, June et les autres campent à ses côtés. C'est bizarre, quand même. J'étais persuadée que Neville ne serait pas le parrain de tes enfants mais... Enfin, tu vois. Je suppose qu'être enceinte ressemble à ce que pourrait provoquer les Joncheruines sur moi. Neville se rétame au pied du lit et Ginny esquisse un sourire fatigué, mais plus vrai que les précédents. Envoie à Luna un coup de coude amical, dans le bras, s'assurant de ne pas atteindre son ventre rebondi dans le mouvement. Et quoi d'autre, le père ? qu'elle raille en levant les yeux au ciel. Quelle drôle d'idée, Neville a toujours eu un faible pour Lou — et puis il y a eu Hannah Abbott, à en croire les rumeurs. Toutes deux blondes et empruntes de douceur, un peu éthérées, un peu tout ce que Ginny n'est pas avec sa fougue et sa nature plus brusque que tendre.
Elle, en tout cas, a toujours su qu'elle voulait porter les enfants d'Harry. Un jour. Lointain. Pas à 22 ans à peine, pas sans bague au doigt, sans domicile fixe ni métier ; pas lycanthrope à deux mornilles, pas en pleine guerre, pas avec Harry mort mort mort et tellement mort même si Luna prétendait le contraire quelques heures plus tôt. Une douleur sourde cogne à ses tempes ; en résulte un regard exaspéré quand Neville balance Je suis tellement, tellement désolé, en échouant auprès d'elles. Elle se rallonge à moitié, juste un peu surélevée sur le coude gauche, et loge son bras droit en travers de Luna pour fourrager mollement les boucles défaites surmontant l'air hagard de son vieil ami, dont les épaules basses semblent porter toutes les peines du monde. Le contact qu'il lui retourne est si timide et emprunté que ses doigts à elle migrent sur sa joue pour la pincer. Elle a toujours été si maladroite avec les étreintes groupées. Plus accoutumée aux contacts taquins, à la fois affectueux et vaches. Incapable de rester bien longtemps calée dans plusieurs paires de bras sans finir par chatouiller sauvagement les moindres côtes à sa portée pour s'extirper de là en riant aux éclats. Mais elle n'a pas la tête à rire, cette fois, et s'efforce de s'imprégner de leur présence, consciente qu'elle les regrettera aussitôt qu'ils auront quitté Storm's End en emportant leur chaleur avec eux. Je suis tellement, tellement désolé, reprend-il, tout embourbé dans sa culpabilité ; Ginny plisse le nez. Les remords, ça empeste. ça la soûle. Elle n'aime pas. ça lui rappelle Harry, angsty et rongé de l'intérieur et refusant de se laisser approcher. ça lui rappelle de mauvais moment, et c'est d'autant plus inconfortable lorsqu'elle songe à Neville agonisant au sol à cause d'elle, à Neville blessé par sa faute. Le voir se répandre en excuses après tout ça la rend malade. On a assez souffert. On ne mérite pas ça... Quelques jours plus tôt, elle se serait roulée en pls dans un coin du lit et aurait dégueulé toutes les larmes de son corps en se faisant la même réflexion. Une part d'elle le pense, le fait, geint muettement en soufflant que oui, oui, c'est trop, trop lourd, beaucoup trop, qu'ils n'ont jamais demandé tout ça. Mais peut-être est-ce la force qu'elle puise en eux, à moins qu'avancer pas à pas vers le rétablissement l'anime d'une force nouvelle, naissante ; ou peut-être qu'elle a simplement épuisé ces derniers jours ses larmes pour toute une vie, elle qui déteste en verser — toujours est-il que ses traits restent stoïques et que son index poke rapidement la pommette saillante de Neville, une deux trois quatre fois l'air de dire hush. Elle renifle légèrement, affichant un air désapprobateur surjoué. Si ton ou ta filleul-e entend ça... Mais il n'a pas encore dit oui. Luna a parlé aussitôt et formulé des promesses, mais pas lui. C'est un choix lourd qu'elle lui impose cela dit, mine de rien, et heureusement les liens magiques ne se tissent qu'une fois l'enfant né (ouais, enfin, si ça naît, raille encore une voix dans sa tête) ; elle a du mal à se projeter, mais ne peut qu'espérer que d'ici là la guerre aura été conclue et qu'il n'aura jamais à penser à donner sa vie au nom desdits liens. Promis, je ferai mieux, je serai mieux... plus fort, et je ferai tout, promis, je ferai tout correctement... je suis tellement désolé. Ah ouais ? Mais moi j'veux pas d'un Neville hypothétique et différent et plus vas-savoir-quoi, elle rétorque en le toisant de son regard las mais ferme. Sois juste... juste toi-même, s'il te plait. Les derniers mots sont presque murmurés ; elle s'éclaircit précautionneusement la gorge, un peu enrouée par l'émotion. Maladroit, raisonnable, courageux et férocement loyal, ou quelque chose de cette trempe. Elle n'a aucune autre exigence. Comme on t'a connu et appréciék, ajoute-t-elle tacitement. Mais comme souvent lorsqu'elle tente de l'assurer de sa propre valeur, ses mots tombent dans l'oreille d'un sourd. Il secoue juste légèrement la tête, l'air de dire mouais, c'est ça, pas convaincu pour un sou, et Ginny échange avec Luna un regard dépité. On s'est rencontrés il y a un peu plus de dix ans. Regardez où on en est aujourd'hui... qui aurait pu savoir. Oh. Pas elle, en tout cas. Elle hoche lentement la tête, renvoyée à ses pensées de tout à l'heure. Son coude en faiblit — elle se rallonge prudemment, sur le dos cette fois. ça tiraille, mais c'est supportable. Je pensais qu'à ce stade, je s'rais déjà titulaire chez les Harpies. Le Quidditch, son plus profond désir, son évidence devenue si inaccessible avec le temps. C'est... déprimant. Et vous ? Elle est curieuse, soudain, de découvrir leurs rêves d'avenir. Ce à quoi ils aspiraient avant que la guerre ne dégomme tout, eux y compris. Elle fixe le plafond comme elle l'a fait si souvent ces derniers jours, immobile tandis qu'ils répondent tour à tour, à se demander pourquoi. Pourquoi ils n'ont pas eu droit à tout ça, après que leurs parents et tant d'autres aient donné de leurs forces et parfois leurs vies mêmes ou leur sanité d'esprit pour offrir à leur génération un monde meilleur. Pourquoi cette seconde guerre, pourquoi Voldemort à nouveau, pourquoi pourquoi pourquoi. Le mal de tête tambourine encore et encore aux parois de son crâne et elle pose une paume sur ses yeux, oscillant désagréablement entre désespoir et fureur. Il n'est pas trop tard hein ? demande-t-elle finalement mue par le besoin de s'entendre dire que tout n'est pas terminé. On peut encore- on peut encore avoir tout ça. Cette fois il y a plus d'assurance dans sa voix. Son autre main, étendue à son côté, enserre le drap propre dont l'odeur de lessive disparait déjà, s'imprégnant de leurs parfums respectifs qui s'entremêlent. On peut encore se raccrocher à ça, il faut juste- il suffit juste de mettre une raclée aux mangemorts. Juste ça. En prétendant que sa voix ne se brise pas, qu'une part d'elle n'est plus certaine que ce soit possible depuis qu'Harry l'a abandonnée, en prétendant que les murs du pessimisme qui l'emprisonnent désormais ne se resserrent pas autour d'elle en lui soufflant qu'ils ne s'en sortiront jamais. En prétendant qu'elle ne se sent pas vide, vide et tellement en colère souvent, tout le temps. Et soudain- soudain elle se dit que peut-être, peut-être qu'ils méritent qu'elle use de sa nouvelle condition pour les fracasser. Que peut-être, quitte à devenir un monstre, elle devrait se faire les griffes et les crocs sur leurs gorges à eux, à tous ces mangemorts, mais pas pour les laisser vivre, non, juste pour tous les saigner, leur faire payer tout ça. Quelque part à l'arrière de ses pensées, la louve approuve la perspective avec délice.
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10433
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
« Ouais, enfin, si ça nait, déjà », Luna ne relève pas les propos de Ginny, continue de l'écouter, de parler à son tour, de faire comme si elle n'avait rien entendu. Pourtant, la remarque ne tombe pas dans l'oreille d'une sourde, ni même dans l'Oubli: la blonde la range soigneusement dans son esprit, dans sa mémoire, pour pouvoir la décortiquer plus tard. Elle se fait même la réflexion que ces quelques mots ne pas plus étranges qu'abominables: cette pensée l'a bel et bien accompagnée lors de son trajet de retour pour Poudlard, lorsqu'elle a quitté Draco pour rejoindre les haute-murailles de l'école sorcière. Luna ignore autant la maladresse de Neville que le coup de coude de Ginny. « Et quoi d'autre, le père ? » Haussant mollement des épaules, Luna s'illumine, ses traits adoucis par une sorte d'évidence sage. « Par les reliques des Peverell, Gin': il n'est pas assez vieux pour être son grand-père! D'une voix profonde et sereine, se permettant même de lever les yeux au ciel, elle termine: Bien sûr que je pensais qu'il devait être le père! » Sans rien ajouter de plus, Luna s'étale de tout son long contre la matrice du lit, posant seulement sa tête contre la tête de lit, malgré les oreillers manquants. Elle remarque que Neville tient toujours celui qu'elle lui a lancé à la tête: sans s'expliquer pourquoi, ça la fait doucement sourire. L'angle improbable dans lequel est maintenue sa nuque restera bien plus inconfortable qu'il n'y parait de longues minutes. Ses muscles vont jusqu'à lui demander grâce, à un moment, mais elle s'en fiche: Luna est résolument concentrée sur ces bras qui se font et se défont, tendres, par-dessus son ventre proéminent. Elle ne demande jamais qu'on fasse plus que nécessaire attention à elle mais les gestes de ses deux meilleurs amis l'attendrissent au-delà de l'entendement. Sûrement les Joncheruines, pense-t-elle: elle n'a habituellement pas envie de pleurer de joie devant ce genre de situations aussi banales. Elle gigote un peu, s'immobilise enfin, complètement insensible aux récriminations diverses et variées de son corps, juste apaisée de savoir que les trois adultes qu'ils sont devenus parviennent encore à partager un si petit espace. Et puis finalement, son attention est happée par la rousse. Plus rien ne compte hormis elle et sa gestuelle, à cet instant. Si Luna a appris à déchiffrer quasi-entièrement Ginny avec le temps, elle se trouve désormais dans une impasse. Force est de constater que le temps, la guerre, la condition rebut et la morsure, ont indubitablement changé son regard et atténué la compréhension de Luna face au langage corporel de sa meilleure amie. Elle ne parvient plus à la déchiffrer comme avant, la traduction bloquée dans une myriade de possibilités nouvelles. Ce fait est inédit, décrète-t-elle subitement, et étrange: la blonde commence seulement à discerner les différences entre cette Ginny-ci et celle d'avant. Ce qui est le pire, c'est qu'elle déteste ça. Et cette logique qui l'ennuie profondément - Ginny est Ginny, se fustige-t-elle ensuite, tout comme hier, aujourd'hui et demain! Malgré la récrimination intérieure, Luna sait qu'elle ne peut pas ignorer l'inévitable : la morsure a bel et bien changé son amie d'enfance. Elle se demande même combien de temps il lui faudra pour retrouver l'équilibre qui les avait toujours liées, avant.
Le regard de l'ancienne Gryffondor reste gravé sur ses rétines de nombreuses secondes. Il est sans équivoque, malgré tout: il lui rappelle les railleries passées, les rires sans fin, la confiance mais aussi le doute. Je ne suis pas comme toi est la seule chose que Luna parvient a démêler pour le moment. Ça la chagrine, bien sur, parce qu'au bout de quelques secondes, elle pense comprendre ce que Ginny a bien pu lui dire. L'explication n'a jamais franchi la barrière de ses lèvres. Ni même celle de sa logique. Ce qui lie Luna à Neville se passe de mots, comme toutes ses autres amitiés: aucune d'entre elles ne possède de limites, ni sociales, ni morales ; elles sont toujours profondes, pures et indescriptibles. Elle comprend seulement depuis quelques semaines les regards en biais qu'on lui jette dès lors qu'elle se trouve en compagnie de ses plus proches amis. De Neville, notamment. Elle imagine parfaitement, désormais, les univers alternatifs et les réalités possibles qui se font derrière les regards des autres. Ça la fait vaguement sourire. Parce qu'il n'y a qu'une seule chose dont elle est certaine à présent: c'est un sorcier aux yeux bleus qu'elle aime véritablement. Non, lui, Neville, elle l'a toujours imaginé heureux au bras d'une personne au visage indiscernable, malgré les années passées en sa compagnie. Pas le sien, donc. Depuis longtemps, et forte de ses observations, Luna est persuadée que cette vision floue sera toujours la bonne. « Oubliez. Rappelez-vous: je suis enceinte. Je vois encore plus de choses... bizarres », le ton, s'il est joyeux, clôt le sujet. Si elle comprend mieux le monde extérieur aujourd'hui, elle n'est toujours pas décidée à faire étalage de ses théories personnelles aussi facilement. Jamais elle n'a essayé de se convaincre de quoique ce soit, après tout, pas plus qu'elle ne tente d'expliquer sa vision du monde aux autres. Ces impressions sont naturelles. Et exemptes de toute logique, donc.
L'ancienne Serdaigle a suivi d'une oreille distraite les excuses qui s'en sont suivis, le regard toujours accaparé par cette paire de bras dépareillée qui lui enserre le ventre. Cette vision la fait sourire. Peu importe le temps que ça mettrait pour les comprendre entièrement de nouveau, ils restent ses meilleures amis. Elle ne doit pas s'inquiéter du quand, ni du comment: ils étaient, sont et seraient toujours là, avec elle. C'est vraiment tout ce qui importe pour elle. « Promis, je ferai mieux, je serai mieux... plus fort, et je ferai tout, promis, je ferai tout correctement... je suis tellement désolé. » Luna se contente de lui prendre la main, pour le rassurer, et le remercier aussi qu'il accepte de l'attendre avant de repartir à Poudlard. « Ah ouais ? Mais moi j'veux pas d'un Neville hypothétique et différent et plus vas-savoir-quoi. Sois juste... juste toi-même, s'il te plait... Maladroit, raisonnable, courageux et férocement loyal, ou quelque chose de cette trempe. » Si le sourire de Luna ne bouge pas, son regard se perd, se fait rêveur, se fixe ailleurs. Les propos de Nev' l'inquiètent un peu et quand elle détourne la tête pour le regarder, elle grimace en sentant sa nuque craquer dans le mouvement. Le retournant vers Gin' tant pour soulager son articulation que pour répondre au poids du regard qu'elle lui adresse: la rousse a le même sentiment dubitatif et impuissant qu'elle ressent elle-même. C'est devenu douloureux, avec le temps et l'amitié grandissante, pour elles de voir Neville aussi peu sûr de lui. « On s'est rencontrés il y a un peu plus de dix ans. Regardez où on en est aujourd'hui... qui aurait pu savoir. — Je pensais qu'à ce stade, je s'rais déjà titulaire chez les Harpies. C'est... déprimant. Et vous ? » Luna se pince les lèvres, se plonge dans une nouvelle réflexion profonde.
Elle effleure la peau de Neville et aussi celle de Ginny du bout des doigts en allant déposer ses mains sur son ventre, pour étreindre la courbe de caresses tendres. « Je me voyais faire du camping, moi » lâche-t-elle au bout de quelques secondes, un rire désemparé emplissant la pièce, incontrôlable, une fois la remarque lâchée. « Je pense que mon vœu a été exaucé même si je suis certaine de ne pas l'avoir formulé comme... ça ; la fuite, le statut de hors-la-loi, être toujours effrayée comme une proie qu'on ne s'arrête jamais de traquer. Je ne sais pas ce que j'aurais voulu faire », décide-t-elle finalement de répondre. Et c'est vrai. Elle n'a jamais eu le temps de vraiment pensé à l'après, sa sixième année d'étude anéantie par les prémisses de la guerre. Dans un geste maîtrisé, elle délivre sa nuque de la tension douloureuse imposée pour s'allonger complètement dans le lit, par à-coups, faisant tressauter d'un nouveau rebond à chaque mouvement. Un soupir d'aise s'échappe de sa gorge lorsqu'elle trouve une nouvelle position dans le lit, salvatrice. « Mais je crois que je veux toujours parcourir le monde... et je veux vraiment trouver un Ronflak Cornu. » Luna se tait, se tourne vers Neville, et au regard flamboyant de Ginny s'ajoute son propre regard bleu, quasi-glacial mais toujours aussi... attentif et chaleureux pour ses amis, une fois parvenus à la comprendre.
Les secondes s'égrènent, la réponse de Neville allonge à la liste de Ginny de nouveaux souhaits... irréels. Non, pas irréels. Improbables. Ils ne seront plus les personnes qu'ils auraient aimé être, une fois que tout serait fini. Ils seraient changés. Ou morts. Luna n'est même plus certaine de croire aux Ronflaks Cornus, maintenant que son père n'est plus de ce monde. La blonde acquiesce pourtant vigoureusement, réussit même à imaginer ces futurs impossibles. Elle imagine une harpie entièrement créée par ses soins hurler par-dessus le vacarme d'une foule endiablée, sur le couvre-chef confectionné spécialement pour voir et encourager Ginny naviguant à des allures folles, au beau milieu d'un stade de Quidditch. La guerre reste en filigrané: elle détruit bien les gradins et les étendards des supporters dans une immense traînée de flammes dans cette vision dorée.
La voix de Ginny l'arrache brutalement à ses rêveries sombres: « Il n'est pas trop tard hein ? On peut encore- on peut encore avoir tout ça. On peut encore se raccrocher à ça, il faut juste- il suffit juste de mettre une raclée aux mangemorts. » Luna la fixe, dans la pénombre, une expression éberluée lui défigurant les traits. Puis défigurés par la surprise. Depuis quand, elle, Luna Lovegood, a-t-elle cessé d'espérer ainsi? Ses mains agrippent un peu plus le tissu de sa tenue de nuit, là où sa grossesse lui étire le plus la peau. En silence, Luna s'excuse auprès d'elle. Je n'abandonne pas. Je ne t'abandonne pas... « On peut, lâche-t-elle d'un ton d'abord balbutiant, puis certain. Et si moi, je ne peux plus faire tout ça, je... je veux que ma fille puisse avoir le droit à tout ça. » Luna veut faire tout ça, réaliser ses rêves, rendre possibles ses vœux... mais plus encore, elle veut que la vie qui s'agite en elle ait le droit à plus. Qu'elle prenne tous les droits, tous les espoirs, tous les rêves, et s'en fasse une armure. Luna veut que sa fille, mais aussi les générations futures, s'épanouissent loin de la guerre. Qu'ils aient le droit de vivre la vie qu'eux auraient dû avoir. Luna veut voir vivre leurs enfants pleinement. Elle ne veut jamais voir sa fille craindre le lendemain. Elle ne veut pas la voir grandir avec des monstres qui ne sont pas imaginaires, bel et bien humains. Elle ne veut pas non plus la voir grandir sans elle, sans Rolf. Sans le moindre parent. C'est bizarre, cette nouvelle force qui se distille alors en elle, qu'elle découvre, qu'elle investit, dans laquelle elle peut désormais puiser sans jamais ressentir le moindre remord. Luna sait désormais qu'elle est vraiment capable de tout pour elle. C'est effrayant... et tellement grisant. Elle a l'impression qu'elle sera toujours éternelle. Et qu'eux, les Maîtres, les Mangemorts, le Gouvernement, Voldemort, ne pourront jamais rien faire qui puisse entamer cette flamme qui vient de naître en elle.
Une larme perle le long de sa joue. Elle ne l'efface pas. C'est un nouveau serment qui vient de lui marquer la peau.
Luna ne cherche pas de réconfort en prenant la main de ses deux meilleurs amis. Elle est animée par une force dont l'origine reste inconnue, certainement autant pour eux que pour elle. Mais sa conviction nouvelle se fait puissante, inébranlable, marque ses traits, comme ceux de Ginny viennent d'être tatoués, lorsqu'elle annonce: « On va s'en sortir. Et vous savez quoi? Je ne pense pas que ce soit une question d'espoir, maintenant. L'espoir aide, j'en reste convaincue. Mais maintenant, j'en suis certaine: ce n'est plus qu'une question de temps. » Son silence est lourd, poignant: il est fertile de toutes les possibilités qui s'ouvrent à elle, à eux, au monde. L'air, du côté de Ginny, est bien trop vibrant pour ignorer qu'une nouvelle force l'anime aussi. Elle doit percevoir autant qu'elle cette nouvelle fenêtre qui s'ouvre à eux, même si elle doute que leurs raisons soient les mêmes. Elle sent un changement, Luna, né au beau milieu d'une terre inerte, immobilisée par des années de peur, de doutes et de privation. Elle se demande si elle est la seule à le ressentir, si Ginny l'a vraiment vu, si Neville le perçoit seulement. Elle se dit que peut-être, c'est quelque chose propre à elle qui lui fait ressentir ça, ou propre aux femmes enceintes. Mais dans quel cas, Ginny doit le savoir aussi, non? Ou alors ça n'atteint que les anciens rebuts ? Mais si Neville le ressent, ça les concerne tous. Ce sont les opprimés qui vont se soulever, bientôt. « Je ferais le tour du monde. Et s'il m'arrive quelque chose, pour de vrai et bien... Je sais que ma fille ne sera pas seule s'il arrive quelque chose. » Luna se tait, ferme les yeux quelques secondes. Je sais que je ferais tout pour elle. Comme je ferais tout pour vous deux. Ils n'ont plus aucune chance. Luna se déporte vers Ginny, entraîne Neville, qui a toujours le bras bloqué quelque part entre son estomac et son nombril, avec elle. Elle se fiche bien de cette nouvelle étreinte maladroite, de leurs craintes, et des nouveaux poids qui se sont accrochés à leurs âmes. D'une pression, sur l'avant-bras de Neville et sur la main de Ginny qui continue à serrer de toutes ses forces le drap, elle les étreint. Ils sont toujours les mêmes. Et elle veut toujours être la même pour eux, celle qui espère et qui n'abandonnera jamais.
« Quand tout sera fini... Ça vous dit de juste rien faire, quelques heures? De juste... profiter? De tout, de rien... de nous, ensembles? Elle veut juste respirer leur odeur, aspirer leurs paroles et leurs pensées, maintenant, lorsque tout serait fini, et toujours. Elle ne veut pas les perdre. Neville et Ginny. Rolf et elle. Tout le monde. Tout en Luna crie désormais que l'échec ne sera jamais plus une alternative possible. Elle a assez été morte comme ça, pour toute une vie. Ils ont assez été maudits, eux aussi. Elle n'accepterait plus jamais ce genre de finalité, la mort, la lycanthropie, l'oppression, pour les événements à venir. Juste vous deux et moi. Comme avant. J'aimerais pouvoir repeindre le plafond de ma chambre, modifier les visages juvéniles en quelque chose de plus adulte, de plus sage, de plus réaliste. Je veux ça; finit-elle en rouvrant les yeux sur le profil de Ginny, resserrant sa prise sur le bras de Neville; je nous veux vivants; et jamais plus les ombres qu'ils sont devenus; je veux mettre une raclée aux Mangemorts, retrouver ma maison, repeindre mon plafond et nous, vivants. Juste nous, vivants notre vie comme on l'entend ». L'un de ses bras lâche prise, elle le rabat sous sa tête pour s'en faire un oreiller, tandis que son autre main va pour entremêler ses doigts à ceux de Neville pour amener cette drôle de poignée contre la paume de Ginny. Elle ne le dit pas. Ils ne l'ont jamais dit. Mais ils ont toujours pu compter les uns sur les autres, juste eux trois, dans les temps les plus difficiles. Eux trois contre le monde.
Spoiler:
looooooooooool pour le mois de retard, on va dire ça comme ça
‹ baguette : bois d'if, crin de licorne, 28 centimètres 8, souple et rapide, inadaptée mais j'ai la flemme de la changer.
‹ gallions (ʛ) : 3812
‹ réputation : la guerre m'a endurci et changé, que je suis devenu assoiffé de sang et parfois incontrôlable, les longues années de conflit ayant brisé le garçon maladroit et parfois simplet que j'ai été.
‹ particularité : un semi-loup depuis septembre 2003.
‹ faits : je suis très différent du garçon que j'ai été à Poudlard, forgé par des années de guerre, de meurtres et de missions suicidaires. Je suis trop en colère, trop extrême, je n'ai plus rien du garçon timide que j'étais avant même si les blessure d'antan demeurent. La fin de la guerre m'a laissé détruit, et je me suis plongé dans les excès, surtout l'alcool, jusqu'à la naissance de mon neveu James, le fils de Ginny et d'Harry. J'essaie de joindre les deux bouts.
‹ résidence : dans la maison familiale à Blackpool, Angleterre, avec Ginny et son fils James.
‹ patronus : très difficile pour moi à invoquer, mais il a pris la forme d'un lama, une fois.
‹ épouvantard : alternativement le professeur Snape et les cadavres des gens à qui je tiens le plus: ma grand-mère, Luna, Ginny, Hannah, etc.
‹ risèd : une vie heureuse et ennuyante.
“ Et quoi d'autre, le père ? ” Hahaha, oui, et puis quoi d'autre encore, hein??? « Par les reliques des Peverell, Gin': il n'est pas assez vieux pour être son grand-père! Bien sûr que je pensais qu'il devait être le père! » Neville aurait presque envie de foudroyer Luna du regard; non pas qu'il porte ce genre d'affection pour Ginny, mais juste que ça le gêne atrocement parce que... c'est pas nouveau, pour elles deux, que Neville est une fleur bleue, n'est-ce pas? Et qu'invariablement, il est passé par le moment ingrat où Ginny était plus qu'une amie à ses yeux. En fait, toutes les filles de son entourage (et--) sont passées ce moment ingrat, dans le secret des yeux tendres de Neville. Il ne lui en faut pas beaucoup pour tomber amoureux Neville, il tombe amoureux comme on tombe d'une chaise: violemment, et avec surprise. Ginny, Luna, Emily, Hannah, Hermione, Angelina, Mafalda, à croire que jamais son coeur ne s'arrête de battre pour une jolie fille; mais c'est différent, maintenant. Ginny et Luna et Emily sont ses meilleures amies, et il n'est plus tout à fait amoureux d'Hannah et Hermione- et puis on s'en fout pourquoi il arrête pas de penser à ça, Luna ne faisait que rigoler avec son humour un peu nul bref. Mais voilà, peut-être qu'il est encore un peu amoureux d'elle, d'elles. Il n'y a pas d'autre explication pour ce qu'il ressent en cet instant précis, pour toute la tendresse, tout le temps, toute l'affection qu'il leur dévoue sans réfléchir, le fait qu'il pense sans arrêt à elles, d'une manière ou d'une autre, leur bonheur et leur sécurité et leur bien-être, et le fait aussi qu'il ne peut pas, et ne pourra plus jamais, envisager une vie sans elles. Et le fait que Ginny lui demande d'être le parrain de son fils ou de sa fille... c'est un peu comme une promesse. Qu'après la guerre, ils seront encore amis, qu'elles voudront encore de lui. Par les circonstances, ils sont devenus amis, alliés, un peu plus que ça. Et Neville a toujours eu peur qu'elles réalisent, après que tout ça soit fini... qu'elles n'avaient pas besoin de lui, pas envie de lui. Qui voudrait de lui? Il est maladroit et stupide, jamais assez fort ou résilient, il est courageux mais jamais au bon moment, il est lent à la détente et il est nul en Métamorphoses, il ne sait pas accepter la critique et il est mauvais joueur, il met trop de dentifrice sur sa brosse à dent et il ne supporte pas les orages et- “ Ah ouais ? Mais moi j'veux pas d'un Neville hypothétique et différent et plus vas-savoir-quoi. ” Mais c'est la seule manière qu'il a d'évoluer, de grandir: changer. Changer, encore et encore, tout comme le garçon grassouillet, mal dans sa peau et maladroit est devenu l'homme qu'il est aujourd'hui, celui qui ne sait plus vivre sans l'adrénaline dans ses veines et celui qui donnerait sa vie, parce qu'elle n'a aucune valeur, pour faire la fierté de ses parents. “ Sois juste... juste toi-même, s'il te plait. Maladroit, raisonnable, courageux et férocement loyal, ou quelque chose de cette trempe. ”
Même pas a-t-il un mouvement de surprise ou de réflexion: aussitôt il fronce du nez, fait non de la tête, détourne les yeux. Il garde les mots précieusement dans un coin de sa tête, cependant; il y repensera plus tard, dans le secret de sa solitude, les tournant et les retournant dans sa tête, se répétant: maladroit, non elle dit n'importe quoi, raisonnable, non elle a tort, courageux, non elle ne sait rien, férocement loyal, c'est faux c'est faux c'est faux ce n'est pas assez jusqu'à ce que les mots n'aient plus de saveur ou de sens. Il ne voit pas le regard de connivence de ses deux amies; à la place, il continue, parle du futur comme si il leur avait déjà été arraché. Il a l'impression de n'avoir jamais vraiment pensé à demain. Il a beaucoup pensé à après la guerre, la joie et les rires — mais ensuite? Dans cinq ans, dans dix ans? Que deviendra-t-il? “ Je pensais qu'à ce stade, je s'rais déjà titulaire chez les Harpies, fait Ginny, ce qui n'étonne pas Neville qui hoche sérieusement de la tête. C'est... déprimant. Et vous ? ” Mais ils ont le temps, non? Non? Non... Neville a l'impression que n'existent plus que la guerre et le sang et la douleur dans leurs vies. La pensée est effectivement déprimante. « Je me voyais faire du camping, moi. Neville grimace. Du camping, ils en ont fait du camping. Plus jamais il ne dormira dans une tente, après la guerre, décrète-t-il. Je pense que mon vœu a été exaucé même si je suis certaine de ne pas l'avoir formulé comme... ça. Je ne sais pas ce que j'aurais voulu faire. » Il bouge en même temps qu'elle tout en l'écoutant attentivement, lui laissant de la place pour s'allonger en jetant un regard en biais vers le ventre bien rebondi de sa meilleure amie. Clairement, aucune d'elles ne s'imaginait mère. Mère. Luna va être mère. Ginny va être mère. La pensée est complètement absurde, et il a encore son coeur qui bat trop vite dans sa poitrine, dans sa gorge; et comme un sourire sur les lèvres, parce que c'est comme un grain d'espoir, cette idée d'enfant, de futur, de demain. « Mais je crois que je veux toujours parcourir le monde... et je veux vraiment trouver un Ronflak Cornu. » Neville s'esclaffe un peu malgré lui; non pas par moquerie, plus parce que c'est quasi devenu un running gag à ses yeux, le Ronflak Cornu. “ Tu l'as vu, ton Ronflak Cornu, ” fait-il en désignant le ventre de Luna avec un sourire angélique, surtout quand elle tourne le regard vers lui.
Vers lui. Ginny aussi le regarde. Et lui? Neville se sent soudain très self-conscious; mais après tout, si il y a bien des gens à qui il peut confier ses rêves, c'est Luna et Ginny. “ Je voulais devenir Auror. ” Et les mots lui brûlent les lèvres. Il a détourné les yeux, roulant sur le dos, une fesse hors du matelas et le coude appuyé sur la table de nuit; mais la position n'est pas moins inconfortable que son être tout entier, alors qu'il sent le regard de ses deux meilleures amies le fixer... et le juger. Il observe le plafond. “ Je sais, je sais, rajoute-t-il précipitamment. Je serai jamais devenu Auror, j'aurais pas pu passer les examens d'entrée mais- mais j'aurais bien voulu pour-- ” Pour mes parents. Il pince des lèvres. “ Ma grand-mère m'a toujours dit que jamais ils prendraient un incapable comme moi de toutes façons. Il hausse les épaules. J'aimerais voyager, moi aussi. Il y a cet arbre, sequoia magisempervirens, qui existe quelque part en Californie. On connait son existence grâce à des oiseaux qui ont déjà déplacé de ses cônes mais personne ne l'a jamais trouvé, l'arbre, je veux dire. Moi j'aimerais bien être le premier à le trouver. Et après ça... je ne sais pas. ” Ce n'est pas un futur, chercher un arbre; mais c'est tout ce qu'il peut leur donner en cet instant précis. Neville ne sait pas si il refuse de s'autoriser à y penser, ou s'il n'a simplement pas la moindre idée de ce qu'il veut. Ou de ce qu'il est.
Mais il arrive à imaginer. Il essaie, en tout cas. Et pendant un instant, ça semble à portée de main — juste un instant. Si ils ont pas l'espoir, ils vaincront jamais. Neville sait ça. Alors pourquoi c'est si dur de se convaincre qu'ils vont gagner, vivre après tout ça? “ Il n'est pas trop tard hein ? On peut encore- on peut encore avoir tout ça. On peut encore se raccrocher à ça, il faut juste- il suffit juste de mettre une raclée aux mangemorts. ” Juste une raclée aux mangemorts. Un sourire cynique étire les lèvres de Neville. Sans Harry? Sans Harry... Des fois, il oublie. C'est stupide, mais des fois il oublie: Harry a toujours fait partie de sa vie, a-t-il l'impression. D'une manière ou d'une autre, il était là, le garçon à la cicatrice, celui qui était allé contre les ordres du professeur McGonagall pour récupérer son Rappeltout. Et se rappeler qu'il est parti... qu'il est mort... ça lui fait un coup au coeur à chaque fois. C'est comme se prendre un uppercut dans l'estomac et sentir tout air quitter ses poumons. C'est comme mourir un peu à chaque fois, aussi.
Rien ne semble possible, sans Harry. « On peut, dit pourtant Luna. Et si moi, je ne peux plus faire tout ça, je... je veux que ma fille puisse avoir le droit à tout ça. » Tout ça, tout ça, tout ça c'est quoi? Et comment? Neville a tellement, tellement de questions; il a envie de comprendre quelle force anime Luna, où elle trouve cette conviction qu'elle met dans sa voix. Depuis quand doute-t-il ainsi? Depuis quand arrête-t-il d'espérer? La sensation est nouvelle, et fait exploser un goût amer dans le fond de sa bouche. Ginny a failli mourir, Emily et Luna, et Hagrid, par sa faute. Ils ont tous failli mourir, et Ginny a été mordue, il a été griffé, mais Ginny a été mordue, c'est une louve-garou. UNE LOUVE-GAROU. Neville n'oubliera jamais la peur que lui inspiraient ces créatures quand il était petit, le dégoût circonspect d'Augusta lorsqu'elles les mentionnaient. Quelle vie ce sera pour elle, après la guerre? Et pour Luna, enceinte avant l'heure, avec son loser de Rolf? Ancienne morte-vivante, ancienne Rebut, juste le reflet de ce qu'elle a été un jour. Ils sont brisés au-delà de la réparation et l'espoir est un doux poison, mais Neville refuse, il refuse de se laisser avoir. Il ne baisse pas les bras... mais il ne sait plus pourquoi il se bat. Puis Luna parle. Toujours avec cette force et cette conviction qu'il leur envie à toutes les deux. Elle parle et Neville — comment a-t-il pu douter une seule seconde? se demande-t-il. Comment a-t-il pu penser qu'ils n'allaient pas s'en sortir, qu'il n'allait pas voir la fille de Luna grandir, qu'il n'allait pas protéger l'enfant de Ginny au péril de sa vie, qu'ils n'allaient pas rire et parcourir le monde et qu'elles allaient l'abandonner? C'est bizarre mais ça lui arrive souvent, de penser une chose puis le contraire l'instant suivant, de perdre espoir et d'oublier qu'il a une valeur puis de se réconforter dans les paroles rassurantes de ses amies. Luna improvise une autre étreinte et il se laisse faire avec un sourire, passant un bras autour d'elles et faisant de son mieux pour ne pas trop les écraser, regardant tour à tour Luna et Ginny sans que la risette qui étire ses lèvres ne le quitte. « Quand tout sera fini... Ça vous dit de juste rien faire, quelques heures? De juste... profiter? De tout, de rien... de nous, ensembles? — Quand tout sera fini, marmonne-t-il, je ferai la sieste pendant un milliard d'années. ” Il ne dort que d'un oeil, et jamais des nuits complètes: il y a toujours quelque chose à faire, des potions à préparer, des ingrédients à récolter, des missions auxquelles se porter volontaire et puis- et puis ils n'ont pas le temps de s'arrêter. Si ils s'arrêtent, ils meurent.
Neville ferme les yeux. Il n'a pas envie de mourir. Il n'a vraiment, vraiment pas envie de mourir. Il sent la moutarde lui monter au nez; quelque eau traîtresse se précipiter à la lisière de ses yeux; un frisson aux airs de sanglots l'agite, mais il reste silencieux et immobile, profitant de la simple présence de Ginny et Luna comme si il en avait besoin pour survivre. « Juste vous deux et moi. Comme avant. J'aimerais pouvoir repeindre le plafond de ma chambre. Je veux ça; je nous veux vivants; je veux mettre une raclée aux Mangemorts, retrouver ma maison, repeindre mon plafond et nous, vivants. Juste nous, vivants notre vie comme on l'entend. » Leurs doigts qui s'entremêlent; une promesse. Il revoit la lune pleine dans le ciel; les griffes s'enfonçant dans la chair, son corps tout entier qui brûle. Il rouvre les yeux et plonge son regard dans celui de Ginny. C'est une douleur qu'ils partagent à moitié. “ Il n'y a rien que je ne ferai pas pour vous, dit-il, le plus sincèrement du monde. Et pour... ” Il pince des lèvres, ses yeux se baissent d'eux-mêmes sur le ventre de Ginny. Son enfant à naître. “ Je ne suis pas le plus fort, ou le plus courageux, ou le plus... vous voyez... mais il n'y a rien que je ne ferai pas pour vous deux. Vous trois. Vous quatre. Il a un sourire un peu minable sur les lèvres. On retournera à la maison. Ou on en reconstruira d'autres. Je croyais qu'on se battait pour nos vies. ” Il détourne les yeux et défait leur étreinte maladroite pour se rallonger de son côté, gardant seulement leurs mains liées au centre. “ J'oublie qu'il y aura tellement de choses à faire, tellement de choses à construire et à reconstruire et- tout un futur, pas seulement pour nous, mais aussi pour... ” Pour leurs enfants. Il ferme les yeux. “ Je suis fatigué par avance, ” marmonne-t-il d'un ton ronchon, le sérieux de la situation tombant sur lui comme une mauvaise nouvelle. Neville est un soldat, pas un stratège; il n'a pas envie de penser au lendemain, découvre-t-il. Il veut juste savoir qu'il ne mourra pas jusqu'à ce que ce soit nécessaire.
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