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sujet; please don't say you love me (simanna #5)

WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5557
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
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If I lay here
If I just lay here
Would you lie with me
And just forget the world ?

may, 22nd

« Femme enceinte. Identité inconnue. 5 mois, 5 mois et demi de grossesse tout au plus. Plaie ouverte à l’abdomen. Traumatisme crânien. Nombreuses blessures superficielles à cause des débris. L’enfant est en détresse, il faut agir vite !Installez-la en traumato 4, essayez de trouver son identité. Enceinte, elle a dû être suivie ici. Avez-vous retrouvé sa baguette ?Je m’en occupe. – Appelez la gynécomagie, il me faut quelqu’un ! » Ses yeux étaient clos, son visage était éteint. Tout son corps appelait à l’abandon, elle avait laissé tomber, lâché prise. Qui était-elle pour que sa survie importe à quelqu’un ? Ils avaient tous fait d’elle la solitaire qu’elle était à présent. Personne n’était là pour la reconnaître. Personne n’était là pour donner son identité aux médecins. Personne pour leur dire qu’elle était allergique à l’extrait de Belladone. Personne pour prendre sa main et lui dire que tout allait bien se passer. Elle n’était pas consciente mais à quoi bon se battre pour l’être, lorsqu’elle savait pertinemment que personne ne l’attendait. « Tenez bon ! » Les guérisseurs s’afféraient autour d’elle comme si elle était importante, comme si elle était indispensable à cette terre mais ils ne savaient pas qui elle était, et lorsqu’ils sauraient, ils arrêteront d’eux-mêmes les soins. Elle était devenue de la vermine, un poison dans cette existence dictée par les lois du Magister ; mourir faciliterait les démarches du ministère, ils n’auraient plus à prouver qu’elle était une traître, et elle, n’avait plus à prouver son innocence. Ils gagneraient l’un comme l’autre. Alors que les ténèbres l’appelaient à nouveau, elle se sentait épuisée, comme aspirée de toute sa force vitale. Ses pensées n’étaient plus qu’une brume épaisse dans laquelle plus rien n’était discernable, ni les mots, ni les mouvements, ni les sentiments. Telle une sublimation, son corps s’évaporait dans une tortueuse obscurité.

may, 24th

« Miss Reagan, c’est à vous. » La future guérisseuse tenait entre ses mains le morceau de parchemin légèrement froissé par ses manipulations successives. Deux jours étaient passés depuis les événements de Ste Mangouste. Après l’effondrement du bâtiment, des dizaines voire des centaines de personnes étaient arrivées dans l’aile des urgences avec des blessures plus ou moins importantes. Après un tri drastique, certaines personnes avaient été soignées immédiatement, d’autres avaient été gardées en observation une nuit, alors que les derniers s’étaient vu attribuer une chambre dans un des services disponibles pour un séjour de plus longue durée. Anna faisait partie de ces derniers. Elle n’avait cependant pas rouvert les yeux depuis qu’on était venue la secourir et son état était très incertain … « Annabella Grimaldi. 33 ans. Arrivée avec un traumatisme crânien, une plaie ouverte à l’abdomen et de multiples blessures superficielles. Après avoir effectué les premiers soins et plusieurs réanimations, elle est maintenant stable. Toutefois, notons des séquelles dues à ses blessures, notamment une paralysie partielle des deux jambes et une forte intoxication aux gaz répandus lors de l’explosion. Afin de la traiter au mieux, nous l’avons placée sous coma artificiel et surveillons continuellement ses constantes. » Elle tendit le dossier au guérisseur titulaire et recula. « Quelles sont les nouvelles ? » La dénommée Reagan récita le résultat des derniers examens réalisés. « A ce jour, 24 mai, la régénérescence des tissus nerveux n’est que partielle. La dose d’intoxication est toujours critique mais aucune complication traumatique, ce qui est bon signe. » L’interne osa lever les yeux vers son supérieur et semblait chercher une approbation, mais rien. Il referma juste sèchement le dossier et le rendit à l’élève. « Merci. Poursuivez le traitement actuel et la surveillance. Tenez-moi informé toutes les heures de l’évolution de son état. Contactez la gynécomage responsable de son dossier pour s’occuper du fœtus. Il ne faut pas laisser tout ça traîner. Notre priorité est la patiente. » La jeune guérisseuse acquiesça et prit note des dernières directives. « Bien. » Alors que le titulaire avait déjà quitté la chambre, la jeune interne resta au pied du lit à observer la patiente. Comment pouvait-elle rester insensible face à la solitude que subissait cette jeune femme ? Cette Anna n’avait rien demandé et pourtant, elle était là, dans un état critique, avec un avenir incertain et désespérément seule. Depuis qu’elle était arrivée, personne n’était venu lui rendre visite. Qu’avait-elle fait de mal pour qu’on la laisse sans compagnie dans un moment aussi difficile que celui-ci ? Tally Reagan ne comprenait pas. Elle leva les yeux vers la pendule ; elle n’avait rien à faire avant sa prochaine intervention … Contournant le lit de sa patiente, elle approcha un siège, s’assit et attrapa la main pâle et froide d’Anna. Les guérisseurs ne devaient pas s’attacher affectivement à leurs patients, pourtant, quelque chose lui disait qu’Anna et elle se ressemblaient beaucoup et qu’elle lui devait bien ça. Personne ne devrait se battre seul pour survivre …

may, 26th

« Bonjour. Je voulais passer avant de partir. J’ai gardé un œil sur vous, et sur votre petite fille. Je ne veux pas vous inquiéter, mais elle ne va pas tellement mieux. On s’inquiète pour ses poumons, il se peut qu’elle ait une malformation pulmonaire, nous faisons notre possible pour l’aider. Pour l’instant elle s’accroche, alors accrochez-vous vous aussi, elle a besoin de vous. En restant dans votre ventre, elle est en sécurité. » L’interne se frotta les yeux, fatiguée par ses longues heures de garde. Pourtant, elle avait pris l’habitude de passer quelques minutes à parler à Anna, afin de la stimuler un peu et l’inciter à continuer à se battre. Qui aurait cru qu’une inconnue pourrait accorder plus d’importance à la survie d’Anna que sa propre famille ? Vérifiant une dernière fois les constantes d’Anna, elle jeta un coup d’œil à l’image holographique du fœtus et finit par quitter la chambre.

may, 29th

« JOYEUX ANNIVERSAIRE ANNA BANANA ! » Les paumes de main qui couvraient ses yeux cernés de fatigue appliquaient une douce chaleur contre son visage. Un sourire se dessina doucement sur ses lèvres et elle se retourna. « Je pensais que tu ne te réveillerais jamais à temps. Allez allez, la reine de la journée ne devrait pas avoir à se faire désirer, tous les yeux seront déjà tournés vers toi. » Sa tête s’agita de droite à gauche comme une enfant que l’on venait de contrarier ; mais il était impossible de la prendre au sérieux alors que ce rictus malicieux traînait au coin de ses lèvres. Assise au bord du lit, elle respira lentement, fixant le mur blanc qui se trouvait en face d’elle. « Je ne sais pas si j’ai envie d’y aller. Un anniversaire à Ste Mangouste, ce n’est pas forcément ce que j’ai toujours désiré. Je suis fatiguée. Le bébé me fatigue, je ne veux pas qu’il lui arrive encore quelque chose. C’est mon rôle de le protéger. » Ce toucher qui effleura son visage la fit frissonner. « Tu es une bonne mère, Anna, mais parfois il faut juste se contenter des petits bonheurs et profiter de ce que l’on a : la vie. » Elle plia devant l’insistance et la véracité de ses paroles. Elle ne devait pas se morfondre, arrêter de se rendre coupable de ce qui arriverait ou non à cet enfant. Elle avait fait ce qu’il fallait, et si la vie avait décidé de la mettre au défi, si la vie devait décider de l’avenir de ce bébé, alors elle ne pourrait rien y faire. Baissant les yeux, ses yeux se voilèrent de larmes. « Rejoins les autres, fais-les patienter. J’arrive. » La porte se referme délicatement et elle se retrouva seule, dans la chambre, avec ce sentiment profond d’inquiétude et d’incertitude. Ce n’est pas ce qu’elle cherchait la solitude, elle ne la désirait pas. Personne ne peut vraiment vivre seul. Mais parfois, lorsque les autres ne comprenaient pas sa douleur, ses réactions, ses paroles, les personnes qui l’entouraient arrivaient à lui donner l’impression d’être seule et incomprise … Alors elle se renfermait, alors elle fuyait sa vie, ses responsabilités, elle rejetait les autres, parce que la solitude faisait parfois moins mal que le jugement. Caressant tendrement son ventre, elle songea un instant à rester cloîtrer ici, afin d’éviter de se faire plaindre, afin d’éviter les regards emplis de pitié qui lui rappelaient sans cesse que son enfant était malade, qu’il ne survivrait peut-être pas. Elle se leva, attrapa sa blouse, remonta ses cheveux en queue de cheval et accrocha sa main à la poignée de la porte sans réussir à appuyer dessus. Son cœur battait beaucoup trop vite, beaucoup trop fort, elle suffoquait …


june, 5th

L’alarme de surveillance sifflait dans la chambre d’Anna et les infirmières débarquèrent immédiatement. « Elle est en détresse ! Appelez le guérisseur de garde et la gynécomage, il faut faire quelque chose sinon … » Le reste des mots fut avalé par l’alarme qui sonnait de plus en plus fort. « Il faut faire sortir le fœtus ! Si on veut la garder en vie il faut le faire sortir ! Et vite ! » Le guérisseur de garde venait d’arriver, il était jeune, sûrement nouveau, légèrement insouciant et obstiné, il n’arrivait pas à voir les choses dans leur globalité et à cet instant même, tout ce qui comptait à ses yeux était la survie d’Anna, peu importe ce que pourrait lui coûter cette décision sur la viabilité du fœtus. « Habillez-moi, nous allons le faire … » La gynécomage arriva en courant dans la chambre stérile mais il n’y avait plus rien à faire. Les jeux étaient faits.

june, 8th

« Reagan. » La guérisseuse stagiaire s’avança et serra le parchemin dans sa main sans l’ouvrir. Au fil des jours, le rapport n’était devenu d’une formalité, parce que l’interne savait tout ce qu’elle avait à savoir. « Anna Grimaldi, 33 ans. Dans le coma depuis 12 jours. L’état s’est amélioré, le poison a été presque totalement éliminé. Aucune amélioration visible concernant la paralysie actuellement, mais cela nécessite du temps et surtout une rééducation physique. » Elle tendit le parchemin au responsable et recula. « Me dites-vous qu’il est temps de la réveiller ? » L’élève hésita, se demandant si le guérisseur voulait jouer avec elle et lui faire dire ce qu’elle n’avait pas dit. « Je … je pense que oui, il faudrait la réveiller. Nous savons que l’anesthésiant que nous avons utilisé est recommandé pour une courte durée, en douze jours, nous avons déjà eu le droit à un certain nombre de complications. Donc oui. » Ses camarades la regardaient comme si elle venait de dire une grosse bêtise. Non elle ne regrettait pas son choix, Anna devait vivre, elle le devait. « Très bien, vous lui injecterez ce sérum toutes les quatre heures, elle devrait pouvoir se réveiller dans les prochains jours, lorsque l’anesthésiant aura été complètement éliminé. » Les élèves sortirent de la chambre, le guérisseur titulaire également. Reagan injecta une partie du produit à sa patiente et quitta la pièce. Bientôt, Anna se réveillerait. Bientôt elle devra affronter quelque chose de bien pire que ce qu’elle avait vécu ces dernières semaines : la vie.

june, 10th




   
   
   

Heavy words are hard to take
Under pressure precious things can break
How we feel is hard to fake
So let's not give the game away

Anna … Un souffle, un murmure … Entendait-elle vraiment ou était-ce un rêve ? Comme un courant d’air, un coup de vent, la voix s’était mêlée aux sons des respirations qui gonflaient sa poitrine à un rythme régulier. Le flou qui occupait encore son esprit l’empêchait de discerner le vrai du faux, le réel du rêve. Qui était-elle ? Que faisait-elle là ? Les questions qu’elle aurait pu se poser si elle en avait eu la force. Mais l’ensemble de son corps était encore trop faible, complètement déphasée par l’anesthésiant qui avait coulé dans son sang ces derniers jours. Son cerveau ne devait être qu’une masse inerte et apathique, assommé par ce long sommeil dont elle ne connaissait pas la raison, ni même la durée. Ses paupières étaient tellement lourdes qu’il était plus simple pour elle de les garder fermées. Peu à peu cependant, sa conscience reprenait place et le peu d’énergie qu’elle avait suffisait à la faire respirer normalement et à lui rappeler ce que la douleur signifiait. Son corps tout entier était raide et meurtri par les longues heures d’immobilité. Sa bouche était pâteuse et sa tête lui faisait un mal de chien. Ces sensations prenaient des airs de lendemain de soirées arrosées mais avec le plaisir de la fête en moins. Tentant de remuer le bout de ses doigts, cet effort la fit grimacer et la découragea définitivement. Contractant légèrement la gorge, elle tenta d’émettre un son, de parler, mais le seul gémissement qui réussit à sortir la fit souffrir. « Anna, vous êtes réveillées ! » Cette voix, elle ne la connaissait pas, ou peut-être sa mémoire lui faisait-elle défaut ? Elle tira sur ses paupières pour tenter de mettre une image sur ce son, cependant, la petite fente que ses paupières fatiguées arrivèrent à créer ne révéla d’une silhouette brillante et difforme. Eblouie par ce jour qu’elle avait tant évité, elle laissa ses yeux se refermer et son esprit replonger dans la torpeur dans laquelle elle se trouvait ces derniers jours. Son corps avait encore besoin de repos …

Une éclaircie fendit l’ombre de son esprit et emporta la fatigue qui pesait sur elle. Elle reprenait enfin possession de son corps … Furtivement, vicieusement, les souvenirs s’insinuèrent dans ses pensées et des flashs commencèrent à ressurgir l’assaillant d’un flot de sentiments douloureux.
« Maman … » Les petits yeux bleus de Chiara brillaient de larmes et quelques perles glissaient déjà le long de ses joues. « Je t’aime Chia’. Maman t’aime et elle sera toujours là avec toi. » Sa main touchant pour la dernière fois celle de sa fille, sentant pour la dernière fois son cœur battre contre sa paume … « Qu’est-ce qu’on a fait… Qu’est-ce que je t’ai fait ? » La main posée sur le ventre voulait tout dire. « Je te hais tellement … tellement. » … La lettre entre les mains, le regard éteint, elle lisait et relisait les mots pour la centième fois depuis qu’elle l’avait trouvée. Matteo était parti, rejoindre les insurgés, il avait dû fuir, n’avait pas dit pourquoi, s’excusait, un peu, beaucoup de la laisser seule. Mais qu’est-ce que les excuses face aux actes ? … Ses yeux fixaient ceux d’Eirene et cherchaient à prouver qu’elle mentait, mais elle ne mentait pas, tout collait. « Je suis désolée Anna. » Elle pleurait. Est-ce qu’elle pleurait ? Elle aurait dû pleurer, peut-être Anna aurait-elle pu avoir un peu de pitié pour elle. « Va-t’en, pars avant que je ne te tue. Après tout ce que j’ai fait pour toi, je te faisais confiance ! Sors de chez moi ou je vais te faire mal ! » Elle ne contrôlait plus rien, ni les mots, ni la colère, ni les gestes, rien … Une explosion, un cri et des sifflements. Elle regardait autour d’elle, ne comprenait pas. On l’appela, la projeta à terre, elle perdit connaissance. Les quelques moments d’éveil suffisaient à peine à lui faire comprendre ce qu’il venait de se passer. Sa tête tournait, elle avait mal, du sang au bout des doigts, des picotements, mais aucun mouvement dans son ventre. Elle devait faire quelque chose. Sortir le corps étranger, cautériser. Elle tourna de l’œil … « On la perd ! Dépêchez-vous ! » Une lumière l’éblouissait. Elle allait mourir, elle ne se battrait pas, ne voulait pas, n’en avait pas la force. « Restez avec nous ! Restez avec nous madame ! » Et le trou noir.

Elle avait encore du mal à comprendre ou peut-être ne voulait-elle pas comprendre. Pourtant, elle était vivante, elle sentait sa nuque endolorie par ce sommeil prolongé. Ses paupières, elles, refusaient toujours de se soulever, alors ce fut son bras qu’elle leva pour masser son cou. Elle poussa un profond râle, à cause de l’effort, auquel elle crut entendre une réponse. Se frottant les yeux, elle se tourna vers le son qui avait attiré son attention et ce ne fut qu’à cet instant qu’elle remarqua cette odeur, ce parfum … Elle n’avait pas besoin de voir pour savoir. Immédiatement, un flot incontrôlable d’émotions la parcourut. Sans savoir les différencier, la joie, l’incompréhension, le manque, la détresse, la colère, la rancune, le chagrin et puis le vide. Ce noir, tortueux, obscure, épais, embrassant les pores de sa peau pour y aspirer tous ces sentiments et ne laisser que cette boule au ventre, cette angoisse … Grossissant peu à peu, se déployant dans tout son corps, plus rien ne comptait à part ce manque. Où était-elle ? Au-delà de ses bras, elle ne sentait rien, elle ne sentait pas sa fille bouger, elle ne sentait pas les petits coups de pied ou de poings, les mouvements, les hoquets, les sursauts … Rien absolument rien, pas même sa présence … C’était comme si elle n’était plus là. Et si elle n’était vraiment plus là ? Elle contenait en elle une souffrance qui la rongeait de l’intérieur. « Non. » Un souffle, un murmure quasiment inaudible, les lèvres avaient bougé mais le son n’était pas sorti. Elle posa délicatement sa main sur son ventre et le caressa comme elle avait l’habitude le faire. Sa fille y était très réceptive, elle s’arrangeait toujours pour lui montrer qu’elle était toujours là. A cet instant, cependant, aucune réaction. Anna ne sentait que son propre toucher, la pression de ses doigts sur son abdomen. Les larmes commencèrent alors à couler et la colère revint. Alimentée par cette rage et ce désespoir, elle hurla ; un flot d’air d’abord, et puis un filet de voix avant que la tornade n’éclate. Son regard globuleux encadra la silhouette somnolente de Simon. « Tout est de ta faute. Tout est de ta faute. » Le ton s’élevait crescendo, orientant sa haine contre celui qu’elle considérait comme le seul responsable. « Si elle est morte, c’est à cause de toi, de toi ! » Elle toussa à cause de l’effort que ses poumons n’étaient pas encore aptes à supporter. « Tu voulais tellement qu’elle meure que c’est arrivé ! Je te déteste, je te hais ! Sors d’ici ! Je ne veux plus te voir, je ne veux plus sentir ton odeur, je ne veux plus te désirer, je ne peux plus te pardonner. » Son corps tout entier se contractait. Son cœur battait horriblement vite et sa vision était devenue floue. « Faites-le sortir ! » hurlait-elle aux infirmières et à l’interne qui venaient d’entrer dans sa chambre. « Laissez-moi tranquille ! Je veux mourir. »


Dernière édition par Anna Grimaldi le Sam 10 Sep 2016 - 0:01, édité 1 fois
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PRISONERS • bloodstains on the carpet
Simon Rosier
Simon Rosier
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‹ dialogues : #669999.
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‹ liens utiles :
‹ âge : trente-huit ans (24/05/66).
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5314
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
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i know we're broken
If I could tear you from the ceiling, I know the best have tried, I'd fill your every breath with meaning, And find a place we both could hide. Don't go and leave me, And please don't drive me blind.

(4 juin) « Got a light ? » Une voix lui demanda. Il tourna à peine la tête, devinant dans son champ périphérique une poitrine opulente, comprimée dans un débardeur taille enfant, et trouva que se faire aborder par une bonne femme à une heure pareille était un cliché absolument ridicule – si ridicule qu’il en devint grotesque, et grotesques, ils l’étaient tous les deux. Elle ne s’impatienta pas, malgré le silence indifférent, ou peut-être simplement absent, de son interlocuteur dont les billes céruléennes contemplaient la voiture garée en face de lui. Le phare cassé, le rétro abîmé, il imagina une histoire, se dit que le propriétaire avait probablement une fâcheuse tendance à mal se garer, ou à serrer de trop près les autres véhicules. Il n’en savait rien, mais ça l’amusait, de se raconter quelque chose. « No, » il lâcha finalement, en jetant le filtre noirci de sa clope grossièrement roulée sur le macadam. Elle le toisa, l’air de dire, tu te prends pour qui connard, mais il tournait déjà les talons, les mains enfoncées dans les poches de son jean. Les semelles raclaient l’asphalte, et sur ses épaules voutées semblait peser tout le poids du monde, à moins que ce ne soit celui de sa conscience. Il n’était pas pressé de rentrer, ni de quitter le confort étrange du monde moldu – il y avait erré une partie de la nuit avant de s’échouer dans une taverne, les fesses posées sur un tabouret bancal, bercé par le son du téléviseur perché entre deux bouteilles derrière le comptoir. Il n’avait pas sa baguette sur lui ; à quoi bon, avec sa magie détraquée. C’était comme une amputation. Un manque, presque comparable à l’orviétan, l’impression persistante d’être incomplet. Livré à lui-même. Il méprisait la vulnérabilité, la sienne plus que celle des autres en particulier, et depuis Sainte-Mangouste, elle le rongeait. Physiquement, mentalement. Il le sentait, à sa manière de grimacer, quand il retirait ses fringues, quand sa nuque, à force de se raidir, le lançait, quand sans raison, sinon un instinct corrodé par d’inavouables angoisses, il jetait une œillade méfiante derrière son épaule. Alors il vagabondait, disparaissait, des heures, un étau autour de l’estomac et des nœuds dans les tripes.
Sur le pas de sa porte, il hésita. Détailla les alentours, vérifia encore que personne ne se planquait derrière un mur ou une benne à ordures. Ils pourraient être chez lui, à l’attendre, comme ils pourraient être derrière lui, à l’épier. Sa feuille de tabac lui échappa des doigts, son rachis s’écrasa contre le huis et c’est une main lasse qu’il porta à son visage.
Il commnençait presque à croire à la résurrection. Presque. Combien de temps encore son corps supportera-t-il les affronts de ses décisions, et combien de temps encore survivra-t-il à lui-même, il l’ignorait, mais quelque force inexplicable semblait être de son coté. Il n’était pas certain d’apprécier la bienveillance de la fatalité à son égard, ou peut-être est-ce une farce, un doigt d’honneur pointé en sa direction à chaque fois qu’il frôlait la mort, comme s’il ne méritait ni délivrance, ni miracle. Rosier fumait trop, ces derniers temps. Les médicomages avaient été clairs, les instructions ne pouvaient pas être plus précises, et ils n’avaient pas conscience de se répéter : arrêter l’alcool (comment dormir ?), arrêter l’orviétan (comment se réveiller ?), se reposer (il était insomniaque). Ils avaient volontairement évité de lorgner sa Marque, quoiqu’une œillade indiscrète finissait irrémédiablement par se balader le long de son avant-bras, si d’aventure il retroussait ses manches. Et tandis que sa main s’abattait lourdement sur la rampe de ses escaliers, il jeta un coup d’œil torve vers le comptoir de la cuisine, où un hibou avait déposé le Daily Prophet quelques heures auparavant. Les ruines de Sainte-Mangouste n’avaient toujours pas quitté la Une, mais lui avait choisi d’oublier, faute de supporter le traumatisme. Toutefois, ses billes croisèrent la pierre qu’Anna lui avait donnée, le jour où elle lui avait annoncé sa grossesse ; il l’avait retrouvée sous la table basse, en rentrant chez lui, mais l’avait aussitôt oubliée avec la montagne de parchemins qui attendaient d’être décachetés. Il revint sur ses pas, et attrapa la pierre sans conviction.
Sauf que cette fois-ci, il n’y avait plus rien.

(5 Juin) Chaque jour, il se rendait à l’hôpital – et chaque jour, il renonçait à se présenter dès que la réceptionniste lui demandait ce qu’il cherchait. Ce manège durait depuis qu’il était sorti, et il n’osait pas poser la question ; il l’avait pourtant vue, à l’inauguration. Ce genre de chose, ça se sentait. Un trou béant, là, dans le poitrail. Aujourd’hui pourtant, il décida de prendre son courage à deux mains — il le lui devait, même s’il savait pertinemment qu’elle n’avait pas besoin de lui (qu’elles n’avaient pas besoin de lui). « Anna Grimaldi, il prononça enfin. — Seule la famille est autorisée à visiter, le coupa machinalement la fille de l’accueil. Elle n’avait pas daigné lever le bout de son nez. Les doigts de Rosier se crispèrent sur le rebord du comptoir, qu’il agrippait comme si ses guiboles ne tarderaient à se dérober sous lui. — Je veux la voir. — Vous êtes de la famille ? Il avait une mine à en faire pleurer un Inferi, avec sa barbe un peu négligée et le cheveu derrière l’oreille, gominé à l’arrache par une main fébrile. — Non–enfin si, si, il bredouilla, je suis le père. Elle est enceinte, et je suis le p– — Ah. Dans ce cas-là. Le médicomage qui s’occupe d’elle est–oh ! Tally ! Justement ! » Elle héla quelqu’un d’un signe de la main, un large sourire fendant son visage en deux, tandis qu’il entendait des pas se rapprocher de lui. « Tally, tu t’es occupée de Miss Grimaldi, non ? — Oui, pourquoi ? Tu ne trouves pas Thompson ? La réceptionniste désigna le visiteur du bout de sa plume, — c’est… rappelez-moi votre nom ? — Rosier. Simon Rosier. — Mr Rosier. Il voudrait la voir. » La dénommée Tally le dévisagea un court instant, examina ses bras découverts (l’un de ses poignets était bandé, son épaule était raide), et hocha lentement la tête. « Ok. Suivez-moi. » Sur le chemin, elle se présenta de façon sommaire, elle était encore étudiante, ils lui avaient confié Anna… mais un rien le distrayait. « (…) C’est compliqué– elle tentait de trouver les mots, de lui expliquer le plus simplement possible qu’Anna avait été grièvement blessée, que c’était trop tard, qu’il fallait prendre une décision, que personne ne s’était manifesté, qu’il n’était pas là, qu’elle souffrait trop. On a dû sortir le bébé. — Comment ça, sortir le bébé ? Il s’était arrêté, le teint livide. Comment va le bébé ? Les secondes s’allongèrent, et son cœur manqua de briser sa cage thoracique. — Le bébé a été transféré au service des bébé-chaudrons. C’est un très grand prématuré, et les chances de survie sont… on y travaille. On fait notre possible. » Un silence. Simon s’accrocha à la poignée de la porte, mais sa main trop moite glissait. « Votre petite fille est solide. » La guérisseuse osa un sourire qu’il ne lui rendit pas. « J–je… je pourrais la voir ? — Pas pour le moment, non. » Quel connard. Quel connard il était.
Anna dormait, quand il arriva. Son ventre était plat, et ses cheveux courts. Derrière lui, la jeune femme ferma la porte. Il contourna le lit et tira une chaise pour s’asseoir. Les coudes sur les genoux, il l’observait comme s’il la redécouvrait. Il l’avait détruite. S’il était resté, s’il avait été là, elle ne serait pas ici, et le bébé ne lutterait pas pour survivre — s’il avait assumé, plutôt que fuir. Il garda le silence, n’approcha pas sa main de la sienne, ne replaça pas ses mèches rousses derrière ses oreilles. Les minutes passèrent, il partit chercher un café, refusa d’entendre de nouvelles explications sur la situation d’Anna, puis sombra sur sa chaise inconfortable, le gobelet à moitié vide posé sur une tablette.

« Non. »
Ses paupières clignèrent.

Le hurlement qu’elle poussa à son réveil le tira brutalement de sa torpeur. « Tout est de ta faute. Tout est de ta faute. Si elle est morte, c’est à cause de toi, de toi ! » Le pire, le pire — il ne pouvait pas lui dire d’arrêter. Elle avait raison. La chaise manqua de tomber lorsqu’il se leva, électrisé par l’autan de colère frappant sa figure. Les bras ballants, il recula, tandis que la porte s’ouvrait à la volée pour laisser s’engouffrer dans la chambre des guérisseurs alertés par les cris de leur patiente. « Tu voulais tellement qu’elle meure que c’est arrivé ! Je te déteste, je te hais ! Sors d’ici ! Je ne veux plus te voir, je ne veux plus sentir ton odeur, je ne veux plus te désirer, je ne peux plus te pardonner. » (Calmez-vous, calmez-vous. Monsieur, il faudrait que vous sortiez.) « Faites-le sortir ! » Une main lui tirait impérieusement le bras. (Monsieur.) « Non, » il échappa. Un murmure rauque. (Monsieur, son état est fragile, il serait préférable que vous partiez.) « Laissez-moi tranquille ! Je veux mourir. » Il ne s’était jamais autant haï. (Monsieur !) Son poignet valide s’arracha de l’emprise du gorille qui tentait de l’escorter hors de la pièce, et il se précipita au chevet d’Anna, malgré les protestations indignées de la petite foule qui s’était amassée autour d’eux. « Anna, elle est née, elle est vivante, » il répéta d’un ton fébrile, « elle est vivante. Elle va bien, » il mentait un peu, elle n’allait pas si bien que ça, mais elle était vivante, et ils étaient parents. Tous les trois, ils étaient là, ils étaient ensemble, et en dépit de ce qu’il lui avait fait, il n’aurait pas voulu se retrouver ailleurs. « Anna, » ses mains quittèrent celles de son ex-compagne, se déportèrent sur son visage, « Anna, elle est vivante. » Il était à genoux, et il chialait peut-être, il n’en savait rien. Je suis désolé, je suis désolé — ça ne vint pas. « Écartez-vous. » Deux baguettes étaient pointées dans son dos, et l’œillade qu’il lança par-dessus son épaule ne le rassura pas. « Anna… s’il te plaît. » Ses yeux s’étaient cadenassés aux siens, et il comprenait à quel point ce regard, même haineux, lui avait manqué.
Elle méritait tellement mieux que lui.
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WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5557
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
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(+) L’esprit complètement embrumé par le sommeil dont elle venait d’émerger, Anna était incapable de dire si elle était consciente ou non. La pièce autour d’elle tournait à un rythme irréel et elle sentait sa conscience s’échapper à nouveau. Mourir. Elle n’avait plus que ce mot à la bouche depuis quelques mois, elle ne supportait plus l’ombre dense, obscure et dévastatrice qui semblait s’accrocher à elle comme un aigle s’agripperait à sa proie. Elle souffrait, horriblement, irrémédiablement. Elle se sentait défaillir, partir, sans réussir à imaginer son existence au-delà de sa vie actuelle. Elle s’était enfermée trop longtemps dans son passé, s’empêchant d’accepter qu’elle n’était pas responsable de la mort d’Andrea, s’interdisant d’admettre que Thomas était mort en se battant pour ses idées, refusant de croire en ses propres idéaux … Elle avait été naïve et elle en payait à présent le prix fort. Elle ne supportait plus, n’acceptait plus de devoir se battre seule contre tout ça. Cet empilement d’horreur qui résumait sa vie la répugnait, l’écrasait, l’étouffait. Personne ne comprenait, personne ne voulait comprendre. Elle était jugée par ses pairs, jugée pour des décisions qu’elle n’avait pas prises, jugée pour des actes qu’elle n’avait même pas commis. Elle était cette marionnette que tout le monde pensait pouvoir manipuler et qui était abandonnée après avoir trop servi. Elle n’était plus que le bout de chiffon, sale, impropre et terne. Cet objet qu’ils avaient fait d’elle ; l’empreinte même de la détresse et du désespoir. Elle n’avait plus la force de se battre, de s’accrocher à la vie. Ces enfants qu’elle avait mis au monde et qui, par divers moyens, pour diverses raisons, l’avaient quittée, avaient mis un terme à son existence de réprouvée. Elle était fatiguée, anéantie, détruite. Plus rien n’avait d’importance. Alors oui, mourir serait plus simple. Elle n’aurait plus à se demander ce que pourrait être son avenir. A ses yeux, l’achever serait la meilleure façon de la sauver, de lui épargner d’autres souffrances.

Alors que sa conscience divaguait et que son corps quittait peu à peu l’inconfort de cette réalité, elle entendit une voix, à peine perceptible, qui se détachait du bruit ambiant et du bourdonnement qui sifflait dans ses oreilles. « Simon. » Elle lui en voulait, mais quelque chose dans son ton suppliant la ramenait vers lui. Toujours. Elle bloqua sa respiration et tenta d’éclaircir sa vue, de discerner dans ces ombres mouvantes le visage de celui qui ramènerait peut-être en elle, la paix … Elle se concentrait, puisait dans ses réserves. Plus elle essayait, et plus sa tête lui tournait. Simon. Ce prénom résonnait en écho dans sa tête. Elle ne sentit ses mains dans les siennes qu’au moment où elles s’en échappèrent. Elle voulait s’y raccrocher, le forcer à rester, ironiquement, paradoxalement, alors qu’elle venait de le chasser. « Anna. » Elle entendit son nom traverser ces lèvres et fendre l’épais brouillard qui l’enveloppait. Elle sentit des mains se refermer sur son visage et seulement à cet instant, un éclair de lucidité la parcourut. Sa vision s’éclaircit et les paroles qu’elle entendit lui parurent parfaitement réelle. « Anna, elle est vivante. » Elle planta son regard dans le sien. Enivrant. Hypnotisant. Destructeur. « Tu mens. » Ce n’était qu’un murmure, un souffle quasi silencieux. « Écartez-vous. » Elle le regardait, sans vraiment le voir, comme si ses yeux le traversaient. Mais elle savait qu’il était là et était partagée entre l’envie de le chasser et celui de le retenir. Elle avait encore trop mal. Elle entendit encore ses mots. Elle voyait encore son regard maladif lorsqu’elle lui avait annoncé sa grossesse. « Anna… s’il te plaît. » Il la suppliait. Elle ne pouvait pas le voir ainsi. Malgré toute la haine, malgré la colère, elle n’y arrivait pas. Son cœur l’aimait encore. Son corps le désirait encore. Les surveillants de l’hôpital qui avaient débarqué dans sa chambre pour faire sortir Simon s’approchèrent. « Venez avec nous, monsieur. » Anna les observa quelques secondes de son regard vitreux et ils semblaient lui demander eux aussi une permission d’agir. « Attendez. » Elle reposa les yeux sur Simon, hésita, leva la tête vers les gardiens et les guérisseurs. « Vous êtes sûre madame ? Nous devrions peut-être le faire sortir. » Elle sentait que sa vue menaçait à nouveau de s’obscurcir. « Vous devez vous reposer Anna. » Cette guérisseuse n’avait pas tort mais avant, elle devait avoir des réponses. « Il ment. Il ment, n’est-ce pas ? » Aucun signe de dénégation, aucune approbation. Comment pouvait-elle savoir ? « MAIS REPONDEZ ! » Un vase éclata sur la table de chevet. Dans sa tête, la voix de Simon répétait Anna, elle est vivante. « Elle est vivante, » susurra-t-elle. Elle en avait la conviction à présent. Certains diraient l’instinct maternel. « Elle est vivante. » Sa voix s’éleva dans le silence que personne ne semblait vouloir rompre. « Je veux la voir. » Son ton était ferme. « Vous ne pouvez pas, madame. Pas encore. » Elle reposa ses yeux sur Simon. « Il peut la voir. » Ce n’était pas vraiment une question, ni vraiment une affirmation. Tout ce qu’elle voulait, c’était s’assurer qu’elle était vraiment vivante, que ce n’était pas un mensonge qui visait à la blesser. Elle sentit un liquide poisseux couler jusqu’à ses lèvres et le goût ferreux du sang dans sa bouche. Portant le bout de ses doigts à sa bouche, elle comprit que du sang coulait de son nez. La guérisseuse s’approcha mais Anna leva la main et bizarrement la soignante fut repousser en arrière. « Ne me touchez pas. Laissez-moi la voir. Je veux être sûre qu’elle est vivante. Comment je peux être sûre que vous ne me mentez pas tous ? » Elle était agitée et le sang qui gouttait parsemait les draps blancs de tâches écarlates. Calmez-vous, entendait-elle. Mais le son devenait déjà lointain. « Vous devez sortir, monsieur. » Elle se débattit un peu, sentit que des mains se refermaient sur ses poignets et que d’autres la retenaient par les épaules. Elle délirait, ne savait plus trop ce qu’elle faisait là, ni de quoi elle parlait. Elle sentit une piqûre et doucement, un voile noir recouvrit ses yeux, ses pensées, sa conscience …

(june, 23rd)  Des coups secs furent frappés à sa porte et pénétrant doucement dans la chambre, un fauteuil roulant magique, poussé par la guérisseuse stagiaire qui s’occupait d’elle depuis le début. Levant les yeux vers elle, son regard s’illumina et elle se redressa immédiatement dans son lit. Ouvrant la bouche et la refermant, elle ne savait pas trop quoi dire, craignant que sa joie ne soit rapidement étouffée par des symboles mal interprétés. « Bonjour Tally. » Sa voix feignait le calme et la contenance. « Bonjour Anna. » Le sourire que la jeune soignante lui offrit semblait tout dire. « Je peux la voir ? » Ses yeux brillèrent de larmes et ses poings se serrèrent. La lumière se mit à clignoter dans la chambre. Levant les yeux sur ce phénomène incontrôlé, elle laissa son regard glisser à nouveau sur Tally. « Je peux la voir ? » répéta-t-elle, comme pour rendre cette phrase plus réelle. « Oui, vous pouvez la voir. » Les larmes dévalèrent le long de ses joues et elle fixa la guérisseuse tentant de contrôler son impatience. « Mais avant, je dois vous mettre en garde et vous demander quelque chose. » Une fiole fut déposée sur la petite tablette devant elle et son visage perdit un peu de ses lueurs. « Premièrement, je viens avec vous, avec ce fauteuil parce que de toute façon, vous ne pouvez pas marcher. » Un sourire étira leurs lèvres. « Deuxièmement, vous ne la verrez qu’à travers l’incubateur magique, vous ne pourrez pas la toucher. » Elle sentit quelque chose se contracter à l’intérieur d’elle mais refusait de s’y attarder. « Troisièmement, vous devrez boire ça … » Elle attrapa la potion désignée, l’ouvrit et la sentit. « Un inhibiteur de magie. A cause de mes pouvoirs incontrôlables. » Elle comprenait mais avait du mal à admettre qu’elle pourrait blesser quiconque autour d’elle. Cependant, l’acquiescement de Tally la convainquit et elle vida d’un trait le petit contenant. « Et maintenant on peut y aller ? »

Poussée sur son fauteuil, elle pénétra dans la petite chambre stérile équipée d’un nombre impressionnant de matériels magiques. Elle avait déjà eu l’occasion d’y pénétrer lorsqu’elle était encore guérisseuse stagiaire, mais entrer à l’intérieur en tant que mère d’un patient était différent. Elle sentait ses mains trembler, un frisson la parcourir. Tally la poussa devant un incubateur magique entièrement recouvert d’un voile transparent. A chaque inspiration de l’enfant, le film translucide vibrait doucement. Lorsqu’elle fut suffisamment près, elle se pencha en avant et colla presque son nez contre la protection pour y apercevoir son enfant. Des larmes de plaisir, de désir et de peur voilèrent son regard. Elle recula légèrement, et aperçut une plaque sur laquelle était gravé Bébé Grimaldi-Rosier (Rosier ayant été ajouté de la main d’une autre personne) – 5 juin 2003. Du bout de ses doigts, elle suivit les courbes de ces lettres, rêveuse et mélancolique. « Vous lui avez-vous trouvé un prénom ? » Elle observa avec tendresse les petits doigts et les jolies joues de sa fille. Elle y avait réfléchi, mais son arrivée prématurée ne lui avait pas permis de pousser la réflexion bien loin. Et puis une inconnue à l’équation subsistait toujours. « Je … Oui, j’avais pensé à un prénom, mais … Je ne sais pas si … Je ne peux pas décider sans lui. Pas s’il veut faire partie de sa vie, pas s’il veut assumer son rôle de père. » Son pouce grattait nerveusement la plaque et elle sentit la main de Tally se poser sur son épaule, silencieusement. Comment savoir ? Comment devait-elle interpréter sa présence lors de son réveil ? Comment devait-elle comprendre le fait qu’il lui ait lui-même annoncé que sa fille était vivante ? S’y intéressait-il vraiment ou avait-il fait semblant ? Ses yeux humides se levèrent vers la guérisseuse. « Est-ce qu’il est venu la voir ? » Un acquiescement positif sema encore plus le doute en elle. Décidant de profiter un maximum des rares minutes qu’elle pourrait passer avec sa fille, elle balaya ses craintes au fond de sa mémoire et reposa un regard doux sur le minuscule bébé.

(July, 5th)  Debout, les jambes encore tremblantes devant le chaudron dans lequel était plongé son enfant, Anna ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle était une mère indigne. Même si ce n’était que pour quelques heures chaque jour, laisser sa fille seule, aux mains des médicomages et guérisseurs, était une chose qu’aucune mère ne devrait être obligée de faire. Elle se sentait horriblement coupable de faire partie d’un gouvernement qui faisait passer leur intérêt avant celui de leurs employés. Sa place n’était pas derrière des bureaux à signer des papiers ou à participer à des réunions ; sa place était là, à côté de sa fille, pour être là à chacun des moments de sa vie, pour être là s’il lui arrivait quelque chose, pour être là si une décision devait être prise. Elle ne savait toujours pas où Simon se plaçait dans l’existence de leur fille. Ils ne s’étaient plus croisés depuis leurs retrouvailles, un mois plus tôt. C’était comme s’ils s’évitaient, comme si le destin voulait les tenir définitivement éloignés l’un de l’autre jusqu’à la fin de leur vie. Mais elle avait besoin de lui, besoin de savoir ce qu’il ressentait, besoin d’entendre ce qu’il pensait, besoin simplement de sa présence. Ce manque croissant de lui et le regard de leur fille qui tendait chaque jour un peu plus vers celui de son père la rendaient horriblement mélancoliques. Que ne donnerait-elle pas pour pouvoir toucher son enfant, pour la prendre dans ses bras, pour l’embrasser ? Les simples Je t’aime qu’elle lui soufflait n’étaient plus suffisants, elle se sentait vide, démunie. Ces mêmes Je t’aime vides qu’elle ne pouvait plus lui dire. Se baissant, elle murmura. « Tu as les mêmes joues que Tessa. Les mêmes que Chiara aussi. J’aimerais tellement qu’elle soit là pour te voir. » Elle effleura le voile léger qui recouvrait l’enfant lorsque le bruit de porte derrière elle attira son attention. Se retournant, elle le vit lui, la porte se rabattant derrière. Qu’avait-il entendu ? Depuis quand était-il là ? Elle recula, ne sachant pas trop comment agir ou réagir. Les mots se perdaient dans son esprit obscur et fatigué. Ne trouvant pas le bon ton, ni les bonnes paroles, elle se contenta d’un regard, un regard rempli d’espoir, un regard désespéré, un regard avide. Merlin, ce qu’il lui avait manqué !
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PRISONERS • bloodstains on the carpet
Simon Rosier
Simon Rosier
‹ disponibilité : dispo (1/6)
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‹ dialogues : #669999.
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‹ liens utiles :
‹ âge : trente-huit ans (24/05/66).
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5314
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
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i know we're broken
If I could tear you from the ceiling, I know the best have tried, I'd fill your every breath with meaning, And find a place we both could hide. Don't go and leave me, And please don't drive me blind.

Give me a look but not the rage. Et pendant tout ce temps, il n’avait rien demandé. Ne s’était pas enquis de son état, de sa détresse, déchargeant sur elle ses propres inquiétudes et ses angoisses, drapé de la plus honteuse des lâchetés. Des mots, des notes hâtives, il en avait griffonnés plus qu’à son tour à des heures improbables, brusquement saisi par l’appréhension de cette paternité lointaine qu’il n’avait pas autant reniée que ça. Ces comment tu vas, et les visites chez le gynécomage, et tes congés, et est-ce qu’on peut se voir, j’aimerais te parler, jamais envoyés et sitôt chiffonnés. Il y songeait. Parfois. L’idée lui effleurait l’esprit et s’en allait mourir ailleurs, entre deux autres tourments, ou cédait injustement aux reproches qu’il nourrissait toujours à l’égard d’Anna. Il voulait la comprendre, il aurait voulu la comprendre même, mais elle n’avait pas fait cet effort non plus — et il en venait à se demander si cet enfant n’était pas le fruit de leur égoïsme. Elle courant après ses fantômes et lui fuyant d’inutiles responsabilités. Il le percevait ainsi, ce môme. Un dommage collatéral, quelque chose qui n’aurait pas dû être ; mais il avait survécu. Ce bébé avait survécu à sa colère, à la haine viscérale de son géniteur, au chagrin de sa mère, aux décombres de Sainte-Mangouste. « Tu mens. » J’aimerais. La confusion avait brouillé son regard, et derrière lui, le brouhaha se calmait peu à peu, quand elle demanda alors s’il disait vrai. Au fond, peut-être aurait-il voulu lui aussi rêver cet instant, mais Anna ne l’aurait pas supporté. Qu’aurait-il pu lui dire. Quels mots aurait-il pu trouver. « Il ment. S’il te plaît… Il ment, n’est-ce pas ? » Le contact visuel fut furtif, et elle reporta bien trop hâtivement son attention sur la foule qui observait ce triste spectacle, emmêlant ses questions avec quelque ordre déguisé. Ses doigts s’accrochèrent à ses poignets mais elle ne réagissait ni à ses suppliques ni au désespoir qui étreignait ses billes hallucinées, encore moins aux chevrotements de sa voix d’ordinaire cassante. Des ongles s’enfoncèrent dans son épaule et le tirèrent en arrière, tandis qu’Anna exigeait une réponse, les lèvres barbouillées par le mince filet carmin s’échappant de ses narines. Il eut envie de causer un autre esclandre, de sortir à son tour sa baguette, de les repousser, tous autant qu’ils étaient, d’être seul avec elle, de lui parler, d’implorer son pardon, de lui murmurer de nouvelles promesses vides de sens, de s’inventer père modèle quand il l’avait abandonnée face à leur erreur, allant jusqu’à rêver d’arracher ce fœtus de ses entrailles à mains nues. Comme les choses avaient changé, après que la mort se fut invitée dans cette terrible équation. C’était seulement après avoir failli les perdre qu’il réalisait l’ampleur de sa connerie ; il était trop tard, désormais.
Il était toujours trop tard, avec lui.
Une seconde d’inattention plus tard, quelqu’un était parvenu à coincer son bras derrière son dos et à l’entraîner dans le couloir, au son des protestations forcenées d’Anna. On le plaqua contre un mur, on lui redemanda s’il était calme, qu’il vaudrait mieux pour lui de ne rien faire de stupide, mais Rosier, troublé, crut intelligent de rétorquer, « try me assholes ». Le gorille poussa un soupir las. Il n’avait pas besoin de forcer, Rosier était aussi frêle que sec, un gabarit semblable à une allumette ; le type se demanda s’il avait mangé récemment, mais eut la bonne idée de ne pas se laisser amadouer par cet emmerdeur patibulaire. « On va se calmer, d’accord ? Il lui parlait lentement, comme à un mioche pincé à faucher des bonbons. Je vais vous donner une minute, et vous irez vous asseoir là-bas. La pression autour de son avant-bras se relâcha avec une prudence maîtrisée et la main qui lui bloquait le crâne se retira. Il pinça les lèvres. — Ok. Ok. Je suis calme. » Il ne l’était pas. Les muscles bandés et la mâchoire contractée, il continua de marmotter, ça va, je vais rien faire, lâchez-moi, je vais rien faire. Le guérisseur finit par s’écarter, sans se départir de ses airs circonspects. Un Mangemort, ça se croyait tout permis. Et ils étaient nombreux à se demander, du reste, comment Anna Grimaldi avait pu s’enticher d’une ordure pareille (pire, s’était fait engrosser par ladite ordure). « Monsieur Rosier, un médicomage s’était approché, flanqué de l’étudiante qui l’avait mené à Anna, je m’occupe de Miss Grimaldi. Dès que vous vous serez calmé– Je suis très calme, merde, qu’il répéta, sans convaincre son audience dubitative. — Dès que vous vous serez calmé, l’autre insista, je vous expliquerai la situation. »

11 juin. « Elle vous a attendu. — Quoi ? » Tally Reagan haussa les épaules. Ils patientaient dans l’ascenseur qui valdinguait à tout va entre les différents niveaux de l’hôpital, la trajectoire un rien escamotée depuis la destruction d’une partie du bâtiment. Les poings dans les poches, il osa une œillade un rien dédaigneuse à l’attention de la jeune femme. « Elle ne s’en souviendra pas, mais elle a demandé après vous à son réveil. J’ai retenu votre prénom. » Les lèvres scellées, il ne répondit pas et reporta son attention sur le bout de ses chaussures, nourrissant le vain espoir qu’elle n’essaie pas de continuer cette étrange conversation. « Vous n’êtes pas mariés, n’est-ce pas ?Ça vous regarde ? Ses billes céruléennes se braquèrent sur l’étudiante, mais celle-ci ne moufta pas, décidée à le percer à jour. — Vous n’étiez pas là, et elle a failli mourir. Son ton s’était durci, comme un reproche – comme si elle choisissait de parler à la place d’Anna. Vous saviez qu’elle était enceinte ? » Aurait-ce changé quelque chose, s’il avait secoué la tête ? L’ingrat inspira, fourragea nerveusement le crin ébène d’une main tremblotante. Ses bras vinrent se croiser sur son torse, et ce silence parut suffisant, car sa gêne passagère était le seul aveu dont elle avait besoin. « Vous n’en vouliez pas. » À l’intonation de sa voix, il comprit qu’elle avait cessé de l’interroger. « Vous savez, je ne veux pas me mêler de vos affaires, ah bon, mais je surveille Anna depuis qu’elle a été admise ici. Il ne réagit pas. Personne n’est venu la voir. J’ai même pensé qu’elle avait peut-être perdu son mari dans l’attentat… ou quelque chose du genre, » sa pomme d’Adam tressauta sous une déglutition, mais aucun mot ne brisa la barrière de ses lèvres. « C’est pour ça que je vous demande. Pourquoi maintenant ? » Les épaules de Rosier s’affaissèrent légèrement. Sa langue caressa ses molaires, et pendant un moment, il crut qu’il allait tout avouer, déverser ce qui le tourmentait, Anna, le bébé, les cauchemars, les débuts de claustrophobie, son poignet fracturé, la blessure à son abdomen qui peinait à cicatriser malgré les soins d’une vélane, la panique qui lui gangrénait l’estomac – tout ce qu’elle ignorait, tout ce qu’il n’avait pas à confesser, surtout pas à une inconnue moralisatrice. Il n’avait pas à justifier une visite à sa fille. Il n’avait aucun compte à rendre. Pourquoi maintenant. Merlin, si lui-même savait.
Pourquoi maintenant.
Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent sur un corridor désert, lourdement aseptisé. Qu’est-ce que c’est dégueulasse, cette odeur de maladie. Malgré lui, ses ongles vinrent gratter le dos de sa main, puis son bras, ça le démangeait, cette angoisse de ne pas savoir — et qui avait le mérite d’avoir viré de sa gueule ses airs suffisants. Il avait peur, Rosier. Il n’était pas prêt, il ne l’avait jamais été. Et dans une chambre, au fond du couloir, elle était là, sa gamine. À peine visible sous le voile magique qui la protégeait (qualité de l’air, crut-il entendre). Il s’approcha, afin de distinguer la toute petite chose qui, a priori, était un bébé. « C’est une grande prématurée. Il faudra quelques semaines encore, mais elle est courageuse. » Il avait l’impression qu’elle cherchait à le rassurer, et était trop engourdi pour réfléchir. « Je suis né prématurément, il marmonna, deux mois, je crois. » Il marqua une pause, les guiboles flageolantes. « J’étais prévu pour juillet. » Il ignorait pourquoi il avait continué de parler, ni si elle prêtait attention à ses babillages indistincts. Ça n’aurait pas dû se passer comme ça. « Elle a mal ? — Ses poumons ne sont pas encore formés et ont été très abîmés, on–Elle a mal. (L’autre se tut.) — Vous voulez que je vous laisse seul avec elle ? (Il était persuadé qu’elle lui demandait uniquement par politesse — rien ne suggérait qu’il n’allait pas tenter d’étouffer le nourrisson et disparaître.) — Non. J–je vais sortir. »
Une minute, c’est le temps qu’il passa avec le bébé, pour la première fois. Une minute, et il prit ses jambes à son cou. Il n’attendit pas la guérisseuse pour déguerpir, pas plus qu’il songea à s’arrêter, reprendre ses esprits, et revenir sur ses pas. Non. Il détestait Sainte-Mangouste, et il détestait être père, et il détestait le goût moisi de ce tabac qu’il avait chipé à un acolyte parce qu’il n’avait plus rien à rouler. Il détestait ce temps de merde, ce soleil qui lui meurtrissait les prunelles. Cette grossesse, il n’en avait parlé à personne, ou presque. Du reste, à part la « famille », il n’était pas certain que la nouvelle se soit réellement propagée, au contraire. Pour ses proches, Anna n’était que « la rousse » qu’il avait ramenée au Nouvel An, et avec qui il s’était barré bien avant ses heures de fermeture habituelle. Il avait envie d’un firewhiskey. Sur le trottoir, à l’ombre d’une devanture, il eut envie de hurler jusqu’à s’en esquinter les cordes vocales.

18 juin. Ça l’obsédait. Un bébé, isolé dans une chambre stérile, sans prénom et sans parents. Il était à l’ouest et déphasé, la clope greffée aux doigts. Il ne décolérait pas contre les enfoirés qui l’avaient traîné dans les geôles du Ministère, mais la rancœur qu’il nourrissait à l’égard de ses pairs égalait à peine l’inquiétude qui lui sciait l’estomac, à chaque fois que l’image de sa fille lui traversait l’esprit. Il regardait les bouteilles s’alignant sur les étagères, les capsules d’orviétan qu’on lui avait ramenées, et il se dégoûtait. C’était ça, alors, la paternité. Une magistrale claque dans la gueule. T’es qu’un moins que rien, et t’as amené ta marmaille dans ce monde de merde, bien joué connard. Il s’enfila trois lignes et ses dents grincèrent. Il avait mal au crâne.

30 juin. « Fuck. »
Il jeta le mégot de sa cigarette dans le caniveau, et s’engouffra à l’intérieur du hall de Sainte-Mangouste. La journée avait commencé normalement ; il n’avait pas fermé l’œil de la nuit, son myocarde pompait davantage de caféine que d’hémoglobine, sa gueule de déterré provoquerait sans doute un ou deux infarctus, mais il avait décidé de la voir. Sans grande conviction. Seul, ce sera mieux, merci, foutez-moi la paix. Elle avait les yeux fermés, un tube enfoncé dans sa bouche grande ouverte ; et elle était immobile. « Hi, » il dit alors. Il avait préféré ne pas s’arrêter à la chambre d’Anna, de peur de déclencher de nouveaux éclats ; si elle n’était pas disposée à le voir, il n’avait aucune raison de la forcer à endurer sa présence. Il demandait de ses nouvelles, on lui assurait qu’elle allait mieux, que la rééducation se passait bien. Sa vie était en suspens. Il n’était pas vraiment sûr d’avoir survécu à l’attentat, et encore moins d’avoir repris le cours normal de son existence, si celle-ci avait été un jour normale. Il était paumé. Juste paumé. Les yeux écrasés contre les paumes, il se répétait, ce manège ne peut plus durer. Et lorsqu’il la regardait, il tombait amoureux, encore et encore, rongé par la culpabilité. Il s’en voulait, d’avoir quitté Anna. Il s’en arrachait les ongles, s’excusait parfois à voix haute, ou confiait à ce témoin silencieux les peurs intimes qui lui gangrénaient l’esprit. Il espérait qu’elle comprendrait un jour. Il espérait qu’elle le pardonnerait, plus tard. 

5 juillet. Il n’y allait pas régulièrement. Une fois tous les trois jours au moins. Il parlait peu, restait planté là, avec un café, un thé, la Gazette, n’importe quoi. Il imaginait qu’elle se sentirait moins seule, s’il était avec elle. Des fois, il ouvrait la bouche puis la refermait aussitôt, se replongeait dans sa contemplation, dardant ce petit corps de deux billes confuses. Elle avait meilleure mine qu’au début. Elle avait grandi. Le médicomage était très confiant, même étonné qu’elle s’en sorte si bien en dépit de ce qu’elle avait traversé. Désormais, il connaissait par cœur le chemin du service des bébés-chaudron. Ils ne le surveillaient plus autant qu’avant, et il avait le droit de rester assez longtemps ; à l’extérieur, on s’interrogeait sur ses absences à répétition, mais la vaste majorité balayait rapidement les doutes quant à son comportement étrange. Après tout, Rosier n’en était plus à une connerie près, et s’il disparaissait, il allait peut-être décuver ailleurs. L’attentat l’avait déglingué. Sa fille était la seule constante qui le rattachait à un semblant de réalité. Il poussa la porte de la chambre mais se figea sur le palier quand il reconnut Anna de dos, debout. « Oh, hum, depuis combien de temps ne s’étaient-ils pas revus, désolé, elle lui manquait, j–je peux repasser plus tard si tu veux, » je suis tellement désolé. Il s’adossa contre le battant, en retrait, prêt à rebrousser chemin. « Tu… tu as l'air bien. Tu marches. » No shit. Il ne supportait pas de croiser ses orbes inquisiteurs, car quoi qu’il fasse, il se souvenait de la manière dont il l’avait jetée de chez lui. Elle aurait pu mourir seule. Elles auraient pu mourir seules. Il n’avait rien à faire ici. « Je vais vous laisser, désolé. » Et pourquoi t’ouvres pas la porte, ducon. Dans son dos, sa main se crispa sur la poignée mais il semblait l’attendre – un signe de tête, un « oui, il vaut mieux », n’importe quoi.  
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WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
please don't say you love me (simanna #5) Tumblr_odns43L5A91vc5ojjo3_r1_400

‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5557
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
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Not really sure how to feel about it
Something in the way you move
Makes me feel like I can't live without you
And it takes me all the way
I want you to stay

(xxx)

On dit souvent qu’une personne se rend compte de l’amour qu’il porte à une autre personne, le jour où il voit sa vie fuir et glisser entre ses doigts. La mort, la blessure, l’amnésie, le rejet, il est parfois encore temps, il est parfois trop tard. Les regrets sont alors la seule chose qui reste, le seul sentiment qui subsiste. Ils brûlent, enflamment, lèchent la chair du cœur meurtri, proie facile, s’abreuvent du sang souillé, liquide exquis. Ils refroidissent l’âme, emportent l’espoir loin de toutes sources de bonheur, emprisonnent l’esprit avec des pensées coupables. Le choix se joue alors entre devenir fou ou malheureux. Le temps apaise les maux. C’est tout du moins ce que l’on croit, mais ceux qui vivent n’oublient jamais …

Ses yeux étaient profondément plongés dans ceux de Simon. Ils auraient pu se trouver à des kilomètres l’un de l’autre, son regard le fusillerait sûrement avec cette même intensité, avec cette même puissance. Les regrets, elle les avait connus, mais contrairement aux autres, elle n’avait pas eu besoin d’une mort, d’une blessure, d’une amnésie ou d’un rejet pour les nourrir. Il lui avait suffi d’aimer. Non pas aimer comme si elle avait perdu ou allait perdre quelqu’un, aimer comme un cœur pouvait aimer, aimer comme un corps pouvait le désirer, aimer comme si chaque parcelle de son existence n’aurait plus aucun sens sans cet amour. Elle avait toujours su ce qu’elle éprouvait pour lui. Elle l’avait toujours accepté pour ce qu’il était. Elle s’était toujours nourrie des petits gestes d’affection qu’il daignait lui offrir. Elle n’avait cependant jamais avoué à personne ce qu’elle ressentait pour lui depuis tant d’années, par honte sûrement et par peur aussi ; la peur de décevoir, la peur des jugements. Ils n’auraient pas compris, ceux qui la connaissaient … Ils auraient pointé du doigt sa trahison envers Thomas. Mais ils ne comprenaient pas, ils ne savaient pas. Son amour pour Thomas était différent : tendre, doux, délicat … Ce qu’elle ressentait pour Simon était plutôt passionné, avide et étouffant. Elle suffoquait à chaque fois que l’émotion devenait trop grande. Elle était possédée. Elle était aussi mal qu’elle était bien avec lui. Il avait réussi à détruire tout ce qu’elle était, à la réduire à l’état de marionnette et pourtant elle l’aimait toujours. Comme une drogue. Son cœur battait uniquement pour le voir, pour le toucher, pour l’aimer, pour le détester, pour le maudire. Leur relation était malsaine et destructrice, mais elle ne pouvait vivre sans lui.

Les secondes passaient, s’égrenaient, s’écoulaient et ses billes céruléennes le fixaient, le dévoraient. Une impression profonde de manque la rendait possessive. Elle s’accrochait à ce contact visuel, aussi dur et accusateur pouvait-il être. Parce qu’elle avait peur qu’il disparaisse à nouveau. Sa mémoire n’arrivait pas à effacer la douleur de leur dernière dispute, comme si quelque chose s’était définitivement rompu entre eux. Mais l’idée même de se retrouver loin de lui la rendait malade. Elle l’avait demandé, l’avait attendu. Ce dernier mois de solitude l’avait obligé à se rappeler, à se retrouver. Chaque acte, chaque mot, chaque blessure. Cet exercice avait provoqué en elle un complet bouleversement et toutes ses souffrances émotionnelles étaient revenues comme un tsunami au creux de sa poitrine. Enserrant ce muscle pulsatile, accentuant sa respiration difficile. Tout ce qu’elle ressentait pour lui, tout cet amour, toute cette haine, toute cette envie, toute cette colère … Tout était revenu, tout sauf lui. Comme toujours il avait brillé de son absence. Comme toujours il avait fui ses responsabilités. Elle pensait qu’il reviendrait. Elle avait espoir qu’il reviendrait. Mais il semblait avoir pris ses paroles à la lettre, il avait disparu comme il était apparu, laissant derrière lui les cicatrices de leur union impossible. Après l’avoir réclamé plusieurs fois, elle avait abandonné, avait rabattu son obstination sur sa fille, leur fille, tout ce qu’il restait de lui, tout ce qu’elle désirait. Ce qu’elle pensait être à jamais, son unique source de bonheur. Jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à cet instant. « Désolé, j–je peux repasser plus tard si tu veux. » Elle ne sait pas quoi dire, elle voudrait reculer plus mais le mur derrière elle la retient. Ses jambes tremblent, ses yeux se voilent. Elle aimerait pouvoir lui dire tant de choses, mais sa gorge se contracte et refuse de céder. Son corps s’imprègne de sa voix, goûte au délice de ces besoins inavoués. Ses dents mordillent sa lèvre inférieure jusqu’au sang pour retenir son impulsivité. « Tu… tu as l'air bien. Tu marches. » Elle baisse le regard vers ses jambes et la féérie de l’instant se rompit. « Je vais vous laisser, désolé. »

Le silence s’installa, lourd, pesant. Son regard fuyait à travers la salle pour ne plus le regarder. « Tu es là. » Une question voilée par une déduction logique. Un sentiment refoulé bouillait au fond d’elle. Elle voulait le frapper, le détruire, le réduire à quelque chose de plus pitoyable qu’il ne paraissait déjà. Elle voulait lui faire payer le mal qu’il lui avait fait, elle voulait lui faire comprendre que tout ce qu’il avait essayé de faire pour tuer sa fille n’était pas juste, pas permis. Il n’avait pas le droit de revenir ainsi comme si rien ne s’était passé. Il n’avait pas le droit de prendre part à sa vie ou à sa mort, comme si son sang suffisait à faire de lui le père. Il l’avait reniée, l’avait abandonnée, les avait abandonnées. Elle se sentait rejetée, délaissée. Plus encore lorsqu’elle avait appris qu’il venait voir leur fille régulièrement alors qu’elle-même avait passé son temps à l’hôpital désespérément seule. Elle se sentait trahie, jalouse de sa propre fille. Des émotions opposées se confrontaient à l’intérieur de sa tête et de son cœur. Elle avait beaucoup de mal à se dépêtrer de ce dilemme. Ces réflexions trop profondes lui donnaient mal à la tête et puisaient dans le peu d’énergie qu’il lui restait. Son cœur battait vite, beaucoup trop vite. Elle s’attarda quelques secondes à peine sur la silhouette trouble de celui qu’elle aimait et détestait à la fois avant de reposer son attention sur son enfant. Ce contact suffit à lui faire comprendre ce qu’elle devait faire. Son regard se redressa vers Simon qui semblait attendre un quelconque geste de rejet de sa part. Elle en avait envie. Une partie d’elle tout du moins. Mais pour une fois, elle ne devait pas être égoïste. Sa main se tendit vers lui, comme un prolongement de son cœur, et les mots tentèrent d’être aussi doux que possible. « Tu peux rester. Mais ne reste pas parce que tu penses y être obligé, reste parce que tu en as envie, » reste parce que j’en ai envie, « reste parce que tu en as besoin, » reste parce que j’en ai besoin, « reste parce que tu l’aimes, » reste parce que tu m’aimes aussi, « reste parce que tu veux être son père. » Son bras se baissa parce que cette position devenait trop douloureuse, mais elle n’arrêta pas. « Ne la choisis pas par dépit. Si tu ne t’en crois pas capable, je préfèrerais que tu partes. » Reste. « Elle mérite d’être aimée par quelqu’un qui tient à elle. Elle mérite un père qui veut d’elle. Je dois la protéger Simon. C’est mon rôle … » Ses doigts effleurèrent le voile qui la séparait de sa fille, et lentement, elle se laissa retomber dans le fauteuil qui se trouvait à côté du chaudron. Elle se sentait faible et fatiguée. Les fleurs qui se trouvaient à côté d’elle pleuraient ; refermées en un petit bouton, des gouttes d’eau perlaient sur le sol et elle sut que ses émotions se reflétaient à travers ces végétaux. Aussi incontrôlable que pouvait être sa magie, elle arrivait aussi à faire de belles choses.
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PRISONERS • bloodstains on the carpet
Simon Rosier
Simon Rosier
‹ disponibilité : dispo (1/6)
‹ inscription : 07/09/2014
‹ messages : 1145
‹ crédits : tplrs (avatar), tumblr (gifs).
‹ dialogues : #669999.
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‹ liens utiles :
‹ âge : trente-huit ans (24/05/66).
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5314
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
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i know we're broken
If I could tear you from the ceiling, I know the best have tried, I'd fill your every breath with meaning, And find a place we both could hide. Don't go and leave me, And please don't drive me blind.

La solitude ne l’avait jamais déçu. Et quitte à s’aliéner du vulgum pecus, il préférait qu’une présence lui manque un instant plutôt que souffrir d’une absence particulière, si particulière qu’elle en devenait insupportable – il préférait se morfondre seul dans un bar, en piètre compagnie, que se languir d’autrui. La solitude, oui – la solitude ne l’avait jamais déçu. N’était-ce pas ainsi qu’il était supposé vivre, au risque de se retrouver empêtré dans pareille situation. Il sent son regard chercher le sien, fouiller cette apparence négligée, les mèches ébène tombant sur ses orbes torves, que d’ordinaire il gominait afin de se prétendre plus distingué, la barbe avalant la moitié de son visage, ce masque derrière lequel il se planquait lâchement. Il n’était plus vraiment lui-même, depuis l’attentat. Trop à l’étroit dans sa caboche esquintée. Des idées étranges, des souvenirs d’autrefois, des convictions incohérentes. Ça n’avait aucun sens, et pourtant ces pensées d’ailleurs l’assaillaient du matin au soir, à chaque fois qu’un moment d’absence lui faisait perdre pied. S’en rend-elle compte, que ça ne tourne pas rond là-haut, qu’il déconne comme jamais il n’avait déconné, le voit-elle, aussi bien qu’il voit sa souffrance de mère. Il était ce qu’il était, là se résidait sa véritable tragédie, mais il n’était pas aveugle – il n’a pas besoin de lui demander tu vas bien, il a la réponse sous le nez. Il connaît (croit connaître) Anna. « Tu es là. » Il secoue la tête, et soudain, la main qui se retient à la poignée vient s’écraser contre ses billes céruléennes. Il déglutit, refoule, refoule toujours plus, merde, ça monte, ça le prend aux tripes, à la gorge, et les joues rougissent, à l’instar des yeux, désormais trempés, quoique dissimulés derrière sa paume tremblotante. Il n’en peut plus. Il n’en peut plus, et il voudrait que ça se termine. Il voudrait oublier ce qu’il a fait, ce qu’il lui a fait. Sa manière de parler, cette voix douce à ses oreilles, mélodie trop apaisante, trop rassurante, le sidère autant qu’elle le bouleverse, et il ne comprend pas. Ça lui échappe, qu’en dépit de son ignominie, elle lui témoigne cette retenue aux accents courtois, comme s’ils s’étaient quittés la veille après s’être disputés au sujet de la couleur d’un papier peint. Et ses paroles ne le rassurent pas : elles l’accablent. Dans sa contenance résonne l’écho de sa propre colère ; il ne le supporte pas. « Tu peux rester. Mais ne reste pas parce que tu penses y être obligé, reste parce que tu en as envie–Ann– » une rage sourde se mêle à la lassitude qui l’oblige à ployer l’échine, la charpente toute entière terrassée par quelque démon intérieur, « reste parce que tu en as besoin–S’il te plaît– » arrête de parler, s’il te plaît, s’il te plaît, et la main se décroche de son visage éreinté, révèle honteusement le sillage brouillon de larmes qu’il n’a pas eu la décence de réprimer, les traits se tordent, « reste parce que tu l’aimes, reste parce que tu veux être son père. » Un reniflement clôture l’échange. Il cédait rarement à ses émotions, et ce n’était jamais que des objets volant à travers la pièce, des insultes vociférées contre n’importe quel quidam obstruant son chemin, une bouteille d’alcool se vidant directement à ses lippes – mais aujourd’hui, il chialait silencieusement ; l’épuisement, les nuits sans sommeil, le nœud tordant ses entrailles, la peur, cette peur qui l’empêchait de fonctionner correctement, il n’y avait rien, rien ici pour l’armer contre d’invisibles ennemis, rien pour enrayer cette lucidité pesante. Face à elle, cependant, il croit avoir reçu une permission tacite. « Ne la choisis pas par dépit. Si tu ne t’en crois pas capable, je préfèrerais que tu partes. » Et il reste, malgré tout. « Elle mérite d’être aimée par quelqu’un qui tient à elle. Elle mérite un père qui veut d’elle. Je dois la protéger Simon. » Il l’avait rejetée, blessée, humiliée, ravagée, l’aurait laissée pour morte sous les décombres de l’hôpital ; indigne, indigne, indigne. Ce n’était pas une erreur, cette fois-ci, ce n’était pas quelque chose qu’il pourrait ravauder avec quelque promesse mensongère ; il lui fallait implorer son pardon, et ça ne suffirait pas.
« C’est mon rôle… » Qu’en est-il du sien ?
Et elle est si majestueuse, quand lui manque de tomber à ses pieds.
Le bébé, témoin mutique, respire lentement. Il se concentre un instant sur son ventre qui se gonfle à grand peine. Campé sur ses guiboles, Rosier fourrage sa crinière, passe le revers de sa main sous son nez. « Non—fuck… » c’est son œuvre, une horreur qui lui échappe. Elle lui offre une chance, et c’est celle de trop. Il l’a forcée à traverser les neuf cercles de l’Enfer sur les rotules, tandis qu’il gambadait autour d’elle avec ses vices, et elle lui parle de rédemption. Évidemment — il aurait tout fait, pour la récupérer, jusqu’à glaner une énième occasion, mais cette valse maudite l’a usé. « Comment tu… comment tu peux–tu peux me dire tout ça, sans flancher… » Il s’interrompt, secoue de nouveau la tête. « Comment tu peux te tenir là, et rester comme ça ? T’as pas envie… je sais pas, t’as pas envie de hurler… » De me frapper, putain, gifle-moi, merde. Fais quelque chose, venge-toi, venge-la, mets-moi à l’épreuve. Au fond, peut-être souhaite-il qu’elle cède aussi à ses pulsions, que pour une fois, il aperçoive autre chose que ce calme olympien, que de son trône elle bascule, se mette à son niveau, qu’ils accordent leurs éclats, et transforment leurs invectives en vocalises. « Tu peux pas accepter ça, il murmure. Tu peux pas accepter… putain, mais pourquoi tu fais ça ? » il s’impatiente, et lui dérobe sa colère, sa rancœur, qui dans sa bouche aurait pu trouvé la légitimité qu’il bafoue en ce moment même. Il s’était préparé à une tempête, comme lorsqu’elle s’était réveillée, pas à un sourire, ni à une main tendue. Tout ça, c’était fini. « Après que tu sois partie, (après t’avoir virée), il commence, je–je l’ai regretté. Je sais que ça rattrape rien… mais je voulais que tu le saches. Je– le verbe filandreux, il ignore dans quelle lamentable tirade il s’est lancé, j’ai pensé à toi. Enfin–j’arrêtais pas d’y penser. Je veux dire, à elle—je pensais à elle. (C’est aberrant, mais il a le mérite de s’accrocher.) Je sais même si… je sais même pas si j’aurais voulu que les choses se passent autrement. » Simon parle sans gestes. Depuis toujours, il se contentait de fixer son interlocuteur, les mains enfoncées dans les poches, ou les bras croisés sur le torse, les jambes croisées ou le pied contre le mur, l’allure raide et, pourtant, un tantinet désinvolte. Face à Anna, il se dandine un peu, froisse son visage d’une main lasse, en quête de ses mots et, au fond, de lui-même, de sa place dans cette balance-là. « Quand ils me l’ont montrée… dans ce– à défaut de se rappeler le terme exact, il désigne du menton cette chose qui maintient leur fille en vie, et ne termine pas sa phrase à peine amorcée. Il marque un silence désolé, les prunelles tombent à ses pieds. Ça m’a brisé le cœur. Et toi… dans cette chambre. Ils m’ont raconté. » L’attentat, la naissance prématurée, la mort qui avait tournoyé autour d’eux sans en faucher un seul. « J’aurais dû être avec toi. (Mais ne lui avait-il pas déjà dit.) Tu… (Il y a un mon amour qui lui brûle le gosier, et qu’il ravale.) J’ai… je lui ai donné mon nom. Ils m’ont demandé, et… » c’était la chose à faire. « Elle… elle a un mois, aujourd’hui. Et–et elle a pas de prénom. » Ses omoplates se décollent enfin du verre de la porte. Il s’approche du couffin, et ose, le temps d’une seconde, un demi-sourire déconfit, attendri, sans doute, par la vision paisible de l’enfant. Sa main s’accroche au rebord, « il y a rien que je puisse te dire qui rachètera quoique ce soit. » En son for intérieur, il est bien entendu convaincu qu’il n’a jamais voulu lui causer de tort mais est-ce dans sa nature, de la repousser aussi loin qu’il en était capable pour courir la rejoindre, et continuer, jusqu’à ce qu’ils heurtent enfin à une limite. Ils auraient voulu qu’ils se désapprennent, mais elle lui était terriblement essentielle, quand bien même avait-il une singulière manière de lui prouver. Une singulière façon de la considérer.
« J’aurais pas supporté de te perdre, » il échappe, dans un murmure éraillé.
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Anna Grimaldi
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‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
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Mercy

Please have mercy on me. take it easy on my heart even though you don't mean to hurt me you keep tearing me apart. Would you please have mercy on me ? I'm a puppet on your strings and even though you got good intentions, I need you to set me free. ()

Ses épaules s’affaissent à l’évocation de cette réalité qui lui était trop vite tombée dessus. Son dos se courbe sous le poids des responsabilités qu’elle n’était pas encore prête à assumer pour sa fille. Donnez-moi encore du temps. Rendez-moi les quatre mois que je n’ai pas eu. Ramenez-moi au moment où ma fille était en sécurité au fond de mon ventre et pas en train de souffrir dans ce chaudron. Elle se torture intérieurement, s’accroche au passé comme si sa vie ne pouvait être qu’un échec dans le présent. Elle qui revendiquait l’existence, la vie, l’avenir, se cloisonnait confortablement dans cette prison de toiles et de poussières. Il était si simple d’analyser ses livres de souvenirs, de rappeler à sa mémoire les bons moments, d’offrir à ses enfants la sécurité d’une existence passée, mais quel intérêt pouvait-elle y trouver ? Tout ce qu’elle pouvait y gagner était les regrets. Elle perdait son temps à chercher des personnes qui n’existaient plus, à bâtir des cloisons sur des ruines, à polir des objets qui n’avaient plus grands intérêts … Sa fille est un élément du futur, elle est l’avenir, elle existe, est réelle. Il n’est plus temps de chercher des échappatoires, elle y était — elle y est — l’histoire ne l’attendra pas. La fatalité qui la brusque, la gifle, l’attaque de front … Le présent. « Non—fuck… » Ses traits se durcissent. Quel gnome l’avait mordu ? Elle prenait ces mots comme une agression personnelle mais il ne semblait pas vouloir la blesser. « Comment tu… comment tu peux–tu peux me dire tout ça, sans flancher… » Ses doigts repoussent une mèche de cheveux qui lui tombe sur les yeux. Que voulait-il qu’elle fasse ? « Je — » ne sais pas. « Comment tu peux te tenir là, et rester comme ça ? T’as pas envie… je sais pas, t’as pas envie de hurler… » Elle secoue la tête obstinément. Anna ne hurle pas, elle se plie. Par son éducation, sa mère l’avait rendue forte et faible à la fois. Parce que se taire face aux pires injures, aux pires souffrances, aux catégoriques divergences d’opinion n’était pas simple. Elle s’était battue pour arriver à la patience dont elle était dotée aujourd’hui, et cela constituait sa plus grande force. Mais ne pas répondre, ne pas donner son opinion, continuellement faire des concessions, tout cela était épuisant et la rendait insignifiante aux yeux des autres. Elle laissait tout passer, encore et encore, sans jamais trouver la force de s’élever contre les blessures qu’on lui infligeait. « Tu peux pas accepter ça. Tu peux pas accepter… putain, mais pourquoi tu fais ça ? » Sa voix est à peine audible, mais elle l’entend. « Arrête … » Son esprit s’interdisait de voir le mal en Simon. Malgré son rejet durant leur adolescence, malgré sa disparition et sa continuelle mauvaise humeur lorsqu’elle était avec Thomas, malgré ses accès de colère lorsqu’il avait passé une mauvaise journée, malgré l’ultimatum qu’il lui avait posé au sujet de leur fille … Rien de tout cela n’était suffisant à ses yeux pour qu’elle arrête de l’aimer. C’était sa part de faiblesse. L’amour était sa faiblesse.

« Après que tu sois partie, je–je l’ai regretté. Je sais que ça rattrape rien … mais je voulais que tu le saches. Je–… j’ai pensé à toi. Enfin– … j’arrêtais pas d’y penser. Je veux dire, à elle— … je pensais à elle. Je sais même si… je sais même pas si j’aurais voulu que les choses se passent autrement. » A elle ? Uniquement à elle ? Une pointe de jalousie venait obscurcir son jugement. Indigne mère que celle qui cherchait toute l’attention et l’affection du père plutôt que de l’offrir à sa fille. Elle se reconcentre, flanque ses prunelles sur l’abri de sa fille et s’excuse intimement. « Quand ils me l’ont montrée… dans ce– … Ça m’a brisé le cœur. Et toi… dans cette chambre. Ils m’ont raconté. » En mettant leurs regrets bout à bout, ils auraient sûrement pu écrire un livre, peut-être même plus. Elle ne pouvait plus accepter ça sans rechigner, elle ne le laisserait pas la ramener à ses vices. Le passé est le passé. Cette réplique brûlait ses lèvres et la colère lui montait aux joues un peu plus qu’elle ne le voudrait. Elle respire lentement, se calme, s’adoucit. « J’aurais dû être avec toi. Tu… J’ai… je lui ai donné mon nom. Ils m’ont demandé, et… » Il l’avait fait. Et elle s’était posé des questions durant des jours entiers. Elle se rappelait de ses doigts qui grattaient nerveusement la plaque ornant l’incubateur afin de chercher des réponses. N’aurait-il pas pu lui laisser un indice ? Lui donner un moyen de comprendre ? « Elle… elle a un mois, aujourd’hui. Et–et elle a pas de prénom. » Elle sourit. Bien sûr qu’elle a un prénom, à ses yeux, la petite avait toujours eu un prénom, mais elle s’était jusqu’alors interdit de la nommer par pure superstition. S’il voulait vraiment faire partie de sa vie, il avait son mot à dire. Elle n’a pas le temps de répondre qu’il reprend déjà. « Il y a rien que je puisse te dire qui rachètera quoique ce soit. » Elle porte la main à son front sans vraiment savoir si ce geste est un geste de désespoir ou une façon de vérifier son état. Elle tremble, elle a froid mais son visage est moite. Elle se redresse difficilement. Ses oreilles sont trop heureuses d’entendre à nouveau cette voix. Ses yeux se languissent de l’observer des heures entières. « J’aurais pas supporté de te perdre. » Elle prend ces paroles comme le plus beau des cadeaux, elle les attrape et les enveloppe à l’intérieur d’elle-même, gravant dans sa mémoire la perfection de l’instant.

Progressivement, les mots s’évanouissent dans l’air, telles des gouttes de pluie s’égarant dans l’océan. Le silence pèse un moment sur leur échange, ne laissant que le son terrifiant des respirations de leur fille rythmer cet instant. Et puis, le mutisme devient trop lourd, elle doit lui répondre, mais comment ? Elle s’accroche au siège pour rester droite mais le sommeil pèse horriblement sur son corps affaibli. « J’aurais pu hurler, j’aurais pu faire plein de choses pour te faire payer ce que tu as désiré silencieusement, mais ce n’est pas ce que je veux, ça n’a jamais été ce que j’ai voulu. Qu’attendais-tu ? Que je te hurle dessus ? — son ton devient plus dur — Que je te frappe ? — son poing se ferme — Que je te brise ? » Elle n’est pas énervée, essaie seulement de le réveiller, de lui montrer qu’elle n’était pas aussi monstrueuse … que lui ? Elle a honte de penser ça. Elle qui n’a toujours vu que le bon en lui semble réaliser l’existence d’une part d’ombre. Elle souffle douloureusement et s’éveille à une autre perspective. « Il y a quelques mois, j’aurais sûrement pu, mais aujourd’hui … » Elle s’essuie le front et dissimule ses bras tremblant pour ne pas l’inquiéter. « … Aujourd’hui, je n’en suis pas capable et à quoi bon ? Est-ce que c’est ce que tu aurais voulu ? » Elle emprisonne son attention dans cette question rhétorique. Quoi qu’il aurait voulu, elle ne se serait pas pliée à ses désirs … Sa poitrine se soulève difficilement. Elle étouffe. Un poids pèse sur sa cage thoracique. Elle porte sa main à son cou et cherche à dénouer la tension qui étire ses muscles … Mais elle n’y arrive pas. Cette souffrance n’avait rien d’une banale souffrance physique … Elle avait l’impression de brûler, se consumer, mourir. Ses bras s’animent d’un infime mouvement, amorçant un geste dans la direction de Simon. Elle se suspend au désir de le toucher, de l’enlacer, de l’embrasser mais elle s’interrompt dans son élan. « Je ne perdrai pas mon énergie à te traduire en acte tout ce que j’ai pu ressentir … Je peux te dire à quel point j’ai souffert, à quel point j’ai eu mal. Je peux t’avouer que je t’ai détesté, que j’ai pleuré des heures entières à m’assécher. Je — elle tousse — je pourrais faire plein de choses pour t’aider à te punir, mais quel exemple serais-je pour ma fille si je préférais te voir souffrir plutôt que te pardonner ? » Elle s’appuie sur les accoudoirs du siège pour se lever et s’accroche aux meubles de la chambre pour s’approcher de Simon. Arrivée devant lui, elle pose une main à côté de l’incubateur et plonge l’autre dans la sienne. Sentir ce contact insuffle en elle une force nouvelle. « Tu souffres bien assez sans que je n’aie à en rajouter. Tu t’en veux bien assez pour que je n’aie pas à le faire moi-même. Ne me demande pas de te faire du mal, j’en serais incapable … » Pas volontairement en tout cas …

Ses jambes menacent de défaillir et son visage est toujours en feu, mais elle résiste. Elle lâcha sa béquille et se donne toute entière à Simon, s’appuyant difficilement sur sa faible carrure. « Je ne te dis pas que pardonner sera facile — elle plante ses billes de jade dans l’azur des siens — mais si après tout ça … » Elle pense à leur enfance durant laquelle tout allait bien. A leur adolescence où il l’avait évincée de sa vie. A leurs premiers pas dans la cour des grands lorsqu’il avait tout simplement disparu. Et son retour … Ses regards, sa tendresse, tout ce qu’elle avait toujours voulu et en même temps, tout ce qu’elle craignait. Il lui avait brisé le cœur plus d’une fois, et pourtant elle était toujours revenue, l’avait toujours laissé regagner son cœur. Elle le sait, elle est folle de s’accrocher à ce point, d’alimenter ce désir fanatique. Mais au fond d’elle, son seul espoir est de ramener à elle celui qu’elle avait toujours connu, celui qu’elle avait toujours aimé, le Simon qui, sans réfléchir, pouvait accourir lorsqu’elle n’allait pas bien. Celui qui l’aimait, tout simplement. Ce passé, toujours ce passé … « Si après tout ça, je suis encore capable de te laisser une chance, alors réfléchis à la possibilité de t’en laisser une aussi. » Elle pose l’une de ses paumes contre sa joue rugueuse. Elle a une irrésistible envie de l’embrasser, mais elle ne le fera pas, parce que … « Fais-le au moins pour elle. » Un enfant ne méritait pas de subir les morosités de ses parents. S’il y avait une chose qu’un parent devait toujours faire pour son enfant, c’était le protéger et le faire passer avant sa propre personne. Elle se tourne à nouveau vers la petite et emporte Simon dans son geste. Elle souhaite qu’il la voie de la même façon qu’elle la voyait. « Elle a tenu le coup. Même avec tout ça, elle a tenu le coup. » Elle serre sa pression sur la main de Simon sans quitter sa fille des yeux. « Elle est forte, terriblement forte. Comme l’était Teresa. » Son cœur est pris en étau dans sa poitrine. Evoquer sa sœur la bouleverse mais lui fait aussi énormément de bien. Elle a l’impression de l’oublier, avec le temps, de ne plus se souvenir de son visage ou de son odeur. Ce qui lui manque sûrement le plus est son rire. Teresa n’aurait jamais la chance de voir sa petite nièce, cette petite fille qui lui ressemblait tant … « Charlotte … » Sur ses lèvres, se dessine un petit sourire. « Je pensais l’appeler Charlotte. C’était le deuxième prénom de Teresa. J’ai toujours aimé ce prénom. Il traduirait parfaitement la force dont elle a fait preuve dès sa naissance. Tu en penses quoi ? » Choisir ce prénom ensemble amorçait leur combat commun vers leur rédemption. Avec le temps, l’aimer deviendrait peut-être facile. Pour l’heure, la famille qu’ils formaient tous les trois lui suffisait. Ils sont le présent …
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PRISONERS • bloodstains on the carpet
Simon Rosier
Simon Rosier
‹ disponibilité : dispo (1/6)
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‹ dialogues : #669999.
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‹ liens utiles :
‹ âge : trente-huit ans (24/05/66).
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5314
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
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i know we're broken
If I could tear you from the ceiling, I know the best have tried, I'd fill your every breath with meaning, And find a place we both could hide. Don't go and leave me, And please don't drive me blind.

Il ne s’était jamais imaginé père, ni époux, ni chef de famille ; et quand Elias s’était marié marié, il avait passé la semaine des noces à se marrer comme un idiot à chaque fois que son frère déchirait ses brouillons de vœux pour aussitôt lui souffler des idées stupides, arguant que ce serait sans doute la seule fois de sa vie qu’il aurait l’occasion de vivre un mariage de si près. Son aîné l’avait mis en garde, « ça te tombera bien sur la tronche, mais tu seras plutôt le genre à engrosser une fille et à trouver le gamin dix ans plus tard sur ton perron ». C’était con, et il s’était esclaffé, « no way ». Oh, l’ironie — la cruelle ironie. Que dirait Elias s’il le voyait dans cette posture. (Il songeait trop à son aîné, ces derniers temps ; comme un morceau de sa conscience arrachée revenant le hanter, le souvenir de son frère, dont le visage perdait en précision, assombrissait ses réflexions, et en un sens, l’avait peut-être poussé à repenser son rôle de père — d’homme. Ce qu’Elias avait toujours été, et ce qu’il n’avait jamais pu être.) Même fragile, brisée, Anna dégageait une force qui lui faisait défaut. Une noblesse devant laquelle il aurait dû s’incliner, tant il ne la méritait pas. Et sa voix calme, douce, si elle ne l’apaisait pas, nourrissait la culpabilité qui le rongeait depuis qu’il l’avait quittée. « J’aurais pu hurler, j’aurais pu faire plein de choses pour te faire payer ce que tu as désiré silencieusement– (il n’eut pas le cran de la contredire, de ré-affirmer sa position, de dire qu’épargner un tel monde à un enfant était le seul cadeau qu’il lui offrirait jamais.) Mais ce n’est pas ce que je veux, ça n’a jamais été ce que j’ai voulu. Qu’attendais-tu ? Que je te hurle dessus ? Que je te frappe ? Que je te brise ? » Il n’en savait rien. Ne répondit pas, car de toute façon, ce n’était qu’une série de questions rhétoriques dont l’évidence n’était plus à démontrer. Peut-être, oui. Peut-être. Il n’avait envisagé aucun scénario, et ne s’attendait certainement pas à ce pardon indicible, qu’une fois de plus, elle dissimulait derrière des remontrances qui n’en étaient pas. « Il y a quelques mois, j’aurais sûrement pu, mais aujourd’hui … Aujourd’hui, je n’en suis pas capable et à quoi bon ? Est-ce que c’est ce que tu aurais voulu ? » Mutique, il secoua la tête. Je sais pas. La chape du plomb pesant sur ses épaules lui suffisait, et la punition terrible de voir leur fille souffrir suffisait ; s’il était resté auprès d’Anna… les choses auraient été différentes. Pas mieux, mais moins pires. « Je ne perdrai pas mon énergie à te traduire en acte tout ce que j’ai pu ressentir … Je peux te dire à quel point j’ai souffert, (il cessa de soutenir son regard, lui préféra la contemplation de ses pompes) à quel point j’ai eu mal. Je peux t’avouer que je t’ai détesté, que j’ai pleuré des heures entières à m’assécher. (Et chaque larme versée était sans doute un verre de plus pour lui.) Je pourrais faire plein de choses pour t’aider à te punir, mais quel exemple serais-je pour ma fille si je préférais te voir souffrir plutôt que te pardonner ? » Un bon exemple, putain. Un bon exemple. Mais ça, il ne le dira pas — plutôt crever sur place qu’envenimer cette conversation. Il souffrirait une seconde, et ce ne serait rien, absolument rien comparé à son départ, à cette grossesse solitaire qu’elle n’avait même pas pu mener à son terme. Ce n’était rien. « Tu souffres bien assez sans que je n’aie à en rajouter. Tu t’en veux bien assez pour que je n’aie pas à le faire moi-même. Ne me demande pas de te faire du mal, j’en serais incapable … » Contrairement à lui. Elle s’était levée, et d’instinct, il avait tendu la main vers elle, alors qu’elle se raccrochait fébrilement au premier appui que ses doigts trouvèrent, et bientôt, elle lui faisait face, sa paume dans la sienne sans qu’il ne percute ce qui était en train de se passer. Il lui attrapa le coude lorsqu’elle tituba, et refusa de lâcher prise. « Je ne te dis pas que pardonner sera facile mais si après tout ça … Si après tout ça, je suis encore capable de te laisser une chance, alors réfléchis à la possibilité de t’en laisser une aussi. — Anna… » sa main effleura sa joue, et son seul réflexe fut de la saisir — il faillit l’obliger à briser ce contact, mais au dernier moment, resserra sa pression autour de ses phalanges. De nouveau, ses billes azures se braquèrent ailleurs. « Fais-le au moins pour elle. Elle a tenu le coup. Même avec tout ça, elle a tenu le coup. » À l’instar de sa mère. Le bébé ne tenait pas cette force de son père. De lui, manifestement, elle n’avait que les yeux, et il considérait que c’était assez. « Elle est forte, terriblement forte. Comme l’était Teresa. » Il prétendit ne pas comprendre l’évocation de sa sœur disparue. Sa cage thoracique se comprima et, machinalement, il retira sa main de la sienne pour gratter la Marque, sous la manche de son pull. Briser des familles, c’était tout ce dont il était capable. (Plutôt moisir à Azkaban pour le restant de ses jours que ruiner la vie de sa propre fille.) « Charlotte … Je pensais l’appeler Charlotte. C’était le deuxième prénom de Teresa. J’ai toujours aimé ce prénom. Il traduirait parfaitement la force dont elle a fait preuve dès sa naissance. Tu en penses quoi ? » Lui n’avait réfléchi à rien, évidemment, et quelque part, il songea que le choix ne lui revenait pas, pas après la manière dont il avait disparu puis resurgi dans sa vie. L’ombre d’un sourire attendri releva la commissure de ses lèvres, tandis qu’il hochait docilement la tête. « Charlotte. » C’était joli. Classique. Le prononcer à haute voix lui donna l’impression de la reconnaître entièrement, d’affirmer à Anna qu’il était bien le père, qu’il ne reculerait pas (du moins voulait-il s’en persuader). Ses doigts se frayèrent un chemin jusqu’à la nuque d’Anna, d’habitude cachée par sa crinière rousse — « Je reviendrai demain. » Il frôla le voile protégeant Charlotte du bout des doigts et, sans ajouter un mot, se dirigea vers la porte, « promis ».

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