nasty; you suck anyway

you’re too mean, i don’t like you, fuck you anyway. you make me wanna scream at the top of my lungs.

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NOVEMBRE 2003. « You’re late. » Arrêté avant même de réussir à mettre un pied à l’intérieur de la maison, sa mère, bras croisés, le toise comme s’il lui avait le pire affront qui existe (alors qu’il a seulement deux minutes de retard). En composant son expression la plus angélique, il répond d’un ton extrêmement faux : « You’re stunning, mom. » En à peine deux secondes, l’agacement de sa mère se dilue, alors qu’elle empoigne son bras pour le tirer à l’intérieur. « You’re forgiven! » Elle n’est jamais réellement agacée, c’est seulement pour l’effet dramatique qu’elle exagère les situations (et les gosses Chang ont vite compris que même sans les penser, les compliments marchent toujours avec Iseul). Comme en ce moment même alors qu’elle se laisse tomber sur le canapé, l’arrière de sa main collé sur son front. « Fils, je suis à l’agonie. » Intérieurement, il prie Merlin et tous les autres loustics pour que ça ne soit pas encore un problème capillaire et tente de s’éclipser en douce du salon. « Ma Jian chérie m’a trahie! Partie traîner avec des copines, elle m’a poignardée dans le dos… moi, sa pauvre mère… » Il se met la main sur le visage, retenant de toutes ses forces l’agacement pour ne pas la froisser ; même habitué à l’extravagance de sa mère, c’est toujours très fatigant de la suivre dans ses délires. « Sans ma Jian, ma vie n’a aucun sens… Comment vais-je vivre, Merlin… » Elle prend une pose théâtrale en fixant les fausses caméras décoratives présentes dans le salon ; sa mère a constamment l’impression d’être sous le feu des projecteurs et de fait, exagère son jeu le plus possible, même à la maison. Personne n’ose lui dire à quel point elle est mauvaise comme actrice, surtout qu’elle vit dans son petit monde dans lequel elle a gagné plusieurs Shimpling d’Or. « Jian est partie quelques heures seulement, can you maybe chill – » oh non, mauvaise idée « what did you just say to me?? » il ne faut jamais énerver la daronne « nothing », qu’il répond, plaçant les mains devant lui, reculant de plusieurs pas jusqu’à toucher la première marche d’escalier avec ses talons. Sa mère s’est levée du canapé et fait même semblant de se prendre un sortilège dans le cœur. « MON PROPRE FILS ME POIGNARDE, ADIEU MONDE CRUEL, PERSONNE NE M'AIME JE VAIS ALLER DANS UN MONASTÈRE MOLDU » et elle tombe inerte sur le canapé et Nao saute sur les marches et grimpe deux marches à la fois pour fuir sa comédienne de mère. Il va directement sous son lit, en sort une boîte sur laquelle il a écrit ‘’maillot porte-bonheur’’ et sort le contenu. C’est celui sur lequel sa sœur pseudo-medium avait posé ses mains miraculeuses dessus, à la demande de sa mère, pour lui donner de la chance lors de son premier match ; s’il avait cédé pour qu’elles le laissent tranquille, n’ayant jamais cru aux pouvoirs de Jian, ça l’a quand même surpris d’être putain de chanceux durant le match et depuis, il le porte toujours. Et comme ce soir, il en a un… Il descend les marches en épiant tous les coins à la recherche d’Iseul, pour éviter qu’elle ne lui tombe pas dessus à l’improviste et quand il voit que la voie est libre, il court jusqu’à la porte de sortie en gueulant « j’y vais, à plus » sans même attendre une réponse.

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« Pas trop stressé ? » Demande Chuck Young, surnommé ‘’CY’’, un dude de son cours d’histoire de la magie ; pas trop collant, ni du genre à mettre sur un piédestal tous les quidditchplayers, en soi il est plutôt cool et Nao se fait la réflexion qu’il devrait l’inviter un de ces quatre à sortir avec Nina et les autres. « Kinda », qu’il répond en haussant les épaules, feignant la nonchalance alors qu’il meurt à petit feu à l’intérieur. Même habitué à la vie d’un quidditchplayer, il a toujours des nœuds et une envie de vomir avant chaque match. Il tire sur les manches de son maillot porte-bonheur, couvrant complètement ses mains et tente d’oublier le stress avant le match. Encore quatre heures mais il a le temps avant le début des échauffements, d’où sa présence à l’école en attendant que sa meilleure amie termine ses cours, pour qu’ils partent ensemble. CY lui parle du devoir qu’ils ont à rendre la semaine prochaine, lui posant quelques auxquelles il répond brièvement, surtout gêné par les coups d’œil que les passants lui lancent dans le couloir. S’il fait tous les efforts du monde pour ne pas les dévisager, c’est un peu raté parce qu’il a quand même sa bitchy resting face en place et damn, il ne le fait même pas exprès. Juste que le stress du match, le regard des inconnus, le charabia de son camarade, ça le met automatiquement dans une humeur hostile.

« Hey, Chang ! » Il lève brusquement le regard en direction du mec qui l’interpelle, pas très loin de CY et lui et – fuck. Il ne prête pas attention à la sonnerie ou même aux étudiants qui sortent des salles de classe, non, Nao Chang est surtout focalisé sur ce putain de café qui s’est renversé sur son maillot. Putain. Son. Maillot. Porte. Bonheur. Est. Ruiné. Il toise le type et le reconnaît comme étant Even quelquechose, il l’avait croisé quelques mois plus tôt et maintenant… et maintenant l’autre se met même à lui rire au nez. S’il se trouvait déjà hostile quelques minutes plus tôt, c’est rien comparé à ce qu’il ressent actuellement : en fait, il a sérieusement envie d’envoyer son poing dans la figure de cet imbécile qui, visiblement, avait prévu le coup depuis le début. Quand il finit par prêter attention aux étudiants qui les encerclent maintenant, il entend certains dire : « Oh, putain Even Li j’y crois pas, tu l’as vraiment fait!! Faites passer les gallions, les mecs, j'ai gagné le pari! » « Dude, c’est super bas comme coup, t’es pas au courant qu’il a un match ce soir??? » « Je l’ai déjà entendu dire qu’il a toujours haï Chang, tu te rends compte? » «…damn, il a vraiment du culot pour faire un coup pareil, c’est vraiment pas cool dude… »

Et ça lui revient aussi, que quelques semaines plus tôt certains étaient venus lui rapporter des rumeurs ‘’Even Li a dit ça sur toi’’ (« Tu connais Even li ? C'est un gars en art/danse, Dayton dit que sa meuf lui a dit que son cousin lui a dit que West a appris de Mélusine qu'il raconte partout que tu joues mal et que quelqu'un t'a enfoncé ton balai dans le cul ») qu’il avait simplement balayé du revers de la main parce que justement, c’étaient juste des rumeurs. Mais le café renversé et le rire de Li, c’est presqu’une déclaration de guerre (il a probablement pris de sa mère pour exagérer certaines situations). CY remarque sans doute son regard meurtrier puisqu’il lui tapote l’épaule en répétant que « ça n’en vaut pas la peine » mais Nao s’écarte tout doucement de lui, le regard glacial ne quittant pas celui de Li. Il le toise de la tête aux pieds, accompagnant son regard de son expression la plus méprisante au possible ; on le traitera de snob demain mais who cares Li vient de ruiner toutes ses chances de gagner ce match. Il s’avance vers Li en quelques enjambées, et malgré la différence de taille et de carrure, Chang est tellement énervé qu’il irradie probablement tout le mépris qu’il porte, en ce moment même, à l’encontre d’Even Li, son pain in the ass personnel. « Peasant », qu’il lui crache à la gueule sans hausser la voix mais son ton est tellement acide que les élèves les encerclant ont entendu. Et l’instant d’après, il bouscule Even en lui donnant un coup d’épaule, assez fort qui fait reculer Li (parce que mine de rien, il a beau être petit et maigre, son corps est constitué que de muscles, en bon sportif qu’il est). En le toisant une dernière fois de la tête aux pieds, Nao met fin au spectacle en prenant une direction au hasard, sans même savoir où il se rend. Il sait juste qu'Even Li est un homme mort à ses yeux.

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NOVEMBRE 2003. Ça le taraude pendant des jours entiers, cette histoire. Encore plus quand Nina et Park lui rappellent qu’il a possiblement réagi au quart de tour, surtout Park qui connaît Li personnellement. Même en concédant à s’excuser auprès du garçon pour son insulte, Nao a franchement du mal à effacer de sa mémoire le rire narquois et toutes les remarques que d’autres gens lui ont rapporté. Ça le taraude encore plus parce qu’il n’a pas l’habitude d’être aussi affecté par les actions et les propos de quelqu’un and yet – ça le travaille encore et encore au point de le rendre de mauvaise humeur même quelques jours après l’incident. Ils ne sont rien, juste des inconnus qui avaient échangé une dizaine de mots et des coups d’œil quelques mois plus tôt ; Nao l’aurait même abordé s’il en avait eu l’occasion. Mais il a probablement reçu des signaux contradictoires de Li, vu la tournure des événements – fuck him, he’s nobody. Il a beau se rappeler qu’il ne devrait pas accorder autant d’importance à l’autre, ça le perturbe de savoir ce qu’il a pu lui faire, pour être autant haï. Il s’est même convaincu que c’est juste le schéma habituel, les gens qui ne peuvent pas le saquer à cause de son attitude ou simplement parce qu’il existe, ces gens qui l’antagonisent d’emblée ; it’s fine, Nao est tellement habitué qu’il peut toujours gérer qu’un autre nom s’ajoute à la liste.

Il termine les derniers exercices dans la salle de sport et se glisse rapidement sous la douche. C’est une salle aménagée pour les athlètes de toutes disciplines, chacun suivant son programme d’entraînement individuel. Mais aujourd’hui Nao était beaucoup trop déconcentré, tête ailleurs, complètement loupant ses propres scores et ça lui a pris plus de temps que prévu pour tout boucler. D’où son empressement quand il se douche en même pas cinq minutes, prend ses affaires et quitte l’immeuble les cheveux encore mouillés sous la capuche. Celle-ci finit même par tomber alors qu’il traverse la cour et s’engouffre dans un autre bâtiment, direction la cafétéria. Nina lui a fait passer un mot qu’elle l’attendrait pour le déjeuner mais il n’a plus qu’une quinzaine de minutes pour acheter son repas, manger et aller en classe – elle est probablement déjà partie de toute façon. Son sac de cours glisse de ses épaules mais il zigzague parmi les couloirs sans même remarquer que quelqu’un d’autre court en venant d’en face et qui s’arrête aussi devant les portes de la cantine –

Li.

Nao s’immobilise, remet l’anse de son sac sur son épaule et le toise en reprenant sa respiration alors que Li fait de même. Ça devient tendu au fil des secondes parce qu’aucun d’eux ne veut laisser passer l’autre en premier et les sorcières de la cantine commencent à les presser pour terminer leur service du jour. « Téma, téma, c’est encore Li et Chang… » Joie. Y’a même une audience, putain. Il soupire et fait un signe de la main à Li pour le laisser passer devant parce qu’il est trop fatigué pour se battre. Li lui lance son éternel rire mesquin à la gueule avant de le dépasser, probablement pour lui montrer qu’il n’a pas besoin de la putain de permission de Nao Chang pour juste passer en premier, thank you very much. Il roule des yeux et le suit à son tour, prenant son plateau et passant sa carte dans l’espèce d’œil qui la scanne. Les remarques des autres se dissipent mais il les entend quand même rire sur eux, sur lui et il a juste tellement envie de leur dire de se mêler de leurs affaires. Et puis ça l’énerve aussi que Li et lui aient démarré du mauvais pied et il a promis à Nina et Park qu’il s’excuserait, right ? Right. Alors qu’ils chargent leurs plateaux d’une bonne quantité de bouffe, Nao s’adresse à Li sans le regarder. « You know – » avant de se faire interrompre par Li d’une voix acide « get lost, Chang. » Nao serre les dents et cette fois le dévisage sans même se retenir. « I wanted to apologize. » « Good. » « Let me finish. I said I wanted to. And then I realized, I'm not sorry. » Et avec un rictus mauvais, Li s’éloigne et Nao se dit que finalement toutes les rumeurs sur eux sont vraies : ils ne s’entendront jamais et que c'est probablement mieux ainsi.

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Après avoir avalé pratiquement la moitié de son plateau, il a dû se presser pour aller à son cours d’après-midi : histoire de la magie. L’amphithéâtre est déjà complètement rempli et les seules places qui restent se trouvent tout devant le prof et si Nao passe inaperçu quand il rentre en retard, il se rend compte que ses voisins de table sont plongés dans un débat important entre Li et Chang, lequel est le plus fort physiquement. Ils ne semblent même pas s’apercevoir que Nao entend tous leurs chuchotis, même s’il essaye de se focaliser sur le cours. Ça parle de pari, de réputation, ça parle d’eux tout court comme s’ils étaient des bêtes de foire juste pour leur divertissement personnel. (« Non, I mean, Chang est quand même joueur de Quidditch, j’pense pas qu’il soit une mauviette… » « Je l’ai jamais vu se battre en tout cas. Mais le Li ? Il provoque tout ce qui bouge, Boyd a dit que Hemmick lui a dit qu’il passe sa vie en détention à cause des bagarres. » « Mais j’ai entendu par Reynolds que Chang a bousculé Li tellement fort et loin qu’il lui a disloqué l’épaule. Je mise sur Chang. » […]) Et. Ça. Ne. Cesse. Jamais. Bordel. Il finit même par casser sa plume tellement il n’arrive pas à se concentrer, qu’il a le cerveau rempli de pensées négatives et des voisins qui font de putains de paris sur lui. Il se tourne brusquement et plonge son regard le plus dur sur le premier qu’il trouve – il ne lui a jamais adressé la parole, il ignore ce qu’il a dit spécifiquement sur lui (et sur Li) mais pour Nao il prendra un peu pour tout le monde. Pour tous ces gens qui sont venus lui murmurer des rumeurs, attiser la haine naissante entre Li et lui, pour tous les maux de tête – pour tout. Nao ne baisse pas non plus la voix, exprès, pour que tout le monde l’entende. « Oh, I get it. ‘Must be hard thinking with your head so far up your own ass, that’s probably why you’re semifunctional. Stop spreading fucking lies about me. » Et s’il a réussi à fermer le clapet du mec qui avait même sorti les gallions sur sa table pour ajouter au pari, Nao a réussi à s’attirer plusieurs regards curieux et, surtout, il a interrompu le cours. « Mr Chang, retournez-vous et venez me voir après le cours. » Même si les rumeurs disent que Li est habitué aux détentions, c’est justement Nao qui s’en prend une après le cours. Joie.

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Et comme si sa journée n’avait pas été meilleure, ‘faut bien qu’il tombe encore sur Li. Il est 18h déjà, bientôt son rendez-vous avec l’infirmière de l’école pour son contrôle régulier. Il n’avait juste pas prévu qu’il tomberait sur putain de Li dans la salle d’attente, assis sur le banc. Mais c’est facile de l’ignorer, surtout quand Li est si profondément plongé dans son carnet à dessins, une sucette dans la bouche, que Nao n’a pas besoin de faire d’effort pour oublier qu’il existe. Il y a deux autres personnes également dans la salle d’attente – pratiquement tout le monde est fatigué. Il aimerait bien sauter ce rendez-vous et rentrer chez lui pour juste oublier cette journée de merde mais c’est un manque de respect envers l’infirmière alors il prend son mal en patience et ferme les yeux. Les premières minutes, le couloir est plongé dans le silence, pas même un chuchotement ne vient le rompre. Et puis – et puis, y’a un putain de bruit. Un genre de clic-clic et quand il lève la tête et ouvre les yeux, il se rend compte que ça vient de Li. D’une main, il tient un crayon et de l’autre, il fait cliquer la sucette contre ses dents. Et ça le rend dingue. Il a la bouche légèrement entrouverte et la sucette passe d’un côté à un autre et le bruit continue et Nao ne s’aperçoit même pas qu’il a fait quelques pas en avant jusqu’à ce que Li lève la tête dans sa direction, probablement après avoir aperçu ses chaussures dans son champ de vision. « Can I fucking help you ? » Il lui demande, la sucette toujours contre ses dents. Nao fronce les sourcils et répond à voix basse « quit clicking. » Mais Li lui sourit avec arrogance, recommençant à taper la sucette sur ses dents. « What, this ? » Putain, et en plus il joue à l’idiot. « Are you five ? Cut that shit out. » Mais sa réponse a l’effet inverse sur Li qui continue de cliquer cliquer cliquer et bordel il va vraiment devenir fou si ça continue. Et plus ça agace Nao, plus Li joue avec sa sucette, le plus rapidement possible, au point qu’il n’ait plus que ce putain de son dans la tête. Et finalement, Nao réagit de la plus raisonnable façon qui existe : il lui fout un coup de poing dans la gueule.

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NOVEMBRE 2003. « Stupidity happened. » Comme d’habitude, il n’a pas réussi à expliquer à quiconque ce qui lui avait pris, quelques jours plus tôt, de frapper Li – c’est pas son genre et en plus il a habituellement plus de sang-froid que même les gosses les plus pénibles de sa famille n’ont pas réussi à ébranler. Sa seule réponse, maintenant, c’est justement de tout remettre sur le dos de la stupidité parce qu’avouer qu’il n’en sait foutrement rien, qu’il est peut-être possédé par le jiu wei hu, c’est pas vraiment une réponse. Nina ne semble pourtant pas convaincue, elle hausse même un sourire sceptiquement interrompant momentanément son scroll sur son parchemin de MSN. Il roule des yeux et croise les bras sur son torse, fuyant son regard scrutateur qu’il a surnommé le ‘’regard Zabini’’ (’’I’m telling you, it’s a thing. You are staring into my soul with those ordinary brown eyes, stop doing that, man it’s creepy’’ lui avait-il dit la première fois qu’elle l’avait regardé ainsi, un petit sourire malicieux aux lèvres comme si elle connaissait déjà tout sur lui ; un truc que les membres de sa famille ont en commun, d’après Nao). Elle retourne à son parchemin en souriant de façon creepy mais il n’y prête pas attention. « You two look cute together. » À cette remarque, par contre, il s’offusque complètement en la regardant de travers. Offusqué, il l’est vraiment, sa meilleure amie l’associe avec ce dickhead de Li, n’importe qui le serait dans sa situation. Li est un peu son arch enemy, d’après les rumeurs ; même si, concrètement, leurs interactions ont surtout commencé à s’intensifier à cause des rumeurs, comme toujours. « Please, don’t insult me. » Okay – okay, il avoue qu’il aimait bien le regard de Li sur lui, y’a quelques mois, ça l’avait intrigué et donné envie de l’aborder. Mais il n’y a plus de regards languissants, juste des insultes bien placées (et des coups maintenant, merci à lui-même). « I hate him. He is a pointless asshole with a lot of connections. » Il ne hait pas vraiment Li, c’est plus… Enfin, si, un peu mais… À défaut d’un autre terme plus adéquat, il en restera à la haine. Même si c’est un peu fort, même si c’est pas vraiment le bon mot pour décrire leur relation ; Nina semble le comprendre cependant puisqu’elle ne lui rappelle pas qu’il y va un peu fort dans ses propos.  « You two have a lot in common, I can see it. » Il s’offusque plus pour la forme, en ajoutant : « I need to find a new best friend, you’re broken. »

Ils se lancent quelques piques, surtout Nina le charriant encore un peu au sujet de Li et ils finissent par prendre leurs affaires pour se rendre à la cafétéria. Ce soir, ils vont même se voir, normalement. Park les a invités et Nina l’a obligé à y aller aussi. Autant dire qu’il n’est mentalement pas préparé à revoir ce crétin de Li parce qu’il ignore s’il aura la résistance nécessaire pour ne pas l’insulter ou le frapper. Sur le trajet, Nina lui parle de cette nouvelle fanfiction qu’elle a commencée à lire sur les Rotten Apple sur MSN et sans oser l’avouer, l’histoire a l’air intéressante. Mais alors qu’ils entrent pour chercher les plateaux, Nao interrompt brusquement sa marche en fixant Li à quelques pas de lui. Et comme d’habitude, les rumeurs amplifient la tension déjà présente entre eux mais Nao n’a pas le temps de réagir quand Li lui envoie le contenu de son plateau sur la gueule. Son premier réflexe est de fermer les yeux et de s’immobiliser quelques secondes. Ça le prend tellement par surprise et quand il ouvre les yeux pour constater les dégâts, il n'a toujours pas le temps de réagir (et de pleurer la mort de son pull en cachemire) que Nina attrape des morceaux de bouffe pour balancer sur Li. C’est de la fierté pour sa meilleure amie qu’il ressent en ce moment même mais c’est vite éclipsé par le début de bataille de nourriture qui s’ensuit. Putain, d’abord Li lui renverse son café dessus et maintenant de la bouffe ??? C’est quoi son problème, à celui-là, il a un fétichisme bizarre avec Nao et la bouffe ou quoi ? Tout le monde s'y met, certains joyeusement, d'autres juste pour se défendre. Il entend même Mika et Park se crier dessus en coréen, il repère surtout les mots ‘’CHONG! JOJUN! BALSA!’’ (qu’il traduit par point, aim, shoot! mais son coréen est un peu cassé, il devra demander à sa mère plus tard). Il en balance aussi à son tour, ignore sur qui ça tombe, c’est plus un moyen de défense qu’autre chose. Mais ses yeux ne quittent pas Li, il se met à lui courir après et en pleine bataille Nao parvient même à lui crier : « ARE YOU TRYING TO BE ANNOYING OR DOES IT JUST COME NATURALLY ? YOU ARE ONE SERIOUSLY FUCK-UP INDIVIDUAL. » Dans ce brouhaha, il entend quand même la réponse de Li, qui crie à son tour. « FUCK YOU AND THE HORSE YOU RODE IN ON. » Et puis le personnel de la cantine s’insère à l’aide de quelques sorts pour figer la bouffe volante et arrêter pour de bon cette bataille inutile. Ils gueulent plus qu’ils n’aident à régler le problème mais quand ils arrêtent les principaux responsables (un peu tous ceux qui sont couverts de bouffe, en fait), ils demandent impérativement le nom de celui ou celle qui a commencé. Et il ne s'y attendait pas mais c’est Nina qui lève la main : « I started it » Mais Nao s’interpose parce que damn il ne va pas laisser sa meilleure amie couler alors que c’est clairement Li qui a commencé. « No you didn’t – » « Shut up Chang. I totally did it, yep, I’m a bad girl, bouhouh. » Le coupe-t-elle sans cérémonie, suivant ensuite le personnel en direction du bureau de son directeur pour discuter de sa punition.

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« What happened ? Why did you do that ? » Il la questionne sans attendre alors qu’elle se laisse tomber sur son lit. Ils sont tous les deux propres maintenant, même s’il a l’impression d’avoir des grains de riz dans les cheveux encore. Il ne l’a pas vue de tout l’après-midi, après la bataille de bouffe et honnêtement, ça l’intrigue de savoir pourquoi elle s’est dénoncée à leur place. Park n’est pas là, probablement avec Li (ce traître). Elle lui répond par son habituel sourire plein de malice. « Because now you’ll feel sorry for me and I want you to behave. Don’t pick fights with him. » « …just for today ? » Okay, pour aujourd’hui, c’est un peu raté mais peut-être que c’est toujours maintenu pour ce soir, who knows (même si, en toute franchise, il espère sincèrement que c’est annulé, il n’a vraiment pas envie de voir son pain in the ass personnel). « Ever ! » Damn, elle vient de le manipuler bien comme il faut parce qu’il va maintenant culpabiliser d’emmerder Li ; même si rien ne garantit qu’il réussira à rester tranquille. Au moins, il va essayer. « You are really a Zabini. » « Zabini pride. Don’t kill my vibe, babe. »

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DÉCEMBRE 2003. « Hello, traitor. » Non, il ne va certainement pas rendre la vie de Park facile, meilleur ami ou pas, il mérite le ton froid et le regard perçant de Nao alors qu’ils sont en train de s’étirer sur le terrain du Sawl C, quelques groupes d’athlètes dispersés un peu partout. « Did you sleep well ? » Le sous-entendu (à propos de la trahison) dans sa question ne passe pas inaperçu puisque Park roule des yeux. La neige a été déblayée pour leur permettre de s’entraîner plus librement. Il continue de dévisager Park et sa tenue un peu trop chargée pour des étirements ; la sienne est fine mais chauffante, il a presque envie de révéler le sortilège permettant de réchauffer ses vêtements à son meilleur ami mais… il change d’avis, autant punir Park encore un peu. Nao est salty et de mauvaise humeur. « You still mad at me ? » Il le toise discrètement, feignant même l’indifférence en haussant les épaules. « Just wondering why you ditched me yesterday, that’s all. » Il n’ajoute pas le nom maudit mais Park sait très bien de quoi il parle : hier, il a osé lâcher Nina et lui pour traîner avec Li. Ça le fait culpabiliser d’infliger un traitement pareil à Park qui a tendance à prendre trop à cœur ce déchirement qu’ils lui imposent. Mais Park a plutôt l’air de prendre l’hostilité (fake) de Nao pour de l’humour (ce qui est vrai, en partie). « How can I make up for being rude, your highness ? » Park passe un bras sur ses épaules et colle leurs fronts l’un contre l’autre. « You need anything, just ask. » Il ajoute un peu plus sérieusement et Nao comprend qu’il culpabilise de les avoir lâchés sans prévenir – c’est sans doute pesant d’être neutre dans cette situation, de passer d’un camp à un autre. Il fait mine de réfléchir en fronçant les sourcils et comme si ça n’était pas assez, il faut évidemment qu’il aperçoive la figure d’Even Li avec Mika quitter l’immeuble et se diriger vers l’un des bancs, boissons chaudes en mains. « A clear shot at Even Li and no witnesses. » Il déconne à moitié, sa remarque fait même rire Park qui lui tape dans le dos en s’écartant avec un « you can’t be serious » mais il aimerait bien se débarrasser de ce pain in the ass parce que c’est franchement pesant et prise de tête d’avoir autant d’aversion envers quelqu’un. Il n’est même pas rationnel parfois, tellement Li le sort de ses gonds ; rien que la pensée de le savoir à quelques mètres lui fait hérisser les poils.

Park et lui reprennent leur entraînement, d’abord en duo puis se séparent pour faire leur jogging individuel autour du terrain gigantesque. Il formule un Auditus et insère les boules quies dans ses oreilles pour se préparer à courir avec de la musique. Il trottine un peu, cherchant une bonne musique dans sa bibliothèque – anyway, il écoute presque que du trip hop, un genre musical qu’il a découvert dans les soirées moldues. Il accélère le pas en rangeant son pow dans sa poche arrière et se focalise sur sa respiration et ses pas réguliers. Il court une bonne vingtaine de minutes, l’esprit complètement vidé, uniquement les beats de Massive Attack dans la tête. Et encore une bonne dizaine de minutes passe et il repère du coin de l’œil le banc sur lequel Li et Mika sont assis, incapable d’entendre leur conversation tant la musique est forte dans ses oreilles. Still, il voit quand même le regard de Li sur son derrière alors qu’il grignote la paille de sa boisson (il en boit combien, en ce bon matin celui-là ?? vu le nombre de mugs qui meurent à ses pieds). C’est vrai qu’il a promis à Nina qu’il ne lui chercherait plus de problèmes, elle qui a été punie à cause d’eux. Mais c’est franchement difficile de contenir toute cette aversion en lui alors que les yeux de Li ne le quittent pas une seconde, même quand Nao finit par les dépasser de plusieurs mètres. Il sent quand même le regard intense de l’autre et il a beau essayer de se vider le crâne, ça le perturbe toujours autant. Juste une fois, qu’il se répète pour se soulager la conscience. Juste une seule fois et après il le laissera tranquille. Il se retourne et revient sur ses pas, les boules quies enlevées. Il trace tout droit vers le banc, déterminé (juste une seule fois, qu’il se répète en boucle). Et il attrape brusquement la boisson d’Even et le lui renverse sur la tête, ça dégouline jusque dans ses vêtements. Nice. « Now we’re even. » Alors que Li crache des onomatopées avec quelques insultes à son attention, Nao se détourne d’eux sans un regard et reprend sa course comme s’il ne s’était rien passé.

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JANVIER 2004. Il lui faut une bonne dose d’énergie pour supporter encore une heure cette conférence ; ça fait même pas quarante minutes qu’il se frotte déjà les yeux pour les garder ouverts. Il a même oublié ses lunettes de vue dans sa chambre, c’est vraiment pénible de faire tout son possible pour voir un tant soit peu le tableau noir sur lequel des textes avec des images apparaissent mais ça devient de plus en plus flou à mesure qu’il perd sa concentration. Déjà 17h et il est à cran – probablement parce qu’en trois jours, il n’a eu que quatre heures de sommeil à tout casser. La fin de la guerre a apporté son lot d’emmerdes à sa famille, notamment leur fortune complètement saisie et le procès de son père. Ça fait déjà une semaine que Nao valdingue dans les coins de Londres pour chercher du boulot temporaire auprès des commerçants – il prend de tout, tant que l’argent arrive dans la semaine ou le jour même. Des petites missions en intérim, n’importe quoi, ça pourrait sauver sa famille qui a dû déménager dans un minuscule appartement sans ressources. Sa sœur et son frère aîné bossent également mais pour le moment ils peinent à rassembler une somme conséquente pour payer le loyer du mois prochain – ça va être franchement la hess. Même Mika, son voisin de table s’endort aussi sur ses gribouillages d’animaux. C’est Park qui lui a conseillé cette conférence, supposément intéressante, sur les sports artistiques ; ça l’était, au début, jusqu’à ce qu’ils changent de thème et de présentateur. Actuellement, ils présentent la danse et le prof est encore plus soporifique que le père de Nao quand il parle métaphoriquement. Il a hâte qu’ils en terminent avec la danse et passent au patinage artistique, vu le nombre d’étudiants endormis dans l’amphithéâtre.

Pour ne pas s’endormir à son tour, il sort son pocketowl de son sac et le cale sur sa cuisse, sous la table, pour ne pas que la luminosité du miroir alerte le professeur. Il fait d’abord un tour sur ses quickies pour voir s’il y a du nouveau parmi les employeurs. Il y en a deux ou trois qui devaient le rappeler mais… apparemment ils ont trouvé quelqu’un de plus qualifié. Les quickies de refus le font grincer des dents, c’est pas non plus un job de rêve auquel il a postulé – bordel, même pour décharger de putains de cargaisons ils veulent des qualifications. Frustré, il supprime même carrément les quickies sans aucun regret ; il fera un tour des jobs demain matin juste avant son entraînement. Et shit, même en supprimant ces quickies-là, il en a encore reçu des nouveaux avec des numéros inconnus qui lui demandent s’il est okay pour les sucer. Putain, ça le fait encore plus cringer, il quitte l’onglet des quickies pour zoner sur MSN – Nina a encore gagné aux échecs sorciers. « Tu t’ennuies ? » Le questionne Mika en se frottant les yeux après son petit somme. Il acquiesce en rangeant son miroir dans son sac, il se masse aussi la nuque à cause des sièges inconfortables de l’amphi et Mika et lui soupirent à l’unisson quand le professeur se lance dans un nouveau speech soporifique sur le ballet. C’était un peu bizarre de traîner avec Mika, au tout début, à cause du nom maudit qui traîne encore dans l’air quand ils sont en présence l’un de l’autre. Au départ, Nao était quand même méfiant à son égard mais les quelques rencontres que Park a organisées quelques semaines plus tôt, juste pour tous les trois, lui ont permis de baisser les barrières quand il s’est rendu compte que Mika est actuellement fun. Et qu’il n’a absolument rien à voir avec Li.

Genre, rien à voir du tout. Li est stupide anyway.

Ils ont ensuite organisé eux-mêmes des sorties mais toujours en passant par Park d’abord, n’ayant pas eu l’occasion de s’échanger les numéros. Aujourd’hui, quand Park l’a abandonné devant les portes de l’amphi, ayant subitement percuté qu’il avait surtout un rendez-vous médical urgent, Nao y a trouvé Mika et sa bonne humeur et ses blagues pourries ; c’était franchement cool. Maintenant, l’ambiance est un peu retombée à cause de la fatigue et du prof assommant mais il n’y a pas de tensions entre eux. Principalement parce que Nao se retient d’insulter Li en présence de Mika, par respect (et heureusement pour lui que Mika ne parle pas souvent de l’autre crétin). « Ça t’dit qu’on s’échange nos numéros ? l’interroge Mika en tirant son propre pocketowl de la poche de son hoodie. On sera pas obligés de passer par Park pour se voir. » Ouais, ça sera drôlement plus pratique. S’il n’aime pas vraiment l’idée de refiler son numéro à n’importe qui (surtout que, apparemment, même des inconnus ont réussi à se le procurer bordel), Mika est quand même un type cool et franchement qui ne voudrait pas de son amitié ? Ils s’échangent les pocketowls pour que chacun puisse y mettre son numéro. « Donne ton pseudo sur MSN aussi, je veux te stalker. » Ceci fait, ils tentent ensuite de jouer au tic-tac-toe, en essayant d’être les plus discrets quand ils se lancent des blagues et se marrent pour des trucs tellement inutiles mais à cause de la fatigue, tout est devenu étrangement drôle. Ils se font une dizaine de rounds avant que Mika ne pointe son index sur Nao, se rappelant soudainement de quelque chose. « J’avais zappé un truc ! Ça fait quelques jours que je voulais te montrer ça, attends. » Il abandonne sa plume et sort de nouveau son pocketowl, qu'il trifouille et le lui tend ensuite. En fronçant les sourcils, Nao s’en saisit mais ses yeux tombent sur une photo en plein écran – une photo de lui. Il lui a fallu quelques secondes pour se reconnaître sur le cliché mais c’est bien l’une de ses figures qui est prise en photo. Mais c’est de l’étonnement qu’il ressent parce qu’il n’a jamais vu de photo de lui en plein entraînement et avec une telle précision. C’est du sport qu’il pratique, avec tous les défauts que ça implique mais la photo rend ses mouvements complètement artistiques. Il ignore vraiment si c’est le talent qui fait cet effet ou un coup de bol mais il a une drôle d’admiration pour celui ou celle qui a pris la photo. « Y’en a d’autres, fais-les défiler. » Il ne se fait pas prier et de son doigt fait glisser les photos, l’une après l’autre, passant pratiquement une bonne minute sur chaque photo pour les analyser. « I like it. » Vraiment vraiment beaucoup. C’est la première fois qu’il se trouve beau en pratiquant le Quidditch et ça lui réchauffe le cœur de savoir que quelqu’un, là dehors, a réussi à capturer ces moments. « Wait, you don’t think this is creepy ? » Une dizaine de photo en tout, avant qu’il n’arrive au bout et que Mika se saisisse de son miroir. « Nope. I dunno who took these pictures but they’re really really talented. » Il passe sa prochaine heure à essayer d'avoir le nom du photographe mais Mika est borné et refuse de le lui dire. Damn.