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Chemin de Traverse I know that I messed up a few times or watcha wanna call it. I know if I fell down, you'd change the way that I saw it. I put it on the line for this time only, Is that what you really want ? I can't see that I got red hands, I'm colorblind singing. Don't put the blame on me, child, the damn thing gone wild. Never wanted to be fooling you, can't believe I was ruining you...
5 Janvier 2004 • Ce n'était pas vraiment qu'Angelina regrettait. Angelina ne regrettait rien. Elle avait fait ce qu'il fallait faire. Ce n'était pas non plus qu'Angelina en avait marre d'être haïe de tous. Elle était habituée à ne pas être appréciée. Ce n'était pas qu'elle se sentait coupable... Si, c'était cela. Elle se sentait coupable ou plutôt, responsable. Elle avait fait ce qu'il fallait, en faisant sauter Ste-Mangouste, en tuant l'Elite, en détruisant toute icône de l'ancien régime. Pourtant, maintenant que la guerre était terminée, il fallait qu'elle affronte les conséquence de ses actes. Des conséquences comme Marcus Flint par exemple, pas qu'il soit particulièrement malchanceux. Juste que son sort avait été particulièrement lancé au visage de l'ancienne belliqueuse. Elle savait que d'autres personnes avaient souffert de ses actions. Katie, aussi, ainsi que la famille d'Edouard, et d'autres civils et malades de Ste-Mangouste. Elle n'avait pas fait de liste. Elle ne voulait pas faire de liste. On lui lançait trop souvent le nom de ses victimes et elle voyait trop de visages, la nuit, pour se mettre à y réfléchir.

Angelina avait du mal, dernièrement, à véritablement réfléchir à ce qu'elle faisait. Parfois elle aurait arraché la tête de celui qui aurait osé contredire la politique gouvernementale. D'autres, elle restait enfermée dans sa chambre du Chaudron Baveur, à fixer le plafond, et à se demander si elle ne pourrait pas juste de nouveau s'oublier dans la violence et se jeter la tête la première sur la premier Avada Kedavra venu. Elle n'avait jamais escompté survire à cette guerre. Depuis presque un mois, la jeune femme ne savait pas exactement ce qu'elle était censée faire. Cormac essayait de la faire travailler au gouvernement. Léopoldine essayait de la faire servir au Chaudron Baveur, malgré son impopularité navrante. Une partie d'elle-même voulait aller s'occuper de son père qui, heureusement, n'avait pas assez collaboré pour être vraiment en danger. Elle n'était pas allée le voir. Ne comptait pas le voir. Ni lui, ni Katie, ni Alicia, ni même Geo- Fred. Il était tout seul maintenant. Il n'y avait plus que Fred.
Elle l'avait vu, ou plutôt, elle l'avait observé de loin se réinstaller dans son appartement. Il n'allait pas bien. Mais il allait mieux. Ce n'était pas comme s'ils s'étaient parlés. Il avait bien fallu, durant la guerre, vu toutes les fois où ils s'étaient retrouvés, presque par instinct, dos à dos à combattre. Ils avaient tous les deux été trop accrochés au front pour ne pas tomber l'un sur l'autre là-bas, ou à l'infirmerie. Elle aurait peut-être pu espérer le retrouver après la guerre. Si elle ne s'était pas autant alliée avec le gouvernement. Si elle n'avait pas été utilisée comme icône. Si elle lui avait dit qu'elle regrettait tout.

Elle ne regrettait rien.
Elle avait fait ce qu'il fallait faire.
Mais elle n'allait pas tourner le dos aux efforts de reconstruction et, bizarrement, Fred était une des personnes en qui elle faisait confiance pour l'aider. S'il acceptait. Au moins, ce qui était sûr, c'était qu'il n'irait pas crier sur tous les toits qu'elle jouait à la rédemption. Il risquait trop de lui apporter des alliés. Il ne s'y risquerait pas.
C'était en tout cas ce qu'elle se répétait tout en serrant de son bras droit contre elle le dossier qu'elle avait réussi à reconstituer à force de trainer dans le bureau de Cormac au ministère et de rendre visite à quelques anciens amis. Elle se dirigeait droit vers chez lui. Face à la porte, elle n'hésita pas un instant, parce que si elle savait qu'un instant de doute la ferait faire demi-tour pour s'oublier dans l'alcool que Fred avait si courageusement abandonné. Elle ne lui ferait pas ça.
Elle sentit un serrement indescriptible au cœur lorsqu'elle entendit la petite clochette de la boutique teinter à son entrée. Il n'avait pas rouvert leur commerce mais elle savait qu'il s'occuper de tout réparer, dernièrement. Elle n'avait pas exactement pu s'en empêcher. Elle n'avait pas grand chose à faire de ses journées, au fond, et elle se retrouvait souvent à passer dans la Diagon's Alley sans trop comprendre comment ni pourquoi.

Bien entendu, il était là. Penché à réparer elle ne savait trop quoi. Il était là, et il la remarqua, et il la regarda et, un instant, elle regretta d'être venue... avant de chasser cette impression. Être face à Fred était un combat, une intense épreuve et elle était si dure pour la jeune femme qu'elle reprenait toujours ses instincts de soldate face à lui. Ne pas montrer les faiblesses. Ne pas se laisser aller au doute. Elle marcha droit vers lui.

« Bonjour. » Heureusement, sa voix était claire et assurée. Bien. Le menton fier, on aurait presque dit qu'elle n'était pas terrifiée de se présenter face à lui, ainsi, en territoire presque ennemi, presque à nue. « Tu n'as sûrement pas envie de me parler, mais j'ai quelque chose pour toi. » Son bras se tendit, présentant le dossier, ou plutôt le classeur, qu'elle avait réussi à rassembler. « J'ai cherché des informations, sur Ste-Mangouste. J'ai rassemblé mes souvenirs, mes notes, la composition de la bombe et tout ce que j'ai pu apprendre sur les fumées. »
Ce n'était pas le genre d'information qui courrait les rues. Le gouvernement cherchait à tout prix à faire oublier les atrocités de Ste-Mangouste, et la plupart des belliqueux faisaient tout autant profil bas à ce sujet. Ils avaient été peu à vouloir partager ce qu'ils savaient avec l'ex-Rocket. Elle était folle, visiblement, de vouloir aller secouer cette fourmilière. Elle allait se faire tuer, ou encore plus détester avec cela. Elle n'était plus à ça près.
« Tu penses pouvoir en faire quelque chose ? »
Elle n'osa pas parler au nous. Elle n'osa même pas, d'abord, proposer son aide. Une époque, Angelina avait été une ingénieure de balais. De son temps, elle avait bidouillé des centaines d'objets moldus pour s'occuper. Elle avait toujours eu des pulsions mécano. Jusqu'à la guerre. Jusqu'à oublier qu'elle avait toujours été plus douée pour construire que détruire. A peu près le jour où Georges était mort.


Dernière édition par Angelina Johnson le Ven 23 Déc 2016 - 14:16, édité 1 fois
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« Wingardium Leviosa. »

A l’énonciation du sortilège, les panneaux de bois fraîchement décorés se réveillent, puis remontèrent avec douceur les escaliers récemment réparés - au sacrifice d’une bosse sur l’arrière de son crâne après qu’une planche, refusant de travailler le dimanche, n’ait décidé de venir lui donner une tape sur la tête. L’odeur de l’enduit coloré enivrait la boutique de farce et atrappes comme à ses premiers jours. Elle lui rappelait la simplicité d’une vie qui semblait avoir été vécu il y a des millions de lunes et dont il n’arrivait toujours pas à accepter la perte.

Il n’était revenu qu’il y a une semaine, deux, tout au plus. Il s’était cherché des excuses durant un mois, cherchant l’hospitalité sans vraiment la demander à gauche, à droite, par simple peur de récupérer son bien, son chez lui: une boutique abandonnée formant l’angle entre Diagon Alley et le marché de Carkitt. Malheureusement pour lui la fuite avait du prendre fin, un jour de Décembre où il s’était retrouvé devant l’épave de son ancien rêve. Les vitres avaient été brisées par des explosions survenus lors d’une bataille, il ignorait laquelle. De ce fait les feuilles, les débrits et autres objets volants s’étaient empressés de rentrer à l’intérieur de ces murs. Les portes avaient été fixées par quelques planches de bois et sortilèges pour empêcher les pillards de rentrer, ou plutôt pour prévenir de nouveaux vols désastreux. La marchandise des Weasley a toujours été protégée par des sorts empêchant les vols, c’est comme cela qu’ils arrivaient à faire tourner leur affaire.
Il fallut un moment au jeune sorcier pour réussir à ouvrir les deux portes principales de l’établissement. Non seulement à cause des sortilèges, mais également car le bois de celles-ci avait travaillé durant son absence au point où il était difficile d’y pénétrer, même en appuyant sur le battant de tout son poids. A l’intérieur, les paquets de bonbons volés étaient restés sur le seuil de la porte, abandonné par le gamin qui avait décidé de voler les Weasley et qui s’était retrouvé avec le sang lui montant dangereusement au cerveau. La neige, la pluie, le vent avait décimé l’intérieur de l'échoppe où l’odeur putride du bois abîmé lui donnait la nausée, ce qu’il ne remarquait pas vraiment. Les maux de coeurs étaient causés par d’autres facteurs, plus graves, plus douloureux encore que l’incommodité des effluves. C’était les souvenirs. Leurs souvenirs qui venaient étirer un sourire difforme sur ses lèvres closent et détremper ses yeux de larmes. Tout autant que le terrier, c'était leur maison. Leur avenir.

Les efforts réalisés ces derniers mois s’étaient alors réduits en cendres, rattrapé par sa présence entre les murs aux couleurs écaillées. Les larmes qu’il avait cessé de verser se remettait à couler sans qu’il ne puisse les arrêter. Fred ne s’attendait pas à survivre à ces horreurs. Pire, il avait presque chercher à se faire tuer à maintes reprises, se libérant d’un avenir dont il ne voulait pas entendre parler et dans lequel il se retrouvait, impréparé, seul contre ses démons. Seul contre le lit vide de George et ses vêtements encore éparpillés sur le sol de la salle de bain qu’il n’avait toujours pas réussi à enlever. Pas plus qu’à retirer la moindre de ses affaires, la moindre trace de sa présence ici.

Il était entrain de repeindre l’une des enseignes du magasin, affichant dans des couleurs acidulés le message suivant: Fred et George Weasley, sorciers créateurs de canulars pour les débrouillards. Bien entendu le nom de George ne disparaissait pas des murs, pas plus que de la vie de la boutique. On avait vu le fils Weasley il y a quelques jours, perché sur la devanture de sa vitrine entrain de réparer le géant de bois surplombant toute la rue. Il lui avait coupé l’oreille gauche et rajouter quelques tâches de rousseurs sur le nez, celles dont il se souvenait le mieux, ne laissant plus vraiment de doute quand à l’identité du géant - toujours immobile en attendant la réouverture du magasin - gardant les lieux.

C’est à ce moment là que la clochette retentit, comme au bon vieux temps où cette mélodie était tellement couverte par le bruit des enfants et adolescents déambulant à l’intérieur qu’on le n’entendait jamais, ou peut-être parce que les portes ne se fermaient plus sous l’affluence d’écoliers.  Il va sans dire que le regard de Fred se plongea directement sur la porte d’entrée, où se tenait un spectre. Rocket, c’était ça son nom à présent, n’est-ce pas ? Le regard interloqué du Weasley change instantanément, passant de la stupéfaction à un vide profond, où se mélangeait bien des émotions. Mitigé, voilà ce qu’il était. Perdu entre les vies qu’ils ont menés. Quand elle était Angie et eux les jumeaux, quand elle est devenue Rocket et que leur eux c’était traduit en lui. Il se déplie de sur la table ( une planche de bois et des cartons entassés de façon bancale où était posé de la peinture et de l’eau ), relevant le buste vers l’ancienne gryffondor à la voix sans fausses notes et avec rapidité, comme si elle avait répété ce qu’elle allait lui dire. La connaissant - il pouvait se permettre au moins de connaître ça d’elle - ce n’était pas le cas, mais juste une marque de son assurance désarçonnante. Face à ses propos qu’il ne comprenait pas, il reste bouche bée, muet. Quelque chose qui ne lui arrivait que depuis la mort de George, comme s’il attendait que son jumeau ne parle, avant de poursuivre derrière lui.

« Tu te moques de moi j’espère… » souffle-t-il, plus épuisé que agacé. Lasse d’une guerre et de ces stigmates persistants, de ces fantômes qui revenaient sans cesse, venant troubler une paix qu’il avait du mal à obtenir. Il reposa le pinceau dans le pot d’eau, laissant un nuage rougeâtre se former dans le liquide translucide, à présent teint.   « Qu’est-ce que tu viens faire ici, Angelina… » Il n’y avait plus d’Angie qui tenait. Son Angie elle avait disparu il y a bien longtemps, remplacée par cette machine de guerre au regard durcit et à la tête trop haute. Il était face à une quasi étrangère à la rage primant sur la raison. Ça a toujours été dans son caractère, cette impulsion qui la faisait pester contre les serpentards à longueur de journée ou contre sa mère. Si parfois les jumeaux tentaient de la raisonner, d’autres fois Fred, surement plus que George, s’amusait à s’attirer ses foudres juste pour l’entendre hurler. Peut-être que ça lui plaisait, à l’époque, une fille qui ne se laissait pas faire, peu importe qui était le responsable. Un coeur de lionne, représentatif de leur maison rouge et or, celle dans laquelle ils ont grandis, celle qui a été leur foyer durant sept ans. Elles étaient bien loin, les banderoles aux couleurs du sang et de la victoire, remplacées par les couleurs ternies d’une boutique poussiéreuse à l’éclat éteint et du silence que la guerre avait laissé dans Diagon Alley, qui recommençait seulement à respirer  comme autrefois. Quelques rires fusent à travers les vitres encore brisées, renforçant l’impression de silence qui s'était établi entre eux. Bien lointains, les rires cristallins adolescents.

« Je ne comprends pas. Tu viens me voir, chez moi, pour me demander de l’aide ? Personne au ministère ne peut t’aider j’imagine, pour que t’en arrives à moi. » Le pic est lancé, marquant le dégoût de Fred pour ces affiches de la sauveuse Angelina Johnson, alors que tant de gens la savent coupable d’atrocités. De crimes de guerres, si on en écoutait d’autres. Dans ce nouveau monde où être un sang-pur était synonyme d’être un monstre, il ne savait pas vraiment où nager dans ces eaux profondes où il n’avait pas sa place. Héro de guerre, tout comme elle. Tout comme ceux qui avaient si vaillamment sauvé le monde de l’adversité pour le faire retomber aussi vite dans un océan houleux.  « Tu veux que j’en fasse quoi de ça ? » Le rouquin désigne l’objet de sa venue du menton, crachant ses mots sans la lâcher des yeux. « C’est terminé la guerre. »  qu'il dit, réalisant en entendant ses propres mots que c'était sa nouvelle réalité. Un monde sans guerre et sans but, où il n'avait pas de place parmi les survivants. Ça il ne pouvait pas l'avouer.  « Ne me demande pas de la recommencer. Encore moins avec ta machine à tuer. »  Une bombe, c’était typiquement comme ça que les moldus réglaient leurs conflits et on voyait bien comment cela finissait, même pour eux. Dans l’attentat de Sainte Mangouste ils avaient perdus peut-être autant, si ce n’est plus de civils innocents que de sorciers de l’Élite, se garantissant la haine de ces familles endeuillées pour la soif de vengeance de quelques sorciers irréfléchis, trop sur de ce qui était juste. Ce n’était pas le cas pourtant. Comme beaucoup d’insurgés Fred avait condamnés ces agissements, refusant d’y être associé. L'atrocité de l’attaque avait brisé ce qu’ils étaient, une résistance unie, ayant un but commun. Tout cela a volé en éclat à l’instant où le piège meurtrier avait été déclenché, réveillant leurs désaccords sous-jacents qu’il se plaisait à oublier pour ne se souvenir que de eux tous, contre le reste du monde et il était là, dans un simple classeur aux coins abîmés par son transport répété. Aussi simplement que cela.

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5 Janvier 2004 • Fred ne lui répondait pas, ne réagissait pas, la regardait avec un œil vide et sidéré à la fois. Elle déglutit, soudain gêné d'une telle réaction. Elle s'y était attendue, bien sûr. Elle ne montra, bien entendu. Elle était habituée, maintenant, à la haine et au rejet de ceux qu'elle avait, à une époque, amis. Elle disait à tous ceux qui voulaient l'entendre qu'elle s'en moquait. Tout cela n'influençait pas ses actions. Elle était toujours fidèle à elle-même. Elle s'en moquait, répétait-elle. Il y avait, cependant, un instant de terrible douleur lorsqu'on sentait venir le refus. Pas forcément le refus de communication, mais celui du lien. Angelina avait du mal à faire des liens. Elle n'était pas assez sentimentale pour cela. Des gens faisaient partie de sa vie, beaucoup, au fond, mais très peu avec qui elle avait eu l'affection qu'avaient fait naître les jumeaux. Ils ne l'avaient jamais véritablement dits, mais tous les trois, ils avaient formé quelque chose de profond. Sans aucune mesure avec ce que vivaient les jumeaux mais, en vérité, elle avait toujours du mal à les dissocier. Elle regardait Fred, et il y avait toujours le fantôme et le vide à son épaule. Et elle entendait, elle aussi, les vides dans son discours qu'elle savait appartenir à Georges. Elle avait même eu l'instinct, en le voyant choqué, de chercher du regard Georges. Il savait toujours quoi lui dire. Enfin. Il avait toujours su.
« Tu te moques de moi j’espère…  » Pas un bonjour, pas un mot pour l'accueillir. Le visage d'Angelina se durcit, encore plus si cela était possible. « Qu’est-ce que tu viens faire ici, Angelina…  » Le prénom lui fit un choc, la phrase lui fit froncer les sourcils. Sa main droite se referma sévèrement sur le dossier. Elle n'était plus habituée à ce qu'on l'apprenne par son prénom, surtout complet. Elle se souvenait encore de comment les insurgés riaient lorsqu'ils apprenaient qu'elle s'appelait Angelina. Aucun prénom n'aurait pu moins bien lui aller. Elle avait forcé, presque, tout le monde à l'appeler Rocket. Elle aurait voulu que plus personne ne l'appelle autrement. Angelina Johnson était censée être morte. Malheureusement, elle était belle et bien vivante, et elle devait subir les conséquences de ses actes. Les nuits sans repos, les cicatrices, la culpabilité, la difficulté à exprimer la moindre émotion sur son visage et, bien sûr, la perte de ses proches.
Elle encaissa. « Je ne comprends pas. Tu viens me voir, chez moi, pour me demander de l’aide ? Personne au ministère ne peut t’aider j’imagine, pour que t’en arrives à moi.  » Elle encaissa, parce que c'était ce qu'elle faisait depuis longtemps maintenant. Elle affrontait ce que la vie et les gens lui envoyait à la figure, elle l'ingurgitait, le domptait, et l'utilisait pour faire monter de plus grandes palissades et frapper plus fort. A chaque rejet elle s'endurcissait. Elle avait connu pire. Qu'il insulte son affiliation au gouvernement. Elle n'était plus à ça près. « Tu veux que j'en fasse quoi de ça ? » Elle encaissa la violence du refus. Brut et absurde. Il refusait juste quoi que ce soit venant d'elle. Soit. Elle l'aurait cru plus désespéré que ça. Ou peut-être moins haineux. « C'est terminé la guerre. » Non, quelque chose clochait. Sa détermination chancela à ces mots, cherchant ce qu'il cherchait à dire. Elle chassa la petite voix qui lui disait de se laisser mourir, de crever, de venger ses victimes. Elle ne voulait plus penser ça. Elle avait cru que Fred pourrait l'aider à ne plus penser ça. Non c'était autre chose, quelque chose qui clochait.


« Ne me demande pas de la recommencer. Encore moins avec ta machine à tuer.  »

Il croyait qu'elle lui demandait de reconstruire la bombe. A l'instant où elle l'entendit dire ces mots, elle le comprit. Elle comprit qu'il n'avait pas compris. Lui qui avait toujours su déchiffrer sa brutalité. Elle se souvint brusquement que Georges n'était plus là pour lui expliquer ce qu'elle voulait vraiment dire. Lui il aurait compris. « Quoi ?! » Cette exclamation fut d'abord la seule réaction. Une exclamation de surprise. Elle avait ouvert légèrement les yeux, sidérée. Elle aurait peut-être du s'énerver qu'on la croie aussi kamikaze mais quelque chose en elle  lui criait que Rocket aurait peut-être fait ça. Elle aurait voulu une seconde bombe. Elle aurait voulu finir le travail. Angelina aussi voulait le finir, mais pas de la même façon. Elle voulait le clôturer, le résoudre, au lieu de laisser la plaie grande ouverte et dégoulinante de malheur. « Tu crois que... » Elle n'arriva pas à finir sa phrase. Elle comprit qu'elle n'arriverait pas à dire quoi que ce soit sans se calmer. Elle leva la main gauche, voulant simplement se la passer sur le visage... et aperçu de nouveau l'aspect ignoble, sombre et métallique de son bras. Elle ne voulait pas de ce contact froid sur sa peau. Alors elle la rabaissa. Inspira profondément une fois. Expira profondément une fois. Releva les yeux vers lui, les planta dans les siens, raffermissant sa voix.

« Je ne cherche pas à créer une nouvelle bombe. Je veux aider les recherches pour réparer ce que la précédente a fait. Beaucoup de personnes ont été touchées, et beaucoup de blessures sont toujours intraitables à cause des conséquences. » Elle ne laissa pas l'émotion prendre le pas sur sa détermination. Elle ne tremblait pas, n'hésitait pas, ne ployait pas devant l'accusation. Elle encaissa. Qu'ils lui lancent tout à la figure, elle encaisserait. Elle ne se plaindrait pas. Elle leur devait bien ça. « C'est de ma faute. Je peux au moins rassembler les éléments et on... » Elle se mordit brutalement la lèvre, frôlant de la percer, pour s'empêcher de finir sa phrase. Elle refusait de laisser échapper son espoir, futile, de pouvoir travailler avec lui. Il ne lui en cracherait que d'avantage à la figure. « ... et tu pourrais travailler dessus, ou quelqu'un d'autre d'assez compétent. » Elle frémit, se contrôla, encaissa, encore, encore, rajouta : « Je viens juste proposer des informations. Si tu n'en veux pas, je comprendrais. Car effectivement, le gouvernement n'est pas près d'essayer de réparer ce qu'il s'est passé. » C'était un fait, tout simplement. Le gouvernement fait certaines choses, d'autres non. Réparer les dégâts de Sainte-Mangouste ne semble pas être dans ses priorités.

Ainsi, face à lui, Angelina semblait absolument calme et en contrôler d'elle-même. Il aurait été absurde pour n'importe qui de remarquer ses lèvres plus pincées, la nervosité de son bras droit, ou la difficulté qu'elle avait à avaler sa salive. Ces détails n'étaient pas censés signifier que l'on était en train d'encaisser comme on pouvait, que l'on s'en voulait, que l'on était mal, que l'on voulait juste prendre nos jambes à notre cou et oublier l'idée absurde qui nous a guidé ici. Malheureusement pour Angelina Johnson, Fred Weasley n'était pas n'importe qui.
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Les mots étaient à peines prononcés qu’elle réagissait déjà, vraisemblablement choquée de ses paroles. C’est au tour de Fred de froncer les sourcils, les bras croisés contre son torse, qui se retenait de répliquer à son ancienne camarade. Elle était tout à faitcapable de vouloir lui faire fabriquer une bombe, selon lui. De quoi ne pouvait-elle pas être capable de toute manière. Les nerfs d’acier, Rocket faisait tout pour honorer ses mots, tous les tuer. Tous les décimés en prenant des décisions difficiles pour la cause et s’en était remarquable, autant que agaçant. Elle se battait pour ses idées, lui aussi et eux également. C’était cela le dilemme de la guerre, la frontière entre le bien et le mal était maigre et lui aussi avait tué. Lui aussi avait du sang sur les mains. Du sang de rebut, du sang de pur: du sang quand-même, tout comme elle.

Le bras gauche de la jeune femme se lève, révélant une peau ténébreuse, rongée par un maléfice ou quelque chose de diablement puissant qui l’avait touché. A cette vision Fred ne peut s’empêcher d’écarquiller les yeux, à la fis inquiet, surpris et curieux de savoir ce que c’était. Quelque chose de mauvais en tut cas, puisqu’elle regarde son bras avec dégoût avant de le reposer, comme si elle ne se faisait pas à cette partie d’elle faite de métal. « Ils sont trop occupés à faire la chasse aux sorcières. » C’est un fait aussi, mais ça elle était parfaitement au courant d’après les affiches, encore une fois. Le monde ne tournait plus rond depuis déjà longtemps et la paix promise n’en était pas une. Pas vraiment.  
Fred inspira un grand coup, décroisant les bras il ne peut s’empêche de la regarder. D’essayer de juger le faux du vrai là-dedans. D’être George.
Il connaissait Angelina, avait appris par coeur Angie, mais Rocket, elle, il n'en savait que très peu. Violente, sauvage. Celle qui est née quand lui est mort semblait perdre son souffle maintenant que la guerre c'était transformée en paix.
George aurait pu le comprendre tout de suite, mais Fred lui a toujours eu un train de retard sur son frère, mettant plus de temps à analyser une personne quand son frère avait plus de mal à analyser une situation. Fred comprenait les faits, lui les motivations. A eux-deux ils étaient invisibles, alliant l'empathie de l'un et la malice de l'autre pour devenir ce fléau sur pattes, maintenant devenu simple vague.

« Bien. » C’était sa conclusion, un simple bien. « Reste pas plantée là comme si on t'avais pétrifier le visage, on dirait que t'as avalé une boîte entière de u-no-poo ou que ton nimbus s'est rebellé d'une curieuse façon contre toi. Donne ce truc. » dit-il en tendant également la main pour attraper le dossier, qu'il saisit non sans en profiter pour lui donner une tape sur le bras droit avec le-dit document. Une certaine façon de se venger, maintenant que la cruauté de la guerre n'était plus une excuse pour les assassinats - tristesse.
Fred ouvre le classeur Moldu - un curieux engin dont il ne connaissait pas le nom - et se met à fouiller les pages se trouvant à l'intérieur. Le but n'était pas de tout déchiffrer tout de suite, mais de se faire une idée des informations qu'elle avait à donner sur cette affaire, des recherches quasi complètes et des listes de combinaisons supposées aider le sorcier à arranger les choses. Ce n'était pas une bombe bourrée d'un explosif quelconque, ça, c'était certain. Un soupir s'échappe de ses lèvres devant les notes de guerres manuscrites d'Angelina, dont il connaissait bien l'écriture à force de copier sur ses parchemins en cours, retraçant les souvenirs de ce jour funeste. « Il fallait voir ces choses là avant de jeter une bombe expérimentale sur un hôpital entier plein de civils  tu sais. »  Le souffle est rêche, encore amer des événements malgré son retour auprès d’eux, de lui. Ça n'enlève pas les torts. Ça n'enlèvera pas Gwen. Peut-être c’était à cause d’elle qu’il avait tant de mal à faire ce pourquoi il était doué, pardonner. Il finit par décoller ses yeux du dossier pour croiser le regard d’Angelina. Il fallait pardonner, avancer. La guerre est terminée.  « Je peux essayer d'arranger les choses un minimum, voir.  Mais n'espère pas me voir nettoyer derrière toi, tu es impliquée, tu m'aides. J'aurais besoin de toi. » Il s’arrête, ressassant sa dernière phrase, ses derniers mots. Fred, avoir besoin de quelqu’un, ça ne s’était pas entendu depuis assez longtemps et pourtant, il avait besoin des autres. Tout le monde à besoin des autres, se croire au dessus de tout ça a été une de ses grosses erreurs qui lui avaient coûté sa famille, ses amis, ses alliés. Besoin de personne et le voilà comme il l’avait désiré, seul, et perdu. Il avait besoin des gens, et d’elle, si il voulait avancer là-dessus. Si il voulait sauver les survivants. Faire quelque chose de bien, encore. Pardonner. « Tu as dit “on”, tu es venue. Tu ne serais même pas là si tu n’étais pas sincère. Tu veux réparer, alors on, réparera. Ensemble. »

Il marque une pause avant de continuer, replongeant le nez dans le dossier comme si de rien n’était. La conversation était terminée selon lui puisqu’il avait accepté. C’était un moyen d’échapper à une discussion déplaisantes, faites d’une amitié déchirée et d’un passé douloureux.  « Si la magie que vous avez utilisée était sombre, vu que je sais pas ce que vous avez fichu, tu sais comme moi que ça ne s'efface pas aussi facilement que l'on dit quidditch. Ta main en est bien la preuve, n'est-ce pas ? » Ses yeux retombent sur ses doigts abîmés, noircis par ce qui ne pouvait être que de la magie sombre elle aussi. « Qu'est-ce que tu as fait pour te transformer en détraqueur charbonneux je ne sais trop quoi ? » La comparaison était peut-être malheureuse, mais l’aspect à la fois abyssal et métallique de la blessure magique lui rappelait les silhouettes élancées qui avaient rôdés autour d’eux pendant longtemps, retirant toute joie dans les coeurs rien que par leur présence. « Remarque, c'est peut-être ta nature qui ressort, vu tes piètres talents pour embrasser. Heureusement que j'étais très heureux de vivre sinon je serais mort le premier jour, mon âme évaporée. » La plaisanterie indiquait surement qu’au fond, il devait aller mieux. Que peut-être le choc du retour à la réalité passé il pourrait enfin s’en sortir ou simplement, qu’il était devenu plus doué dans l’art de paraître normal. De revêtir pour ces gens qui l’on connu le masque de Fred Weasley. Peut-être que c’était un entre-deux, instable et glissant dans lequel il se trouvait, à moitié guérit et à moitié caché. « Je peux regarder pour ça aussi, si tu veux. Ton bras. » Peut-être qu’il pouvait essayer d’arranger les choses jusqu’au bout. Tout réparer, tout remettre comme avant. Avec elle. Avec eux tous. Peut-être.


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Chemin de Traverse I know that I messed up a few times or watcha wanna call it. I know if I fell down, you'd change the way that I saw it. I put it on the line for this time only, Is that what you really want ? I can't see that I got red hands, I'm colorblind singing. Don't put the blame on me, child, the damn thing gone wild. Never wanted to be fooling you, can't believe I was ruining you...
Le plus dur, avec Fred, c'était peut-être de ne pas regarder à sa droite. L'instinct, toujours, ramenait Angelina à regarder derrière son épaule droite, dans l'attente d'une intervention du jumeau. Des années, elle avait suivi leurs dialogues hachurés, où ils ne faisaient jamais une phrase complète sans que l'autre ne finisse. On pouvait encore sentir, dans la façon qu'avait Fred de parler, les légères hésitations où il devait attendre une intervention de Georges. Angelina avait encore tendance à le chercher des yeux, et  finissait toujours déçue. Elle savait qu'elle était censée arrêter. Elle savait, aussi, que Fred devait sûrement le remarquer, et elle se haïssait de ne jamais réussir à se débarrasser de cette mauvaise habitude. Elle arrivait le plus souvent à s'arrêter en cours de route, et il lui arrivait donc surtout de regarder l'épaule de Fred, comme si elle allait elle-même se mettre à parler.
Il y avait donc une introduction à ce « Bien. » sorti de nulle part par Fred. George aurait du dire quelque chose avant, mais il n'était pas là, et elle resta juste un peu interloquée, sans savoir ce que cela impliquait. « Reste pas plantée là comme si on t'avais pétrifier le visage, on dirait que t'as avalé une boîte entière de u-no-poo ou que ton nimbus s'est rebellé d'une curieuse façon contre toi. Donne ce truc.  » Elle le lui tendit un peu mécaniquement, un peu interloquée. Fred faisait une blague. Elle n'était plus habituée à le voir faire des blagues, elle ne lui avait pas vraiment parlé ces dernières années et n'avait jamais pu commencer à réaliser qu'il allait mieux. Elle n'arriva pas à sourire, ou même à se vexer de sa remarque. C'était comme si son visage restait bloqué sur ce masque décidé et militaire qu'elle affichait depuis de biens trop longs mois. Elle le regarda donc en silence commencer à éplucher le classeur, sentant la nervosité commencer à monter alors qu'elle pouvait le voir froncer les sourcils pour déchiffrer son écriture.
Elle ne réagit pas à son soupir, déjà trop tendue pour que cela s'accentue, et incapable de dire le moindre mot. « Il fallait voir ces choses là avant de jeter une bombe expérimentale sur un hôpital entier plein de civils  tu sais.  » C'était comme un coup de genou en plein ventre, de l'entendre dire cela. Ça l'était à chaque fois, un peu, quand elle ne s'y attendait pas. Elle ne réagit pas, garda le silence, refusant de se lancer de nouveau dans un débat qu'elle ne voulait pas perdre. Elle n'était pas là pour savoir si la bombe avait été une bonne ou une mauvaise chose, juste pour réparer ce qu'elle avait pu faire. Elle pouvait sentir son amertume, sa colère, voire sa haine. Il avait sûrement raison, mais elle aussi. Elle accepterait le rôle de méchant dans l'histoire, mais refusait de formuler des regrets. Elle affronta donc le regard de Fred avec sévérité et silence, attendant son jugement en essayant de ne pas avoir l'air trop effrayée.

« Je peux essayer d'arranger les choses un minimum, voir.  Mais n'espère pas me voir nettoyer derrière toi, tu es impliquée, tu m'aides. J'aurais besoin de toi  » La respiration lui revint à la fin de la première phrase. C'était tout ce qu'elle voulait, avant toute chose : qu'il accepte les documents, qu'il ne la renvoie pas en hurlant, qu'il ne brûle pas ce qu'elle avait mis des jours à amasser. La suite la prit complètement à court. Elle lui fit un bien plus grand choc que toutes les saloperies qu'il aurait pu lui dire. J'aurais besoin de toi. Son visage se décomposa, alors que la situation finissait de lui échapper. J'aurais besoin de toi. Pourquoi était-elle presque amère qu'il ne l'insulte pas ? Elle déglutit. Cligna quelques fois des paupières, essayant d'encaisser la nouvelle. Il avait besoin d'elle, il voulait qu'elle remonte la pente avec lui. Elle ferma les yeux un instant, finalement, le bout des doigts de sa main droite se posant légèrement sur le mur à sa droite, comme si elle allait tomber à la renverse. Pourtant, elle se tenait parfaitement droite. « Tu as dit “on”, tu es venue. Tu ne serais même pas là si tu n’étais pas sincère. Tu veux réparer, alors on, réparera. Ensemble.  » Elle avait l'impression de suffoquer, tant elle n'était plus habituée à entendre ce genre de chose, ou en tout cas pas avec lui, pas avec cette voix. Fred n'était plus censé être dans son ami. Il était censé la détester, ils n'étaient plus dans la même équipe et puis... et puis... Fred était mort, non ? Elle rouvrit les yeux, pour remarquer qu'il avait détourné les siens pour se concentrer de nouveau sur le dossier.
Elle aurait voulu se précipiter vers lui, le serrer dans ses bras, s'excuser pour tout et le supplier de  lui pardonner. Elle aurait voulu pleurer contre lui comme elle avait pu pleurer contre Georges, et retrouver son meilleur ami dans une discussion touchante où ils auraient partagé leurs traumatismes de guerre. Le remercier, enfin, de lui faire confiance et de lui laisser une chance. Lui dire qu'elle regrettait, au fond, mais qu'elle le referait de toute manière, parce que ses regrets étaient égoïstes. Elle regrettait d'être haïe, méprisée, d'avoir survécu. Elle regrettait, peut-être, d'avoir emmené d'autres personnes dans sa chute. Il y avait tant de choses qu'elle aurait aimé lui dire, et qui pourtant n'arriveraient sûrement jamais à passer la barrière de ses lèvres. Elle mit un petit moment avant de murmurer d'une voix rauque : « Pas de soucis. Je suis au chômage, de toute manière.  » Comme si elle n'avait pas désiré depuis le début de revenir dans cette boutique, de s'asseoir avec lui, et de travailler de nouveau ensemble. Comme lorsqu'ils révisaient à moitié leurs BUSES. Elle aurait pu ajouter d'autres choses, mais il reprit le contrôle de la discussion.
« Si la magie que vous avez utilisée était sombre, vu que je sais pas ce que vous avez fichu, tu sais comme moi que ça ne s'efface pas aussi facilement que l'on dit quidditch. Ta main en est bien la preuve, n'est-ce pas ?  » Elle hocha la tête en approchant. Si parler de ses sentiments était une tache extrêmement difficile pour Angelina, parler de magie noire ne l'était pas. Elle s'approcha de lui, jusqu'à pouvoir aviser de la page qu'il était en train de lire. « Le soucis c'est qu'il y a eu des mélanges, même avec le bâtiment en lui-même, surtout avec toutes les potions qu'il contenait. Je crois que si cela avait été un bâtiment moldu, cela n'aurait pas eu toutes ces complications. En plus la magie des victimes ont du se mélanger à tout ça... Donc ouais, ça va être un peu rude à trouver, mais rien que quelques pistes seraient un progrès, vu la situation.  » Elle ne parla pas de son bras, espérant à moitié qu'il abandonnerait cette histoire. Autant demander à un dragon de lâcher son œuf. Elle aurait du s'en douter, pourtant, que l'on ne devait pas sous-estimer la curiosité des jumeaux de Fred. « Qu'est-ce que tu as fait pour te transformer en détraqueur charbonneux je ne sais trop quoi ? » C'était étrange, de l'entendre reprendre ses taquineries et ses images un peu étranges, de le voir presque reprendre un sens de l'humour. Elle toussa légèrement, se tournant légèrement pour que son bras gauche soit moins visible depuis le point de vue de Fred. « Un mangemort, à pré-au-lard. Un sale maléfice des Flint. On l'a arrêté à temps. » On étant Marcus Flint, mais hors de question de parler de ce genre de chose à Fred. Elle fronça de nouveau les sourcils à ce souvenir, encore perplexe de ce que représentait le mangemort à ses yeux, jusqu'à ce que Fred la tire de ses pensées.

« Remarque, c'est peut-être ta nature qui ressort, vu tes piètres talents pour embrasser.  » Elle cligna les yeux, interloquée, avant de remonter les yeux vers lui, sans comprendre. Il souriait, qu'à moitié mais il souriait. Sauf qu'elle ne comprenait pas ce qu'il disait. « Heureusement que j'étais très heureux de vivre sinon je serais mort le premier jour, mon âme évaporée.  » … C'était... une blague ? L'idée commença doucement à monter jusqu'à son cerveau. Elle hésita même à lui demander de répéter, tant cela lui semblait surnaturel, qu'il arrive à faire des blagues... surtout des blagues sur ses capacités de baisers. Heureusement pour eux deux, la petite Angie de Poudlard existait toujours, là, quelque part, et elle avait l'habitude de ce genre de remarque, et sa réponse sortit tout de suite de sa bouche : « Évaporée de toute ta jalousie surtout, oui. Parce que tu avait l'air vachement avide de te faire aspirer l'âme, monsieur je-ne-sais-quoi-faire-de-mes-dents. » C'était ridicule, un peu, de les voir se chamailler comme des enfants, avec leurs visages toujours marqués par la guerre. Elle n'avait, elle-même, qu'un demi-sourire, et quelqu'un aurait même pu croire qu'elle était amère, lorsque c'était surtout qu'elle n'était plus habituée à être comme ça avec lui. C'était surnaturel, de blaguer là-dessus ensemble. Parce que Georges était censé arriver au milieu et jouer au jaloux qui ne reçoit plus assez d'attention.
C'était pourtant comme si, d'un coup, la tension avait diminué dans la pièce. Ils se regardaient, et elle n'avait presque plus envie de courir vers la sortie. « Je peux regarder pour ça aussi, si tu veux. Ton bras.  » Elle eut aussitôt un mouvement de recul, qu'elle avorta vite mais qui ne passa pas inaperçu. Elle se racla la gorge, pour cacher sa gêne, avant de répondre maladroitement : « Ouais non, t'inquiète... Ils peuvent me le faire à Ste-Mangouste... genre me faire repousser toute la chair et tout. Mais ça coûte une blinde, et ça va faire super mal et puis... j'ai pas le temps. Autre chose à faire. » Comme ne pas se préoccuper de ça, nier tout ce qu'elle pouvait, et avancer à moitié à l'aveugle. « Bref, c'est pas important. » Elle pouvait toujours le bouger, après tout. « Ça m'handicape pas tant que ça, et ça ne fait plus mal. »  Merlin que la douleur avait été terrible... « C'est juste que c'est lourd et que ça fait peur aux gosses quoi... pas que ça me change. »  Angelina n'était vraiment pas douée avec les gamins, et qu'ils l'évitent un peu ne la dérangeait pas tant que cela.

Elle se mit à marcher dans la boutique, assez tendue pour ne pas être calme, mais assez détendue pour abandonner sa nervosité. C'était un étrange entre-deux qui la laissait enfin regarder pleinement le magasin en chantier, sans trop encore regarder Fred dans les yeux (ni son épaule droite). « Et toi du coup ? La boutique ? » Leur boutique, se répétait-elle. Que cela devait être absurde, pour lui, d'être seul entre ces murs qui avaient toujours été les leurs. « Vu qu'tu m'rends un service, je peux t'aider à rafistoler tout ça, tu sais. » Elle avait toujours été douée de ses mains, et même si elle n'en avait plus qu'une elle serait certainement plus utile avec un marteau que... par exemple... Percy.
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Angelina & Fred
So, so you think you can tell Heaven from Hell,  Blue sky's from pain ? And did they get you to trade  your heroes for ghosts? Cold comfort for change?  And did you exchange  A walk on part in the war For a lead role in a cage? We're just two lost souls Swimming in a fish bowl,  Year after year, Running over the same old ground.  And how we found The same old fears.
- Wish You Were Here, pink  floyd




Elle évoquait leur collaboration comme si ce n’était que cela. Une collaboration entre deux sorciers partageant un but commun, arranger les choses. On pouvait oublier leur histoire vieux de quinze ans, de leur amitié qu’il avait toujours pensée indestructible, jusqu’à ce que le monde sombre dans tourbillon d’horreur qui avait eu raison d’eux. Jusqu’à ce que George ne meurt. C’était Angelina Johnson et Fred Weasley qui parlaient, pas Frangie, ou autre surnom stupide qu’on pouvait leur avoir collé pendant un temps dans leur jeunesse oubliée. Les traces du temps se lisaient déjà sur leurs visages, résultats de la guerre les ayant épuisés chacun  à leur manière ou bien c’était l’absence de sourire qui leur donnait cet air si sérieux, mature, qui jurait presque avec ce qu’ils étaient dans le passé. Ses sourires radieux elle les avait abandonné sur le terrain de quidditch de ce qui était autrefois leur école. Les siens, avaient disparus au même moment que ceux de George. George, George, George. Il n’a que ce nom à la bouche, George. et pourtant il ne le prononçait pas à haute voix. Pas en leur présence.

Les pages de recherches sont plus aisées à regarder que son interlocutrice, au regard figé dans un vide laissé par un jumeau mort. C’est le phénomène qui touchait tout ceux à qui il parlait, tout le temps. D’ordinaire on s’inquiète lorsqu’on commence à voir en double la personne avec qui l’on discute, mais dans son cas, c’était l’inverse. Sa solitude était déstabilisante et le vide laissé à ses côtés était une véritable distraction pour les autres. Leur expliquer que ce n’était pas la peine de le chercher était devenu lassant. Sa frustration avait disparue comme sa colère, le laissant dans un nouveau stade de deuil où plus rien ne semblait vraiment avoir d’importance. Où le poids du destin venant s’écraser sur ses épaules n’était plus que le cadet de ses soucis. Sa blessure lui avait été infligée par les Flint, sans préciser qui était ce “on” auquel elle référait. Surement sa précieuse Katie. Changer la conversation de son essence déprimante était devenu un besoin vital. Détendre une atmosphère chargée des douleur d’un passé qu’ils n’arrivaient pas à enterrer à première vue. C’est pourquoi il avait choisi de se moquer un peu d’elle, encore, simplement pour jauger sa réaction. Voir à quel Angelina il parlait et si Angie existait toujours ou si après un deuxième essai infructueux, il devrait abandonner. A sa grande surprise, cette fois, elle finit par se détendre un peu. Une espèce de grimace semblable à un sourire s’affichant sur son visage, après qu’elle ait répliquée.  « Je voulais voir si je pouvais toujours te faire grogner. Apparemment oui. » Il révèle son stratagème au grand jour et quelques part, il est heureux. Elle existe toujours Angie, cachée comme lui sous les maux de la guerre et peut-être pas comme il ‘avait connue avant. Mais elle existait, cela suffisait.  

Mais dès qu’il évoque d’apporter son aide pour son bras, elle se referme sur elle-même automatiquement, reculant même face à lui. De peur de quoi, qu’il l’approche ? Surement. Il aurait réagit comme ça lui aussi, si elle était au courant pour la blessure déchirant son abdomen et qu’elle aurait voulu l’aider. Les animaux blessés ont toujours peur de souffrir d’avantage, les humains n’y font pas exception. C’était la réaction qu’ils avaient. Des êtres presque sauvages, difficiles à apprivoisés, déchaînés après avoir souffert. De sa bouche ne sortait pas la vérité. Le stress remontait à vu d’oeil et se sentait dans ses mots, pressés, au point de faire souffler Fred à nouveau, déçu. « Tu mens mal Johnson. » Il ne croyait pas qu’un maléfice soit une promenade de santé pour en avoir subi, vu et lancé.C’était tout l’inverse. «  Ta tête est effrayante de base, un bras en métal changera pas le problème effectivement… le fait qu’elle foute la trouille aux enfants, même si cela devait être une plaisanterie, ne l’étonnait pas.  Si le maléfice se répand - et tu sais très bien que c’est possible - ce sera plus problématique par contre. Et je doute que ce soit une partie de plaisir. »   Il détourne les yeux et pose le dossier sur la table non sans faire trembler le verre d’eau. «  Si tu changes d’avis et décide d’arrêter de me raconter des histoires, je suis certain qu’Andromeda Tonks acceptera de t’aider. Elle est très douée. » Et surtout, elle était d’une grande bontée. Sans elle, Fred aurait surement eu beaucoup plus de mal à retourner vivre ici. A reprendre une vie normale après tout cela. Mais il suivait son exemple, tentait de retrouver un peu de sa stabilité en gardant Teddy plusieurs fois par semaine et en préparant le diner pour eux trois tous les mercredi soir. C’était une routine qu’ils tenteraient de mettre en place et de suivre, jusqu’à ce que ne soit plus nécessaire et qu’il l’invite au brunch du dimanche midi spontanément. Elle pouvait faire semblant d’avoir retrouvé un enfant et lui une mère, pendant que la sienne se perdait de plus en plus dans les délires d’un passé effacé.

Le lion en cage change de sujet et se met à vagabonder dans la boutique, en observant tout ce qu’il y avait à observer. La question l’interloque un peu, simple preuve de politesse dont il aurait préféré être épargné. Il savait comment allait la boutique. Ce qu’il y avait encore en travaux et les choses qu’il restait à discuter, mais en ce qui le concernait, il n’en avait aucune idée précise. Est-ce qu’il allait bien ou essayait-il de le faire croire, la notion était mince et incertaine, même pour l’auteur de cette mascarade. Non, ça n’allait pas vraiment. Ca ne pouvait pas bien aller et ça n’irait jamais bien. Jamais vraiment.  « Elle va doucement.se précipite Fred pour éviter de trop penser.Je suis rentré il n’y a pas si longtemps que ça. Je n’avais nul part d’autre où aller. » Il aurait peut-être pu demander à Ginny ou à Percy de l’héberger pour quelques semaines, mais être à nouveau un fardeau pour ses proches n’était pas dans son programme. La guerre avait fini par tous les user jusqu’aux os, les torturants, chacun à sa manière jusqu’à les transformer en d’autres personnes, plus fortes peut-être, mais définitivement chamboulées. Ses yeux papillonnent autour de la boutique encore amochée. Il y avait encore beaucoup de chose à faire. Percy et lui discutaient de nouvelles idées, chaque avancée donnait un peu de lumière à l'intérieur de ces murs et la poussière disparaissait comme elle était venue, grâce au temps.  « Il aurait voulu que je continue. C’est ce qu’il aurait fait lui, même si moi je... sais pas trop. » Il n’avait aucune idée de pourquoi c’est à elle qu'il avait choisi de dire ça. De faire sortir cet aveux le rongeant de l’intérieur qu'il ne pouvait dire aux autres, peut-être parce qu’il avait plus de scrupule à leur faire croire qu'il allait bien. Si. Parce que lorsqu’elle était encore Angie, et qu’ils étaient encore eux, il pouvait lui dire n’importe quoi. Au final elle, c'était une autre histoire. Elle, ce n’était pas tout le monde. Et de toute façon, elle, elle s’en foutait de lui, Fred était mort, c’est ce qu’elle avait dit. En face d’Angelina se tenait un fantôme utile dont elle avait besoin, qu'elle avait su trouvé entre les murs qu’il hantait. Il ne voulait pas forcément être ici et revivre cette vie d’avant sans sa pièce maîtresse,  pourtant, il se tenait là, debout au milieu de la peinture en train de sécher et des produits encore étalés sur les étagères. Lui, il aurait continué sans le moindre doute, porté par son si grand coeur. Plus brave, plus solide que lui. George aurait fait ça en sa mémoire, pour continuer ce rêve qu'ils avaient partagés depuis leur plus tendre enfance. George se serait battu. George n'aurait jamais accroché à la bouteille. George ne se serait pas laissé mourir. George aurait fait mieux. George, George, George. C'était sa source de motivation, celle qu’on avait utilisé contre lui ces cinq dernières années et que pourtant il n'écoutait pas. Il n'était pas lui. Il ne le sera jamais, mais il pouvait faire un effort, pour eux deux et pour personne d’autre.  « Sûrement. J’veux pas le décevoir. C’est la dernière chose que je veux faire. » Voilà ce qui le poussait à se lever le matin, à prendre son petit déjeuner assis en tailleur sur son lit à lire à un frère invisible encore affalé dans son lit inoccupé les nouvelles du jour. Vivre. Dire bonjour. Pardonner. Car c’est ce qu’il lui dirait de faire dans ces conversations inaudibles qu’ils avaient, juste en échangeant un regard ou en sentant ce que l’autre pensait. Cette étrange connexion que les jumeaux avaient et qui rendait son monde incroyablement silencieux maintenant. D’une monotonie cruelle.

Le vide à l'intérieur l’accable un peu plus. George aurait suivi la conversation en parlant des nouveaux bonbons qu’ils étaient entrain de créer pour récupérer le magasin sugarplum. Ils projetaient de le repeindre en vert pour aller avec leurs cheveux et d’y engager des employés pour relancer un peu l'économie de l'allée qu’il jugeait toujours désastreuse, ajoutant à la fin de sa tirade que, comme Fred le disait, ils faisaient ça parce que les gens avaient besoin de rire un peu et qu’ils étaient nés en riant presque. Il pouvait entendre chaque mots prononcés avec clarté, dans cet esprit si imaginatif qu'était le sien. Mais Angelina, elle, elle n’entendait rien. Le silence, toujours lui, rythmait tant sa vie qu’il le remplaçait par les mots d’un mort sans s'en rendre compte, même cinq années après. Ridicule.   Lorsqu'il s’en rend compte, il se mit à mordre l’intérieur de sa joue. Bras ballant, il avait l’air idiot. Il fallait parler, bouger. « Si tu veux aider, ça me va. J’reçois déjà de l'aide des autres, mais on n'a jamais trop de mains pour aider. Surtout quand le matériel refuse de coopérer. » Genre comme la bosse qu'il s'était fait. Il pose une main sur l’escalier, la pièce maîtresse des lieux. Le premier truc qu’ils avaient construit à l’intérieur de ce taudis quand ils l’avaient achetés. Au dessus de lui la statuette de DOlores Ombrage qui autrefois zigzaguait entre les étages en hurlant c’était arrêtée. « Poudlard me manque.  encore un aveu, évident cette fois.  La simplicité du passé. Lee, Alicia… George...Toi, moi..Katie. »  Il était presque impossible de prononcer ces noms sans flancher. Ces amis perdus, d’une façon où d’une autre auquel s’accrocher était devenu difficile. Aucun d’eux n’était véritablement solide désormais. Aucune d’eux n’avait la force de porter les autres, ils avaient déjà du mal à se tenir eux-même debout. « Je serais prêt à retourner me faire torturer les mains par cette vieille pie, si c’était pour revivre une journée à cette époque. »  dit-il en désignant la figure rose, hideuse et si énervante qu’ils avaient tourné en dérision en la perchant sur un monocycle. « T’as des nouvelles des autres ? » La curiosité le piquait souvent. Même si ses amis n’étaient plus vraiment des amis, ils tenaient en son coeur la même place que ses frères et soeurs. Malgré leurs divergences folles, malgré son incompréhension totale face à leurs actions, pour la plupart. Seul Lee faisait exception.Son sixième frère en quelque sorte. Des autres les nouvelles étaient minces, hormis ce que les journaux disent. Les belliqueux demeurent.  


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