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sujet; we'll be counting stars +viktor
MessageSujet: we'll be counting stars +viktor   we'll be counting stars +viktor EmptyMer 28 Déc 2016 - 0:23

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we'll be counting stars
Lately, I've been, I've been losing sleep Dreaming about the things that we could be But baby, I've been, I've been praying hard, Said no more counting dollars We'll be counting stars, Yeah we'll be counting stars. I see this life, like a swinging vine, Swing my heart across the line And in my face is flashing signs Seek it out and ye' shall find. Old, but I'm not that old, Young, but I'm not that bold And I don't think the world is sold On just doing what we're told. I feel something so right Doing the wrong thing, I feel something so wrong Doing the right thing. I couldn't lie, couldn't lie, couldn't lie, Everything that kills me makes me feel alive. I feel something so wrong Doing the right thing, I could lie, could lie, could lie, Everything that drowns me makes me wanna fly. ~ counting stars, onerepublic.


Albertha Shacklebolt n'était pas de ceux qui savaient s'y prendre avec les gens. Soit elle en disait trop, soit elle n'en disait pas assez. Elle se cachait parfois derrière un silence renfrogné et, à l'inverse, elle se mettait quelques fois à exposer son humour (qui était loin d'être brillant) à la vue de tous. Elle dansait d'un pied à l'autre, ne sachant jamais réellement ce qu'ils désiraient vraiment tirer de sa pauvre carcasse, ceux – bons et innocents – qui venaient vers elle pour lui demander un renseignement. En tant qu'apothicaire, il était de son devoir de conseiller les clients potentiels ou de les servir – ils demandaient, elle s'exécutait. Ceux qu'elle fréquentait lui ressemblaient toutefois, ou bien ils n'étaient que des étudiants un peu paumés qui demandaient l'aide d'une personne expérimentée. C'était du donnant donnant, c'était ce qu'elle savait faire, Letha, s'exprimer sur ce qu'elle aimait – même en étant gênante et visiblement gênée. Ce n'était pas naturel, mais elle faisait avec parce qu'elle gardait en tête qu'elle partageait le même intérêt avec son interlocuteur.

C'était une autre histoire qui se déroulait à Relinking, la boutique de tatouages voisine à la sienne. Le nez écrasé contre la vitre, la sorcière avait fini par pénétrer au sein de la boutique qu'elle avait vue naître, en ayant activement participé à sa conception (en prêtant quelques clous et des pansements à son propriétaire). Une chose était sûre – elle en appréciait le gérant, et n'avait pas à se forcer pour lui parler. Le flot venait tout seul et cette appréciation immédiate était réconfortante ; il lui avait cependant fallu un certain temps avant d'en comprendre la raison. Viktor Heidelberg était un étrange énergumène, sans doute plus complexé et compliqué qu'elle ne l'était, et ils se rejoignaient volontiers sur ce point-là. Ils frôlaient la norme mais ne l'épousaient pas. Letha ne connaissait pas réellement son voisin, pas comme elle l'aurait voulu, mais ne demandait qu'à rectifier cette erreur de tir ; il semblait intéressant, malgré tout ce qui piquait l'oeil et les sens. Elle connaissait, elle savait, elle sentait, elle retrouvait certaines des manies de Viktor chez elle également. Aussitôt, l'atmosphère étouffant lui sauta à la figure et la prit férocement à la gorge. Elle détestait être au milieu d'une foule mais force était de constater que le lancement de la boutique était un franc succès – à chaque chose, malheur était bon.

Et une idée lui traversa l'esprit, saugrenue au premier abord et pas nécessairement abordable pour le principal intéressé. En se précipitant sur le pauvre Heidelberg, elle l'avait vu jeter les armes à terre et accepter sa demande après cinq minutes d'argumentation acharnée – elle pouvait l'aider à gérer tous ces gens. Elle pouvait même faire un numéro de claquettes si Viktor le souhaitait (il avait eu l'air passablement effrayé à cette idée). Mais elle lui avait tendu une main qu'il avait saisie – volontiers ou pas, elle n'en savait rien mais elle avait clairement ressenti une vague de sympathie la traverser, lui chauffant les joues et la faisant étirer les lippes en un sourire radieux. Il lui permettait de s'évader dans le creux d'un monde qu'elle ne connaissait pas encore, auprès de badauds qu'il n'appréciait pas forcément. Certes, accueillir les gens ne faisait pas partie de ses attributions naturelles et des tatouages, elle n'y connaissait foutrement rien – elle faisait pourtant du mieux possible, allant à droite et à gauche, accueillant les individus à grand renfort de cris et de mouvements de bras.

Letha aimait pourtant cette tension permanente dans ses muscles, la conscience de tout ce qui se déroulait sous ses prunelles avisées et le fait d'aider un mec, qu'elle ne connaissait quasiment pas, mais qui pouvait peut-être devenir un proche par la suite. Tout ça était diablement excitant et l'empêchait de penser trop loin, trop vite – dans sa tête, alors qu'elle ouvrait grands les bras et braillait des Bienvenuuuuue (c'était sans nul doute de cette manière-là que les propriétaires accueillaient les clients dans les salons de tatouages), il n'y avait pas d'Alice qui l'attendait pour l'accabler de reproches. Aucun fantôme, aucun regret, aucune pensée négative – seulement le travail. Lorsque Letha ne parvenait pas à obtenir d'heures supplémentaires dans sa boutique, elle tournait en rond, en proie à une panique qui la faisait claquer des dents et bégayer, le souffle saccadé et la conscience enflammée. Viktor l'aidait à sa façon, sans s'en rendre compte. Il était marrant, ce type, pas forcément prolixe, toujours froidement aimable – et il l'avait acceptée.
« Quelle journée, dear » souffla finalement la sorcière en claquant la porte derrière le dernier client. Machinalement, elle s'essuya le front du revers de la main, habitude qui persistait à la suite de toutes ces années passées à gambader dans la nature et à suer comme un bœuf – été, printemps, automne ou hiver. Elle fit volte-face, les doigts joints devant elle. « J'en ai..trop fait peut-être ? » avec les cris, les moulinets avec les bras, tout ça quoi. « Désolée, c'est la première fois que je bosse dans un salon de tatouages, je suis plus à l'aise avec les plantes. Les clients qui viennent leur ressemblent un peu d'ailleurs : pas trop bavards, ils ont juste besoin d'un peu d'eau pour que tout roule et hm, c'est tout. » blah, blah, blah. Elle recommençait à s'enliser dans une conversation qui ne voyait pour interlocuteurs qu'elle et encore elle, éjectant Viktor au loin, en dehors de sa bulle qui prenait parfois des allures grandiloquentes. En désespoir de cause, elle esquissa un sourire et prétendit observer la décoration du salon de ses grands yeux sombres – intéressant, semblait-elle penser, qu'ils sont beaux ces murs.

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