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sujet; the inevitable end (ADEN #4) |
HUNTED • running man Owen Avery | the inevitable end for all the things we lost in the flames. (2003, december 8th) La curée continuelle qui souillait le paisible village de Pré-au-lard depuis des semaines entières semblait ne jamais voir venir la fin. C'était un spectacle de cris et de désolation, la scène de violences indicibles, tant de la part des Mangemorts que des rebelles, qui ne retenaient plus leur hargne envers leurs oppresseurs. Avery voyait se suivre les jours et les nuits sans discontinuer, sans rien d'autre que des morts et des morts et d'autres macchabées encore pour ponctuer le temps qui passait, égrener les heures interminables. L'engouement du début était mis à rude épreuve, et les Détraqueurs n'y étaient pas pour rien. Envoyés par le Seigneur des Ténèbres pour saper la flamme qui animait la rébellion, il n'en demeurait pas moins qu'Avery en ressentait les effets de la plus effroyable manière. Glacé en permanence jusqu'à l'os, défaitiste et plus pessimiste encore qu'en temps normal, il faisait de son mieux pour s'en tenir loin mais ne pouvait décemment pas les éviter lorsqu'il se retrouvait dans le ventre mou de la guerre, là où se mêlaient autant de corps que de combattants. L'idée de se faire voler son âme par inadvertance le hantait en permanence; ces monstres étaient de la pire espèce et personne ne savait prédire ce qui guidait leurs actions, personne. À leur contact, il envisageait le pire, doutait soudain de leur réussite, se mettait à craindre pour la vie de Bones, Bones qu'il avait vu en arrière-garde s'occuper de blessés, Bones à qui il n'avait pas même pu décrocher la moindre parole, trop fier sûrement pour lui hurler de dégager du camp pour aller quelque part où elle ne risquait pas de mourir d'un sort perdu. Il aurait été parfaitement vain de simplement lui en faire la remarque et il n'aurait écopé de rien d'autre qu'un regard assassin, gonflé d'orgueil et de défiance. Alors il s'était tu et avait prié Salazar de ne pas avoir à la tuer une deuxième fois dans sa tombe si elle venait à avoir la bêtise de mourir si près de lui. Jamais il ne lui pardonnerait une telle bévue. Mais Bones n'était pas morte, à l'inverse du Survivant, de l'Elu; ils avaient de leurs côtés des forces terribles et possédaient eux-mêmes des panels de sorts qu'aucun de ces indigents n'oseraient jamais utiliser et pourtant, pourtant, Avery trouvait que tout ça traînait bien trop en longueur pour annoncer la victoire écrasante à laquelle il s'était attendue les premiers jours.
À son bras, la marque se mit à brûler avec tant de force qu'elle provoqua en lui un moment d'inattention presque fatal. Un éclair vert passa si près de son visage qu'il en ressentit le souffle mortel passer sous son masque. Avery riposta, envoyant l'assaillant valdinguer au sol, près des cadavres de ses amis et de quelques Mangemorts dont le masque avait glissé dans la chute. Pas un qui ne fut important pour lui, il avait trouvé le temps de s'en assurer. Ses réflexes s'émoussaient, son attention défaillait et il sentait que sa résistance plongeait chaque jour un peu plus. Il avait failli y passer plus d'une fois cette semaine et il craignait que celle-là ne fut pas la dernière. Avery avait peur de mourir et se l'affirmait sans honte. Même Selma, dans l'ombre de ses pensées, craignait de disparaître dans un néant inatteignable, compliqué et tortueux, encore inconnu des vivants. Selma qui maintenait vaillamment son esprit éveillé, qui piquait sa vivacité au bon moment, qui l’interpellait sur des mouvements perçus dans un angle mort qui avaient échappé à son attention. « Tu ne l'avais pas vu venir, celui-là, » grinça-t-il à son intention, massant son avant bras douloureux, le regard alerte sur les alentours. Selma s'abstint de répondre et tous deux savaient qu'elle avait été aussi surprise que lui lorsque la Marque s'était manifestée, détournée de la réalité par la crainte et la soumission : il arrivait, il n'y avait pas d'autre sens à donner à cette flambée impromptue. Et si aucun ne savait dire si c'était un signe engageant où au contraire le résultat de leur échec, ils étaient cependant certain que cela annonçait la fin.
Et quand tous purent enfin Le voir, se confronter à Sa puissance, tout un chacun fut saisi d'un mouvement de suspens, pris dans l'attente électrique de ce qui allait suivre; un courant d'appréhension lui courut le long de l'échine et le fit se tasser imperceptiblement sur lui-même, alors même qu'un sentiment d'euphorie anticipée se glissait dans ses membres et ravivait une énergie nouvelle en lui. Maintenant que le Seigneur des Ténèbres en personne daignait se montrer, maintenant qu'il venait apposer à ce navrement la touche finale, l'apothéose, tout irait bien. Si Avery haïssait cette soumission qu'il provoquait au plus profond de son être, il ne doutait plus, jamais, de la capacité de son maître à mener à bien ses sombres projets, à étayer la réputation qui le caractérisait, celle qui le décrivait comme le plus grand Mage Noir qu'ait connu le monde sorcier depuis des décennies, invaincu et invincible.
Jamais Avery n'aurait cru assister une deuxième fois à sa disparition. Il aurait ricané au nez de celui qui aurait pu prétendre à sa perte, sa destruction alors que le Maître avait appris de ses erreurs depuis la première chute, tous comme ses serviteurs l'avaient fait après sa renaissance. Il avait allègrement craché sur le vain espoir que nourrissaient ces incapables rebelles quant à l'anéantissement de Lord Voldemort. Parce que c'était absurde, et qu'il n'arrivait toujours pas à y croire, alors que sur ses rétines étaient imprégnées tantôt du corps de Nagini, tantôt celui, évanoui en des restes macabres et volatiles, du Seigneur des Ténèbres.
La peur de mourir. Avery n'avait jamais prétendu être courageux, vaillant, tout juste loyal parce qu'il le fallait bien. Ces conneries n'avaient jamais aidé personne à survivre quand lui avait su se glisser entre les mailles du filet, entre les doigts putréfiés des Détraqueurs et de ceux qui avaient voulu le jeter dans une cellule simplement grâce à sa prétendue lâcheté. C'était cette même peur de mourir et le désir infatigable de s'en sortir qui le crochetaient au ventre et lui sifflaient de fuir, fuir fuir fuir pour survivre. « Allons-nous en, filons avant qu'ils ne comprennent ce qui leur arrive ! » lança Selma d'une voix forte, et Owen ne se l'entendit pas dire deux fois avant de tourner les talons, la cape noire volant autour de ses chevilles. Son esprit s'enflamma par la nécessité immédiate de récupérer ce qui pouvait encore l'être, à commencer par lui-même, suivis des autres. Il avait aperçu Lestrange loin sur sa gauche lorsqu'Il était arrivé ; où était-il maintenant ? Les rebelles, animés d'une énergie nouvelle, se manifestaient de nouveau après l'ahurissement collectif qui avait suivi Sa disparition. Avery en écarta plusieurs tout en reculant, les yeux cherchant vainement la silhouette de son collègue, le palpitant martelant ses côtes avec insistance. « Laisse-le ! Si tu essayes de le sauver, c'est nous qui serons perdus ! Est-ce cela que tu veux ? » Non, Owen voulait vivre. Et après toutes ces années, après toutes les choses qui avaient pu ressurgir du passé et calmer la rancœur, renouer péniblement une ancienne amitié, il n'était toujours pas prêt à renoncer à sa liberté pour un homme qui était peut-être déjà mort, ou enfui, pour ce qu'il en savait. Il lui souhaitait d'avoir été assez intelligent pour le faire, mais il ne prendrait pas le risque de s'en assurer.
Avery battit en retraite, échappant avec sauvagerie à l'assaut de plusieurs rebelles qui avaient peut-être nourri le stupide espoir de pouvoir s'emparer de lui. Bones Bones Bones Bones Bones. Littanie silencieuse que Selma désapprouvait vivement. « Si elle n'est plus là, nous partirons » lui assura-t-il alors qu'il atteignait l'arrière du camp, là où elle était restée tout ce temps, loin des combats, apportant une aide discrète mais ô combien précieuse. Et pour les mêmes raisons qui l'avaient poussé à laisser Lestrange en arrière, Selma sut qu'il disait vrai. Qu'en dépit de tout ce que Bones représentait pour lui, il était parfaitement capable de sauver sa peau avant la sienne.
Avec un soupir rauque de soulagement, Avery avisa la silhouette de l'hybride non loin de là, administrant quelque soin à un blessé. Il porta la main à son masque et le jeta au sol ; autour d'eux l'atmosphère changeait imperceptiblement. La lâcheté dont on l'accusait semblait se manifester chez beaucoup de ses collègues qui, apprenant La nouvelle, parurent moins déterminés à se battre pour une cause assurément perdue sans le fer de lance de leur caste. « Dépêchez-vous, on a plus beaucoup de temps. » Avery accéléra le pas et entoura d'une main vive le bras d'Adele, la forçant à se retourner. « Il est mort. Il faut qu'on file avant qu'ils soient trop nombreux à nous tomber dessus, » lui dit-il, le ton dur et déterminé. Sans le Seigneur des Ténèbres, plus rien ne les séparait de l'insurrection et de leur colère. Le vent tournait, et mieux valait pour eux se tenir loin de la tempête qui se préparait. « Allons récupérer Artur et allons-nous en. »
Il est mort. Il est m- – Quid de leur avenir, à présent ? |
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HUNTED • running man Adele Bones | owen averyIt is the things you cannot see coming that are strong enough to kill you.Peut-être que si elle y avait prêté plus d'attention, elle s'en serait rendu compte. Peut-être. Mais à ce moment précis, tous les peut-être et les et si du monde ne servent strictement plus à rien. « Qu'est-ce que vous avez fait? — Pour le moment, rien. Tenez-vous tranquille, le patch n'a pas les mêmes propriétés magiques que les... — Comment ça, rien?! Je vous ai vu le toucher! Vous avez touché mon bras! Vous avez fait quelque chose! — Je suis navrée mais je n'ai pas eu le temps de me mettre à la page depuis que je suis ici: depuis quand la médicomagie est-elle devenue une spécialité de la formation de Mangemort? — Qu'est-ce-que-vous-avez-fait-à-mon-putain-de-bras? » L'affolement qu'elle perçoit dans la voix de son patient arrête net ses palabres ironiques. Sans perdre une seconde de plus, Bones repose l'emballage vide du patch thérapeutique sur sa tablette de travail avant de reporter son attention sur le bras sanguinolent qu'elle vient de prendre en charge. Son arcade sourcilière se fronce à mesure qu'elle détaille les pores de la peau et les veines saillantes, le professionnalisme de la médicomage reprenant brusquement ses droits sur la fierté sorcière et hybride. « Pourquoi? Qu'est-ce que vous ressentez? — Mais rien putain! Rien de rien!!! Je le sens plus, je le plus! » Avait-elle raté quelque chose? Adele Bones n'avait pas pour habitude de se laisser distraire dans l'exercice de ses fonctions, et surtout pas au point de manquer un symptôme aussi énorme qu'une insensibilisation nerveuse massive. Si l'interlude que lui avait offert Davis le matin-même n'avait eu de cesse de se rappeler à sa mémoire toute la journée, la brune ne faisait absolument partie de cette catégorie de personnes que l'on qualifiait d'étourdis. Loin de là. Bones était de cette trempe de sorciers aux capacités uniques et implacables, l'adaptation et l'analyse quasiment immunisées aux situations de stress les plus improbables: les événements avaient beau se mélanger et se confondre, ils n'avaient pas pour habitude d'interférer entre eux au point de la déconnecter complètement de la réalité. Qu'est-ce qu'elle avait bien pu manquer? Le bois d'If coure une nouvelle fois le long du derme anémié, la guérisseuse relançant les premiers examens d'un flegme imperturbable: les unes après les autres, les fines décharges magiques vont stimuler les diverses terminaisons nerveuses du Mangemort dont le nom lui échappe, sa logique alors momentanément troublée lorsqu'elle constate que non, décidément non, elle n'a rien manqué. Les réactions physiologiques secouant les fibres musculaires du blessé sont bel et bien celles qu'elle attendait, abominablement normales pour un membre en parfait état de marche. Panique. C'est la panique, une panique terrible et effroyable, qui vient secouer son patient des pieds à la tête: il délire, c'est la seule explication possible, pense-t-elle, tandis que l'obstiné profère menaces et supplications, sans discontinuer, s'agitant sur la table d'examens comme une bête sauvage acculée dans ses derniers retranchements. La voix d'Adele reste ferme et intransigeante lorsqu'elle lui ordonne de se calmer, faisant fi du discours détraqué et de ses mouvements saccadés, de son regard de plus en plus épouvanté. Elle commence même à évaluer le degré de puissance qu'elle devrait invoquer pour le plonger dans l'inconscience la plus totale lorsque, abruptement, une poigne féroce s'empare de son coude, tord à moitié l'articulation lorsque l'agresseur fortuit l'oblige à faire volte-face dans un même mouvement. Son cœur manque d'un battement en voyant l'expression d'Owen Avery faire écho à l'angoisse du Mangemort hystérique.
« Il est mort. Il faut qu'on file avant qu'ils soient trop nombreux à nous tomber dessus, » Bones n'est présentement pas d'humeur à subir les délires de son amant. D'un petit mouvement sec, elle tente de se libérer de son emprise mais la force avec laquelle il s'est ancré à son articulation la fait gémir, dessine une grimace de douleur pure sur son visage émacié. « Ce type est au bord d'une crise de panique. Il réussira à se vider de son sang avant même que je réussisse à le calmer si tu me lâches pas tout de suite! Avery! » Elle tire de nouveau sur son bras lorsqu'elle perçoit des mouvements hâtifs se jouer derrière elle, le sortilège de surveillance des constantes s'affolant dans la foulée. Il se tire! Cet abruti de Mangemort se tire et il va finir pas mourir s'il ne reste pas en place! De sa main libre, Adele accélère sa tentative de libération: elle cherche à défaire l'entrave acérée que continue d'exercer Avery en lui plantant les ongles dans la peau. « Mort! Il est mort! Je ne le sens plus! Je... J'me tire! J'veux pas... » Le regard que jette alors Bones sur Avery est aussi noir qu'une nuit sans lune tandis qu'elle tente toujours de s'extirper de son emprise. Lâche-moi lui répète-t-elle d'un regard, un peu, juste un peu ; par Merlin! qu'il desserre les tendons juste assez longtemps pour qu'elle parvienne à rendre à sa main dominante une liberté de mouvements suffisante pour empêcher l'autre crétin de commette l'irréparable. « Allons récupérer Artur et allons-nous en. » C'est comme si le temps arrêtait sa course, comme si la Terre arrêtait de tourner, comme si rien, non rien, ne pourrait jamais permettre à son cœur de reprendre sa course. Oui, si elle y avait prêté plus d'attention, peut-être que rien de tout ce qui était en train de se jouer n'aurait eu lieu. Violemment, c'est comme si l'hybride venait d'être privée de la majeure partie de ses sensations. L'adrénaline a été brusquement libérée dans son système, tapissant les parois de son système veineux dans son intégralité, dès l'instant où le prénom d'Artur s'est échappé des lèvres d'Owen. Son cœur repart à toute vitesse, ses muscles se bandent: le visage d'Adele est curieusement figé dans une expression qui ne cessait d'osciller entre la surprise, la douleur et la peur. Comme si on venait de lui jeter un seau d'eau glacé en plein visage. Elle ne sait pas ce qui la déstabilise le plus à cet instant: la gravité qu'elle perçoit finalement émanée d'Avery, ou sa volonté terrifiante de vouloir fuir immédiatement, ou le simple, mais ô combien déstabilisant, fait de seulement le voir penser à la sécurité immédiate d'Artur. Du coin de l’œil, elle capte le mouvement décisif pour sa pleine compréhension de la situation: le craquement est effroyable lorsque le corps désartibulé de son patient s'effondre lourdement sur le sol, remplissant par la même occasion l'atmosphère d'une puissante et écœurante odeur d'hémoglobine. Le transplanage, avorté par les barrières magiques Mangemorts, vient de le tuer sur le coup. Le silence poignant qui régit alors l'espace sous la tente met soudainement en exergue toutes les sonorités environnantes: ses battements de cœur sont erratiques, la respiration d'Avery est saccadée et il y a un capharnaüm (non, une débandade) bestial qui gronde de plus en plus fort, qui se rapproche de plus en plus vite, au-delà des limites de l'arrière-campement des Mangemorts. Non, non, non... Adele a brutalement envie de vomir. « Non... non... on ne... ce n'est pas possible, le port de tête délicat s'ébroue, de gauche à droite et de droite à gauche, tandis qu'elle commence à parler, à balbutier des morceaux de phrases qui s'assemblent sans jamais trouver un début de cohérence. Son corps tout entier refuse ce qui est en train de se passer: la situation lui parait bien trop paradoxale pour seulement paraître réelle. Le Magister était venu, pourtant, non? Affolée, elle relève les yeux sur le visage d'Avery et ce qu'elle y découvre lui donne encore plus le tournis. Voir les iris d'Avery se durcir comme de la glace, se faire bien plus lucides que les siennes, est sans nulle doute la chose la plus aberrante et la plus effrayante qui ne lui avait été donné de voir ces dernières années. Rabastan... mon père... ils... non! On ne peut pas partir, ils sont encore là-bas? Ils sont partis?! On ne peut pas partir comme ça... Je... » Et ce qui est bien plus effrayant encore, c'est que c'est la première fois de sa vie qu'Adele Bones ne parvienne pas à savoir ce qu'elle devait faire. Qu'est-ce qu'elle est venue faire ici? |
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HUNTED • running man Owen Avery | the inevitable end for all the things we lost in the flames. Oui, il aurait pu partir sans elle. Il aurait été capable. Bien sûr, s'il n'avait pas eu d'autre choix, d'autre possibilité que de la laisser en arrière. Par chance, il n'avait pas eu à le faire, et cela lui épargnait bien des peines : même le regard assassin de Bones, gênée d'avoir été interrompue dans ses soins, ne parvenait pas à lui faire ressentir autre chose qu'un soulagement si profond qu'il en restait presque bête. « Ce type est au bord d'une crise de panique. Il réussira à se vider de son sang avant même que je réussisse à le calmer si tu me lâches pas tout de suite! Avery! » Merlin qu'il se fichait du sort de ce pauvre bougre ! Il ne le reconnaissait même pas, et pourtant il portait la marque, c'était pour dire à quel point il était insignifiant ! Ils n'avaient plus besoin de combattants à sacrifier, il pouvait bien mourir ici de ses blessures pour ce que cela lui faisait. Adele tentait vainement de se soustraire à son emprise, mais il n'était pas décidé à la lâcher, à la laisser s'éloigner, partir il ne savait où alors qu'il était parvenu à lui mettre la main dessus grâce à il ne savait quelle bonne fortune. Il resserra ses doigts autour de son bras, se fichant, pour l'heure, de lui faire mal. Tout ce qui importait était qu'elle l'écoute, qu'elle comprenne, qu'elle réalise à quel point la situation était grave. Il n'était pas là pour entretenir une de leurs plaisantes joutes verbales, ni pour l'ennuyer par simple plaisir. « Tu ne comprends pas – » gronda-t-il, empêché de s'expliquer par les paroles fiévreuses que dégueulait le sorcier au regard fou : « Mort! Il est mort! Je ne le sens plus! Je... J'me tire! J'veux pas... » Avery compatissait presque à la folie du sorcier, à la perdition qui semblait s'être emparée de lui : la marque était affadie sur leur peau, anesthésiée, quand habituellement elle palpitait dans leur chair au rythme des humeurs et des ordres du Seigneur des Ténèbres. Ce qu'il avait vu un peu plus tôt, le jeune Mangemort l'avait compris, par ce simple changement d'état du tatouage. Il se reconnaissait dans sa panique, sa terreur muette, mais parvenait à brider un peu ses velléités de fuite immédiates, suffisamment pour prendre le temps de la convaincre de le suivre.
L'évocation d'Artur sembla la tirer de sa suspicion, et son visage se figea, tant d'horreur que de peur. Elle lui lança un regard qu'il ne chercha pas à fuir, détaillant les changements qui s'y produisaient : elle réalisait, lentement, qu'il ne mentait pas. Partons, partons partons partons. Un craquement abominable résonna dans l'air quand le sorcier blessé tenta de transplaner, et les fit tous deux se tourner vers le cadavre sanguinolent à deux pas de là, réduits à un amas de chair absolument dégoûtant. L'imbécile ! Comment a-t-il pu oublier l'interdiction de transplaner qui ceinturait les zones habitées ! Avery grimaça. Son regard se reporta de nouveau sur Bones, qui chantait une douce litanie de non, secouant la tête de droite à gauche, niant l'évidence avec toute la force de sa volonté, refusant d'y croire. « Non... non... on ne... ce n'est pas possible, Rabastan... mon père... ils... non! On ne peut pas partir, ils sont encore là-bas? Ils sont partis?! On ne peut pas partir comme ça... Je... – Adele ! » Quelque chose tomba dans son estomac, lourd et froid comme de la pierre. Elle ne devait pas penser à eux ; pour sa propre sauvegarde, il fallait qu'elle les oublie. Sa main se radoucit à son contact, remonta le long de son bras et emprisonna le visage de la sorcière entre ses paumes, l'obligeant à le regarder, à se fixer sur quelque chose pour recentrer son attention. Elle se laissait porter par la même panique qui l'avait saisi quelques instants après sa mort, et ils n'avaient plus le temps pour la douceur – non pas qu'en temps normal, il se serait soucié d'être délicat, mais l'urgence le poussait à se montrer brutalement franc pour la ramener à la raison. « Adele, écoute-moi. Le Magister est mort, tous ceux qui ont combattu contre lui vont chercher à supprimer ceux qui l'ont suivi. On ne peut pas rester ici, il faut qu'on s'en aille, et maintenant. » Ils avaient déjà perdu trop de temps. Avery se pencha davantage, de sorte qu'il ne vit plus que son visage emplissant son champ de vision, et qu'elle ne puisse que croire à ses paroles en plongeant au fond de son regard, plus vraies qu'elle ne l'avaient jamais été : « Je ne les laisserai pas s'emparer de toi, tu m'entends ? Il est hors de question que tu entreprennes quoi que ce soit pour retrouver ton père ou... – pas aujourd'hui. D'accord ? »
L'Allée des Embrumes semblait vouloir refermer ses bâtiments sur eux, à mesure qu'ils filaient dans les airs en direction des appartements de Bones, mortellement silencieux. Pas un mot ne fut échangé durant toute la durée du trajet, chacun semblant plongé dans de noires ruminations qui ne méritaient aucun commentaire. Avery marmonnait parfois des réponses destinées à calmer Selma, qui le pressait à quitter la ville au plus vite, et pestait contre son affection pour Bones, pour le gamin, qui les mettait en danger, selon elle. Elle ne se tut qu'une fois dans l'ombre rassurante de l'appartement de Bones, dont ils fermèrent tous les rideaux d'un coup de baguette. Avery scruta la rue en contrebas, priant pour qu'une quelconque miséricorde leur soit accordée, et leur donne du temps. La nouvelle n'était pas encore parvenue aux oreilles des citoyens endormis, sans doute. Artur apparut dans l'encadrement d'une porte, un livre à la main, le petit visage surpris de les voir apparaître aussi silencieusement, agir aussi curieusement. « Tante Adele ?... » commença-t-il, une interrogation dans le regard lorsqu'il se posa sur Bones, avant qu'Avery ne le fasse taire sèchement et ne l'astreigne à préparer le strict nécessaire aussi vite qu'il le pouvait. Les elfes de maison apparurent à leur tour, oreilles tombantes et mains tordues dans l'attente des ordres à venir, qui ne tardaient jamais dès lors que leurs maîtres revenaient. « Donkey, aide le à rassembler ses affaires, vite. » L'elfe s'inclina et entraîna le garçon dans sa chambre. Bones disparut dans un coin de l'appartement, réunissant ses propres biens, et Avery demeura dans le noir près de l'entrée, le palpitant glacé d'incompréhension – seule la nécessité de faire vite maintenait le chaos à l'écart de ses pensées, mais il le sentait guetter insidieusement, attendant un répit pour s'insinuer en elles et y semer l'affolement. Lui n'avait aucun bien précieux à emporter, tout ayant été brûlé dans l'incendie criminel de Herpo Creek. Rien, sinon Adele et Artur. Et sa propre peau, à sauver une fois de plus. |
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HUNTED • running man Adele Bones | owen averyIt is the things you cannot see coming that are strong enough to kill you.« Tante Adele ?... » La voix d'Artur ne suffit même pas à l'hybride pour trouver la force nécessaire de s'extirper de sa léthargie écrasante. Les yeux dans le vague, elle abandonne le visage d'Artur pour frôler les murs et les bibelots de son appartement du regard. La pensée s'impose à elle comme un imperium le ferait sur un esprit: chez elle, cet endroit sorti tout droit de son imaginaire édulcoré par des centaines de pages en papier glacé. C'est la première fois de sa vie qu'elle se dit que c'est chez elle, ici, et ça l'attriste autant que ça la remplit de fierté... Dommage qu'elle ne puisse pas explorer plus longtemps l'étrangeté de ce sentiment: ils n'ont pas le temps de s'éterniser. Depuis qu'ils ont fui Pré-au-Lard, Adele se contente de fixer le vide et de réagir par intermittence, comme possédée ou s'éveiller de temps en temps d'un profond sommeil dont elle ne pouvait pas s'extirper. C'est affligeant de la voir ainsi Adele, elle qui possède habituellement une capacité d'adaptation à toute épreuve, ne semble pas prompt à accepter l'imminent changement imminent qui se profile devant elle. À ce moment, les seules choses qui la font encore tenir debout sont de se dire que ce lieu, si familier et étranger en même temps, est son foyer et qu'Owen ne les laisserait pas s'emparer d'elle. Si elle avait la présence d'esprit de le faire, elle se serait très certainement demandé laquelle de ces deux affirmations était la plus terrifiante: d'enfin trouver sa place ou qu'Owen vocalise son inquiétude pour elle. « Donkey, aide le à rassembler ses affaires, vite. » Rassembler ses affaires, oui... Elle devrait faire ça elle aussi... pas vrai ? C'est une idée, juste idée, ni bonne ni mauvaise, seulement un point fixe auquel elle peut se raccrocher pour retrouver ses esprits le plus rapidement possible... Ordonner ses effets personnels pour ordonner ses pensées entremêlées, quelle ironie... Elle se déteste viscéralement, Adele, de se retrouver dans un tel état d'hébétude absurde. Elle reste plantée sur place encore quelques secondes avant de finalement pivoter sur la pointe des pieds, pour capter l'attention Avery du regard, et essayer de comprendre ce qu'il peut bien se tramer derrière ses traits stoïques et son regard sombre... en vain. Alors, tel un automate, l'hybride s'éloigne, non sans caresser du bout des doigts la main de son amant, et s'enfonce dans les tréfonds de son appartement. Elle arpente les couloirs d'une démarche sûre à défaut d'avoir un esprit alerte: ça lui donne l'impression d'avoir un tant soi peu de contrôle malgré la situation désastreuse qui se profile. Lorsqu'elle pénètre dans son laboratoire de potions, Fizzy est sur ses talons, prête à obéir à toutes les injonctions qu'elle pourrait bien lui donner. Mais elle ne dit toujours rien, Adele, se contente de refermer la porte en silence derrière elles et d'inspirer et d'expirer lentement. C'est la dernière fois qu'elle met les pieds ici. Et contrairement à tout ce qu'elle a bien pu imaginé avant, l'idée ne la laisse pas aussi de marbre qu'elle n'avait pu le penser. Absolument pas.
Le penthouse de Grafov, situé au cœur de Londres, est le premier endroit à avoir traversé l'esprit d'Adele, une fois ses idées bien remises en place et la moitié de ses affaires nettement emballées dans des bagages spécifiquement enchantées pour de longs voyage. Si la décoration d'intérieur du lieu suinte de faste et d'abondance, elle révèle également le goût déplorable de son propriétaire en matière d'opulence harmonieuse. Pourtant, elle ne parvient pas à blâmer le trafiquant ukrainien: ayant pour unique référence la famille Dolohov, Bones avait longtemps cru dur comme fer que le style coulait de façon innée dans les veines de tous les citoyens venus du grand Est. Elle a bien du se rendre à l'évidence: en rencontrant Grafov et la Kovaliova, Adele avait finalement accepté que, parfois, elle pouvait elle aussi se tromper. « Fizzy, il y a une chambre au bout de la Verrière: amène Artur là-bas et ne le quitte pas de la nuit. — Mais tante Adele... — Pas maintenant Artur. Essaie de te reposer tant que tu le peux encore. Nous partons de très bonne heure demain matin. » Dans son regard perçant, Bones déniche la seule chose qu'elle s'interdit pourtant de ressentir depuis qu'Avery l'avait tirée de sous sa tente médicomagique: de l'effroi. Artur est purement et simplement effrayé par l'attitude de sa tante et d'Avery. « Je te le promets, Artur: je ne laisserais rien ni personne te séparer de moi, tu as ma parole. » Le garçonnet acquiesce lentement de la tête avant de se laisser entraîné par l'elfe de maison, trottinant des pieds pour rester à portée de voix des adultes le plus longtemps possible. Pour une fois, Bones ne ressent aucune irritation face aux indiscrétions de son neveu: à sa place, elle aurait fait de même. D'un mouvement du poignet, elle commande à sa baguette en bois d'If de baisser les persiennes du salon dans leur quasi-totalité: seule celle située contre un pan de mur porteur de toute la baie vitrée reste entrouverte, ses lames obscures laissant passer assez de jour pour jeter de temps à autre un coup d’œil en bas sans se faire voir. En plus de ses atours abjects et de son agencement déplorable, Adele déteste cordialement l'endroit parce qu'il se situe en plein dans le Londres moldu. D'ordinaire, l'hybride se fiche bien de savoir où elle pouvait bien se trouver lorsqu'il s'agissait de transactions 'commerciales': que ce soit au beau milieu des sangs-de-bourbe ou dans les halls Poudlard, l'Orviétan est une raison suffisante pour qu'Adele oublie ses conditions de vie normales et déplace des montagnes. Mais ici, en revanche, ce n'est pas la même chose ; elle n'a jamais pu faire comme si cet appartement n'était rien d'autre qu'un lieu de rencontre normal pour le trafic de Maksim du fait de sa situation géographique. Et par là, elle n'entendait pas seulement le Londres moldu... Si elle déteste le penthouse de Grafov, c'est parce que celui-ci donne directement sur l'avenue dans laquelle se dresse l'immeuble en perpétuelle rénovation dérobant Ste-Mangouste aux regards indiscrets. Devoir partager un même espace pour ses activités officielles et officieuses a toujours été quelque chose que l'hybride abhorrait. Oui, habituellement, elle détestait se trouver aussi près de son lieu de travail sans être de service. Mais aujourd'hui, le plus gros défaut du pied-à-terre londonien de Grafov était aussi sa plus grande qualité: Bones remarquerait ainsi immédiatement l'hôpital magique se faire assaillir par un débit anormal et brusque de magie (ou ASSPE, phénomène rare appelé plus communément par les médicomages: affluence singulière de sorciers en piteux état), l'avenue étant systématiquement condamnée par de puissants enchantements repousse-moldus lorsque que de tels cas de figures venaient à arriver. Si ce cas précis devait arriver, ils le sauraient, et ils n'auraient plus qu'à appeler les elfes pour transplaner loin d'ici et... et quoi? Encore fallait-il savoir où aller avant de se laisser aller à la fomentation d'un quelconque plan d'urgence.
Une fois Artur disparu de son champ de vision, Bones se retourne avant de finalement se figer: Avery, déjà attablé autour d'un immense carré de verre magiquement suspendu dans les airs, se tient la tête fermement plantée entre les paumes et les épaules affaissées ; la scène, désolante, la fait déglutir difficilement tandis qu'un frisson lointain refait surface pour lui parcourir l'échine. La seule occasion où il avait été donné à Adele de le voir ainsi, c'était celle où... « Que s'est-il passé? elle attend, une seconde, deux seconde et puis Avery? s'approche, doucement, jusqu'à se trouver au même niveau que lui. Face à l'apparente apathie du sorcier, Adele tire la chaise adjacente à la sienne de sorte à pouvoir s'asseoir face à lui ; en détaillant son profil, Adele se demande s'il n'est pas blessé et est soudainement prise de tremblements nerveux: elle a la furieuse envie de lui tirer le bras gauche pour lui relever la manche, pour s'assurer que tout ça n'est rien d'autre qu'un affreux cauchemar. Il s'est simplement volatilisé, comme la dernière fois, n'est-ce pas? Owen? ... » mais l'envie se volatilise lorsqu'elle perçoit une veine furieuse battre la mesure contre sa tempe. Avec lenteur, elle pose une main timide contre sa jambe et la serre, assez pour attirer son attention sur elle. Oscillante entre la peur du lendemain et son égoïsme naturel, Adele ne parvient pourtant pas à contenir le vague soupçon de compassion qui s'infiltre dans ses veines. Elle aimerait l'entendre dire que 'non, Il va bien, je me suis trompé, ce n'est rien' mais dans le fond, elle sait très que ce serait un mensonge, un mensonge juste destiné à la rassurer elle. Et pourtant, des deux, elle sait parfaitement que ce ne serait pas qui subirait le plus difficilement la disparition du Magister... après tout, ce n'était pas elle qui avait une Marque des Ténèbres gravée dans les chairs depuis des decennies... C'était lui. |
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