•  in between the lines there's a lot of obscurity.  • Cho n'a que vingt-deux ans, mais la vie lui file déjà entre les doigts. Derrière sa cage dorée, elle entend encore leurs rires résonner dans sa tête et pourtant, pourtant, elle a l'impression que tout s'est passé dans un autre temps. Un temps où la guerre ne l'avait pas séparé des siens, ceux auxquelles elle appartient vraiment. Elle se souvient du baiser que son père avait posé sur sa tête alors que ses yeux observaient le visage fier de sa mère. C'était la première fois qu'elle quittait ses parents, la première fois qu'elle découvrait ce monde dont on lui avait tant parlé. Poudlard, c'était comme sa deuxième maison. Elle s'y sentait chez elle, en sécurité, comme coupé du reste du monde. Persuadée que personne ne pourrait jamais l'atteindre. Elle avait suivi les cours avec attention, s'était fait des amis " pour la vie " comme ils s'amusaient à se répéter entre deux cours d'histoire de la magie. Même ce cours, qui pourtant n'intéressait pas grand monde, lui manque aujourd'hui. Tout lui manque atrocement, et même ces idiots de serpentards, qui n'étaient rien d'autres que de petits vantards. Elle se souvient des bals de fin d'année, des rencontres inoubliables, des professeurs agréables, et de tous ces petits instants qui n'existeront plus jamais. Elle se souvient des longs après-midis enneigés qu'elle passait dans sa salle commune autour d'une bierre-au-beurre, entourée de ses amis. Des amis qu'elle ne voit même plus. Elle avait l'habitude de rejoindre son équipe de quidditch au stade, de rire aux larmes à certaines plaisanteries du capitaine, alors qu'il s'imaginait déjà pouvoir battre le grand Harry Potter. Ce qui n'a pas été le cas, mais ce n'était pas bien grave. Il était à peine arrivé, qu'il était déjà une célébrité. Cho, elle n'avait cessé de croire en lui. Elle l'avait côtoyé, elle avait appris à le connaitre, à voir autre chose que comme l'élu que tout le monde chantonnait dans les couloirs derrière son dos. Elle avait vu un garçon attendrissant, un garçon qui le faisait rire malgré lui. Aujourd'hui encore, elle ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire mélancolique en repensant à sa maladresse.

Mais surtout, elle avait aimé. Il s'appelait Cédric Diggory. Il était grand, brun, et elle aurait pu plonger ses yeux dans les siens pendant des heures sans jamais s'en lasser. Ses copines en étaient folles. Elle entendait ce qu'elles se disaient quand elles le croisaient dans les couloirs et elle était d'accord. Il était vraiment beau, mais ce n'était pas ce qui l'avait plu au premier abord. Elle avait surtout apprécié sa gentillesse et son sens de l'humour. Parfois, ils s'asseyaient tous les deux dans le parc, et ils discutaient, s'imaginant parfois un possible futur ensemble. Ils n'étaient jamais sérieux, mais au fond d'elle, elle savait que cela aurait pu être possible. Après leur diplôme, ils auraient peut-être continué à se voir, et à rire de leurs disputes dans le stade pendant les matches de quidditch. Elle l'aurait présenté à ses parents, ils l'auraient adoré. Tout le monde finissait par l'apprécier. Il avait ce petit quelque chose qui faisait qu'on pouvait lui faire confiance.  Parfois, elle repense aux derniers instants qu'ils ont partagé, avant cette affreuse soirée. Elle regrette souvent de n'avoir pu lui dire qu'elle l'aimait vraiment. Mais ça finit par passer. Comme tout. Elle s'est résignée à l'idée de ne pouvoir être heureuse, un jour. Les choses n'iront jamais mieux, elles ne font que s'empirer avec le temps. Elle y a cru, un temps. Elle était présente pendant les entraînements de l'Ordre de Phénix. Elle n'avait jamais manqué un seul rendez-vous, persuadée que c'était ce qu'aurait voulu Cédric. C'est ce qu'il aurait fait s'il avait été vivant. Alors, elle a écouté avec attention chaque mot que chacun échangeait lors des réunions, a été présente pour ses amis, jusqu'à la bataille finale. Elle n'a pas hésité une seule seconde pour revenir à Poudlard. Elle avait été présente jusqu'aux derniers instants, croyant dur comme fer aux valeurs qu'Harry Potter n'avait cessé de suivre. Cela n'avait pas suffi. Cela ne suffirait jamais face à la famille.

Elle ne regrette pas son choix, malgré la nostalgie qui ne la quitte plus. Elle le fait pour sa famille, et rien que pour elle. Même en revenant en arrière, elle aurait fait les mêmes choix. Profondément attachée à ses parents, Cho n'a jamais pu se résoudre à imaginer un seul instant un monde sans eux. Elle n'aurait jamais pu continuer à s'observer dans le miroir en sachant pertinemment qu'elle leur avait tourné le dos. Jamais. Alors, elle avait cédé. Tout le monde l'aurait fait à sa place - du moins, ne cesse-t-elle de se le répéter. Elle préférait se retrouver seule aux autres plutôt que de perdre sa famille. Il n'avait suffi qu'un simple regard de sa mère pour que Cho se décide à les suivre. Elle avait doucement acquiescé, écoutant ses parents avec attention lui déblatérer assurément un discours qu'on avait soigneusement choisi pour eux, alors qu'elle serrait dans ses bras sa mère avec fermeté. Elle avait senti son cœur se serrer quand elle avait compris que plus rien ne serait jamais comme auparavant. En entrant dans un camp qu'elle avait combattu, elle avait eu à faire ses preuves. On l'avait dévisagé à son passage, on avait craché des mots qui resteraient à jamais graver dans son esprit, comme si elle n'avait jamais été qu'une vermine. On lui avait assigné d'abominables tâches, qui hantent encore ses rêves chaque soir. Les cris des innocents résonnent dans sa tête, les différentes scènes revenant se jouer chacun à leur tour comme un vieux disque rayé. Elle n'oubliera jamais le regard larmoyant de cette fille qu'elle avait eu à tuer de sang froid et jamais, elle ne parviendra à se pardonner un tel crime. Et pourtant, elle l'avait fait, et continuera à le faire jusqu'à la fin. Pour l'honneur de sa famille, elle était prête à tout. Et ça, personne ne pouvait le comprendre. Ses amis ne lui pardonneraient jamais un tel affront et le lui feraient payer à la moindre incartade, tout comme les mangemorts qu'elle avait décidé de rejoindre. Elle était seule. Plus seule que jamais. Mais au moins, ses parents étaient auprès d'elle... à quel prix ? Et pour combien de temps ?