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No way you'll see me crawl



Le silence, le silence claquant et meurtrier. Rien ne transpirait plus que la mort contre les écorces des arbres que je dépassais, comme au ralenti. Tout était sombre, j'arrivais pas à voir plus loin que mes pieds et ça me frustrait. Parce que je voulais voir, je voulais pouvoir avancer plus vite ! Elle avait besoin de moi, je l'entendais. J'entendais ses battements de coeur. A moins que ce ne soit les miens ? Je l'entendais respirer, je l'entendais pleurer. Ma fille. La chair de ma chair. Voilà que je ne pouvais pas me précipiter pour la sauver. Elle était là, quelque part ! NIKITA ! ma voix semblait désincarnée, elle provenait de mon buste, elle s'échappait de ma gorge, mais elle me brûlait, elle me griffait la bouche et mes poumons. C'était une douleur comme celle que l'on ne désire pas ressentir, de celles que l'on veut oublier tout de suite après les avoir vécu mais qui restent incrustées dans la chair et dans les esprits. Pourquoi tout était si sombre ? Je courrais. Je courrais de cette marche inopposable et frustrante. Puis une lumière, vive, une chaleur intense qui commença à embraser la forêt. Les arbres s'illuminèrent de flammes et de carmin alors que ma peau donna l'impression de fondre. J'étouffais tandis que la fumée envahissait mes poumons, s’incrustait dans mes bronches. Mais mes jambes refusèrent de rompre leur périple macabre. Je sentais mes genoux trembler, mes poumons rendre l'âme. Mes genoux se fracassèrent alors contre le sol, mon front venant racler la surface sèche du miasme forestier. Un râle, ce n'était plus qu'un râle qui rampait jusqu'au bout de mes lèvres pour venir mourir dans les feuilles mortes. Ma vision se brouillait, mes yeux souffraient alors qu'une silhouette se dessina devant mes prunelles assaillent de fumée. Une main, inerte, s'échappait d'un tas grossier de feuilles mortes et cassantes. Non. Non...NON.

Un sursaut brusque et glacial me réveilla en une demi-seconde. Mon front glacé était perlé de sueur alors que mes membres tremblaient. Ils tremblaient d'horreur, de surprise, de terreur. Je vins enfouir mon visage entre mes mains alors que je ne parvenais pas à effacer l'image du cadavre de ma fille de mes rétines. Un corps que je ne cessais de voir depuis sa disparition. Ma pire crainte...je ne craignais pas grand chose. Mais la clé de mon désespoir se trouvait immanquablement dans la perte de mon enfant. Je n'avais pas fait grand chose de bien dans ma vie, mais elle était probablement mon salut premier dans ce bas monde. Ma bonne action sur cette terre qui ne m'a connu que comme une ombre funeste et destructrice. Comment une ombre avait-elle pu donner naissance à un petit feu-follet comme elle ? Je l'ignorais, je remerciais simplement la chance et le destin de me l'avoir un jour mis dans les bras. Non, je ne pouvais pas perdre Nikita. Je ne pouvais pas perdre ma fille. Il en était hors de question.

Je débarrassais mon corps fatigué des couvertures qui auparavant le recouvrait. Je posais la plante de mes pieds sur le sol tiède et attendit quelques secondes avant de me lever. Dans la semi-obscurité de la pièce, je réussissais tout de même à me déplacer et me repérer. Cette pièce, je l'avais exploré dans tout ses recoins, milles fois j'en avais fait le tour lors des nuits d'insomnies. Lorsqu'une mission était trop fastidieuse ou lorsque Nikita était malade, je restais là, à marcher sur le plancher, attendant qu'elle ne m'appelle si jamais un cauchemar venait la perturber dans la chambre d'à côté. Je m'avançais vers le fauteuil en cuir qui trônait à côté de la bibliothèque et y récupéra un cardigan de couleur sombre que j'enfilais sur mes épaules nues.  Je ne pris pas la peine d'en boutonner l'avant et me contenta de prendre la direction du couloir. Assis vêtue d'un bas en coton noir et du cardigan sur mes épaules, je descendis l'escalier de bois sombre, frôlant les marches une à une. Non pas que je craignais de faire du bruit, j'étais simplement incapable à cette heure et à ce moment de poser une quelconque force dans mes pas. Dans le cas contraire, j'aurais probablement insisté sur chacun de mes pas. Peut-être pour réveiller la demoiselle qui dormait un étage plus bas. Ou peut-être pas. A vrai dire, je n'en aurais tiré aucune satisfaction. Réveiller les gens durant un sommeil réparateur n'était pas ce que je préférais. Bien que dormir sur le sol de la cave ne devait pas être très réparateur....mais j'allais y remédier.

J'entrais alors dans le salon, désert. Les grandes fenêtres laissaient entrer les rayons glaciales du clair de lune alors qu'il ne faisait absolument pas froid dans la pièce. Je mettais toujours un point d'honneur à chauffer convenablement toutes les pièces de la demeure. Sauf la cave, mais je n'avais pas prévu d'y loger une rebut...Je vins me positionnais près d'une fenêtre, laissant mon regard vagabonder dans le domaine où la neige tombait. Les vagues éclairages qui provenaient de la rue éclairaient les flocons par endroit, donnant à ce spectacle une dimension hypnotisante. J'étais fatigué, épuisé de ne plus trouver le sommeil, épuisé d'être inquiet en permanence. J'aurais eu besoin de juste quelques secondes de répit. Répit que le destin ne semblait pas vouloir me donner lorsque j'entendis derrière le bruit de pas délicats. Juno...inutile de me retourner pour vérifier de l'identité de la personne, cela ne pouvait être qu'elle. C'était elle, tout simplement, je le savais, je le sentais. Pourquoi était-elle là ? Ne dormait-elle pas ? Pourquoi fallait-il toujours qu'elle apparaissent lorsque j'étais trop épuisé pour mener ce combat infatigable qu'elle ne semblait pas vouloir laisser derrière elle. Je ne la comprenais qu'à moitié, elle m'intriguait et cela me désarçonnait car jamais je n'aurais pensé trouver un quelconque intérêt en une Sang-de...en une née-moldue.

Les minutes passèrent, le silence subsista alors que les flocons de neiges continuaient de tomber, dégringolant le long du vent et des bourrasques de froid au dehors. Venant former de petits tas nacrés sur le sol extérieur. La neige, elle me rappelait ces bons moment passés en Russie, lorsque toute cette folie n'avait pas commencé. Ces moments où, au pub, nous nous plaignions de la difficulté des examens, de la fourberie de nos camarades, de la hardiesse de nos professeurs. Le temps où la magie noir ne donnait qu'un nouvel accès à la connaissance, et ne promettait pas milles et unes douleurs et souffrances. Tout était différent en ce temps-là, et la neige me rappelait que jadis j'avais été quelqu'un de souriant, de chaleureux, d'aimant. Je donnerais cher pour pouvoir retrouver cet homme, lui serrer la main et lui demander ses secrets car je semblais les avoir bel et bien oublier. Je sortis de mes pensées et tournais légèrement ma tête, assez pour apercevoir l'ombre de la jeune femme sur le plancher sombre du salon.
« Quelque chose me taraude. » commençais-je doucement, ma voix n'étant pas plus fort qu'un secret chuchoté de loin. « Je ne parviens pas à savoir pourquoi ta haine envers moi me dérange.» finissais-je en retournant mon visage vers la fenêtre. Oui, je me questionnais. J'aurais pu être totalement indifférent à sa haine, à son désir de me blesser. Mais non, je me retrouvais embêté, contrarié et je ne savais pas pourquoi. Peut-être qu'elle, à force de mots tortueux et destructeurs, aurait la réponse. Peut-être acceptera-t-elle de la confier.

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Dernière édition par Sabal Nijinski le Mar 20 Jan 2015 - 18:01, édité 1 fois
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Sabal Ҩ Juno
« Encore et toujours la flemme de mettre une citation, t'façon, on la voit pas »


La nuit est tombée avec sa colère et, sa carcasse pourrissant dans les recoins de sa cave humide et sans fenêtres, Juno n'a même pas pu contempler la chute de ce royaume céleste où trônent Priam et son humour piquant. Elle grelotte. L'hiver est là, plus froid que jamais. Sa couverture ne parvient pas à le chasser hors de ces lieux sombres, bien trop sombres ; alors, réfugiée entre deux caisses vides, la jeune femme n'arrivent pas à distinguer celles qui peuplent la salle un peu plus loin. Seul un trait de lumière grisâtre, en face, lui rappelle que les ténèbres ont une porte. Une issue. Morphée s'est éloigné d'elle depuis déjà quelques jours, préférant la laisser aux mains d'effroyables cauchemars où le sang se mêle à la poussière et aux larmes, sur fond de détonations et de cris. Ses cicatrices ne se rouvrent qu'au cœur de la nuit, et Juno y déverse alors tous les longs et violents sanglots qu'elle réprime le jour, quand elle est face au dhole.

Crac. Une marche de l'escalier grince sous le poids du dhole. Depuis que le soir la rend aveugle, Juno a appris à décrypter chaque son de la demeure. Elle doute un instant : le jour serait-il déjà levé ? Impossible. Elle a à peine compté quatre-cent-soixante-dix moutons. Alors, inquiète de l'entendre se lever si tôt, la jeune femme se dégage de sa couverture et cherche la poignée de la porte à tâtons. Son pied heurte deux fois une caisse à côté, jusqu'à ce qu'elle pose enfin la main sur le métal glacial. Dans le hall, il règne une tiédeur agréable, loin du climat polaire de la cave. Juno préfèrerait se rouler en boule sur le tapis de l'entrée que crever là-dessous d'une pneumonie... Ses pas se font silencieux et lents, frôlant le sol avec légèreté. C'est sa démarche quotidienne, celle de l'errance fantomatique. La lionne observe, se méfie, préfère rester dans l'ombre. Seul le bruissement de sa robe atteste de sa présence.

C'est lorsqu'elle passe près du salon que la jeune femme remarque le dhole, posté devant l'une des grandes fenêtres. La lumière froide et bleutée du clair de lune s'engouffre pleinement dans le salon. Une chandelle y serait inutile : on y voit comme en plein jour. Dehors, on perçoit les lueurs faibles des lanternes dans un ciel brumeux, assailli par les flocons. Juno croise les bras, appuie la tête sur l'encadrement de la porte. La jeune femme a toujours aimé l'hiver mais ce paysage morne, violent, aux couleurs froides et tristes, égayé par quelques lumières d'espoirs vacillants, pourrait vraiment représenter son âme. Et voir le dhole scruter ainsi le portrait de ses songes la met mal à l'aise. Alors, à pas feutrés, la lionne s'efface pour retourner croupir dans les ténèbres. L'ouïe de son maître arrive cependant à capter ses mouvements. Il se tourne vers elle, ses traits charismatiques rendus imprécis par les ombres. La jeune femme se fige.

« Quelque chose me taraude. »

« Tiens donc. » Dans le silence nocturne, son murmure semble se répercuter en échos. Juno attend la suite. Le cœur au bord des lèvres.

« Je ne parviens pas à savoir pourquoi ta haine envers moi me dérange. »

Cet aveu laisse la lionne dubitative. Un rire nerveux rampe dans sa gorge, mais s'évanouit en râle sitôt qu'il la passe. La haine du dhole la dérange pour des raisons totalement personnelles ; en quoi son sang la rend-elle plus insignifiante qu'une autre ? En quoi des opinions divergentes méritent-elles d'être punies par l'esclavage ? Ses questions n'ont jamais eu de réponses. Il ne mérite pas les siennes. Elle aimerait le laisser à ses pensées, l'abandonner lâchement à sa crise existentielle. S'il a perdu femme et fille, le dhole possède tout. Le pouvoir, l'argent, les femmes. Le Sang. Juno n'a plus rien. Même les choses immatérielles, et qui avaient de la valeur à ses yeux, se sont envolées. Le monde doit évoluer, c'est certain. Mais pas aussi sombrement.

« J'en sais rien, moi. » répond-elle après plusieurs minutes

Son mutisme se brise enfin, après plusieurs jours à éviter de parler à son maître pour ne plus raviver des souvenirs douloureux. La jeune femme se lasse des souffrances causées par son maudit don. Elle l'abhorre... Ses propres douleurs la mettent déjà à terre : pourquoi faut-il qu'elle soit tombée dans les mains d'un Mangemort torturé ? Avec lenteur, la lionne vient se poster à la fenêtre, aux côtés du dhole. Ses yeux tristes ont perdu de leur éclat avec le temps. La vérité fait mal : toujours plus d'Insurgés sont capturés, et cela réduit toujours plus ses chances de quitter cet endroit. Gloire au Magister...

« Peut être que vous craignez que ma haine soit telle que je tente tout pour vous tuer dans votre sommeil, lance-t-elle d'un ton faussement sérieux. Une présence ennemie sur un territoire rend toujours le souverain anxieux, maître. Mais vous pouvez retourner vous coucher serein ; puisque je pourris à la cave et que vous m'interdisez les cuisines, à part tenter de vous poignarder dans un élan désespéré au cours d'un repas, vous ne risquez pas grand chose. »

La plaisanterie a souvent une part de vérité ; Juno a réfléchi à de nombreuses reprises aux différentes façons de tuer le dhole, mais aucune ne l'a convaincue. Il peut donc retourner dans sa belle chambre, dans son lit chaud et douillet, rêver de choses plus passionnante qu'une discussion avec son esclave. Le regard de la lionne erre longuement sur son maître avant de revenir sur le paysage de son âme. Un sourire frémit sur ses lèvres pleines.

« C'est sympa, le cardigan pas boutonné. Vous pouvez vous le permettre, puisque vous vous pelez pas les miches, vous. »

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No way you'll see me crawl



La neige avait pour moi l'effet d'un baume au coeur. Glacée et pourtant d'une beauté divine. Cela ne pouvait être l'oeuvre de l'homme, mais de notre bonne vieille mère nature. Les flocons, tous d'une taille modeste voir minime et pourtant possesseurs d'une grâce infini. Leur chemin du ciel à la terre prenait l'allure d'un pèlerinage silencieux. Un ballet rempli de fantaisie où les ballerines déferlaient par centaine et où les danseurs étoiles étaient absent. Ces bonnes vieilles étoiles, détentrices de temps de mystères, si proches visuellement et si loin en vérité. Ce paysage d'hiver nocturne m'apaisait, calmait ma rage quotidienne. Les grains tout de blanc vêtue n'étaient rien d'autre que de l'eau cristallisé, mais ils avaient pour moi une valeur propre. Peut-être était-ce pour cela qu'en Russie je me sentais d'avantage chez moi, car la neige y ai presque omniprésente. Il était quotidien que de laisser vagabonder son regard par les fenêtres du château de Durmstrang et de voir les landes bulgares couvertes de blanc et de satin. La neige, tellement de beauté, tellement de silence en de si petits flocons. Oui, j'aimais l'hiver car il m'apportait cette essence même de beauté et de perfection qu'était la neige. J'aurais aimé pouvoir contempler cette danse hypnotique d'avantage, mais je dû me résoudre à détourner le regard. Car désormais je n'étais plus seul en ces lieux que j'avais pris l'habitude de hanter. Car désormais une âme aussi souillée que la mienne s'avançait en ma direction, écoutant mes tourments, recevant ainsi des confessions que seul elle sera détentrice. Je savais quand parler, je savais encore mieux lorsqu'il fallait se taire. Mais là, je devais bien avouer ignorer jusqu'à quel point je pouvais parler. Quels propos utilisera-t-elle contre moi ? Et quels mots assimilera-t-elle pour ne finalement ne me donner en réponse qu'un silence perçant ?

J'avais beau passer mes journées à rechercher ma fille, je n'avais pas pour autant oublié qui vivait sous mon toit en son absence. De toute manière, comment réussir à oublier Juno ? Elle dégageait une aura spécifique qui ne la quittait jamais. Ses propos avaient été si froids et parfois cruels que je ne pourrais jamais oublier cette demoiselle au sang désolant. Bien que je m'apercevais chaque jour que le destin nous offrait qu'elle n'était pas si différente des autres, de ceux qui parcourent les rues de Londres à cette heure-ci. Après tout, elle n'avait pas choisi ses parents. Je me repris bien vite. Personne ne choisissait ses parents, ses ancêtres et encore moins sa couleur de cheveux. Mais nos actes étaient à notre seul bon vouloir, j'étais plus apte à accorder du crédit à un Née-Moldu qui se retire du monde magique, qu'à un être qui se croit égale voir même supérieur à un sang noble. Je n'étais moi-même pas de Sang-Pur, la condition de vélane de ma mère me l'interdisait. Les vélanes n'étant pas considérés comme des humains, me voilà fils de créature magique et d'un née moldu. Quelle ironie, n'est-ce pas ?

En tout les cas, j'avais remarqué le mutisme naissant de ma jeune rebut. J'avais remarqué son regard morne et ses crocs s'affaiblissant. Et à ma plus grande surprise, cela ne me convenait guère. Je n'aimais pas ça, comment aurais-je pu y trouver un quelconque plaisir ? Elle se détruisait toute seule et j'ignorais la cause de ce fait.

« J'en sais rien, moi. » Je fus surpris. A dire vrai, je ne m'attendais pas à ce qu'elle me réponde mais plutôt à ce qu'elle me laisse là, seul, face à mes questions. Et elle aurait surement eu raison. Car mes questionnements n'avaient aucun sens et qu'ils n'avaient pas lieu d'être. Mais je ne pouvais nier ma contrariété face à sa haine. Mais non, sa voix vint caresser mes tympans alors que je retournais doucement ma tête vers elle, me rendant compte qu'elle s'était frayé un chemin dans l'obscurité jusqu'à moi. Mon visage, froid, la fixa quelques instants. Son teint de porcelaine était mis en valeur par la clarté extérieur et ses cheveux sombres encadraient son visage fatigué. Je discernais de lourdes cernes sous ses yeux et le poids léger de l'objet dans ma poche gauche me fit jurer intérieurement qu'elle pourrait bientôt trouver le repos qu'elle souhaitait surement ardemment. Car je n'étais pas un monstre, car il était peut-être temps que je le lui prouve. « Peut être que vous craignez que ma haine soit telle que je tente tout pour vous tuer dans votre sommeil. Une présence ennemie sur un territoire rend toujours le souverain anxieux, maître. Mais vous pouvez retourner vous coucher serein ; puisque je pourris à la cave et que vous m'interdisez les cuisines, à part tenter de vous poignarder dans un élan désespéré au cours d'un repas, vous ne risquez pas grand chose. » ses propos me firent frissonner et me questionner. Désirait-elle réellement ma mort ? Et bien, qu'elle essaie, qu'elle tente pardi ! Elle ne se retrouverait que sous le joug d'un autre Mangemort, et probablement ce dernier ne lui offrirait qu'un coin puant en guise de niche. Peut-être serait-il moins respectueux que moi. Peu se retenaient d'abuser de leur rebut. Que ce dernier soit une femme, ou un homme. Beaucoup de rebuts se retrouvaient objet de collection, chien de combat ou tout simplement catin des heures perdues. Juno, elle, n'était rien de tout cela. Je l'avais acheté par pur ego. Oui, je ne m'étais pas senti capable de laisser cet autre mangemort remporter la mise. Stupide, peut-être, mais désormais j'avais une bouche de plus à nourrir, à habiller et à loger. Et pour dire vrai, cela ne me gênait pas. Au contraire, je me prenais à accepter cette nouvelle compagnie en mon domaine. Alors certes, elle me menaçait clairement de me tuer. Mais encore eut-il fallut que je lui en donne les armes.

Je fis abstraction de sa dernière remarque. Qu'elle me parle de sa cave, bientôt elle se verrait obligé de la quitter. Oui.
Elle me parlait de meurtres, de désir de provoquer ma mort. Trop de personnes n'avaient-elles pas déjà perdu la vie ?
« Je ne crains pas la mort. J'ai juste profondément envie de vivre. N'es-ce pas le cas de tous ? De tous ces gens qui se battent pour pouvoir exister un jour de plus ? Et qui, se faisant, trouvent la mort ? » soufflais-je à la demoiselle à mes côtés.
Je vins enfouir ma main gauche dans la poche de mon cardigan et en sortie un clé que je tendis à Juno. « Prends là. Au premier à gauche. C'est désormais là que tu dormiras. » Désormais elle pouvait s'emparer de la clé, monter les escaliers et s'enfermer dans la pièce qui était désormais sa chambre. Où elle pouvait rester ici, à me tenir compagnie dans cette contemplation du domaine sous la neige.
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Sabal Ҩ Juno
« Encore et toujours la flemme de mettre une citation, t'façon, on la voit pas »


Cette nuit-là, les humeurs du dhole sont douces et agréables ; pas de haine farouche ou de désespoir déchirant, mais juste une multitude de questions, l'agitant au gré de la tempête qui se déroule hors de ces murs. Hypnotisée par toute cette neige, Juno se rapproche de la vitre jusqu'à la toucher du bout du nez. Ses mains se crispent sur les croisillons en bois. Sa méfiance s'est accrue ces trois dernières années : elle s'en doute, l'atmosphère est bien trop paisible pour qu'il ne se trame rien. Alors, elle attend. Encore. Toujours. La patience d'un Rebut semble n'avoir aucune limite pour leurs maîtres. Juno n'en a jamais eu, de la patience. Et dans ces conditions, l'attente est interminable. Serait-il en train de songer à la vendre ? Cette pensée la paralyse d'effroi. Quittant leur spectacle de glace et d'argent, ses yeux se lèvent vers le visage impassible du dhole. Ils scrutent leurs homologues, aussi sombres, profonds et brillants, tentent de percer leur noirceur infinie. Mais elle n'est pas Legilimens...

« Je ne crains pas la mort. J'ai juste profondément envie de vivre. N'es-ce pas le cas de tous ? De tous ces gens qui se battent pour pouvoir exister un jour de plus ? Et qui, se faisant, trouvent la mort ? » lui répond le dhole dans un souffle

La jeune femme frémit. Est-ce une énième critique à la révolte, aussi vaine et stupide soit-elle ? « Stupide ? songe-t-elle en bouillonnant de rage. Lutter contre les nazis du monde sorcier, ce n'est en aucun cas stupide, et je préférerai crever que rester là, entreposée comme un vulgaire objet de collection à la cave. » Au fond, seul son titre la dérange, puisque sa condition au sein de cette demeure se limite à errer péniblement, les chiens sur les talons. Mais l'ennui est un adversaire bien plus redoutable que le dhole. L'époque de Poudlard lui manque. L'éclat chaleureux des chaudrons d'airain, le fumet tantôt pestilentiel, tantôt suave des potions, les pages jaunies et craquantes des vieux manuscrits, et démystifier l'Histoire de la Magie, en connaître tous les recoins les plus sombres... La nostalgie. Quelle perte de temps ; elle ne retrouvera jamais son passé, quoiqu'elle fasse, quoiqu'elle tue.

« Prends la. »

Un sursaut. La lionne se défait de l'emprise de son spleen et toise avec consternation la clé que lui tend son maître.

« Au premier à gauche, continue-t-il. C'est désormais là que tu dormiras. »

Silence. Un éclat de rire. Juno ne sait plus si c'est son scepticisme ou la fatigue qui la fait divaguer ainsi.

« Si j'approche la main, vous allez la remettre dans votre poche d'un seul et coup et me faire : Je t'ai bien eu, hein ? À la cave ! lance-t-elle en imitant grossièrement ses grondements »

Alors, pour appuyer ses propos, ses doigts minces s'enroulent avec lenteur sur la clé. Aucune réaction du dhole. Rien. Juno récupère l'objet en fixant son maître avec défiance, s'interrogeant sur les raisons de cette permission. Elle le sent mal, cette histoire. Très mal. Cette décision prise par un sorcier, elle l'aurait comprise. Mais par un Mangemort ? Par le monstrueux dhole ? Un des plus proches sbires de Voldemort, dont la haine pour les Nés-Moldus est aussi farouche que celle de Juno pour l'Élite, qui permet à une misérable loque humaine de se reposer dans une chambre ? « J'vais sûrement crever ce soir, pense-t-elle. C'est pas possible autrement... » Discrètement, elle vient se pincer l'avant-bras pour rassurer ses angoisses. La douleur la fait grimacer. Donc, ce n'est pas un rêve niais où elle espère enfin un peu d'attention.

« Merci, murmure-t-elle en baissant la tête. Même si c'est plutôt décevant de la part du grand méchant dhole – je plaisante, hein, ne le prenez pas mal. (La lionne se redresse d'un seul coup pour le scruter longuement.) Ou alors, vous avez foutu un épouvantard dans cette pièce, ou un truc du genre, et vous allez m'y enfermer quand je serais dedans. Non, c'est pas logique, vous m'avez donné la clé. À moins que ce ne soit pas la bonne... Ça serait sacrément malin comme plan. Sadique, mais très malin. Et si j'en étais pas la victime, j'imagine que je pourrais trouver ça amusant. »

La jeune femme admet que sa paranoïa en devient ridicule mais les circonstances la poussent à toujours plus de discernement. Son maître est trop imprévisible pour qu'elle se laisse embarquer de façon aussi naïve. Mais elle accepte volontiers un endroit plus chaud et plus sec que sa cave adorée. Son attention se reporte sur les tombées de neige qui s'intensifient au dehors, dans des bourrasques de plus en plus violentes. Alors que cette nuit-là, les humeurs du dhole sont vraiment plus douces et agréables...

« Vous commencez peut être à comprendre comment fonctionnent les Empathes, lui glisse-t-elle avec un sourire amusé. Ou alors, vous êtes juste un peu moins en colère ces temps-ci, et c'est plutôt pas mal pour moi. Ça me laisse plus de temps à ruminer ma tristesse au lieu de vous en vouloir pour pas grand chose. C'est ce que m'a fait remarquer mon frère en mourant. C'est idiot mais... Mais il n'y a qu'à ce moment là que moi, j'ai vraiment compris. »

Sa voix se brise sur ces derniers mots. Juno respire profondément avant de reprendre :

« Il y a beaucoup de choses que je regrette. Quand mes parents sont morts, je n'ai pas versé une seule larme. (Elle se tait, un instant, cherchant ce qu'il pourrait tirer de cette histoire.) Et pourtant, je les aimais vraiment. Priam m'en a tellement voulu – j'étais celle qui était la plus sensible aux émotions des autres, et j'avais été prise de court, j'étais incapable de dire ce que je ressentais. Pendant longtemps, j'ai pensé que c'était parce qu'ils... parce qu'ils s'étaient détournés de moi quand ils ont appris pour la magie. Dans certaines familles moldus, les parents sont absolument ravis d'apprendre l'existence de la magie. Leur petit est un véritable prodige, alors que c'est un sorcier très moyen. Mais par rapport à leur monde, ils sortent du moule. Et ça, c'était impensable pour mes parents. (La jeune femme laisse échapper un rire de dépit.) Moi, en revanche, ça m'allait : j'ai toujours su que j'étais différente, et j'ai failli être diagnostiquée schizophrène, ou une connerie comme ça, à cause de mon Empathie. J'ai tellement insisté pour rejoindre Poudlard... Je préférais passer mes vacances là-bas, plutôt que de subir leurs silences assez éloquents. Mais les vacances d'été, c'était un calvaire. Par contre, quand Priam a lui aussi déclaré des pouvoirs magiques, ils ont fini par l'accepter... Je n'ai jamais su expliquer ça. Enfin... Vous devez penser de nombreuses choses sur ma famille. Ça doit vous sembler impossible qu'on agisse de cette façon par rapport à la magie, non ? »

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No way you'll see me crawl



Ces derniers jours avaient été dès plus éprouvants. J'étais épuisé, mais en ces heures reculées de la nuit, voilà que je me prenais à m'autoriser un peu de sérénité, de calme, de tranquillité. Je me permettais d'être paisible alors que la haine filait dans mes veines lorsque les premiers rayons du soleil réapparaissaient au coin de ma fenêtre. Je ne dormais plus, je somnolais, je laissais les cauchemars infiltrer ma tête quotidiennement et cela m'épuisait car je ne trouvais plus en ma maison, en mon foyer, la sécurité et la chaleur que j'aurais toujours dû y trouver. N'est-ce pas là l'atout principal d'un foyer ? La sécurité, la chaleur, le repos, l'amour ? Je ne voyais plus en ces murs les touches d'humour que pouvait laisser naître Nikita lorsqu'une crise de fou rire la secouait au beau milieu de l'après-midi ou durant un repas au cours duquel l'un de ses légume aurait adopté une forme bien étrange. Un ours, un caillou, un dragon parfois même. Son imagination était fertile et sa joie de vivre avait fini par percer ma sombre carapace. Si j'avais été capable de me relever après la mort de Vyktoria, c'était en grande partie grâce à ma fille. Mais également car je me rendais compte que j'avais cessé d'aimer ma femme depuis déjà quelques années. C'était cruel à dire et j'avais encore l'impression de souiller sa mémoire lorsque j'acceptais ce fait. Je n'aimais plus ma femme, malgré toutes ces choses que nous avions vécu, malgré notre enfant, malgré ces bons gestes, malgré tout ce qui s'était passé et tout ce qui aurait pu être. Cela dit, après tant d'atrocités, étais-je encore capable d'aimer ? Est-ce que çà me servait encore à quelque chose de me rabaisser à aimer profondément quelqu'un ? Je n'étais de toute manière, plus de ceux qu l'on aime. Je faisais partie de ce troupeau que l'on déteste, que l'on maudit, à qui l'on crache au visage dans les heures sombres et durant ses dernières heures. J'étais le bourreau. Et personne ne peut aimer le bourreau lorsqu'il est face à lui. Car tout le monde voit sa hache, sa faux et plus personne ne voit son visage et ce qui se cache derrière ses yeux sans expressions de bonnes augures.

La nuit était propice aux questionnements et cette soirée n'y échappait pas. Une multitude de questions auxquelles je n'avais pas forcement de réponses. Cela ne me gênait pas de ne pas en avoir, parfois les réponses devenaient évidentes une fois que l'on cessait de chercher ardemment ces dernières. Alors je m'autorisais le doute, le doux doute, celui qui ne fait pas mal, celui qui ne heurte pas l'espoir. Car j'étais un être plein d'espoir, aussi étrange que cela puisse paraître. J'avais espoir de retrouver ma fille en vie, j'avais espoir de trouver la paix un beau jour, j'avais espoir qu'un jour je n'ai plus à causer autant de souffrances. Elles étaient nécessaires, quelqu'un devait bien le faire. Et si la torture était devenue si récurrente qu'en était née un métier, c'est parce que ce n'était que par la torture que les informations pouvaient être obtenues. Demander poliment ne marchait pas, menacer ne marchait pas, attendre ne suffisait plus. Alors il fallait chercher, creuser dans la chair et l'âme jusqu'à trouver les réponses aux questions. Mais en cette soirée, mes questions, je n'y trouverais pas réponses en me creusant la peau, en traçant des sillons sanglants en ma chair symbolique des pays de l'Orient. Même en Russie cette peau avait fait débat. J'étais russe et pourtant tout en moi criait l'Orient, l'étrange. Mes sombres yeux en amande criaient faux fasse à ceux bleus de mon paternel, ma peau dorée semblait sale face à celle pâle de mes camarades du pays. Même en ma patrie je ne semblais pas chez moi. Et pourtant c'était là-bas que la neige était la plus belle. C'était là-bas que la langue était la plus honnête. Ici les mots étaient remplis de double-sens, de sous-entendus, de piques et d'épines. Tant de difficultés à se comprendre alors que les mots ne portaient que le sens que nous leur donnions.

« Merci. Même si c'est plutôt décevant de la part du grand méchant dhole – je plaisante, hein, ne le prenez pas mal.  Ou alors, vous avez foutu un épouvantard dans cette pièce, ou un truc du genre, et vous allez m'y enfermer quand je serais dedans. Non, c'est pas logique, vous m'avez donné la clé. À moins que ce ne soit pas la bonne... Ça serait sacrément malin comme plan. Sadique, mais très malin. Et si j'en étais pas la victime, j'imagine que je pourrais trouver ça amusant. »

Un faible sourire vint se dessiner sur mon visage avant de s'effacer sans laisser la moindre trace. Oui, j'aurais été capable d'une telle farce, de mauvais goût et bien peu sympathique. Mais en mon foyer, envers elle, non, je ne me le serais pas permis. Juno, malgré ses tentatives vaines pour recouvrer sa liberté, ne le méritait pas. J'avais réfléchi à son cas, j'avais pris le temps de comprendre. Comprendre que je ne pouvais me permettre de la traite comme un vulgaire animal, car elle ne l'était pas. Elle était un être aussi humain que moi. Et désormais, elle était sous ma responsabilité, elle était sous mon autorité et je me devais de bien la traiter. Car elle était seule dans le troupeau de loup. Pauvre brebis qui reprenait peu à peu des couleurs pour pourtant s'assombrir tout les jours d'avantage. Si je ne la protégeais pas des autres bêtes, à quoi ressemblerais-je ? Quel honneur pouvais-je tirer d'une telle situation ? Aucun. Je me devais d'être le renard veillant sur la brebis le temps qu'elle puisse réapprendre à se défendre toute seule. Se défendre autrement que par les mots, car parfois ils sont inefficaces. Face à l'ennemi, elle ne pourrait se lancer dans un monologue rempli de piques et de venin, car son adversaire aura si fait de venir lui planter une dague dans les côtes où de lancer un sort fatal. Le monde était fait d'orateurs, mais ce n'était point ces derniers qui maintenaient les rênes. Les grands déclenchaient les guerres et les petits mourraient sur le champ de bataille. C'était ainsi depuis des centaines d'années. Autant s'y adapter.

La clé quitta ma main pour venir se réfugier dans la paume diaphane de Juno. Ainsi je l'autorisais à pénétrer d'avantage en ma maison, en mon foyer. Qu'elle soit la flamme qui vienne raser ces murs où la douce brise qui en apaise le brasier, seul le temps nous le dira.

« Vous commencez peut être à comprendre comment fonctionnent les Empathes. Ou alors, vous êtes juste un peu moins en colère ces temps-ci, et c'est plutôt pas mal pour moi. Ça me laisse plus de temps à ruminer ma tristesse au lieu de vous en vouloir pour pas grand chose. C'est ce que m'a fait remarquer mon frère en mourant. C'est idiot mais... Mais il n'y a qu'à ce moment là que moi, j'ai vraiment compris. »

Les mots de la jeune femme étaient remplis de sens, de souffrances. Oui, je comprenais mieux comment fonctionnaient les Empathes. Je comprenais que pour sa santé mentale il n'était pas bon qu'elle soit baignée dans la haine et la colère omnipotente. Car elle la ressentait également, car la colère venait se greffer à sa tristesse. Et la colère mélangée à la tristesse donnait naissance au désespoir. Je ne voulais pas qu'elle soit désespéré, je voulais qu'elle retrouve ses forces. Non pas pour me tuer, mais pour vivre, pour qu'elle puisse se relever et s'affirmer. Peut-être qu'un jour elle comprendra qu'elle ne peut se soustraire à ses années de servitude en temps que Rebut. Je n'y pouvais moi-même pas grand chose, hormis les rendre plus vivables. J'aurais pu lui dire que je comprenais sa peine quant à la perte de son frère, que j'en étais navré. Mais c'aurait été mentir en connaissance de causes et je m'y refusais. Je ne savais que trop bien la douleur de perdre un être chair, mais je n'avais pas connu son frère et je ne pouvais me permettre de pleurer la perte de quelqu'un que je n'avais pas connu. Cela aurait été purement déplacé. Mais je découvrais par la même occasion que Juno avait eu un frère, un frère doué de pouvoirs magiques car étant au courant du don d'Empathe de Juno. Mais je n pouvais affirmer clairement cela. Peut-être n'avait-il était qu'un moldu trop gourmand d'exotisme et de mystères pour croire en un soit disant don. La voix de ma jeune rebut s'était brisé lorsque sa tirade prit fin et je ressenti sa peine jusqu'en mon fort intérieur. Un frisson d'empathie me traversa. Perdre quelqu'un, cela n'était jamais anodin. Je baissais légèrement les yeux, quittant le spectacle envoûtant de la neige tombante. Je compatissais, oui, aussi dur que cela puisse paraître, le méchant mangemort compatissait à la perte de la née-moldu. Je n'étais pas sans cœur, les choses devaient simplement être faites.

« Il y a beaucoup de choses que je regrette. Quand mes parents sont morts, je n'ai pas versé une seule larme. Et pourtant, je les aimais vraiment. Priam m'en a tellement voulu – j'étais celle qui était la plus sensible aux émotions des autres, et j'avais été prise de court, j'étais incapable de dire ce que je ressentais. Pendant longtemps, j'ai pensé que c'était parce qu'ils... parce qu'ils s'étaient détournés de moi quand ils ont appris pour la magie. Dans certaines familles moldus, les parents sont absolument ravis d'apprendre l'existence de la magie. Leur petit est un véritable prodige, alors que c'est un sorcier très moyen. Mais par rapport à leur monde, ils sortent du moule. Et ça, c'était impensable pour mes parents. Moi, en revanche, ça m'allait : j'ai toujours su que j'étais différente, et j'ai failli être diagnostiquée schizophrène, ou une connerie comme ça, à cause de mon Empathie. J'ai tellement insisté pour rejoindre Poudlard... Je préférais passer mes vacances là-bas, plutôt que de subir leurs silences assez éloquents. Mais les vacances d'été, c'était un calvaire. Par contre, quand Priam a lui aussi déclaré des pouvoirs magiques, ils ont fini par l'accepter... Je n'ai jamais su expliquer ça. Enfin... Vous devez penser de nombreuses choses sur ma famille. Ça doit vous sembler impossible qu'on agisse de cette façon par rapport à la magie, non ? »

Je restais silencieux face à ces aveux, face à ces confidences. J'assimilais ce qu'elle me disait, ce qu'elle avait pu ressentir, je comprenais d'avantage son histoire et ses blessures. Juno n'avait pas eu une vie facile, je le comprenais désormais bien mieux. Nous n'étions pas si différents, les schémas de nos vies se ressemblaient en certains points alors que d'autres marquaient une différence flagrante. Cela avait fait d'elle une rebut, et moi un mangemort. L'un était-il préférable à l'autre ? Je n'aurais su dire.
Ainsi son frère avait été un sorcier avant de perdre la vie. Je ne me permis pas de demander d'avantages de détails, la douleur semblait encore vive et je ne voulais pas la faire souffrir. Pas ce soir, pas alors qu'elle était encore si faible. Plus tard peut-être, lorsque son venin aura reprit de son acidité et de ses atout fatals.

Je tournais mon visage vers celui de la jeune femme, scrutant son visage alors que le miens n'affichait rien d'autre que le calme qui régnait en moi. Oui, j'étais calme. J'avais beau repenser à des atrocités, réfléchir à des monstruosités, elles ne déclenchaient plus en moi colère et haine. J'arrivais à faire la part des choses entre les faits et ce que je ressentais. J'avais mis du temps avant d'y parvenir, mais pour mon plus grand bien, et désormais celui de Juno, j'avais appris à faire la part des choses et contrôler mes émotions. Cela était devenu vital. Mon regard plongeait sur ses joues, le long de son cou, glissa vers son nez pour finir sa course dans ses pupilles. Dans ces deux opales sombres d'une beauté plus présente qu'à l'ordinaire. Je ne détournais mon regard qu'après quelques secondes de contemplation.

« Lorsque j'ai manifesté mes pouvoirs pour la première fois, mon père est rentré dans une rage folle. Il avait tiré un trait sur la magie, pour lui c'était une tare. A cause de cela, je suis né et ai grandit dans le Moscou moldu. Je pensais que ma mère était folle lorsqu'elle me racontait ses histoires de forêt remplies de créatures magiques et de vélanes. Je pensais que la magie, c'était dans les films et dans les livres pour enfant, rien d'autre. »

Je cessais de parler, le souvenir de ma mère restait persistant malgré les années. Et en cette nuit, ce ne fut que l'amour inconditionnel que j'éprouvais pour elle qui m'habita, et non plus la haine envers mon père pour avoir mis fin à ses jours. Car de mon père, je m'en étais occupé. Il avait crevé la bouche ouverte, comme le pauv' alcoolique qu'il avait toujours été. J'y avais pris soin. Grand soin.

« Mon père était un Né-Moldu. Je ne suis pas de Sang-Pur. A vrai dire...je ne suis que deux tiers humain si on en croit les définitions. Je me suis promis de me battre pour la magie, pour qu'elle soit respecté, pour...pour qu'on en fasse bon usage. Elle m'a sauvé la vie lorsqu'elle est apparu en moi. Tout ça, tout le reste, ce n'était pas vraiment prévu. C'est juste...arrivé. Alors non, ça ne me paraît pas étrange que des moldus traitent la magie comme une maladie, qu'ils préfèrent ne pas en parler et l'ignorer, faire tout pour rentrer à nouveau dans le moule de la société. C'est ainsi qu'ils sont, remplis d'égoïsme, de narcissisme et de désir vicieux de normalité. Car dès qu'ils découvrent une chose différente, un être qui ne leur ressemble pas à 100%, ils la détruisent, ils en font de la chair à canon et l'expulsent dans les ténèbres. Ils font plus de mal que de bien...» concluais-je en me détournant de la fenêtre.

Je m'adossais au rebord de fenêtre, fixant désormais les zones d'ombre de la pièce. Le calme ne me quitta pas, je devinais toujours le bal hypnotique des flocons de neige car leurs ombres ne cessa pas de se dessiner sur le plancher recouvert de tapis aux couleurs rouges et carmins.

« Tout le monde à des regrets Juno. Le tout est de savoir si on les laisse dicter nos faits et gestes ou si l'on prend le temps de se pardonner, d'aller de l'avant. Il arrive que l'on ne puisse rien faire, que tout a déjà été joué et dans ces cas-là, se laisser bouffer par les regrets n'apporte absolument rien, ça ne fait que détruire de plus en plus l'être. Pour rien. »

Je laissais le silence retomber quelques instants avant de tourner mon visage vers la jeune femme.

« Ne te détruit pas Juno, pas maintenant, pas pour ça. »

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Sabal Ҩ Juno
« Encore et toujours la flemme de mettre une citation, t'façon, on la voit pas »


Le pouvoir est une chose fragile. Il y a plusieurs années, Voldemort l'a appris à ses dépends. Mais aujourd'hui, alors que peu de tyrans ont réussi à tenir une foule appeurée et meurtrie, au grand dam de Juno, le serpent tient toujours sa proie dans sa gueule béante – il semblerait qu'il ait appris de ses erreurs passées. Le pire, ce sont les souris qui s'y engouffrent en masse en couinant ; une cuisante défaite pour ceux qui les encouragent à devenir des rats, à leur refiler la peste en longeant sournoisement les égouts de Londres. Les rebelles sont tapis dans l'ombre, dans les ténèbres, attendant le retour d'une justice partie depuis déjà longtemps. S'ils reprenaient le pouvoir, ne mettraient-ils pas encore le pays à feu et à sang, histoire de régler une vendetta qui ne se terminera jamais ? Des morts, toujours des morts, encore des morts. Les gens tombent comme les flocons. Sauf qu'au lieu d'être pur et blanc comme la neige, les deux camps ont les mains souillées de sang. « Mais quel peuple d'abrutis... Entre les opportunistes, les consanguins et les tarés assoifés de vengeance, on est pas prêts de récupérer un gouvernement stable... »

Quant aux Insurgés, ils ont beau être légions, de nombreux Mangemorts sortent des rangs de Serptentards. Ils sont rusés. Bouffés par l'ambition. Des qualités indéniables pour gouverner le monde... En somme, ils sont puissants. La plupart sont des adversaires redoutables que rien ne semble arrêter ; ni une demoiselle aux courbes délicieuses, ni un sac rempli de gallions, encore moins des suppliques. Des machines à tuer prêtes à tout pour se hisser jusqu'aux jupons de Voldemort. D'autres portent la Marque comme un fardeau qu'ils doivent montrer pour ne pas sombrer aux côtés des Détraqueurs. Ils sont ridicules. Mous, incapables de choisir leur destinée. Pour Juno, comme pour d'autres, la vengeance est un remède doucereux au deuil et à l'humiliation. Plus le sang coule, plus la satisfaction se gorge. Juno a choisi sa destinée, contrairement aux Mangemorts de pacotille qui pourrissent les rangs de Voldemort. Seulement, elle ne s'attendait pas à rester en vie.

Le dhole a le détestable pouvoir de la détourner de ses objectifs ; Juno tangue dangereusement vers la neutralité, partagée entre sa haine pour ce gouvernement infâme et l'envie de ne pas stigmatiser un groupe entier. Son maître, en sa qualité de bourreau, ne devrait lui inspirer que peur, méfiance et colère mais plus les jours passent, et plus Juno perçoit l'extrême complexité de ses émotions. Ses années auprès de Voldemort ombragent des souvenirs ancrés dans son cœur, bien trop importants pour finir dévorés par les ténèbres. La haine ne nait pas seule. Juno le sait, puisqu'elle la vit. Les Mangemorts ont tué Priam – était-ce vraiment eux ? C'était de la magie noire... Juno se souviendra toujours des mots de Priam. La magie noire ne trompe pas ; oui, les Mangemorts ont tué Priam. Si le dhole a subi une même perte à cause des moldus, il aurait été stupide de se dresser face à Voldemort ; et par sa rage, Juno jurerait que ce fut le cas. Sa femme, peut être. Peu importe. Leur rapprochement la mène à une vérité qu'elle ne peut nier : toute leur haine est stupide.

À la fin de sa tirade interminable, son maître se tourne vers elle pour la scruter, d'un calme étrange et pourtant si apaisant pour la jeune femme... Leurs regards sombres se croisent longuement, se sondent. « Il a le don de me foutre mal à l'aise. J'ai l'impression qu'il va essayer de me buter à chaque fois. » songe la lionne en rentrant les griffes. La lutte n'aura pas lieu ce soir : son dos la lance encore. Souvenir effroyable de ses nuits à Azkaban. Le métal froid de la clé, entre ses doigts tremblants, lui promet un lit plus confortable mais pas un sommeil moins agité. Un instant, elle pense à refuser cette fameuse chambre, bien trop près de celle du dhole, car si elle pleure ou cauchemarde comme à ses habitudes, il risquerait de l'entendre et d'apercevoir ses failles. Toujours garder le contrôle. Ne pas laisser surgir la bête, puisqu'une fois qu'elle est sortie, personne ne peut la rentrer dans sa cage. Ne pas laisser couler les larmes. Juno les sent perler sur ses longs cils noirs. Le dhole la fixe encore. C'est hors de question qu'elle sanglote comme une gamine appeurée.

« Lorsque j'ai manifesté mes pouvoirs pour la première fois, mon père est rentré dans une rage folle. »

Juno ouvre de grands yeux, surprise par cet aveu déroutant.

« Il avait tiré un trait sur la magie, pour lui c'était une tare. A cause de cela, je suis né et ai grandit dans le Moscou moldu. Je pensais que ma mère était folle lorsqu'elle me racontait ses histoires de forêt remplies de créatures magiques et de vélanes. Je pensais que la magie, c'était dans les films et dans les livres pour enfant, rien d'autre. »

À l'évocation des livres et des films, les lèvres charnues de Juno s'étirent en un sourire ravi. Une joie tellement innocente, candide, qu'elle n'avait plus éprouvé depuis de nombreuses années. Parmi tout ce qui peuple le monde moldu, les films, c'est ce qui lui manque le plus. En particulier Star Wars. Une scène de son enfance lui revient en mémoire ; celle où, souhaitant déplacer une tasse par la Force, celle-ci s'était brisée sur le sol en éclats de porcelaine. Elle était restée pantoise. Puis, elle avait poussé un cri de bonheur tel que Priam s'était mis à pleurer, et jusqu'à ce qu'elle reçoive une lettre de Poudlard, elle clamait partout qu'elle était une Jedi, au grand désarroi de sa mère qui n'avait vu en elle qu'une gamine bourrée d'imagination, un peu trop spéciale pour s'intégrer à la société. Un nouvel éclat de rire illumine discrètement son visage.

« Mon père était un Né-Moldu. Je ne suis pas de Sang-Pur. A vrai dire...je ne suis que deux tiers humain si on en croit les définitions. Je me suis promis de me battre pour la magie, pour qu'elle soit respecté, pour...pour qu'on en fasse bon usage. Elle m'a sauvé la vie lorsqu'elle est apparu en moi. Tout ça, tout le reste, ce n'était pas vraiment prévu. C'est juste...arrivé. Alors non, ça ne me paraît pas étrange que des moldus traitent la magie comme une maladie, qu'ils préfèrent ne pas en parler et l'ignorer, faire tout pour rentrer à nouveau dans le moule de la société. C'est ainsi qu'ils sont, remplis d'égoïsme, de narcissisme et de désir vicieux de normalité. Car dès qu'ils découvrent une chose différente, un être qui ne leur ressemble pas à 100%, ils la détruisent, ils en font de la chair à canon et l'expulsent dans les ténèbres. Ils font plus de mal que de bien...»

L'énumération des défauts de ses aïeux arrachent une grimace à la lionne. « Sympa pour celle qui descend des moldus, marmonne-t-elle en son for intérieur. Je comprends mieux la haine qu'il a pour moi. Je parie sur un père violent... » Mais les prémices de son discours méritent d'être approuvés ; la magie doit subsister, mais pas seulement à travers des familles consanguines. Chaque sang est impur, quoiqu'ils en disent. Si la magie trouve parfois son origine dans des familles moldues, alors peut être que l'origine de ces soi disant familes pures est elle-même moldue... Une thèse à argumenter, étayer, pour convaincre le dhole plus tard.

« Tout le monde à des regrets Juno. Le tout est de savoir si on les laisse dicter nos faits et gestes ou si l'on prend le temps de se pardonner, d'aller de l'avant. Il arrive que l'on ne puisse rien faire, que tout a déjà été joué et dans ces cas-là, se laisser bouffer par les regrets n'apporte absolument rien, ça ne fait que détruire de plus en plus l'être. Pour rien. »

La jeune femme hoche la tête sombrement. Ça lui brûle les lèvres de l'avouer, mais il a raison.

« Ne te détruit pas Juno, pas maintenant, pas pour ça. »

Cette dernière phrase lui donne des frissons ; lentement, elle croise les bras pour se protéger d'un froid imaginaire, frotte sa peau nue piquetée par la chair de poule. Une douleur ineffable strie son dos, lui remémore les rires cruels de ses geôliers. Des aboiements moqueurs, des gloussements de dinde. Un haut-le-cœur lui soulève la poitrine. L'un lui maintenait la tête contre le sol, ses doigts fermement plantés dans sa chevelure poisseuse de sang et de poussière, l'autre s'amusait à lui décorer la peau à vie, le bruit du tissu déchiré aiguillonnant sa peur. Un troisième lui répétait qu'il fallait savoir fermer sa gueule. Mais Juno n'a jamais appris cette leçon.

« Pas maintenant ? répéte-t-elle dans un murmure. Ça veut dire quoi ? Que je compte pour vous désormais ? Ou... ou c'est juste que vous voulez pas que je finisse dingue pour sauver mon don ? »

Cette affreuse impression que les barrières de haine tombent... Juno ne sait plus où donner de la tête.

« Je pensais pas avoir une conversation comme celle-ci avec un Mangemort, dit-elle en se tournant vers lui. Tout ce que je vous ai dit aux Enchères, ça ne vous était pas vraiment destiné. C'était tout ce que je rêvais de leur dire, au lieu de chialer et supplier. Oh ! Par rapport à d'autres, je leur en ai dit, de belles choses. Des va te faire foutre, des va crever, des je vais t''égorger, espèce de fils de pute, et j'irai boire ton sang puisqu'il est si pur. Celle-ci, c'était la plus longue, parce qu'ils m'ont jamais laissé parler aussi longtemps que vous. En fait, dhole, je pensais que vous étiez sans cœur, sans remords, comme tant d'autres. Mais vous êtes plus complexe. Vous êtes une machine à tuer avec un cœur. C'est un compliment, hein, ajoute-t-elle très sérieusement afin qu'il ne se méprenne pas sur ses attentions. Et puis, je vous souhaite vraiment de retrouver votre fille. »

Un sourire triste, franc et timide, éclaire son visage quand elle glisse une main hésitante sur son épaule, ses yeux graves rivés sur les flocons. Dehors, les bourrasques laissent place à une neige calme, tombant mollement sur les toits blanchis.

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No way you'll see me crawl



Il n'était pas bon mourir par regrets. Ce n'était qu'une mort de lâche, de ceux acceptent la défaite. Ceux là sont d'accord de mourir pour toutes ces choses qu'ils n'ont pas faites ou qu'ils regrettent d'avoir fait. Je ne voyais pas ma mort sous de telles auspices, à vrai dire, je ne m'étais jamais demandé comment j'aimerais mourir et pourquoi. J'aurais aimé mourir pour une raison, et non pas parmi une masse de la population, englouti dans une explosion ou décimé par la maladie. J'aimerais pouvoir décider du jour et de l'heure où je quitterais le monde des vivants pour aller airer je ne savais où, ailleurs, tout simplement. L'Homme lambda préfère éviter ce genre de sujet, il le trouve trop pessimiste, trop lugubre. Mais si personne n'en parle, il n'est alors pas étonnant d'en croiser autant ayant le cœur rongé par la crainte de cette dernière. Parler des choses les dédramatise, les rend plus abordables. La mort n'était que la suite logique à la vie. Il n'y avait pas l'un sans l'autre, personne n'est immortelle et il n'y a personne sans vie. Il était alors normal que de vouloir marquer son temps. Car cela est désormais courant pour l'Homme que de craindre l'oubli. Non, on ne veut pas être oublié, on ne veut pas finir par n'être qu'un nom sur une liste, un visage inconnu sur une photo de famille jaunie. J'avais peur de mourir seul, dans un coin, sans personne pour me pleurer. Est-ce que cela faisait de moi quelqu'un de faible ? Je n'aurais su dire. A vrai dire, il y avait pas mal de choses sur Terre que j'ignorais et une multitude de questions auxquels je n'aurais su répondre de manière satisfaisante.

« Pas maintenant ? Ça veut dire quoi ? Que je compte pour vous désormais ? Ou... ou c'est juste que vous voulez pas que je finisse dingue pour sauver mon don ? »

J'aurais aimé lui dire que peut-être, oui, cela signifiait que je ne désirais pas la voir devenir folle sous le chagrin causé par la multitude de regrets que je devinais enfouis dans son cœur et dans sa tête. J'aurais aimé lui dire que je souhaitais l'entendre me parler plus souvent d'elle, que ses confidences me rassuraient en quelque sorte. J'aurais aimé lui dire que je désirais simplement qu'elle cesse de souffrir pour des gens qui ne lui en voudrait probablement pas de ne pas avoir pu tenir une quelconque promesse. Il y avait des choses qui n'étaient pas de notre ressort, auxquels on ne pouvait rien changer. Alors pourquoi se torturer l'esprit lorsqu'on ne peut plus rien faire ? Passer à autre chose était la meilleure option, le meilleur chemin à emprunter. Et dans la rémission, je me promettais secrètement que je serais là pour l'épauler. La raison ? Elle m'était propre et je ne désirais pas m'épancher là-dessus. Ou bien était-ce simplement que sa compagnie m'était agréable et que je découvrais quelqu'un d'appréciable au fur et à mesure que les jours s'écoulaient au manoir et que la neige s'imposait sur le territoire écossais. Oui, peut-être que le grand méchant mangemort commençait à bien aimer la rebut né-moldue.

« Je pensais pas avoir une conversation comme celle-ci avec un Mangemort. Tout ce que je vous ai dit aux Enchères, ça ne vous était pas vraiment destiné. C'était tout ce que je rêvais de leur dire, au lieu de chialer et supplier. Oh ! Par rapport à d'autres, je leur en ai dit, de belles choses. Des va te faire foutre, des va crever, des je vais t''égorger, espèce de fils de pute, et j'irai boire ton sang puisqu'il est si pur. Celle-ci, c'était la plus longue, parce qu'ils m'ont jamais laissé parler aussi longtemps que vous. En fait, dhole, je pensais que vous étiez sans cœur, sans remords, comme tant d'autres. Mais vous êtes plus complexe. Vous êtes une machine à tuer avec un cœur. C'est un compliment, hein. Et puis, je vous souhaite vraiment de retrouver votre fille. »

Le coeur serré, j'avais écouté les paroles de Juno. Baissant les yeux, je me sentais presque honteux d'avoir levé la main sur elle alors que tout ce qu'elle avait tenté de faire, ça avait été de se protéger. Se protéger de moi car ma réputation avait dû lui dresser un tableau bien funeste de la personne que j'étais, qu'ils croyaient que j'étais. Très peu de personnes s'étaient pris au jeu et avaient décidé d'aller plus loin, d'oublier la faux du bourreau pour regarder l'homme derrière le masque de mort. Je semais la mort tout autant que je la craignais, j'enlevais des êtres chers tout autant que l'on m'en avait privé. Nombreux étaient ceux à me détester, me craindre et me haïr pour ce que j'étais alors que tout ce que je cherchais, c'était assez de sécurité pour pouvoir aimer sans craindre de tout perdre en un clin d’œil. Mais le temps avait pris tout ceux que j'aimais, je me trouvais donc souvent sans réel but, rien de précis, rien de sûr. Perdu dans un fleuve sans fond où j'étais trop épuisé pour rester à la surface et pas assez désespéré pour me permettre de couler. Alors je stagnais, je me laissais aller par la marée et sa force ravageuse. Je m'en étais remis à la rage et à la colère meurtrière. J'avais cessé de compter mes victimes, j'avais cessé de compter les pleurs et les suppliques. J'aurais aimé pouvoir tous les effacer, m'effacer au passage pour promettre à ce monde un futur peut-être plus beau.

J'avais laissé se former des confidences sur mes lèvres, j'ignorais si je devais le regretter. Désormais la femme à mes côtés en savait plus que la plupart de mes collègues et de mes amis. Très peu étaient au courant de mon lignage. Ça faisait désordre, un mangemort, fils de créature magique et d'un né-moldu qui sème la mort au cœur de l'ennemi sans réel but. Juste parce qu'il faut que quelqu'un le fasse et que je n'avais que ça comme compétences. Tristes raisons. La contemplation des chûtes sans fins de neige avait délié les langues du maître et du rebut. Elle avait été spectatrice de deux ouvertures d'âmes, d'une mise à niveau des deux existences. Comme si, pour la première fois, le renard et le lion se regardaient autrement que comme des ennemis, comme une proie à abattre. Je ne désirais plus causer le moindre mal à la lionne présente à mes côtés en cette nuit d'hiver. Peut-être que je me condamnais ainsi à sa lame, peut-être faisais-je une erreur. Mais si je ne retrouvais pas ma fille, peu m'importais réellement. Car je trouvais l'avenir plus avenant si il venait à prendre rapidement fin de la lame d'une jeune femme en qui j'aurais placé trop de confiance, trop pour que ce ne soit raisonnable. Mort par trahison. Oui, peut-être était-cela...peut-être était-ce la mort que je trouvais la moins pitoyable, la plus noble. Mais je ne voulais pas mourir, je gardais conserver en mon fort intérieur le désir ardent de vivre, de croquer la vie, d'en connaître chaque plaisir et chaque joie encore un tant soit peu.  Mais vous êtes plus complexe. Vous êtes une machine à tuer avec un cœur. cette phrase résonnait dans ma tête comme une comptine tenace. C'était un compliment qu'elle eut vite fait de me préciser. Un cœur, oui j'en avais un, il était même trop présent à mon goût la plupart du temps. Il me hurlait de cesser cette barbarie, qu'il ne supportait plus ces massacres, ces morts, ces exécutions, cette détresse. Je ne savais plu vraiment ce que je devais faire, ce qu'il était préférable que je fasse et ce que j'aurais dû à tout pris cesser. J'étais paumé, totalement perdu.

Un léger frisson parcouru le long de mon échine alors que je senti la main de Juno se poser sur mon épaule. Ce simple contact eu un effet de titan. Cela faisait des semaines que plus personne n'avait posé la main sur moi, que ça ne soit une frappe amicale ou un baiser tendre et affectueux. Je ne comptais pas les unions sauvages vécues les soirs de solitude où mon corps se traînait lamentablement vers ces bâtiments abritant milles et unes créatures de désir. Ce n'était pas de ces relations là que je souhaitais vivre, j'aurais préféré ne jamais goûter à ce pêché interdit car elles étaient tout sauf saines, tout sauf apaisantes. Non, elles étaient mordantes, piquantes, violentes et destructrices. Elles faisaient naître l'avarice dans le cœur de l'homme et créait les tensions dû à la possessivité de certains être. Non, désormais, je n'y retournerais plus. Car toutes ces nuis semblaient fades, si mornes face à l'effet qu'avait cette main sur mon épaule. Je n'aurais su dire pourquoi, je ne voulais pas savoir. Que cette femme garde le mystère qui lui prodiguait de tels effets. La neige au dehors se remet à tomber doucement après le vent terrible qui s'était déclaré maître quelques instants plus tôt.

Plus aucun bruit ne respirait dans la pièce, juste le son de nos deux corps, de nos deux âmes en peine. L'espoir innocent recommençait à résonner quelque part entre ma tête et mon cœur. Peut-être que la neige effacerait avec elle certaines erreurs et les regrets tenaces. Je n'étais pas responsable de la mort de Vyktoria, même si j'aurais dû être présent pour la protéger. Mais elle n'en avait fait qu'à sa tête et avait d'elle même décidé de priver Nikita de mère. Sa disparition n'était pas de mon fait et je devais dès à présent cesser de culpabiliser pour une faute que je n'avais pas commis.
Ma main glissa doucement vers mon épaule et mes doigts enveloppèrent délicatement la paume de Juno. Cette main me sembla alors si fragile, si douce, si belle. Je ferma les yeux l'espace de quelques instants et savoura la tranquillité du lieu et du moment. Peut-être que tout cela n'était qu'un rêve, que je m'étais endormi dans le salon après y être entré. Peut-être que Juno ne s'était jamais donné la peine de venir trouver mon corps blessé dans cette pièce. Peut-être étais-je encore immanquablement seul, laissé à l'abandon par un destin cruel et moqueur.

« Merci Juno » murmurais-je doucement dans le silence pesant mais non désagréable. J'inspirais délicatement une bouffée d'air avant de laisser mon regard se perdre à nouveau dans celui de la jeune Saitô. « Et...appelles moi Sabal s'il te plait. »

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Sabal Ҩ Juno
« Encore et toujours la flemme de mettre une citation, t'façon, on la voit pas »


Il n'y a rien de grandiose à trouver la mort aussi blanc et pur qu'un martyr, retenu par les regrets de n'avoir rien accompli pour son peuple ou pour s'être levé contre ceux qui auraient pu tout vous offrir. Pourtant, Juno l'a souhaité maintes fois et pas seulement pour abréger ses souffrances : cela relève d'une fierté de Gryffondor, qu'aucune année à Azkaban n'a pu lui ôter, mais que chaque torture consent à faire croître. Même si son sang est embourbé, même si elle est enchaînée à jamais à son ennemi, Juno reste fière de ses capacités. Et même si de toute sa misérable vie, elle n'a pas accompli grand chose, il lui reste sa maîtrise de l'Histoire de la Magie, ses connaissances en potions, son don d'Empathie, les litres de poisons durement confectionnés à sa sortie de Poudlard. À cette époque, elle songeait que ce n'était qu'un passe-temps un peu étrange mais aujourd'hui, elle se rend compte à quel point ses trouvailles peuvent lui sauver la mise. Elle ne veut pas que des générations de sorciers se souviennent de sa vie, ou même de sa mort. Qui peut encore la pleurer ? Personne, apparemment. C'est en se raccrochant vainement à son passé qu'elle comprend que sa vie a autant d'importance que celle de Priam...

Quand il te disait de ne pas te faire prendre, il sous-entendait que tu dois vivre, lionne. Mais en te focalisant sur cette vengeance, tu dépéris et oublie ta promesse. Imbécile...

Et qu'elle aussi, elle veut vivre dans l'oubli des souvenirs amers, loin de toute cette souffrance, des regrets et des morts. Si elle avait renoncé à la magie comme ses parents le lui avaient demandé, peut être ne serait-elle pas là, à cette grande fenêtre, à contempler un paysage qu'elle ne pourra plus jamais fouler. Elle ignore un instant les émotions de son maître pour faire le point sur les siennes ; toujours une pincée de rage, une grande dose d'espoir et de tristesse, et une joie frivole dont l'origine lui est inconnue, lointaine. Elle inspire, tremblante. Le dhole se déchire en une multitude de sentiments distincts. Une brève honte, une hésitation grandissante, un deuil oppressant, des espoirs futiles, des regrets oubliés... Elle expire, ferme les yeux, revoit Priam et son bain de sang. Juno hurle vengeance mais Priam sourit, lui répète qu'elle ne doit pas se faire prendre et ajoute : « Tu seras la dernière, Juno... Vis ! Pour nous tous, au moins. » La lionne ouvre soudain les yeux. L'aurait-elle oubliée, cette phrase ? Ou l'aurait-elle inventée ? Peut être n'est-ce que la fatigue... Sa main se crispe, tandis que celle du dhole vient recouvrir la sienne.

Un long moment, Juno lutte pour retrouver la solitude et ses bras réconfortants. Là où tout n'est que calme, silence et neutralité. Là où elle peut réfléchir à ce qu'elle ressent vraiment. Digérer le passé, apprécier le présent et prévoir son avenir. Mais la sérénité du dhole l'oblige à rester. C'est comme si les doux sentiments que ressentent son maître lui font plaisir... « N'importe quoi, c'est juste que j'apprécie de les ressentir aussi. » La vérité l'agace. Et même moi, je ne saurais dire ce qu'elle ressent vraiment. La pièce se recouvre d'un lourd voile de tranquillité, que le dhole consent à écarter au bout d'un long instant de silence :

« Merci Juno »

Les yeux d'onyx de la jeune femme se plongent dans ceux du dhole. Aussi noirs, aussi sombres, aussi graves que les siens. Il ne devrait pas la remercier. Au fond, Juno pense surtout à sa fille, perdue et entre les bras de ses ennemis. « Des ennemis du dhole... » La lionne se détourne. Elle n'a jamais aimé sonder le regard des autres. On peut y apercevoir beaucoup trop de choses ; et souvent, on n'aime jamais ce qu'on y voit. Le dhole est bien trop torturé pour ne pas cacher quelques souvenirs que Juno n'aimerait jamais apprendre. Si elle a tendance à l'ouvrir un peu trop, la curiosité ne fait pas parti de ses défauts. Chacun son passé. Chacun accepte de le dévoiler ou non.

« Et...appelles moi Sabal s'il te plait.
Et vous pouvez m'appeler Juno., répond-elle avec un sourire contrit. »

Ses joues pâlissent au fil de la nuit. Sa peau tremble, se déchire encore, et le sang coule jusqu'à ses reins, mais pas pour gorger sa satisfaction, cette fois ; elle le sent encore peser de tout son poids sur son corps aux abois, enfoncer ses ongles dans sa chair, scarifier son dos sous les applaudissements des autres. « Alors, espèce de petite pute, tu vas enfin la fermer, ta gueule ? » Et elle lui a craché au visage. Stupide idée... Machinalement, la jeune femme glisse une main sous sa robe. Elle effleure sa peau douce, striée par endroits, et arrive à la cicatrice la plus longue et la plus rebondie. Le sang ne fait parti que de son imagination. Mais la douleur est toujours présente... Serrer les dents, tenter de l'ignorer... « J'en ai partout sur les mains, de son sang de merde... » Serrer les dents... Tenter de l'ignorer...

« Je suis désolée... » souffle-t-elle sans trop savoir à qui elle s'adresse

Priam ? Son bourreau ? Son maître ? La fatigue lui dévore le crâne. Ces voix qui grésillent, jurent et rient, proviennent d'une partie de sa mémoire qu'elle préférerait oublier. Sa main quitte l'épaule de Sabal pour se plaquer sur ses lèvres tremblantes. Et tandis qu'elle se remémore les atrocités d'Azkaban, les yeux baignés de larmes, son front glacé s'appuie sur le torse du dhole. Une secousse. Ses pleurs s'intensifient. Elle sent ses doigts maudits agacer sa chair à vif...

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C'était étrange. Comment en si peu de temps, la lionne était parvenue à s’immiscer dans les préoccupations du renard. Comme si de sa grâce souveraine s'était étendu une onde de curiosité jusque dans les entrailles du rusé maître renard. Tel une reine de la savane elle avait débutait son périple dans les recoins de la demeure du chacal. A l'instar d'une puissance de la nature elle avait laissé sa royal marque dans chaque pièce, effaçant peu à peu les souvenirs qui pourrissaient sur place, là, bien installé dans la mémoire du maître des lieux. Juno avait pris place dans ce salon comme si elle avait toujours été là, comme si les fauteuils avaient été forgés pour accueillir son corps frêle et meurtris après tant d'années de souffrance inutiles. Azkaban n'avait fait que rendre les os de la lionne plus solides qu'auparavant. Elle en était ressortie affaiblie et pourtant tellement plus forte. Après l'enfer, tout semble si peu douloureux, si acceptable. Une mort perd le goût d'amertume qu'elle avait réussi à immiscer dans la gorge des proches lorsque ces derniers pensaient qu'une mort d'un être cher était la plus difficile des épreuves. Ô non, la mort des autres est tellement acceptable, tellement fade lorsque l'on s'est senti mourir pendant plus de dix ans. Pleurer un mort devient stupide, pathétique, ce n'est pas lui que l'on plains, c'est soit-même. J'avais toujours trouvé toutes ces cérémonies insensés. Le mort ne souffrait plus, tous prétendaient le pleurer alors qu'en fait ce n'était qu'un besoin purement égoïste de monter ô combien sa présence allait manquer. Personne ne pleurait les morts, mais les vivants, ceux qui devaient apprendre à vivre sans les disparus. Mais comment fait-on lorsque l'on doit apprendre à se relever lorsque l'on s'est senti dépérir pendant des années ?

La lionne à mes côtés, je me prenais à la respecter. Parce qu'elle était resté reine, reine en son domaine, reine en son âme déchue. Elle avait dégringolé le long des rochers meurtriers mais ne s'était pas laissé mourir pour autant. Je ressentais sa faiblesse, au quotidien, elle dégringolait encore et toujours. Mais elle ne toucherait jamais le fond, car le renard est rusé et rapide. Car le dhole serait là pour la rattraper avant la fatale collision. C'était une promesse que je me fixait en cette soirée d'hiver. Personne n’achèverait la jeune femme dont je tenais doucement la main, personne ne la blessera plus. Il faudrait avant de l'atteindre, affronter le dhole et ses crocs ravageurs.

Je sentis Juno trembler, s'agiter. J'ignorais où ses songes l'avaient mener mais ce ne devait pas être dès plus plaisant. J'aurais donné cher pour pouvoir la calmer, lui rappeler qu'en ce lieu-ci personne ne pouvait l'atteindre, qu'elle était en sécurité. La demeure du dhole protégeait la lionne des loups et prédateurs alentours qui donneraient tout pour pouvoir l'entendre hurler de douleur une fois encore. Son corps avait déjà trop vu la guerre pour qu'elle ne s'inflige de tels souvenirs. Un murmure lui échappa alors que sa main glissa de mon épaule, ne laissant que l'air froid à sa suite. Son corps se tend, tremble, se meurtris sous des idées et des souvenirs auxquels je n'avais pas accès, face auxquels j'étais impuissant. Comment pouvais-je l'aider si elle s'éloignait ainsi ? Je détestais ce sentiment d'impuissance face à une détresse que je ne voulais pas voir exister. Cette impuissance me perturbait. Qui était-elle pour moi ? Que devait-elle être ? Je ne savais plus si je pouvais me permettre de m'attacher ainsi à cette jeune femme, je ne savais plus si c'était ce qu'il était bon de faire. Peut-être que je me fourvoyais, que la seule chose à faire était de quitter le salon sans plus attendre, sans me retourner, la laisser là, à sa perte, à sa tristesse et faire face à ses démons. Des démons que je ne devrais pas vouloir combattre, car ils étaient tout ce en quoi j'étais sensé avoir foi. Les morts et les blessures qu'elle ressassait étaient causé par le camp dans lequel je m'étais illustré par ma cruauté et mes actes sanguinaires. Peut-être même avais-je participé à la création de toutes ces blessures, de toutes ces pertes...ce n'était pas logique que je me retrouve à vouloir penser des plaies dont je devrais être fier. Non, tout ce qui se passait n'était pas logique, n'était pas bien, n'était pas admirable. Le dhole n'était pas sensé tomber pour la lionne, nous étions si différents, nous devrions nous haïr. Et pourtant...pourtant d'ennemis aux crocs acérés, voilà que nous étions là à ouvrir nos plaies face à l'autre, pour pouvoir comme prouver que notre agressivité première était justifié, que ce n'était pas un simple divertissement. Comme pour se soulager, se dire que ce que l'on avait toujours diabolisé n'était pas si différent, qu'il était peut-être même...digne d'affection ? Je n'en savais rien, je ne savais plus. En cette nuit balayé de flocons glacés, je prenais la décision d'arrêter de penser à ce qu'il était bon de faire et ce que je devrais éviter à tout pris de commettre.


Désolée. Sa voix n'avait rien de stable, elle semblait ailleurs, comme isolé de son esprit. Juno prétendait être là sans l'être, à souffler des vérités brisées et des mensonges utopiques. A qui allions nous faire croire que c'était possible de se relever tout seul après tant de morts, tant de souffrance. La guerre durait depuis trop longtemps, elle s'insinuait dans nos âmes. J'aurais aimé pouvoir connaître la paix. Cesser de devoir soutirer des information chaque jour nouveau. J'étais las des souffrances et pourtant je ne pouvais plus me retirer de mon poste sans me faire lyncher sur la place publique. Il m'était impossible de faire marche arrière, on ne recule plus devant le Magister. On reste, on s’accroche ou on crève comme un charognard sur le bord de la route menant au pouvoir. C'était un système comme un autre. Un système où si tu n'était pas de ceux qui mangent tu te faisais dévorer sans délicatesse.

Tout se passa très vite, si vite que je mis plusieurs secondes avant de réaliser qu'à présent la jeune lionne avait logé son front contre mon torse. Plusieurs secondes avant de me rendre compte qu'elle pleurait, que ses sanglots la secouaient d'une manière horrible. Je déglutis, je n'avais aucune idée de ce que je devais faire. Est-ce que je devais la repousser, l'insulter à coup de Sang-de-Bourbe, l'enfermer dans la cave et ne lui rouvrir qu dans deux jours pour avoir osé se rapprocher physiquement de moi ? Non...même si ça avait été la chose à faire, je n'en aurais pas été capable, c'était au dessus de mes forces et de mes intentions. Je m'étais promis de ne pas la laisser choir au sol, et je ne pouvais me dérober à sa faiblesse. Même si ses pleurs résonnaient en moi comme une réminiscence amer de mes propres nuits de perdition où mes yeux pleurèrent toutes les larmes de mon corps, où mes hurlements de désespoir résonnaient en mon crâne comme une mélodie récurrente. Je me sentis mourir un peu lorsqu'un sanglot la secoua à nouveau, ma gorge se serra. Je n'osais imaginer ce que ça lui coûtait que de se laisser aller ainsi. Je n'osais imaginer combien de temps elle avait dû retenir ces larmes.

D'un geste que je fit le plus le doux possible, je vins loger la paume de ma main gauche contre l'arrière de son crâne, l'enfouissant dans ses cheveux, soutenant son visage contre moi. Mon pouce entama de légers cercles sur son crâne rempli de tristesse et de deuils. Mon autre main vint trouver son homologue félin et je croisais mes doigts avec ceux de la jeune femme. Je posais mon menton sur le haut de son crâne, tentant ainsi de lui fournir une carapace au cœur de laquelle elle pourrait pleurer son soul, jusqu'à ce que la peine se déverse hors d'elle, jusqu'à ce qu'elle soit soulagée de toutes ces années à souffrir pour une cause qu'elle n'avait même pas réellement soutenue. Je fermais les yeux, me concentrant sur ma respiration, sur la présence contre moi de cette jeune femme que j'aurais probablement tué il y a quelques semaines pour une situation similaire.
J'aurais pu dire tellement de choses, lui avouer mille et unes faiblesses en ces temps de confessions. Peut-être que j'aurais dû la rassurer, lui dire que j'étais là, mais était-ce rassurant que de savoir qu'un Mangemort n'allait pas vous quitter d'une semelle tant que vous n’émettriez pas des signes de bon rétablissement ? Est-ce que la parole d'un homme comme moi valait quelque chose après toutes ces horribles choses que Juno avait vécue et vue ? Pouvait-elle avoir foi en moi ? Ou tout du moins confiance...j'aurais pu lui chuchoter qu'à présent j'étais là, qu'elle ne connaîtrait plus ces souffrances. Mais j'en étais incapable, si je me surprenais à parler dans une telle situation, ma voix ne serait rien d'autre qu'un écho, un murmure brisé, touché par une telle détresse. Alors je me tus, je gardais pour moi les promesses que je n'étais pas sûre de pouvoir tenir, je me contentais de laisser planer le silence troublé par les sanglots de la jeune femme qui comptait désormais plus que ce que je n'aurais cru possible. Mes paupières closes, j'écoutais le silence qui venait se fracasser contre nous, contre ce qui se construisait. Et alors que mon pouce formait des cercles sur le cuir chevelu de Juno, je sentais un sillon humide se former le long de ma joue et s'écraser contre la chevelue de la lionne. Les batailles qui coulaient dans nos veines venaient se rencontrer alors que nos peaux étaient fusionnés en une étreinte impossible à concevoir. Les brasiers de mon corps et de mon âme se remettaient à me détruire petit à petit, de façon mordante, piquante, comme pour me prévenir, me rappeler qu'il n'est pas bon de s'attacher, que tout ceci me mènerait à ma perte.

Mais si sa perte prenait l'allure de la lionne, alors le dhole acceptait de se perdre.



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On dit souvent que les funérailles ne sont pas faites pour ceux qui partent, mais pour ceux qui restent... C'est une sombre réalité pour Juno. Si la jeune femme a pu déposer maints bouquets sur la tombe de ses parents, la dépouille de Priam n'a jamais pu avoir de sépulture décente. Jetée aux chiens, aux corbeaux, peut être devenue la marionnette éphémère d'un Mangemort. Ou peut être livrée à un savant fou, déchiquetée au scalpel, dissoute à l'acide. Qui sait ? Sûrement pas elle, en tout cas. Sa priorité, une fois enfermée à Azkaban, avait été de survivre aux tortures et aux interrogatoires sans réelle utilité, et l'image d'une tombe fleurie pour son frère avait disparu de sa mémoire. À sa sortie, elle s'était sentie comme une sœur indigne – sentiment renforcé au centuple par toutes les morts autour d'elle –, et sa vengeance avait recommencé à mûrir dans son esprit qui, lui, était bien immature pour son accomplissement. Oui ; du haut de ses vingt-cinq ans, Juno est encore immature, bercée par l'espoir futile que le passé renaisse de ses cendres, et même si côtoyer le dhole lui a fait comprendre que ce ne sera jamais le cas, elle continue de croire aux beaux jours qui se profilent à l'horizon.

Peu importe la façont dont on les obtient, ces beaux jours. La lionne a cru qu'elle les aurait avec sa promesse d'une vengeance redoutable et sanguinaire, avec la mort de son maître et de tous les Mangemorts. Peut être que le dhole serait déjà étendu dans son salon, si elle avait eu sa baguette entre les mains. Ou peut être la tête dans son assiette, si elle avait eu accès aux cuisines. Mais à sa façon, son maître l'a faite mûrir. Et Juno a compris que de nouvelles morts ne feraient jamais son bonheur. C'est si simple de répondre à la violence par la violence... Juno ne pardonne pas ses bourreaux en suivant le chemin de la neutralité. Ses bonnes paroles n'en sont pas. S'ils croisaient son chemin, à l'avenir, elle leur refuserait toute merci. Mais elle ne veut pas haïr un homme parce que son passé est différent – et pourtant si semblable. Qui n'a jamais cédé à la bestialité ? En devenant un monstre assoiffé de vengeance, la lionne a durci et refroidi son cœur. Pour le voir se fendre au fil des jours...

Les larmes ont cette saveur amère des mauvais souvenirs, cette acidité qui ronge l'esprit, et le soumet au désespoir ; pourtant, lorsque la tempête laisse place à la pluie, puis au calme, on en ressort plus apaisé que jamais. C'est comme vaincre notre propre venin jusqu'à ce qu'il s'écoule, dégorge nos plaies de sang impur. Chaque nuit, le cœur de Juno explose et elle se laisse aller à ces larmes meurtrières, à l'espérance d'un monde sans maîtres et sans esclaves. Et quand le jour vient, sa condition éclaire les recoins de sa mémoire. Elle sert le dhole. Elle vit à ses crochets et se laisse mener une existence facile et fragile, entre la peur de mourir de ses mains et celle de se laisser envahir par son hostilité. Et voilà que ce soir, il lui révèle des sentiments plus doux encore que tous ceux qu'elle avait connu, et qu'elle se surprend à se blottir contre son torse musculeux pour pleurer toutes les morts et tous les regrets qui la hantent. Sa douleur morale et physique n'en sont que plus vives. Puis, elle perçoit l'impuissance du dhole à calmer cette crise soudaine, ses questions sans fondement, sa peur de franchir les limites imposées par le Magister. Juno s'en contrefout. Ce ne sont pas ses limites, et les siennes ont été repoussées depuis longtemps, loin devant elle, loin devant celles des autres.

La main du dhole glisse lentement dans sa chevelure, caresse son crâne souillé par tous ces jours et ces nuits passés à Azkaban. Ce geste de tendresse arrache un hoquet de stupeur à la jeune femme, alors que l'autre main du Mangemort vient rejoindre la sienne, les croisant pour épancher le tremblement de ses membres. Ce soutien physique lui laisse l'impression qu'elle peut compter sur une autre épaule que celle d'Osiris, bien frêle pour éponger ses maux. Ses pleurs continuent de l'agiter tandis qu'elle lève ses jolis yeux noirs vers Sabal. Ainsi, le dhole et la lionne se sont apprivoisés... Une larme brille sur sa joue à la lueur du clair de lune. De sa main libre, la lionne vient l'écraser avec le pouce. « Tu es devenu complètement folle, la prévient une voix lointaine. C'est mal, ce que tu vas faire, très mal ! » J'm'en fous, j'm'en fous complètement, rétorque Juno en posant avec lenteur ses lèvres tremblantes, bordées de ses larmes, contre celles du dhole. Ne pas avoir de regrets, qu'il disait... Je n'en aurais aucun. Aucun.

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