Cedrella Guenièvre Lestrange était douce, fragile et agréable. Gwen n’était pas cette fille, Je n’étais pas cette fille. Liam me démontrait chaque jour les prouesses dont j’étais capable pour lui, pour nous. La douceur oui, mais pas pour tout le monde. La fragilité de façade, une carapace solide pour l’élite. Les femmes étaient faites pour unir deux familles, concevoir une progéniture, assuré la lignée, la pureté du sang. J’étais la « petite dernière » des Lestrange, un bijou de douceur et de sensibilité, une fragile petite poupée que l’on protégeait la plupart du temps. Je n’avais jamais aimé cette image même si cette couverture était parfaite actuellement. Mais elle était devenue vrai au moment même ou au bord de l’inconscience je m’étais retrouvé dans les bras de Liam. Je n’avais pas vu venir ce mur, trop occupée à tenter de sauver la vie de ces gamins qui, un jour prochain, porteront un regard haineux face à moi et à mon nom. Trop occupée à faire ce que personne n’attendait de moi. Personne sauf moi et ma conscience. Le corps est plus fragile que l’esprit, le corps est friable et j’en ressentais encore les désagréments même si, grâce aux potions, cela n’avait plus rien à voir avec la douleur ressenti quelques instants auparavant. Juste quelques pics, juste assez pour se souvenir que l’être humain est faible. Notre vie est reliée à une ossature qui se brise aussi facilement qu’un biscuit. Ma propre faiblesse m’agaçait même si je n’en montrais rien. J’allais devoir être bien plus prudente afin d’éviter ce genre de désagrément à l’avenir. Même si être sauvé par Liam n’avait rien de désagréable, bien au contraire. Je me serais néanmoins épargné les côtes cassées afin de pouvoir profiter de mon sauveur plus que je ne pouvais le faire actuellement. Le moindre rire, la moindre secousse ou respiration trop forte me rappelant à l’ordre. Alors je souriais, avec sincérité. J’étais son philtre, il était le mien, nulle besoin de plus pour voir l’amour dans le regard de l’être aimé. Nous nous détendions peu à peu malgré l’horreur de ce qui pouvait encore se passer dehors, malgré les mots. Les mots qui touchent, les mots qui tuent. On ne peut pas se promettre l’un l’autre de rester intact. En vie, oui bien sûr que je ferai tout pour mais je ne peux te promettre que cela, d’essayer. Parce que j’étais adhérente et une espionne, parce que j’étais une Lestrange, parce que je représentais l’élite. Parce que si nous étions dans un cocon protecteur, une bulle de douceur nous ne pouvions y vivre… Peux-tu me promettre la même chose ? De tout faire pour rester en vie ? Parce qu’en fin de compte si l’un de nous ne survivait pas cela ne menait à rien… aussi je voulais qu’il me le promette, qu’il tente de faire le maximum comme je pourrais le faire. Je répondais à ce baiser fiévreux qui réchauffait tout mon corps. Mon cœur s’accélérait dans ma poitrine, ma respiration était courte, saccadée. Je tentais de calmer ma respiration pour épargner mes côtes tout en laissant échapper un petit rire cristallin, oui, il était jaloux ! Le sujet de mon père était un sujet assez douloureux pour moi… je préférais observer le feu dans la cheminée pour lui répondre. Je fixais un point, comme si le visage de Rabastan apparaissait dans le feu. Tu sais, c’est un inconnu pour moi. Ma mère a toujours tenté d’éloigner mes frères et moi de lui. Aujourd’hui, il est libre et il tente de se rapprocher de nous même si c’est peine perdue. Comment pourrais-je le laisser faire ? Oh si, bien sûr il y avait eu un rapprochement, il avait représenté pour moi l’image d’un père dont j’avais toujours rêvé mais Severus m’avait remise dans le droit chemin. Si Rabastan connaissait la vérité, il me tuerait de ses mains. Voilà ce à quoi il me faisait penser. Les histoires de famille sont un peu compliquées chez les sang-pur. Tu as du t’en apercevoir chez les Carrow. Je connaissais cette famille parce que Susanna et moi étions amies d’enfance, nous avions grandi dans le même cercle, participé aux mêmes soirées, réunions… Les problèmes de famille existaient partout mais chez les sang-pur ça prenait toujours un parfum particuliers, désagréable. Contrairement à ces gâteaux qui étaient d’une douceur infinie. Je finissais le premier avant de voir atterrir le second entre mes lèvres. Je ne me fis pas prier pour le déguster. J’étais heureuse qu’il profite du peu que je pouvais lui apporter à cet instant précis. Ne me rem… ercie pas… voilà ce que je voulais dire avant que mes lèvres ne soient faites prisonnières pour mon plus grand plaisir. Je fermais les yeux pour profiter pleinement de l’instant. Goutant ses lèvres comme si c’était la première fois. Ma main caressait ses cheveux, son visage, son cou pour terminer sur son torse nu faisant escale à l’endroit ou battait son cœur. Nous avions besoin de repos mais plus que tout nous avions besoin l’un de l’autre. J’en oubliais, presque ma douleur si la façon dont j’étais contorsionné ne me la rappelait pas. Un petit rappel à l’ordre de ce qui venait de se passer. Je me mordais la lèvre inférieure avant de lui avouer. Je… je suis épuisée Liam… nous pourrions peut-être nous reposer dans la chambre d’ami la haut… J’aurai voulu rester là sur ce canapé mais l’épuisement me guettait, la journée avait été longue, la soirée mouvementée et les potions et la douleur ne m’aidait pas à rester aussi active que je l’aurai voulu. J’ai des potions de paix, si tu veux passer une nuit réparatrice, sans « rêve »… Et surtout sans cauchemars…
Picture, you're the queen of everything, as far as the eye can see. Under your command, I will be your guardian. When all is crumbling, I steady your hand. You can never say never while we don't know when. Time, time, time again, younger now than we were before.
Les apparences étaient trompeuses et j'ignorais encore à quel point. Mes idéaux trop tranchés m'éloignaient d'une quelconque clairvoyance. Je touchais du doigt l'idée de savoir Gwen adhérente, à cause de son nom mais sa façon de me regarder et d'aider les autres.. Cela ne pouvait être qu'une façade. Je ne pouvais me résigner à croire le contraire. Son regard était doux mais atteint d'un certain trouble. Quoi de plus normal en ces temps. J'apprenais à la connaître un peu plus, à déceler les marques de fatigue, les traits tirés de la peur et les expressions joyeuses provoquées par l'amour. Je ne me revendiquais pas de ces gens qui cherchaient la gloire éternelle, non, je ne cherchais qu'à aider. Ces principes inculqués avaient leurs limites puisque aujourd'hui, j'avais été plus que violent. J'avais ôté la vie pour préserver la mienne. L'instinct de survie avait été plus fort. L'esprit de vengeance avait été plus fort encore. Excédé, épuisé, ils avaient réussi à me rendre monstre. J'avais jeté au feu mon haut ensanglanté mais le poids lui, demeurait. Son visage allait hanter mes nuits et mes instants de songes. J'avais marqué sa vie, il marquait la mienne. Je tentais de rire, d'oublier mais dans les instants creux, je ne pouvais m'en empêcher, rattrapé par une conscience trop lourde.
Utopiste, j'osais espérer que nous en sortions intact, ou du moins, qu'elle évite de se retrouver dans un tel état. Je tenais bien trop à elle pour supporter de la voir souffrir. Il fallait qu'elle vive, et je ferais mon possible pour être à ses côtés mais le pessimiste environnant me rattrapait. Je n'étais que rebut, la survie était ce qu'il pouvait être espéré de mieux. Peut-être que Carrow aura ma peau, ou son piano. La vie était imprévisible, je n'avais aucune nouvelle d'Ysolde et c'était aussi quelque chose qui me pesait. J'étais rebut mais j'avais tué un insurgé, j'avais administré un antidote à Carrow au lieu de le laisser mourir et.. j'aimais une Lestrange. Probablement à nouveau traître, je ne faisais que survivre. Mais à quel prix. « J'essaierais, je te le promets. Pour toi, je peux bien faire ça. » Je caressais son visage aussi délicatement que possible. Son rire résonna dans mes oreilles, elle semblait heureuse d'avoir gagné cette petite bataille. Jaloux, possessif, cela semblait lui plaire. Je feignis une moue boudeuse avant de me mettre à rire avec elle. Rabastan eut l'effet d'un détraqueur, tout était plus sérieux, plus grave et surtout, plus triste. Je l'observais, alors qu'elle détournait son regard vers le feu. Il lui était inconnu et sa mère tentait de les préserver de cet étrange et dangereux personnage. « Tu es probablement mieux sans lui, même certainement mieux. S'il n'était pas Rabastan Lestrange, il aurait peut-être eu une chance mais il vaut mieux être sans père, parfois. » Son idée des Carrow était très juste. Il fallait croire que les familles de sang-pur étaient maudites. Elles payaient le prix de leur sang par la destruction de leur propre famille. Lazarus tentait de préparer ses enfants pour le monde extérieur avec brutalité, violence parce que nous étions dans un monde pareil. Il était violent, aigri avant l'âge et incapable d'un quelconque amour. Il avait du, personne ne naît ainsi mais c'était ce qu'il était devenu. « Carrow est étrange, il cherche à rendre ses enfants prêts. Pour quoi ? Je n'en sais rien mais personne n'est heureux dans cette famille, ils font que boire et se jeter la pierre. Ils sont divisés, ça rend Carrow malade. » Je ne parlais jamais trop de Carrow et de la vision interne et réelle de sa famille mais j'avais confiance en Gwen, assez pour lui parler de choses qu'elle devait déjà savoir.
Prolongeant notre baiser et notre étreinte, j'échappais un frisson en sentant ses mains sur mon visage et mon cou. Elle devait avoir conscience de ce coeur qui se battait pour elle. Épuisée, la belle Lestrange suggéra d'aller dans la chambre d'ami de la maison. J'arquais un sourcil avant d'acquiescer d'un signe de tête. « Tu as besoin de repos, la journée a été plus que mouvementée. Et ne t'en fais pas pour la potion, ça devrait aller.» La malédiction m'empêchait un quelconque sommeil réparateur, je ne faisais que récupérer un peu sans pour autant être en pleine forme. Mais ce n'était pas cela qui empêchait, je ne retrouverais le sommeil qu'une fois libre. Je glissais une de mes mains à l'angle de ses genoux et plaçais l'autre en dessous de ses côtes douloureuses. « Prête ? » J'esquissais un sourire rassurant avant de la porter avec attention. Je la laissais me guider à travers la maison et ouvrais lentement la porte avec mon dos. Une fois sur le lit, je pris mes distances. « On doit éviter les risques, ton amie est mangemort.. Je serais en bas si tu as besoin. » Je déposais un baiser, long, sur son front avant de commencer à partir. Il valait mieux être prudent, nul ne savait ce qui pouvait arriver cette nuit.
On pouvait compter sur les doigts d’une main les enfants de mangemorts qui changeaient de camp. De mon côté j’avais eu la « chance » de n’être en réalité la fille de personne… et d’être traité avec tous les égards dû à ce rang par ma « tendre » mère. Une inférieure, voilà ce que j’avais toujours représenté aux yeux de ma mère. J’étais celle qui ressemblait physiquement à sa fille mais qui ne pourrait jamais lui arriver à la cheville. Sa fille, elle, aurait déjà fait un beau et grand mariage qui la protégerait de toute cette folie. Sa fille aurait été comme elle, une pro sang-pur qui ne fait pas de vague, qui suit sans toutefois participer. Ma mère n’était pas pour le Magister, mais elle n’était pas contre non plus. Elle était pour ses privilèges voilà tout. Je n’avais jamais supporté les privilèges de l’élite même si j’en profitais depuis mon enfance. Non je n’avais jamais manqué de rien, je ne connaissais ni la faim ni le froid mais je ne connaissais pas non plus la chaleur d’un foyer ou l’amour d’un parent. A choisir que préférez-vous ? Je n’avais pas eu le choix de la maison dans laquelle j’étais tombé mais lorsqu’il a fallu agir, oui, j’ai choisi. Choisi de rejoindre les adhérents, le ministère et la vente de rebuts. Choisi l’infiltration et les risques qui allaient avec. J’ai choisi le silence et les secrets ce pour quoi j’étais douée depuis 19 ans maintenant, le mensonge. Mais les sentiments que j’éprouvais pour Liam n’avaient rien de choix. Non il m’était tombé dessus, lui, son cognard, son amour et c’était une évidence. Alors j’agissais pour le bien de tous, mais surtout pour le sien parce qu’avoir une raison de ce battre était important, il était la mienne. Tout comme l’était Severus. Celui pour qui j’avais l’impression d’avoir fait les bon choix même si un jour ou l’autre la vérité éclaterait et qu’il m’en voudrait… peut-être… certainement. En attendant ce jour funeste j’avais obtenu de lui une promesse, celle de rester en vie, de faire le maximum pour y parvenir et je devais m’en contenter. Oui, tu as sans doute raison. Il avait raison pour ce qui était de Rabastan mais étais ce mieux de grandir sans père ? Sans mère ? Sans réelle famille ? J’en désirais une du plus profond de mon être. J’étais envieuse de voir ces petites filles donnant la main à leur maman dans la rue ou d’autres dans les bras de leur papa pleurant à chaude larme une créature désirée et non acquise. J’étais jalouse des relations fraternelles « normales ». J’avais un besoin maladif d’affection que je contrôlais parfaitement mais qui me rongeait de l’intérieur. S’il pouvait en mourir il ferait plus d’heureux que de malheureux. Soit le bienvenue dans les clichés des 28 sacrées. Lestrange, Carrow, Malfoy, Rowle, Nott… toutes étaient des familles qui pourrissaient de l’intérieur, chacune à leur façon. Je sentais sous mes doigts sa peau, il frissonnait. Nous, avons besoin de repos. Mon sauveur aussi est un homme et doit se reposer… Il était peut être un semi-loup mais il était un homme avant tout. Oui il pouvait avoir moins besoin mais après ce que nous venions de vivre le besoin était impérieux. Il glissait sa main sous mes genoux et avant d’être soulevée j’attrapais la fiole de potion antidouleur et la boite de gâteaux que je calais sur mon ventre. Maintenant oui mais fait attention à ton bras. Je passais mes mains autour de son coup et lui volais un baiser avant de lui indiquer la chambre d’ami au premier étage. La porte du fond à gauche. La fenêtre donnait sur le labyrinthe, la vue était magnifique. La chambre se composait d’un grand lit d’une commode, une bibliothèque et de deux fauteuils, la salle de bain était attenante. Un cadre trônait sur la commode, une photo magique d’Absynthe et moi en cours de danse. Nous riions avant d’être réprimandé par le professeur. Dans cette chambre j’étais comme chez moi, souvent même j’étais mieux que chez moi. Liam me déposa sur le lit et s’éloigna. Par réflexe, j’attrapais sa main et fronçais les sourcils. Absynthe ne me dénoncerait jamais et personne n’entrera ici. J’ai besoin de toi. Je le tirai vers moi pour qu’il s’installe lui aussi. Je pointais ma baguette sur la porte la scellant d’un sort. Je refuse que tu partes. C’était à la fois catégorique et mutin, il ne pouvait plus partir ! J’ôtais ma cape et mes bottines et desserrait ma robe de sorcier, je portais quelques gouttes d’antidouleur à mes lèvres avant de m’installer réellement dans le lit poussant le couvre lit et dépliant les draps. Viens… promis je ne te mangerai pas… annonçais-je avec un sourire. Je l’invitais à prendre place tout près de moi. En revanche… si tu as vraiment faim n’hésites pas à te servir. Je lui indiquais la boite de gâteau à défaut de pouvoir faire plus actuellement. Le sommeil m’appelait et j’avais beaucoup de mal à résiste. Mais une chose était certaine, tant que ce jeune homme ne me servirait pas d’oreiller je ne céderai pas au sommeil.
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Les familles, les relations. Il était de l'humain de gâcher et de s'attacher. Ou l'inverse. Je ne pensais pas prétendre tout savoir à ce niveau-là, bien au contraire mais grandir sans père avait été une force et non une faiblesse. Le rejet, l'incompréhension qu'il engendre et puis, lorsque l'enfant est prêt, il découvre la réalité d'un monde bien moins idéal qu'il avait pu imaginer. Ma nature de semi-loup l'avait fait fuir, il avait préféré renoncer et je le pensais lâche d'avoir agir ainsi. Ma mère s'était retrouvée alors seule, bien qu'aidée avec le reste de la famille, mais ce n'était que ponctuel. Gwen avait grandi sans Rabastan et bien heureusement. Je pensais qu'il avait la capacité de transformer la rose en la pire des gangrènes. Il existait des personnes foncièrement mauvaises car trop aveuglée par leur propre destinée morbide. Heureusement elle avait été préservée de ce genre de desseins, du moins partiellement. Faisant partie des "vingt-huit sacrées", j'imaginais sans forcément toucher du doigt, le poids des responsabilités, ce même poids qui les conduisait à écraser les autres familles. Parfois, il valait mieux ignorer que manquer de quelque chose. Naïvement, je croyais aux revers d'infortune. Nous avions réussi à nous retrouver dans des temps troublés, après souffrances et douleurs. Nous avions su piéger les desseins de nos destinées maudites pour se retrouver maudits ensemble. Ne valait-il pas mieux l'être à deux que séparément ?
J'approche lentement mon visage du sien, passe ma main dans ses cheveux. « Ça m'arrive tu sais et.. on est ensemble maintenant. » Je lui offris un sourire rassurant et sincère. Nos familles n'existaient pas, ou n'existaient plus. Autant opter pour une famille dont il est possible de choisir les membres plutôt que de subir des lois naturelles absurdes et néfastes. Je la laissais me guider, profitant brièvement de son baiser volé. Mon bras allait mieux, grâce à elle et ses mains expertes. Dans trois jours, le physique sera rétabli et le psychique, lui, demeurera atteint. Nous avions tous deux besoins de repos, elle plus que moi. Les entraînements de rebut étaient chaotiques. Azkaban était probablement ce qui se rapprochait le plus de l'Enfer. Dormir était un luxe auquel je ne pouvais plus prétendre. Mon corps, perclus de douleur, me rappelait sans cesse ma condition et cette magie noire encrée dans mon avant-bras. Elle prenait l'énergie, aspirait la vie mais ne faisait pas le poids face à ce que la belle Lestrange pouvait me procurer. Une fois dans la chambre, j'observais la décoration de la pièce, très spacieuse. Alors que je m'apprêtais à quitter la pièce, par souci de discrétion, Gwen attrapa ma main et fronça ses sourcils. Plus encore, elle scella la porte par un sort. Prisonnier volontaire, je cédais à rejoindre le lit avec précaution, de peur de salir la parure de lit. Tant de confort.. Je n'en étais pas digne. Je ne méritais pas tout cela. « T'as de sérieux arguments.. Mais j'en ai aussi. » Je sortis la baguette de ma poche avant de la déposer sur la table de chevet et de prendre définitivement place sur le lit.
Quelque peu gêné, mon regard se posa sur la photo de Gwen, aisément reconnaissable, avec son amie entrain de danser. Insouciance et rires, j'échappais un sourire ému. « Je pense pas être aussi comestible qu'une patacitrouille mais tu peux toujours essayer. » J'arquais un sourcil avant d'échapper un rire. Prenant place confortablement à ses côtés, je laissais mes muscles se détendre. Douloureuse, la manœuvre l'était. « Je savais pas que tu avais fait de la danse.. » Mes bras ne purent s'empêcher de l'étreindre, avec force et délicatesse, évitant de lui causer une quelconque douleur supplémentaire à cause de ses côtes. « Merci Gwen mais les gâteaux ne font pas le poids, je préfère être avec toi. Question de saveur. » Un clin d'oeil et j'emprisonnais ses lèvres avant de caresser lentement ses cheveux d'ébène. Je posais ma tête contre la sienne, mon coeur battait moins vite, mes muscles se détendirent. Enfin, nous avions droit à un instant de repos et de répit.
La famille était un sujet tabou. Severus m’avait appris à sourire en toute circonstance. Sourire malgré les larmes qui s’accumulent au coin des yeux. Sourire quand une main trop leste s’abat sur votre joue. Sourire malgré l’acharnement et la méchanceté. Porter à tout moment ce masque qui depuis tant d’années se fondait sur mon visage, la limite était ténue et j’avais moi-même beaucoup de mal à faire la part des choses. La famille est ce qui doit vous permettre de vous construire mais que faire quand celle-ci s’acharne à vous détruire ? Oui, bien sûr, on s’endurci. On encaisse, on plie mais on ne ploie pas. La famille c’est ce qui me manquait depuis cette sombre journée ou j’étais devenue une Lestrange. Pourtant imaginer Liam dans le rôle d’un membre de ma famille, d’un mari, avait quelque chose de rassurant et de plaisant même si cette idée me semblait bien lointaine. Oui nous étions deux et c’était suffisant. Je lui offrais un sourire rassurant. Je n’avais pas le droit de m’apitoyer sur mon sort, pas maintenant. Je devais effacer toutes les idées noires qui peuplaient mon esprit pour me consacré pleinement au jeune homme qui me faisait face. Oui on est ensemble. Ensemble et heureux malgré les tempêtes qui faisaient rage au dehors. Il nous fallait profiter pleinement de chaque instant que nous pouvions passer ensemble. Nous montions l’étage passant devant la chambre d’Absynthe dont la porte était fermée ainsi que celle de son rebut. Je fermais la porte de la chambre d’ami d’un sort même si je savais parfaitement qu’il pourrait l’ouvrir quand bon lui semblerait. Mais pas maintenant, j’avais trop besoin de sa présence, de sa chaleur et de son amour. Carrow serait de toute façon bien trop occupé au ministère avec tout ce qui venait de se passer. Au ministère et au QG des mangemorts, il ne se préoccuperait pas de son rebut avant demain et encore je pensais être large sur ce point. J’observais la baguette et esquissais un sourire. Elle t’appartient maintenant, il faudra la cacher soigneusement… Sinon quelqu’un serait accusé d’avoir armé un rebut et les Ollivander seraient rapidement pointés du doigt. Beaucoup de baguettes avaient dû disparaitre durant cette attaque mais je ne voulais pas que Liam ait des ennuis. Il se rapprochait de moi décidant enfin de rester à mes côtés. Je souriais, sans doute un peu bêtement d’avoir remporté cette petite victoire. Je te promets d’essayer quand j’aurai retrouvé un peu plus de force. Annonçais-je mutine. Oui il ne perdait rien pour attendre et je lui dirai si oui ou non il était aussi comestible qu’une sucrerie. Il avait découvert la photo ce qui ne me dérangeait pas le moins du monde, de ce côté-là je n’avais vraiment rien à cacher sur la façon dont j’avais été élevé. Une sang-pur doit être une bonne danseuse, se tenir correctement, parler lorsqu’on le lui demande, s’occuper de la gestion d’une maison, des enfants et s’il plait au futur mari savoir jouer d’un instrument est toujours apprécié… Oui nous étions des objets ni plus ni moins que de jolies objets de décoration. J’ajoutais avec un léger rire. Je suis assez douée avec les touches d’un piano. Je n’avais pas encore de futur mari mais ma mère avait choisi l’instrument pour moi. Sans doute une des rares choses dont je pouvais lui être reconnaissante. Je me blottissais contre lui et avant d’être parfaitement installée je recouvrais nos corps du drap. La fatigue aidant je ressentais d’avantage le froid alors que la chambre était parfaitement chauffée. Je souriais à son commentaire sur ma saveur et redécouvrais celle de ses lèvres avec un plaisir évident. Ma main s’était posée sur son torse, tous deux recouvert par le drap. Je respirais son odeur et doucement sombrait vers un sommeil profond. Je ne souhaitais pas « partir » si vite au pays des rêves et d’une voix faible et ensommeillé je parvenais tout de même à lui dire. Merci d’être là Liam… je… t’aime… Merci d’être une épaule solide, une présence rassurante. Merci d’être lui simplement et de rester avec moi, une Lestrange. Ma respiration se faisait plus lente, plus régulière, le sommeil m’avait tout simplement englouti avant que je n’ai eu le temps de lui dire combien il comptait pour moi… Nous partagions notre première nuit ensemble…
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Je ne pus m'empêcher de rire face à ce que la fille de sang-pur devait faire. La femme semblait y être infantilisée, rabaissée. Le pire aspect était celui où la femme ne devait parler que lorsqu'il le lui était demandé. Certes la danse, cela avait des vertus d'élégance, de grâce mais les brimer ainsi... Quelle honte. Ma mère était aux antipodes de ce genre de choses. Dans mon souvenir, elle avait beau être élégante et gracieuse, pour autant, elle menait le domaine d'une main de fer et si elle n'avait jamais levé la main sur moi, le seul poids de son regard suffisait. Nous avions été libres, nous avions toujours été plus libres que ces gens-là et ils nous ont pris cette liberté, par jalousie, par envie. Cela ne faisait que les rendre plus détestables et à la fois plus pitoyables. Je ne savais pas à quoi ressemblait la vie d'un sang-pur mais vu le portrait dressé par la belle Lestrange, il n'y avait aucun doute, je préférais être libre plutôt que soumis à des codes. Je compris alors que Gwen, finalement, n'avait jamais été libre, contrairement à ce que j'avais pu croire auparavant, lorsqu'elle avait mis fin à notre correspondance. Je pensais que cela avait été son choix, et non quelque chose qui avait été imposé. Ses paroles furent un électrochoc. Quelque part, elle était rebut de la volonté des autres, sa mère, son père, le Magister. Tous étaient les rebuts du Magister. Ses esclaves et bourreaux volontaires. Mon rire finit par s'éteindre à mesure que je me rendis compte de la gravité des choses. « Bon, tu as de la chance, j'aime beaucoup le piano mais je suis très mauvais danseur. Pendant que tu apprenais à être convenable pour ces gens-là, j'apprenais à.. Comment dire, à escalader et à plonger, tout ce qui est convenable pour un irlandais. » Je grattais ma nuque et l'arrière de mon crâne, bandé avant de me mettre à rire. Je n'avais pas l'intention de lui dire que j'apprenais à être semi-loup, non. Une vipère et un semi-loup, quel mélange...
Peu habitué au lit et à la chaleur des draps, je ne me sentais pas très à l'aise, souhaitant échanger aisément le sol pour le matelas. J'avais peur de ce confort, comme j'avais eu peur d'aimer Gwen et surtout, de la laisser m'aimer en retour. La jeune Serpentard semblait à son aise ici, presque comme si elle se sentait chez elle, vraiment chez elle. C'était comme si elle connaissait les moindres recoins de la maison, l'emplacement de chaque objet comme si c'était du fait de son rangement. J'apprenais beaucoup sur elle ce soir, à l'occasion de notre première nuit, bien méritée mais à quel prix. Elle avait souffert, elle avait été blessée par la folie inondant Londres. J'ignorais s'il y avait bien un lien causal entre les choses. Peut-être que je pensais trop, au final. Gwen semblait ne pas avoir ce souci, s'endormant paisiblement. Ma respiration devint plus lente, presque inexistante tant la détente s'imprégnait de mon corps. Continuant mes caresses et mes massages sur son épaule, une petite voix endormie vint briser le silence réconfortant car paisible qui s'était installé. Un large sourire s'étira sur mes lèvres alors que j'embrassais son front. « Je t'aime, Gwen. » Le sommeil m'arracha ces derniers mots, avant de m'inviter dans le royaume de Morphée, s'il existait.
Tombé dans un sommeil de plomb, tout y était noir, abstrait mais faussement reposant. Au début, calme et détendu, l'invasion de mauvais souvenirs vint perturber mon sommeil et rendre confus mes rêves. Au début, il y avait Glendalough, l'enfilade des lacs et le wiggentree. Et, soudainement, il prit feu, embrasant la contrée jusqu'au domaine. Le corps, inanimé, de ma mère gisait sur le sol alors que cinq hommes encapuchonnés, portant l'habit noir, se délectant du spectacle. J'essayais de parvenir à ses côtés, ma respiration s'était décuplée, je commençais à transpirer alors que mes mains vinrent saisir le drap. La suite du cauchemar m'amena directement à Azkaban et, au premier sort lancé en guise de bienvenue de la part du tortionnaire, mes poings finirent par arracher les draps, les déchirant par la même occasion. Le second sort, brutal, m'arracha un spasme musculaire et un grognement, alors que je me réveillais en sursaut. Gouttes de sueurs dégoulinant sur mon corps échaudé, j'étais essoufflé, apeuré. Je ne savais plus où est-ce que j'étais. Complètement déboussolé, je cherchais des points de repère, en vain. Et puis, mon regard se posa à nouveau sur cette photographie de Gwen et son amie, me rappelant les événements passés. Encore sous l'effet de ces sensations désagréables, la porte s'ouvrit et je jetais un regard noir en sa direction, grognant encore, les poings serrés.
Oui, les femmes étaient infantilités. C’était le lot de bon nombre de femmes dans les familles patriarcales. Les mariages arrangés étaient monnaie courantes afin de tisser des liens solides entre les plus grandes familles de sang-pur. La femme était alors offerte et on attendait d’elle à ce qu’elle enfante, un garçon de préférence pour l’héritage. Ma « mère » avait bien fait les choses en ayant avant moi deux garçons et il y avait eu Cedrella. Aucun de nous trois n’était marié ce qui faisait de ma mère une grande égoïste qui voulait conserver ses enfants auprès d’elle… Ce qui n’était pas complétement faux, concernant ses fils en tout cas. Elle avait eu trop de peine vis-à-vis de son mariage arrangé qu’elle tentait de laisser plus de liberté aux garçons. En vain maintenant que Rabastan était libre de ses mouvements. Il n’allait pas tarder à placer ses pions, nous trois, sur son échiquier afin de rassembler la « famille ». Non, nous n’étions pas libre et nous ne l’avions jamais été… personne ne pouvait comprendre ce que représentait le carcan familial avant d’y avoir vécu pleinement. Je souriais lorsqu’il me parla de lui de ce qu’il faisait plus jeune pour être un parfait petit Irlandais. Je t’apprendrais… Parce que j’aimais danser et qu’il ferait un parfait partenaire. Je n’avais jamais grimpé aux arbres et encore moins à une montagne, l’escalade n’était pas un sport très féminin. En revanche je volais, vite. La course en balais n’était pas une pratique féminine mais c’était le seul moment où je pouvais me sentir libre. Ma mère ignorait ma passion pour cette pratique mais Liam, lui, la connaissait, c’était ainsi que nous nous étions rencontrés. Je sais nager mais concernant l’escalade je ferai une piètre Irlandaise… J’aimais l’eau mais je n’avais pas le loisir d’en profiter souvent. Il était agréable d’en découvrir davantage l’un sur l’autre, des petits détails qui n’importaient qu’à nous. Je n’avais pas eu le courage ni la force de conserver plus longtemps les yeux ouverts, la potion m’aidait à trouver le sommeil rapidement. Comme toujours mon esprit n’était pas peuplé que de rêve et je me réveillais deux fois en pleine nuit. La présence de Liam à mes côtés m’avait permis de me rendormir plus aisément. Au petit matin j’avais quitté la chaleur de ses bras et après avoir repris de la potion antidouleur et avoir passé une nuisette bleu nuit pour être plus à l'aise j’avais rejoint la cuisine ou j’avais retrouvé Absynthe saine et sauve. Nous avions toutes deux discuté tout en préparant un copieux petit déjeuner. Elle allait « bien » et c’était l’essentiel. Je préparais un plateau avec de quoi déjeuner pour deux et le faisait lévité non sans entendre les commentaires de mon amie qui semblait amusée de la situation… Je n’avais jamais emmené de garçon ici, ni personne d’autres d’ailleurs. Lorsqu’elle ne me vit plus elle me lança néanmoins un « nettoie les draps après » qui me fit sourire. Elle n’en loupait décidément pas une. Je m’appuyais sur la rambarde d’une main afin d’éviter de mettre mon poids sur ma cheville blessée, heureusement que les potions agissaient. Alors que j’ouvrais la porte mon regard se posa sur Liam qui… oui il me grognait dessus. D’abord surprise je pénétrais tout de même dans la chambre lui offrant un sourire que je voulais réconfortant. Je déposais le plateau sur la table de chevet que j’avais placé entre les deux fauteuils avant de partir et je refermais la porte derrière moi. Claudiquant je me rapprochais du lit pour prendre place près de lui. Ce n’est que moi… désolée si je t’ai réveillé. J’ai préparé le petit déjeuner, j’ai pensé que tu aurais faim… Je posais ma main sur la sienne avant de l’embrasser avec douceur. Il pouvait se détendre, nous serions parfaitement tranquille ici. Je l’observais lui puis les draps… et me mordais la lèvre inférieure. Tu as fait un mauvais rêve… j’aurai dû rester près de toi… L’odeur du petit déjeuner se répandait dans la pièce. Il y avait des œufs, du bacon, des tomates, des toasts, du jus d’orange et du thé. Un petit déjeuner complet qui n’attendait que nous.
Dernière édition par C. Guenièvre Lestrange le Ven 10 Avr 2015 - 16:26, édité 1 fois
Picture, you're the queen of everything, as far as the eye can see. Under your command, I will be your guardian. When all is crumbling, I steady your hand. You can never say never while we don't know when. Time, time, time again, younger now than we were before.
Perdu, égaré dans un sentiment d'insécurité, je revivais les pires instants. Ces instants qui avaient fait de moi plus un animal qu'un homme. Plus une bête qu'un sorcier. Plus objet que toute autre chose. Le sang, la violence. Je détestais dormir pour ces raisons. Je détestais rêver car je me perdais un peu plus. Je ne savais plus qui j'étais, peu de personnes arrivaient à réveiller cette part sorcière, humaine en moi. Mais, une fois seul, j'étais à nouveau confronté à ces démons-là. Ces images, violentes, retournaient mon cerveau et me faisaient tout oublier. Mais dans un mauvais sens. Tout ne pouvait être que mauvais, sachant toute la magie noire qui pouvait en être à la base. La haine, la noirceur putride, j'en avais la marque sur mon avant-bras. Ce mal ne souffrait d'aucune comparaison possible. Il ne pouvait souffrir que de contrastes, composés d'instants légers et lumineux. Des rires, de tendres regards échangés, des gestes chaleureux. Méfiant et presque agressif, j'étais complètement déboussolé. Il n'y avait nulle raison, juste un instinct de survie, presque animal qui avait pris l'ascendant sur tout le reste. Le torse luisant, les cicatrices argentées, je me trahissais physiquement. La porte s'ouvrit et je me retournais instinctivement, presque machinalement.
Une silhouette brune se distingua de la lumière qui brûlait la rétine de mes yeux encore endormis. Elle s'approchait, avec un air innocent, presque enfantin. Mes yeux oscillaient vers un violet clair alors que ma respiration devenait plus sombre, bestiale. Je ne comprenais plus rien, je perdais le contrôle. Il était très rare que cela arrive mais, d'un autre côté, je n'avais jamais été confronté à de telles épreuves auparavant. Voir la mort, la côtoyer et la donner, cela change la perspective des choses et la façon d'appréhender la vie, si fragile, si dérisoire. Sans raison d'être vécue, il n'y avait aucune lutte à faire et la seule fin possible était une déchéance courte, abrupte et brutale. J'avais trouvé une raison de vivre mais dans ces moments-là, la raison s'évaporait. Bizarrement, je ne pouvais agir, à l'encontre de cette personne. Quelque chose me retenait, quelque chose de fort, assez fort pour retenir la haine et la force en moi. Elle déposait son plateau dont la douce odeur vint caresser mes narines. J'échappais un grognement qui témoignait plus d'une sorte de satisfaction que de menace, contrairement aux précédents. Je m'approchais du plateau alors qu'elle partit fermer la porte, ce qui entraîna un sursaut de ma part et une nouvelle crainte. Sur mes gardes, je l'observais claudiquer jusqu'à moi et prendre place.
Sa voix, familière, douce et apaisante, commença à me ramener à la raison. Sa main, chaude et agréable, calma le rythme de mon coeur effréné alors que le contact de ses lèvres sur les miennes ramena mes yeux à leur couleur naturelle. Gwen, c'était elle. Silencieux, je ne la quittais pas du regard alors qu'elle constata l'état des draps, déchirés. Je baissais alors la tête, me sentant encore plus indigne de l'hospitalité que j'avais pu recevoir. Désolé, j'étais pris de remords, plus lourds que la veille. « Je, je mérite pas.. » Quoi ? Elle ? Tout ce qu'elle peut te faire ? Ou alors vivre ce qu'il t'arrive ? Ou bien, vivre tout court ? Dis-lui, Liam, dis-lui que tu es maudit et que les gens que tu aimes finissent par disparaître. Dis-lui qu'en lui avouant ton amour, tu l'as condamnée. Dis-lui, quel égoïste tu peux faire. Mes mains se placèrent sur ma tête, mes doigts s'enfoncèrent dans le bandage, pour finalement l'arracher. J'arrachais les bandages du bras. « Je te mérite pas, Gwen. » La respiration était saccadée, je fixais les draps du lit et la regardais. J'avais peur de l'avoir blessée cette nuit. « Est-ce que, est-ce que je t'ai fait du mal ? » Épris entre un sentiment de confusion, d'incertitude et surtout d'inquiétude, je saisis brusquement Gwen par ses deux épaules, la marquant un peu plus d'une force que je ne ressentais plus. L'emprise était telle que ce fut la sensation de ses os frêles sous mes mains puissantes qui me ramena à la raison. « Pardonne-moi, je suis un monstre. »
Je n’étais pas dans sa tête, j’ignorais les sombres images qui hantaient son esprit. Je l’avais quitté alors qu’il semblait dormir de façon correct et je n’avais pas voulu le réveiller. Je voulais qu’il reprenne des forces, non pas pour faire correctement ce que Carrow lui demanderait mais parce qu’il en avait besoin. Il devait se reposer, prendre du temps pour lui. Ses blessures n’en guériraient que mieux mais je m’étais visiblement trompé. Son regard m’était presque inconnu, la couleur de ses yeux, ses grognements. Les terribles épreuves qu’il avait vécu depuis la fin de notre correspondance l’avait marqué plus encore que je n’aurai pu l’imaginer. Hier il avait tué, hier ses mains avaient été recouvertes de sang qui ne lui appartenait pas. Il avait donné la mort et j’en étais responsable. Le sang avait coulé afin de m’épargner. Je ne pouvais qu’imaginer l’effet que cela pouvait produire dans son inconscient mais je constatais dans son regard que cela le rongeait. Il ne savait plus ou il en était, il était perdu, semblait apeuré, comme un animal trop longtemps mis en cage qu’on aiguillonnait de coups. Je n’avais qu’une envie, un espoir, celui d’apaiser ses souffrances quelles soient physique ou morale. J’étais assez douée en potion pour panser ses plaies mais j’avais face à moi une blessure bien plus profonde et bien plus douloureuse. Le voir dans cet état m’enserrait le coeur, je me sentais complètement inutile, impuissante. J’avais beau avoir toujours eu une grande facilité à compartimenter mes émotions et mes souvenirs il était plus douloureux pour moi de ressentir sa peine que la mienne. Je m’étais approchée de lui comme on s’approche d’un petit animal blessé. Je posais ma main sur la sienne, l’obligeant au contact pour qu’il se détende et la manoeuvre avait eut l’effet escompté... quelques secondes. Il baissait la tête comme un enfant prit en faute et bredouilla quelques paroles que j’avais du mal à comprendre... Tu ne mérites pas quoi? Que voulait il dire? Il ne méritait pas le petit déjeuner? Non c’était idiot, à mes yeux il méritait ce qu’il y avait de mieux. Il arracha ses bandages malgré mes suppliques. Non, Liam arrêtes... Il semblait ne pas m’entendre comme s’il se battait contre lui même. Un combat que je ne pouvais pas stopper d’une seule parole aussi tendre fut-elle. J’étais inquiète, inquiète de le voir si mal, de le sentir si perdu. Que dis tu? Bien sûr que si tu me mérites. Il me méritait, nous nous méritions. Nous n’avions rien d’un couple normal, banal mais nous étions ensemble, liés par des sentiments sincères et forts. De nouveau il me fixa comme s’il venait d’être foudroyé par une idée, une question... Tu ne m’as rien fait. Aucune de mes blessures n’avait été causé par lui. Il ne m’avait pas toucher, pas frapper et les draps étaient, à mes yeux, un simple petit incident. Rien d’important, vraiment. Pourtant il me saisissait par les épaules vivement et je ne pu retenir une grimace, tant de surprise que de douleur, il ne se rendait pas compte de sa force. Doucement... Liam s’il te plait... Il lâcha prise assez rapidement et je posais mes mains sur son visage le forçant à me regarder. Tu n’es pas un monstre. Tu m’entends, tu n’es pas un monstre. Regardes-moi. Je t’aime Liam je t’aime et je sais qui tu es. Je l’embrassais avec une infinie douceur avant de poser mon front contre le sien. Tu n’es pas un monstre et je le répéterai autant de fois que nécessaire pour que tu en sois convaincu. Je caressais son visage, son cou, sans jamais le quitter des yeux. Je devais trouver un moyen de le calmer. Je devais pouvoir l’apaiser d’une façon ou d’une autre...
Picture, you're the queen of everything, as far as the eye can see. Under your command, I will be your guardian. When all is crumbling, I steady your hand. You can never say never while we don't know when. Time, time, time again, younger now than we were before.
Tout ceci respirait l'excès. La violence, la folie, les conditions des uns et des autres. Je ne supportais plus grand chose, dans ces situations. Je feintais, feignais avant d'être rattrapé par des blessures ouvertes, disgracieuses et profondes. Gwen réussissait à m'éloigner de ces instincts primaux, mais une fois seul, j'étais à nouveau confronté à mes démons et il n'y avait rien à faire. Attendre. Fuir. Rien de plus, rien de moins. Mais pas elle. Non, elle était là. Encore, probablement désespérée par le pauvre spectacle que je lui offrais. Je l'aimais et j'avais la sensation désagréable d'être une bête de foire. Ils avaient réussi à me rendre ainsi. Ils avaient réussi à me créer ainsi. Autrefois maladroit, désormais violent, mon âme s'était assombrie un peu plus. Pas par la faute de la belle Lestrange, mais par les ténèbres enivrantes, fatales. Nous n'étions que des pions dans un scénario trop bien rôdé, trop bien pensé pour que quelqu'un puisse un jour, s'en échapper. Nous avions été fous d'y croire, j'avais été assez fou pour lui donner les moyens d'y croire. L'amour m'aveuglait, mes rétines étaient brûlées. Je n'étais plus fort, je ne l'avais jamais été. J'avais troqué la peine par la haine, et la haine, par l'amour, pour finalement perdre un peu plus. En agissant ainsi, Gwen risquait de partir, comme elle l'avait déjà fait. Pour se protéger, pour nous protéger. Nous n'étions qu'une seule entité mais pour autant, plusieurs part d'ombre nous empêchaient de n'être réellement qu'un.
Tout virevoltait, s'embrasait avant de mieux s'éteindre. Je perdais le contrôle, comme si hier avait été de trop. Comme si le sang versé avait été de trop. Je me sentais aux gorges d'une falaise, avec un tel déséquilibre que la chute était inévitable. Par espoir, je me raccrochais à Gwen, enfonçant mes doigts dans sa peau fragile, empoignant ses frêles épaules presque à les briser. Ma force, je ne la sentais plus. Je ne ressentais plus rien et c'était ce qui me rendait encore plus faible, encore plus prompt à la folie. J'avais peur de devenir comme eux alors que je ne soupçonnais pas que j'étais devenu pire qu'eux. Mes bandages étaient au sol, les plaies encore ouvertes recommençaient à couvrir ma peau de leur hémoglobine mais je ne sentais rien. Je cherchais, sans trouver. Œillères en plomb, je posais mes mains sur mon visage lorsque la douleur que je pouvais lui provoquer arriva à relâcher l'emprise que j'avais sur elle. Je reculais alors, dégoûté de ce que je venais de lui faire. Elle me força à la regarder, posant ses mains sur mon visage. Le rythme de ce que je présumais être mon coeur, tenta de retrouver sa mécanique habituelle alors que mes yeux reprirent leur couleur originelle.
Ses mots trouvèrent difficilement écho dans l'être irrationnel que je semblait devenir. Elle m'aimait, assez pour ne pas voir le monstre que j'étais devenu. Étions-nous aveugles à ce point ? Étions-nous fous à ce point ? Rongés par un sentiment si profond qu'il causerait probablement notre perte, Gwen semblait y croire et m'amenait avec elle dans son sillage vertueux. Je sentis ses doigts sur mon visage, comme si elle n'avait pas peur des marques que je pouvais porter. Elle semblait invincible tant elle était convaincue de ce qu'elle pouvait prétendre. Sa main glissa sur mon cou, emportant un large frisson le long de mon échine. Ma cicatrice n'était plus aussi douloureuse, bien qu'elle se fasse capricieuse de temps à autre. Finalement, je plongeais mon regard dans le sien, revenant lentement à moi-même. Je recouvrais mes esprits alors que, épuisé par ce qui venait d'arriver, je me posais lourdement sur le lit. Les yeux grands ouverts, je fixais le vide, les silences sans me lasser. Encore instable, je sentais ma raison vaciller et tanguer. Mes poings s'étaient refermés sur le rebord du lit, qu'ils avaient emprisonné avec ferveur, quitte à se crisper dessus. Je me sentais coupable de tout et de rien. Incapable de faire la distinction entre le vrai et le faux, je me reposais une nouvelle fois sur Gwen, l'observant d'un air faussement vide, alors qu'elle me permettait de revenir à la personne qu'elle aimait et que j'étais réellement. « Tu, merci... »
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